Travail personnel de fin d'études: Réconcilier l'université et la ville

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RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE UN PROJET MÉDIATEUR À MOHAMMEDIA

TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D’ÉTUDES RÉALISÉ PAR OUMAIMA EL MERNISSI ENCADRÉ PAR LE PROFESSEUR MOHAMMED ACHOUR ÉCOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ANNÉE UNIVERSITAIRE 2015/2016


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RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE UN PROJET MÉDIATEUR À MOHAMMEDIA

TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D’ÉTUDES RÉALISÉ PAR OUMAIMA EL MERNISSI ENCADRÉ PAR LE PROFESSEUR MOHAMMED ACHOUR MEMBRES DU JURY : M. TARIK HARROUD M. YOUSSEF SAMIHI M. YOUSSEF TALIBI ÉCOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ANNÉE UNIVERSITAIRE 2015/2016


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… J’affirme que tout bâtiment public a un devoir de

double articulation : servir ce pour quoi il a été fait, être le plus intelligent dans son économie spatiale pour les services qu’il a à rendre, mais son autre responsabilité est aussi de fabriquer la ville, d’avoir une action sur la forme de la ville, le dispositif spatial qui va contribuer à faire la ville. Car un bâtiment public qui n’a pas cette ambition reste introverti, c’est un bâtiment public relativement inefficace dans son rôle public, politique et social.

Albert GRUMBACH


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À mes chers parents pour leur amour et leur patience, À mon frère Saad Eddine et ma soeur Fatima Ezzahra, pour leur confiance inconditionnelle, leur protection et leur soutien, À mon encadrant, le professeur Mohamed Achour pour la qualité de son encadrement et de ses conseils, À tous mes amis, et particulièrement à ceux qui ont accompagné la réalisation de ce travail, que ce soit par leur aide et leurs efforts continus, par leurs conseils et leurs encouragements ou juste par leur présence et leur amitié,

Ce travail vous est dédié, en témoignage de ma reconnaissance et ma gratitude,

Oumaïma El Mernissi


SOMMAIRE

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P.10

PA R T I E I

INTRODUCTION ET SPÉCIFICATION DE LA PROBLÉMATIQUE Avant propos Introduction générale Problématique, intention et motivation Questionnements Acception et cadrage théorique Plan de travail Méthodologie

P.26

PA R T I E I I

L’ESPACE UNIVERSITAIRE, HISTOIRE ET ANCRAGE

P.28

CHAPITRE I: L’université à travers l’histoire 1. Les premières formes de l’espace universitaire 2. La naissance du concept d’« université » 3. Histoire et dates clés

P.35

CHAPITRE II: L’université et la ville 1. L’université dans la ville et l’université hors la ville 2. Le retour de l’université dans la ville 3. L’université intégrée comme développeur urbain, étude de cas

P.57

CHAPITRE III : L’université et la ville marocaine 1. Fonction et rôle de l’université marocaine 2. « Al Qaraouiyine » premier modèle d’université intégrée 3. L’université postcoloniale et l’université aujourd’hui: nouvelle conception de l’espace universitaire et de ses fonctions 4. L’université et la ville marocaine : le zoning en question 5. Quelle place pour l’université dans la ville marocaine ? Centre, périphérie ou nouvelle centralité ?


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P.68

PA R T I E I I I

MOHAMMEDIA, VILLE UNIVERSITAIRE

P.70

CHAPITRE I: Mohammedia, un cadre urbain à mettre à niveau 1. La ville de Mohammedia : Histoire et espace 2. Aspects de disqualification et de fragmentation de la ville 3. Besoins et priorités d’intervention dans la ville de Mohammedia

P.81

CHAPITRE II: Mohammedia, ville universitaire potentielle 1. La vocation universitaire dans la ville de Mohammedia 2. Analyse de l’espace universitaire de la ville de Mohammedia 3. Le conflit Université/ville : Etat actuel 4. L’université comme développeur urbain à Mohammedia

PA R T I E I V

P.104

RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR

P.106

CHAPITRE I: La médiation urbaine et la mise à niveau 1. La médiation urbaine : concept et typonyme 2. Techniques, formes et domaines de la médiation urbaine 3. Le projet médiateur comme outil de mise à niveau urbaine

P.123

CHAPITRE II: Réconcilier l’université et la ville de Mohammedia à travers un projet médiateur 1. Application des techniques de médiation entre l’université et la ville 2. Le projet médiateur, un parcours urbain sous forme de liant spatial 3. Les caractéristiques du projet médiateur, et les intentions d’intervention

P.134

PA R T I E V

LE PROJET MÉDIATEUR


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PARTIE I


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INTRODUCTION ET SPÉCIFICATION DE LA PROBLÈMATIQUE


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AVANT-PROPOS

Considéré comme précurseur de l’enseignement supérieur grâce à «Jamiaat al Qaraouiyine », l’une des plus anciennes universités du monde, le Maroc s’est vite détaché de cette vocation à l’arrivée du colonialisme et de ses nouvelles politiques en matière d’éducation. Il lui a fallu attendre l’indépendance avant de se reconcentrer sur la réforme de ce secteur comme élément moteur du développement socio-économique du pays, et moyen ultime de regagner une importance dans le paysage mondial se développant dés lors à une grande vitesse. Depuis les années 60, plusieurs réformes ont été élaborées afin de secourir ce secteur ; généralisation, arabisation, et gratuité en un premier temps, diversification des filières, décentralisation géographique, annulation de l’arabisation, et ouverture sur le privé vers la fin des années 80. Mais ces orientations n’ont pas permis au Maroc d’atteindre ses objectifs ; le taux de scolarisation universitaire en 2008 est de 11% comme durant les 10 années qui ont précédé, le nombre d’universités marocaines ne dépasse pas les vingtaines, et la décentralisation des universités, même en rendant l’accès à l’enseignement supérieur plus démocratique, transforme les universités en entités périphériques isolées de la réalité urbaine, les résultats peuvent peut être se ressentir dans le périmètre universitaire mais ne réussissent pas le rayonnement voulu. C’est sur cette possibilité de rayonnement et d’influence sur l’univers urbain extérieur que se focalise ce mémoire ; Le secteur universitaire est, comme réalisé au lendemain de l’indépendance un réel facteur de développement socio-économique, pas en tant que pédagogie et formation uniquement mais aussi en tant qu’espace. L’espace universitaire, a en effet la capacité de participer au dynamisme de la zone urbaine où il s’implante et de façonner son image sociale et économique, il est donc potentiellement un réel développeur urbain, encore faut-il qu’il soit ouvert et connecté à cette réalité urbaine. Convaincus par l’importance de ce type d’interactions université-ville à accélérer le développment des territoires urbains d’une part et à améliorer le vécu de la population étudiante en lui offrant la capacité de pratiquer et de vivre la ville de l’autre, nous avons choisi de consacrer ce mémoire à l’expérimentation de cette conci


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liation entre l’espace universitaire et l’espace urbain dans l’espoir de développer une vision alternative à l’évolution de la politique de l’urbanisme universitaire au Maroc. La ville d’intervention choisie est la ville de Mohammedia pour ses nombreux aspects de fragmentation et de disqualification urbaine, et donc son besoin urgent à être mise à niveau. Cette ville qui compte un bon nombre d’universités intégrées à son périmètre urbain, ne profite pas pour autant de cet avantage ; on peut même considérer que la zone universitaire et la ville évoluent dans l’ignorance l’une de l’autre, or elles évolueraient mieux et plus rapidement si elles pouvaient s’ouvrir l’une sur l’autre. L’éducation, une des premières vocations de cette ville, peut en effet reprendre sa place, et la ville pourrait évoluer vers un modèle de ville universitaire ; où l’étudiant pratique librement la ville et ses espaces et où la ville bénéficie de l’animation de l’université ainsi que de toutes ses retombées économiques, culturelles et sociales.


INTRODUCTION GÉNÉRALE

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Le secteur de l’éducation est aujourd’hui plus que jamais un sujet à débat au Maroc. Ayant prouvé ses défaillances au fil des années, le système éducatif marocain a besoin d’une restructuration urgente et surtout d’une nouvelle vision de conception et d’évolution, et ce sur le fond comme sur la forme. En effet, de nombreuses tentatives d’amélioration ont été expérimentées depuis des décennies notamment sur le secteur universitaire, mais toutes s’intéressaient à la pédagogie, au contenu enseigné et aux débouchés possibles en omettant de questionner le cadre spatial dans lequel se pratique l’enseignement. Or « l’espace universitaire » est loin d’être une donnée sans importance dans cette équation, il est même un élément à impact décisif sur la qualité de la vie universitaire, du bien être étudiant, de la capacité à produire, et plus loin, du rayonnement que peut avoir l’université sur la ville pour n’évoquer que cette échelle. Calquée sur un modèle intermédiaire entre le campus anglais et le campus américain, l’université marocaine (puisqu’on est encore loin du principe de campus) a souvent été implantée à la périphérie de la ville, mais contrairement aux deux exemples de référence, n’a pas pu évoluer vers une university town ou un village campus et développer un voisinage cohérent, polyvalent et prétendument capable de s’auto-suffire, et de se détacher de la ville (ce qui ne représente pas forcément le modèle idéal). En résultat, les zones universitaires au Maroc sont presque toutes des zones isolées, complétement marginalisées de la vie urbaine et pourtant incapables de répondre aux besoins basiques de leurs usagers. Elles génèrent automatiquement un repli des jeunes sur eux même, une frustration causée par le manque absolu d’animation et d’espaces de loisirs, et un détachement dangereux de la ville et de ses autres usagers. Revoir l’espace universitaire dans la ville marocaine, et questionner la possibilité et l’importance de sa conciliation avec la ville est donc une priorité qu’il faut attaquer d’urgence pour résoudre le problème depuis sa source, son espace. Dans ce mémoire, l’objectif est donc de s’arrêter sur les possibilités de conception et d’aménagement de l’espace universitaire afin d’approcher une forme d’ »urbanisme universitaire » contextualisé et adapté à la réalité marocaine, l’idée est surtout de


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questionner l’importance de la conciliation entre ces deux fragments longtemps en conflit que sont l’université et la ville à travers un projet « médiateur », et d’aboutir vers une vision d’aménagement capable de répondre aux besoins d’ouverture et d’ancrage de l’université mais aussi de donner à la ville la possibilité de s’ouvrir sur l’université et ses espaces d’échange, de rencontre et d’expression.


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PROBLÉMATIQUE, INTENTION ET MOTIVATION

La réponse aux interrogations relevées précédemment, et la vérification des hypothèses se fera à travers l’analyse et l’intervention sur la zone universitaire de Mohammedia, une zone qui contrairement à la règle se situe géographiquement pas loin du centre urbain, d’ailleurs cette ville est considérée avec El Jadida comme la seule bénéficiant d’un campus intégré, et pourtant, la rupture s’impose ; manque de moyens de transports, absence de pistes piétonnes, terrains vides, et aménagements inadéquats ou inexistants… font que l’étudiant se retrouve isolé dans une allée d’universités ne communiquant ni entre elles ni avec la ville. Mohammedia, cette ville qui se développe aux dépens des deux capitales économique et administrative et s’étend pour satisfaire leurs besoins dortoirs, est elle même en besoin urgent de se retourner vers son université et vers sa population jeune afin de remédier à ses lacunes spatiales longtemps détectées ; quasi inexistence d’espaces de culture, de loisirs, de rencontre et d’expression auxquels l’espace universitaire peut répondre, parce que la connexion à l’université est une connexion à toute cette possibilité d’échange et de vie, et est surtout une occasion de rendre juste et accessible l’équipement universitaire pour tous les usagers de la ville, une politique longtemps approuvée et encouragée par les spécialistes de l’urbanisme universitaire. Le défi est double, restructurer l’université d’une part et répondre aux besoins de la ville de l’autre, et ce à travers un seul et même projet. Une procédure qui nous renvoie vers le principe de « la médiation »; Utilisée souvent dans le domaine juridique, économique, religieux, ou psychiatrique, la médiation est une discipline qui a pour but de « concilier » et de résoudre les conflits par l’intervention d’un tiers neutre qui doit optimiser une solution juste et impartiale. « La médiation urbaine » procède de la même manière, mais le concept a été affecté en France aux interventions des agents médiateurs dans des groupements d’habitat afin de résoudre des conflits de voisinage. Or, dans notre étude l’approche sera purement spatiale,et la médiation interviendra entre deux zones longtemps en rupture qui sont la ville de Mohammedia d’une part et ses universités longeant les boulevards Hassan 2 et Mohammed 6 de l’autre, et se fera grâce à « un projet médiateur » intermédiaire capable de répondre aux revendications des deux parties.


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En plus de l’urgence de la remise en question de l’espace universitaire comme développeur urbain, social et économique, et de la conviction de la scientificité et de l’efficacité des techniques de médiation dans la gestion et la résolution des conflits spatiaux, l’envie d’aborder et de réfléchir le rapport entre la ville et l’université part d’une théorie personnelle qui croit sincèrement en l’utilité et l’actualité de repenser les avantages d’une éventuelle collaboration. Le Maroc, ayant pendant longtemps placé ses universités loin du centre actif de ses villes pensait bien faire et gagner à renforcer cette rupture pour des raisons urbanistiques mais aussi pour des raisons politiques ; parce qu’en plus de gérer l’espace il fallait gérer l’étudiant et son action dans l’espace urbain. Pourtant aujourd’hui, cette rupture devient encore plus dangereuse que tout ce qui aurait pu être jadis anticipé ; éloigner le savoir de la ville c’est condamner la population analphabète a encore plus d’analphabétisme et d’ignorance et de repli et donc offrir à toutes les formes d’extrémisme le champs de se développer et se propager. Eloigner l’étudiant de la ville c’est priver l’économie locale d’accueillir de nouvelles entreprises à s’installer et à renforcer son développement. Eloigner l’université de la ville c’est aussi rater l’opportunité de vivre une mixité et un brassage social réels, parce que l’espace universitaire est certainement l’un des rares lieux où les différences s’estompent au service du savoir, de la culture et de l’ouverture.


QUESTIONNEMENTS

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Avant de passer à la programmation d’un projet antidote, il est important de se poser les bonnes questions pour aboutir aux bons éléments de réponse. Dans ce mémoire les questionnements s’intéresseront aux quatres éléments phares de la médiation qui est l’outil de conciliation choisi: La ville de Mohammedia, son université, la relation espérée entre ces deux éléments, et le projet médiateur apte à installer cette relation. - Qu’est ce que l’espace universitaire et quelles sont ses fonctions? - Quels sont les premiers modèles de l’espace universitaire dans le contexte marocain? - Quels sont les modèles d’urbanisme universitaire utilisés dans le monde ?comment peut on les comparer ?et quelles conclusions en retenir? - Quels types de rapports l’espace universitaire peut-il-entretenir avec la ville de son implantation? - Comment la présence de l’espace universitaire dans un territoire peut changer son image sociale économique et culturelle? - Quels sont les aspects de disqualification de la ville de Mohammedia? Et quelles priorités pour la mise à niveau de cette ville? - Quels sont les facteurs de rupture et de connexion actuels entre la ville et l’université? - Comment profiter de la dominance de l’activité scolaire et universitaire dans l’élaboration d’un nouveau rapport université/ville ? - Peut on considérer la ville de Mohammedia comme une ville universitaire potentielle ? - Quel est le rôle de l’étudiant dans l’espace universitaire de Mohammedia? Dans la ville? Et que pourraient être ses nouveaux rôles dans une ville « universitaire »? - Comment connecter l’université à la ville? - Qu’est ce que la médiation? et à quoi peut ressembler «physiquement» un projet médiateur? - Quelles liaisons esthétiques, fonctionnelles, et symboliques faut il privilégier? - Comment faire du « parcours urbain » un liant spatial? - Qu’elle est la vision d’évolution de ces rapports? comment évaluer le « retour sur investissement » ?


CADRAGE THÉORIQUE

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Avant d’entamer notre recherche, nous avons jugé important de s’arrêter sur la définition de certains concepts qui reviendront souvent dans ce mémoire, afin de clarifier leur sens, mais aussi de les définir en fonction de l’orientation de ce mémoire et de les adapter au type d’intervention voulu. - L’ U R B A N I S M E U N I V E R S I TA I R E L’urbanisme est à la fois un champ disciplinaire et un champ professionnel recouvrant l’étude du phénomène urbain, l’action d’urbanisation et l’organisation de la ville et de ses territoires. L’urbanisme universitaire fait référence à l’organisation de l’espace universitaire d’une part et de son rapport à la ville d’une autre part. Plusieurs formes d’urbanisme universitaire ont accompagné les universités depuis la nuit des temps, mettant en opposition deux visions conceptrices; l’une encourageant un urbanisme universitaire excentré et isolé, et l’autre revendiquant l’éparpillement dans l’espace urbain. Notre recherche aura principalement pour objectif la comparaison entre ces deux théories afin de choisir la plus optimale pour le site d’intervention1. - L A M E D I AT I O N U R B A I N E Etymologiquement, la médiation renvoie à la notion d’intermédiaire et, sans doute, de lien. Elle peut être considérée comme une entreprise destinée à trouver un accord, une solution de conciliation entre des parties à un différend. Elle représenterait un mode alternatif de règlement des conflits. En pratique, le terme médiation est souvent évoqué dans le cadre de médiation familiale, médiation juridique et civile, médiation d’entreprise, médiation sociale… Et même en terme de médiation urbaine, on fait généralement allusion à des pratiques de concertation qui ont pour but de résoudre des conflits sociaux dans le cadre urbain. Or dans notre étude l’idée sera de mettre en œuvre un projet architectural et urbain qui en tant qu’entité conçue jouera le rôle du médiateur, ou de l’intermédiaire qui vient dans ce cas là favoriser une communication positive entre les deux parties en conflit ; l’université et la ville2.

1- Wikipedia, définition de l’urbanisme / L’urbanisme universitaire à l’étranger et en France, livre de Pierre Merlin 2- Ville et médiation, note de synthèse ISABELLE FERRE, le Cubitus 2002


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- L E PA R C O U R S U R B A I N Le parcours urbain engage à la fois une dimension sociale et culturelle mais aussi physique et environnementale très importante. Cette notion de parcours renvoie à la fois à la dynamique des espaces urbains eux-mêmes et au mouvement des citadins en public. Le parcours urbain est en relation étroite avec la notion d’ambiance dans la mesure où il suppose de prendre en compte et d’intégrer la dimension plurisensorielle des espaces traversés. De ce point de vue, l’expérience de l’urbain n’est pas seulement d’ordre visuel. Mais comme le disent Chelkoff et Thibaud : « Notre corps habite l’espace au moyen de chacun de ses sens, espace visuel bien sûr, mais aussi sonore, tactile, thermique et olfactif ». Chaque espace parcouru engage les diverses modalités de la perception, celles -ci étant activées en fonction des formes construites et de la matérialité spatiale, (vides qui articulent les masses bâties, plafond et sol urbains, parois verticales, mobilier urbain,…). Le parcours urbain est une routine: il est lié au fait de s’habituer à un certain itinéraire, il devient un parcours en résultat à l’ensemble des espaces qui le forment; aux compostions bâtis, vides…1 Dans ce travail de fin d’étude l’idée est de faire que ce parcours soit lui même réfléchi en tant que conception et non subi en tant que résultat, et c’est ce parcours créé qui formera le lien direct à la ville et qui jouera en complémentarité avec le projet architectural le rôle de la médiation urbaine. - L’ A U TA R C I E L’autarcie est un système économique d’un territoire géographiquement défini, d’une région ou d’un État habité par des acteurs économiques qui peuvent suffire à tous 1- Parcours urbains quotidiens. L’habitude dans la perception des ambiances, Thèse présentée, et soutenue publiquement par BEN SLAMA Hanène Le 26 avril 2007 Pour l’obtention du Doctorat de l’Université Pierre Mendès France « Urbanisme mention Architecture » 2- Wikipedia, définition de l’autarcie

leurs besoins et vivre seulement de leurs propres ressources. L’entité économique réelle déclarée vivant en autarcie peut être une famille, un groupe humain, une communauté insulaire, un gouvernement isolé. L’autarcie intellectuelle, au sens d’une autonomie sous une forme immatérielle, préconise l’état de celui qui se suffit à lui-même et n’entretient pas d’échanges. Dans ce même sens, nous évoquerons le concept d’autarcie de l’espace universitaire en analysant l’efficacité d’un campus qui se suffit à lui même et qui s’isole de la ville2.


