Globo 54 : Migrants en quête de solidarité

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TRIMESTRIEL D’OXFAM-SOLIDARITÉ – JUIN 2016 – NUMÉRO 54

CROWDFUNDING : vous financez la laiterie de Bittou ? > voir page 13

Dossier

MIGRANTS

EN QUÊTE DE SOLIDARITÉ

1 an après le séisme

Productrices de lait au Burkina Faso

Quelle est la situation au Népal ? Qui reconstruit le pays ?

En Europe, une vache produit 20 litres de lait/jour, au Burkina, 3 litres. Pourtant, les productrices peuvent en vivre.

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coverstory Le 8 février, un groupe de migrants passe la frontière entre la Serbie et la Macédoine, dans le froid et la pluie. En 2015, un million de personnes sont ainsi arrivées en Europe. Un nombre inédit depuis la Seconde Guerre mondiale, mais qui ne représente que 0,02% de la population européenne.

sommaire 3

PêLE-MêLE

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La question

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dossier

© Pablo Tosco/Oxfam

Edito

Humanité

Quelles leçons tirer des Panama Papers ? Les paradis fiscaux nous concernent tous. Qu’avons-nous à craindre du changement climatique ? Le phénomène El Niño fera 60 millions de victimes. Comment devenir un citoyen critique en trois petites heures ? Participez aux ateliers d’immersion d’Oxfam.

Un an après : qui reconstruit le Népal?

R

écemment, j’attendais mon tour au guichet de la maison communale. Devant moi se trouvait un homme dans la trentaine, d’origine turque. Dans un anglais approximatif, il expliquait à l’employée derrière le guichet qu’il venait d’arriver et qu’il cherchait un abri pour lui et sa famille. L’employée s’est excusée, quelque peu mal à l’aise, mais dans un anglais impeccable, et a montré l’impitoyable panneau au-dessus du guichet : « Ici, on parle le néerlandais ». La flexibilité n’est pas vraiment notre point fort quand il s’agit de trouver des solutions à la crise des migrants. Business as usual semble être le mot d’ordre. Les règles existantes doivent suffire à faire face aux nouveaux défis. Quelques milliers de réfugiés de plus ou de moins… nous ne changerons pas fondamentalement le système pour autant. Et c’est une erreur fondamentale. Ce que nous vivons aujourd’hui en Belgique et en Europe est du jamais-vu dans l’histoire récente. Rien que l’année passée, plus d’un million de personnes sont arrivées en Europe, fuyant la guerre, les persécutions ou les conditions de vie inhumaines dans des pays comme la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan ou l’Erythrée. En quinze ans, près de 30.000 personnes ont perdu la vie dans leur tentative de traverser la mer Méditerranée. Et pourtant, les chefs d’Etat européens n’ont avancé qu’à reculons. Ils ont bien trouvé quelques milliers de places d’accueil çà et là. On demande des milliers de pains et les gouvernements comptent les miettes. Les réfugiés restent Les Autres. Et Les Autres, cela ne nous concerne pas. Je ne vois nulle part de réfugiés ou de migrants. Mais partout, des hommes, des femmes, des enfants. Des gens comme vous, comme moi, et comme cet homme turc au guichet de la maison communale. Ces personnes méritent sécurité et protection, et donc le soutien d’Oxfam. Nous montons des tentes, distribuons des couvertures et fournissons de l’eau potable. Nous tapons du poing sur la table des politiciens belges et européens. Nous demandons un accueil décent et adapté, ainsi qu’une réelle solution à long-terme. C’est ce que nous entreprenons depuis des années déjà pour les réfugiés au Sahara occidental, au Congo ou au Liban. Et désormais, en Europe également. En Italie, en Serbie, en Macédoine ou même, fin de l’année passée, au parc Maximilien à Bruxelles. Oxfam est présent à travers le monde dans plus de 90 pays, des champs de bataille de Syrie et des plaines arides du Mali, aux couloirs de la Commission européenne. Les problèmes que nous essayons de résoudre changement climatique, inégalités, conflits -, sont précisément ceux qui poussent tant de gens à fuir. Nous consacrons nos connaissances et notre expertise à la mise en œuvre de solutions politiques durables. Pour toutes ces raisons, nous comptons sur votre solidarité. Ensemble, nous pouvons faire la différence. Nous pouvons soutenir ces personnes qui ont traversé des épreuves épouvantables et se sont retrouvées dans une pauvreté extrême sans pouvoir y changer quoi que ce soit. La solidarité nous offre une lueur d’espoir. Car elle est bien réelle. Dans chaque ville et chaque village. Cette après-midi-là, dans la file d’attente du guichet de la maison communale, j’ai proposé à mon voisin turc de jouer l’interprète. L’employée, pleine de bonne volonté, est tout de même passée à l’anglais et cinq minutes plus tard, ce m onsieur repartait avec des réponses. La solidarité entre les gens est là. Si notre gouvernement voulait bien se donner la peine… Stefaan Declercq, secrétaire général d’Oxfam-Solidarité

MIGRANTS EN QUÊTE DE SOLIDARITÉ • Ahmad : passer la frontière, et après ? • Narmun : traverser la mer, risquer sa vie • Dalia : réfugiée depuis sa naissance • Fumila : déplacée à 40 km de chez elle

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REGARDS DU SUD

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BENEVOLE A L’HONNEUR

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SECONDE MAIN

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1,2,3 action !

Pas si simple de vivre de la production de lait au Burkina Faso. Ramata Maïkoubé, les productrices de lait et Madame Gariko se rebiffent contre la politique agricole de l’Union européenne.

Markus est bénévole pour Oxfam Trailwalker. « Des gens peuvent juste être ensemble, sans bénéfices matériels, pour une bonne cause. »

L’été est là ! Nappe de pique-nique ? Robe à fleurs ? C’est le moment de faire un tour dans les magasins de seconde main-Oxfam !

Vous voulez combattre la pauvreté dans le monde tout en passant un bon moment ? Jetez un œil à notre dernière page !

Globo

Périodique trimestriel n°54 - Deuxième trimestre 2016 Rue des Quatre-Vents 60, 1080 Bruxelles - Belgique Tel.: +32 (0)2 501 67 00 - Fax: +32 (0)2 511 89 19 - www.oxfamsol.be Abonnement gratuit (ou désabonnement) par e-mail : globo@oxfamsol.be. EDITEUR RESPONSABLE : Stefaan Declercq • RÉDACTION : Esther Favre-Félix,

Wouter Fransen, Julien Lepeer, Maureen Leyen, Mieke Vandenbussche, Lieve Van den Bulck • COORDINATION ET RÉDACTION FINALE : Lieve Van den Bulck • ONT COLLABORÉ : Leïla Bodeux, Liesbeth Goossens, Maureen Leyen • MISE EN PAGE : José Mangano • PHOTOS : Tineke D’haese Art. 4 Loi 8.12.92 - Arr. Min. 18.03.93. Oxfam-Solidarité asbl, rue des Quatre-Vents 60 à 1080 Bruxelles, gère une base de données automatisée afin d’organiser les relations avec ses donateurs et sympathisants. Vos données y sont enregistrées. Vous avez le droit de demander toutes les données vous concernant et de les faire modifier le cas échéant. Adressez votre demande écrite à : Oxfam Fichier donateurs, rue des Quatre-Vents 60, 1080 Bruxelles. Oxfam-Solidarité est enregistrée sous le numéro 000500836 du Registre national de la Commission pour la protection de la vie privée. Si respectées qu’elles soient, les opinions des personnalités et partenaires interviewés dans ce magazine n’engagent pas Oxfam-Solidarité. Aucun extrait de ce Globo ne peut être repris ou copié sans l’autorisation écrite préalable de la rédaction. Ce Globo a été imprimé sur du papier recyclé Cyclus Print 90 gr.

Management environnemental vérifié Siège social : Rue des Quatre-Vents, 60 B-1080 Reg. n° BE-BXL-000021

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Texte : Maureen Leyen, Lieve Van den Bulck, Mieke Vandenbussche

Pourquoi les paradis fiscaux nous concernent tous Si le scandale des Panama Papers a fait grand bruit, bon nombre de ces pratiques sont bien légales. Les paradis fiscaux accentuent pourtant la pauvreté et les inégalités extrêmes.

L

© Khaula Jamil/OXFAM Novib

e scandale des Panama Papers a dévoilé l’étendue de l’évasion fiscale dans le monde. Un réseau de paradis fiscaux permet aux grandes fortunes et aux multinationales de se soustraire à des milliards d’euros d’impôts. Une grande partie des affaires révélées par les Panama Papers demeure toutefois dans les limites légales. Mais alors, quel est le véritable problème ? Et que pouvons-nous faire pour le résoudre ?

INÉGALITÉS CROISSANTES

Le fossé entre riches et pauvres n’a cessé de se creuser ces quinze dernières années. Les inégalités ne sont cependant pas un accident ni une fatalité : elles résultent de choix politiques et économiques. Le pouvoir venant souvent avec l’argent, les élites économiques et financières ont pu influencer les Etats et les institutions internationales pour défendre et renforcer leurs intérêts. Les grandes fortunes et multinationales parviennent à éluder l’impôt grâce à des règles fiscales injustes, qui renforcent les inégalités au sein des pays.

