La programmation architecturale et urbaine, du politique au spatial

Page 1

1

LA PROGRAMMATION ARCHITECTURALE & U R B A I N E D U P O L I T I Q U E AU S P AT I A L

Travail réalisé par: OUMAIMA ELMERNISSI Encadré par: JEAN JACQUIE GROSS Etablissement de stage: ADAUHR

Agence Départementale d’Aménagement et d’Urbanisme du Haut-Rhin

M2 URBANISME et AMÉNAGEMENT- ÉTUDES ET CONDUITE DE PROJETS UNIVERSITÉ DE STRASBOURG FACULTÉ DE GÉOGRAPHIE ET D’AMÉNAGEMENT

Diplôme co-habilité par: L’INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUÉES DE STRASBOURG L’ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE STRASBOURG LA FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES, PRATIQUES SOCIALES ET DÉVELOPPEMENT

A N N É E U N I V E R S I TA I R E 2 0 1 6 - 2 0 1 7


2

-

“By far the greatest and most admirable form of wisdom is that needed to plan and beautify cities and human communities.” -Socrates

« La meilleure et la plus admirabe forme de sagesse est, de loin, celle nécessaire pour planifier et embellir les villes et les communautés humaines.» -Socrates


3

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce mémoire a nécessité le concours de plusieurs personnes à qui je souhaiterais témoigner ma reconnaissance. Je voudrais d’abord remercier mon encadrant et directeur de mémoire, M. J.J. GROSS, pour sa patience, son énergie et surtout pour sa confiance en mon choix de sujet et en mon travail. Je souhaiterais également exprimer ma reconnaissance à ma tutrice de stage Mme Florence BISI et à M. Jean RAPP, directeur de l’ADAUHR, qui m’ont permis de vivre une expérience unique au sein de l’ADAUHR, et qui ont pris le temps d’encadrer mon intégration et l’évolution de mon stage. Je voudrais ensuite remercier Mme. Tania LEVE et M. Luc JAEGER avec lesquels j’ai eu l’occasion de travailler pendant ces six mois, qui ont facilité mon apprentissage, et qui ont surtout aidé ce mémoire à mûrir grâce à leurs enseignements quotidiens, à leurs réflexions et à leurs conseils. J’aimerais aussi dédier ce travail à l’ensemble des collègues du pôle Aménagement, construction et communication, pour leur contribution à ce travail, ainsi qu’à l’ensemble des agents de l’Adauhr pour leur accueil, et leurs sourires quotidiens. Finalement, je souhaiterais dédier ce travail à ma petite famille pour sa confiance et son soutien inconditionnel, ainsi qu’à Ahmed, Anouar, Fati, Mariem et Cynthia, pour leur support moral et intellectuel et leur confiance inestimable.


4

SOMMAIRE


5

P6

AVANT-PROPOS

P8

INTRODUCTION

P10

DÉFINITION ET CADRAGE THEORIQUE

P16

PARTIE I/ LA PROGRAMMATION À L’ADAUHR Chapitre 1/ Le contexte d’émergence et d’exercice Chapitre 3/ Formes, enjeux et variabilité Chapitre 4/ Démarches et outils

P34

PARTIE II/ LA PROGRAMMATION ENTRE LE POLITIQUE ET LE SPATIAL Chapitre 1/ Le jeu d’acteurs MOA-AMO-MOE et autres Chapitre 2/ L’espace et la politique, L’espace dans la politique Chapitre 4/ Le programme comme médiateur entre le politique et le spatial

P54

PARTIE III/ LIMITES ET OBSTACLES DE LA PROGRAMMATION Chapitre 1/ Obstacles et limites Chapitre 2/ Du programme normalisé au programme comportemental Chapitre 3/ Propositions et perspectives

P64

CONCLUSION

P66

BIBLIOGRAPHIE

P68

ANNEXES


6

AVANT-PROPOS

Ce travail s’intéresse à la programmation urbaine et architecturale; activité essentielle dans le montage et la gestion des opérations de construction et d’aménagement, encore peu considérée à sa juste valeur, malgré son exercice datant de plus de 30 ans en France. Le choix de ce sujet émane d’une envie de “moderniser” le concept de la programmation d’un point de vue opérationnel, mais aussi de “rendre compte” de la complexité et de la multidisciplinarité de son contexte d’exercice. Efficace grâce au savoir faire qu’elle met en place afin de gérer le processus projet dans les opérations de construction et d’aménagement, mais aussi grâce la médiation qu’elle assure entre les différents acteurs intervenants dans le cycle de vie du projet, la programmation semble être un réel outil de montage, de gestion et d’encadrement des projets dans le cadre de la maîtrise d’ouvrage publique. L’intérêt pour cette thématique, comme sujet de mémoire de fin d’études, mais aussi comme champ d’activité professionnelle, découle, également, d’une conviction personnelle par l’importance du rôle du programmiste dans l’organisation et la “réflexion” des opérations d’un point de vue technique mais aussi dans un contexte politique. Architecte de formation, j’ai, en effet, tout au long de mon parcours, considéré le projet spatial comme étant une résultante singulière d’un contexte pluriel; un contexte politique dont il “spatialise” les volontés et les objectifs. A partir de ce constat, la programmation s’impose, comme ce médiateur manquant dans le long processus projet; à la fois entre le travail en amont et le travail en aval, entre la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’oeuvre et entre la volonté politique et la forme spatiale. Ce travail est une tentative de lecture analytique des démarches actuelles et des contextes d’exercice de la programmation. Il est réalisé en parallèle à mon stage de fin d’études, et à mon exploration pratique et opérationnelle de l’univers programmatique au sein du pôle Aménagement, Construction et Communication de l’Agence Départementale d’Aménagement et d’Urbanisme du Haut-Rhin, Agence Technique Départementale ADAUHR-ATD.


7


8

INTRODUCTION

S’imposant comme une étape à part entière dans le processus de conduite de projet dans le cadre des métiers de l’assistance à maitrise d’ouvrage à partir de 19801, la programmation est déjà évoquée comme indispensable dans la façon de « faire » un projet depuis 1960. Entre ces deux dates, et même jusqu’à nos jours, ses définitions continuent à varier et à évoluer en fonction des contextes, des secteurs ... Son importance peut également être encore débattue, et même les formes de son exercice interrogées, puisqu’il n’existe pas, officiellement, de reconnaissance du statut de «programmiste» en France. L’activité est pourtant présente, et occupe dans le secteur immobilier, urbain et architectural, une importance croissante, puisque dans un contexte de complexification d’échelles d’interventions, de pluridisciplinarité des vocations de projets et de diversité de profils d’acteurs intervenants dans chaque projet, il est nécessaire de garantir un intermédiaire ou/et un médiateur dont le rôle consiste en la clarification du projet et la coordination entre les différents intervenants. Dans le secteur public comme dans le privé, le programmiste utilise plus ou moins les mêmes procédés d’identification des besoins et de leur qualification et quantification spatiale. Néanmoins, le programmiste assurant une maîtrise d’ouvrage publique se retrouve face à un client qui, en plus d’être un investis seur à exigences techniques, fonctionnelles et économiques, est un décideur politique. La responsabilité du programmiste est double : son programmedoit représenter l’expression franche et directe de la politique voulue par son client, et orienter et diriger un maitre d’oeuvre qui se chargera de donner une forme spatiale et matérielle à cette même politique. Ce travail s’intéressera d’abord à la modernisation et au recadrage de la programmation d’un point de vue opérationnel, il s’intéressera ensuite à cette posture double du programmiste ; en tant qu’assistant d’un maître d’ouvrage stratège et politique d’une part et en tant qu’interlocuteur d’un maître d’œuvre fonctionnaliste et technique d’une autre part. Il interrogera, en plus des fonctions, missions et contraintes de l’architecte/urbaniste programmiste,

1

Date relative au passage d’une politique d’aménagement centralisée à une politique de projets responsabilisant les collectivités territoriales avec l’apparition de la loi de décentralisation en 1983.


9

sa ou ses façons de faire, et de gérer, au quotidien, deux langages complétement différents qu’il se doit non seulement de comprendre, analyser et traduire, mais de concorder pour un résultat satisfaisant; un projet réussi. Cette lecture essayera d’analyser les façons de faire et les démarches de programmation, de manière générale, en partant du contexte particulier de l’Agence Départementale d’Aménagement et d’Urbanisme du Haut-Rhin, Agence Technique Départementale ( ADAUHR-ATD), assistant des collectivités locales du Haut Rhin depuis 1983. Elle se basera, pour ce faire, sur des références théoriques, sur des constats et des observations pratiques, ainsi que sur des retours de questionnairesI,II et III réalisés à l’attention des maîtres d’ouvrage, des programmistes (dans le cadre d’une assistance à maîtrise d’ouvrage), et des maîtres d’oeuvre.


10

DEFINITION ET CADRAGE THEORIQUE

La programmation: de l’intention à la mise à disposition En aménagement comme en architecture, la programmation signifie, de façon générale, la démarche visant « la maîtrise » du projet depuis l’émergence de l’idée à sa réalisation (parfois au-delà). Cette maîtrise englobe la compréhension des attentes du maître d’ouvrage, des usagers futurs du projet, l’étude ou les études qualitatives et techniques essentielles à l’élaboration du projet, la définition des besoins fonctionnels et surfaciques, la gestion, la planification, ainsi que l’estimation financière du budget du projet1. C’est donc un travail de définition, de faisabilité, de conception, de management, de synthèse etc... Dans le domaine de la production du cadre bâti, le programme a deux acceptions; 1-la fonction générale de l’équipement qui va être réalisé, 2- le texte donnant les instructions nécessaires pour la réalisation de cet équipement. (Définition du RAMAU-PUCA). Le mot programme est apparu à la fin du XVIIe siècle et vient du grec «programma», qui signifie affiche, de «pro» qui signifie avant et de la racine de «grapheîn» qui signifie écrire, «gramma» signifie lettre.2

Intention de faire Evaluation des besoins Pré-programme Faisabilité

CAUE de la seine-maritime, La programmation en architecture et en aménagement, Avril 2008, p7

1

ture

2

Programme Gestion Financement Concours

Mission MOE Validation projet Chantier

Mise à disposition

CAUE de la seine-maritime, La programmation en architecet en aménagement, concevoir et agir pour une opération de qualité Etymologie du mot «programme», blog ALORTHOGRAPHE.


11

La programmation architecturale et la programmation urbaine La programmation urbaine et la programmation architecturale sont deux démarches différentes. Bien qu’elles aient le même système d’élaboration et de fonctionnement, de nombreux points sont distincts entre les deux pratiques. En effet, la programmation architecturale est une discipline plus « gérable » de par son échelle plus limitée, parce que les architectes y sont formés et parce qu’elle implique moins d’intervenants1 vu qu’elle a, généralement, moins d’enjeux. La programmation urbaine, agissant, généralement2, de manière plus large et plus «visible» sur le contexte urbain et paysager, nécessite une prise de conscience plus engagée, puisqu’elle impacte plus d’usagers sur un terme bien plus long, elle nécessite ainsi l’intervention d’ acteurs plus nombreux et la maîtrise de plusieurs disciplines plus élargies notamment sociologiques démographiques, sociales, écologiques, politiques, urbaines… et la prise en compte de plusieurs contraintes, principalement politiques, environnementales, urbaines et de durabilité..

PROGRAMMATION ARCHITECTURALE

PROGRAMMATION U R B A I N E

Echelle de bâtiment

ECHELLE

Echelle d’îlot, de quartier, de ville, de territoire....

MOA, MOE, usagers, ...

ACTEURS principaux

MOA, MOE, usagers, habitants, associations, ...

COMPETENCES

Multidisciplinaires: géograhie, démographie, sociologie, urbanisme, politique, écologie...

Liés principalement à la vocation et aux recommandations du MOA

ENJEUX

De vocation, de contexte socio-eco, environnementaux, urbains...

Relativement maîtrisable par benchmarking, et étude approfondie de la commande

ASPECTS

Grande part d’improgrammable, expèrience toujours unique parce que «contextuelle»

Architecturales, techniques, diques, financières...

juri-

Tableau récapitulatif des différences (récurrentes) entre la programmation architecturale et urbaine,

1 Jean-Pierre Courtiau Rédacteur en chef de la revue Objectif Grand Paris : « …En ce qui concerne

la programmation urbaine, la situation est bien différente car l’objet de la programmation est tout autre, les méthodes ne sont pas du tout de même nature, les acteurs sont plus nombreux, les échelles sont différentes et multiples, les relations maître d’ouvrage et maître d’œuvre ne sont plus les mêmes et les enjeux politiques sont plus complexes. Globalement, le travail est bien plus compliqué et les architectes doivent se former à cette démarche pour être aguerri dans de tels contextes. »

2

Bien que certaines différences soient récurrentes entre la programmation architecturale et urbaine, tel que récapitulé sur le tableau,il est difficile de généraliser ces catégorisations. Un projet d’architecture peut, dans certains cas, et certains contextes être plus complexe qu’un projet urbain.


12

Dans le cadre de la Maîtrise d’Ouvrage MOA publique des petits territoires, tels que les communes haut-rhinoises1, la programmation architecturale et la programmation urbaine se rapprochent, puisque l’action architecturale devient plus visible et imposante dans son espace. Le projet architectural est finalement perçu, principalement par les habitants, comme projet urbain et donc comme projet politique, ce qui rend les deux démarches tout autant responsabilisantes et complexes.

Grand territoire

Petit territoire

«Par ailleurs, s’il existait jusqu’à récemment un certain cloisonnement entre programmation architecturale et programmation urbaine dans les pratiques comme dans les représentations, les frontières paraissent aujourd’hui beaucoup plus floues ; la nécessité de repositionner des projets d’équipements dans des dispositifs de politiques publiques plus globaux conduit manifestement de plus en plus de programmistes autrefois centrés sur l’échelle architecturale à repositionner leurs compétences dans une perspective plus large, le projet de construction se révélant être pour partie un projet d’urbanisme.»2, Jodelle Zetlaoui-Léger

Des définitions variées… Il n’y a pas de réel consensus sur la définition de la programmation et de sa distinction de l’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage AMO. Certaines définitions limitent la programmation au simple exercice de définition des fonctions et des équivalences surfaciques et donc de réalisation d’une sorte d’organigramme du projet. Tandis que d’autres définitions l’élargissent qu point de considérer que la programmation et l’assistance à maîtrise d’ouvrage sont deux appellations différentes d’une même démarche. (cas de la définition du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de la seine maritime Page 6 ? ) . 1 En France, la taille et la population des communes va de 2 249 975 habitants à Paris à 1 seul

habitant à Rochefourchat, la taille moyenne d’une commune est de 14,88 Km2 . Le territoire haut-rhinois, compte 377 communes, avec Mulhouse comme la plus grande et la plus peuplée 111 167 habitants et Lutzel (Lucelle) en moins peuplée:37 habitants, la population moyenne est estimée à 631 habitants, avec 132 communes n’attegnant pas cette moyenne. les territoires des communes haut-rhinoises peuvent ainsi être considérés majoritairement moyens à petits, selon les articles Wikipedia: communes françaises, et communes du Haut-Rhin. 2 Les cahiers de la recherche architecturale et urbaine, n 24 et 25, la critique en temps et lieux, Jodelle Zetlaoui-Léger


13

Selon la majorité de nos sources, néanmoins, et d’après la référence principale de ce travail qui est l’ADAUHR, la programmation fait partie du processus de l’assistance à maîtrise d’ouvrage, il s’agit de l’étape réalisée par le programmiste en amont de l’opération, englobant les diagnostics, l’étude de faisabilité du projet, et la réalisation du programme fonctionnel et technique détaillé. La phase de programmation est suivie par le lancement de la procédure du choix de la Maîtrise d’Oeuvre MOE, et la réalisation des documents contractuels en résultant par l’assistant à maîtrise d’ouvrage et du suivi des études de la maîtrise d’oeuvre, le choix des entreprises et le suivi de chantier, dans le cas d’une conduite d’opération. Le programmiste et l’assistant à maîtrise d’ouvrage étant souvent la même personne, (toujours, dans le cadre de l’ADAUHR), il est naturel que la confusion ait lieu.