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- LE BRASSAGE SOCIAL Synonyme de mixité sociale, le brassage social signifie l’action de mêler ou de mélanger plusieurs catégories sociales dans une optique de cohabitation. Le brassage social constitue l’objectif ou le principe recherché dans l’ambiance sociale voulu dans le projet en matière de cohabitation et de rencontre1. - L’ O U V E R T U R E Les espaces ouverts urbains sont définis comme la partie de l’espace urbain non occupée par des constructions. Cette définition prend en considération tous les espaces creux tels que les places, les rues, les zones de recul devant les bâtiments exceptionnels, les espaces verts, les berges de fleuves etc. Les espaces ouverts urbains constituent le lieu privilégié de la vie urbaine, en termes d’espace public, d’espaces de rencontres ou simplement de lieu de détente. L’ouverture sera aussi un concept ou un parti pris de la conception ; non seulement l’espace urbain sera ouvert mais même les bâtiments et leur disposition prôneront l’ouverture, l’accueil et la transparence afin de réussir et le brassage social et la connexion à la ville en fonction comme en image2.

1- Définition de la toupieBrassage social 2- Wikipedia, définition de l’ouverture


PLAN DE TRAVAIL

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Le plan de travail fixé pour ce mémoire englobe, le plus efficacement possible, toutes les parties du conflit sujet de ce travail, et évoque les aspects les plus prioritaires de leurs rapports, considérés utiles à l’élaboration d’un projet capable de proposer une hypothése de solution à la problématique. PARTIE I : INTRODUCTION ET SPÉCIFICATION DE LA PROBLÉMATIQUE Cette première partie, déjà entamée à ce stade, est un premier rapprochement à la problématique du mémoire mais aussi une implication directe dans l’univers du projet. En plus de présenter les objectifs et les motivations du travail, cette partie encadre le débat en présentant une acception ou un cadrage théorique partageant le vocabulaire relatif à ce mémoire. L’approche clinique, inclue dans cette première partie, est une sorte de diagnostic rapide, filtré de manière à répondre avec précision à la première question qu’on peut poser avant d’entamer la lecture du mémoire: Pourquoi ce sujet? Pourquoi faut il réconcilier l’université et la ville? Et pourquoi le faire dans la ville de Mohammedia? PARTIE II : L’ESPACE UNIVERSITAIRE, HISTOIRE ET ANCRAGE Avant de procéder à une anticipation de rapports entre l’espace universitaire et la ville dans le cas de Mohammedia, il est essentiel de revenir sur les rapports entre ces deux entités, partout dans le monde, depuis le moyen âge. Dans cette partie le premier arrêt se fera sur la naissance des universités et le degré de leur ancrage dans la ville d’implantation, il sera par la suite question de questionner les urbanismes universitaires internationaux et de suivre les rapports ville-université en Angleterre et aux états unis comme modéles d’universités hors la ville, de redessiner le parcours de l’université française: dans la ville, hors la ville et le retour dans la ville, avant de choisir la Tunisie comme modéle de référence pour les nombreuses similitudes contextuelles avec le cas du Maroc, et d’étudier sa politique ou plutôt son expérience dans ce domaine. Le but de cette partie est de questionner la perspicacité de la volonté de connexion annoncée depuis le titre. Les questions auxquelles cette partie répond sont les suivantes: Quels types de rapports l’université et la ville ont partagé à travers l’histoire? Quelles conclusions en retenir? À quel point les connexions ville-université


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sont

utiles

au

développement

de

l’université

et

de

la

ville?

Après les études de cas, on reviendra au contexte local et on retracera l’histoire des universités, toujours dans leur rapport avec la ville marocaine, afin de légitimer cette volonté et de confirmer son urgence: L’ouverture de la ville marocaine sur l’université améliorera son image sociale, culturelle et économique. PARTIE III : MOHAMMEDIA, VILLE UNIVERSITAIRE Après avoir effectué un benchmarking et un tour assez exhaustif de cas, l’importance de lier l’université à la ville devient indéniable, en tant que développeur urbain et facteur de mise à niveau spécialement dans les villes moyennes et petites. Dans cette étape le but est de s’arrêter sur notre ville d’intervention, Mohammedia, et d’annoncer les différents aspects de disqualification et de fragmentation dont elle souffre afin d’y remédier mais aussi d’étudier l’état actuel de l’espace universitaire dans la ville afin de relever ses besoins et de chercher à les solutionner. Au final on zoomera sur la rupture actuelle entre la ville et sa zone universitaire et sur les avantages d’une future réconciliation pour les deux parties du conflit, d’autant plus que la vocation scolaire et universitaire est , depuis les années 50, dominante dans la ville. L’arrêt sur ces différents points aura pour but d’anticiper sur l’apport que les liens université-ville peuvent offrir à la ville, socialement, culturellement, économiquent mais aussi architecturalement. Quels sont les aspects de fragmentation actuels à Mohammedia et quelles sont les priorités d’intervention? À quoi ressemble le conflit ville université à Mohammedia? Peut on considérer Mohammedia comme ville universitaire potentielle? PARTIE IV : RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR Maintenant que le conflit université-ville est visible dans la ville de Mohammedia, cette partie s’intéressera à l’outil de résolution de ce conflit et de réponse aux volontés citées dans l’intention du mémoire. La médiation urbaine comme technique de résolution de conflits urbains à connotation sociale, sera choisie grâce à son caractère impartial à élaborer des solutions adéquates aux deux parties en conflit. Le caractère disqualifié de la ville de Mohammedia et l’aspect délaissé de ses universités


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ont en effet besoin d’un diagnostic équitable et de l’élaboration d’un projet capable de répondre aux besoin des deux en même temps, on appellera ce projet: le projet médiateur. Le projet médiateur comme on le détaillera dans cette partie est un réel outil de mise à niveau urbaine: quelle que soit sa forme spatiale et sa vocation, l’impact et le rayonnement du projet médiateur est toujours félicitable. Après la définition de l’outil, de ses étapes, ses formes et ses domaines d’action, nous effectuerons un tour sur des projets référence afin d’approcher la forme de notre intervention, et d’avoir une idée claire et précise de ce que peut être un projet médiateur entre la ville de Mohammedia et son université: Qu’est ce que la médiation urbaine et comment peut elle être un outil de de mise à niveau? Quelles formes spatiales un projet médiateur peut-il prendre? Comment appliquer les techniques médiatrices sur la ville de Mohammedia et son université? À quoi pourrait ressembler notre projet médiateur? PARTIE 4 : LA PROGRAMMATION D’UN PROJET MÉDIATEUR Dans cette partie il sera d’abord question de récapituler les résultats de la recherche, de les organiser et de procéder à la programmation des éléments du projet urbain et architectural qui servira de liant spatial entre l’université et Mohammedia. Ces élements de programme, une fois élaborés, seront présentés sous forme de plans, coupes, façades et vues tridimentionnelles.


MÉTHODOLOGIE

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Afin d’aboutir à une proposition de solution efficace, nous avons opté, dans ce travail, pour une approche déductive que ce soit par rapport à la problématique ou par rapport à son contexte. Il s’agit donc, en un premier temps, d’aborder la question des rapports université-ville dans un cadre mondial en se référant aux différentes périodes qu’ont traversé ces rapports, avant de se focaliser sur la problématique locale et d’effectuer une certaine comparaison entre les différents modèles. Par la suite, nous aborderons le contexte général de l’étude; la ville de Mohammedia, à travers ses différents aspects de disqualification et de fragmentation avant de zoomer sur le conflit université-ville, et d’en faire un aspect à détailler. Une fois les faits exposés, nous passerons à l’identification de l’outil d’intervention adapté aux volontés de ce travail, que nous définirons d’abord, et dont

nous

expliquerons

les

caractèristiques

mais

aussi

les

conditions.

L’ensemble des critères conclus, nous permettront de dessiner un cadre à notre projet d’intervention, d’en définir le programme, et d’entamer sa conception.


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PARTIE II


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L’ESPACE UNIVERSITAIRE, HISTOIRE ET ANCRAGE


L’ESPACE UNIVERSITAIRE, HISTOIRE ET ANCRAGE

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CHAPITRE I : L’UNIVERSITÉ À TRAVERS L’HISTOIRE 1. LES PREMIÈRES FORMES DE L’ESPACE UNIVERSITAIRE

Des millénaires avant l’apparition de « l’université » comme concept occidental, l’espace universitaire, en tant que lieu d’apprentissage et d’ouverture sur l’enseignement supérieur existait déjà; Sa première naissance eut lieu à Athènes en 387 av. J.-C sous forme d’une académie « l’académie de Platon » où l’enseignement était donné par Platon oralement et concernait exclusivement les mathématiques et la géométrie, considérés à l’époque comme sciences prioritaires par Platon. En 258 l’université chinoise « Nankin » voit le jour et est considérée comme l’institution d’enseignement supérieur la plus ancienne du monde, « La bibliothèque d’Alexandrie » est créée en 367 avec le museion d’Alexandrie, sanctuaire de muses et d’autres divinités d’art, puis d’autres centres à vocation éducative succédèrent notamment à Antioche et Beyrouth mais étaient exclusivement dédiés au droit.1 A Constantinople la première construction dédiée à cette activité fut créée au IVème siècle par Constantin ; Une première bibliothèque publique regroupant plus de 120 000 volumes à laquelle se rajouta une deuxième sous le règne de l’empereur romain Julien II. L’enseignement commence à s’exercer dans la capitale à partir de 425 sous le règne 1- Christophe CHARLE, Histoire des universités, Edition : presses universitaires de France, 2007 2- The Guinness Book Of Records, Published 1998, ISBN 0-55357895-2, p. 242 3- UNESCO World Heritage Center,The Medina of Fez http://whc.unesco.org/en/list/170 4- Al-Jaznaï, Zahrat alÂ‑s, trad. Alfred BEL, Publ. Faculté des lettres d’Alger, F59, 1923, p. 7

de Constance II, avant de s’installer officiellement dans « le capitole » temple monumental construit au IVème siècle et de s’organiser en tant qu’université « l’université de Constantinople » grâce à l’empereur Théodose II. D’autres espaces universitaires sont construits plus tard partout dans le monde, notamment à l’ouest de l’Iran « l’académie Gundishapur » au VIème siècle, la « médersa de Zitouna » à ifriqiya en 737, l’école d’Ashikaga au Japon au IXème siècle, et « Jamiaat al Qaraouiyine » à Fès en 859. Cette dernière est considérée selon le Guinness2 book records , l’UNESCO3 , et un bon nombre d’historiens comme la plus ancienne université réelle au monde, mais cette reconnaissance n’est pas généralisable par d’autres penseurs tels que Al Jaznai qui


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L’ESPACE UNIVERSITAIRE, HISTOIRE ET ANCRAGE

Bibliothèque d’Alexandrie, inconnu

considère qu’elle ne devient université qu’une fois l’enseignement religieux dépassé, autrement dit, à partir du XIIIème siècle.1 La première école médiévale européenne et donc occidentale « l’école de médecine de Salerne » voit le jour entre le IXème et le Xème siècle, suivie par la première « université » appelée ainsi « l’université de Bologne en 1088, et quelques années plus tard la France accueille « l’université de Paris » en 1150.

1- Al-Jaznaï, Zahrat alÂ‑s, trad. Alfred BEL, Publ. Faculté des lettres d’Alger, F59, 1923, p. 7


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L’ESPACE UNIVERSITAIRE, HISTOIRE ET ANCRAGE

2. LA NAISSANCE DU CONCEPT D’UNIVERSITÉ Le mot « université » issu du latin « universitas » apparaît en Europe en 1150, il signifie : Corporation, communauté, association, ou confrérie. Mais à cette époque les universités médiévales sont différentes de la forme universitaire moderne, elles sont d’abord organisées selon le désir du maître (les universités des maîtres) qui détiennent une autorité totale sur l’espace et ses étudiants, et plus tard avec la naissance de l’université de Bologne, les étudiants acquièrent le droit de se regrouper pour leur défense et pour recruter leurs professeurs. Mais aucune des deux formes ne se basaient sur un règlement régissant les rapports étudiants-enseignants, inter-étudiants, inter-enseignants ni les rapports à l’université comme espace où l’éducation et l’enseignement sont pratiqués. Ce n’est qu’en 1231 que le pape Grégoire IX promulgue la grande charte de l’université et y transcrit les obligations de l’université et de ses usagers. L’institution universitaire est donc née au XIIIème siècle sous forme d’une « corporation réunissant des maîtres et des disciples » (universitas magistrorum atque scholarium) sous l’autorité cultuelle de l’église. Le premier rôle assigné à cette institution sera double ; la transmission du savoir mais également la production de ce savoir et son renouvellement continu ; l’université ne pouvait se permettre un enseignement dogmatique reposant uniquement sur le savoir donné ou transmis, les universitaires avaient le devoir de repenser constamment ce savoir et de l’enrichir. Mais à ces deux fonctions s’ajoutent une troisième pas moins importante, elle est même ce qui confère à l’université son rôle social et son caractère « prestigieux » au sein des sociétés ; parce qu’elle est aussi une institution réservée à l’élite ; l’élite qu’elle recrute et l’élite qu’elle produit. Auparavant cette élite était particulièrement religieuse et la hié1- Alain RENAUT, Un concept de l’université, Extrait de : A. Renaut, Que faire des universités , Bayard, 2002

rarchie au sein de l’église en décidait, mais avec la laïcisation de l’université l’élite s’élargit et regroupera l’ensemble des étudiants qui se formaient pour des postes de gestion et d’administration1 .


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Ce trait distinctif de l’université lui permet directement d’être un endroit ouvert à un public très large, encore plus large que la population, car pour repérer l’élite il fallait élargir le champs de sélection, ce caractère a aussi directement permis à l’université d’être considérée comme un lieu de justice et d’égalité de chance ; elle grandissait ainsi vers un modèle d’espace de brassage social, modèle revendiqué parallèlement à la laïcisation.

Figure 1: Schèma des différents rapports au sein de l’université à travers l’histoire, O.El Mernissi Figure 2: Les fonctions de l’université, récapitulatif, O.El Mernissi


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3. HISTOIRE ET DATES CLÉS A partir de la création de l’université de Paris en 1150, le mouvement de création des universités va s’étendre partout dans le monde. En effet, conscients de l’importance de l’université en tant que transmetteur de savoir, de producteur de savoir et de créateur de sociabilités, les décideurs, spécialement les anglais, américains et européens décident de s’intéresser aux premières formes d’urbanisme universitaire et de multiplier les bâtiments du savoir dans leurs pays, Ainsi, l’ère du savoir commence, et chaque pays cherchera à rayonner à travers ses espaces universitaires ; Quelques dates clés sont considérées par les historiens comme les grand repères historiques dans l’histoire des espaces universitaires et des universités, en voici une liste qui fait plus ou moins consensus.

Figure : Université de Cambridge, Trinity Hall, 1870, Image d’un album original comportant 58 prises de l’université de Cambridge pour William Winfield.


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•début du XIIIe siècle - Université d’Oxford

•1396 - Université de Zadar

•1209 - Université de Cambridge

•Université de Tombouctou (date

•1218 - Université de Salamanque

de fondation non déterminée)

•1222 - Université de Padoue

•1405 : Université de Turin

•1224 - Université de Naples

•1409 : Université d’Aix

•1229 - Université de Toulouse

•1409 : Université de Leipzig

•1245 - Université de Rome

•1413 : Université de St Andrews

•1246 - Université de Sienne

•1419 : Université de Rostock

•1289 - Université de Montpellier

•1423 : Université de Dole

•1290 - Université de Lisbonne

•1425 : Université de Louvain

•1290 - Université de Macerata

•1430 : Université de Ferrare

•1293 - Université de Alcalá de Henares

•1431 : Université de Poitiers

•1300 - Université de Lérida19

•1432 : Université de Caen

•1303 - Université d’Avignon

•1441 : Université de Bordeaux

•1305 - Université d’Orléans

•1444 : Université de Catane

•1308 - Université de Pérouse

•1450 : Université de Barcelone

•1331 - Université de Cahors

•1451 : Université de Glasgow

•1321 - Université de Florence

•1453 : Université d’Istanbul

•1336 - Université de Camerino

•1456 : Université de Greifswald

•1339 - Université de Grenoble

•1459 : Université de Bâle

•1343 - Université de Pise

•1461 : Université de Nantes

•1348 - Université de Prague

•1470 : Université de Saragosse

•1349 - Université de Florence

•1472 : Université de Munich

•1350 - Université de Perpignan

•1476 : Université de Mayence

•1360 - Université de Pavie

•1477 : Université d’Uppsala

•1364 - Université d’Angers

•1477 : Université de Tübingen

•1364 - Université de Cracovie

•1478 : Université de Copenhague

•1365 - Université de Vienne

•1481 : Université de Gênes

•1367 - Université de Pécs

•1482 : Université de Parme

•1385 - Université de Heidelberg

•1494 : Université d’Aberdeen

•1388 - Université de Cologne

•1495 : Université de St-Jacques-

•1389 - Université de Budapest

de-Compostelle

•1392 - Université d’Erfurt

•1499 : Université de Tolède

- Stephen D’IRSAY, Histoire des universités françaises et étrangères depuis les origines jusqu’à nos jours, Paris, Auguste Picard, 1933 - F. M. POWICKE et A. B. EMDEN, The Universities of Europe in the Middle Ages, Oxford, 1936 (vol. I, II et II


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CHAPITRE II : L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE 1. L’UNIVERSITÉ DANS LA VILLE ET L’UNVERSITÉ HORS LA VILLE L’université de Bologne au XIème siècle, l’université de Paris au XIIème et Oxford au XIIème étaient déjà organisées selon un système corporatif comme le veut le concept de l’université. Elles accompagnaient, par leur développement, le développement urbain des territoires dans lesquels ils s’implantaient ; installés en un premier temps dans le centre à proximité des palais épiscopaux, les établissements d’enseignement supérieur, et les différents espaces universitaires annexes vont peu à peu commencer à essaimer envers les périphéries des villes. Le développement spatial des universités prendra des formes diverses selon les pays d’implantation, néanmoins, on peut parler de deux modèles référentiels ; un modèle anglo-saxon et un modèle continental illustré par l’urbanisme universitaire français. 1.1. La university town: Une ville universitaire en dehors de la ville Au moyen âge les universités anglaises se sont installées dans de petites villes, loin des grands centres urbains et ont transformé ces petites villes en villes universitaires au détriment de l’activité marchande qui y régnait ; à partir du centre universitaire, une expansion urbaine apparaissait comme résultat de croissance universitaire. Ce système de university town ou ville universitaire considère l’université comme un noyau spatial où l’activité première et primordiale est l’activité intellectuelle qui ne devrait être gênée par les autres activités urbaines, elle pouvait uniquement être liée aux services de vie qui répondent aux besoin quotidiens des étudiants et des enseignants comme usagers principaux de ces villes. L’idée est donc de développer une ville qui « s’auto suffit » et qui se développe indépendamment des grands centres urbains. C’est en se basant sur l’aspect voulu « communautaire » dans le concept d’université, que les anglais perçoivent les étudiants et les enseignants comme une population à part. Une population indépendante de par ses activités et ses objectifs ; les usagers du « college » partagent les mêmes activités quotidiennes ; sportives, culturelles, artistiques… Ils devaient ainsi bénéficier d’un espace qui leur est propre en pratique comme en gestion.

