Globo 57 : INÉGALITÉS : l' écart se creuse

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TRIMESTRIEL D’OXFAM-SOLIDARITÉ – MARS 2017 – NUMÉRO 57 Editeur responsable : Stefaan Declercq, Rue des Quatre-vents 60 - 1080 Bruxelles

Ateliers d’immersion : VOYAGEZ SANS QUITTER LA BELGIQUE > Voir page 16

Dossier

Dossier

INÉGALITÉS : l’écart se creuse Les Belges de plus en plus généreux

Les femmes indiennes s’opposent à la violence

Depuis 15 ans, les dons ne cessent d’augmenter.

Au Chhattisgarh, la violence contre les femmes est en augmentation. Elles s’organisent pour y faire face.

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coverstory Pendant que les plus riches continuent de s’enrichir toujours plus rapidement, ceux qui possèdent moins de richesses peinent à voir leur situation s’améliorer. C’est pourquoi Oxfam exige une économie qui fonctionne pour tout le monde. Retrouvez notre dossier en page 7 © Tineke D'haese/Oxfam

sommaire 3

PêLE-MêLE

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La question

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• L’action d’Oxfam en Haïti après l’ouragan Matthew • Climat : en attendant la neige qui ne vient jamais • L’Onu se penche sur l’autonomisation économique des femmes.

Que fait Oxfam pour les réfugiés burundais en Tanzanie ?

dossier INÉGALITÉS : L’ÉCART SE CREUSE

Edito

Un fossé toujours plus grand

D

epuis le début de son existence, Oxfam se bat contre la pauvreté extrême. Et cette lutte porte ses fruits. Entre 1990 et 2011, un milliard de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté. Ce succès énorme, il a été rendu possible entre autres par les associations et les militants qui se sont battus, ensemble, pour plus de justice. Mais ce chiffre aurait pu être 70 % plus haut, il aurait pu monter à 1 milliards 700 millions de personnes. Si seulement les revenus des plus pauvres avaient connu une croissance équitable. Mais à cause des inégalités qui font rage au niveau mondial, il n’a pas été atteint. C’est pourquoi Oxfam fait de la lutte contre les inégalités extrêmes un pilier phare de ses actions. Dans la lutte contre la pauvreté, l’égalité est un outil indispensable. Malheureusement, la différence entre riches et pauvres est chaque année de plus en plus grande. Comme l’a dénoncé le dernier rapport d’Oxfam à ce sujet en janvier 2017, 8 milliardaires possèdent aujourd’hui autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Ce chiffre est inacceptable. Si l’on est arrivé à un tel fossé, c’est notamment à cause de la manière dont est gérée l’économie mondiale. Une économie qui permet des clivages énormes entre les plus grandes fortunes et le reste de la population. Une économie qui permet aux multinationales de ne pas payer leur juste part d’impôts. Oxfam réclame depuis deux ans une institution internationale pour la régularisation des taxes et qui lutterait contre l’évasion fiscale. Il est grand temps que les pays s’associent pour lutter ensemble contre les paradis fiscaux au lieu de se jeter la balle. La lutte contre la pauvreté et les inégalités doit être une priorité pour nos gouvernements lors de réunions internationales comme le G20 par exemple, qui se tiendra en juillet 2017. Oxfam tâchera d’y faire entendre ses préoccupations et recommandations. En Belgique, les inégalités sont aussi présentes. Selon le dernier rapport d’Oxfam, les 10 % des Belges les plus riches détiennent 48% des richesses du pays. Et l’homme le plus fortuné de Belgique détient autant de richesses que les 20 % les plus pauvres de la population. Malgré cela, notre pays dispose d’une situation économique et sociale confortable par rapport à d’autres pays. Cette situation relativement égalitaire, nous en profitons grâce à une bonne sécurité sociale, dont chaque citoyen peut bénéficier. Or, cette sécurité sociale est en passe d’être réformée au détriment de certains acquis fondamentaux. Nous ne sommes pas à l’abri d’une augmentation des inégalités en Belgique comme ailleurs dans le monde. Tous les gouvernements doivent prendre part à la lutte contre les inégalités et investir dans la santé, l’éducation et la sécurité sociale afin d’éradiquer la pauvreté et de construire une société plus juste. Tant au Nord qu’au Sud, les politiques doivent faire des choix différents, afin de garantir une économie qui fonctionne au service de tous et non au profit de quelques-uns. Stefaan Declercq, Secrétaire général d’Oxfam-Solidarité

• Huit choses à savoir sur les inégalités • Comment 320 milliards de dollars d’impôts disparaissent chaque année en Amérique latine • « Le gouvernement nigérian vise les citoyens » • Trois militantes en lutte contre les inégalités

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REGARDS DU SUD

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BENEVOLE A L’HONNEUR

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SECONDE MAIN

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1,2,3 action !

Dans la région du Chhattisgarh, les violences faites aux femmes sont en augmentation. Le partenaire d’Oxfam LASS les aide à s’organiser pour défendre leurs droits.

Serge Debrauwere, 64 ans, est volontaire au Bookshop Oxfam de Courtrai depuis son départ à la pension. Il est passionné d’antiquités et de livres anciens.

Alors que le bâtiment d’Oxfam-Magasin du monde à Ans commençait à montrer quelques signes de faiblesse, l’occasion a été saisie pour s’unir avec le magasin Oxfam-Solidarité qui se situait dans la même rue.

A la recherche d’une excursion enrichissante et originale pour votre classe ou votre équipe ? Les ateliers d’immersion d’Oxfam vous permettent de voyager sans avoir à quitter la Belgique.