ASSISTANCE À MAÎTRISE D’OUVRAGE Intention de faire Evaluation des besoins

Programmation

Définition des besoins Faisabilité Pré-programme Programme

Gestion Financement Procédures Schéma de déroulement du projet, Reprise et intervention sur le schéma du CAUE de la seine-maritime p8,

Mission MOE Validation projet Chantier

Mise à disposition


14

Le programmiste, un assistant assisté Dans le cadre d’une assistance à maîtrise d’ouvrage publique, privée également, la programmation urbaine et architecturale est une action collective, un consensus autour d’un processus et des finalités partagées. En premier lieu suite au système complexe des intervenants dans le processus décisionnel tout le long de l’élaboration du projet, mais aussi en raison de la nature « politique » des projets de la maîtrise d’ouvrage publique, qui « responsabilise » d’avantage le maîtrise d’ouvrage envers les futurs usagers de l’espace conçu, et souvent envers tout les habitants du territoire du projet, selon l’échelle d’intervention. «...Plus qu’une simple «synthèse programmatique», la programmation urbaine a permis de dépasser les approches thématiques portées par tel ou tel chef de projet pour les décloisonner et même éventuellement les confronter dans ce qu’elles peuvent avoir de contradictoire dans leurs préconisations. Le dialogue ainsi instauré permet aussi aux experts eux-même de pouvoir confronter leur point de vue et de constituer un «pool» programmatique, plutôt qu’une collection d’expertises déconnectées du projet », Alain Bertrand pour « les visages de la programmation urbaine », Aptitudes Urbaines, newsletter n°5, Mai 2013


15


16

Façade principale du bâtiment de l’ADAUHR, Phototéque ADAUHR


17

PARTIE I/ LA PROGRAMMATION À L’ADAUHR


18

CHAPI TRE 1:

LE CONTEXTE D’ÉMERGENCE E T D’EXERCICE

Le contexte général d’émergence Dans le contexte historique, les métiers de programmation et d’assistance à maîtrise d’ouvrage sont apparus suite au passage de la politique d’aménagement centralisée, à l’urbanisme de projet. La première période, se basant sur des paradigmes d’aménagement fonctionnalistes et normatifs1, imposait des modèles d’aménagement prédéfinis. Longtemps critiquée à cause de son inadaptation aux différents contextes territoriaux et de sa non prise en considération de l’habitant comme usager mais aussi comme acteur du territoire, la politique d’aménagement centralisée laissera place à la notion de projet urbain, dans le cadre d’une nouvelle politique de décentralisation. Cette nouvelle période redonnera au « local »2 son importance dans la gestion de l’urbanisme à l’échelle de l’habitant, dans une indépendance (presque) totale pour la conception et la réalisation des projets. L’apparition de la loi de Maîtrise d’Ouvrage Publique en 1983, dite loi MOP, signera l’autonomie des collectivités territoriales et les responsabilisera dans la démarche du projet, et notamment dans « sa programmation ». Le besoin d’expertise technique intégrera automatiquement dans cette loi la possibilité de « recours » à une personne tierce pour la réalisation des programmes d’opération et donnera officiellement naissance aux métiers de l’assistance à maîtrise d’ouvrage, mais aussi à la promotion immobilière, à l’ingénierie spécialisée…elle donnera officieusement naissance au métier de « programmiste » qui se répandra rapidement sur le marché mais n’aura pas de statut.

II - «...Le maître de l’ouvrage peut confier les études nécessaires à l’élaboration du programme et à la détermination de l’enveloppe financière prévisionnelle à une personne publique ou privée.» I. - «Le maître de l’ouvrage peut recourir à l’intervention d’un conducteur d’opération pour une assistance générale à caractère administratif, financier et technique.» Extraits Article 1- Article 2 de la loi MOP, Loi N° 85-704 du 12 juillet 1985

1 Alain Hayot et André Sauvage, Le projet urbain, enjeux, expérimentations et professions 2 Soufiane Boukarta, Projet urbain et retour du sujet ? la stabilité en question,mémoire 2009


19

Le contexte particulier L’ADAUHR a été créée parallèlement à l’arrivée des lois de décentralisation au début des années 1980, avec pour rôle principal: l’assistance des communes dans l’ensemble des projets relatifs à l’urbanisme réglementaire, au patrimoine, à la construction et à la réhabilitation des équipements publics. Depuis 1984, année de sa fondation, l’ADAUHR travaille conjointement avec le Conseil Départemental et l’Association des Maires du Haut-Rhin AMHR, avec pour objectif principal: travailler au service du développement des territoires haut-rhinois. Ayant à la base un statut associatif, l’ADAUHR passera au statut de « régie » en 2006 afin d’affirmer l’expertise technique et opérationnelle de l’agence et de renforcer les moyens au service des collectivités territoriales. Elle a l’originalité de réunir au sein d’une même structure des compétences et métiers différents mais complémentaires. Ces compétences englobent des qualités techniques en urbanisme, en patrimoine, en construction, en architecture, en aménagement, et en géomatique, mais aussi des expertises juridiques et financières assurées par des collaborateurs de formations très diverses, répartis sur les différents pôle de l’agence.

Bâtiment de l’ADAUHR, Colmar Phototèque de l’ADAUHR


20

Le contexte d’exercice Oeuvrant d’abord en tant qu’assistant des 363 collectivités territoriales signataires de convention avec l’agence, l’ADAUHR a trois manières différentes d’intervenir dans les problématiques territoriales; en tant que conseillère, qu’assistante à maîtrise d’ouvrage ou que maître d’oeuvre. Le conseil s’étend sur toutes les problématiques territoriales, l’assistance à maîtrise d’ouvrage s’applique aux projets d’aménagement, de construction, ou de réhabilitation, la maîtrise d’oeuvre est quant à elle assurée exclusivement en urbanisme réglementaire. Bien que la distinction soit faite entre conseil et assistance à maîtrise d’ouvrage, il n’est pas faux de considérer que le conseil est une forme d’assistance, néanmoins la distinction est faite pour différencier les types de conventions MOA/AMO et les engagements de l’agence auprès des collectivités. Les missions de conseil étant concrètement des missions d’aide à la décision, et de conseil en opportunité, alors que l’assistance à maîtrise d’ouvrage est une réponse à une commande, une programmation et une conduite d’opération par le biais d’un lancement et d’un suivi de procédure antérieure à la réalisation du projet.

Les domaines d’activité1 -Assistance au choix des procèdures pour les projets d’aménagement et de construction 12% -Conseil sur les modalités d’application du droit des sols et sur le choix des procèdures d’urbanisme 18% -Mise à disposition d’actes régementaires et de procédures appuyées sur une veille juridique, technologique, technique 14% -Actions d’information et de formation à l’attente des collectivités locales 9% -Conseil et expertises en amont des études sur les projets des partenaires publics 17%

1 Rapport d’activités 2015, L’agence Départementale d’Aménagement et d’Urbanisme du hautrhin. Directeur de la publication: Michel HABIG.


21

-Sensibilisation au patrimoine culturel, bâti, muséographique ainsi qu’à l’urbanisme et à l’aménagement 6% -Aide et conseil dans le domaine des systèmes d’information (géographiques/statistiques) 7% -Participation aux jurys de sélections de concepteurs, maîtres d’oeuvres et d’autres prestatires intellectuels 6% -Actions partenaires avec les organismes institutionneles oeuvrant dans le domaine de l’aménagement, l’urbanisme, l’architecture et l’info-géographie 6% -Accompagnement des projets d’aménagement avec vision départementale cohérente 5% *Domaines d’interventions relatifs aux missions AMO

Plus de 50% de l’activité de l’ADAUHR concerne le conseil et l’assistance à maîtrise d’ouvrage. La programmation faisant partie intégrante du processus de cette dernière, peut être considérée comme l’un des deux principaux champs d’action de l’agence auprés des différentes collectivités locales (avec l’urbanisme).


22

CHAPITRE 3:

F O R M E S , E N J E UX E T V A R I A B I L I T É

Dans le cadre de son assistance à maîtrise d’ouvrage, le service Aménagement, Construction et Communication, intervient sur des projets d’aménagement et des projets de construction, neuve ou en réhabilitation.

La programmation urbaine Forme et processus Les Orientations d’Aménagement et de Programmation OAP, dispositif d’aménagement depuis 2010 avec la loi Grenelle II, accompagnent les Plan Locaux d’Urbanisme PLU afin de maîtriser au maximum la cohérence de l’aménagement territorial. Qu’elle soit destinée à la réalisation par la collectivité, ou effectuée dans le simple but d’instaurer un cadre au futurs aménageurs1 , l’OAP est un réel outil d’aménagement territorial grâce à son échelle d’intervention, de secteur, de quartier, ou d’agglomération qui permet une précision maximisée. Bien que le terme « programmation » apparaisse dans le titre même de cet outil d’urbanisme, il ne renvoit pas automatiquement au sens entier de la programmation mais uniquement à la planification temporelle des opérations. En effet, la loi ENE, Engagement National pour l’Environnement du 12 juillet 2010 en conservant le dispositif des orientations, ajoute un volet programmation qui se limite, pour ces OAP, à « un échéancier prévisionnel de l’ouverture à l’urbanisation des zones à urbaniser et de la réalisation des équipements correspondants » (art. L. 123-1-4, 1)2 , la programmation étant implicite dans l’orientation d’aménagement. D’ailleurs la programmation urbaine est la partie majeure dans le processus de réalisation et d’élaboration des OAP, puisqu’en plus de l’aspect réglementaire qu’elles fixent dans l’objectif de cerner l’évolution d’une partie ou de l’ensemble d’un territoire, Les OAP s’engagent à orienter des aménagements futurs, autrement dit un devenir en matière d’aménagement urbain et automatiquement de pratique urbaine. Ces orientations sont formulées ou plus précisément «schématisées» à partir d’un travail de conception-programmation, dessinant l’ensemble des limites, des servitudes, des accès, des places, des aménagements viaires, des affectations en matière d’aménagement et de construction, des types de constructions... 1

« La possibilité d’orienter sans se substituer au porteur de projet et sans maîtriser le foncier est d’un grand intérêt. Elle constitue notamment un atout essentiel pour les communes qui ont peu de capacités financières pour acquérir du foncier mais qui souhaitent néanmoins une forte cohérence des opérations sur leur territoire » , CAUE, atelier URBA, Les orientations d’aménagement, un outil de projet pour les PLU en faveur du développement durable, 2008.

2 Henri Jacquot, Les Orientations d’Aménagement et de Programmation OAP, Fiche 2, objets, formes et portée juridique des OAP d’aménagement.


23

Cette grande importance de la part de «programmation» dans l’élaboration des OAP, est la raison pour laquelle le terme «programmation» inclut dans son intitulé est souvent considéré comme relatif à l’aspect conceptuel-programmatique. En conseil comme en assistance à maîtrise d’ouvrage, le travail de programmation est le même, il consiste en la compréhension du contexte d’intervention ou de réflexion, l’anticipation de son évolution, ou des différents scénarios d’évolution possibles, la maîtrise des attentes et des réserves de la collectivité, le développement d’une, de plusieurs, parfois même de toutes les variantes d’aménagement possibles en réponse aux données recueillies et synthétisées, et l’aboutissement à une organisation finale optimale et équilibrée. L’ensemble de ces étapes est constamment animé par des échanges, des réunions, des concertations, et des recherches afin que le résultat réponde aux besoins de la majorité des intervenants mais aussi des concernés non intervenants. La complexité du schéma des intervenants concernés par l’OAP, l’échelle d’intervention, l’emprise de l’impact de l’opération sur le territoire rendent la programmation urbaine bien plus complexe que la programmation architecturale Les enjeux, les facteurs de variation et les caractéristiques de la programmation urbaine Les enjeux de la programmation urbaine sont divers ; spatiaux, démographiques, sociaux, économiques, environnementaux, paysagers, urbains, de durabilité... ce qui nécessite un arrêt plus attentif sur la lecture de l’état des lieux, et une réflexion plus prudente en conception ou en aménagement. Ces éléments ont, naturellement, une grande incidence sur la durée de programmation. Certes les opérations d’aménagement ne se ressemblent pas, ce qui impacte également le processus de programmation. Plusieurs facteurs peuvent intervenir dans ces variations, notamment des facteurs relatifs au secteur en question, sa localisation, sa taille, sa topographie, d’autres relatifs à l’environnement du secteur, la zone dans laquelle il s’intègre, le contexte paysager, son accessibilité, ses connexions viaires et douces, ses percées visuelles, les typologies environnantes, mais également les réseaux existants, les risques naturels... D’autres facteurs sont plutôt liés à l’importance de la commune, à l’importance de la maîtrise d’ouvrage, à l’ensemble de ses attentes en matière d’affectation, de densité, d’agencement, de traitement, paysager, de pratiques sociales... mais également aux différentes postures et personnalités des intervenants, au schéma complexe d’acteurs, au déroulement des échanges...


24

Les facteurs de “management” et de gestion financière ont également une incidence majeure sur le programme, sa vocation, son contenu, sur l’importance de la procédure l’accompagnant, sur la durée de sa réalisation, et forcément sur la qualité du projet final. Les qualités professionnelles du programmiste (ses capacités de communication, de persuasion...), son expérience en programmation ou en métiers connexes, le déroulement de l’échange et de la concertation, sont aussi des éléments subjectifs qui peuvent enrichir le processus de réflexion, faire émerger des solutions complémentaires et améliorer la qualité finale du programme. Suite à ce qui précède, il semble clair que la programmation urbaine est très dure à définir de manière précise ou standardisée comme c’est le cas pour différentes disciplines. La pluridisciplinarité de ses outils, la grandeur et la complexité de ses contraintes contextuelles et humaines (aspect multi-acteurs) font qu’elle est une activité très variable et très contextuelle. Elle comprend ainsi une grande part “d’improgrammable”, chose qui explique le non consensus théorique autour de la définition et du cadrage de ce métier.


