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Chers amis, Chaque vie est une lumière. Telle est la devise que le Sonnenhof, grand établissement d'accueil pour personnes handicapées, s’est donné comme mot d'ordre. Village lumière est le nom choisi par Albert Schweitzer pour le quartier de son hôpital où habitent les personnes souffrant de lèpre. Durant le temps de mon engagement, dans l'une et l'autre de ces structures j'ai assimilé cette lumière au soleil que je vois, que je ressens comme source de chaleur et source de vie, et derrière lequel se profile le Dieu Créateur. Il y a quelques jours - alors que les lumières de Noël illuminaient déjà avec plus ou moins de goût nos cités et nos maisons - je viens de découvrir une autre signification du mot lumière. Guidé par les écrits d’un maître en judaïsme, un ami, Armand Abecassis, j’ai relu le célèbre verset biblique consacré au premier jour de la création du monde : « Dieu dit : que la lumière soit, et la lumière fut »(Genèse 1,3). Voici le résumé de ses commentaires. Peut-il s'agir ici de la lumière du jour fournie par le soleil ? En aucune façon puisqu'il faut attendre le quatrième jour pour voir apparaître les luminaires qui sont les signes pour distinguer le jour et la nuit et pour éclairer la terre. Dieu a, en prononçant la Parole « que la lumière soit ! », créé une première lumière, une lumière primordiale. Bien que fort belle, cette lumière était si vive que Dieu s'est rendu compte que le monde et les créations à venir ne la supporterait pas. Aussi s'est-il immédiatement rétracté en proclamant : «… et la lumière fut ». Cette Parole la fit disparaître. En effet, puisque la lumière fut (en hébreu ce verbe est au mode passé) c'est qu'elle n'est plus !
Cette première lumière est-elle perdue pour autant ? Non ! Elle est retournée à sa source où le Créateur la réserve pour la fin des temps. Mais, « entre les temps », il peut envoyer un rayon à ceux qui sont capables de la supporter, à savoir les doux et les humbles de cœur. En fait cette lumière traverse « secrètement » tout le Premier Testament. A ce titre Armand m’a appris (en hébreu les lettres sont aussi des chiffres) que les deux mots « or-lumière » et « raz-secret ou mystère » correspondent tous les deux au nombre 207 ce qui tisse un lien « mystérieux » entre les deux concepts. Dans l’Evangile, l’annonce faite aux humbles bergers qui « montaient la garde pendant la nuit » et que «… la gloire du Seigneur enveloppa de lumière… », (Luc 2, 9) renvoie à mon avis aussi à la lumière primordiale. Et lorsque dans l’Apocalypse nous lisons qu’à la fin des temps : « nul n’aura besoin de la lumière du soleil car le Seigneur répandra Sa lumière », nous sommes dans le même registre. (Apoc. 22, 5) N’est-ce pas cette lumière-là qui est visée par la devise du Sonnenhof et par le village des lépreux de Lambaréné ? Elle peut être perceptible ailleurs. Le dimanche premier Avent l'église protestante de Gries était décorée de magnifiques fleurs éclairées de bougies. Le sacristain qui a réalisé ces beaux arrangements est un homme simple et humble sans aucune formation en art floral. Par ailleurs, le bel orgue Silbermann de l’église était admirablement servi par un autre jeune homme, lui aussi humble et brillant musicien, essentiellement autodidacte. Par leurs engagements, par le rayonnement de leurs créations, l'un et l'autre ont permis à l’assemblée de percevoir un reflet de cette lumière primordiale du début de la Genèse et du dernier chapitre de l’Apocalypse. A l’approche de Noël et de la nouvelle année je voudrais partager avec vous quelques photos de ces belles fleurs et une pièce interprétée sur l’orgue .
L’Eglise protestante de Gries, son orgue Silbermann et son autel avec les dÊcors floraux du premier dimanche de l’Avent 2014
Une fois encore nous vous présentons nos meilleurs vœux pour une année de paix et de joie et vous adressons nos cordiales salutations Monique et Othon
Lettre d’Albert Schweitzer mentionnant l'orgue de Gries « L’orgue Silbermann à Gries est intéressant par ses registres. Le son devait être très clair. Tu es gentil d’avoir dactylographié ce texte».
Vous pouvez écouter le son de l’orgue de Gries avec Marc Schaeffer interprétant de Pachelbel en cliquant sur le lien la Petite Fugue en Do Par ailleurs, si vous souhaitez faire plus ample connaissance avec l’orgue ouvrez le lien suivant: http://decouverte.orgue.free.fr/orgues/griespr.htm
Nos chaleureux remerciements vont à Georges Rempp pour les photos de l’autel et des arrangement floraux et à Anny Michel qui nous a confié la lettre adressée par le Docteur Schweitzer à son beau-père.