LES GRANDS PERDANTS DE L’INJUSTICE FISCALE

Bien que l’injustice soit mondiale, les pays en développement sont particulièrement lésés. A cause des paradis

La Commission européenne a multiplié les initiatives en faveur de la justice fiscale. Malheureusement, ses propositions manquent d’ambition. fiscaux, ils perdent chaque année 156 milliards d’euros de recettes fiscales. Cette somme pourrait financer des services sociaux de base comme la santé et l’éducation. Damilola Ogunsakin, militante nigériane pour la justice fiscale, témoigne : « Le Nigéria est le plus gros exportateur africain de gaz naturel. Mais les trois entreprises principales ne paient presque pas de taxes. » La santé et l’éducation restent sous-financées par l’Etat. « Mon école primaire avait une seule classe pour 180 élèves. Certains ne venaient plus. » Pourtant la constitution nigériane prévoit l’enseignement pour tous.

Quésaco ? Evasion fiscale : ensemble des comportements visant à réduire la contribution fiscale due. On parle d’optimisation fiscale si les moyens utilisés sont légaux et de fraude fiscale, dans le cas contraire. Ce qui est légal n’est toutefois pas forcément moral. Paradis fiscal : pays ou territoire où certains impôts sont très bas voire inexistants, et qui cultive un certain secret sur les titulaires des comptes et des sociétés.

156 milliards €

Chaque année, les pays en développement perdent 156 milliards d’euros à cause des paradis fiscaux.

21.437

Les pays se livrent une guerre fiscale afin d’avoir la fiscalité la plus avantageuse possible pour attirer les multinationales. C’est un véritable nivellement par le bas, qui mène à une fiscalité sur les revenus des entreprises de plus en plus faible.

QUELLES SOLUTIONS ?

Une volonté politique forte et ambitieuse est nécessaire pour que chacun contribue de manière juste à l’effort fiscal. Selon Leila Bodeux, experte en fiscalité chez OxfamSolidarité : « Afin de mettre fin aux paradis fiscaux, les intermédiaires qui facilitent l’évasion fiscale doivent être mieux contrôlés et sanctionnés en cas de fraude . Les personnes qui se cachent derrière des sociétés enregistrées à l’étranger doivent être listées dans un registre public accessible à tous ». L’Union européenne pourrait jouer un rôle crucial dans la lutte pour la justice fiscale. Elle a multiplié les initiatives mais, malheureusement, ses propositions manquent d’ambition. La Commission européenne a proposé mi-avril une directive pour favoriser la transparence fiscale des entreprises.

21.437 Belges ont signé notre pétition contre les paradis fiscaux et pour plus de transparence fiscale.

Celles-ci devraient publier certaines données, notamment les profits réalisés et les taxes payées dans chaque pays où elles sont actives. « Cette directive représente un pas dans la bonne direction mais elle comporte de sérieuses lacunes. Seules 10 à 15% des entreprises sont concernées et les données relatives aux activités des entreprises hors de l’UE ne devront pas être rendues publiques », affirme Leila Bodeux. On ne disposera donc pas d’informations sur les éventuels cas d’évasion fiscale dans les pays en développement.

BALAYONS DEVANT NOTRE PORTE

La Belgique aussi peut faire bouger les choses. Notre gouvernement doit soutenir les initiatives européennes et mondiales pour plus de justice fiscale et doit mettre en place une fiscalité plus juste au niveau national. Afin de transmettre ce message aux politiciens, Oxfam a lancé une pétition mondiale contre les paradis fiscaux et pour plus de transparence fiscale. Et quel succès ! 279.285 personnes ont déjà signé au moment d’écrire ces lignes, dont 21.437 Belges.

1%

Le pourcent le plus riche de la planète possède plus de la moitié des richesses mondiales.

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Sahara occidental : reconstruction en cours Plusieurs mois après les inondations destructrices dans les camps de réfugiés sahraouis, la reconstruction se poursuit.

U

n conflit oppose le Maroc et les populations autochtones du Sahara occidental depuis 1975. Il a poussé la majorité de la population locale à se réfugier dans des camps au sud de l’Algérie, dans une région désertique et isolée. Normalement temporaires, ces camps perdurent depuis 40 ans, sans espoir d’une solution politique prochaine. Les tentes ont donc progressivement laissé place à des maisons faites de briques de sable. Bien que très espacées, les fortes pluies sont un phénomène récurrent dans la région. L’ampleur des pluies d’octobre dernier est toutefois inédite : les

inondations ont ravagé les camps, laissant 17.000 familles complètement démunies. « C’est la première fois que je vois autant de maisons détruites en 40 ans. Pratiquement toutes les familles ont été affectées », témoigne Galuha, 66 ans. Les équipes d’Oxfam ont rapidement distribué de la nourriture mais ont aussi commencé à reconstruire. « Après avoir répondu à la forte demande de matériel, de main d’œuvre et de transport, nous avons pu soutenir les Sahraouis », déclare Fadel, responsable Oxfam de la reconstruction dans le camp de Dakhla. Oxfam aide les personnes vulnérables à bâtir des maisons plus résistantes. Les briques de sable sont, par exemple, stabilisées avec du ciment afin d’anticiper de nouvelles pluies. www.oxfamsol.be > Nous découvrir > Pays > Sahara Occidental

Maria Teresa Olvera Cabbalero, du partenaire d’Oxfam ACASAC, lutte jour après jour contre la violence faite aux femmes.

Droits des femmes face aux traditions Dans la région du Chiapas, au Mexique, la vie des jeunes filles d’aujourd’hui bouscule les normes traditionnelles.

A

u cours des 20 dernières années, les femmes et les filles dans les hauts plateaux du Chiapas, l’une des régions les plus pauvres du Mexique, ont de plus en plus accès à l’éducation, à des opportunités de développement et elles participent de plus en plus à la vie sociale. De nouveaux droits qui bousculent les valeurs traditionnelles de la région et causent des conflits entre générations. Actuellement, une fille qui discute en rue avec un garçon risque de devoir répondre de cet acte devant un juge. Elle pourrait être condamnée à une amende de 3.000 pesos, voire à un mariage forcé avec le garçon concerné.

Fadel, d’Oxfam (à gauche), aide les Sahraouis les plus vulnérables à se reconstruire des maisons plus solides, en stabilisant les briques de sable avec du ciment.

Maria Teresa Olvera Caballero travaille pour l’ACASAC, un partenaire d’Oxfam actif dans la région. L’ACASAC défend les droits des femmes et des jeunes en général, en matière de santé et de sécurité. « Sur les plateaux du Chiapas, 42 % des femmes sont exposées à des violences. Nous avons mis en place plusieurs projets qui rassemblent les jeunes, les parents, les enseignants et les dirigeants locaux. Grâce à ces initiatives, les jeunes peuvent désormais exprimer leurs attentes et leurs frustrations au sein de la communauté. Nous tissons ainsi des liens entre les différents univers. » L’ACASAC a aussi un centre d’accueil pour les femmes et les filles confrontées à des violences, elles peuvent y bénéficier d’une assistance juridique, médicale et psychologique. Par ailleurs, l’organisation mène des campagnes de lutte contre la violence envers les femmes et les filles.

Une amende pour avoir discuté en rue

Citoyen du monde en trois petites heures Découvrir en même pas 3 heures comment résoudre des problèmes mondiaux complexes ? C’est ce que vous proposent les ateliers d’immersion d’Oxfam.

V

otre nouveau voisin a peut-être fui son pays natal à cause de la sécheresse et de la faim, des problèmes aggravés par le changement climatique qui a pris des proportions dramatiques. Pendant ce temps, nos politiciens parti-

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cipent à des sommets sur le climat. Mais ne serait-ce pas juste du show ? La mondialisation est aujourd’hui la norme. Avec ses avantages (voyager où vous voulez !), mais aussi ses inconvénients (voulez-vous vraiment porter des vêtements fabriqués contre un salaire de misère ?)

votre association, votre classe, votre syndicat,… Un atelier d’immersion dure trois heures et est tout sauf barbant : vous vous mettrez dans la peau d’un fermier burkinabè, d’un militant bolivien pour le climat ou d’une ouvrière du textile au Cambodge.

COMMENT TROUVER DES SOLUTIONS ?