25

La programmation architecturale Forme et processus La programmation architecturale rentre notamment dans le cadre des opérations de construction ou de réhabilitation pour la création d’Equipements Publics, tertiaires, industriels, logements... Tout comme la programmation urbaine, la programmation architecturale est un travail de compréhension, d’analyse, de définition et de formulation des besoins de la maîtrise d’ouvrage après assistance à l’amélioration de ses attentes. La programmation architecturale semble s’intéresser au nouvel ouvrage à construire plus qu’à son contexte, du fait qu’une grande partie de l’analyse est focalisée sur les besoins spatiaux, les besoins surfaciques, les connexions spatiales internes, les circulations horizontales et verticales, et à l’agencement de tous les usages au sein du nouveau bâtiment. Pourtant l’aménagement du foncier ou de la parcelle en question est très important. La prise en considération de l’environnement du projet et de la couture de ce dernier au sein d’un contexte élargi, est aussi essentielle pour une homogénéité d’intervention et une bonne intégration. Le schéma d’acteurs impliqués dans l’opération de construction, est généralement moins complexe, et se compose principalement de: la maîtrise d’ouvrage, du programmiste, des futurs usagers de l’équipement (ou des représentants des usagers) , de la maîtrise d’oeuvre et des expertises connexes. Néanmoins, dans le cas d’une intervention sur un patrimoine historique, l’Architecte des Bâtiments de France ABF, la Diection Régionale des Affaires Culturelles DRAC, l’Architecte en Chef des Monuments Historiques ACMH et d’autres intervenants partenaires deviennent des décideurs majeurs du projet ; leur intervention impacte généralement la durée en plus du programme fonctionnel de l’opération.


26

les enjeux, les facteurs de variation et les caractéristiques de la programmation architecturale Bien que les enjeux majeurs soient relatifs à l’agencement spatial et aux besoins exprimés, l’opération de construction ne peut être considérée en dehors de son contexte général, et donc son contexte urbain, puisqu’elle a un grand impact sur celui-ci. Elle impacte son contexte visuellement en façonnant son rendu paysager, socialement en créant de nouveaux usages ou en modifiant des pratiques et des usages habituels, spatialement en conditionnant les accès et les connexions du site, et économiquement en impactant l’attractivité du site. Dans le cas d’une intervention sur un patrimoine historique , l’enjeu majeur devient culturel, symbolique et affectif et concerne l’acceptation, le refus ou les réserves que le projet peut provoquer essentiellement chez les habitants. Dans cette optique d’indissociabilité de l’ouvrage de construction de son ensemble urbain, visible fortement dans des territoires de petites tailles, mais aussi valable dans toutes les opérations de construction et donc d’insertion d’un bâtiment dans un site donné, on peut s’interroger sur l’indissociabilité même de la programmation architecturale de la programmation urbaine, en méthodes, en démarches et en outils. Les facteurs de variabilité, peuvent quant à eux différer relativement dans un contexte construit. En effet, à l’instar de la programmation urbaine, le processus de programmation architecturale dépend de plusieurs facteurs: Les données les plus décisives concernent la vocation future du projet, le type d’usages, à savoir l’ensemble des fonctions qu’il abritera, les liens voulus entre ces fonctions, les contraintes relatives à la circulation dans le bâtiment, le type d’usagers, leur catégorie sociale, leurs besoins quotidiens, leurs pratiques professionnelles… en plus du budget alloué à l’opération. D’autres facteurs, liés au contexte urbain, tels que la localisation, le contexte d’insertion, les accès possibles au site, les connexions et les rapports aux autres équipements environnants interviennent dans la variation de cette démarche d’un projet à un autre… Le facteur réglementaire relatif à l’ensemble des normes et des réglementations (Equipement recevant du public ERP, normes d’accessibilité, réglementation sécurité-incendie, normes sanitaires...) à respecter selon la typologie du programme impactent également le programme. La maîtrise d’ouvrage a également tendance à avoir des exigences plus précises dans les opérations de construction, autant sur les aspects fonctionnels et techniques que sur les points conceptuels relatifs au volume à bâtir, à son enveloppe...


27

L’expérience du programmiste ainsi que son expertise architecturale (les programmistes en France étant généralement des architectes de formation)1, permettent également d’enrichir la programmation et de proposer des idées et des solutions intéressantes.

LE PROGRAMMISTE

LE PROGRAMMISTE

Schéma récapitulatif «Les facteurs principaux de la variabilité de la programmation»,

1

Interrogés : 285 / Répondants : 284 / Réponses : 393. Pourcentages calculés sur la base des réponses, L’exercice de la programmation architecturale et urbaine en France, Recherche menée dans le cadre du réseau RAMAU, Plan Urbanisme Construction et Architecture.


28

Structure du flux d’informations -Architectural programming: «Providing essential knowledge of project participants needs in the pre-design phase» , par Stefan FAATS

Influence du coût sur le cycle de vie du projet -Architectural programming: «Providing essential knowledge of project participants needs in the pre-design phase» , par Stefan FAATS


29

CHAPITRE 3:

DÉMARCHE E T OUTILS

Démarche et supports de programmation Comme support de son travail de programmation, le programmiste s’engage auprès de son client à produire les différents documents nécessaires à la gestion du projet et au lancement de la procédure du choix de la maîtrise d’oeuvre. Ces documents sont réalisés dans l’ordre suivant : L’étude d’opportunité ou l’étude de faisabilité, le préprogramme, et le programme technique détaillé (contenant le programme fonctionnel et le programme technique). Cette phase est suivie par la production, dans le cadre de l’assistance à maîtrise d’ouvrage, de l’ensemble des documents contractuels correspondant au code des marchés publics. Le programme technique détaillé est le document principal résultant de l’étape de programmation.

« Le programme du maître de l’ouvrage est la pièce maîtresse en amont d’une opération. Si les éléments quantifiables et techniques sont assez faciles à définir, les éléments fonctionnels, qualitatifs et évolutifs le sont moins. Pendant toute la phase d’études, le projet de la maîtrise d’œuvre devra respecter les besoins, les contraintes et exigences exprimées dans le programme » 1

A l’instar de la démarche de la programmation, le programme technique détaillé, est lui même un support unique, il est conditionné par le projet, et par tout les facteurs cités précedemment. Il existe, néanmoins, un référentiel sur lequel on peut baser un PTD, en partant de son rôle principal qui consiste en la définition des besoins, des contraintes et des objectifs de l’opération ainsi que le cadrage de ses moyens financiers et de ses exigences calendaires.

1 Hervé Debaveye et Pierre Haxaire, Contenu du programme, « 170 séquences pour mener une opération de construction..


30

Le contenu suivant, nous semble constituer une base assez exhaustive pour l’élaboration d’un programme technique détaillé. Il a été dressé à partir de trois sources : - L’ouvrage intitulé «170 séquences pour mener une opération de construction.» de Hervé Debayeve et Pierre Haxaires ( en bleu ) - Le rapport de l’Institut des Routes des Rues et des Infrastructures pour la Mobilité intitulé «maîtrise d’ouvrage de projets d’aménagement, aide au choix du maître d’oeuvre»( en jaune ) - Des éléments complémentaires relevés au sein de l’ADAUHR ( en rouge )

Le Programme Technique Détaillé : • Préambule:

-Les besoins identifiés par le maître d’ouvrage -Le but de l’opération et les réponses attendues • Présentation de l’opération:

-Le périmètre de l’opération -Le cadre réglementaire de l’opération -Les parties intéressées par l’opération -Les futurs usagers de l’opération -Les personnes externes en lien avec l’opération • Principaux objectifs qualificatifs de l’opération:

-Qualité du service à rendre -Qualité du cadre bâti -… • Contexte physique et urbain de l’opération:

-Etat des lieux : Site : Situation, topographie, propriétés, risques, climat… -Aménagements : Desserte, accès, aménagements urbains, transports, réseaux… -Environnement : Typologies du bâti, percées visuelles, équipements, paysages environnants… -Pratiques et usages : Flux, itinéraires, usagers réguliers/irréguliers, groupes sociaux, pratiques stables/instables… -Réglementation : Urbanisme appliqué à la zone, servitudes et contraintes particulières, règlements particuliers, intercommunalité…


31

• Fonctionnement de l’équipement

-Principe de fonctionnement général: Rapports entre les fonctions et entre les groupes d’activité -Description des activités et affectation des espaces : Volumes et sur faces (tableaux surfaciques), exigences de fonctionnement : éclairage, acoustique, hygrométrie, sécurité… exigences pour les prestations tech niques de l’équipement en fonction de l’entretien, mobilier… -Les principes de circulation et schémas d’usage -Les prescriptions architecturales et techniques -Les fiches d’espace -Les études disponibles en lien avec l’opération -Les pistes à explorer lors du déroulement du projet, les optimisations

• Contraintes et exigences

-Urbanisme, aménagement et architecture ; attentes du MOA -Réglementation générale ; ERP, accesibilité, thermique, acoustique, code du travail, sécurité et hygiène, DTU… -Contraintes réglementaires: Régles d’urbanisme, réseaux, risques... -Exigences techniques : Economie d’énergie, production d’eau chaude par capteurs solaires, seuils minimaux… -Contraintes et exigences de fonctionnement : Gardiennage, sécurité incendie et secours, maintenance et fonctionnement, traitement, recy clage et évacuation des déchets. -Les contraintes de gestion foncière de l’assiette de l’opération -Les contraintes du site et coactivité dans le périmètre de l’opération • Exigences de délais et de coûts

-Exigences de délais : -Phasage ou tranches -Calendrier général prévisionnel : calendrier d’étude, calendrier de validation et de concertation, calendrier de réalisation, de livraison et de commercialisation -Date de mise en service -Livraisons partielles et mise à disposition anticipée de certaines zones -Exigences financières : -Coût des travaux de bâtiment et VRD (investissement et fonctionn ment) -Rémunération de la maîtrise d’œuvre -Rémunérations diverses -Contraintes et échéances liées aux subventions et budgets

«170 séquences pour mener une opération de construction.» Contenu du programme, «maîtrise d’ouvrage de projets d’aménagement, aide au choix du maître d’oeuvre», IDRRIM, 3 mai 2013. Eléments complémentaires, relevés au sein de l’ADAUHR


32

Les outils de programmation On distingue entre deux types d’outils de programmation ; des outils de recherche et des outils de rendu. Pour sa recherche, le programmiste dépend de deux sortes d’informations: Des informations matérielles « tangible data » faciles à recueillir et qui regroupent des informations quantitatives relatives au relevé du site, statistiques, études, réglementation…et « intangible data » ou informations immatérielles relevant de la recherche empirique sociale et des méthodes de recherche (interviews, workshops, questionnaires, ateliers participatifs…) Le programmiste utilise différents outils pour formaliser son programme, ces outils varient entre des outils d’expression rédactionnelle et des outils d’expression graphique. En effet, afin de réaliser son programme technique détaillé, le programmiste rédige un programme succinct et exhaustif englobant l’ensemble des données énumérées précédemment. Certaines parties du programme nécessitent, néanmoins des éléments graphiques pour permettre au maître d’œuvre de visualiser plus facilement les contraintes relevées par le programmiste et les attentes du maître d’ouvrage. L’introduction du programme est souvent illustrée pour rendre compte de l’emprise, la localisation et l’orientation du site en question. La partie état des lieux, ou diagnostic peut également comporter des cartes schématisant les contraintes du site ou des relevés de plans, de façades…dans le cas d’un bâtiment. L’expression graphique est également importante pour énoncer et décrire, le plus précisément possible, les exigences en matière de fonctions, d’agencement et de liens entres les groupes de fonctions. Pour cela, on utilise généralement des organigrammes schématiques, afin de ne pas être trop précis ou directif, et de laisser la grande liberté à la créativité du maître d’œuvre. Les schémas d’orientation, aident également à récapituler les priorités d’aménagement du maître d’ouvrage et de dresser le cadre d’intervention du maître d’œuvre.


33

Les tableaux surfaciques sont des outils servant à recenser les besoin fonctionnels et leurs équivalents surfaciques. Les fiches d’espace permettent de simplifier la lecture des besoins techniques relatifs à chaque espace, en matière de : localisation, liaison, caractéristiques, surface, fonctionnement, matériaux, équipements techniques, aménagements particuliers… Le calendrier prévisionnel est l’un des outils majeur de la programmation, il organise ls différentes phases du projet dans le temps, généralement grâce à un tableau de trois colonnes : phase, période, durée. Le calendrier de phasage, généralement accompagné de schémas décrivant le phasage, indique le numéro de phase, le type d’intervention à réaliser, la durée équivalente et les observations à prendre en compte. Les tableaux financiers, placés souvent à la fin du programme restent les éléments les plus décisifs en programmation, il décrivent la répartition du budget selon les différentes affectations (lots, aménagements, équipements, tranches fermes et conditionnelles...), et annoncent l’estimation totale des travaux.

« l’edification doit ainsi être envisagée par le concepteur du point de vue des besoins liés à la survie des hommes dans leur environnement « NECESSITAS », des usages suscités par les désirs « COMMODITAS » et de leur beauté qui suscite le plaisir « VOLUPTAS » . Introduction de l’ouvrage Leon Battista Alberti, l’art d’édifier, traduit du latin, présenté et annoté par Pierre Caye et Françoise Choay, Paris, Le seuil, coll. «Sources du savoir» 2004, p.20


34

“ARCHITECTURE OF DENSITY”, Photographie de Michael Wolf, Hong Kong


35

PARTIE II /LA PROGRAMMATION ENTRE LE POLITIQUE ET LE SPATIAL


36

CHAPITRE 1:

L E J E U D ’ AC T E U R S M O A - A M O - M O E E T AU T R E S

Des acteurs et des postures Comme cité précédemment, l’un des facteurs principaux de la « variabilité » de la démarche de programmation est le schéma d’acteurs intervenants. La multitude d’acteurs, la complexité de leur système d’interactions, la diversité de leurs ambitions et leurs intérêts, complique le processus de montage d’une opération, mais en même temps, l’enrichit. Dans l’article « les acteurs du projet urbain et leurs motivations » du blog « villedurable.org », les intervenants sont catégorisés selon leur positionnement par rapport au projet ; touchés, concernés ou intéressés. Nous reprenons donc cette catégorisation en apportant quelques précisions recueillies à partir du cadre d’exercice dont nous témoignons. - Les décideurs: ou la maîtrise d’ouvrage, à savoir les élus, le maire, le président de l’intercommunalité…concernés, (ainsi que des chefs de service des administrations ayant un pouvoir décisionnel sur le projet), que ce soit en terme de financement, d’orientation stratégique ou de validation. Leur rôle est le plus responsabilisant ; décider de la vocation du projet, de son contenu et de sa cible, mais aussi le financer et rassembler l’ensemble des ressources nécessaires au lancement de l’opération et sa réalisation. - Les opérationnels: il s’agit des acteurs en charge de la gestion concrète du projet : le chef de projet auprès de la maîtrise d’ouvrage, l’assistant à maître d’ouvrage et/ou le programmiste, les collaborateurs des administrations impliqués dans la structure opérationnelle (équipe de projet), voire des représentants d’usagers. Leurs rôles sont divers et rassemblent gestion, organisation, programmation, suivi du projet. Leur responsabilité est de suivre les directives de la maîtrise d’ouvrage et de parvenir à une bonne traduction de sa volonté afin de parvenir à un projet spatial adapté au projet politique. Ils ont en plus de la responsabilité de la gestion technique, le devoir d’assurer le contrôle et le suivi financier mais aussi temporel de l’opération, et d’anticiper les imprévus susceptibles de surgir durant des étapes avancées de l’opération. - Les mandataires: On peut y intégrer , de façon générale la maîtrise d’œuvre (architectes, bureaux d’étude) et les collaborateurs externes (consultant stratégiques,


37

sociologues)… ils interviennent sur un ou plusieurs aspects du projets en tant que consultants, techniciens ou exécuteurs, et son considérés comme des « intéressés » par le projet de façon objective. Ils ont en général des missions d’études, de conception et de réalisation. Les usagers: entrent dans la catégorie des acteurs touchés directement et concernés par le projet, ils sont essentiels dans toutes les phases du montage du projet, du fait qu’ils ont des maîtrises spécifiques et pratiques du contexte environnemental, social, économique et urbain. De par leur usage et leur proximité des sites de projets, ces interlocuteurs apportent des solutions clés aux problèmes d’usages et de fonctionnalité, et sont très précis sur différentes questions. Ils apportent une vision pratique aux questions de mobilité, transports, stationnements, itinéréraires fréquents, flux, nœuds, zones insécurisées… quand il est question d’une programmation urbaine, mais aussi des pratiques des espaces intérieures, des besoins, des habitudes et donc des priorités spatiales quand il s’agit d’une programmation architecturale. Leurs expériences pratiques apportent aux programmistes des éléments qui échappent à l’observation des personnes externes au contexte. Les propriétaires: englobent les personnes physiques ou morales possédant des propriétés dans le site d’intervention. Les prioritaires ont un pouvoir décisionnel indirect à travers leur possibilité de s’ouvrir ou de s’opposer complètement au projet. Ils sont intégrés à l’opération depuis l’idée de son lancement afin de les impliquer et leur faire porter le projet, les convaincre mais aussi afin de recueillir leurs avis et leurs réserves. Les habitants: Usagers indirects des futurs projets de construction ou d’aménagement, les habitants restent la cible privilégiée de toute opération, leur satisfaction est donc majeur pour l’avancement et la réussite du projet. Etant un groupe fortement hétérogène, de par leurs diverses classes sociales, économiques, intellectuelles... les habitants s’organisent toujours en trois groupes face aux nouveaux projets ; partisans, opposés et neutres (indifférents inclus). La multitude de leurs opinions ainsi que de leurs intérêts, rend complexe leur convergence, ce qui impose un processus de participation, d’implication et de concertation aux maîtres d’ouvrage (soucieux des usagers).