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Cambridge University, Nick Ansell

L’organisation spatiale de ces villes est aussi traductrice de cette volonté d’isolement et d’indépendance ; Les collèges sont isolés de leur entourage immédiat par un mur de clôture, imposant un espace d’activité clos et inaccessible au reste de la population. La forme d’agencement est un quadrangle : un quadrilatère où les bâtiments de l’université sont disposés aux coins ; les bâtiments d’enseignement ainsi que de recherche, de logement… la cour centrale est complétement gazonnée et fait office d’un jardin de rencontre pour les universitaires.


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1.2. Le village campus : Un village académique à la périphérie des villes Proche du modèle des university towns, le village campus américain est créé par les colons anglais en Nouvelle-Angleterre suivant le même modèle ; une petite ville universitaire à l’écart de la vie urbaine. Il s’organise également en quadrangle mais vu son implantation en pleine campagne, bénéficie de larges surfaces lui permettant de vastes champs gazonnés et le séparant de la circulation comme le cas de Harvard en 1636. Ces champs sont appelés Yard puis campus, une appellation qui au final sera donnée à l’ensemble du village académique. Dans une perspective de décongestionnement urbain, Thomas Jefferson, ancien président des états unis, lancera à partir du XIXème siècle une politique de damier, où une case sur deux sera construite tandis que l’autre laissera place à un espace naturel permettant à la ville de respirer et de bénéficier d’un équilibre végétal. Dans ce même cadre il encouragera la périurbanisation des campus et leur végétalisation avec des yard ou des campus encore plus vastes transformant l’étendue verte en un réel morceau naturel au sein des universités, afin de donner au village campus toute sa signification. Ce mouvement connaitra une succession d’universités implantées au dessus des collines, des montagnes, bref en hauteur de manière à dominer le paysage et à affirmer cette

conception anti-urbaine de l’université.

Les universités n’auront de cesse de particulariser leurs terristoires pour affirmer dans les forme

construite et l’environment cette ambiguité fondamentale les collègespuis les université sont créés par des villes par communautés dont ils restent proches, mais se définissent comme les

lieux à part, presque coupés d ureste des établissements humains pour mieux réclamer le monde comme territoire d’investigation intellectuelle.

Florence LIPSKY, Les campus américains: relations ville/université

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Le campus américain est donc la continuité de la university town, il affirme le même désir d’autarcie, et considère que l’université est un espace de vie commune où les étudiants et les enseignants partagent leurs activités quotidiennes indépendamment de la ville, c’est pour cela qu’on y retrouve tout les équipements annexes à l’université ; théâtres, musées, équipements sportifs, centres de vie étudiante et commerces. 1.3. Le modèle français : l’université dans la ville, l’université hors la ville, et le retour de l’université dans la ville Contrairement aux deux modèles précédemment cités, l’urbanisme universitaire en France a connu un long processus avant d’aboutir à une certaine identification ou précision de ses principes et ses volontés. Au fil des années, plusieurs politiques ont été adoptées afin de répondre aux besoins universitaires mais aussi aux besoins des villes en matière d’insertion des universités. En résultat, les universités en France ont traversé un parcours spécial : le passage de l’université intégrée à l’université périphérique puis le retour de l’université dans la ville. - L’université dans la ville : Contrairement au modèle anglo-saxon, l’université française n’a pas connu l’élaboration d’une organisation architecturale et urbanistique précise ; jusqu’au XVème siècle, l’enseignement se faisait dans des locaux déjà existants et ne nécessitait pas la construction de nouveaux locaux, les nouveaux bâtiments s’assignaient selon la disponibilité foncière non loin du premier bâtiment universitaire et ainsi de suite. Le quartier latin à Paris regroupera jusqu’à la moitié du XXème siècle la quasi totalité des activités universitaires de la capitale mais ceci n’en fera pas un quartier à dominante universitaire, la pluralité des activités urbaines en faisait un quartier polyvalent où la vocation universitaire se perdait. Les premiers actes de construction dans le domaine scolaire et universitaire se font avec le début de la IIIème république ; après le passage vers une éducation laïque, la volonté était de monumentaliser les bâtiments destinés à abriter cette activité. Cette volonté se fait sans changer le principe d’intégration à la ville ; les monuments universitaires


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vont même contribuer à la composition urbaine et architecturale de Paris et des autres villes françaises ; la reconstruction de la Sorbonne entre 1885 et 1889 en est l’exemple concret. L’ensemble des constructions universitaires qui vont suivre essayeront de s’intégrer dans le paysage architectural et urbain des villes d’implantation, mais ce principe, appliqué par défaut, ou plus précisément par habitude prendra fin vers la fin des années cinquante. En effet, une impression de concurrence entre les facultés des mêmes villes et même des différentes villes poussera le ministère d’éducation nationale à vouloir repenser ou plutôt penser pour la première fois un urbanisme universitaire à la française. Impressionnés par le modèle américain lui même inspiré du modèle anglo-saxon, les universitaires français rechercheront un regroupement des universités dans l’espoir d’un meilleur rayonnement, ce qui donnera naissance au campus français, ou le campus à la française.

Figure: Les étudiants s’approprient le quartier latin, manifestation à Paris en mai 1968


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- L’université hors la ville : L’espoir de ressembler aux américains et de reproduire le modèle de leur campus, coïncide en France avec l’apparition d’une nouvelle situation conséquence du baby boom et de la démocratisation du système scolaire entre 1960 et 1970. L’augmentation du flux étudiant donnera naissance à l’université de masse qui se doit de développer de nouvelles filières et d’intégrer de nouveaux locaux annexes (résidences étudiantes, restaurants collectifs…) pour satisfaire les besoins de la population étudiante qui devient diversifiée ; des étudiants de couches moyennes et populaires ont désormais le droit de pratiquer l’université. Plusieurs solutions seront proposées pour faire face à l’éclatement de l’université et à l’augmentation du nombre des universitaires dont principalement la création de campus spécialisés. Les facultés de sciences passent du centre de Paris à Orsay et Villetaneuse. Et à Toulouse où trois localisations seront destinées à trois campus ; droit et université, sciences humaines et sciences. La deuxième solution, fidèle au rêve américain sera de penser des aménagements de campus en périphérie ; dans les villes en province ; Caen, Dijon, Bordeaux, Poitiers, Marseille-Luminy, Grenoble, Lille…). Mais déjà, plusieurs urbanistes s’opposent à cette idée qui retranscrit le système de

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l’internat longtemps critiqué par les dirigeants de l’UNEF, l’Union Nationale des Etudiants de France.

Dans le cadre de campus, la distorsion est poussée est poussée à l’extrême: l’étudiant échappe totalement au cycle de la vie normale et l’université devient une cité dans la cité, avec toutes

les conséquences néfastes qui en découlent: quelle peut être alors la place de l’intellectuel, du cadre, du technicien dans le mond edu travail ?

C.ROURE, président de l’UNEF, Université et Urbanisme : point de vue de l’étudiant

Les campus favorisent l’isolement et coupent l’université et les universitaires du reste de la cité.

A.LOYEN, La vie universitaire dans la cité


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Suite à ces inquiétudes, l’idée était de parvenir à un consensus entre les deux modèles qui se présentaient jusque là : Le modèle anglo-saxon et automatiquement le modèle du campus américain qui permettait à la communauté intellectuelle universitaire de se retrouver et se réunir au service de ce qui la convergeait ; le savoir et la recherche. Et le modèle jusque là vécu en France et qui est le modèle du grand ensemble, critiqué pour la possible fragmentation et concurrence entre les universités, mais félicité pour son intégration totale dans la vie urbaine. Le modèle optimum ressemblait à l’affectation de grandes zones périurbaines à l’activité universitaire : ces zones devaient accueillir principalement les locaux des universités et laisser de larges hectares à la composition d’une nouvelle ville autour, où serait créé une certaine ambiance urbaine, un voisinage polyvalent permettant aux universitaires d’être ensemble tout en étant impliqués dans la vie normale. Le premier projet qui essayera de mettre en pratique ces nouvelles résolutions est l’aménagement du domaine de la source pas loin d’Orléans. L’idée est de créer une nouvelle ville Orléans 2, où l’université sera placée au centre et où les 180 hectares avoisinant serviront à accueillir les locaux annexes ; bibliothèque, restaurant, hôtel universitaire, de manière insérée dans le tissu urbain qui devait suivre et se placer dans les larges surfaces assignées à cette nouvelle ville voulue universitaire. Le projet est conçu par l’architecte Cacoub, et le plan de masse promettait une réussite parfaite ; une réelle concrétisation du « campus à la française ». D’autres projets verront le jour, mais auront une échelle plus modeste tel que le campus de St-Martin-d’Hères à Grenoble où les logements étudiants sont placés à la périphérie du campus afin de favoriser un échange avec le voisinage urbain futur.

Figure: Campus de la source, Orléans 2, Cacoub


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Ces visions ne pourront malheureusement pas aboutir à la réalité espérée ; le surdimensionnement des zones par rapport à l’université et à la population étudiante se fera rapidement ressentir, et le ministère de l’éducation nationale sera incapable de financer la globalité du projet, son budget se limitera aux locaux conçus pour les cours et pour la recherche et les œuvres sociales étudiantes. Les campus à la française finiront dés lors par ressembler à des zones limitées au travail, regroupant des bâtiments incapables de générer une quelconque centralité, et automatiquement par échouer leur projet de campus intégré. - De la composition à l’organisation, de la monumentalité au tissu urbain : Le besoin de repenser ces expérimentations s’impose ; qu’est ce qui ne marche pas ? et comment repenser l’espace universitaire dans les villes françaises ? L’urbanisme universitaire français basé sur l’idée de la composition et du plan masse a donné naissance à des zones vivant en autarcie. Les architectes vont essayer d’inverser la donne ; opter pour une réflexion d’un tissu urbain où viendront s’implanter des équipements, autrement dit ils passent de la composition à l’organisation et de la monumentalité architecturale qui produit l’espace urbain à l’organisation urbaine qui accueille des architectures modernes et contemporaines.

Figure: La structure de la nappe, Université de Toulouse le Mirail


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Pour contrer le modèle de monumentalité dans la conception universitaire un premier projet sera réalisé à Toulouse le Mirail en 1963 en partant du concept de la nappe tridimensionnelle ; la structure en nappe où l’hiérarchie spatiale et la composition disparaissent. Puis repris plus tard à Bron-Parilly en 1969 et à Compiègne en 1972. L’espace public est mis au centre de ces conceptions, et c’est à partir de cet espace que se placent et s’étendent les équipements ; une rue centre à Toulouse et une rue intèrieure à Bron-Parilly. S’en suivent de nouvelles formes « d’organisation » dont la célèbre ligne de Calabre représentant une vision technico-organique de l’espace universitaire, expérimentée par V. Gregotti pour l’université de Calabre à Cosenza en 1973.

Au fil du temps une théorie complétement opposée verra le jour et reprendra les bases premières de l’espace universitaire français : « l’université diffuse », un concept qui resurgit avec Giancarlo de Carlo et qui préconise à Urbino des implantations universitaires qui viennent compléter le paysage des structures urbaines déjà présentes, et qui avance une vision claire : l’espace universitaire ne doit pas être considéré comme une entité indépendante mais comme le support d’une restructuration qui fédère l’ensemble des lieux ouverts de la ville. Cette nouvelle réflexion, pas très nouvelle, animera un nouveau mouvement de pensée envers la ville et son climat culturel, et redonnera au concept de l’ilot urbain son importance comme forme architecturale et urbaine d’organisation de la ville et de ses activités.

Figure: La ligne, Université de Calabre, V. Gregotti 1973


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2. LE RETOUR DE L’UNIVERSITÉ DANS LA VILLE : 2.1- Université dans la ville ou université hors la ville ? - Diagnostic et relevé de besoins : La situation française vers le début des années 90 se voit donc face à l’obligation de décider quel chemin prendre ; celui du développement des « campus existants » ou celui du retour en ville. Dans son ouvrage : « Ville Architecture Université », le ministère de l’éducation, de la recherche et de la technologie en France effectue une analyse des avantages et des inconvénients d’un éventuel retour en ville dans le cadre de l’étude de l’urbanisme universitaire en France et des réalisations du schéma université 2000. Selon cette source, un retour en ville ou au centre ville signifierait un retour massif des étudiants en ville et donc un déséquilibre et une massification dans les pratiques urbaines des différents espaces existants notamment les espaces de loisirs et de sport. La notion de « centre-ville », s’étant transformée en notion de poly centralités, remet en question l’envie même de revenir vers un centre ville désormais inexistant. Un inconvénient qui pourrait être aussi un avantage ; la polycentralités pourrait peut être offrir à l’université la possibilité de devenir elle même une centralité urbaine. Les universités françaises victimes de la pluralité et de diversité des politiques universitaires expérimentées jusqu’au début des années 80, dessinait un paysage universitaire à trois variantes : -Le campus de périphérie : St-martin-d’Hères, Lyon-Bron, Toulouse-le-Mirail -Le campus en ville : Strasbourg, Nice, Marseille, Saint-Charles…à noter que ce type de campus est considéré comme le moins problématique quoi que toujours en besoin d’améliorer ses rapports au voisinage urbain, -les technopoles et parcs d’activités : Château-Gombert à Marseille, le parc technologique des Lombards à Troyes, Décider d’un retour en ville n’est pas automatique à ce stade, néanmoins, les problèmes que rencontrent les universités en France deviennent clairs et précis : la mono fonctionnalité, l’espace public délaissé et dévalorisé, le besoin de renouvellement architectural et de valorisation du patrimoine bâti.

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- Les priorités d’aménagement universitaire en France : - Le campus mixte : De la monofonctionnalité à la plurifonctionnalité urbaine: Depuis ses débuts, le campus français s’est focalisé sur quelques fonctions clés liées directement aux pratiques basiques de l’université : étudier, chercher, se nourrir, se loger. Il souffrait donc d’une carence nette de services urbains et d’espaces de vie et d’activités annexes mais non sans importance dans le vécu estudiantin. Ces fonctions elles même étaient pratiquées indépendamment les unes des autres et aucune relation ne les mixait au sein du campus, se qui se traduisait en un manque d’échange, de rencontre, bref de vie étudiante là où elle devait naitre et se développer. Pour répondre à ces besoins, de nombreux promoteurs privés se sont dirigés vers la création de nouveaux services urbains au sein des campus français : agence de voyage, librairies, magasins… notamment dans les campus d’Amiens, Grenoble et Paris VIII. Cependant l’envie d’accéder aux services urbains particulièrement et à la vie urbaine généralement ne pouvait se faire sans discuter le facteur primordial de connexion ; les transports collectifs. En effet, ce détail est le responsable premier du sentiment d’isolement et d’éloignement entre la ville et son université, il était aussi la cause d’un mal être étudiant quotidien dù aux retards, aux trajets interminables… Connecter la ville à l’université devait se faire d’abord par le biais de moyens de transports efficaces. - L’espace public comme centre d’échange: En France, l’espace public du campus se heurtait à une réalité de morcellement et de limites entre les différents établissements ce qui en faussait l’image mais aussi la fonction. Etant carrossables, les espaces publics étaient en réalité de grands parkings dont l’échelle écrasait la faible population étudiante les pratiquant. Et finalement étaient perdus entre deux visions en dualité ; l’espace public sécurisé et le campus protégé, ou l’espace public réellement public s’ouvrant au campus comme à la ville. Face à ces questionnements, la priorité commence à devenir visible :il faut que l’espace public le devienne vraiment, qu’il puisse servir d’un centre de brassage et de rencontre quotidiens, il devait devenir piéton et libre et surtout s’apparenter une nouvelle image


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architecturale et artistique : il fallait revoir les formes et les revêtements comme le mobi-

lier urbain qu’on y plaçait, l’espace public ne pouvait plus être le vide dérangeant, mais le vide agréable qui donnait au bâti toute sa splendeur.

Le premier acte fondateur serait d’assurer la continuité de l’espace public par la rétrocession de la voirie aux villes... Il faudrait préparer le terrain par la réinscription des sites dans une logique urbaine, en partant de la définition et de la qualification des espaces publics en terme de rues, places, parcs. F. KOHLER, le plan U2000, le bâtiment public dans la cité

-Innovation architecturale et revalorisation du patrimoine: En un premier temps, on pouvait reprocher aux bâtiments qui composaient le campus d’être trop similaires ou trop identiques puisqu’ils sont conçus par le même architecte qui est souvent aussi l’urbaniste responsable de toute l’opération d’implantation du campus. Mais le passage aux concours permit aux campus d’acquérir une certaine diversité et pluralité architecturale, ce qui est très positif pour le paysage voulu innovateur et moderne. Sauf que cet esprit moderne ne pouvait s’installer sans l’apparition d’incohérences entre les différentes réalisations conçues sans vision d’ensemble : on pouvait se retrouver avec des bâtiments dont l’implantation, le fonctionnement et l’esthétique étaient en parfait désaccord avec le voisinage. Le deuxième souci concernait le rapport entre l’architecture des bâtiments et l’espace public qui leur est destiné, souvent mis à l’écart ou considéré sans importance, le rapport du plein au vide devenait une préoccupation principale, il fallait en plus de concevoir des équipements fonctionnels, aménager des espaces propices à la rencontre et à l’échange La restauration du patrimoine bâti était un souci majeur, il fallait penser à réhabiliter l’existant, et aussi à s’arrêter sur la compréhension et l’adaptation des premiers équipements universitaires pour leur redonner leur place architecturale dans le paysage des campus français et leur fonction dans les nouvelles politiques d’urbanisme universitaire.

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2.2- Le Schèma Université 2000 et le retour officiel de l’université dans la ville

Construire au coeur des villes, intégrer l’université dans la cité n’était que la traduction en termes d’urbanisme de ce que nous voulons entreprendre en matière de pédagogie. Claude ALLÈGRE

L’avenir des universités, c’est le métissage, métissage interne, métissage des populations étudiantes, métissage culturel, métissage pluridisciplinaire, mais aussi métissage urbain. Francine DEMICHEL

En 1990, le ministère de l’éducation nationale effectue un relevé d’état des campus français et conclu que l’urgence était au retour dans la ville, une décision inattendue et surtout inconcevable au moment où la population étudiante augmentait et semblait impossible à recaser dans les milieux urbains, d’autant plus que les quelques campus intégrés à l’époque ou proches des centres urbains ne retenaient pas l’attention de leurs communes et régions, ils ne pouvaient être vus comme équipements structurants, il étaient donc complétement ignorés et délaissés par les politiques. Pourtant il suffira de l’établissement du schéma d’aménagement U2000, qui oblige les collectivités locales à prendre part au financement de ce programme, pour que ces dernières cherchent à tirer profit de cette collaboration, elles décident alors de s’intéresser aux manières possibles de transformer leurs universités en une base structurante et en allié efficace pour le développement socio-économique et culturel de leurs communautés. La décentralisation responsabilisera aussi les collectivités qui, dans un souci de concurrence, remettront en question leurs politiques de développement local notamment en insérant l’université au centre de leurs opérations surtout suite à l’application de la loi du 6 Février 1992 sur l’administration territoriale, qui encouragera le passage d’une intercommunalité de tuyaux à une intercommunalité de projets.


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Le retour de l’université dans la ville, ou pour être plus précis, la reconnexion des un iversités aux villes, apparait suite aux nouveautés politiques et juridiques utile et efficace pour un rayonnement intellectuel mais aussi pour un développement social et économique des territoires. L’urbanisme universitaire devient indissociable de la politique urbaine : dans une logique de polycentralités, la zone universitaire pouvait avoir une place importante et drainer des flux importants grâce à l’animation qu’elle offre et propage dans le milieu urbain. Les villes devenues elles mêmes plus polyvalentes et plus ouvertes pouvaient tirer de l’installation de l’université l’avantage de voir de nouvelles activités s’ajouter à leurs listes de vocations. Architecturalement, le retour en ville permet de reconvertir, pour l’activité universitaire plusieurs bâtiments anciens afin de leur redonner vie, comme l’ancienne manufacture des tabacs de Lyon qui sera reconvertie en université, l’université Jean Moulin, et l’ancien hospice des Incurables à Marseille qui accueillera la faculté de droit.