Les ateliers d’immersion se déroulent dans le quartier bruxellois de Molenbeek, un point sur lequel Oxfam a reçu de nombreuses questions préoccupées. « Tout le monde a été touché

Vous voulez aborder ces problèmes en tant que citoyen critique ? Participez aux ateliers d’immersion d’Oxfam, avec

MOLENBEEK

par les attentats du 22 mars », déclare Emma, animatrice. « Mais Molenbeek n’est pas un ghetto, comme les médias le laissent parfois entendre. Le siège d’Oxfam se trouve ici. Nous faisons nos courses dans ce quartier, nous nous promenons dans ses parcs. Nous continuons chaque jour, ici-même, à rendre le monde un peu meilleur. Disons ‘non’ aux préjugés et aux idées reçues. » Envie de participer ? www.oxfamsol.be/fr/ateliersdimmersion


El Niño fera 60 millions de victimes en 2016 En raison du changement climatique, El Niño a été particulièrement destructeur cette année. Oxfam vient en aide aux paysans dont les cultures et le bétail ont été touchés.

Indonésie

Malawi

Agriculture, pêche et points d’eau ont été touchés. Le gouvernement a importé du riz pour nourrir la population. Oxfam et ses partenaires évaluent l’impact sur les cultures et la sécurité alimentaire.

E

Republique dominicaine

Riz, arachides, tabac et coton : la sécheresse affecte toutes les cultures et les paysans ne plantent plus en raison de précipitations trop irrégulières. Actuellement, plus de 2,8 millions de personnes ne mangent pas à leur faim.

l Niño est un phénomène météorologique récurrent, caractérisé par des températures anormalement élevées sur la surface de l’Océan Pacifique. Il provoque des conditions météorologiques extrêmes partout dans le monde. 2015 était déjà considérée comme l’année la plus chaude ; conséquence du changement climatique. Résultat : El Niño a été plus puissant que jamais. Il a causé plus de sécheresses, d’inondations, de famines. Selon l’ONU, en 2016, près de 60 millions de personnes dans la Pacifique, en Amérique latine, aux Caraïbes, en Afrique de l’Est et en Afrique australe seront affectées.

Cuba En août, Cuba a fait face à la pire sécheresse depuis 115 ans. Oxfam veille à un approvisionnement en eau potable à Santiago de Cuba.

La plus grave pénurie d’eau des 20 dernières années dans le pays a entraîné une perte de 50 à 80 % des récoltes et une inflation spectaculaire du prix des denrées alimentaires.

éthiopie Le pays n’avait plus connu de crise alimentaire depuis 30 ans. 80% des Ethiopiens vivent de l’agriculture. Les récoltes sont perdues à cause de la sécheresse. 500.000 têtes de bétail ont péri.

Nicaragua Qui dit peu de précipitations, dit peu de rendement pour la principale région productrice de haricots. Oxfam et ses partenaires locaux apportent leur aide à 3.900 personnes.

Soudan Le Soudan a connu un grave déficit de pluies au cours des derniers mois, ce qui a porté un coup rude à l’agriculture. La production de céréales, d’arachides et de coton devrait baisser de 27 % par rapport à 2014.

Philippines El Niño a touché les Philippines juste au début de la période des semis dans certaines des régions rizicoles les plus importantes du pays. Oxfam collabore avec le gouvernement et les partenaires locaux pour la recherche et le développement de mesures préventives.

Tous unis autour du climat L’accord de Paris sur le climat prévoit, entre autres, une hausse des investissements dans les stratégies d’adaptation climatique. En d’autres termes, les pays riches et pollueurs ont promis de contribuer au Fonds vert pour le Climat afin de permettre aux pays pauvres de s’adapter aux conséquences du changement climatique.

QUE FAIT LA BELGIQUE ? La Belgique s’est engagée à investir 50 millions d’euros par an jusqu’en 2020, ce qui représente moins de 5 euros par Belge. Il ne s’agit hélas pas d’un nouvel investissement : il vient du budget pour la coopération au développement. En outre, la Belgique continue de subventionner les voitures de société (polluantes), à hauteur de 2,5 milliards d’euros par an...

Rendez-vous sur

www.elninooxfam.org

Organisez un petit déjeuner Oxfam Envie d’organiser un petit déjeuner équitable pour faire découvrir le commerce équitable et notre mouvement de bénévoles passionnés ? Rien de plus simple, lancez-vous !

C

haque année, Oxfam-Magasins du monde organise les « Petits déjeuners-Oxfam ». Cette année, ils auront lieu le week-end des 8 et 9 octobre. Ce rendez-vous est l’occasion de faire connaître le commerce équitable et de soutenir les petits producteurs d’ici et d’ailleurs. Le commerce équitable est une véritable alternative économique, sociale et environnementale. Elle offre aux producteurs la chance de construire une vie digne et décente. Concrètement, cela se traduit par un juste prix d’achat aux producteurs, le préfinancement des commandes, des relations durables entre partenaires économiques. Un sacré défi avec au bout de la chaîne des produits qu’il s’agit de vendre et donc de faire connaître auprès des consommateurs. En 25 ans, le petit déjeuner est

devenu le meilleur moyen d’en parler. De 3.000 personnes en 1992, ce sont près de 35.000 personnes qui se sont mises à table en 2015 autour d’un petit déjeuner équitable. Partager le repas le plus important de la journée, c’est l’occasion de sensibiliser son entourage et de faire connaître le commerce équitable, ses produits, ses valeurs, ses partenaires d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’ici. C’est se rassembler en famille, entre amis, dans son quartier, dans sa commune, dans son école, dans son entreprise ou son association,… autour d’un bon petit déjeuner. Et en plus, ce n’est pas très compliqué à organiser. Les produits sont directement disponibles dans le Magasin du monde-Oxfam le plus proche de chez vous et Oxfam fournit le matériel de sensibilisation. Environ 200 petits déjeuners se tiendront dans le cadre de la semaine du commerce équitable (week-end des 8 et 9 octobre 2016). Envie de passer un bon moment tout en faisant passer un message important ? Alors n’hésitez plus ! Contactez Jeremy Paillet au 010 43 79 65 ou Sara Dodémont au 010 43 79 66. www.omdm.be /petitsdejeuners

Les élèves de l’Institut Saint Dominique ont fait une collecte de GSM au profit d’Oxfam.

Recycler des smartphones à l’école Une école de Schaerbeek récolte 112 GSM.

O

xfam récolte des GSM et des smartphones afin de les recycler, et de financer ainsi ses projets. Thierry Dethier, professeur à l’Institut Saint Dominique à Schaerbeek : « Les élèves ont appris avec ma collègue Sophie que les GSM contenaient différentes matières premières, qui peuvent être nocives

pour l’environnement si on les jette sans faire attention. Depuis deux ans, ils organisent une collecte, mais pas pour Oxfam. Cette année, j’ai proposé à Sophie et aux élèves de faire la collecte pour Oxfam. Ils ont adoré l’idée. » Envie de donner votre ancien GSM ? Ou d’organiser vous-même une collecte ? Rendez-vous sur www.oxfamsol.be/fr/gsm JUIN 2016 • globo

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LA QUESTION

Un an après : qui reconstruit le Népal ?

Bimala Balami (27 ans)

Thulimaya Lama (56 ans)

« APRÈS LE TREMBLEMENT DE TERRE, LES GENS DE NOTRE VILLAGE NE SAVAIENT PAS COMMENT GAGNER DE L’ARGENT. Oxfam est venue nous soutenir : nous avons reçu un salaire pour faire un travail manuel. Cette initiative a permis aux femmes de gagner de l’argent pour leur famille. Bientôt, l’endroit sera de nouveau accessible. »

« JE VEUX OUBLIER. » Thulimaya Lama a senti sa maison trembler lors du tremblement de terre. Elle est allée chercher du matériel de première nécessité distribué par Oxfam dans une école. « Je suis vraiment contente que le matériel ait été distribué de manière juste. Je pensais que certaines personnes seraient favorisées. »

Netra Parajuli (37 ans)

© Kiran Doherty/Oxfam

« J’ai expliqué aux autres comment utiliser des outils. » Dans le magasin de Netra, les habitants du village Lamosanghu peuvent venir échanger des bons Oxfam contre des outils au choix. Grâce à cette initiative, les habitants ont les moyens de cultiver leurs terres ou d’avoir leur propre potager.

Une Envie question de donner sur Oxfam vous brûle vos vêtements lesau lèvres ? profit d’Oxfam? 6

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N’attendez pas : posez question à GLOBO, rue des ⇒ Apportez vosvotre vêtements dans un magasin deQuatre-Vents seconde main60, 1080Oxfam Bruxelles un mail à globo@oxfamsol.be (voirou p. envoyez 15) Il est⇒possible que votre question nedans soit pas reprise paràmanque de place. Déposez vos vêtements un conteneur vêtements d’Oxfam


Sur l’île grecque de Lesbos, des bateaux arrivent chaque jour. Ils partent de Turquie, souvent pendant la nuit ou dans des conditions météorologiques défavorables.

Dossier

Migrants EN QUÊTE DE SOLIDARITÉ Sur les côtes grecques, dans les villes jordaniennes, dans des camps de fortune au Kivu… Les migrations s’intensifient jusqu’à s’inviter parfois sur la première page de nos journaux, souvent en cas de drame, où quand ces migrants se rapprochent de nos frontières. Beaucoup d’autres restent invisibles. Migrants ou réfugiés ? Menace ou richesse ? Et si on les regardait avant tout comme des hommes et des femmes, qui ont souvent tout perdu et ont besoin d’un peu de solidarité.