38

Des schémas d’intervention complexes Dans le schéma suivant, Michel Conan et Michel Bonetti définissent la démarche générative de programmation-conception et de conduite de projet. Cette démarche s’intéresse à un trio d’acteurs séparant le comité de pilotage de l’équipe opérationnelle et du groupe d’usagers, elle considère ainsi que la programmation ou l’assistance à maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’oeuvre agissent « ensemble» en interagissant avec les autres groupes d’acteurs d’une part pour se concerter et de l’autre pour débattre et décider. Elle schématise les rapports de manière sommaire en étant exhaustive sur le nombre et les temporalités d’interactions des opérationnels avec les décideurs et les usagers.


39

La démarche générative de programmation-conception définie par Michel CONAN et Michel BONETTI, source: «Habitat, services, insertion urbaine des personnes âgées», CSTB, 1992, p.24


40

Ce deuxième schéma, réalisé sur la base des démarches effectuées au sein de l’ADAUHR, présente la démarche de conduite de projet de manière plus exhaustive et plus explicite sur les phases de programmation et de gestion de projet. En effet, dans ce schéma nous choisissons de différencier les catégories d’acteurs afin de rendre compte des actions indépendantes, des interactions bidirectionnelles et des actions multidirectionnelles développées tout au long du processus projet. Elle distingue la maîtrise d’ouvrage, de l’équipe de programmation ou d’assistance à maîtrise d’ouvrage, de la maîtrise d’œuvre, des usagers (usagers futurs, habitants, propriétaires…) et des collaborateurs externes. Elle schématise également leurs interventions et leurs interactions dans des temporalités différentes de la vie du projet, en les intégrant au fur et à mesure au schéma initial.


41

MOA

AMO

Volontés, exgences, et orientations

Premier abord du contexte

Débat et cadrage Diagnostic, études, état des lieux Débat, mise à jour, avancement Modifications, premières orientations

USAGERS, PROPRITAIRES, HABITANTS

COLLABORATEURS EXTERNES

Avis, réserves, et exigences

études techniques, assistance

PROGRAMMATION Environ 12 semaines

Débat, mise à jour, avancement Schémas de fonctions et d’usage Validation Pré-programme Validation Programme Validation

CHOIX MOE Environ 12 semaines

Procédure de choix du MOE Choix du MOE

MOE Esquisse, APS, APD... Choix des entreprises

Validation et suivi

Travaux, réception Mise à disposition

ENTREPRISES

ETUDES Environ 4-5 mois CHOIX ENTREPRISES Environ 5 mois TRAVAUX Environ 2-3 ans

Proposition de schéma descriptif des: «rapports, interactions et déroulement d’une opération»


42

Des langages, des moyens et des outils différents En plus de la complexité du jeu d’acteurs et du schéma de leurs interventions, la divergence, si ce n’est l’opposition, des langages des différents interlocuteurs est un autre enjeu à gérer lors de la programmation. En effet l’un des plus grands défis de la programmation est de faire face aux nombreux langages de communication des intervenants. Les plus importants à gérer sont ceux relatifs aux interactions MOA-USAGERS et MOA-MOE. Dans le premier type de rapports, la maîtrise d’ouvrage, déploie un langage politique, économique et socio-politique. Ses objectifs seront exprimés par des volontés de projet environnementaux, sociaux, et politiques plutôt que spatiaux. Ainsi on parlera de mixité, de densité, d’urbanité, d’écologie, de partenariats, de rapports intercommunaux...et on se basera pour forger sa communication sur des statistiques démographiques, des études environnementales, des diagnostics sociologiques et géographiques... Les usagers, qui dans leur rôle de praticiens de l’espace s’expriment en utilisant des termes plus pratiques et plus simples évoqueront des concepts de : proximité, de voisinage, d’itinéraires, de temps, de sécurité...leurs outils seront limités au vécu et à l’observation, mais seront plus pragmatiques et mieux vérifiés. Dans le rapport MOA-MOE, les langages sont encore moins communs, parce que différement aux projections à long terme et aux suppositions d’évolution sur lesquels se basent généralement la maîtrise d’ouvrage publique, les maîtres d’oeuvre se basent sur des échelles de temps et d’espaces plus précises. La maîtrise d’oeuvre parle un langage scénographique, autrement dit, un langage à la fois conceptuel et technique. Les concepts qui reviendront sont similaires à : l’ouverture, la transparence, la perméabilité, les percées visuelles, le confort, les connexions, les ambiances... pour ce qui est de l’usage, et un langage très technique pour les travaux: dimensions, emprises, matériaux, dispositifs sécuritaires, réseaux d’assainissement, réseaux viaires....


43

SchĂŠma illustrant ÂŤ la divergence des langages des acteurs intervenants dans le processus du projetÂť


44

CHAPITRE 2:

L ’ E S P AC E E T L A P O L I T I Q U E , L ’ E S P AC E D A N S L A P O L I T I Q U E L’espace, l’idéologie et la politique L’espace et la politique ont toujours été des concepts étroitement liés. Qu’il s’agisse d’une réflexion d’espace comme lieu d’exercice et de participation à la politique, d’espace politique ou d’espace idéologique comme moyen politique d’action sur la société (longtemps analysé par les philosophes), ou inversement comme espace social a impact politique, l’espace public a toujours constitué un champ d’étude indissociable de la politique quelle que soit sa forme. L’idée de l’espace comme lieu d’exercice ou de participation politique nous renvoie directement à l’essence même des « lieux de vie » pendant l’antiquité où dés lors, dans la Grèce antique, l’espace était découpé selon une bipartition claire; différenciant le monde économique et familiale du monde politique autrement dit, l’espace privé, de l’espace publique, OIKOS et POLIS. Polis étant un ensemble de places publiques où la chose publique est centrale et où la participation civique prend forme, principalement à l’Agora, lieu essentiel des rites religieux et des procédures de justice de la part de la communauté durant la période archaïque, qui se transformera pour accueillir la fonction politique et deviendra à partir de l’époque classique le lieu de rencontres et d’échanges par excellence. L’espace idéologique, ou l’espace comme champ d’expression et de propagation d’idéologies a été longtemps étudié par les philosophes tels que Henri LEFEBVRE qui considère l’espace ou le lieu urbain (construction comprise) comme base de départ de toute réflexion idéologique et de toute « constitution » d’une idéologie, religieuse soit elle ou politique. Il est également, et inversement, le champs de son expression et de son développement. « La notion d’idéologie, frappée d’obsolescence, périclite même si la théorie critique admet encore sa nécessité. Jamais ce concept ne s’élucida ; on en a abusé : idéologie marxiste, idéologie bourgeoise, idéologie prolétarienne, révolutionnaire, socialiste, etc. – distinctions incongrues entre l’idéologie en général et les idéologies particulières entre “appareils idéologiques ” et institutions du savoir, etc. Qu’est-ce qu’une idéologie sans un espace auquel elle se réfère, qu’elle décrit, dont elle utilise le vocabulaire et les connexions, dont elle contient les codes ? Que serait l’idéologie religieuse, en l’espèce judéo-chrétienne, si elle ne se basait pas sur les lieux et leur nom : l’église, le confessionnal, l’autel,


45

le sanctuaire, la chaire, le tabernacle, etc. ? Que serait l’Eglise sans les églises ? L’idéologie chrétienne, véhiculant un judaïsme reconnaissable et méconnu (Dieu le père, etc) a créé des espaces qui assurent sa durée. Plus généralement, ce que l’on nomme “idéologie” n’acquiert de consistance qu’en intervenant dans l’espace social, dans sa production, pour y prendre corps. En soi, ne consisterait-elle pas surtout en un discours sur cet espace ? […] L’idéologie, en tant que distincte du savoir, se caractérise par la rhétorique, le métalangage, donc le verbiage et l’élucubration […] Plus encore : idéologique et logique peuvent se confondre, dans la mesure où la recherche obstinée d’une cohérence et d’une cohésion extirpe les contradictions par le haut – information et savoir – et par le bas, l’espace de la vie quotidienne. Une représentation de l’espace a pu mêler idéologie et connaissance au sein d’une pratique (sociale-spatiale). Ainsi, typiquement, la perspective classique. De même, aujourd’hui, l’espace des planificateurs, celui de la localisation qui attribue à chaque activité un lieu ponctuel [le zoning, la séparation des fonctions du mouvement moderne]1 . L’idéologie et le savoir mal discernables entrent dans le concept plus large de représentation, qui supplante dès lors celui d’idéologie. Ce concept peut servir d’instrument (opératoire) pour l’analyse des espaces ainsi que des sociétés qui les ont générés et se saisissent d’eux. » 2 L’espace social, notion plus récente renvoie au pouvoir des pratiques communautaires sur l’appropriation et la transformation spatiale. Un lieu est donc en plus de ce qu’il a été conçu pour, à l’image de comment il est vécu et pratiqué. Dés lors que les groupes construisent un rapport communautaire autour de l’espace ils lui profèrent un pouvoir social, souvent en réponse ou en réaction à un autre pouvoir politique.

1 Souligné par « idéologie urbaine et pensée politique dans la France de la période 1958-1981. Grégory Busquet 2 183 LEFEBVRE (Henri) (1974), La Production de l’espace, Paris, Anthropos, 2000, pp. 54-56 Figure Plan de l’acropole d’Athènes, http://www.agathe.gr/guide/


46

L’espace, et les politiques spatiales L’espace est donc indéniablement le premier champ d’expression de la politique et de l’ensemble de ses idéologies, il est le socle de son exercice et de son développement, et c’est pour cela que sa gestion a toujours été de la responsabilité de l’état. Parce qu’en plus d’une volonté d’organisation (à l’opposée d’une anarchie) (idée également politique), l’espace est un lien essentiel entre l’état et ses citoyens. La politique de centralisation en France comme ailleurs, illustrait cette responsabilité étatique sur l’espace de manière explicite. Néanmoins, la conscience de la « complexité » de la gestion centralisée, forcément normalisée, incontextuelle, parce que lourde, lente et inconsciente des contraintes et des spécificités « locales » a donné naissance à la décentralisation1, responsabilisant les collectivités locales des « affaires territoriales » et de l’ensemble des interventions spatiales dans le territoire. Toujours dans un souci de gestion mais aussi dans une optique de décision. La loi MOP est d’ailleurs, dans sa responsabilisation des collectivités locales des programmes autrement dit de la vocation, de l’affectation, de la localisation, de la taille et de l’articulation de tout projet spatial, une preuve de l’évidence de l’imbrication politique/social. La conscience du rôle de l’espace comme « porteur » d’une ou de plusieurs politiques est aussi exprimée clairement dans le code de l’urbanisme, aux articles relatifs aux OAP: « Les orientations d’aménagement et de programmation peuvent définir les opérations nécessaires pour mettre en valeur l’environnement, notamment les continuités écologiques, les paysages, les entrées de villes et le patrimoine, lutter contre l’insalubrité, permettre le renouvellement urbain et assurer le développement de la commune ; Favoriser la mixité fonctionnelle en prévoyant qu’en cas de réalisation d’opérations d’aménagement, de construction ou de réhabilitation un pourcentage de ces opérations est destiné à la réalisation de commerces ; Comporter un échéancier prévisionnel de l’ouverture à l’urbanisation des zones à urbaniser et de la réalisation des équipements correspondants ; Porter sur des quartiers ou des secteurs à mettre en valeur, réhabiliter, restructurer ou aménager ; Prendre la forme de schémas d’aménagement et préciser les principales caractéristiques des voies et espaces publics ; Adapter la délimitation des périmètres, en fonction de la qualité de la desserte, où s’applique le plafonnement à proximité des transports prévu aux articles L. 151-35 et L. 151-36. » L. 123-1-4. Cet extrait souligne les différentes responsabilités et objectifs « politiques » que l’OAP est censée atteindre. Ces volontés sont diverses et touchent autant le secteur de l’environnement, du paysage, du patrimoine, que de la mixité, de l’économie, des transports…et décident même de la « légalité » de l’opération. Puisque, ces actions ou opérations, pour être légales, doivent poursuivre l’un des buts visés à l’article L. 123-1-4, . 1

Politique visant le transfert des pouvoirs décisionnaires et des compétences administratives de l’état vers ses entités locales (Wikipedia). En aménagement elle est marquée par le passage des stratégies d’aménagement systémiques et normatives, à la notion du projet urbain, un projet réalisé dans un contexte local à partir d’une gestion locale.