Figure: Récapitulatif des différents modèles universitaires, O. El Mernissi


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UniversitĂŠ Jean Moulin, Lyon


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3. L’UNIVERSITÉ INTÉGRÉE COMME DEVELOPPEUR URBAIN: CAS DE LA TUNISIE Suite à une procédure de redistribution des universités en Tunisie, causée par la croissance des effectifs étudiants, les villes tunisiennes moyennes à petites, ne connaissant jusqu’aux années 90 aucune implantation universitaire, ont eu l’occasion d’accueillir les équipements universitaires dans leurs territoires et de se découvrir une nouvelle vocation ; la vocation universitaire. Certes cette procédure était uniquement motivée par un besoin d’allégement des grandes villes, mais il s’avérera une décennie plus tard que les effets de cette opération ont été encore plus positifs qu’espéré. Fortement influencées par la fonction universitaire plusieurs villes tunisiennes ont vu leur paysage culturel, social et économique façonné grâce à ces implantations, ce qui affirme le rôle de l’université intégrée comme facteur de dynamisme et de développement des territoires. Dans son article « Aménagement universitaire et mutations urbaines en Tunisie », Najem DHAHER, effectue une étude détaillée sur les villes de Manouba, Jendouba et Gafsa, afin de retracer les mutations urbaines et les effets de dynamisme que l’implantation des campus a réussi à entrainer : Les campus de Tunis et de Manouba créés en 1970 et 1980, et accueillant aujourd’hui plus de 30 000 étudiants chacun, ont prouvé leur capacité à tisser de nouveaux liens avec leur entourage avoisinant : les quartiers de El Manar et Ibn Khaldouns. Les deux campus ont influencé leur environnement directement grâce aux aménagements et aux nouvelles implantations, mais aussi indirectement en développement de nouveaux services autour. Cette influence est visible malgré la volonté des décideurs à limiter les rapports étudiants/population afin de réduire l’ampleur des agitations universitaires. Le campus de Manouba, situé dans une zone périurbaine de la ville de Tunis, était en un premier temps complétement isolé de la ville, chose qu’il est beaucoup moins aujourd’hui malgré l’incapacité à marcher pour se rendre au centre de la ville la plus proche. Néanmoins, le campus a su développer, autour de lui, des quartiers universitaires en se liant aux communes l’enveloppant au sud-est et au nord-ouest.

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L’ESPACE UNIVERSITAIRE, HISTOIRE ET ANCRAGE

L’efficacité de l’université comme élément structurant des territoires urbains s’impose, et les décideurs intègrent officiellement ce campus dans le schéma directeur du grand Tunis, en y affectant d’autres grand équipements : une gare multimodale, un projet d’habitat social et le prolongement d’une ligne, des équipements qui renforceront le rôle universitaire de la zone, mais aussi qui permettre de lier, une fois pour toute, l’université à la ville.

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Le projet urbain a trouvé dans le développement de l’université à la fois ses raisons et son élément moteur.

Selon Burdése, l’université se présente aujourd’hui comme un atout indéniable pour renforcer l’image de marque d’une ville et d’une région.

Najem DHAHER, Aménagement universitaires et mutations urbaines en Tunisie


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L’impact du campus de Jendouba sur la ville s’illustre par la territorialisation de la population étudiante1 . La dominance de l’habitat social dans les zones limitrophes permet aussi de donner une certaine importance à l’image du campus qui offre à la ville une porosité par les passages, des vues et des traversées. L’installation du campus a aussi permit à la ville de lutter contre la pauvreté urbaine2 : dans une étude effectuée en 2009, Dhaher explique comment depuis l’installation de l’université, les quartiers limitrophes ont connu des travaux d’extension horizontale et verticale, des travaux de renouvellement et de réhabilitations. Il explique aussi comment

la demande estudiantine en matière d’habitat a augmenté les valeurs locatives et multiplié les chantiers de construction pour y répondre.

L’impact des fonctions universitaires sur le marché foncier est évident. Le secteur locatif est bien développé dans ces villes...

Najem DHAHER, Aménagement universitaires et mutations urbaines et Tunisie

Le campus de Gafsa est le plus proche du modèle d’étude de ce mémoire et est la meilleure référence pour anticiper le résultat du projet voulu. Ce campus empiétant sur deux quartiers différents : un premier regroupant l’université et un autre regroupant ele foyer et le restaurant, a vu naître au fil des années une dynamique urbaine tout au long des parcours pratiqués par les étudiants. L’université qui à la base tourne le dos à la ville s’y voit parfaitement liée et attachée grâce aux déplacements quotidiens des étudiants entre leurs différents lieux de vie. La population de Gafsa est elle même enchantée par la présence de cette population dite rassurante pour le devenir de la zone. Cette opération a aussi permit un développement économique en plus du développement social : la présence des étudiants a fait profiter les quartiers avoisinants d’une réhabilitation urbaine et a augmenté la valeur foncière de plusieurs terres arides. Les étudiants à Gafsa restent néanmoins isolés du centre ville à cause du manque de transports en commun: ils n’y sont pas attachés et n’y existent pas comme citoyens, pourtant les résultats générés dans les communes à proximité du campus rassurent

1- Daniel FILÂTRE, Villes moyennes et universités, les enjeux des antennes universitaires, espaces et sociètés, N°59, p-119125

2- Najem DHAHER, Aménagement universitaire et mutations urbaines en Tunisie, URI: http://id.erudit.org/ iderudit/045650ar DOI: 10.7202/045650ar


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L’implantation des universités dans les différentes villes tunisiennes a créé une certaine proximité ville-université bénéfique aux étudiants comme à la ville toute entière. La présence de l’offre universitaire a contribué à développer des formes de démocratisation, a assuré un véritable rayonnement urbain grâce aux potentialités socio-économiques et culturelles, et a permit à des quartiers en difficulté d’être requalifiés, Cependant, pour assurer un meilleur développement et une réelle garantie à ce rôle de développeur urbain, il est impératif que ces installations travaillent sur leur environnement, afin de l’améliorer et de le façonner pour s’y insérer de manière plus volontaire et plus homogène. Il est aussi important de questionner les rapports aux autres domaines notamment l’industrie et le monde extérieur de l’économie. Cette étude, effectuée dans un pays maghrébin où la réalité sociale, économique et culturelle ne diffère que peu de la réalité marocaine, nous conduit vers une conclusion très importante : l’urbanisme universitaire en Tunisie se veut attaché aux réalités urbaines, les retombées positives de l’implantation universitaire dans les villes moyennes à petites, prouvent que le modèle adapté et adéquat


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n’est pas à puiser dans les exemples importés des pays développés : où le budget comme la stratégie de financement indépendant peuvent permettre des réflexions de séparation et d’indépendance de certaines fonctions du reste de la vie urbaine.

Dans ce cas comme dans le notre, il faut optimiser la réflexion comme les dépenses, développer la ville et l’université d’un coup en les ouvrant l’une sur l’autre.

... cependant, ont peut présumer que les villes d’un pays comme la Tunisie ont besoin d’une université insérée dans la réalité urbaine. Elles doivent se servir de l’université comme locomotive urbaine. D’ailleurs, avec un diagnostic urbain qui commence à se mêler vraisemblablement aux transformations des représentations de l’université, il s’avère selon les analyses que cette dernière peut non seulement marquer une étape aussi bien spatiale symbolique de développement avec le reste du territoire urbain, mais aussi secourir des zones urbaines en difficulté.

Najem DHAHER, Aménagement universitaires et mutations urbaines en Tunis

1- Marie-Line FÉLONNEAU, L’étudiant dans la ville, térritorialités étudiantes et symbolique urbaine Figure: Les impacts de l’université intégrée sur la ville tunisienne, O.El Mernissi


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CHAPITRE III: L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE MAROCAINE 1. FONCTION ET RÔLE DE L’UNIVERSITÉ MAROCAINE: Comme défini précédemment, le rôle de l’université est double ; la transmission des connaissances d’une part et la recherche de l’autre. Une recherche qui produit une certaine culture dont le rôle est d’impacter l’univers dans lequel se transcrit l’université, où ce qu’on appelle l’environnement universitaire regroupant l’espace intèrieur mais aussi l’espace extèrieur à l’institution universitaire. Elle est aussi dans sa fonction de formatrice des cadres futurs, un facteur de cristallisation et d’ancrage d’identité nationale et de progrès. Prenant tout d’abord la forme d’un espace d’enseignement principalement religieux au sein des mosquées, l’éducation au Maroc avait comme intention première la formation juridique et théologique des « Tolbas », les étudiants, ces derniers accédaient à la mosquée, la medersa plus tard, selon leur niveau de connaissance du coran et du « hadith ». Depuis ses débuts, l’université de al Qaraouiyine, première université au Maroc et l’une des premières au monde, prenait un aspect communautaire, et remplissait d’une part une fonction de socialisation et de l’autre sa responsabilité de former des cadres, principalement des magistrats et des juristes. Les professeurs de Jamiaat Al Qaraouiyine, reconnus mondialement par leur haute science, conféraient à l’université une autre fonction non moins prestigieuse ; la désignation des nouveaux sultans et la signature de l’acte d’intronisation ; le rôle politique relevait aussi des fonctions de l’université marocaine. La fonction « scientifique », sociale et politique était donc durant plusieurs siècles du ressort de l’université, avant que l’autorité coloniale n’en décide autrement et introduise un nouveau système éducatif au Maroc.

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2. « AL QARAOUIYINE », PREMIER MODÈLE D’UNIVERSITÉ INTÉGRÉE: Le Maroc est considéré universellement comme l’un des précurseurs dans le domaine de l’enseignement supérieur. Sa première université « jamiaat al Qarawiyine » a été fondée en 859 par « Fatema el fihria » une riche héritière d’un juriste Qairouanais sous le règne d’Idriss II, à qui l’on doit la fondation de la ville de Fès, et l’assignement d’un quartier à cette université, le quartier Al Qaraouiyine. En un premier temps l’enseignement donné par des « Ulama » à des « Tolbas » se faisait dans les mosquées, plus tard avec l’accroissement du nombre d’étudiants, des sortes de cités universitaires furent créés pour remplir cette fonction, on les appela «les medersas». A la Jamiaa, L’enseignement se concentrait sur la théologie et le droit, et accueillait des étudiants connaisseurs du coran et de la chariaa, ces derniers pouvaient aussi bénéficier de cours particuliers au sein des medersas, et selon leur niveau jouer le rôle de « maître assistant » et expliquer certains ouvrages à d’autres tolbas de l’université. L’aspect le plus important dans ce modèle universitaire est géographique ; L’université était située au cœur de la médina. En effet, cette université dont le rayonnement a dépassé les limites nationales pour atteindre le monde arabe puis le monde entier, est bel et bien un exemple d’université

intégrée, ou d’université ouverte sur son environnement urbain ; la médina de Fès. Dans ses écrits, Abd el Hadi Tazi la décrit en disant :

... Dans toutes rues et tous quartiers, à quelques pas de l’habitat et du souk... il existe une mosquée, un lieu de culte ou une medersa, lieu de rencontre obligé des croyants et où se recueillent le commerçant, l’artisan et l’ouvrier, après s’être libérés de leurs préoccupations quotidiennes... AbdelHadi TAZI, Al Qaoraouiyine, la mosquée université de Fés

Certes, l’affirmation d’une réelle ambiance universitaire au sein de la médina ne peut se faire, néanmoins, l’ouverture constante de la mosquée ne peut que garantir un esprit d’échange et de rencontre continu entre tous les usagers de la médina.


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Il est aussi évident que l’installation de la Jamiaa au centre de la médina permettait à tous les services urbains de la médina de profiter de la clientèle étudiante toujours très consommatrice des fonctions urbaines et donc assurait une convoitise et un dynamisme économique utiles au cycle de la vie dans la médina de Fès.

Figure 1: Plan de situation de la jamiaa de al Qaraouiyine dan la médina de Fés Figure 2: Plan de réhabilitation de la Jamiaa. M.F.Benabdallah


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3. L’UNIVERSITÉ POST-COLONIALE ET L’UNIVERSITÉ AUJOURD’HUI: NOUVELLE CONCEPTION DE L’ESPACE UNIVERSITAIRE ET DE SES FONCTIONS : Consciente du rôle social que jouait la jamiaa dans l’équilibre de la communauté marocaine au début du 20ème siècle, et concernée par le contrôle politique, mais aussi économique et social du pays, l’autorité coloniale française décida de « cerner » le Maroc en attaquant directement l’enseignement supérieur existant, pas pour répondre aux intérêts de la population colonisée mais pour accélérer sa maîtrise et sa dominance politique sur le pays. L’introduction du nouveau système d’enseignement se fait suite à une critique jadis courante des français à l’enseignement de la Qaraouiyine où le cursus semblait se limiter aux matières dont le niveau d’évolution ne dépassait pas, dans son contenu, celui qu’avait permit d’atteindre la civilisation arabo-musulmane durant le moyen-âge. Ainsi, les matières scientifiques, particulièrement, ne répondaient plus aux réalités du moment1. Le colon installe alors un nouveau système éducatif englobant enseignement primaire, secondaire et supérieur afin d’accélérer son emprise par la formation de l’élite qui allait administrer le nouveau Maroc, le Maroc colonisé. En réponse aux évolutions technologiques rapides, l’enseignement colonial se voulait moderne et scientifique. Le monde, qui assistait à l’agriculture mécanisée, au système bancaire étendu, aux nouvelles infrastructures routières, à l’exploitation minière, à l’évolution de la médecine… ne pouvait plus admettre un enseignement supérieur limité à la religion, la théologie et le droit. En résultat à cette nouvelle vague scientifique, la recherche scientifique prit place dans l’enseignement colonial avec la création à partir de 1920 de plusieurs centres et instituts dont l’institut scientifique chérifien et le centre d’études juridiques. Les résultats espérés par ce système ne commenceront à apparaitre qu’après la seconde guerre mondiale, mais au lendemain de l’indépendance l’incohérence de ce sys1- D. BORDI, L’université Med V, perspective de réforme. Mémoire de stage E.N.A.P 1975

tème avec les réalités du Maroc postcolonial est évidente ; on ne peut être un pays libre au moment où toute la structure administrative et matérielle est liée à l’autorité coloniale.


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La revendication d’un enseignement supérieur libre et autonome s’acharne, mais le besoin pressant en cadres ne pouvaient permettre de reculer, il fallait garder l’héritage colonial et essayer de le réorienter et le recadrer pour l’adapter aux besoins de l’étudiant marocain. L’arrivée du colon est donc un élément perturbateur pour l’évolution de l’université marocaine, qui passe d’un développeur social, d’un espace de rencontre et d’échange culturel et intellectuel à une machine de production de cadres afin de répondre à une évolution économique et technologique voulue rapide. L’espace n’est donc plus qu’un détail dans cette nouvelle conception où l’université perd complétement sa fonction sociale. Trois ans après l’indépendance, la structure de l’enseignement supérieur au Maroc était un pur héritage du passage du « protecteur » ; trois facultés : lettres, sciences et droit à Fès, Marrakech et Casablanca et à partir de 1980, une structure bi-facultés : lettres et sciences à Tétouan, Meknès, Agadir… Les facultés de médecine étant indépendantes. La création des instituts et des grandes écoles renforça la séparation entre ces deux composantes ; les écoles et les facultés, dont chacune cherchait à défendre ses frontières dans une sorte de compétitivité. Au jour d’aujourd’hui, comme au lendemain de l’indépendance, l’université a pour rôle principal : la formation des cadres pour les postes administratifs, et d’employés pour les différents emplois qu’offrent les nouveaux secteurs économiques. Perçue aujourd’hui comme une entité qui donne sans rien recevoir du monde extérieur, l’université est réellement aujourd’hui à l’image de l’esprit productif machinal, où l’espace universitaire s’appauvrit et continue à se renfermer sur lui-même. Les structures administratives de gestion font aussi que l’université manque d’autonomie, de liberté et donc d’épanouissement. Il est donc impératif de repenser à ouvrir l’université sur son univers social afin de lui redonner son rôle de centre intellectuel et d’espace de rencontre, il est aussi important de la réadapter aux changements sociaux que vit le Maroc continuellement, et de la penser, une fois pour toute, à long terme : d’élaborer une réelle politique de gestion et de développement universitaire.

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Figure: L’université pré-coloniale et l’université post-coloniale. Schèma récapitulatif, O. El Mernissi

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4. L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE MAROCAINE: LE ZONING EN QUESTION Dans le cadre de la politique de « zoning » que suit l’urbanisme marocain et qui consiste en un découpage de la ville en plusieurs fonctions ; habitat, travail, commerces…et universités, l’espace universitaire prend la forme d’une zone isolée du reste du tissu urbain. Dans la définition même du zonage en tant que méthode de subdivision de l’urbain en plusieurs unités homogènes, l’intention de cloisonnement est claire : processus par lequel le contenu de l’espace tend à devenir homogène à l’intérieur d’une unité, et se différencie fortement par rapport à des unités extérieures1. Un cloisonnement qui prive la ville de l’animation qui résultait spontanément de la diversité et de l’hétérogénéité des activités dessinant son paysage urbain et qui donne naissance à des fragmentations de tout genre : spatiale, démographique, sociale, éco-

nomique, culturelle et architecturale.

J’entends mixité en opposition au zoning, le zoning est terrible car il engendre une ville sans rencontre. Odile DECQ à Nicolas HANNEQUIN, l’architecte médiateur

Le campus universitaire marocain, même si l’image des groupements universitaires est loin d’approcher le modèle du campus, représente dans cette image de ville fragmentée, une zone à part, placée souvent à la périphérie des villes, dans une portion territoriale destinée uniquement à la vocation éducative et non universitaire, puisque l’intention de ce mémoire est de considérer l’espace universitaire comme un champs à dominante éducative mais à mixité de multiples fonctions urbaines. La zone universitaire, est dans cette réalité destinée uniquement à la population étudiante qui vit de manière détachée de l’univers urbain à cause du manque de liaisons avec la ville et son centre. Le manque de transports en commun est en effet un réel cauchemar quotidien limitant les interactions ville/université et privant les étudiants de pratiquer leurs villes comme le restant de la communauté,

1- Ahmed CHRAIJI, Hossein BEZZAZ, Les campus universitaires en question, travail de fin d’études pour obtention du DENA, ENA Rabat, Décembre 1987


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en sachant que leurs campus sont démunis de presque toutes les fonctions nécessaires à la vie étudiante ; commerces, marchés, librairies, bibliothèques, restaurants, cafés, laveries, équipements sportifs, équipements culturels… Isolés des autres zones urbaines, à cause de l’urbanisme de zonage, les groupements universitaires représentent dans la ville marocaine des enclaves détachées de toutes les activités urbaines dont pourrait avoir besoin l’étudiant en tant que citoyen d’abord, et en tant qu’étudiant actif ensuite. La réalité médiocre des universités, où la quasi totalité des activités annexes à l’enseignement est absente, rend cet isolement encore plus compliqué à vivre. La ville fragmentée et séparée de ce qui devrait constituer son centre intellectuel devient elle même dénuée de l’esprit culturel nécessaire à l’épanouissement social de la communauté urbaine, et à l’allégement du rythme de vie mécanique. Ainsi, s’annule le côté « social » de la vie communautaire dont l’un des besoins nécessaires est de se rencontrer, d’échanger, d’apprendre et de s’épanouir. 5. QUELLE PLACE POUR L’UNIVERSITÉ DANS LA VILLE MAROCAINE ? CENTRE, PÉRIPHÉRIE OU NOUVELLE CENTRALITÉ ? 5.1- Récapitulatif des conclusion de la recherche Pour répondre à cette question de manière assez « concluante », il est important d’établir un récapitulatif des grandes conclusions tirées à partir des parties précédentes: - L’isolement de l’université marocaine est une résultante de la politique d’urbanisme basée sur le zonage - L’université marocaine est en plus d’être entièrement coupée de l’ambiance urbaine est pauvre en matière d’activités et d’équipements annexes à l’enseignement, le modèle de « campus » est inexistant. - L’université est depuis le départ du colon une unité de production de cadres, sa fonction est limitée à l’enseignement.


