John From : La critique www.unificationfrance.com /article37192.html Isabelle Arnaud Avec John From, le réalisateur et co-scénariste João Nicolau veut parler différemment des amours adolescentes. Un sujet sérieux quand le voleur du cœur de la jeune demoiselle a le double de son âge. Aussi pour éviter de tomber dans les clichés, le film s’éloigne dans sa deuxième partie de la réalité et offre un final mâtiné de fantastique plus réjouissant que le reste de l’œuvre. Car le film n’est pas franchement réussi. Les atermoiements de la jeune héroïne lassent à la longue et cette dernière, et ses amours, paraissent rapidement fatiguant. Plus que la mise en scène ou la photographie qui sont correctes, c’est le scénario qui pêche en livrant un long métrage manquant de dynamisme et dont les répliques ne rehaussent pas le niveau général. Le récit se focalise sur une adolescente qui craque sur son nouveau voisin adulte. Son imagination va prendre le dessus et la demoiselle va tout mettre en œuvre pour prendre l’homme dans son filet et le séduire. La bonne idée est de ne pas générer une nouvelle variante de la lolita, mais de jouer sur la détermination et l’imagination de cette dernière pour arriver à ses fins, quitte à transformer les règles classiques des relations humaines. Pour ce faire, l’autre bonne idée du film est d’utiliser une histoire, méconnue pour moi, de la Mélanésie dans laquelle John From est devenu une nouvelle divinité locale à cause des pilotes américains pendant la guerre qui survolaient les îles et larguaient des caisses de nourritures et objets. Cette coutume locale découverte au détour d’une exposition deviendra bientôt la deuxième obsession d’une jeune fille qui y trouvera un étrange moyen d’essayer de conquérir l’homme de son cœur. Le film n’a visiblement pas eu de grands moyens. Il essaye donc d’user d’astuces pour pallier cela et réussi parfois à livrer de très belles, voire oniriques, scènes. C’est donc d’autant plus dommage que passé un moment de grâce, l’œuvre retombe dans ses travers répétitifs. En effet, John From se révèle ennuyeux malgré deux jeunes actrices fraîches et naturelles qui permettent à ce dernier de ne pas être tout simplement pénible. Júlia Palha est lumineuse et généreuse et permet à son rôle de brosser sans outrance le portrait d’une adolescente amoureuse et déterminée. La jeune actrice est parfois émouvante et sait capter l’attention. La relation qui la lie à Clara Riedenstein, très bonne incarnation de sa meilleure amie, est l’un de points forts du film. Les deux comédiennes donnant une véritable vraisemblance à leur vie constituée de rencontres, bavardages et langueur en pleine canicule portugaise. Si John From met du temps à se mettre en place et se poursuit en décevant quelque peu, c’est la dernière partie qui retient l’attention. Les bizarreries apparaissent alors que la volonté de l’héroïne se fait de plus en plus vivace. Le quartier où elle habite lui-même se transforme progressivement et apporte une véritable, mais trop
1/3