47

L’espace comme image de la politique Dans son commentaire sur les espaces naturels protégés, Lionel Laslaz géographe et maître de conférence à l’université de Savoie, affirme que les parcs protégés sont un reflet franc du régime politique les gérant : «… Bien sûr, la nature des régimes intervient également, un système autoritaire va parfois sanctuariser un espace pour des raisons économiques, politiques ou ethniques, et cela avec des moyens forts de coercition. Ces régimes utilisent parfois ce prétexte pour sédentariser des populations nomades ou, à l’inverse, exclure des populations sédentaires, ce que l’on appelle le « déguerpissement ». Un espace protégé est une création politique. “

Les deux architectes suisses Herzog et De Meuron, approuvent et considérent que le projet architectural est toujours face au meme enjeu politique dans sa localisation et sa conception, puisqu’il reflète l’idéologie globale et le régime politique de son contexte: “Paris dépend toujours de cette précision géométrique, haussmannienne. On ne peut pas mettre n’importe quoi n’importe où. Autrement, on détruirait la ville. À Londres, la liberté totale, capitaliste, économique aide au succès de la ville. Paris a été la première ville au monde dans le passé, avec ce sens du contrôle, à cause de la monarchie et de la volonté absolutiste qui ont créé la langue, les classifications… tout a toujours été basé sur la structure. Alors qu’à Londres, c’est cette absence de structure qui fait le succès. L’architecture est toujours le reflet politique d’une ville. Elle doit exprimer une pensée intellectuelle, sinon nous, architectes, nous ne serions que des décorateurs. Faire une ville plus agréable pour que les gens vivent mieux, c’est notre but. Quand on est architecte, on est toujours optimiste, parce que nous faisons des bâtiments et un bâtiment, c’est toujours optimiste. Puisqu’il est fait pour un monde qui veut vivre.”

Il est certes difficile d’affirmer que l’espace est toujours « le reflet de la politique », du fait que les champs d’actions de la politique sont divers. Pourtant, presque tous les domaines de l’action publique et de l’action politique sont à un moment ou à un autre face à la question de l’espace; Les objectifs politiques au niveau de la gestion territoriale, du patrimoine, de l’éducation, de la santé, de la politique environnementale…ont nécessairement besoin d’une spatialisation ; Une spatialisation de leurs objectifs à travers la création d’hôpitaux, de centres médicaux, d’écoles, d’espaces publics, de protection d’espaces réservés, d’entreprises, de centres de recherches…


48

Parallèlement, les espaces, les zones, et les constructions expriment à leur tour, à travers leurs localisations, leurs tailles, et leurs formes plusieurs « positions » socio-politiques ; De façon plus “illustrée” nous pouvons nous intéresser aux idées “politiques” derrières des choix d’aménagement relatifs aux usages mais aussi relatifs aux formes, aux volumes, aux matériaux et aux concepts architecturaux. Dans ce sens, une université placée en dehors de la ville exprimera un choix de “séparation”, ou d’éloignement” des populations étudiantes des centres urbains. Un espace public rond ou carré exprimera une volonté de création d’une mixité, d’une rencontre et d’un échange. Un espace linéaire aura une position plus intime et plus privée. Une façade vitrée évoquera la transparence et l’ouverture, pendant qu’un matériau opaque évoquera l’exclusion et la fermeture…

Cette idée nous renvoie automatiquement à la question du rôle majeur de l’espace dans l’expression des réalisations politiques, autrement dit, l’espace comme indice d’évaluation des politiques. En effet, si l’on considère que l’espace permet de « visualiser » les politiques ou leur offre des « formes » d’expression « visibles », on considère automatiquement que les politiques peuvent être jugées à partir des espaces qui en découlent. Une politique de santé peut ainsi être évaluée, entre autres, à partir du nombre de centres médicaux créés, une politique de transports selon les réseaux développés et les proximités créées, une politique d’éducation selon les établissements et leur qualité…. Dans le contexte des petites (à moyennes) communes haut-rhinoises, les maîtres d’ouvrages sont conscients de cette incidence directe de tout projet sur l’évaluation du mandat de l’éluI/ AetB, ce qui rend les opérations de construction et d’aménagement plus complexes et plus subtiles et rend l’ouverture sur la participation des usagers plus importante. Le programme devient ainsi un support encore plus important puisqu’en plus de cette responsabilité qu’il a d’“équilibrer” les enjeux politiques et les exigences techniques, il doit, à la fois, veiller à traduire de manière claire, concise mais également fidèle les volontés politiques de son maître d’ouvrage, mais aussi orienter un projet d’aménagement et de construction qui sera perçu comme expression politique.


49

Librairie Waanders In de Broeren à Zwolle Bk. Architecten

River Park Farm on East 29th Street Tom Colicchio’s Restaurant Group


50

CHAPITRE 2:

L E P R O GR A M M E C O M M E M É D I AT E U R E N T R E L E S P AT I A L E T L E P O L I T I Q U E

« La programmation urbaine consiste ainsi à formuler une vision d’avenir pour un territoire donné, cette vision étant le fruit d’un consensus obtenu dans le cadre d’un jeu d’acteurs complexe aux intérêts souvent disjoints. Une fois ce consensus exprimé, le rôle de la programmation est d’en tenir le fil rouge dans le temps, tout en restant suffisamment intelligente pour savoir s’ouvrir aux opportunités comme à la prospective. Car qui sait de quoi demain sera fait ? »1

La programmation urbaine, tout comme la programmation architecturale a un rôle d’intermédiaire ou de médiateur à assurer entre les différents acteurs intervenants dans le processus du projet, mais surtout entre leurs différentes postures et leurs différents langages et intérêts. Elle a, dans ce cadre, différents objectifs ou responsabilités2 envers chacun des groupes d’acteurs et différentes missions de médiation inter-acteurs : Vis-à-vis de la MOA3 : Le programmiste a d’abord la responsabilité de satisfaire les objectifs de son commanditaire. Etant un acteur politique, son client a principalement, à travers son projet de construction ou d’aménagement, des ambitions politiques économiques, sociales et urbaines. L’enjeu est donc de traduire et formuler les objectifs du projet au niveau politique, économique, social, et urbain. Le deuxième enjeu est d’aider la MOA à prendre des décisions en lui apportant de nouvelles variables facilitant la décision et l’arbitrage politique. Le travail du programmiste, dans ce cadre, consiste à collecter, hiérarchiser, synthétiser et communiquer les données, les contraintes, les besoins, les attentes et les exigences... Il recueille les informations auprès des décideurs, des services, des utilisateurs. Il consulte les études antérieures, les diagnostics techniques et les réglementations en vigueur... Etant une phase pré-opérationnelle, la démarche permet en terme deconcertation de discuter avec les différents acteurs du projet et de consulter des compétences extérieures... 1

Aptitudes urbaines, les visages de la programmation urbaine, février 2013 103 rue Lafayette, 75010 Paris - tel : 01 40 34 08 47 - fax : 01 56 16 40 82 apu@attitudes-urbaines.com - www.attitudes-urbaines.com

2

“La programmation en architecture et en aménagement”, CAUE de la seine maritime


51

Le volet «communication» de la démarche prend une part souvent déterminante pour valider les objectifs et faire adhérer les différents intéressés, notamment les utilisateurs. Il peut aussi apaiser les craintes des opposants au projet. Dans le cadre d’un projet d’aménagement urbain, cette démarche répond aux besoins de concertation avec la population. Vis-à-vis de la MOE: L’enjeu est de lui transmettre, sous forme d’un cahier de charges, l’ensemble des éléments nécessaires à l’élaboration du projet en les hiérarchisant. Pour favoriser le travail de collaboration entre le maître d’ouvrage et le maître d’oeuvre, il s’agit de définir les éléments du programme tout en permettant une certaine souplesse pour le choix des solutions architecturales et d’aménagement. 1 Le programmiste, pour ce faire, utilise l’ensemble des outils de programmation cités auparavant afin d’expliciter un programme assez exhaustif mais aussi assez “expressif” des exigences de la MOA sur les différents plans . Le programme fonctionnel ou l’organigramme de fonctionnement est le support visuel principal de cette “communication” puisqu’il dresse de manière précise les préconisations en matière d’agencement et de conception. Complété par les fiches d’espace, il est censé apporter au maître d’oeuvre les exigences impératives, les préconisations, et les reserves de la MOA, sans laisser d’ambiguité sur un ou plusieurs aspects. Le programmiste doit, néanmoins, être attentif à la limite de son travail, qui reste un travail d’orientation” et de “traduction” et non de conception, il doit ainsi être apte à bien transmettre sans figer et sans limiter la créativité du maître d’oeuvre. Vis-à-vis des usagers: La programmation porte également l’ambition de concilier entre les ambitions politiques et les priorités des habitants. Concrètement, le programmiste n’a pas de pouvoir décisionnel sur l’opération, il n’a donc pas le pouvoir d’intégrer les usagers dans l’élaboration du projet.II-A,B et C Néanmoins, lorsque la maîtrise d’ouvrage choisit de s’ouvrir sur un échange ou une concertation avec les usagers actuels ou futurs du projet, le programmiste se doit d’impliquer leurs besoins dans la formulation des besoins de la maîtrise d’ouvrage (bien sûr selon le degré d’implication voulu par la MOA). Quand la MOA ne fait pas le choix d’une concertation élargie, le programmiste reste, malgré la décision de son commanditaire, un “médiateur” inter-acteurs, et surtout “un responsable” d’opération, ayant pour mission de satisfaire l’ensemble des enjeux contextuels. Les besoins des usagers en faisant partie, il procède dans ce cas là par projection, en anticipant leurs réactions, leurs exigences et leurs réserves et en soulignant l’ensemble des contraintes et exigences fonctionnelles (esthétiques, symboliques…) à prendre en considération lors de la conception dans le souci de bien servir les usagers (ou les habitants). Ces projections peuvent découler des observations, des études sociologiques, des interviews antérieures à l’opération, de sa propre expérience, de la réglementation....

1

“La programmation en architecture et en aménagement”, CAUE de la seine maritime


52

Le programmiste est l’intermédiaire qui vient non seulement assurer le lien entre un savoir et un savoir faire, mais qui a la responsabilité de concorder les phases antérieures et les phases postérieures (amont et aval) au programme. Le programmiste aide le décideur à mieux exprimer voir même “forger” son projet; l’assistance programmatique apporte à la MOA un savoir enrichissant les objectifs du projet, sa rentabilité, son intégration, son évolutivité... Tout en orientant le plus précisément possible la MOE en lui raccourcissant la phase diagnostic et réflexion, afin d’optimiser son intervention au service de l’agencement, la conception, et la réalisation du projet. Pour réussir cette mission de médiation, la qualité essentielle au profil du programmiste est la multidisciplinarité. La personne en charge de la mission de programmation doit pouvoir concilier entre savoir technique, sociologique, politique, environnemental, architectural...et avoir des capacités managériales et communicatives développées. L’idée étant de pouvoir suivre l’évolution du projet sur ses différentes étapes, mais aussi intervenir et apporter une expertise précise sur ces différentes étapes et en collaborant avec les différents types d’acteurs. “Si j’avais à décrire le programmiste urbain physiquement, je dirais qu’il a un très grand nez pour le flair, de grandes oreilles avec une formidable capacité d’écoute. Il a une grande acuité, un cerveau complémentaire où les deux lobes de la créativité et de la raison scientifique sont à part égale. Il a aussi un regard pétillant et une grande culture de la ville. Il possède un charisme pour créer une culture commune de la situation posée. Au vu de toutes les compétences à maitriser, le programmiste urbain est plutôt une équipe pluridisciplinaire.” Arnaud DEVILLERS, Architecte et directeur de Faubourg 2/3/4, Aptitudes urbaines, «Les visages de la programmation urbaine», Newsletter N°6, Février 2013


53


54

Auteur inconnu


55

PARTIE III /LIMITES, OBSTACLES ET PROPOSITIONS


56

CHAPITRE 1:

O B S T AC L E S E T L I M I T E S

Les obstacles à la programmation La programmation urbaine comme architecturale, peut, à partir des deux premières parties, être considérée comme une démarche « singulière » dans le sens où elle dépend d’un système de thématiques et d’intervenants très complexe. Elle est comme cité dans le chapitre « formes enjeux et variabilités » une discipline variable, contextuelle, et personnelle. Une opération de programmation est toujours une opération unique. Néanmoins, elle est dans son caractère « singulier » sujette à nombreuses épreuves et nombreux obstacles et « risques ». En effet, la divergence des langages, des visions, des objectifs politiques, techniques, économiques, environnementaux… propre à chaque projet offre une infinité de possibilités d’incohérence, d’inadéquation et éventuellement d’échec de la mission même de programmation. Nombreux obstacles sont ainsi susceptibles d’entraver l’avancement d’une programmation, nous pouvons différencier entre des obstacles relatifs au projet, et des obstacles relatifs aux intervenants. Obstacles liés au projet II/ A,B et C: -Obstacles financiers : relatifs à une difficulté à mettre en place un financement, ou à avoir les subventions nécessaires pour l’opération ou pour une partie de son programme, ce qui nécessite une reclassification des besoins, et forcément le sacrifice d’un bon nombre d’options (parfois très essentielles),II/B -Obstacles administratifs : Comme une évolution très rapide des contraintes administratives (exemple : fusion obligée de collectivités) II/B -Obstacles réglementaires : Contraintes relatives aux marchés publics, d’autres liées à l’ensemble des réglements à intégrer dans la programmation, tels que les règlements d’accessibilité, de sécurité, sanitaires, thermiques, énergétiques…. Mais aussi à la difficulté du suivi de certaines réglementations en évolution (PLU, PLUI, PPRI) -Obstacles d’usages : tels que les transformations des besoins ou la « volatilité » des usagers, pouvant dépasser le programme et le rendre caduc (parfois durant le processus de montage). Exemple: fermeture de classes...II/B


57

Obstacles liés aux intervenants : -Liés à la maîtrise d’ouvrage : La nature du rapport client-prestataire (pouvant limiter la marge de maoeuvre du programmiste), la caractère et la posture politique parfois ferme et stricte, le manque de confiance en l’expertise programmatique, le manque de connaissances techniques, l’envie de s’affranchir de certaines réglementations (rare, mais pouvant conduire à une suspension voir à la fin de la collaboration)… -Liés à la maîtrise d’œuvre : Le non respect des directives du programme technique détaillé, la non prise en compte du travail de réflexion réalisé en amont par le programmiste, le dépassement du budget... II/A -Liés aux usagers : La non implication des concernés et des « spécialistes » II/C Autres obstacles externes: D’autres obstacles, relatifs à la procédure de la maîtrise d’ouvrage, et plus particulièrement, à la procédure de concours pour le choix de la maîtrise d’oeuvre peuvent impacter le programme. La clause d’anonymat, limitant toute communication entre la maîtrise d’ouvrage et les maîtres d’oeuvre potentiels, affecte systématiquement le travail du programmiste. Il se retrouve face à une élaboration de programme “à l’aveugle” sans concertation avec les candidats concepteurs. Cette règle est souvent aussi la raison pour laquelle les programmes sont réalisés de manière exhaustive afin de remédier au manque d’échange et de concertation.

Les limites de la programmation -Un support unique et écrit : sa seule production n’est pas suffisante pour la trasmission de toutes les exigences et préconisations de la MOA, si il n’est pas accompagné de commentaires verbaux. -Les données intransmissibles et immatérielles : plusieurs exigences (souvent fonctionnelles) relèvent de la perception et de la sensibilité, elles sont par définition complexes à traduire sur un PTD II/B -Le format du PTD peut également présenter des redondances : entre les descriptifs d’espace et les fiches d’espaces, répétant (souvent, surtout pour des projets de petites taille) les mêmes informations. II/B -La part rédactionnelle semble massive par rapport à la part graphique : les maîtres d’oeuvre, étant des intervenants « visuels » et techniques, sont plus ouverts et plus sensibles à une communication graphique. Mais par ailleurs, risquent de critiquer un PTD s’il est trop démonstratif, car c’est leur prérogative exclusive.