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- L’héritage universitaire marocain, illustré par Jamiaat Al Qaraouiyine, est riche en leçons à tirer : l’université a une fonction sociale centrale dans la vie urbaine, son rayonnement socio-économique et culturel est possible grâce aux différentes interactions avec l’univers urbain qui l’enveloppe, ou qui lui est voisin. - L’université marocaine aujourd’hui se doit de secourir sa place et de reprendre ses rôles ; social, économique, culturel et identitaire. La vocation universitaire comme influente sur l’esprit communautaire et sur les orientations de l’univers urbain est un réel facteur identitaire des territoires, spécialement des villes moyennes à petites, où les liaisons comme la politique d’urbanisme universitaire bénéficie d’une échelle maitrisable. - Les études faites sur l’espace universitaire en Tunisie, un pays dont l’histoire et le développement sont très similaires au vécu marocain, ont prouvé que la vocation universitaire pouvait jouer le rôle de leitmotiv et de développeur urbain : Les connexions ville/université permettent un dynamisme culturel et intellectuel dans les villes en voie d’identification, et offrent aux territoires d’implantation un enrichissement économique automatique suivi par un développement social. L’ouverture de l’université sur la ville est pour les pays en voie de développement un investissement gagnant : il permet à la fois à l’université un accès libre et démocratique aux différents services urbains et aussi à la ville l’occasion d’être requalifiée, enrichie, et identifiée. - Le retour sur les expériences des pays modèles, dans le seul souci d’avoir un traçage explicite du processus d’implantation dans le monde et non dans le but de projeter ces modèles sur le cas marocain vu les divergences des circonstances et des réalités, a lui même démontré les failles de la séparation ville/université : l’exemple français qui passe de l’insertion fortuite de l’université dans la ville, à l’exportation hors la ville, pour conclure vers un retour dans la ville est une réelle expérimentation de la théorie d’ouverture université/ville, le résultat final annonçant l’évidence du besoin de connexion, d’ouverture et d’insertion est une donnée importante dans l’élaboration des nouveaux rapports université/ville-ville/université.


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5.2- Une nouvelle place pour l’université dans la ville Il est évident, suite aux conclusions tirées, que la ville marocaine aujourd’hui, dans son processus de développement, de multifonctionnalité, de promotion de la culture et de revalorisation de l’espace public comme champs d’échange et de rencontre, a nécessairement besoin de s’ouvrir sur l’université et sur ses différents espaces. L’université elle même, afin de jouer ce rôle de développeur a urgemment besoin de revoir sa structure; elle se doit de passer d’une forme isolée et retournée vers elle même à une organisation ouverte basée sur la distribution et l’interaction des équipements universitaires avec les autres équipements urbains afin d’encourager cette collaboration, cette conciliation. Dans un contexte marocain, spécialement, où l’espace universitaire ne parvient pas à aboutir à un modèle de campus à cause du manque flagrant de services basiques à la vie étudiante, le débat n’arrive même pas à la question plutôt universelle : un système d’autarcie ou d’ouverture pour le campus ? Au stade où l’espace universitaire marocain est, l’université peut profiter de cette expérience et de cette question universelle pour évoluer directement dans le bon sens, sans avoir à expérimenter elle même le modèle d’un campus fermé, et la découverte, très tardive si l’on évolue à ce rythme, de l’échec de ce système. L’université peut en effet parvenir à répondre à ses besoins par l’optimisation de ses liens avec la ville, et faire de ses espaces de vie étudiante, des espaces ouverts à tous les usagers de la ville. Le zoning, comme politique incontestablement critiquée au Maroc, pour tous les types de fragmentation auxquels il donne naissance, devrait aussi être attaqué par ce genre d’opérations de connexion ; en effet s’arrêter sur les conflits spatiaux entre les différentes zones à vocation, et réfléchir aux méthodes possibles pour les concilier est la réponse ultime aux ruptures dues au zoning.


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Les formes de connexions interzones et interprojets sont nombreuses, tout comme on a pu le voir dans les exemples d’évolution des rapports université/ville française. Mais l’idéale, comme étudiée avec le campus de Gafsa en Tunisie, est de connecter en suivant les pratiques sociales des étudiants. En effet, les pratiques sociales renseignent sur les besoins mais surtout sur les itinéraires et les parcours choisis par les usagers. Ces parcours, une fois retravaillés peuvent eux même jouer le rôle de liant entre l’université à la ville. L’animation du parcours étant forcément basée sur une distribution des espaces à ouvrir sur la ville, ou plus précisément, à ouvrir tout au long du parcours menant à la ville. Insérer, intégrer et ramener l’université à la ville ne veulent pas insinuer, dans ce mémoire qu’il faut replacer l’université au centre ville, mais ne veulent pas non plus encourager l’isolement en périphérie. Intégrer c’est offrir aux étudiants le choix de pratiquer la ville, et à la ville le choix de profiter des espaces universitaires, le choix se caractérise par la liaison, et c’est de cette manière même que naissent et se développent les nouvelles centralités urbaines ; l’université marocaine, une fois ouverte, animée et liée à la ville reprendra sa place sociale telle que reconnue depuis le Xème siècle, évoluera vers un rôle de développeur urbain, et se transformera en une nouvelle centralité façonnant et améliorant l’image de la ville.

Figure: Schéma de synthèse; l’importance de la réconciliation université-ville. O. El Mernissi


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PARTIE III


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CHAPITRE I : MOHAMMEDIA, UN CADRE URBAIN À METTRE À NIVEAU 1. LA VILLE DE MOHAMMEDIA: HISTOIRE ET ESPACE

Servant depuis le 14ème siècle de refuge pour les pirates de salé, la ville de Mohammedia, anciennement appelée Fedala qui signifie Fadl Allah, accueillait à partir du 15ème siècle des marchands chrétiens au port où se déroulait le négoce de Céréales. En 1773, le sultan sidi Mohamed Ben Abdellah en fit un entrepôt des céréales de Tamesna, et bâtit l’enceinte de la Kasbah qui entoure la première mosquée de la ville et les magasins des marchands. En 1902 les allemands Mannesmann font l’acquisition d’une grande superficie de terres pour un usage agricole, avant de les céder aux français Georges et Jaques Hersent suite au traité de partage de l’Afrique, entre l’Allemagne et la France le 4 Novembre 1911. Les Hersent, profitent de l’existence d’une rade naturelle et créent le port de Fédala. Celui ci ne réussira pas à devenir le port occidental après le protectorat, puisque le port de Casablanca profitait d’une baie plus large, mais Fedala n’est pas délaissée, Lyautey insista à en faire l’annexe de Casablanca, mais cici amorça l’activité portuaire pour laisser place à l’industrie. L’activité balnéaire apparait grâce au groupe Hersent qui s’intéressa à la plage au sable fin dont est dotée la ville. La ville est érigée en municipalité en 1928, et de premières tentatives de logement apparaissent avec la croissance de la population issue de l’exode rurale, en 1937 les premières opérations de transfert de la population de la ville basse (La kasbah) à la ville haute (Al Alia) commencent. Fedala prend le nom de Mohammedia le 25 juin 1960, lorsque sa majesté le roi feu Mohamed V la baptisa ainsi à l’occasion de la pose de la première pierre de la raffinerie de pétrole La Samir.


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Figure 1: Photo des ruines à l’intérieur de la casbah de Fedala, photo prise par P.Drébert Figure 2: Photo du casino de Fedala Figure 3: Manifestations sportives; photo prise lors du rallye de Fedala


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Les premières vocations de la ville de Mohammedia sont donc la vocation industrielle et la vocation balnéaire; la vocation industrielle sera la cause derrière l’exode rurale et le développement du caractère résidentiel dans la ville et automatiquement de l’ensemble des activités annexes au logement; Notamment l’activité scolaire. L’évolution des activités balnéaires sera quant à elle un moteur touristique important pour cette ville qui est, depuis bien longtemps, la destination preferée d’un bon nombre de marocains des autres villes mais aussi des étrangers. L’installation de la gare ferroviaire jouera aussi un rôle très intéressant dans l’évolution de ce caractère touristique.

Figure 1 et 2: Affches tirées du site web: cemaroc.com, article de Pierre Aubree Figure 3: La gare ferroviaire, voie de 0,60 de Fedala, 1936


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Figure: Plan de la ville de Fedala, 1942


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2. ASPECTS DE DISQUALIFICATION ET DE FRAGMENTATION DE LA VILLE Malgré les nombreux signes de rayonnement futur de la ville de Fedala, de ses différents projets et activités développées depuis le protectorat, l’interêt pour cette ville et plus précisément pour son importance culturelle et balnéaire va diminuer au lendemain de l’indépendance, et sa vocation redeviendra limitée à l’activité industrielle.Des années plus tard,Mohammedia se transformera en une ville à dominance résidentielle, se développant dépendamment des deux capitales; économique et administrative. Plusieurs aspects de disqualification et de fragmentation commenceront à prendre forme; la ville en extension se transformera au fil des années en une ville séparée en deux entités; une ville basse et une ville haute. Le zonage sevère entre ces deux villes sera le premier moteur de naissance des inégalités sociales et économiques.

- UNE FRAGMENTATION NATURELLE

La topographie de la ville de Mohammedia y produit, de manière naturelle, une première fragmentation, ou motif de fragmentation naturelle. L’existence d’une ville haute et d’une ville basse impose au préalable une difficulté de connexion; chacune de ces villes est Figure: Carte d’analyse: topographie de Mohammedia, O. El Mernissi

considérée et vécue comme une entité à part, et regroupe des zones fragmentées et isolées.


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- UNE FRAGMENTATION SOCIO-ECONOMIQUE

- UNE FRAGMENTATION VIAIRE

LA GARE

Faute d’urbanisme de zonage, Mohammedia est une ville totalement fragmentée; ses zones s’organisent de part et d’autre du Bd Hassan II, qui est l’axe centrale séprant et la ville et son réseau routier en deux grands fragments. Au Nord du boulevard ( la ville basse ) on retrouve la zone industrielle, le golf royal, la zone portuaire, les résidences côtières et la ville polyvalente ou le centre ville appelé communément al Kasbah1. la ville haute englobe la zone résidentielle Al Alia2 et la zone universitaire qui reste complétement isolée de cette dernière par le pont de la voie ferrée.

1-Al Kasbah est l’appellation courante du centre ville, vu qu’il regroupe l’ancienne médina portant ce même nom. 2- Al Alia signifie haute en langue arabe mais aussi en dialecte marocain Figures: Cartes d’analyse; zonage et réseaux et voierie, O. El Mernissi


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Figures: photos des différents équipements de la ville basse Figure 1: Le yacht club de Mohammedia Figure 2: Le golf royal Figure 3: Aménagement côtiers au Zimer Beach de Mohammedia Figure 4: Le grand parc de Mohammedia

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Figures: photos des différentes zones de la ville haute Figure 1: Immeubles R+4 à l’entrée de Al Alia Figure 2: Zones d’habitat anarchiques, Bradaa Mohammedia Figure 3: Habitat insalubre Figure 4: La zone universitaire


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3. BESOINS ET PRIORITÉS D’INTERVENTION DANS LA VILLE DE MOHAMMEDIA Tout comme détaillé précedemment, la problèmatique majeure de la ville de Mohammedia est sa fragmentation en plusieurs zones isolées l’une de l’autre; une tentative d’interactions inter-zones est donc, certainement, la première priorité d’intervention. A cela s’ajoutent plusieurs besoins en équipements structurants et en espaces verts.

- LES ESPACES VERTS

Le manque d’espaces verts est une autre problématique dont souffre la ville de Mohammedia. Le golf royal, qui représente l’espace vert le plus important de la ville n’est pas public, et le grand parc de Mohammedia situé entre le port et la kasbah ne peut pas, à lui seul, satisfaire tous les besoins de la population en espaces verts. La partie haute, qui est particulièrement résidentielle, abrite quelques jardins urbains tels que la jardin de Al Masbahiates et Al Mandar Al Jamil, mais leur état dégradé en fait actuellement des points noirs et des zones insécurisées dans le tissu urbain. La zone des facultés profite également d’une étendue verte, malheureusement délaissée, la végétation y est sauvage et malentretenue, chose qui en fait une autre zone Figure: Carte d’analyse; espaces verts, O. El Mernissi

insécurisée et un passage évité par la population de Mohammedia, et particulièrement la population étudiante.


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- EQUIPEMENTS ET SERVICES

Comme le montre la carte, la ville de Mohammedia connait une dominance des équipements scolaires et universitaires, une suffisance en commerces et services de proximité et un manque flagrant en équipements culturels et sportifs. Les seuls équipements culturels existants sont le théâtre municipal dont la capacité et la tentative d’organisation de manifestations culturelles et artistiques n’arrive pas à satisfaire les besoins de la population, et la madiathèque de la Kasbah. Les équipements sportifs se limitent au golf royal englobant le club de tennis de Mohammedia, et les terrains de basket à proximité du grand parc. La ville ne profite d’aucun équipement sportif polyvalent, regroupant différentes disciplines capables de satisfaire les besoins des sportifs et des amateurs de sport de la ville. La forte présence de l’activité scolaire et spécialement universitaire interpelle pourtant ce besoin annexe et inévitable; l’art, la culture et le sport sont des besoins indisociables des pratiques étudiantes. Répondre aux besoin de la ville de Mohammedia, c’est donc d’abord réflechir les connexions des différentes zones urbaines, c’est ensuite prévoir des espaces verts afin d’instaurer un équilibre végetal et d’offrir des zones de détente à sa communauté, et c’est finalement penser à intégrer la fonction sportive, culturelle et artistique, tout en s’intéressant biensûr à améliorer l’existant grâce à des opérations continues d’aménagement.

Figure: Carte d’analyse; Equipements, O. El Mernissi


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CHAPITRE II : MOHAMMEDIA, VILLE UNIVERSITAIRE POTENTIELLE 1. LA VOCATION UNIVERSITAIRE DANS LA VILLE DE MOHAMMEDIA

La ville de Mohammedia peut être considérée comme une ville à potentiel étudiant ou universitaire, et ce d’abord pour la dominance actuelle des équipements scolaires et universitaires relevés précedemment dans la partie analyse des équipements et des services, mais aussi pour l’histoire de l’éducation comme l’une des premières vocations de la ville. En effet depuis le protectorat plusieurs écoles, françaises en un premier temps, ont vu le jour à Mohammedia, et à partir des années cinquante des centres de formation supérieure ou d’enseignement supérieur ont été créé au sein de la ville. Le schéma suivant retrace l’histoire de cette vocation au sein de l’ancienne Fedala:

En plus de l’évidence historique de cette fonction comme l’une des plus principales de la ville à travers ces premiers projet, un deuxième indice d’anticipation d’une telle vocation pour la ville de Mohammedia provient de la distribution actuelle de sa population et spécialement de l’importance de sa population étudiante, une population qui reste pourtant invisible en dehors du secteur universitaire.

Figure: Frise chronologique; l’évolution des équipements d’éducation, O.El Mernissi, source; unevieafedala. ma


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En effet, les dernières études démontrent l’importance de la population étudiante de la ville de Mohammedia qui s’éléve à plus de 25 000 étudiant chaque année. L’intêret pour les études de langues dans les différents centres est aussi important; le centre américain accueille à lui seul plus de 1000 étudiant chaque trimestre. Population de Mohammedia en 2008: 200 000 habitants Population étudiante: 25 000 Universités: -3 Facultés: Lettres, Droit et Sciences

-2 Instituts spérieurs : ENSET, Technologie hôtelière et touristique -3 Centres d’apprentissage de langues

-Plusieurs école d’enseignement supérieur: L’Ecole Canadienne de

Technologie, Logistique et Management (E.C.T.L.M), l’Ecole Supérieure

privée des Etudes Juridiques et Economiques (ESEJE), l’Institut Supéri

eur de Technologie Appliquée à Mohammedia (ISTAM Colline), l’Institut

Supérieur Industriel-Mohammedia (ISIM), le Centre de Qualification Pro

fessionnelle (CQP Yasmina), le Centre de Formation par Apprentissage

(CFA Port)

2. ANALYSE DE L’ESPACE UNIVERSITAIRE DE LA VILLE DE MOHAMMEDIA Les universités de la ville de Mohammedia sont regroupées dans une seule zone; la zone universitaire - mis à par l’université de lettres qui se trouve à l’entrée de Rue de sousse avec un accés facile au centre ville-. Cette zone universitaire se trouve sur la route des facultés longeant le boulevard Hassan II et le boulevard Mohammed VI, les voies rapides menant vers Rabat. Cette zone se compose du Centre de Formation Continue CFC, de l’Ecole Mohammedia de l’Hôtelerie et de Tourisme EMHT, des Classes préparatoires aux grandes Ecoles intégrées au lycée Technique de Mohammedia CPGE, l’Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique ENSET, la Faculté des Sciences Juridiques et Economiques de Mohammedia FSJEM, l’Institut Spécialisé de la Technologie Appliquée à l’Hôtelerie et au Tourisme ISTA et la Faculté des Sciences et Techniques FST.


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Afin de relever les besoins prioritaires de cette zone pour mieux intervenir, nous avons effectué une analyse spatiale de la zone dans sa globalité, des visites des espaces intérieurs, un état des lieux en images, et une consultation d’avis des différents étudiants. L’analyse spatiale a englobé un relevé de la composition actuelle de la zone des facultés, un traçage de la circulation et du réseau viaire tout au long de la route des facultés, le repérage des arrêts de bus et des parkings, et finalement l’analyse des espaces verts entretenus, dégradés ainsi que les zones à végétation sauvage. - COMPOSITION DE LA ZONE UNIVERSITAIRE

- VOIERIE ET CIRCULATION

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- ESPACES VERTS ET VÉGÉTATION

Suite à l’analyse de la zone, il s’avère que plusieurs problèmes sont relevables; l’inadéquation de la largeur de la voie rapide à l’usage piéton, le manque de pistes piétonnes, le manque de moyens transports (deux arrêts de bus qui passent chaque 30 minutes et qui ne desservent pas toute la ville), les taxis sont quand à eux disponsibles pour faire le trajet ville-université mais pas le trajet retour. Les espaces verts dans la zone sont aussi dégradés et généralement sauvages, la faculté des sciences juridiques et techniques est la seule à abriter des jardins entretenus quoi que peu spacieux et malheureusement inaccessibles aux autres étudiants de la zone. La végétation sauvage tout au long du parcours transforme l’allée en un passage très dangereux d’où l’habitude des étudiants à l’éviter. Les priorités d’intervention conclues concernent donc les méthodes de calmer la rapidité de la voie principale en programmant des pistes piétonnes mais aussi des passages et des passerelles piétonnes entre les deux rives. Il est aussi prioritaire de repenser l’offre Figures: Cartes d’analyse de la zone universitaire, Composition de la zone, circulation et voierie, et espaces verts, visites du 20 Janvier 2016 et du 22 Fevrier 2016. O. El Mernissi

en transport pour assurer la connexion université ville et ce en prévoyant un tramway tel que proposé par plusieurs étudiants consultés. Les espaces verts doivent absolument être réaménagés, multipliés et travaillés de sorte à offrire balade, détente et paysage.


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- ORGANISATION SPATIALE DES UNIVERSITÉS Afin d’approcher l’organisation intérieure des universités, nous avons effectué des visites au centre des Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles et à la Faculté des Sciences Juridiques et Economiques de Mohammedia. Les organigrammes ci dessous et les photos rassemblent les résultats de ces visites.