Table des matières : • Ahmad : passer la frontière, et après ? • Narmun : traverser la mer, risquer sa vie • Dalia : réfugiée depuis sa naissance • Fumila : déplacée à 40km de chez elle. • Crise migratoire mondiale : quel rôle pour l’UE ?

Textes : Esther Favre-Félix • Photos : Tineke D’haese/Oxfam • Ont collaboré : Liesbeth Goossens et Leila Bodeux, responsables plaidoyer politique pour Oxfam.

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Dossier

A la recherche d’un peu d’humanité Des camps de fortune et des barbelés, des files d’attente et des frontières fermées, des bateaux surchargés et des naufragés. Mais avant tout des hommes, des femmes et des familles, en quête d’un peu de sécurité ou d’une vie meilleure.

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© Pablo Tosco/Oxfam

e monde fait face à des mouvements de populations considérables : on compte actuellement plus de 60 millions de personnes réfugiées ou déplacées à travers le monde, un nombre jamais atteint depuis la 2e Guerre mondiale. En 2015, un million d’entre eux arrivaient aux frontières européennes. Les migrations ne sont certes pas un phénomène récent, mais ces dernières années, le nombre de personnes forcées de quitter leur maison a augmenté de manière dramatique.

PARCOURS VARIÉS

Parmi les raisons de cette augmentation, on pense bien sûr au conflit syrien mais aussi aux violences en Afghanistan, au Burundi, en RD Congo ou encore en Ukraine. A côté des conflits, les catastrophes naturelles et les effets du changement climatique poussent eux aussi des millions de personnes à quitter leur pays. Et de nombreux migrants veulent simplement un meilleur travail, une meilleure éducation ou encore retrouver les membres de leur famille qui vivent ailleurs.

UNE CRISE MONDIALE, PAS EUROPÉENNE Mais s’il y a bien une crise migratoire actuellement, elle est mondiale et non européenne. Ainsi le continent qui accueille le plus de réfugiés au monde est l’Afrique et non pas l’Europe. En cas de crise, 80% des réfugiés et des déplacés se retrouvent dans les pays limitrophes. Le Liban accueille ainsi à lui seul 1,2 millions de réfugiés syriens, ce qui représente plus de 20% de sa propre population. La majorité

A la frontière entre la Serbie et la Macédoine, environ 8.000 migrants sont en route vers la Croatie, bravant le froid et la pluie. des déplacés se retrouvent donc dans des pays en développement, où les populations locales vivent elles-mêmes dans la pauvreté et peinent à leur venir en aide.

UN ACCUEIL HUMAIN

Arriver jusqu’aux frontières européennes n’est donc pas la règle, mais l’exception. C’est un parcours cher et risqué, que peu peuvent entreprendre. Réfugiés, demandeurs d’asile, migrants (voir encadré ci-contre) : quel que soit leur statut, ceux qui entreprennent le voyage vers l’Europe n’ont généralement pas les papiers requis par nos règlementations migratoires hyper complexes, et recherchent des routes dérobées, dangereuses… à

Tous les migrants ne sont pas des réfugiés Migrant : personne en déplacement, voulant s’installer dans un autre pays. Un migrant peut être demandeur d’asile, réfugié, déplacé ou migrant économique, à la recherche d’une vie meilleure. Déplacé : personne ayant été forcée de quitter sa maison. Elle peut être déplacée à l’intérieur de son pays ou dans un autre pays, dans lequel elle peut décider de déposer une demande d’asile.

Actuellement, près de 60 MILLIONS de personnes ont été forcées de quitter leur maison suite à une crise. Parmi elles :

19,5 38,2 1,8 8

Demandeur d’asile : personne qui a introduit une demande d’asile dans un autre pays, un processus parfois très long, qui peut aboutir à lui donner le statut de réfugié. Refugié : personne forcée de quitter son pays à cause de persécutions, de violences ou de conflits. Elle a introduit une demande d’asile qui a été acceptée, lui donnant le statut de réfugié dans le pays en question.

Les pays d’où proviennent le plus de réfugiés sont :

la turquie

l’Afghanistan

Le pakistan

la Somalie

Le liban

4,2 millions

millions sont des déplacés.

2,6 millions

millions sont des demandeurs d’asile.

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Les pays accueillant le plus de réfugiés au monde sont :

la Syrie

millions sont des réfugiés.

1,1 million

la merci des passeurs. Leur volonté de prendre la route dans de telles conditions révèle une situation de départ intenable, qu’elle soit économique ou politique. C’est pourquoi quand ils atteignent nos frontières, la sécurité et le bien-être des migrants doivent être notre priorité absolue. Ces migrants ont tout laissé derrière eux et ils ont traversé des épreuves sans nom. Ils ont besoin d’eau, de nourriture, d’abris et d’un traitement digne. Ils doivent aussi pouvoir faire une demande d’asile s’ils le souhaitent. Ils arrivent avec l’espoir de se construire une nouvelle vie et il est essentiel que nous leur montrions notre humanité et nos valeurs. Et pourtant nos gouvernements continuent de voir ces mouvements comme une menace à leur propre sécurité. Ils ferment les frontières alors que cela ne fait que pousser les migrants à emprunter des routes plus dangereuses, comme par exemple la route entre la Libye et l’Italie (voir encadré page 9). Faute de routes sûres, ce sont les trafiquants qui feront des affaires, tandis que l’Europe continuera de payer de son côté pour les garder dehors. Les migrations ne sont pas une menace à contrer, c’est un phénomène complexe, qui peut être bien géré (voire aussi l’interview en page 11). Le nombre d’arrivées en Europe en 2015 reste du jamais-vu, mais il faut garder en tête que ces réfugiés ne représentent que 0,02% de la population européenne. L’Europe, le continent le plus riche du monde, est assez grande et prospère pour les accueillir. Encore faut-il que la volonté politique soit là.

1,84 million 1,5 million 1,2 million


Dossier

Ahmad : passer la frontière, et après ?

P

etit pays de 6 millions d’habitants, la Jordanie a été très généreuse dans son accueil. Mais elle ne peut pas faire face à un tel afflux de réfugiés sur le long terme. La plupart des réfugiés syriens en Jordanie vivent dans des villes ou villages et non des camps. Ils sont souvent dans des situations très précaires. 86% de ces réfugiés vivent en dessous du seuil de pauvreté.

UN PAYS AU BORD DE LA SATURATION

En Syrie, Ahmad Mohammad travaillait dans une agence de tourisme. Quand il est arrivé en Jordanie avec sa famille en 2013, il a passé quatre jours au camp de réfugiés de Zaatari. Un camp si grand qu’il est devenu la quatrième plus grande ville du pays. Puis Ahmad est parti s’installer dans un appartement, dans la ville de Zarka. Oxfam lui a fourni de l’argent pour payer son loyer, une citerne, des filtres à eau et des bons pour des produits d’hygiène.

« Environ 600.000 Syriens vivent dans les villes et villages jordaniens. Les services publics locaux ne sont pas prévus pour faire face à une telle augmentation soudaine de la population », explique Caroline Verney, responsable des partenariats humanitaires pour Oxfam. « Les écoles et les hôpitaux sont saturés. La pression sur les ressources en eau et électricité est très forte. On remarque ainsi de nombreuses coupures depuis l’afflux de réfugiés. »

UN AVENIR MEILLEUR POUR SES ENFANTS

Pour Ahmad, la Jordanie c’était un refuge après un cauchemar. « J’ai failli être tué à trois reprises », raconte-t-il. « En Syrie, ma fille Sara a été blessée à la tête. Une balle lui a éraflé le crâne et des éclats d’obus sont restés dans son cuir chevelu. Grâce à Dieu elle n’est pas morte. Ça m’a poussé à fuir tout ça, pour mes enfants. Moi-même, j’ai été blessé dans un bombardement, à la main, au torse et au dos. Mais je n’ai ressenti ces douleurs qu’une fois arrivé en Jordanie. » Après 3 ans d’attente en Jordanie, Ahmad envisage maintenant d’aller en Europe pour pouvoir offrir une vie meilleure à sa famille. « Je suis prêt à courir le risque et à affronter le danger d’aller en Europe.

© Sam Tarling/Oxfam

5 ans après le début de la crise en Syrie, plus de 4,8 millions de Syriens ont fui vers les pays voisins. En Jordanie, ils représentent maintenant 10% de la population.

Ahmad Mohammad, Syrien réfugié en Jordanie depuis 2013 avec sa famille. Même si je risque de mourir, je dois le faire, pour que mes enfants puissent avoir un meilleur avenir. Je suis prêt à tout pour ça. »

Narmun : traverser la mer, risquer sa vie Depuis début 2016, quelque 1.700 personnes débarquent en moyenne chaque jour sur les rivages grecs, fuyant la guerre et la pauvreté.

arrivés à Athènes, ils ont pris un bus vers la ville d’Idomeni, à la frontière macédonienne. Arrivé à la frontière, il est heureux : « Nous sommes plus près du but maintenant. » Mais la Macédoine a fermé ses frontières, décrétant l’état d’urgence jusque fin 2016. Plus de 50.000 personnes se trouvent désormais bloquées en Grèce.