58

-Le côté exhaustif est parfois « lourd » : à vouloir TOUT transmettre et tout décrire, un PTD peut facilement devenir très directif et limiter la part de réflexion et de créativité du maître d’œuvre. -La normalisation des programmes : La plus grande limite de la programmation reste le risque de tomber dans le programme normatif ou systémique (retour aux problèmes de la centralisation ?), et de reproduire de manière normalisée et automatique les programmes fonctionnels de manière complètement ou partiellement incontextuelle.


59

CHAPITRE 2:

D U P R O GR A M M E N O R M A L I S É AU P R O GR A M M E C O M P O R T E M E N T A L

La pratique de la programmation a longtemps été considérée par de nombreux spécialistes comme démarche normalisée manquant de « mise en situation ». Les programmistes, devant respecter un nombre infini de normes et de règles, viraient souvent vers un usage systémique de « programmes fonctionnels » prêts à être utilisés, trouvés sur des manuels de programmation, ou copiés automatiquement à partir d’autres projets ayant la même vocation (et pas similaires, puisque deux programmes ne sont jamais similaires selon notre analyse). Cette vision réductrice de composition fonctionnelle normalisée est une pratique encore très courante chez les programmistes. Elle part d’une envie d’accélérer l’opération et d’une considération du programme comme dépendant principalement du type d’affectation. Les fonctions de base à programmer pour les hôpitaux seront ainsi toujours les mêmes puisque les activités sont les mêmes entre différents hôpitaux. Or, cette vision n’est pas approuvée par tous ; Les fonctions ne dépendent pas que de la vocation principale du programme mais surtout des pratiques spécifiques aux usagers de chaque programme. En effet, Face à cette approche « systémique » du processus de programmation, apparait la programmation « comportementale » ou la programmation “basée sur le comportement”. Apparue depuis le début des années 70 avec plusieurs scientifiques du «comportement» comme : Altman(1975), Lawton, Windley, Byerts(1982)... La programmation basée sur les usages ou les comportements des usagers « behavioral based programs » s’avère très bénéfique quand il s’agit de projets très spécialisés tels que les prisons, les hôpitaux, les équipements administratifs, où le programmiste ne peut pas cerner les besoins aussi bien que l’usager ou le praticien. La programmation comportementale dépend principalement des interviews directes avec les usagers pour la collecte d’information. Ces interviews doivent laisser libre champ à l’expression des usagers (en évitant les questions à choix multiples, en changeant de questions, en les laissant répondre librement…). Elle regroupe par la suite l’ensemble des réponses dans un tableau matrix pour organiser les données.


60

L’un des outils majeur de cette programmation est l’observation des comportements afin de relever les subtilités des pratiques quotidiennes impossibles à relever de manière distante. L’idée est d’organiser des séances d’observations plusieurs fois, à des moments différents durant des périodes différentes… Ces séances sont, par la suite, complétées par des ateliers de travail -équivalents aux premières réunions d’échange entre programmiste et MOA- qui auront un aspect d’atelier de programmation collectif, découlant d’abord et surtout de l’ensemble des informations recueillies précédemment par le programmiste. Néanmoins, un programme se focalisant longtemps ou uniquement sur les directives d’usage peut se perdre en conjectures, du fait qu’il investi beaucoup de temps dans des considérations fonctionnelles aux dépens de la bonne budgétisation du projet1, (en sachant que l’intérêt même de la programmation est l’apport d’une gestion, notamment financière, au projet), d’une bonne planification temporelle, d’une intégration des facteurs environnementaux, climatiques, énergétiques, technologiques,… Il est, également, essentiel de trouver un juste milieu en réalisant un programme. Celui ci doit répondre aux besoins pratiques et spécifiques des usagers, tout en restant évolutif et modulable en cas de rotation d’usagers, de changement d’affectation, ou de changement de programme.

Matrix de communication entre usagers d’un projet d’ université -Architectural programming: «Providing essential knowledge of project participants needs in the pre-design phase» , par Stefan FAATS

1

Behavioral

based

architecture

programming,

robert

Hershberger

1999


61

CHAPITRE 3:

PROPOSITIONS E T PERSPECTIVES

Propositions générales et particulières Propositions générales : De manière générale, une bonne programmation est unanimement une programmation consciente de la continuité à assurer entre phase de décision politique et opération technique, c’est une programmation responsable, fidèle aux objectifs du projet, et équilibrée. Il est donc primordial que la démarche de programmation soit conduite dans un esprit de montage de projet, elle doit être à la fois intégrée au schéma global de l’opération et ne pas agir de manière indépendante au risque de ne pas bien rendre compte de son contexte, tout en ayant suffisamment de recul par rapport à ce contexte, pour y apporter les bonnes réponses.

Propositions particulières relatives au programme: -Le programme technique détaillé doit être rédigé de manière à la fois concise et exhaustive sans tomber dans la redondance et la lourdeur, il doit combiner entre une communication rédactionnelle claire et précise et des schémas graphiques lisibles et ciblés. Il doit également assurer la transmission des informations et des orientations à « recommander » tout en évitant d’être directif et demonstratif; l’agencement et la conception étant le métier du maître d’œuvre et non du programmiste. -Afin de pallier au caractère limité du support écrit , une ouverture sur un échange oral sous forme d’une rencontre de présentation et d’explication du programme entre MOA-AMO-ET maîtres d’œuvres candidats peut être préconisée, pour réduire les interprétations, et les confusions possibles. -Afin de mieux communiquer sur la démarche d’élaboration du programme, de justifier certains choix de la maîtrise d’ouvrage, nous proposons de joindre, en annexe aux PTD, des rapports de réunion de décision avec la MOA, des questionnaires ou des études pouvant servir la compréhension du projet, des échanges de mails avec la MOA et les usagers…Il faut, néanmoins, bien sélectionner ces annexes afin de faire avancer l’opération et non la ralentir. II/C


62

Propositions particulières relatives à la démarche : -L’adaptation de la clause d’anonymat dans la démarche des concours (modification des seuils, exceptions particulières sous conditions...) pourrait être préconisée pour un échange direct, fluide et efficace entre la maîtrise d’ouvrage et son futur prestataire. L’échange entre les candidats et les MOA aiderait même à améliorer, revoir certaines décisions et surtout mieux comprendre et le programme et la proposition. Cette option serait même bénéfique à la gestion temporelle de l’opération puisqu’elle réduirait les temps de négociations ultérieures. -Le programmiste a aussi la responsabilité d’améliorer le rythme des échanges afin d’optimiser le temps et la rentabilité de l’opération, pour cela la prise d’initiative pour un rythme de réunions thématiques avec un rapport de réunion à la fin de chaque rencontre peut en effet rendre efficace le processus de concertation. II/C -Le programmiste devrait aussi avoir un avis sur la composition du comité de la maîtrise d’ouvrage, s’il remarque que celui ci manque de polyvalence, il pourrait conseiller l’ouverture sur d’autres expertises et collaborations externes. II/C -Certes, le projet appartient d’abord et avant tout à son maître d’ouvrage, mais dans une optique de programmation « politique », et afin que le programme ne soit pas un simple travail réalisé POUR le MOA, mais un vrai acte de médiation entre la MOA et les usagers, l’implication de ces usagers devrait devenir automatique et essentielle dans toute opération, même quand la MOA ne le souhaite pas, pour une raison ou pour une autre…


63

Perspectives d’évolution Etant un champ d’activité récent, la programmation est forcément en évolution continue, surtout dans des contextes aussi complexes et singuliers. L’une des faiblesses de cette démarche, comme de toute activité nouvelle, est le problème de communication. En effet, bien que l’activité soit fréquente, l’inexistance du statut de “programmiste” en France, le non consensus sur sa définition et ses limites, et la différence des pratiques, font que cette activité a du mal à se faire connaitre, ou du moins, à être bien cernée par tous, dans ses fonctions et ses démarches. Afin d’améliorer la programmation, sa pratique et ses champs de responsabilité (son pouvoir également),il faut qu’un travail de communication soit réalisé: -Auprés des maîtres d’ouvrage qui ignorent, pour la plupart, son essence et ses démarches (bien qu’il y ont recours de plus en plus). -Auprés des maîtres d’oeuvre qui ont tendance à ne pas toujours “valoriser” le travail de réflexion réalisé en amont, et qui souvent agissent en pensant être l’unique concepteur du projet. -Auprés des usagers qui ignorent leur poids et aussi l’importance de leur collaboration possible avec les programmistes. La programmation est aussi en crise de formation, puisqu’il semblerait que seule la programmation architecturale est enseignée, et que rares sont les formations qui intégrent la programmation urbaine (comme dans le cadre du “master programmation, projet et management urbain” de l’Ecole d’Urbanisme de Paris). Néanmoins, des organismes qualifiés peuvent attester de l’expertise des programmistes en leur délivrant des certifications ( tel que l’OPQIBI, Organisme Professionnel de Qualification de l’Ingénierie de Bâtiment Industrie, et l’OPQTECC, Organisme de Qualification des Economistes de la Construction et des programmistes). Au sein des écoles d’architecture, ainsi que dans les universités d’aménagement, la programmation est quasi-absente, plusieurs étudiants architectes ignorent même complétement ce débouché, et ne le découvrent qu’une fois face au marché d’emploi. L’autre faiblesse de cette activité est l’inexistance d’un audit à postériori permettant de visualiser les travaux réalisés, de les évaluer , et donc de rendre compte de l’importance du travail accompli et de l’avantage du recours à la programmation par la MOA. Une ouverture sur un travail d’audit serait, un réel outil de persuasion et d’affirmation pour le travail de programmation.II/B


64

CONCLUSION

UN SCHÉMA D’ACTEURS COMPLEXE

UN CONTEXTE COMPOSÉ

DES CONTRAINTES DIVERSES

DES USAGERS DISTINCTS

AMONT

AVAL

MOA

MOE

PROJET POLITIQUE

LA PROGRAMMATION

PROJET SPATIAL

BESOINS

FONCTIONS

INTENTIONS

RESULTATS

UN PROGRAMME FONCTIONNEL

UN PROGRAMME TECHNIQUE

UN PROJET SINGULIER

UN ECHEANCIER UN TABLEAU FINANCIER


65


66

BIBLIOGRAPHIE

- CAUE de la seine-maritime, “La programmation en architecture et en aménagement, concevoir et agir pour une opération de qualité”, Avril 2008. - Extraits des entretiens “les visages de la programmation urbaine”, Aptitudes Urbaines, newsletter n°6, févrieir 2013. - Alain HAYOT et André SAUVAGE, “Le projet urbain, enjeux, expérimentations et professions” Editions de La Villette , Paris, janvier 2000. - Soufiane BOUKARTA, “Projet urbain et retour du sujet? la stabilité en question”, mémoire 2009. - CAUE, atelier URBA, “Les orientations d’aménagement, un outil de projet pour les PLU en faveur du développement durable”, 2008. - Henri JACQUOT , “Les Orientations d’Aménagement et de Programmation OAP”, Fiche 2, “objets, formes et portée juridique des OAP d’aménagement”, 24 octobre 2012. - Plan Urbanisme Construction et Architecture, “L’exercice de la programmation architecturale et urbaine en France”, Recherche menée dans le cadre du réseau RAMAU, 2005 - Hervé DEBAVEYE et Pierre HAXAIRE, Contenu du programme, “170 séquences pour mener une opération de construction”, 10 éme édition, 29 mars 2017. - IDRRIM, Institut des Routes, des Rues, et des Infrastructures pour la Mobilité, “Maîtres d’ouvrage de projets d’aménagement, aide au choix du maître d’œuvre” 3 mai 2013, LeMoniteur n°5710 - Maria Ananiadou-TZIMOPOULOU, Alexandra YÉROLYMPOS et Athina VITOPOULOU “L’espace public et le rôle de la place dans la ville grecque moderne. Évolution historique et enjeux contemporains”, Études balkaniques, 14, 2007, 27-52. - Grégory BUSQUET “Idéologie urbaine et pensée politique dans la France de la période 1958-1981” .


67

- Henri LEFEBVRE (1974), “La Production de l’espace”, Paris, Anthropos, 2000, pp. 54-56. - Robert HERSHBERGER, “Behavioral based architecture programming”,1999. - Stefan FAATZ, “Architectural programming: Providing essential knowledge of project participants needs in the pre-design phase”, organization, technology and management in construction · an international journal · 1(2)2009. - L’agence Départementale d’Aménagement et d’Urbanisme du haut-rhin. Directeur de la publication: Michel HABIG. “Rapport d’activités“ 2015.


68

ANNEXES

CONTENU: I- QUESTIONNAIRE MAÎTRISE D’OUVRAGE 2/10

A- Retour 1 B- Retour 2

II- QUESTIONNAIRE ASSISTANCE À MAÎTRISE D’OUVRAGE ET RETOURS-3/6

A- Retour 1 B- Retour 2 C- Retour 3

III- QUESTIONNAIRES MOE, SANS RETOURS 0/10


69

I/ QUESTIONNAIRE MOA

Commune :

Rurale

Urbaine

Poste occupé :

Population :

Maire Fonctionnaire

Elu Autre

Durée d’occupation :

1. Pouvez-vous classer, par ordre de priorité, les raisons derrière le choix d’une assistance à maîtrise d’ouvrage pour vos projets ? - Assistance conceptuelle (architecture, agencement, aménagement…) - Assistance technique (structure, VRD…) - Assistance juridique (urbanisme, règlements…) - Assistance administrative (procédures, marché publics…) - Assistance managériale (gestion de projet, gestion des rapports inter-acteurs, communication avec les maîtres d’œuvre…) 2.

Combien de projets avez-vous réalisé en ayant recours à une AMO ?

3.

Sur une échelle de 1 à 5, quel est votre degré de satisfaction ?

4.

« L’espace est le reflet de la politique », êtes-vous d’accord ? Pourquoi ?

Oui

Plutôt oui

Plutôt non

Non

5. Considérez vous que les projets de construction et d’aménagement sont des projets politiques (ou font partie du projet politique) ?

Oui

Plutôt oui

Plutôt non

Non

6. Pensez vous que les projets lancés et conçus sont un critère d’évaluation du mandat politique par les habitants ? Oui

Plutôt oui

Plutôt non

Non


70

Sont-ils le premier critère d’évaluation ? Oui

Non

Quels sont les (autres) critères d’évaluation ?

7.

Quelle phrase décrit le mieux votre rapport à l’AMO ? (Plusieurs choix possibles) -l’AMO assiste le MOA afin de formuler et lancer le projet dont les besoins sont déjà définis en interne -l’AMO assiste et conseille le MOA dans la définition, la formulation des besoins du projet et le choix de la procédure d’opération -l’AMO est un intervenant indépendant dans le processus du projet, il intervient afin d’assurer la médiation et la bonne communication des objectifs du projet au MOE

10. Quelles limites et obstacles de l’assistance à maîtrise d’ouvrage avez-vous relevé à partir de votre expérience ?

11.

Êtes-vous pour ou contre l’anonymat dans les concours? Pour

Contre

12. Trouvez-vous qu’un contact direct entre maître d’ouvrage et maîtres d’œuvre candidats pourrait améliorer les résultats ?

Oui

13.