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- ECRITURE ARCHITECTURALE DES UNIVERSITÉS Afin de relever les spécificités architecturales et structurelles des bâtiments universitaires à prendre en considération lors de l’intervention, nous avons effectué un arrêt sur images de plusieurs éléments architectoniques et de plusieurs angles de vue.


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Les établissements datant des années 80, s’inspirent de l’architecture brutaliste. Ils

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droits.

caractèrisent Composés

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formes éclatée,

régulières, ils

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accueillent

leurs

angles

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dins centraux et patios servant de zones de circulation et de rencontre. Les ouvertures sont de taille moyenne à petite alignées de manières ordonnée et répetitive. Plusieurs éléments caractérisent cette architecture tels que les passages sous saba traçant la quasi totalité des couloirs de circulation, les structures apparentes débordant sur les espaces de circulation, les murs de cloture en bardage vertical ainsi que le caractère imposant de la circulation verticale. Le matériau dominant est le béton. Brut, ciré ou peint ce matériau est fondamental pour la structure et l’enveloppe grâce à sa perennité adéquate au caractère voulu imposant et durable pour les constructions universitaires.


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3. LE CONFLIT UNIVERSITÉ-VILLE: ETAT ACTUEL Après avoir effectué une analyse de la ville de Mohammedia et une analyse de sa zone universitaire, Il est important de s’intéresser au conflit les séparant. Sujet de ce mémoire, le conflit université ville à Mohammedia est en effet au centre des préoccupations. Séparés du centre ville, les étudiants de Mohammedia n’ont malheureusement pas accès à la vie urbaine et aux différents services et activités qu’offre la ville. D’une autre part, la population non étudiante de Mohammedia ne profite pas du rayonnement des espaces universitaires, la ville elle même est donc privée de l’activité et du développement socio-économique que la réconciliation université-ville peut produire. Le conflit université-ville prend différentes formes; socio-économique, morphologique et viaire tel que le montre les cartes suivantes. - LE CONFLIT SOCIO-ECONOMIQUE

Le conflit est d’abord socio-économique et ce à cause des ruptures inter-zones. Le fait que plusieurs zones et terrains intermediaires ne soient pas affectées accentue la rupture et le conflit. L’allée intermédiaire est le parcours que nous choisissons comme zone d’intervention pour notre projet. La première volonté d’intervention sera donc d’assurer une connexion et une conciliation entre ces deux zones en conflit.


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- LE CONFLIT D’USAGES ET DE FONCTIONS

Le conflit université-ville est surtout un conflit d’usage et de fonctions; avec du côté de la zone universitaire une quasi dominance des équipements d’éducation et du côté de la ville une polyvalence de services et de fonctions, le passage entre les deux zones est presque desert d’équipements. Du côté des universités, on retrouve un café et un seul snack servant de restaurant pour les étudiants qui

n’ont pas de restaurant universitaire au sein

de leur établissement, ou sont insatisfaits par les conditions de ce dernier. Tous les services et usages primordiaux à la vie urbaine sont concentrés dans le centre ville du côté de la gare ferroviaire. Pour intervenir et solutionner ce probléme, l’idée de notre projet sera d’assurer une complémentarité de fonctions entre les deux zones en conflit; il s’agira donc d’implanter du côté de chaque zone des équipements et des activités essentiels aux pratiques et aux usages de l’autre zone afin de permettre une circulation et un échange de flux, ceci permettra de ramener la ville vers l’université et l’université vers la ville, et surtout de créer entre les deux zones des aires de rencontre.


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- LE CONFLIT MORPHOLOGIQUE

Ce type de conflit est caractérisé par l’existence de plusieurs terrains vides et de non lieux séparant les deux zones et transformant cette allée en un passage délaissé et insécurisé. La volonté de ce mémoire est d’imaginer un scénario d’usage adéquat permettant d’animer ce parcours, de le revitaliser, de transfomer les non lieux en lieux de vie et de ville, et ce en assurant animation et sécurité. - PRATIQUES ETUDIANTES DISTINCTES


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Les pratiques distinctes entre les étudiants de l’université de Lettres placée à l’entrée de la ville à proximité de la gare et les étudiants de la zone universitaire définissent une autre forme sociale du conflit. Les étudiants de l’université de lettres répondent à tous leurs besoins en accédant facilement à la ville et à tout ses services, tandis que les autres étudiants restent limités dans leur zone qui n’assure pas leurs besoins. Relevés pendant des heures de pauses (10h, 12h et 14h), les comportements des étudiants démontrent le reflexe des étudiants à éviter l’allée du Bd Hassan II pour son caractère insécurisé. Ils ont tendance à utiliser les ruelles de la zone résidentielle en face de la Facultés des Sciences Juridiques et Economiques comme passage pour accéder au café le plus proche ou se limitent aux services du snack en face du rond point au Bd Mohammed VI. Le manque de moyens de transport et la fréquence de leur passage renforce l’habitude à rester dans la zone et à ne pas chercher à atteindre la ville. La concentration des flux devant les universités et leur tendance à avancer en groupe revélent aussi le sentiment d’insécurité confirmé pas les étudiants consultés lors de notre étude. Nous avons aussi relevé le manque de zones et de pistes piétonnes, et l’inadéquation de la rapidité de la voie carrossable à l’échelle piétonne et donc l’échelle étudiante. En effet, la dominance de l’usage automobile crée plusieurs noeuds dans la zone universitaire chose qui cause une nuisance sonore, visuelle et surtout une gêne aux pratiques piétonnes et à l’ambiance voulue calme dans une telle zone. Les priorités d’intervention sont donc claires; repenser le parcours d’un point de vue piéton afin de répondre à l’usage et aux pratiques étudiantes, calmer le rythme de la circulation automobile et donner la priorité aux usagers étudiants en circulation, penser à de nouvelles formes de connexions viaires et de liaisons en moyens de transport...Bref faire de l’étudiant une priorité et aménager le parcours de façon à déclencher son envie à pratiquer pleinement son espace universitaire d’abord et son envie à aller vers la ville et à consommer ses services et ses fonctions ensuite.

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4. L’UNIVERSITÉ COMME DÉVELOPPEUR URBAIN À MOHAMMEDIA Suite à l’analyse de la ville de Mohammedia et de sa zone universitaire, il s’avère que cette ville moyenne a toutes les potentialités pour grandir vers un modèle de ville universitaire ou de ville étudiante. En intervenant pour améliorer l’état des espaces universitaires d’une part, et pour créer des liaisons université ville d’une autre part, nous pouvons approcher ce modèle auquel elle est predisposée par l’ensemble de ses atouts; population étudiante importante, dominance des équipements d’éducation, mais aussi superficie moyenne, ambiance calme, climat agréable tout au long de l’année, accessibilité, proximité des grandes villes... Tel que développé précedemment à travers les expériences des pays Benchmark, et spécialement à travers l’expérience tunisienne, la réconciliation université-ville ne peut qu’être d’un très grand apport social, économique et paysager pour la ville de Mohammedia; Plus concrètement aménager le parcours entre l’université la ville assurera d’abord une cohésion et un brassage social grâce à l’échange des flux et automatiquement la rencontre. L’accès à l’espace universitaire et la réconciliation avec la communauté étudiante et jeune installera de nouvelles formes de sociabilités et d’interactions utiles pour l’étudiant et le non étudiant. Economiquement, améliorer la condition étudiante encouragera l’installation des étudiants ce qui peut profiter à la ville grâce aux investissements immobiliers et la location étudiante, chose qui encouragera l’installation de plusieurs autres services; restaurants, super marchés, cafés, librairie, laveries, imprimeries...Ceci incitera aussi et surtout les entreprises à s’installer dans une aire où elles peuvent facilement assurer leurs recrutements et leur développement. La réconciliation université ville à travers l’aménagement du boulevard Hassan II donnera aussi une nouvelle image à cette entrée de ville et améliorera son aspect paysager chose qui impactera l’image de marque de la ville de Mohammedia qui pourra passer d’un simple entre deux (Casablanca et Rabat) à une réelle ville étudiante en un premier temps, et une technopole/technopôle1 plus tard...

1- Certains dictionnaires usuels (Petit Robert et Petit Larousse) continuent à proposer une distinction de sens entre technopole (féminin) et technopôle (masculin) : une technopole (du grec polis signifiant cité) serait un site urbain de technologie disposant de structures favorables au développement de technologies de pointe, tandis qu’un «technopôle» serait un site urbain destiné à accueillir des entreprises dites de haute technologie. On voit que la distinction de sens est inexistante ; et pour cause : les deux termes recouvrent une même notion.


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PARTIE IV


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CHAPITRE I : LA MÉDIATION ET LA MISE À NIVEAU URBAINE 1. LA MÉDIATION URBAINE, CONCEPT ET TYPONYME La médiation signifie, étymologiquement, l’intervention d’un tiers neutre entre deux parties afin de résoudre un conflit les opposant sans imposer de décision. Cette notion renvoie au rôle d’intermédiaire et de lien, elle représente une technique alternative à la conciliation et aux autres techniques de résolution des conflits. Tout comme la conciliation, la médiation consiste en la lecture des besoins des parties en conflit avant de proposer une solution censée être impartiale et objective. Elle diffère de l’arbitrage, par exemple, par ce caractère neutre résultant vers une solution, un projet, fruit d’une négociation et d’une collaboration, et non d’une autorité qui impose sa vision, considérée comme juste, au problème. Elle diffère aussi de la conciliation par le fait d’intégrer à la notion du droit la notion du ressenti, du besoin et de l’exigence des parties en conflit. Dans leur définition de la médiation, Yves Palau et Vincent de Briant considèrent qu’il s’agit de l’ensemble des processus relationnels existants entre les individus, les groupes, la société et qui ont pour but : la création de la société et de lien sociaux. Ils évoquent le langage, la loi, le droit, et l’école comme moyens de médiation dans les sociétés, et ajoutent les ponts et les routes qu’ils qualifient comme des objets matériels pouvant devenir des médiateurs, puisqu’ils créent un usage commun et des images de référence. Cette dernière remarque est celle qui intéresse ce mémoire, et que nous appellerons : la médiation urbaine, ou la médiation spatiale et qui se focalisera uniquement sur la résolution des conflits spatiaux, certes dans l’objectif de remédier à un conflit social, par le biais d’un médiateur spatial. La médiation urbaine, comme définie dans la thèse « la médiation urbaine » de Maël Meralli Ballou, et toujours dans la même perspective de résolutions de conflits spatiaux, désigne l’ensemble des actions visant à produire intentionnellement la représentation partagée d’un territoire, celle ci a comme objectif de constituer une société autour d’une vision commune, d’un projet, d’une représentation partagée de ce territoire. Cette adhésion à un projet, à un sens commun, est une des clés de la construction du vivre ensemble et de la structuration d’une action collective.


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L’intensité des conflits qui naissent entre les différents espaces compostants le territoire, et entre les différents projets qui s’y insèrent, obligent les acteurs de la médiation urbaine à penser constamment à des solutions pouvant créer consensus et converger les usagers vers une seule vision, c’est ce que Maël Mirallau nomme: la représentation partagée d’un territoire, puisque celle ci considère implicitement que la pratique est égale et partagée dans ce territoire.

Figure: Schéma de médiation, le concept de la négociation, Pierre L.G. Goguelin


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2. TECHNIQUES, FORMES ET DOMAINES DE LA MÉDIATION URBAINE 2.1- Techniques médiatrices et résolution de conflit La médiation urbaine dont l’objectif est, comme cité dans la définition, de créer une vision, ou un rapport commun au territoire, dans une grande échelle et à une portion du territoire dans une moindre échelle, est techniquement un processus à plusieurs paramètres. L’exercice d’une opération de médiation urbaine, nécessite concrètement un processus d’organisation traversant plusieurs étapes importantes, définies de manière générale par rapport au concept de médiation comme technique de résolution de conflits, pas forcément spatiaux. Dans ce mémoire où le conflit est d’abord spatial, l’idée est de projeter ces étapes et ces techniques médiatrices sur les éléments du conflit urbain : l’université, et la ville de Mohammedia en occupant une portion du territoire qui leur est intermédiaire: - L’observation et la lecture des faits : cette étape consiste en la définition précise du conflit et du type de ce conflit, dans le conflit spatial auquel s’intéresse ce mémoire, l’idée est de classer le champ de tension : social, économique, culturel, fonctionnel… - Reconnaissance et expression des besoins : une fois le cadre précisé, chaque partie commence par reconnaître ses ressentis et ses intérêts et par exprimer, clairement, ses besoins. Spatialement, on agira de façon à zoomer sur la revendication de chaque partie du conflit, d’une part on effectuera une radioscopie des grands besoins de la ville, et de l’autre un relevé des dysfonctionnements de l’université et de ce qu’elle reproche à la ville. La conclusion sera de dresser une liste exhaustive des besoins des deux espaces en conflit. - Identification des points en commun : la médiation, dans son impartialité, fait en sorte de composer une solution à partir de la lecture des besoins, et de la déduction des besoins commun aux deux parties opposées, la solution doit émerger des points en commun de façon à répondre à leurs besoins dans leur différence, de les concilier,


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et de créer un sens commun au territoire, jusque là débattu. Le projet médiateur, dans ce sens, est une conception programmée suite aux besoins des fragments en conflit, auxquels il se doit de répondre, impartialement et efficacement. - Création d’options et d’alternatives : les résultats de la lecture et de l’identification des points en commun offrent plusieurs idées de projets médiateurs, ces idées de programmation doivent être toutes listées. - Négociation sur la base de critères objectifs : à ce stade de l’opération, on revient sur l’ensemble des alternatives, qu’on détaille en étudiant la faisabilité et la réalisabilité du projet. -Prise de décision : cette étape finale se fait suite à la sélection du projet ou des projets perspicaces et faisables, une fois consensus fait, l’opération de réalisation peut commencer, et l’opération de médiation finir.

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2.2- Les formes spatiales du projet médiateur La médiation urbaine, dans son objectif de créer une représentation partagée du territoire ou d’une portion du territoire, consiste à élaborer des projets médiateurs entre deux ou plusieurs fragments en conflit, en désaccord ou en rupture. Ces projets prennent différentes formes, selon qu’ils soient éphémeres ou durables, et selon leur domaines d’action. Maël Miralli Ballou reléve quatre formes spatiales de la médiation, considérés comme consensuels; le lieu, l’aire, le réseau et le parcours. Maël Meralli Ballou, schématise les formes spatiales de l’action de médiation dans le territoire dans la figure ci dessous, et considère, comme l’exprime la légende de la figure, que l’action de médiation, quelque soit sa forme de localisation, a un impact diffus sur l’ensemble du territoire. Chose qui nous incite, dans ce mémoire, à affirmer que l’action de médiation, même ponctuelle est un réel outil de mise à niveau urbaine.

Figure: Les différents rapports entre l’espace de l’action de médiation et le territoire, Maël Miralli Benallou


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2.3- Les domaines d’action de la médiation Afin d’atteindre son objectif de médiateur, un projet doit d’abord porter la vocation idéale pour assurer la résolution du conflit sujet de la médiation, ou pour atteindre une vision commune du territoire sur lequel il agit. L’affectation de la vocation, ou la programmation du projet médiateur résulte du diagnostic établi à partir des étapes de la médiation. Une fois appliquées, les techniques de médiation nous ménent vers un ou plusieurs domaines d’action précis, ce domaine doit être proposé aux institutions responsables et aux investisseurs, et réétudié afin de viser le meilleur domaine d’action pour chaque conflit relevé, où chaque vision commune recherchée. Plusieurs actions de médiation urbaine sont menées dans le monde, elles passent toutes pas le processus technique détaillé plus haut, mais aussi, dans le cas des pays ou des institutions de médiation sont mises en place, se font par un bon nombre d’acteurs, chacun de ses acteurs effectue son étude, le but étant d’avoir un maximum de lectures pour que le projet médiateur soit efficacement anticipé, et pour qu’on ne tombe pas dans des décisions limitées à la vision d’un seul acteur ou d’un seul agent de médiation. Le domaine d’action de la médiation, émérgeant directement et indirectement des réclamations des parties en conflit, différe selon l’objectif de la médiationou le type de conflit, la temporalité de son action mais aussi selon les enjeux de cette médiation. En général, les projets effectués allient sport et médiation, culture et médiation, art, architecture... et peuvent prendre toutes les formes présentées plus haut. Dans les exemples qui suivent, La Color Run de Paris, une manifestation sportive où les parisiens se donnent rendez vous pour courir 5km ensemble à travers Paris, est une action de médiation urbaine alliant sport et médiation, dont le but principal est la rencontre de la population parisienne et le partage d’un événement qui leur est destiné à tous dans l’égalité et la justice, et qui crée une vision commune au territoire parisien ou à la ville de Paris qu’ils reconnaissent et affirment à travers ce parcours.

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Les Zones Artistiques Temporaires de Montpellier, illustrent la médiation urbaine à travers l’art comme domaine d’action et le réseau comme forme spatiale. Durant cet événement, plusieurs espaces urbains sont choisis et affectés à une installation artistique, à une prestation, ou à un show urbain, afin d’animer temporairement la ville, et créer la rencontre et la conciliation avec sa ville et ses usagers. L’architecture peut elle aussi, et elle surtout, jouer le rôle du médiateur: Dans le troisième exemple, le vide existant entre un village de migrants et la ville à Pearl River en Chine fera office d’une aire de médiation, Hannah Jane Taylor, qui en fait son sujet de thèse, décide d’installer une structure de bâtiment dans ce non lieu, afin de tracer en un premier temps des cheminements permettant la circulation des migrants envers la ville, cette structure se transforme directement en un espace public accuiellant végétation et mobilier urbain. A long terme, cette sutructure prévoit de recevoir les habitations futurs des migrants mais aussi de la population urbaine qui sera conciliée avec le village et ses usagers. La Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc est elle aussi, dans sa fonction de repère urbain un réel médiateur où la mixité, le brassage social, la conciliation des usagers de la ville et la médiation urbaine se concrétisent.


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- L’ÉVENEMENT SPORTIF

LE PARCOURS

Figures: Photos de la Color Run de Paris 2015, Photos pinterest, auteur inconnu


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- LES INSTALLATIONS ARTISTIQUES

LE RÉSEAU

Figures: Photos de la ZAT de Montpellier, photographe: Véronique Rivera


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- L’ARCHITECTURE ÉVOLUTIVE

L’AIRE

Figures: Photos de la thèse «Mdiating in formality», Hannah Jane Taylor


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It is hoped that a civic scheme such as this, will mediate between the informal between the informal migrant village and the formal city creating a sense of permanence in what would otherwise be seen as a temporary settlement. Hannah Jane TAYLOR, Mediating in formality


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- L’ARCHITECTURE DE LA CULTURE

LE LIEU

Figure 1: Photo du patio intérieur de la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc, espace chercherus, source: galerie projets de Rachid Andaloussi Figure 2: Photo de la BNRM, lors de la nuit blance du cinéma de l’Association Marocaine du Cinéma des Droit de l’Homme 2015, Photographe: Mehdi Benkhouja


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3. LE PROJET MÉDIATEUR COMME OUTIL DE MISE À NIVEAU URBAINE En architecture et en urbanisme, le projet médiateur devient un concept courant. Qualifié comme porteur des qualités de médiation et de conciliation entre des zones en conflits particulièrement et de création d’un sens commun et d’une vision commune au territoire d’implantation généralement, le projet médiateur est défini par Pascal Amphoux comme une alternative aux nouvelles appelations réductrices de la fonction de l’espace: centre commercial, pôle culturel, plateforme multimodale.... qui selon lui finissent souvent par

créer la séparation. Le projet médiateur ,en revanche, se focalise sur la nature intermediaire, conjointe et enchevêtrée des programmes afin de réaliser la conciliation.