Q

uand ils arrivent, c’est après une traversée périlleuse, sans garantie de succès, souvent de nuit et dans des conditions météorologiques défavorables. Narmun, 45 ans, est de Mossoul, en Irak. Il voyage avec sa femme et leurs sept enfants, dont l’aîné a 15 ans. Ils sont yézidis, une religion minoritaire en Irak dont les pratiquants font l’objet de persécutions et ne peuvent rien posséder en leur nom. « Des groupes extrémistes nous tuent. Ils kidnappent nos enfants. À 74 reprises au cours de l’Histoire, ils ont essayé d’éliminer les Yézidis. Notre traversée en bateau a été la 75e fois », dit-il avec esprit. Une traversée qu’ils ont payée 800 dollars par personne.

« NOUS AVONS VU LA MORT DE PRÈS »

Ils ont accosté en Grèce, de nuit, avec 60 autres personnes, dont 25 enfants. « À bord, nous avons vu la mort de près », raconte Narmun. La traversée de la mer Égée leur a pris trois heures et ils ont

LIVRÉS À EUX-MÊMES

Narmun, 45 ans, demandeur d’asile yézidi irakien, sur la route des Balkans.

eu terriblement peur. En Grèce, ils ont reçu de l’assistance pour la première fois. Dès qu’ils sont

« Nous voyons déjà l’impact sur la sécurité des migrants qu’ont ces mesures aux frontières », explique Sara Tesorieri, qui travaille sur la problématique migratoire pour Oxfam. « Les personnes vulnérables sont tout à coup livrées à ellesmêmes, sans informations claires, à dormir dehors, et sans accès à l’eau. En Grèce, on voit même des suicides de désespoir. » Oxfam a démarré ses opérations en Grèce en septembre 2015 : nous distribuons aux réfugiés et aux migrants des repas chauds, de l’eau, des sacs de couchage et des couvertures. Nous accompagnons aussi ces migrants pendant la poursuite de leur route. En Serbie et en Macédoine nous installons des toilettes, des douches et des points d’eau et nous y distribuons des kits d’hygiène, des manteaux et des couvertures.

Rien n’a changé depuis Lampedusa 19 avril 2015. 800 migrants perdaient la vie au large de l’île italienne de Lampedusa. Un an plus tard, presque jour pour jour, un autre naufrage emportait la vie de 500 autres personnes. La traversée entre la Libye et l’Italie est la voie maritime la plus meurtrière au monde. Pourtant, au premier trimestre de l’année 2016, le

nombre d’arrivées sur les côtes italiennes a presque doublé par rapport à 2015. Rien qu’au mois de mars, près de 10.000 personnes avaient tenté la traversée. Il y a un an, les dirigeants européens s’indignaient. Aujourd’hui, il n’existe toujours pas de route sûre vers l’Europe.

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Dossier

Dalia : réfugiée depuis sa naissance Au Sud de l’Algérie, des milliers de réfugiés attendent de pouvoir rentrer chez eux depuis plus de 40 ans. Ils viennent du Sahara occidental.

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uand on pense à des camps de réfugiés, on imagine souvent une situation temporaire. Mais les réfugiés sahraouis attendent depuis des décennies de pouvoir rentrer chez eux. Ils ont fui un conflit qui s’est enlisé et qui semble toujours sans issue aujourd’hui. Vivant dans une zone désertique et isolée, ils sont complètement dépendants de l’aide humanitaire. Pour les jeunes, ça équivaut à ne pas avoir de perspectives d’avenir. Dalia, 18 ans, en fait partie : « Je ne peux pas planifier mon futur. C’est impossible d’avoir une vision de son futur quand on n’est pas chez soi. »

UNE TERRE QU’ILS N’ONT JAMAIS CONNUE

Au fil des années, des petites maisons en briques de sable ont remplacé beaucoup de tentes. Les camps se sont organisés, avec des élections, des centres de santé et des écoles. Sur les murs de leur cour de

récréation, les enfants dessinent des arbres et des poissons. Ils imaginent une terre qu’ils n’ont jamais vue. « Je suis trop jeune pour avoir connu cette terre dont tout le monde parle ici », explique Dalia. « Mais depuis que je suis née, j’entends les histoires de mon grand-père : comment c’était, comment ils vivaient... Ça me marque beaucoup. » Dalia a pu passer un été dans une famille d’accueil espagnole quand elle était enfant. « A Barcelone, j’ai découvert des choses nouvelles, comme de hautes maisons, des avenues. Là-bas, il y a une belle végétation, un climat agréable. Dire qu’on a ça juste à côté de nous, au Sahara occidental. »

UNE CRISE HUMANITAIRE DE LONGUE DURÉE

Oxfam apporte de l’aide humanitaire à ces réfugiés depuis les années ‘70. Une aide qui a évolué au fil des années d’aide d’urgence pure à une combinaison d’aide humanitaire (distribution de fruits et légumes) et de création d’opportunités pour la jeunesse (soutien à des associations de jeunes, appel à projets). Nous continuons aussi à relayer les voix des Sahraouis au niveau international afin que leur situation se débloque enfin. Car l’espoir est encore là. « Chaque famille sahraouie a une valise chez elle, prête pour le grand retour », constate Baptiste

Dalia Jatri Mohamed (18 ans), réfugiée sahraouie, camp de Boujdour (Algérie).

Chapuis, responsable du plaidoyer pour Oxfam sur la crise des réfugiés sahraouis. « Des milliers de valises prennent la poussière. La jeunesse est de plus en plus impatiente de reprendre sa vie en main. »

Fumila : déplacée à 40 km de chez elle La RD Congo compte plus de 1.600.000 personnes déplacées internes. A l’Est du pays, la région du Kivu est particulièrement instable.

« Pour distribuer l’aide humanitaire, on identifie les personnes les plus vulnérables, sur base de critères définis par la population elle-même : ce sont elles qui bénéficieront de l’aide, qu’elles soient déplacées ou locales », explique Damien Helleputte, gestionnaire de programme humanitaire pour Oxfam.

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DES CHOUX ET DES SALADES

es milices internes au Kivu ou issues de pays voisins détruisent les villages, les récoltes et terrorisent les populations. 5,4 millions de personnes y ont perdu la vie depuis 1998. Une crise qui continue de provoquer des déplacements de populations, comme pour la famille de Fumila Mahigué : « J’ai dû fuir les conflits à Mpati. J’ai passé beaucoup de temps dans la brousse avant de me décider à ne pas rentrer, et à aller à Mweso. Ça n’avait pas de sens de vivre comme ça, comme des animaux. »

CAMPS ET FAMILLES D’ACCUEIL

Mweso, une ville à une quarantaine de kilomètres de Mpati. Si près et si loin. De nombreuses familles y ont été déplacées par les violences. « Dans le camp [de Mweso], il n’y a pas vraiment d’entraide. Comment être solidaire quand on n’a rien ? » D’autres déplacés vivent dans des familles d’accueil locales, ellesmêmes dans une situation de pauvreté, en raison des

Fumila Mahigué, déplacée interne de Mpati à Mweso, Nord Kivu, RD Congo. nombreux problèmes structurels de la région : accès à la terre, faibles rendements agricoles, insécurité latente…

« Là, je récupère des choux et je pars les repiquer dans un champ que je loue à un villageois », explique Fumila. Ces boutures de choux proviennent d’une pépinière gérée par Oxfam. A son arrivée, la famille de Fumila a reçu de la nourriture et ces boutures constituent un apport complémentaire, tout comme des outils de jardinage. Au début, les déplacés ont besoin avant tout de nourriture. Mais quand le déplacement se prolonge, ils doivent retrouver de nouveaux moyens de subsistance. « Nous sommes 8 dans la famille, on travaille ensemble dans le champ », explique Fumila. « Quand les choux et les salades auront poussé, je pourrai les revendre ou nourrir mes enfants. » Un premier pas vers l’autonomie, même dans une situation aussi précaire. « Parfois certains sont déplacés plusieurs fois dans la même année. Comment envisager son futur dans ces conditions ? », s’interroge Damien Helleputte.

Femmes réfugiées, doublement vulnérables Les femmes réfugiées ont des besoins spécifiques qui ne sont souvent pas rencontrés, en matière de santé, d’hygiène et de sécurité. Ainsi après une guerre, les femmes enceintes peinent à recevoir des soins, les hôpitaux étant saturés par les blessés. Et dans les camps de réfugiés, des douches et toilettes à part et éclairées la nuit sont rarement disponibles. Ces

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aménagements sont essentiels à leur sécurité. En cas de catastrophe ou de conflit, on remarque généralement une augmentation des violences faites aux femmes (agressions, violences...). Oxfam prend en compte ces vulnérabilités, par exemple en prévoyant des toilettes à part ou encore en distribuant des produits d’hygiène féminine aux femmes migrantes en Serbie et en Macédoine.