Plutôt oui

Plutôt non

Autres remarques (ou propositions) au sujet de la programmation et de l’AMO

Non


71

A/ QUESTIONNAIRE MOA- Retour 1

Commune :

Rurale

Urbaine

Poste occupé :

Population : 4576 (au01/01/2017)

Maire Fonctionnaire

Elu Autre

Durée d’occupation : 4ans

1. Pouvez-vous classer, par ordre de priorité, les raisons derrière le choix d’une assistance à maîtrise d’ouvrage pour vos projets ? 1 - Assistance conceptuelle (architecture, agencement, aménagement…) 2 - Assistance technique (structure, VRD…) - Assistance juridique (urbanisme, règlements…) 3 - Assistance administrative (procédures, marché publics…) -Assistance managériale (gestion de projet, gestion des rapports inter-acteurs, communication avec les maîtres d’œuvre…) 2.

Combien de projets avez-vous réalisé en ayant recours à une AMO ? - 9 projets depuis 2011

3.

Sur une échelle de 1 à 5, quel est votre degré de satisfaction ?

4.

-5 « L’espace est le reflet de la politique », êtes-vous d’accord ? Pourquoi ?

Oui

Plutôt oui

Plutôt non

Non

-L’aménagement de l’espace public et la construction à rénovation des bâtiments reflètent les pri orités de l’organe délibérant qui vote les dépenses d’investissement

5. Considérez vous que les projets de construction et d’aménagement sont des projets politiques (ou font partie du projet politique) ?

Oui

Plutôt oui

Plutôt non

Non

6. Pensez vous que les projets lancés et conçus sont un critère d’évaluation du mandat politique par les habitants ? Oui

Plutôt oui

Plutôt non

Non


72

Sont-ils le premier critère d’évaluation ? Oui

Non

Quels sont les (autres) critères d’évaluation ? -La baisse des impôts -La qualité de vie et des services rendus -Les promesses tenues par rapport au programme de campagne

7.

Quelle phrase décrit le mieux votre rapport à l’AMO ? (Plusieurs choix possibles) -l’AMO assiste le MOA afin de formuler et lancer le projet dont les besoins sont déjà définis en interne -l’AMO assiste et conseille le MOA dans la définition, la formulation des besoins du projet et le choix de la procédure d’opération -l’AMO est un intervenant indépendant dans le processus du projet, il intervient afin d’assurer la médiation et la bonne communication des objectifs du projet au MOE

10. Quelles limites et obstacles de l’assistance à maîtrise d’ouvrage avez-vous relevé à partir de votre expérience ? Difficulté de comparaison entre le montant du programme de l’AMO et le montant APD du MOE, car découpage différent. 11.

Êtes-vous pour ou contre l’anonymat dans les concours? Pour

Contre

12. Trouvez-vous qu’un contact direct entre maître d’ouvrage et maîtres d’œuvre candidats pourrait améliorer les résultats ?

Oui

13.

Plutôt oui

Plutôt non

Autres remarques (ou propositions) au sujet de la programmation et de l’AMO

Non


73

B/ QUESTIONNAIRE MOA-Retour 2

Commune :

Rurale

Urbaine

Poste occupé :

Population :1470

Maire Fonctionnaire

Elu Autre

Durée d’occupation : 25 ans

1. Pouvez-vous classer, par ordre de priorité, les raisons derrière le choix d’une assistance à maîtrise d’ouvrage pour vos projets ? 1 - Assistance conceptuelle (architecture, agencement, aménagement…) 2- Assistance technique (structure, VRD…) 3 - Assistance juridique (urbanisme, règlements…) 4 - Assistance administrative (procédures, marché publics…) 5 -Assistance managériale (gestion de projet, gestion des rapports inter-acteurs, communication avec les maîtres d’œuvre…) 2. 3.

Combien de projets avez-vous réalisé en ayant recours à une AMO ? -1 par an

4.

« L’espace est le reflet de la politique », êtes-vous d’accord ? Pourquoi ?

Sur une échelle de 1 à 5, quel est votre degré de satisfaction ? 4

Oui

Plutôt oui

Plutôt non

Non

5. Considérez vous que les projets de construction et d’aménagement sont des projets politiques (ou font partie du projet politique) ?

Oui

Plutôt oui

Plutôt non

Non

6. Pensez vous que les projets lancés et conçus sont un critère d’évaluation du mandat politique par les habitants ? Oui

Plutôt oui

Plutôt non

Non


74

Sont-ils le premier critère d’évaluation ? Oui

Non

Quels sont les (autres) critères d’évaluation ? -Maîtrise de la fiscalité -Lier avec la population (cadre de vie/école)

7.

Quelle phrase décrit le mieux votre rapport à l’AMO ? (Plusieurs choix possibles) -l’AMO assiste le MOA afin de formuler et lancer le projet dont les besoins sont déjà définis en interne -l’AMO assiste et conseille le MOA dans la définition, la formulation des besoins du projet et le choix de la procédure d’opération -l’AMO est un intervenant indépendant dans le processus du projet, il intervient afin d’assurer la médiation et la bonne communication des objectifs du projet au MOE

10. Quelles limites et obstacles de l’assistance à maîtrise d’ouvrage avez-vous relevé à partir de votre expérience ?

11.

Êtes-vous pour ou contre l’anonymat dans les concours? Pour

Contre

12. Trouvez-vous qu’un contact direct entre maître d’ouvrage et maîtres d’œuvre candidats pourrait améliorer les résultats ?

Oui

13.

Plutôt oui

Plutôt non

Autres remarques (ou propositions) au sujet de la programmation et de l’AMO

Non


75

II/ QUESTIONNAIRE AMO

Sexe : Âge :

M

F

…… ans

Poste/statut :

1.

Durée d’occupation du poste : Poste précédent : Formation :

Considérez vous que votre mission au sein de l’ADAUHR, est -Une mission de programmation -Une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage -La programmation est une tâche dans le processus d’assistance à maîtrise d’ouvrage -La programmation= l’assistance à maîtrise d’ouvrage

2.

Comment définissez-vous la programmation?

3. Pouvez vous énumérer les étapes que vous suivez afin d’aboutir à un programme définitif d’opération (ex : diagnostic, faisabilité…)? pouvez vous estimez des délais à ces étapes ?

Si vous pensez que ces étapes varient selon les projets, quels sont, selon vous, les différents teurs de variation ?

4.

Comment la posture « politique » du client impacte t elle votre intervention?

fac-


76

5.

Comment évaluez vous votre influence sur le programme de l’opération? (échelle de 1 à 5)

Si oui, sur quels aspects du projet ?

6.

Dans quels cas pourriez-vous suspendre ou annuler une collaboration avec un maître d’ouvrage ?

7.

Quels types de problèmes rencontrez-vous avec les maîtres d’ouvrage? (plusieurs réponses possibles) -Caractère et posture politique ferme et stricte -Nature du rapport client-prestataire -Difficultés et manque de connaissances techniques du client -Motivations politiques VS exigences et nécessités techniques -Manque de confiance -problèmes d’éthique déontologique -Autre, précisez

8. En tant que programmiste, donnez-vous une grande importance aux besoins et exigences des usagers et des habitants ?

1-Les usagers et les habitants sont ils intégrés directement dans le processus de programmation ? par quels moyens ?

2- Pensez vous que le rapport à l’usager est plus important et plus décisif en maîtrise d’ouvrage pub lique qu’en maîtrise d’ouvrage privée

Autres précisions ?

9. Quelles sont, en pratique, les principales différences entre la MOA publique et la MOA privée, en attentes et en enjeux ?


77

10. Selon vous, le programme technique détaillé est-il assez suffisant et exhaustif pour transmettre les attentes du maître d’ouvrage au maître d’oeuvre ?

Si oui, pourquoi ?

Si non, qu’est ce qui pourrait ou devrait l’accompagner ?

11. Selon votre expérience, qu’est ce qui permet à un programme d’être abouti et de conduire à de bonnes propositions ?

12. Quels sont les obstacles et les limites qui réduisent ou peuvent réduire l’efficacité de la démarche ou/et provoquent des lectures décalées du programme et des résultats insatisfaisants ?

13. Que proposez vous afin d’améliorer l’intervention de l’AMO dans le processus du projet (dans son travail de programmation technique, son rapport aux intervenants…) ?


78

A/ QUESTIONNAIRE AMO-Retour 1

Sexe :

M

Âge :

58 ans

F

Poste/statut : Chargé de projet

1.

Durée d’occupation du poste : 29 ans Poste précédent : Formation : Architecte DENSAIS

Considérez vous que votre mission au sein de l’ADAUHR, est -Une mission de programmation -Une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage -La programmation est une tâche dans le processus d’assistance à maîtrise d’ouvrage -La programmation= l’assistance à maîtrise d’ouvrage

2.

Comment définissez-vous la programmation? La programmation doit permettre de dresser : - L’état des besoins du maître d’ouvrage et des utilisateurs - De définir le projet de vie des utilisateurs - De préciser explicitement les choix (ou les non choix) du MOA - De cadrer les dépenses à engager - De cadrer la durée de réalisation du projet en phase « études » et en phase chantier - De réaliser un ouvrage respectueux de l’environnement - De réaliser un ouvrage dans le respect de la réglementation en vigueur - De réaliser un bâtiment dont l’exploitation et la maintenance seront maîtrisées

3. Pouvez vous énumérer les étapes que vous suivez afin d’aboutir à un programme définitif d’opération (ex : diagnostic, faisabilité…)? pouvez vous estimez des délais à ces étapes ? En général, quand les besoins sont peu connus :

-Elaboration de l’étude de faisabilité

- Première approche de la problématique : étude d’aide à la décision -Et de plus en plus finement : •Etudes préalables •Etudes des règles d’urbanisme du site •Réalisation de diagnostics divers •Réalisation de plan topographique si besoin (ou relevé du bâtiment) •Réalisation de sondage de sol (portance, pollution , etc…)

-Pour la réalisation d’un ptd : •Création d’un groupe de pilotage •Première proposition de l’organisation fonctionnelle •Approche du cout de l’opération •Planning de l’opération (phasage ou non) -Validation du PTD par la MOA avant transmission à l’équipe MOE Délais très variables de 3 mois à plus de 5 ans !

Si vous pensez que ces étapes varient selon les projets, quels sont, selon vous, les différents teurs de variation ? -Nature du projet, précision de la demande des élus 4. Comment la posture « politique » du client impacte t elle votre intervention? Aucunement

fac-


79

5. Comment évaluez vous votre influence sur le programme de l’opération? (échelle de 1 à 5) 2 Si oui, sur quels aspects du projet ?

Aspect réglementaire de l’acte de construire et respect des procédures

6.

Dans quels cas pourriez-vous suspendre ou annuler une collaboration avec un maître d’ouvrage ?

Demande de non-respect des ègles en vigueur (exemple : non-respect des procédures du CMP)

7.

Quels types de problèmes rencontrez-vous avec les maîtres d’ouvrage? (plusieurs réponses possibles) -Caractère et posture politique ferme et stricte -Nature du rapport client-prestataire -Difficultés et manque de connaissances techniques du client -Motivations politiques VS exigences et nécessités techniques -Manque de confiance -problèmes d’éthique déontologique -Autre, précisez

Ces points ne sont pas des problémes, l’AMO est présente auprès du maître d’ouvrage pour lui expliquer le chemin à suivre pour la réalisation de son projet.

8. En tant que programmiste, donnez-vous une grande importance aux besoins et exigences des usagers et des habitants ?

Cela va dépendre de la volonté du maître d’ouvrage d’ouvrir la consultation (au niveau de la défini tion des besoins) ou non auprès des usagers

1-Les usagers et les habitants sont ils intégrés directement dans le processus de programmation ? par quels moyens ?

En régle générale, oui. Les usagers sont invités à certaines réunions du groupe de pilotage

2- Pensez vous que le rapport à l’usager est plus important et plus décisif en maîtrise d’ouvrage pub lique qu’en maîtrise d’ouvrage privée

Non

Autres précisions ?

9. Quelles sont, en pratique, les principales différences entre la MOA publique et la MOA privée, en attentes et en enjeux ?

?, mais probablement aucune.


80

10. Selon vous, le programme technique détaillé est-il assez suffisant et exhaustif pour transmettre les attentes du maître d’ouvrage au maître d’oeuvre ?

Si il est complet et bien rédigé, oui

Si oui, pourquoi ?

Car un PTD donne lensemble des attentes du maître d’ouvrage

Si non, qu’est ce qui pourrait ou devrait l’accompagner ?

Comme pour les procédures de concours, une réunion d’explication du PTD peut être intéressante à organiser pour que la maîtrise d’œuvre intègre correctement les souhaits du maître d’ouvrage.

11. Selon votre expérience, qu’est ce qui permet à un programme d’être abouti et de conduire à de bonnes propositions ?

Il convient d’énoncer très clairement la problématique ainsi que les choix du maître d’ouvrage.

12. Quels sont les obstacles et les limites qui réduisent ou peuvent réduire l’efficacité de la démarche ou/et provoquent des lectures décalées du programme et des résultats insatisfaisants ? Le souhait des maîtres d’œuvre de s’affranchir des contraintes édictées par le programme ! 13. Que proposez vous afin d’améliorer l’intervention de l’AMO dans le processus du projet (dans son travail de programmation technique, son rapport aux intervenants…) ? La mission del’AMO (donc de programmation entre autres) doit être expliquée et connue des maîtres d’œuvre. Ils n’ont pas été les seuls à devoir réfléchir à la problématique à résoudre


81

B/ QUESTIONNAIRE AMO-Retour 2

Sexe : Âge :

M

F

62 ans

Poste/statut : Chargé d’études principal

1.

Durée d’occupation du poste : 25 ans Poste précédent :Permanent Association de sau vegarde du patrimoine Formation : Architecture-Histoire

Considérez vous que votre mission au sein de l’ADAUHR, est -Une mission de programmation -Une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage -La programmation est une tâche dans le processus d’assistance à maîtrise d’ouvrage -La programmation= l’assistance à maîtrise d’ouvrage

2.

Comment définissez-vous la programmation?

Après référence à l’extrait de la loi 85-704, article 2 dite loi sur la maîtrise d’ouvrage publique; Dans le cadre des missions qui composent l’assistance à maîtrise d’ouvrage publique, le travail de l’ADAUHR consiste à enregistrer les besoins, nécessités et prescriptions données par le maître d’ouvrage pour les développer en un document exposant toutes les caractéristiques du futur pro jet, afin : • De permettre au maître d’ouvrage de disposer d’un document de référence aussi complet que possible, • De donner à tous les candidats les mêmes informations dans la perspective de la consul tation des maîtres d’œuvre. 3. Pouvez vous énumérer les étapes que vous suivez afin d’aboutir à un programme définitif d’opération (ex : diagnostic, faisabilité…)? pouvez vous estimez des délais à ces étapes ?