Il réunit les connotations de médiatrice (lieu d’équidistance entre les points d’une figure géométrique), de la médiation (processus créateur par lequel on passe d’un état initial, à un état final) et de la médiatisation (diffusion par les médias). Le grand médiateur1 désigne à la fois la situation intermédiaire entre les espaces d’échelles différentes (les trois vides, les trois quartiers, la ville, la campagne et la région), entre les temporalités de natures différentes (le loisir, le travail, le déplacement, les achats) et entre des modalités de communication différentes (les modes de déplacement, la rencontre fortuire, les nouvelles technologies de communication). Pascal AMPHOUX, projet urbain à Genève

Un projet médiateur, quoi que son action apparait pontuelle dans le site d’intervention, a forcément un impact sur l’ensemble du territoire et du cadre urbain l’accueillant, ce qui en fait indéniablement un réel outil de mise à niveau urbaine. Certaines formes spatiales ont forcément plus d’impact sur la mise à niveau que d’autres; de ce fait le parcours et le 1- Pascal AMPHOUX 2001, Projet urbain à Genève. Une image directrice pour un territoire en mutations. Cinq projets urbains pour le sud de l’agglomération genevoise Grand projet de médiation à Genéve,

réseau, qui occupent une superficie plus importante s’imposent avec plus de force dans le paysage urbain, et contribuent automatiquement à la mise à niveau de leur territoire. Le domaine d’action est aussi un facteur décisif de cet impact, les nombreux projets de médiation culturelle ou de médiation urbaine à travers la culture ont prouvé que ce domaine est l’une des vocations qui réussissent le mieux cette fonction médiatrice.


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Dans cette partie, et afin de s’orienter vers un benchmark relatif à la méthode de médiation voulue comme outil de mise à niveau pour la problématique spatiale de ce mémoire, et de viser des projets en parcours, tout comme le dicte le rapport entre les facultés de la ville de Mohammedia et la ville, nous avons choisi comme projet référence: - Museum Of Freeway ART (MOFA) The Atlanta

I/75 - I/85 Connector Transformation

Le I/75 - I/85 Connector, est l’autoroute reliant le midtown Atlanta au Downtown Atlanta, cette autoroute dont le nom évoque l’ambition de devenir un connecteur entre ces deux zones urbaines, s’est vite transformée en une longue allée «triste» donnant une image très négative de la ville aux visiteurs qui la traversent; des terrains vides, des universités qui décident de tourner le dos à ce qui devait servir d’entrée à la ville (Georgia Tech, Georgia State, Emory, SCAD), et une rupture franche de la ville par l’absence de percées visuelles sur les grands jardins et espaces publics de midtown atlanta, a rapidement impacté la convoitise de la ville et réduit son développement touristique, et automatiquement économique. SWA Group Houston, chargé de trouver une solution au connecteur, a décidé, au lieu de le faire disparaitre, de le transformer en un réel connecteur urbain, pour cela l’objectif

Figure: le MOFA, Projet de SWA group, Houston


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principal était d’allier l’autoroute à un espace public. Suite à une analyse détaillée des besoins paysagers de la ville, l’intérêt vers l’écologie est apparu comme élément clé de cette opération d’aménagement, le domaine d’action de médiation quant à lui sera puisé dans l’ambition de transformer l’autoroute en «ga-

lerie linéaire»: la réputation artistique universelle de Atlanta trancha ,en effet, à faire de l’art la vocation principale de ce qui deviendra le MOFA d’Atlanta.

It’s a combination of re-vegetating the freeway and providing some art. The art serves landmarks that help people orient themselves. Also, this corridor is clogged all times of the day and this would help people cope with having to sit there. And it’s very doable because Atlanta has a history of doing this kinds of projects. 2013 Professional Awards Jury


RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR

121


122

RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR

La

médiation

urbaine

apparait

dans

ce

chapitre

comme

un

réel

ou-

til de développement de l’image d’un territoire et de sa mise à niveau. Dans l’exemple cité, comme dans le cas étudié dans la ville de Mohammedia, l’idée est de connecter une zone A à une zone B à travers un projet médiateur s’étalant en parcours urbain. Cette liaison qu’on nommera dans ce schéma: le parcours de médiation, aura pour mission de concilier les zones et leurs usagers et automatiquement, vu l’importance géographique et viaire du parcours, façonner l’image de la ville et propager l’esprit de médiation à l’échelle de la ville toute entière.

Figure: Schèma de synthése « Le projet médiateur comme outil de mise à niveau, O. El Mernissi


RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR

CHAPITRE II : RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE DE MOHAMMEDIA À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR 1. APPLICATION DES TECHNIQUES DE MÉDIATION ENTRE L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE Après avoir détaillé la problématique de ce mémoire, avoir définit le conflit université ville sous ses différents angles et surtout après avoir effecuté une étude sur la médiation et sur les techniques d’établissement d’un projet médiateur, l’étape suivante est d’appliquer ces techniques médiatrices sur le contexte d’étude. Tel que précisé dans la partie : Techniques médiatrices et résolution de conflit, le processus de programmation du projet médiateur traverse six étapes. L’intervention entre l’université et la ville de Mohammedia se soumettra donc à l’enchainement méthodologique de ces étapes pour des résultats efficaces, en précisant que durant toute la présentation de la problématique de ce mémoire, nous avons pris en considération l’approche médiatrice pour faciliter et la lecture du conflit et l’intervention.

1- OBSERVER: Cette étape consistant en la définition de la typologie du conflit est acquise à ce stade. Après l’analyse du conflit université ville à Mohammedia, il s’est avéré que ce conflit était socio-économique, fonctionnel et morphologique à la fois. 2- EXPRIMER: Pour répondre aux régles de l’expression des besoins des parties en conflit, nous avons organisé la partie : Mohammedia, ville universitaire, de manière à analyser longuement la ville de Mohammedia et relever ses besoins en un premier temps, et analyser l’espace universitaire et les priorités d’intervention dans sa zone ensuite. Le but étant de clarifier au préalable les besoins distincts de chaque partie du conflit. Cette lecture nous a renseigné sur les besoins primoridaux de la ville de Mohammedia et qu sont; l’amélioration des connexions enter-zones, la multiplication des espaces publics, et l’implantation d’équipements sportifs polyvalents et d’équipements culturels. L’université réclame, quand à elle, la programmation de passages et pistes piétonnes sécurisées, de moyens de transports adéquats et d’espaces verts bien entretenus.

123


124

RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR

En matière d’équipements, nous avons consulté vingt étudiants de la zone via un questionnaire1 afin de relever le besoin urgent en équipements culturels (à savoir une bibliothèque), en logement étudiant, en restaurant universitaire, et en espaces sportifs, 3- IDENTIFIER: Les points en commun entre les besoins des deux parties en conflit s’éclaircissent, en plus d’une meilleure connexion université ville, les deux zones réclament l’équipement sportif , l’équipement culturel et les espaces publics. le logement étudiant étant tout de même une nécessité pourrait être programmé parallélement au projet médiateur. 4- PROPOSER: Dans le cas de notre étude, il est question de proposer des programmes définis pour les résultats relevés, autrement dit préciser la typologie de l’équipement sportif et de l’équipement culturel et définir la fonction des différents espaces publics, plusieurs réflexions se sont faite à ce stade, et une liste exhaustive de choix a été proposée. 5- NEGOCIER: Durant cette phase plusieurs aspects étaient à prendre en considération pour éliminer les choix les moins réalisables; dont la superficie, la complexité du programme, l’offre foncière, et plus simplement la priorité et l’urgence. En plus de la lecture des résultats de notre propre analyse, nous avons donné une grande priorité aux avis des usagers et donc aux résultats du questionnaire et aux différents échanges avec les habitants de la ville afin de satisfaire le plus . 6- DECIDER: Après négociation et réflexion, nous avons établi le programme final de notre projet médiateur; Une bibliothèque (universitaire et de ville), Un complexe sportif polyvalents, et des espaces publics annexes aux deux fonctions culturelle et sportive.

1- Questionnaire réalisé le 22 Février auprés de 20 étudiants d’établissements distincts pour les intégrer dans la prise de décision, modèle joint en annexe


RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR

125

- OBSERVER ET EXPRIMER

- IDENTIFIER ET PROPOSER

- NEGOCIER ET DECIDER

Figures: Schémas de définition du projet médiateur. O. El Mernissi


126

RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR

2. LE PROJET MÉDIATEUR, UN PARCOURS URBAIN SOUS FORME DE LIANT SPATIAL Après la définition de la nature de l’intervention et de son domaine d’action (culture, sport et rencontre), Il faut arrêter la forme spatiale du projet médiateur. Intervenant entre deux zones, notre projet s’étale sur tout l’axe du boulevard Hassan II et est ponctué par plusieurs équipements architecturaux de temps à autre tout au long de l’allée entre l’université et l’entrée de la ville ancienne. Cette première image, nous informe au préalable sur la forme qu’occupera le projet et qui se tracera sous forme d’un parcours urbain; le parcours université ville.

Le parcours urbain, malgré la dominance de sa dimension socio-culturelle est d’abord et surtout un itinéraire physique intégrant la dimension environnementale.

C’est un

concept qui inclu la dynamique des espaces publics ainsi que les comportements et les

habitudes de ses usagers. Il intègre aussi la notion d’ambiance en impliquant l’approche plurisensorielle dans la pratique des espaces. Notre corps habite l’espace au moyen de chacun de ses sens, espace visuel bien sûr, mais aussi sonore, tactile, thermique et olfactif.1

1- Thibaud Jean-Paul, Chelkoff Grégoire, L’espace public, mode sensible, les annales de la recherche urbaine, p.7

Chelkoff Grégoire et Thibaud Jean-Paul, L’espace public.


RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR

La matérialité des espaces par les formes le composant, les matériaux, les masses bâties, les vides…. est ce qui engage diverses modalités de perception d’un parcours urbain. Dans sa fonction d’intermédiaire entre deux points précis, le parcours urbain peut être considéré comme un liant spatial, mais cette qualité ne prend amplement forme que lorsqu’il s’organise de manière à faciliter le lien par ses qualités spatiales et non seulement par son existence entre les deux points. En d’autres termes, plus le parcours urbain satisfait de bonnes conditions d’aménagement et donne envie d’être traversé, plus les deux points à connecter réussissent à gagner la convoitise des usagers.

3. LES CARACTÉRISTIQUES DU PROJET MÉDIATEUR, ET LES INTENTIONS D’INTERVENTION Tout comme détaillé précédemment, un projet ne peut être considéré médiateur que si il émane d’une démarche de lecture juste des besoins des parties en conflit et d’une bonne négociation de solution. Ce projet gagne aussi son caractère médiateur ou intermédiaire grâce aux qualités architecturales qui le caractèrisent. En effet un projet architectural est médiateur par sa typologie, sa fonction, son programme mais aussi ses formes, son écriture architecturale... Plusieurs qualités architecturales offrent au projet médiateur toute sa valeur, et lui permettent d’assurer convoitise, attractivité mais surtout mixité et rencontre afin d’aboutir à la conciliation des usagers des deux parties en conflit. Nous avons relevé suite à nos recherches, quatres caractéristiques clés d’un projet architectural médiateur qu’on prendra soin de retranscrire dans l’élaboration de notre projet d’intervention.

127


128

RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR

- L’ACCESSIBILITÉ: En un premier temps, l’accessibilité signifie le droit, et la possibilité d’accès à quelque chose. Un projet accessible est donc d’abord un projet qui offre à tous les usagers, quelles que soient leurs différences le droit d’y accéder et de le pratiquer librement. Elle est particulièrement une notion qui définit la possibilité d’accès spatial aux handicapés. En architecture, un projet accessible doit satisfaire la possibilité d’utilisation par tous, l’utilisation spatiale accessible, l’utilisation intuitive, l’utilisation flexible, l’utilisation sécuritaire et l’accès à l’information1. L’accessibilité d’un projet architectural implique aussi la disponibilité des moyens de transport, leur accessibilité et l’accessibilité des espaces publics environnants. - LA VISIBILITÉ ET L’IMAGIBILITÉ: La visibilité signifie le caractère de ce qui est visible; accesible facilement à l’oeil. En architecture, un projet ou un élément peut être considéré visible pour son caractère imposant, ou attirant (attractivité), cette même définition nous méne vers la notion d’imagibilité qui a été longtemps détaillée par Kevin Lynch; La qualité des images dépend de trois critères : l’identité (l’individualité, l’unicité), la structure (spatiale et paradigmatique) et la signification (émotive ou pratique). Il s’agit de principes minimaux, c’est-à-dire qu’un élément de la ville doit pouvoir être perçu à la fois comme distinct des autres et en relation avec les autres, en plus de pouvoir se voir attribuer une fonction. On doit pouvoir reconnaître où on se trouve, mais aussi situer cet endroit par rapport au reste de l’ensemble. Ces critères renvoient aussi à des intentions et à des usages souvent contradictoires, notamment l’opposition entre la régularité et la singularité, ou encore entre le beau et le fonctionnel. Néanmoins, Lynch insiste sur l’importance des contrastes à l’intérieur d’une ville pour mettre en valeur un élément qui fait sa beauté et sa richesse, que ce soit une voie commerciale, une pièce d’architecture ancienne, un espace vert, un édifice important. Selon sa thèse, l’urbanisme peut interférer dans la 1- Source; http://www. aphrso.org/architecturale.html 2- François Duchrame à partir de Kevin Lynch, 1999, L’image de la Cité, trad. par Marie-Françoise Vénard et Jean-Louis Vénard de The Image of the City (1960), Paris, Dunod, 221 p.

transformation de l’image d’une ville, mais celle-ci dépend d’abord du comportement et des perceptions d’une multitude d’individus2. - LA PLURIFONCTIONNALITÉ: caractère de ce qui englobe plusieurs fonctions. Une architecture plurifonctionnelle est une architecture qui ne se limite pas à des programmes indépendants prédéfinis mais travaille sur l’élaboration de programmes mixtes


RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR

et diversifiés en matière de fonctions et d’usages. L’idée, en plus d’enrichir les fonctions du bâtiment, est de s’ouvrir vers un public plus large en cherchant à satisfaire plus de besoins et d’envies en matière de pratique spatiale et architecturale. Le désir de brassage social et de mixité exigent une plurifonctionnalité de programmes, d’où l’apparition de plusieurs typologies mixtes; les complexes, les malls, les centres d’apprentissage, les technopoles... -LA COUTURE URBAINE: signifiant aussi tissage, maillage ou racomodage urbain, la couture urbaine est l’action de coudre deux ou plusieurs éléments urbains afin de créer un fil les regroupant. L’opération de couture urbaine s’intéresse à la définition des techniques et des moyens spatiaux permettant de redéfinir des liens fluides et simples entre les élements à recoudre. La couture urbainz s’intéresse à toutes les typologies de connexions possibles; mobilité et transport, allées et espaces verts, trottoires et pistes piétonnes, espaces de rencontre, la connexion par les façades, les volumes...

129


CONCLUSION

130

Les différentes parties de ce travail de recherche nous ont, à ce stade, éclairé sur la nature mais aussi sur les aspects et les dangers de l’éloignement de l’université de la ville, que nous qualifions fermement et tout au long de notre recherche de conflit. Un conflit économique, social, morphologique et surtout un conflit de pratiques et de comportements sociaux. Le retour sur les expériences des différents pays tels que les Etats Unis, l’Angleterre, et particulièrement sur l’expèrience française rend à l’évidence l’importance de l’insertion du groupement universitaire dans son tissu urbain ou dans un nouveau tissu urbain qu’il se doit de générer. Cette insertion ou cette connexion université-ville est aussi l’état de départ du cas marocain, où les medersas s’ancraient parfaitement dans le tissu médinal, et permettaient le rayonnement de l’éducation et le développement socio-économique de la médina à travers ce rayonnement et à travers l’échange et la rencontre qui naissent entre tolbas et autres habitants de la médina. A travers ces constats, et en se basant sur une étude du cas de la Tunisie, pays similaire au Maroc que ce soit sur le plan social, économique, ou culturel, nous avons élaboré une hypothése supposant que la résolution du conflit université ville ne pouvait être qu’une revalorisation du droit de l’étudiant à la pratique libre et totale de l’espace urbain et ses services et surtout pouvait constituer un moteur de développement socio-économique pour la ville d’intervention, un développement qui pourrait dépasser l’échelle de la ville à l’échelle nationale et pourquoi pas internationale. La médiation urbaine, choisie comme outil d’intervention nous a permit de comprendre le processus de réconciliation, dans sa forme spatiale, et de se doter des moyens nécessaires à l’élaboration d’un projet impartial pouvant réunir et connecter l’université et la ville. Suivant cette même méthode, nous avons effectué une analyse de la ville de Mohammedia dans son ensemble d’une part, et une analyse de l’espace universitaire dans cette ville de l’autre, le but étant de conclure les besoins des deux parties en conflit afin de programmer un projet apte à répondre aux besoins des deux, et réel

d’attirer point

des

usagers

de

rencontre

des et

deux

zones,

s’imposer

pour comme

se un

transformer projet

en

un

médiateur.


131

Nos études élaborées de manière participative, nous ont mené à la programmation d’un parcours multifonctionnel abritant comme vocations principales; la vocation culturelle et la vocation sportive, tout en incluant des services de base répondant aux premiers usagers de ce parcours qui sont les étudiants, tels que le logement étudiant, et finalement, l’importance de la création de la «rencontre» nous a conduit vers l’aménagement d’un ensemble d’espaces publics et d’allées vertes entre les deux zones en conflit. Certes, le projet que nous proposons ne peut être une réponse absolue à la problématique de ce mémoire, puisque la médiation comme méthode n’est pas infaillible (et nous non plus) et diffère selon les points de lecture et les angles d’analyse de chaque agent médiateur, néanmoins, nous avons insisté à faire parler l’université et la ville et les pousser à annoncer leurs propres besoins à travers nos analyses que nous avons élaboré dans une obligation d’objectivité et de distanciation. Finalement, nous sommes aussi conscients de l’existence de mille et un scénario possible pour assurer la réconciliation de l’université et la ville, et pour cela nous insistons à dire que l’objectif premier de ce mémoire est de pousser à la reflexion et de susciter l’intérêt autour de cette question malheureusement peu abordée par nos politiques.


132

ARTICULATION DE LA RECHERCHE AU PROJET


133

Figure: Tableau explicatif des rapports entre les diffĂŠrentes parties du mĂŠmoire et la composition du projet


134

PARTIE V


135

LE PROJET MÉDIATEUR


136

PARTIE V IV LE PROJET MÉDIATEUR


137

LE PROJET URBAIN


138

SITUATION, ANALYSE ET PROGRAMME

SITUATION DU PROJET

Située entre al capitale économique et la capitale administrative du pays, Mohammedia est une ville qui s’étend sur 3 320 Hectares. Elle est limitée au Nord par l’océan atlantique et au sud par la province de Benslimane. Le choix de Mohammedia comme ville d’intervention émane de l’état actuel du conflit opposant sa zone universitaire à son centre urbain, mais aussi de sa potentialité de faire de la résolution de ce conflit un moteur de développement socio-économique et un élan d’évolution vers un modèle de ville universitaire. Une évolution soutenue et assurée par l’emplacement stratégique dont elle bénéficie.

P L A N D E S I T U AT I O N


SITUATION, ANALYSE ET PROGRAMME

139

100 m

La zone d’intervention s’étale au long du boulevard Hassan II, axe viaire principal de la ville et voie rapide entre Casablanca à Rabat. Cette zone, composée par plusieus non lieux occupant l’entre université et ville, prend la forme d’un parcours linéaire. Elle regroupe six terrains différents, séparés les uns des autres par des constructions à dominante résidentielle. L’intervention dans cette zone se fera à travers la programmation d’un aménagement urbain homogène ponctué par diffèrentes propositions d’équipements architecturaux.