Dossier

Crise migratoire mondiale : quel rôle pour l’Union européenne ? L’UE doit avant tout protéger les migrants qui arrivent à ses portes. Mais elle doit aussi mettre en place une stratégie coordonnée, à long terme, qui cesse de voir les migrations comme une menace.

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ien gérées, les migrations peuvent être une source de prospérité, que ce soit dans les pays d’accueil ou dans les pays d’origine de ces migrants. Et pour le moment, on ne peut pas vraiment parler de bonne gestion, selon Leila Bodeux et Liesbeth Goossens, chargées de plaidoyer politique pour Oxfam. Elles appellent l’UE à en faire plus.

Est-ce qu’Oxfam est un acteur dans la crise migratoire ?

Liesbeth Goossens : « Ces deux dernières années, Oxfam a apporté de l’aide humanitaire à plus de 5 millions de personnes dans des zones de conflits, des camps de réfugiés et des communautés d’accueil. Oxfam met aussi la pression sur les gouvernements afin que les droits et les besoins des réfugiés soient entendus. »

Quand les migrants arrivent à nos frontières, que devrait faire l’UE en priorité ?

Leila Bodeux : « Quand un migrant arrive, il faut avant tout le traiter avec humanité et dignité, quelle que soit la raison qui l’ait poussé à quitter son pays. Il faut aussi lui donner la possibilité d’exercer son droit à déposer une demande d’asile, en l’informant dans sa langue et en traitant chaque personne de manière individuelle.» Liesbeth Goossens : « Renvoyer des migrants par groupes entiers, c’est contraire au droit international. L’accord qui a été fait avec la Turquie de renvoyer en masse les migrants syriens arrivés en Grèce, est à la fois immoral et illégal. Cet exemple montre bien que les pays européens ne sont pas en train de chercher des solutions constructives au défi migratoire. Au lieu de définir une politique cohérente, ils repoussent une crise humanitaire à leurs portes. »

Quelle solution pour ceux qui risquent leur vie en mer, jour après jour ?

Liesbeth Goossens : « Sauver les vies de ceux qui tentent cette traversée doit être la priorité pour l’Europe. Ça veut dire : continuer et intensifier les opérations de sauvetage en mer. C’est une responsabilité morale. Mais il faut aussi instaurer des routes sûres

Nam faccus, sam remquae liquamus, nobiNonestibus ut quae. Et dolo eliqui as dolorum dendi omnisque rectatibus volorum sum fugit, officie ndipsuntur? Dans un camp de réfugiés sur l’île grecque de Lesbos, des bénévoles Oxfam distribuent des repas chauds aux réfugiés qui attendent d’être enregistrés. pour arriver en Europe, pour que ces gens n’aient pas à prendre de tels risques. » Leila Bodeux : « Instaurer une route sûre, ça commence par faciliter la réinstallation de réfugiés dans les pays européens. Et par augmenter le nombre de visas humanitaires pour permettre à ceux qui fuient les conflits d’atteindre l’Europe en toute sécurité. Mais plus globalement, il faut arrêter la course à la sécurisation, qui oblige les migrants à prendre des routes toujours plus dangereuses. » Liesbeth Goossens : « Pour les migrants économiques, qui prennent ce risque pour trouver une vie meilleure, il est nécessaire d’assouplir les critères d’immigration légale et de regroupement familial. La « forteresse Europe », c’est un modèle qui ne marche pas : les routes deviennent plus dangereuses, mais les migrations ne s’arrêtent pas pour autant. »

Pour freiner ces migrations, faut-il investir dans le développement des pays d’origine des migrants ? Leila Bodeux : « Tout d’abord, il faut arrêter de voir les migrations comme une menace à endiguer. Les migrations sont un phénomène naturel qui a toujours existé. L’aide au développement ne doit pas être vue comme une solution à une crise supposée. Mais bien comme une opportunité de prospérité pour des populations entières, par des investissements dans le développement à long terme de ces pays. »

Liesbeth Goossens : « Il faut aussi faire attention à ce que cette aide ne soit pas instrumentalisée. Par exemple l’aide européenne au développement est actuellement utilisée comme marchandage avec les pays limitrophes, en échange du renforcement de leurs frontières. Encore pire, lors du sommet UEAfrique de La Valette, à Malte, des fonds de « développement » ont été libérés pour former des gardesfrontières et installer des check points. Cet argent doit servir à financer des écoles et des hôpitaux, pas des fils barbelés. »

Que faire face à cette approche de plus en plus sécuritaire ? Liesbeth Goossens : « Ces mouvements migratoires sont gérables par la communauté européenne, le continent le plus riche du monde. Il faut faire attention aux discours xénophobes et aux politiciens dont les visions populistes alimentent la peur. Les fermetures de frontières en sont la conséquence. Des mesures unilatérales qui créent des situations humanitaires catastrophiques. Ce débat sécuritaire n’est pas nouveau. On a besoin d’un vrai changement dans notre manière de penser la migration et surtout d’une vraie politique migratoire européenne coordonnée. Cette politique doit avoir une vision à long terme, prenant en compte la migration légale et l’intégration. Il ne faut pas perdre de vue que tous ces gens sont avant tout des êtres humains. »

Vous pouvez soutenir les réfugiés avec nous

15 € =

12 KITS D’HYGIÈNE

Ces kits d’hygiène constituent une manière efficace d’éviter la propagation de maladies.

20 €/mois =

AIDER À CONSTRUIRE DES POINTS D’EAU DANS UN CAMP DE RÉFUGIÉS

L’accès à l’eau est l’un des besoins les plus urgents pour les gens qui ont tout quitté.

30 € =

2 TOILETTES DANS LES CAMPS

Oxfam construit des latrines et prévoit également des lieux réservés aux femmes.

Faites un don sur www.oxfamsol.be

ou par virement sur le compte

IBAN BE37 0000 0000 2828 BIC BPOTBEB1

avec la communication “migration”

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Nourrir le bétail est déjà un défi en soi au Burkina Faso, dès lors les productrices s’organisent pour rassembler leurs forces.

Burkina : développer la filière du lait Est-il possible de vivre de la production de lait au Burkina Faso ? La réponse est oui ! A condition de changer les règles du jeu.

«O

n avait toutes en tête que ce qu’il fallait, c’était avoir le plus de vaches possible, au lieu de deux bonnes vaches qui produisent bien. Maintenant, je préfère avoir une vache bien nourrie pour qu’elle produise bien avant de vouloir agrandir mon troupeau. Une bonne vache laitière rapporte de l’argent et rembourse sa nourriture. » Ramata Maïkoubé a rejoint le groupement local de productrices laitières « potal Jama » en 2012. Comme pour beaucoup d’autres producteurs et productrices du Burkina Faso, il n’est pas possible pour elle de vivre simplement en vendant son lait.

Entre sécheresses et traditions

Les sécheresses récurrentes ont forcément un impact sur la production. Quand en Europe une vache produit jusqu’à 20 litres de lait par jour, au Burkina Faso, les éleveurs doivent se contenter de 3 litres, au mieux. Le climat n’est hélas pas le seul frein :

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le poids des traditions, pour certaines populations nomades comme les Peulhs, joue également un rôle important. Se séparer d’une bête est un lourd sacrifice. « Il va falloir aussi qu’on change nos mentalités, reconnait Ramata, qu’on se détache de la tradition pour se séparer des vaches qui produisent moins. Je crois que tout le monde l’a compris et accepté. »

Un besoin d’encadrement

Korotoumou Gariko (connue sous le nom de Madame Gariko) est productrice de lait à la tête d’une minilaiterie à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Elle rachète notamment le lait de Ramata et des productrices du « potal Jama ». Clairvoyante sur les problématiques locales, elle est consciente qu’il faut plus d’encadrement de la part de l’Etat. « Les vaches locales donnent peu de lait et il faut les croiser avec d’autres races, plus productives. Seulement, nous avons besoin de plus d’encadrement pour que les veaux issus du croisement puissent survivre. Et puis, c’est surtout très cher. Oxfam a financé plusieurs interventions mais cela n’a pas pu concerner tout le monde. » Madame Gariko insiste : « Ici, les productrices sont payées au jour le jour, en fonction

de la quantité de lait, parce qu’elles ont besoin de cet argent pour s’occuper de leur famille chaque jour. C’est d’ailleurs

aussi un problème pour accéder à des crédits dont on aurait besoin pour les inséminations ou pour de la nourriture

Deux labels, un combat F

airebel, vous connaissez ? Mais si, le lait belge équitable … Son petit frère, Fairefaso voit le jour. Ce nouveau label va permettre aux producteurs familiaux du Burkina Faso de promouvoir leur production. Ibrahim Diallo, président de l’UMPL-B (voir encadré p. 13, en haut) : « Le label « Fairefaso » est une étape importante et un symbole fort permettant d’identifier un produit de qualité vendu à un prix juste. » Le partenariat belgo/burkinabè est bien plus large que ce label. Oxfam et les producteurs belges se sont associés pour financer le renforcement de la mini-laiterie de Ouahigouya (camion frigo, conditionneuse de yaourt…). Une première étape qui en appelle d’autres (voir encadré au bas de la p. 13). Ibrahim Diallo : « Notre partenariat permet d’accroître la qualité de notre lait mais c’est aussi une collaboration politique, car nous appuyons le travail de plaidoyer des producteurs belges. »