Les missions peuvent débuter et se dérouler de diverses façons : • Faire suite à un conseil donné dans le cadre de la politique départementale (spécifique au département du Haut-Rhin) • En réponse à une sollicitation directe des collectivités • Entrer dans le cadre d’un marché attribué après consultation publique Il n’existe pas de délai type, eu égard à l’importance très variable des opérations, tant sur le plan financier que sur celui des contraintes et enjeux Si vous pensez que ces étapes varient selon les projets, quels sont, selon vous, les différents teurs de variation ?

fac-

• Volonté ou non de mettre en place une élaboration participative du programme • Incertitude du maître d’ouvrage sur la définition de l’opération (étude en faisabilité de plu sieurs scénarios ou hypothèses de réalisation


82

• Incertitude financière (recherche de financements par le maître d’ouvrage) • Importance de l’opération (plus la taille et le coût sont élevés, plus le processus de défini tion du programme et le déroulement de la consultation des maîtres d’œuvre sont longs) • Importance du maître d’ouvrage (étapes et intervenants plus nombreux dans les grandes collectivités) Il peut ainsi arriver que des opérations soient abandonnées à l’issue de la phase de faisabilité, voire, plus rarement, de la programmation, principalement pour des raisons financières, mais aussi d’opportunité.

4.

Comment la posture « politique » du client impacte t elle votre intervention?

Le rôle de l’ADAUHR en tant qu’assistant à maître d’ouvrage n’est pas de discuter l’opportunité politique du projet concerné, qui relève d’un débat interne à la collectivité et à son assemblée délibérante. L’assistant à maître d’ouvrage a cependant un devoir de vigilance, et se doit d’infor- mer son mandant sur les contraintes et risques (administratifs, financiers, techniques) inhérents à certains choix.

5.

Comment évaluez vous votre influence sur le programme de l’opération? (échelle de 1 à 5)

C’est très variable, et lié à la personnalité des intervenants (élus et fonctionnaires) et à l’appropria tion du projet par ceux-ci. Si oui, sur quels aspects du projet ?

L’influence de l’assistant à maître d’ouvrage ne peut pas se quantifier. Elle pourra éventuellement être plus grande, en tant que force de proposition, en phase d’études de faisabilité. Une fois les données du programme arrêtées, l’AMO devra veiller à ce que son écriture ne soit pas impactée par de nouvelles contraintes imposées. Il en va de même si la programmation se poursuit par une phase de suivi des études de maîtrise d’œuvre : l’AMO peut être amené à jouer un rôle de rappel au respect du programme, tant vis-à-vis du maître d’ouvrage que du maître d’œuvre.

6.

Dans quels cas pourriez-vous suspendre ou annuler une collaboration avec un maître d’ouvrage ?

En cas d’irrespect flagrant de la réglementation, notamment relative aux marchés publics, par un ou des acteurs du projet.

7.

Quels types de problèmes rencontrez-vous avec les maîtres d’ouvrage? (plusieurs réponses possibles) -Caractère et posture politique ferme et stricte -Nature du rapport client-prestataire -Difficultés et manque de connaissances techniques du client -Motivations politiques VS exigences et nécessités techniques -Manque de confiance -problèmes d’éthique déontologique -Autre, précisez


83

8. En tant que programmiste, donnez-vous une grande importance aux besoins et exigences des usagers et des habitants ?

L’assistance à maîtrise d’ouvrage prend en général place lorsque les concertations préalables et le recensement des besoins sont finalisés. L’expérience montre que la concertation directe ou les enquêtes de besoins réalisées dans le cadre de l’AMO ne sont pas d’un grand intérêt sur le plan opérationnel. L’assistant à maîtrise d’ouvrage n’est pas sociologue !

Des arbitrages sont en général nécessaires lorsqu’on en vient aux contraintes financières ou d’es pace. Dans le cadre de l’AMO, ce rôle doit être confié au comité de pilotage ou au représentant du pouvoir adjudicateur, voire à son instance délibérante

1-Les usagers et les habitants sont ils intégrés directement dans le processus de programmation ? par quels moyens ?

2- Pensez vous que le rapport à l’usager est plus important et plus décisif en maîtrise d’ouvrage pub lique qu’en maîtrise d’ouvrage privée

Oui, dans la mesure où l’essentiel des opérations concerne des ERP ou des IOP. En maîtrise d’ouvrage privée, l’usager est souvent aussi le client (habitat individuel, industrie…), ou alors le client se délègue-t-il le rôle d’usager (promoteurs).

Autres précisions ?

Cela est très variable en fonction de la personnalité du maître d’ouvrage. Il peut y avoir un comité de pilotage comprenant des représentants des futurs usagers, et qui s’approprie toute les ques tions, ou des consultations ponctuelles des futurs usagers / utilisateurs par le maître d’ouvrage. En tout état de cause, ils ne font cependant pas partie des interlocuteurs directs de l’assistant à maître d’ouvrage.

9. Quelles sont, en pratique, les principales différences entre la MOA publique et la MOA privée, en attentes et en enjeux ?

La nature de la « prise de risque » : un promoteur s’expose à un risque financier si son programme ne se vend pas.

Un maître d’ouvrage public s’expose d’une part à une évolution trop rapide des contraintes admin istratives (par exemple fusions obligées de collectivités) et réglementaires (marchés publics, ther mique, sécurité, accessibilité), qui peuvent rendre un programme rapidement caduc, et d’autre part à une certaine « volatilité » des usagers, notamment dans les domaines sportifs et culturels (pérennité parfois aléatoire des structures associatives).

10. Selon vous, le programme technique détaillé est-il assez suffisant et exhaustif pour transmettre les attentes du maître d’ouvrage au maître d’oeuvre ?

Il devrait l’être. Les maîtres d’œuvre ont l’habitude de trouver les programmes de l’ADAUHR trop exhaustifs, voire directifs. Mais le contraire peut aussi se produire…


84

Si oui, pourquoi ?

Difficile de répondre de façon générale : il y a finalement assez peu de « feed-back » de la part des maîtres d’ouvrage. Il peut aussi arriver qu’un programme reflète un processus d’élaboration incom plètement maîtrisé, avec des modifications ou de nouvelles exigences imposées en cours d’étude, des délais trop contraignants...

Si non, qu’est ce qui pourrait ou devrait l’accompagner ?

Il reste toujours des données « immatérielles » et « intransmissibles », d’où notamment l’intérêt de contacts préalables entre les maîtres d’ouvrage et leurs maîtres d’œuvre potentiels, notamment par le biais des visites de site et des échanges de questions – réponses en phase de consultation.

11. Selon votre expérience, qu’est ce qui permet à un programme d’être abouti et de conduire à de bonnes propositions ?

Il faut trouver le bon compromis pour une transmission des données et des réflexions aussi ex haustives que possible, sans tomber dans l’excès d’informations, la lourdeur, voire l’illisibilité.

12. Quels sont les obstacles et les limites qui réduisent ou peuvent réduire l’efficacité de la démarche ou/et provoquent des lectures décalées du programme et des résultats insatisfaisants ?

Il arrive que se produisent des redondances, voire des contradictions, notamment entre descriptif des travaux et fiches d’espace / fiches typologiques. Ces dernières ne semblent pas adaptées à toutes les circonstances (par ex., « petits » programmes sans volumes répétitifs). Le suivi des réglementations en évolution peut parfois être hasardeux (PLU, PLUi…).

13. Que proposez vous afin d’améliorer l’intervention de l’AMO dans le processus du projet (dans son travail de programmation technique, son rapport aux intervenants…) ?

Trouver (prendre ?) le temps d’un « débriefing » par opération, associant maître d’œuvre, maître d’ouvrage et assistant à maîtrise d’ouvrage.

Cependant, le bâtiment n’étant (toujours pas) une science exacte, il arrive qu’au moins deux de ces interlocuteurs se séparent fâchés à l’issue des travaux. Pour être réalisé de façon honnête, un tel travail de restitution / appréciation serait donc difficile à mettre en place, voire utopique.

Une forme d’audit a posteriori des opérations dans les collectivités maîtres d’ouvrage pourrait cependant présenter de l’intérêt pour les différents acteurs, et pas seulement en cas de litige ad ministratif, technique ou financier. Un thème de travail d’étudiants ?


85

C/ QUESTIONNAIRE AMO-Retour 3

Sexe : Âge :

M

F

41 ans

Poste/statut : Chef de projet

1.

Durée d’occupation du poste : 15 ans Poste précédent : Assistante d’études Formation : Architecte DPLG

Considérez vous que votre mission au sein de l’ADAUHR, est -Une mission de programmation -Une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage -La programmation est une tâche dans le processus d’assistance à maîtrise d’ouvrage -La programmation= l’assistance à maîtrise d’ouvrage

2.

Comment définissez-vous la programmation?

Comme un élément dans le processus d’assistance à maitrise d’ouvrage. La synthèse du projet communal. 3. Pouvez vous énumérer les étapes que vous suivez afin d’aboutir à un programme définitif d’opération (ex : diagnostic, faisabilité…)? pouvez vous estimez des délais à ces étapes ?

Faisabilité technique (relevés, diagnostic) + Faisabilité administrative (urbanisme, juridique) = entre 2 et 6 mois Réunions avec le groupe de pilotage - Concertation avec les usagers = entre 2 et 12 mois

Si vous pensez que ces étapes varient selon les projets, quels sont, selon vous, les différents teurs de variation ?

fac-

-Si le projet a été murie par l’équipe municipale c’est en général assez rapide ; si non il faut du temps pour digérer les informations et monter le plan de financement. -Si la commune n’est pas propriétaire du bâtiment ou du terrain, cela donne une certaine incertitude. 4.

Comment la posture « politique » du client impacte t elle votre intervention?

Il n’y a pas de règle. Cela dépend plutôt de la personne. On peut avoir la pression sur des délais, une manière de présenter les choses.


86

5.

Comment évaluez vous votre influence sur le programme de l’opération? (échelle de 1 à 5)

3 Si oui, sur quels aspects du projet ?

Sur la partie technique, on apporte une information, donc en général on a une influence positive. En terme de choix politique, on a très peu d’influence.

6.

Dans quels cas pourriez-vous suspendre ou annuler une collaboration avec un maître d’ouvrage ?

Si le MOA ne souhaite pas se conformer à la règlementation. Si le MOA souhaite s’engager sur un programme qui ne correspond pas au chiffrage que nous avons effectué.

7.

Quels types de problèmes rencontrez-vous avec les maîtres d’ouvrage? (plusieurs réponses possibles) -Caractère et posture politique ferme et stricte -Nature du rapport client-prestataire -Difficultés et manque de connaissances techniques du client -Motivations politiques VS exigences et nécessités techniques -Manque de confiance -problèmes d’éthique déontologique -Autre, précisez

8. En tant que programmiste, donnez-vous une grande importance aux besoins et exigences des usagers et des habitants ?

Oui, c’est pour eux que l’on construit et aménage!

1-Les usagers et les habitants sont ils intégrés directement dans le processus de programmation ? par quels moyens ?

oui, par une réunion de concertation. Celle-ci peut avoir lieu avec ou sans le programmiste.

2- Pensez vous que le rapport à l’usager est plus important et plus décisif en maîtrise d’ouvrage pub lique qu’en maîtrise d’ouvrage privée

Non

Autres précisions ?

9. Quelles sont, en pratique, les principales différences entre la MOA publique et la MOA privée, en attentes et en enjeux ?

Je n’ai jamais fais de MOA privée. Mais je pense que la demande est plus précise avec un coût d’opération très précis. Et que les délais sont beaucoup plus rapide, entre la programmation et la réalisation.


87

10. Selon vous, le programme technique détaillé est-il assez suffisant et exhaustif pour transmettre les attentes du maître d’ouvrage au maître d’oeuvre ?

Oui

Si oui, pourquoi ?

C’est une synthèse des contraintes et enjeux de l’opération. Ce document fait souvent la synthèse de semaines de travail sur le sujet.

Si non, qu’est ce qui pourrait ou devrait l’accompagner ?

?. On devrait des fois mettre en annexe les compte rendus de l’ensemble des réunions réalisées avec leurs thématiques !

11. Selon votre expérience, qu’est ce qui permet à un programme d’être abouti et de conduire à de bonnes propositions ?

Une méthodologie de travail efficace (une réunion toutes les 3 semaines avec un thème à chaque fois), des personnes motivées et qui prennent des décisions dans le groupe de pilotage, et en fonction des thèmes abordées, le regard du “spécialiste” (service urbanisme, services tech niques, marchés publics, usagers, ...). Cela permet d’avancer en balayant largement la thématique pour aboutir à un projet faisant consensus.

12. Quels sont les obstacles et les limites qui réduisent ou peuvent réduire l’efficacité de la démarche ou/et provoquent des lectures décalées du programme et des résultats insatisfaisants ? Un manque d’implication des usagers et des “spécialistes”. Une mauvaise connaissance des élus, des besoins réels des projets. 13. Que proposez vous afin d’améliorer l’intervention de l’AMO dans le processus du projet (dans son travail de programmation technique, son rapport aux intervenants…) ?

À adapter au client : si manque de diversité dans le comité de pilotage - proposer une ouverture, si difficultés dans la prise de décision - proposer un rythme de réunion par thème avec validation des décisions par compte rendu, ....


88

III/ QUESTIONNAIRE MOE

Poste occupé :

Nombre de projets réalisées:

Durée d’occupation :

Nombre de participations : à des concours

1.

Comment définissez-vous l’assistance à maîtrise d’ouvrage ?

2.

Comment évaluez-vous la fréquence de votre contact avec l’AMO ?

-INSUFFISANTE

-

-/+

+

++ SUFFISANTE

3. Trouvez-vous que le programme technique détaillé+la visite du site sont suffisants pour comprendre les attentes du maître d’ouvrage ?

4.

-INSUFFISANTS

-

-/+

+

++ SUFFISANTS

Quelle est leur degré d’importance pour le démarrage et la conception de vos projets ?

-INUTILES

-

-/+

+

++ INDISPENSABLES

5.

Pensez vous qu’il est préférable d’avoir un contact direct avec les maîtres d’ouvrage? Pourquoi ?

6.

Pensez vous que la suppression de l’anonymat dans les concours pourrait être positive ? Pourquoi ?


89

7. Qu’est ce qui, selon vous, peut parfois provoquer des lectures très différentes du programme par les maîtres d’oeuvre candidats ?

8.

Quel schéma correspond aux rapports actuels MOA, AMO et MOE? MOA MOA

AMO

MOA

AMO AMO

MOE

MOE

MOE 9.

Quel schéma serait idéal pour les rapports MOA, AMO et MOE?

10. Quelles limites et obstacles de l’assistance à maîtrise d’ouvrage avez-vous relevé à partir de votre expérience ?

11. Avez des propositions d’amélioration, concernant le concept, la démarche, les rapports ou les programmes fournis ?


90


91


92

Apparue suite au passage à la politique de décentralisation, et à l’instauration de la loi MOP responsabilisant les collectivités locales des “programmes” des projets de construction et d’aménagement, “la programmation architecturale et urbaine” est aujourd’hui, encore un champ d’activité peu connu et pas suffisamment valorisé. La programmation est pourtant décisive dans « la gestion » et le montage des projets à différentes échelles et thématiques, grâce à son importance dans l’aide à la décision et son impact sur le devenir fonctionnel, technique, mais aussi symbolique des projets. Ce travail a pour objectif: - De rendre compte, d’un point de vue opérationnel, du travail quotidien des programmistes ; des démarches, des façons de faire et des outils employés afin de maîtriser le cycle de vie du projet. - D’analyser le rôle du programmiste comme médiateur devant assurer, au quotidien, la coordination entre des acteurs à motivations, à langages et à objectifs distincts (parfois opposés). - D’interroger les forces et les faiblesses des démarches actuelles depuis l’émergence du projet politique jusqu’au montage du projet spatial.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.