CARTAS DA GUERRA_Critique

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UN GRAND MOMENT DE CINÉMA (ou pas) www.ungrandmoment.be /cartas-da-guerra/ En adaptant la correspondance de António Lobo Antunes, « D’Este Viver Aqui Neste Papel Descripto, Cartas da Guerra »*, Ivo M. Ferreira propose une expérience cinématoraphique aussi sublime que laborieuse. Poème visuel lanscinant servi d’une mirifique photographie, CARTAS DA GUERRA est on ne peut plus affecté. Nous plaçant radicalement à distance des êtres dont il cherche à transcender les émotions, le réalisateur parvient au mieux à nous transmettre leur ennui.

Forcé d’intégrer l’armée portugaise pour servir la guerre coloniale en Angola, António Lobo Antunes, un jeune médecin se confie dans les lettres qui rédige à sa femme. Au fil de cette correspondance, alors que les combats s’intensifient, l’homme s’isole peu à peu et tombe amoureux de l’Afrique. Entre confession et évocation, son récit s’inscrit visuellement à mesure que son épouse le découvre. Derrière la spirale esthétisante à laquelle nous confronte António Lobo Antunes, se dessine un travail titanesque de rédaction. Les lettres servent d’essence à leur illustration ou à quelques commentaires sur situations décrites. Une évocation où s’entremêlent l’Histoire et les fantasmes tant d’António que de son épouse. Une double projection puisque nous pénétrons également la sphère intime de la femme qui attend au Portugal le retour de son mari – regardant par la fenêtre, se confrontant à son propre reflet ou se laissant être emportée par l’ardeur du désir (en sommes, se masturbant). Et bien que nous soyons à l’aube des années 1970, l’épouse ne semble guère avoir quelque activité autre qu’attendre et donner vie. Au moins a-t-elle pour fonction de lire les lettres. António s’enfermant dans un mutisme, peu de dialogues prennent place ce qui renforce dès lors l’impression d’illustration – elle-même assise par l’enrobage musical. Le jeu emprunté et le caractère affecté de la mise en scène – très picturale – conduisent au fil du développement à la disparition de tout réalisme. Cela renforce-t-il la déraison qui gagne l’homme que le réalisateur nous perd en cours de route préférant sublimer les corps et expérimenter l’éclairage et les nuances de noir et blanc. *« D’Este Viver Aqui Neste Papel Descripto » , António Lobo Antunes, Ed. Dom Quixote, 2005 CARTAS DA GUERRA ♥

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Réalisation : Ivo M. Ferreira Portugal – 2016 – 105 minutes Distribution : / Drame épystolaire Berlin 2016 – Sélection Officielle – Compétition

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