Erwin Schöpges, président de la Faircoop, coopérative belge de producteurs familiaux (qui produit Fairebel) : « L’Europe et ses mesures en faveur des multinationales du lait nous tue à petit feu. Nous avons décidé de ne pas nous laisser faire car nous représentons l’avenir tant au niveau écologique qu’économique. Nous avons déversé du lait, nous avons rencontré le Pape. Désormais, nous nous unissons aux producteurs burkinabè. Tous ces messages forts doivent être entendus par les politiques. Sans quoi, on va droit dans le mur. »


Texte : Julien Lepeer

regards du sud

Réunir les conditions d’une meilleure production

UMPL-B

L’UMLP-B est un partenaire d’Oxfam

QUI ? Union Nationale des Mini-laiteries et des Producteurs

depuis sa création en 2008. L’organisation défend les droits des producteurs de lait burkinabè. Oxfam soutient l’UMPL-B mais aussi ses membres à plusieurs niveaux, du plus concret au plus politique. Il y a l’appui matériel : outils, équipements de transformation (pour pasteuriser ou produire du fromage par exemple), locaux, frigo à énergie solaire, étables, d’un côté. Et les formations aux techniques agricoles et d’élevage pour pouvoir mieux nourrir et préserver les troupeaux, de l’autre. Oxfam finance des interventions de vétérinaires pour croiser des varié-

tés de vaches afin qu’elles soient plus productives. Ensuite, il y a l’accompagnement et la formation pour tout ce qui concerne la vente du lait et l’accès au marché. Enfin, il y a le renforcement de la structure des organisations (gestion comptable ou mise en place d’une structure claire) ainsi que la formation aux techniques de plaidoyer et l’information sur les droits. L’UMPL-B peut ainsi plus facilement exercer son travail d’influence auprès des décideurs politiques burkinabè. Oxfam a notamment favorisé sa mise en relation avec les producteurs de lait belge.

de lait du Burkina Faso.

QUOI ? L’UMPL-B œuvre à la défense des intérêts des producteurs de lait burkinabè, à la représentation, à la professionnalisation de la production, à l’accès au financement et à la collaboration entre les organisations laitières.

Burkina faso

86% de la population du Burkina Faso travaille dans l’agriculture. Cependant, le secteur est confronté à de nombreuses difficultés : non seulement les sécheresses et le changement climatique, les politiques commerciales, mais aussi un manque d’expertise technique et d’équipements.

Mali

Burkina Faso

Côte d’Ivoire

Ghana Togo Bénin

Guinée

Niger

Nigeria

Cameroun

pour les bêtes. Les banques n’ont pas confiance face à ce genre de système. En plus, le travail des producteurs n’est pas reconnu officiellement comme un métier. »

Système D pour sortir de la dépendance

Pour faire face à ce manque de fonds, les productrices s’organisent. Madame Gariko présente leur système D : « Nous nous sommes organisées dans un système de tontine (NdlR : crédit entre productrices). Chaque femme verse une cotisation par mois que l’on met dans un fonds commun. Cela permet de prêter une grosse somme à une de nos membres. Celle-ci doit rembourser l’argent mais avec un intérêt très faible. Un jour, on pourra se passer d’aide mais il faut nous donner les moyens de pouvoir s’en passer. L’accompagnement n’est pas éternel mais avec un bon encadrement, on pourra s’en sortir seules. » Ramata, la productrice, a rejoint le groupement pour une bonne raison : pouvoir être indépendante. « Ici, les femmes se défendent elles-mêmes. Elles ne sont esclaves de personne. Si on parvient à bien produire, on peut vivre mieux. »

La menace vient de l’extérieur

Le contexte local – le climat, les traditions ou l’encadrement de l’Etat – représente un défi de taille pour les

producteurs et productrices burkinabè. Mais les multinationales et les politiques européennes jouent un rôle primordial dans ces difficultés. La surproduction imposée en Belgique et dans les autres pays du continent européen (voir aussi encadré p.12) fait diminuer le prix du lait chez nous et engendre un surplus qui est exporté. L’Europe pratique une forme de dumping en subsidiant ce lait qui est vendu sous forme de lait en poudre sur les marchés africains.

« Un jour, on pourra se passer d’aide mais il faut nous donner les moyens de pouvoir s’en passer. » Ces « prix cassés » du lait importé tirent tous les prix du lait vers le bas et les producteurs locaux sont obligés de vendre à perte. Ils ne peuvent donc pas non plus investir dans de meilleurs outils pourtant cruciaux pour améliorer l’hygiène et la qualité du lait. Pour contrer ce phénomène, les producteurs locaux s’unissent pour, à terme, pouvoir fidéliser une clientèle.

Changer les politiques Les producteurs locaux se regroupent aussi pour exercer un travail de plaidoyer. Au Burkina Faso, pour exiger un meilleur encadrement et une meilleure protection des producteurs, mais également au niveau international, pour exiger des réglementations plus équitables. Oxfam soutient notamment l’Union des mini-laiteries et des producteurs de lait du Burkina Faso (UMPL-B voir encadré ci-dessus) en leur proposant des formations et un appui à l’organisation. En Belgique aussi, Oxfam soutient les producteurs de lait qui font, eux aussi, partie des victimes des directives européennes. Thierry Kesteloot, responsable du plaidoyer Souveraineté alimentaire d’Oxfam-Solidarité : « Concurrencer la production locale, c’est mettre en péril la sécurité alimentaire d’un pays ou d’une région. C’est pourtant une des politiques de l’Union européenne, et pas seulement au niveau du lait. On le voit aussi en Belgique, les producteurs familiaux suffoquent. Les directives européennes favorisent uniquement les grands groupes, sans tenir compte de l’impact social et environnemental que ces politiques entrainent. C’est pourquoi Oxfam et d’autres ONG soutiennent les producteurs familiaux un peu partout dans le monde. Ils les aident à se structurer, à se développer mais aussi et surtout à faire changer les règles du jeu. »

Développer les minilaiteries O

xfam organise une opération de financement participatif (crowdfunding) pour améliorer les installations d’une mini-laiterie qui se trouve dans l’Est du Burkina Faso, à Bittou. Korotoumou Gariko possède une mini-laiterie à Ouagadougou, la capitale. « J’emploie quatre personnes. J’ai reçu un appui d’Oxfam pour le matériel de transformation, le thermomètre, le densimètre, les emballages. Je peux produire 200 litres de lait pasteurisé par jour. Cela fonctionne bien et il faut presque faire le tri entre les clients. » De nombreuses autres mini-laiteries ont besoin d’améliorer leurs installations pour se développer. 39 au total font partie de l’UMPL-B, partenaire d’Oxfam (voir cadre ci-dessus).

Vous pouvez soutenir les producteurs de lait au Burkina Faso. www.oxfamsol.be/fr/laiterie ou www.crofun.be (mot-clé : laiterie)

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Bénévole à l’honneur

Originaire de la région d’Eupen et quadrilingue, Markus Neumann est bénévole pour Oxfam Trailwalker depuis cinq ans. Et il ne compte pas s’arrêter là.

« Ma lieu à plus bell e l’acc ueil d expérienc e eae s éq le d u marc épart. J’a uipes ava heurs nt i rass uré anx pose marc z pas ieux : ‘Ne des hez. de q vou Si faibli r, ima vous sen uestions s tez ginez e votre vos forc t e p s i ed la lig ne d’ franchir arrivé e’. »

« Bénévole, c’ est bénévole. J’apprécie être là où je suis le plus utile mais je n’ai pas d’exigences pa rticulières. J’ai déjà été chargé de vide r les poubelles ou de traduire des tweets. Ce que je recherch e c’est l’expérience hu maine. »

walker en 2010. J’ai été vraiment « J’ai moi-même marché pour Oxfam Trail des bénévoles et de toute l’équipe touché par le soutien et la générosité au bout des 100 km et c’est ça Oxfam. Ça été déterminant pour arriver e l’année d’après. » qui m’a donné envie de devenir bénévol

aux porte re un a m t uver prend , j’ai o puissent n o i g t é qu’ils notammen e la r t r i u b o a p h me j’ xfam e, j’ai « Com sables d’O ée passé » n nn respo repos. L’a s photos. e e p i d peu s équ eilli le u c c a

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« C’e st pour le seul m l’a o meill utre, off yen de su rir et eur e rvivre xe ac sans d béné mple. Des cueillir. O ans notr e x fices maté gens peu fam Trailw monde : ê vent riels, alker tre là ju pour une b ste être e en est le n onne caus semble, e. »