SITE D’INTERVENTION


140

SITUATION, ANALYSE ET PROGRAMME

ANALYSE DU SITE A N A LY S E M O R P H O L O G I Q U E


SITUATION, ANALYSE ET PROGRAMME

141

A N A LY S E T Y P O L O G I Q U E


142

SITUATION, ANALYSE ET PROGRAMME

A N A LY S E P A Y S A G È R E


SITUATION, ANALYSE ET PROGRAMME

143

A N A LY S E V I A I R E


144

SITUATION, ANALYSE ET PROGRAMME

PROGRAMME URBAIN


SITUATION, ANALYSE ET PROGRAMME

145


146

AMÉNAGEMENT URBAIN L’idée d’aménagement se base sur le tracé de la ville ancienne avoisinant la zone d’intervention. La ville ancienne ou la Kasba qu’on entame à partir de la Rue de Souss, est la première entrée à la ville basse, ou le centre ville, à partir du boulevard Hassan II. Le choix du tracé de la ville ancienne comme base d’aménagement du parcours d’intervention émane d’une envie de «tirer» la ville vers l’université, c’est une illustration d’une nouvelle entrée à la ville de Mohammedia à partir de la zone universitaire. Dans cette illustration, la zone universitaire n’est plus considérée comme un passage vers la ville, mais une entrée accueillante à la ville, grâce au tracé mais aussi à l’aménagement urbain qui s’y dessine. Les triangulations qu’offre le tracé choisi, donnent une nouvelle spécificité au parcours d’intervention, le distinguent et font de l’aménagement urbain composé de places vertes, de places minérales, d’allées piétonnes, et de zones d’activités, un aménagement fort de par sa programmation mais surtout de par ses formes et ses directions.

LE PROJET URBAIN


BENCHMARK

Superkilen est une place et un parc urbain linéaire ouvert en 2012 situé à Copenhague dans le quartier de Nørrebro. Il est créé par Superflex, Bjarke Ingels Group et Topotek1. Le parc est conceptuellement divisé en trois zones d’acitivités: la Place Rouge est un espace pour les activités sportives, culturelles,

147

et pour un marché hebdomadaire; le carré noir est le «salon urbain» où les habitants peuvent se rencontrer et jouer aux échecs ou au backgammon; et le Green Park est un paysage vert et aire de jeux où les familles avec leurs enfants peuvent se rencontrer pour des pique-niques, des bains de soleil, et des pauses dans l’herbe.


148

LE PROJET URBAIN

ANCRAGE ET COUTURE

SCHEMA D’ANCRAGE Afin de positionner et d’orienter les différents équipements architecturaux programmés au long de notre parcours d’intervention, nous avons tracé deux axes «université-ville»; l’un traversant le terrain affecté à la vocation sportive, et l’autre traversant le terrain ou les terrains prévus pour le pôle culturel. Ces axes sont, selon nous, les lignes à suivre dans l’ancrage spatial de nos équipements principaux, à savoir; la bibliothèque et le complexe sportif, qui se doivent, dans leur rôle de médiateurs, d’être visibles, accessibles et imposants. Les logements étudiants quant à eux, et dans une logique d’ «essaimage», ou de distribution divergente voulue pour sortir du modéle ancien de la cité étudiante fermée, seront dispatchés sur les différents terrains et accompagnés de places publiques de rencontre tout au long du trajet université-ville.


LE PROJET URBAIN

CONNEXIONS VIAIRES

CONNEXIONS PIETONNES

CONNEXIONS VERTES

CONNEXIONS MINÉRALES

149


150

PARTIE V IV LE PROJET MÉDIATEUR


151

LE PROJET ARCHITECTURAL


LE PROJET ARCHITECTURAL

152

Après avoir programmé le parcours université ville, nous avons décidé d’effectuer un zoom sur le pôle culturel, et de détailler les différents équipements qui le composent. La partie architecturale sera donc principalement dédiée à la conception de la bibliothèque centrale que nous appelons ainsi pour rappeler l’intention de médiation entre l’université et la ville et de création d’une nouvelle centralité qui les converge. Cet équipement sera détaillé dans sa logique volumétrique, structurelle, et fonctionnelle. Mais aussi dans son rapport à son entourage et à tout ce qui se crée autour de lui comme places publiques extérieures, et logement étudiant. Ce dernier équipement fera aussi l’objet d’une vision conceptuelle que nous avons élaboré en gardant toujours à l’esprit, le rôle principal que jouent ces équipements dans la création d’un nouvel esprit d’ouverture, de rencontre et de médiation.

TYPONYME La BIBLIOTHÈQUE est un édifice destiné à recevoir une collection de livres qui peuvent être empruntés ou consultés sur place ( Définition du Larousse). Différentes activités peuvent composer une bibliothèque à savoir les fonctions basiques de prêt de documents, consultation et retour, la lecture ou le travail à travers des espaces destinés à celà, des activités culturelles comme les expositions, les colloques, les conférences, les vernissages... Plusieurs types de bibliothèques sont possibles, mais ce qui nous intéresse dans ce mémoire, c’est un modéle intermédiaire entre la bibliothèque publique, ouverte au grand public et la bibliothèque universitaire souvent retournée vers les étudiants en genre de livres ainsi qu’en types d’activités qui s’y organisent. Une bibliothèque est déjà dans sa nature «publique» et se doit donc d’être: accessible,visible, ouverte sur l’extérieur, mixte, convergente et polyvalente.

La bibliothèque est un équipement majeur de l’université mais aussi un équipement majeur de la ville. Son implantation devra être examinée à ces deux échelles, dans la ville, ce qui dépend de l’université elle-même puis dans l’ensemble universitaire.

Pierre MERLIN


BENCHMARK

153

Le «diamant noir», ou la bibliothèque royale du Danemark est l’un repères phares de Copenhague, Elle est construite en 1999 par Schmidt Lassen Hammer architectes.

régulier et un incliné séparés par un vide abritant des passerelles, et des espaces centraux de la bibliothèque et donnant à la façade une sorte de fissure ouvrant le bâtiment vers son extérieur.

Le bâtiment avec son volume imposant, vient rompre la typologie du centre historique dans lequel il s’insère. Le volume est une composition d ‘une série d’élements bas et d’un élement central en hauteur composé de deux blocs un

L’ingéniosité du bâtiment reléve aussi de fluidité de ses élements intérieurs, traités coursives avec de temps à autre des espaces circulation connectant les différentes activités la bibliothèque.

la en de de


154

LOGIQUE VOLUMÉTRIQUE

LE PROJET ARCHITECTURAL


LE PROJET ARCHITECTURAL

155

CONCEPT ET INTENTIONS

La composition volumetrique est une image de l’opération de «réconclialition» réalisée entre l’université et la ville, il s’agit d’un assemblage de trois blocs distants (l’université, la ville et l’entre deux séparateur), par un élément central servant de liant et jouant le rôle de l’espace médiateur entre les différents blocs, et surtout leurs différentes ambiances. Les inclinaisons et les diagonales dessinées par les formes des trois blocs illustrent l’ouverture du bâtiment sur son extérieur et surtout sur les différents angles de vue; vers la ville, vers

l’université, et vers les places publiques aménagées en face. Le traitement du bloc central, devra respecter la transparence et la légereté afin d’assurer la perméabilité du bloc médiateur


156

LE PROJET ARCHITECTURAL

LOGIQUE STRUCTURELLE

La structure est une composition de deux élements majeurs: Un assemblage sous forme de portique d’élements verticaux en béton servant à la fois d’éléments porteurs et de brise soleil, et trois blocs en béton distants ouverts par des fentes traversant façades et toitures. Ces deux élements se superposent sur des dalles soutenues par des

voiles en béton centraux afin de compléter l’ossature du batiment. À cette ossature, s’ajoutent des baies vitrées verticales tout au long des façades pour permettre perméabilité et légereté au volume.


LE PROJET ARCHITECTURAL

157

PROGRAMME ARCHITECTURAL

Le programme est réparti sur trois blocs, chacun des blocs abrite une vocation et une ambiance différente; Le premier bloc est destiné au grand public et abrite un amphithéâtre et un espace polyvalent pour l’organisation des colloques, sémainaires, conférences...le bloc central est un bloc intermédiaire regroupant des espaces de restauration et de repos, et le dernier bloc est reservé aux espaces de recherche, consultation, et aux salles de travail.

L’élement central est composé de bureaux d’administration, d’espaces d’exposition, et du pôle enfants. Ce même élement est traversé par une rue centrale ponctuée de part et d’autre par des espaces de rencontre. La configuration de la bibliothèque permet trois accès, un accès université, un accès ville et un accès central donnant sur le parvis de la bibliothèque


158

SCHÈMAS D’USAGE

LE PROJET SITUATION, ANALYSEARCHITECTURAL ET PROGRAMME


LE PROJET ARCHITECTURAL

159

PLAN RDC B 110,09 12,25

0,51

3,08

26,02

9,61

6,10

5,86

11,72

15,04

9,18

3,53

17,94

25,45

4,05

10,72

31 30 29 28

5,10

27 26 25 24 23 22 21 20 19 18

11,98

2,31

17

16

15 14

7,39

A

4,51

13 12 11 10 9 8 7 6

19,25

15,31

3,34

3,09

8,43

4,34

4,34

31 x 0,16

2 1

= 5,00

5 4 3

23 23

22

22

21

21

20

22

20

19

21

19

18

20

18 17

16

18

23

16

15

17

22

15

14

16

21

14

13

15

13

14 13 12

0,13

12

12

20 19 18 17 16 15 14 13

11 11

10

10

9

11

9

8

10

7

6

8

6

2

1

1

= 4,00

2 1

10 9 8 7 6 5 4 3 2

1,37

11,97

6,05

2,35

4,66

2 3 4 5 6

1,60

10,51

1,73

2,50 2,10

10,81

3,94

10,48

1

29 x 0,17 = 5,00

4,50

8,30

8,33

7,97

8,63

8,55

C

1

3,84

0,13

7 8 9 10 11 12 13

1,95

6,36

3,56

4,09

6,33

2,08

14

6,10

15

16

17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28

11,06 16,65

18,24

9,27

29

4,67

B

A

9,08

5,69

3,17

8,13

3

2

= 4,00

11 4

3

11,12

3

23 x 0,17 = 4,00

= 4,00

23 x 0,17

4

4,06

23 x 0,17

5

5

4

23 x 0,17

5,44

5

7 6

12

8

7

9

1,51

107,98

17

19

12,64

5,17

23

C


160

LE PROJET ARCHITECTURAL

P L A N 1 ER É TA G E

110,09 9,02

15,21

19,72

10,39

1,66 17,37

15,19

2,35

12,48

2,75

14,93

3,47

25,50

25,56

3,23

23 22 21

23 20

22 19

21 18

20 17 16

18 15

17 14

16 13

15 14 13

10,00

12

12 11 10 9

11 8

10 7

9 6

8 5

7 = 400

= 4,00

23 x 0,17

23 x 17

5

5 4 3

4 3 2 1

2 1

7,75

= 4,00

23 x 17

5

= 400

23 x 0,17

6

1,53 15,97

9,72

15,53

3,89

11,99

2,43

11,39

9,47

0,33

7,72

10,71

10,99

16,68

1,08 2,10

107,98

19


LE PROJET ARCHITECTURAL

161

P L A N 2 ÈME É TA G E

110,09

0,51 34,34

9,69

21,67

13,95

14,93

2,76

4,15

20,92 11,45 10,40 17,06

1,60

2,90

2,61

5,78

6,43

4,05

4,77

30,49

107,98

15,92

32,22

10,15

2,07

2,10


162

COUPE AA

COUPE BB

COUPE CC

LE PROJET ARCHITECTURAL


LE PROJET ARCHITECTURAL

FA Ç A D E P R I N C I PA L E

FA Ç A D E L AT É R A L E D R O I T E

FA Ç A D E A R R I È R E

FA Ç A D E L AT É R A L E G A U C H E

163


164

PROGRAMME DU LOGEMENT ÉTUDIANT

LE PROJET ARCHITECTURAL


165

LE PROJET ARCHITECTURAL

P L A N É TA G E C O U R A N T

19,55 0,90 0,38 1,91

0,85 3,30

2,90

2,09

1,66

0,25 1,27

6

5

4

3

2

1

2,87

1,07

3,81

1,56

2,49

A

0,25 1,30

1,41

1,84 1,92

B

B

5,42

21,05

7

8

9

10

2,86

11

1,50

12

1,79

13

2,30

14

2,74

15

1,30

0,89 0,62 0,21 2,79

2,55

15 x 0,21 = 3,20

0,90

A


herEngine 0.59.100.99

0,83

2,37

0,97

10,10

2,23

2,14

0,86 0,20 0,50

0,21 0,41 1,28 1,51

10,10

2,35

0,65 2,10

0,90 0,20 0,50

166 LE PROJET ARCHITECTURAL

COUPE AA

COUPE BB


LE PROJET ARCHITECTURAL

FA Ç A D E P R I N C I PA L E

FA Ç A D E A R R I È R E

167


168

FA Ç A D E L AT É R A L E D R O I T E

FA Ç A D E L AT É R A L E G A U C H E

LE PROJET ARCHITECTURAL


LE PROJET ARCHITECTURAL

DEUXIÈME MODULE

169


170

PLAN MASSE


171


172

PERSPECTIVE GÉNÉRALE


173


174

ENTRÉE VILLE

ENTRÉE UNIVERSITÉ


175

ENTRÉE PRINCIPALE

FAÇADE ARRIÈRE


176

PLACE DE LA BIBLIOTHÈQUE


177


178

LOGEMENTS ÉTUDIANTS

TERRAINS DE PROXIMITÉ


179


180

P.10

TABLE DE MATIÈRES

PARTIE I: INTRODUCTION ET SPÉCIFICATION DE LA PROBLÉMATIQUE Avant propos Introduction générale Problématique, intention et motivation Questionnements Acception et cadrage théorique Plan de travail Méthodologie

P.26

PARTIE II: L’ESPACE UNIVERSITAIRE, HISTOIRE ET ANCRAGE

P.28

CHAPITRE I: L’université à travers l’histoire 1. Les premières formes de l’espace universitaire 2. La naissance du concept d’« université » 3. Histoire et dates clés

P.35

CHAPITRE II: L’université et la ville 1. L’université dans la ville et l’université hors la ville

1.1. La university town: Une ville universitaire en dehors de la ville 1.2. Le village campus : Un village académique à la périphérie des villes 1.2. Le modèle français : l’université dans la ville, l’université hors la ville, et le retour de l’université dans la ville

2. Le retour de l’université dans la ville 2.1. Université dans la ville ou université hors la ville ? Diagnostic et priorités

2.2. Le Schèma Université 2000 et le retour officiel de l’université dans la ville

3. L’université intégrée comme développeur urbain, étude de cas P.57

CHAPITRE III : L’université et la ville marocaine 1. Fonction et rôle de l’université marocaine 2. « Al Qaraouiyine » premier modèle d’université intégrée 3. L’université postcoloniale et l’université aujourd’hui: nouvelle conception de l’espace universitaire et de ses fonctions 4. L’université et la ville marocaine : le zoning en question 5. Quelle place pour l’université dans la ville marocaine ? Centre, périphérie ou nouvelle centralité ? 5.1. Récapitulatif des conclusions de la recherche 5.2. Une nouvelle place pour l’université dans la ville


181

PARTIE III : MOHAMMEDIA, VILLE UNIVERSITAIRE

P.68

CHAPITRE I: Mohammedia, un cadre urbain à mettre à niveau 1. La ville de Mohammedia : Histoire et espace 2. Aspects de disqualification et de fragmentation de la ville 3. Besoins et priorités d’intervention dans la ville de Mohammedia

P.70

CHAPITRE II: Mohammedia, ville universitaire potentielle 1. La vocation universitaire dans la ville de Mohammedia 2. Analyse de l’espace universitaire de la ville de Mohammedia 3. Le conflit Université/ville : Etat actuel 4. L’université comme développeur urbain à Mohammedia

P.81

PARTIE IV : RÉCONCILIER L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE À TRAVERS UN PROJET MÉDIATEUR

CHAPITRE I: La médiation urbaine et la mise à niveau 1. La médiation urbaine : concept et typonyme 2. Techniques, formes et domaines de la médiation urbaine

P.104

P.106

2.1. Techniques médiatrices et résolution de conflit 2.2. Les formes spatiales du projet médiateur 2.3. Les domaines d’action de la médiation

3. Le projet médiateur comme outil de mise à niveau urbaine CHAPITRE II: Réconcilier l’université et la ville de Mohammedia à travers un projet médiateur 1. Application des techniques de médiation entre l’université et la ville 2. Le projet médiateur, un parcours urbain sous forme de liant spatial 3. Les caractéristiques du projet médiateur, et les intentions d’intervention

P.123

CONCLUSION

P.130

ARTICULATION DE LA RECHERCHE AU PROJET

P.132

PARTIE V : LE PROJET MÉDIATEUR

P.134

1. Situation, analyse et programme 2. Le projet urbain 3. Le projet architectural BIBLIOGRAPHIE


BIBLIOGRAPHIE

182

- Christophe CHARLE, HISTOIRE DES UNIVERSITES, edition : presses universitaires de France, 2007. - Alain RENAUT, UN CONCEPT DE L’UNIVERSITE, Extrait de : A. Renaut, Que faire des universités?, Bayard, 2002. - Najem DHAHER, AMENAGEMENT UNIVERSITAIRE ET MUTATIONS URBAINES EN TUNISIE, URI: http://id.erudit.org/iderudit/045650ar DOI: 10.7202/045650ar - François DUCHRAME à partir de Kevin LYNCH, 1999, L’IMAGE DE LA CITE, trad. par Marie-Françoise VENARD et Jean-Louis VENARD de THE IMAGE OF THE CITY (1960), Paris, Dunod, 221 p. - Pascal AMPHOUX 2001, PROJET URBAIN A GENEVE. UNE IMAGE DIRECTRICE POUR UN TERRITOIRE EN MUTATIONS. Cinq projets urbains pour le sud de l’agglomération genevoise, Grand projet de médiation à Genéve. - Maël Miralli BENALLOU, LA MEDIATION URBAINE, UN CHAMP EMERGENT QUI PARTICIPE A LA CONSTRUCTION SOCIALE DES METROPOLES, thèse de doctorat en géographie, aménagement et urbanisme, université Lumière-Lyon II. - Site web: www.cemaroc.com, article de Pierre AUBREE. - Ahmed CHRAIJI, Hossein BEZZAZ, LES CAMPUS UNIVERSITAIRES EN QUESTION, travail de fin d’études pour obtention du DENA, ENA Rabat, Décembre 1987. - D. BORDI, L’UNIVERSITE MED V, PERSPECTIVE DE REFORME. Mémoire de stage E.N.A.P 1975. - THE GUINNESS BOOK OF RECORDS, Published 1998, ISBN 0-553-57895-2, p. 242.


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- UNESCO World Heritage Center,The Medina of Fez http://whc.unesco.org/en/ list/170. - AL-JAZNAÏ, ZAHRAT AL-A‑S, trad. Alfred BEL, Publ. Faculté des lettres d’Alger, F59, 1923, p. 7. - Marie-Line FÉLONNEAU, L’ETUDIANT DANS LA VILLE, TERRITORIALITES ETUDIANTES ET SYMBOLIQUE URBAINE. - Daniel FILÂTRE, VILLES MOYENNES ET UNIVERSITES, LES ENJEUX DES ANTENNES UNIVERSITAIRES, ESPACES ET SOCIETES, N°59, p-119-125. - Stephen D’IRSAY, HISTOIRE DES UNIVERSITES FRANÇAISES ET ETRANGERES DEPUIS LES ORIGINES JUSQU’A NOS JOURS, Paris, Auguste Picard, 1933. - F. M. POWICKE et A. B. EMDEN, THE UNIVERSITIES OF EUROPE IN THE MIDDLE AGES, Oxford, 1936 (vol. I, II et III).


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É C O L E A N N É E

N A T I O N A L E D ’ A U N I V E R S I T A I R E

R

C H I T E C T U R 2 0 1 5 / 2 0 1 6

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