Envie, vous aussi, de devenir bénévole ? Rendez-vous sur : www.oxfamsol.be/fr/benevolat


Où trouver les magasins de seconde main Oxfam ? wallonie

ANS : Rue de l’Yser 185A, 4430 Ans • 04 371 20 44 • lu au sa : 10-17h45h • vêtements, brocante, informatique CHARLEROI : Rue de Montigny 66, 6000 Charleroi • 071 31 80 62 • je, ve : 10-17h30, sa: 10-16h • vêtements, livres CINEY : Rue St. Gilles 61, 5590 Ciney • 083 67 85 04 • ma au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique DINANT : Rue Grande 61-63, 5500 Dinant • 082 66 68 50 • ma au ve : 10-17h, (été 18h) sa : 11-17h (été 18h) • vêtements, brocante, livres, informatique HERSTAL : Rue Grande Foxhall e 99, 4040 Herstal • 04 240 08 01 • lu : 12-16h45, ma au ve : 10-16h45, sa : 12-16h (fermé sa en juillet/août) • vêtements, brocante, livres, informatique HUY : Rue Montmorency 2, 4500 Huy • 085 23 32 98 • me : 9-16h, ve : 10-17h, sa : 10-12h et 14-16h • vêtements LIÈGE : Rue de la Casquette 19b, 4000 Liège • 04 223 27 87 • lu au ve : 10-18h, sa : 10-17h (été : • vêtements, brocante, livres LIÈGE : Rue St Séverin 117, 4000 Liège • 04 221 49 58 • lu au sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres LIÈGE : Rue Puits-en-sock 137, 4020 Liège • 04 341 18 00 • lu au ve : 9-16h45 , sa : 9-1h • vêtements, livres, brocant LIÈGE : Rue St. Gilles 29, 4000 Liège • 04 222 24 42 • lu au ve : 10-17h30, sa : 10-17h • Bookshop MARCINELLE : Chée de Philippeville 290/292, 6001 Marcinelle • 071 37 65 05 • lu au sa : 10h-18h • vêtements, brocante, livres, informatique MONS : Rue de Houdain 5b • 7000 Mons • 065 84 75 04 • ma au sa: 10-18h • informatique, livres NAMUR : Chée de Louvain 5, 5000 Namur • 081 22 22 22 • lu au ve : 11-17h, sa : 10-15h • vêtements, brocante, livres, informatique, mobilier de bureau NAMUR : Av de la Plante 27, 5000 Namur • 081 26 28 38 • ma au ve : 11-18h, sa : 10-15h • informatique NAMUR : Bas de la Place 12-14, 5000 Namur • 081 22 91 22 • lu au sa : 9h30-18h • Bookshop NIVELLES : Rue de Namur 36, 1400 Nivelles • 067 77 34 85 • lu au ve : 10-18h, sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres, informatique

seconde main

Nouveau magasin à Gand Un endroit de plus à Gand où trouver de chouettes affaires de seconde main : le magasin de seconde main Oxfam sur le Steendam Oxfam chouchoute les amateurs de seconde main à Gand : un nouveau magasin de seconde main Oxfam vient d’ouvrir ses portes sur le Steendam. C’est le troisième du genre dans la ville des comtes de Flandres. Avec un peu de chance, vous dénicherez des boucles d’oreilles faites main, un cd des années '90, un ordinateur presque neuf ou un service complet. Et pourquoi

pas la robe d’été parfaite pour aller flâner le long de la Lys.

Adresse: Steendam 73, 9000 Gent Heures d’ouverture: du mardi au samedi, de 10h à 18h.

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bruxelles

BRUXELLES : Rue de Flandre 102-104, 1000 Bruxelles • 02 522 40 70 • lu : 14-18h, ma au sa : 11-18h • vêtements vintage, brocante, livres BRUXELLES : Rue Haute 243, 1000 Bruxelles • 02 502 39 59 • ma au sa : 10-17h, dim : 11-15h • vêtements, brocante BRUXELLES : Rue des Chartreux 37, 1000 Bruxelles • 02 502 30 03 • lu : 13h-17h30, lu : 13-18h, ma au ve : 11-18h, sa : 13- 18 (été lu-sa : 13-18h) • Oxfam Kids : vêtements, accessoires pour enfants BRUXELLLES : Av de la Brabançonne 133, 1000 Bruxelles • 02 732 72 68 • ma au sa : 9-14h30 • vêtements, brocante, livres BRUXELLES: Rue des Renards 19, 1000 Bruxelles • 02 513 83 23 • ma, je, ve : 11-18h, sa : 10-18h, di : 10-15h • vêtements hommes, accessoires ETTERBEEK: Chée de Wavre 295, 1040 Etterbeek • 02 640 09 25 • lu : 14-18h, ma au ve : 11-18h, sa : 11-15h • vêtements, livres, brocante FOREST : Chée de Neerstalle 66, 1190 Forest • 02 332 59 91 • lu au sa : 10-17h30 • vêtements, livres, brocante, informatique IXELLES : Chée d’Ixelles 254, 1050 Ixelles • 02 648 58 42 • lu au sa : 10-18h • Bookshop IXELLES : Chée d’Ixelles 252, 1050 Ixelles • 02 647 48 51 • lun au sa : 10-18h • informatique JETTE : rue Auguste Hainaut 7, 1090 Jette • 02 427 25 75 • lu t/m ve: 10-18h • vêtements, livres, brocante, informatique SCHAERBEEK : Bld Lambermont 47, 1030 Schaerbeek • 02 215 05 11 • lu au ve : 8-18h • vêtements, livres, brocante UCCLE : Rue Vanderkinderen 248, 1180 Uccle • 02 344 98 78 • lu au sa : 10-18h (été 13-18h) • Bookshop

flandre

ANVERS: Lange Koepoortstraat 49, 2000 Antwerpen • 03 707 11 61 • lu au sa: 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique ANVERS : Quellinstraat 28, 2000 Anvers • 03 227 44 82 • lu au sa : 10-18h • Bookshop ANVERS : Brederodestraat 27, 2018 Anvers • 03 238 24 60 • ma au ve : 10-18h, sa : 10-17h • Oxfam Boutique : vêtements, brocante, livres BRUGES : Leopold II-laan 19, 8000 Bruges • 050 31 04 51 • ma au sa : 10-17h30 • vêtements, brocante, livres, informatique COURTRAI : Budastraat 21, 8500 Courtrai • 056 31 26 22 lu au je : 14-18h, ve & sa : 10-18h • Bookshop, informatique GAND : Sint-Amandstraat 16, 9000 Gand • 09 233 42 13 • lu au sa : 10-18h • Bookshop GAND : Bij Sint-Jacobs 12, 9000 Gand • 09 223 13 53 • me au sa : 10-18h, dim : 10-13h • Vintage (vêtements) GAND :Steendam 73, 9000 Gent • 09 224 02 80 • ma au sa 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique GENK : Vennestraat 147, 3600 Genk • 089 30 42 69 • ma au sa : 10-18 • vêtements, livres, brocante, informatique HASSELT : Dorpsstraat 21, 3500 Hasselt • 011 21 50 11 • lu au sa : 10-18h • bookshop KNOKKE-HEIST : Elizabetlaan 141, 8300 Knokke-Heist • 050 51 04 51 • lu au sa : 10-12h30, 14-18h • vêtements, livres, informatique, brocante. Également Oxfam-Wereldwinkel LOUVAIN : Parijsstraat 60, 3000 Louvain • 016 50 07 05 • lu au sa : 10-18h • livres MALINES : O.L. Vrouwestraat 53, 2800 Malines • 015 43 67 10 • ma au ve : 9h30-17h30, sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres OSTENDE: Torhoutsesteenweg 641, 8400 Ostende • 059 51 87 78 • ma au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique ROULERS : Westlaan 210, 8800 Roulers • 051 25 24 55 • ma au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique SAINT-NICOLAS : Ankerstraat 44, 9100 Sint-Niklaas •03 776 72 59 • ma au ve : 9h30-17h30, sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres, informatique WILRIJK : Jules Moretuslei 157, 2610 Wilrijk • 03 828 83 33 • ma au ve : 9h30-17h30, sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres, informatique

Vous êtes à la recherche d’un cadeau original ou d’une pièce unique pour agrémenter votre intérieur ? Foncez dans le magasin de seconde main Oxfam le plus proche, vous dénicherez peut-être la perle rare…

En plus, les bénéfices engendrés soutiendront les actions et les projets Oxfam partout dans le monde.

www.oxfamsol.be/fr/seconde-main

Pourquoi Marie a-t-elle décidé d’être bénévole dans un magasin Oxfam ? « Je pense que c’est l’action qui convainc les gens, pas le blabla. Et je crois aux relations humaines. C’est pour ça que je suis devenue bénévole pour Oxfam. » Marie (74 ans) est bénévole depuis 10 ans. Elle a déjà travaillé dans cinq magasins de seconde main Oxfam différents et n’est pas près de s’arrêter là. JUIN 2016 • globo 15


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