Globo

Périodique trimestriel n°57 - Premier trimestre 2017 Rue des Quatre-Vents 60, 1080 Bruxelles - Belgique Tel.: +32 (0)2 501 67 00 - Fax: +32 (0)2 511 89 19 - www.oxfamsol.be Abonnement gratuit (ou désabonnement) par e-mail : globo@oxfamsol.be. EDITEUR RESPONSABLE : Stefaan Declercq • RÉDACTION ET RÉDACTION FINALE : Esther Favre-Félix, Olivia Fleuvy, Hanne Serroyen, Leen Speetjens, Thea Swierstra, Mieke Vandenbussche, Lieve Van den Bulck • COORDINATION : Thea Swierstra • ONT COLLABORÉ : Jorge Coronado, Aaron Hamerlynck, Damilola Ogunsekin, Erik Todts, Maaike Vanmeerhaeghe, Pieter Van Eecke, Frédéric Van Hauteghem • MISE EN PAGE : José Mangano • PHOTOS : Tineke D’haese

Art. 4 Loi 8.12.92 - Arr. Min. 18.03.93. Oxfam-Solidarité asbl, rue des Quatre-Vents 60 à 1080 Bruxelles, gère une base de données automatisée afin d’organiser les relations avec ses donateurs et sympathisants. Vos données y sont enregistrées. Vous avez le droit de demander toutes les données vous concernant et de les faire modifier le cas échéant. Adressez votre demande écrite à : Oxfam Fichier donateurs, rue des Quatre-Vents 60, 1080 Bruxelles. Oxfam-Solidarité est enregistrée sous le numéro 000500836 du Registre national de la Commission pour la protection de la vie privée. Si respectées qu’elles soient, les opinions des personnalités et partenaires interviewés dans ce magazine n’engagent pas Oxfam-Solidarité. Aucun extrait de ce Globo ne peut être repris ou copié sans l’autorisation écrite préalable de la rédaction. Ce Globo a été imprimé sur du papier recyclé Cyclus Print 90 gr.

Management environnemental vérifié Siège social : Rue des Quatre-Vents, 60 B-1080 Reg. n° BE-BXL-000021

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Texte : Esther Favre-Félix, Hanne Serroyen, Leen Speetjens et Thea Swierstra

Les Belges de plus en plus généreux Rien n’érode la générosité des Belges. En 2015, nous avons ainsi donné près de 850 millions d’euros à une bonne cause, contre 700 millions l’année précédente.

dons donnant droit à une réduction d’impôt

+ autres dons + autres revenus

© Eric de Mildt

S

elon les données que collecte depuis vingt ans l’Association pour une éthique dans les récoltes de fonds (AERF), cela fait maintenant 15 ans que les dons suivent une courbe ascendante. Cette augmentation est due en partie à la récente popularité des legs caritatifs. De plus en plus de Belges choisissent en effet de léguer leur héritage (ou une partie) à une bonne œuvre. Les associations et fondations misent aussi de plus en plus sur cette option pour récolter les fonds dont elles ont besoin. Testament.be, une campagne nationale qui tente de convaincre les citoyens d’inclure une œuvre caritative dans leur testament, en est un bon exemple. Léguer une partie de son argent à une bonne œuvre peut aussi parfois être intéressant fiscalement, à condition que l’association prenne en charge les droits de succession pour la part des héritiers directs. Ces derniers reçoivent alors un solde net supérieur et l’association perçoit aussi quelque chose. Mais d’autres types de dons ont aussi le vent en poupe. C’est le cas notamment des actions de solidarité de fin d’année récurrentes comme Viva for Life ou De

Lors du tsunami de 2004, la population belge a été appelée pour la première fois à donner en masse. Warmste Week. « Loin de cannibaliser les dons des Belges, ces grandes actions médiatiques les stimulent : elles créent un climat de générosité dont toutes les organisations profitent, » explique Erik Todts, administrateur de l’AERF.

65 EUROS PAR HABITANT

En Belgique, la moyenne annuelle des + dons ne donnant pas droit à une réduction d’impôt + mécénat total des dons + testaments

900.000.000

dons s’élève à 65 euros par habitant. Mais tout le monde ne donne pas, et ceux qui donnent le font chacun à leur manière. La population belge peut ainsi être divisée en trois groupes, selon Erik Todts. « Moins d’un quart donne régulièrement. Un bon tiers donne de façon ponctuelle, et plutôt dans le cadre d’une action comme Viva for Life ou d’un appel du Consortium 12-12. Et il y a un troisième groupe, hostile aux bonnes œuvres, qui représente plus d’un tiers de la population. C’est ce groupe qui profère des critiques sur les réseaux sociaux et qui crée l’impression que le Belge ne donne pas beaucoup. »

800.000.000

700.000.000

yenne

ce mo

n Tenda

600.000.000

500.000.000

« Viva for Life encourage les dons »

400.000.000

Une théorie qui est donc bien fausse. Les chiffres avancés par Erik Todts se basent notamment sur les données du ministère de l’Économie, qui permettent de dresser un tableau plus précis que les seuls sondages. « Ces derniers donnent généralement une grosse surestimation, allant jusqu’au triple de la réalité. »

300.000.000

200.000.000

100.000.000

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Pukkelpop : élan de générosité après une catastrophe locale En été 2011, le festival de musique limbourgeois a été touché par un ouragan. Cinq festivaliers ont perdu la vie et des centaines ont été blessés. À ce moment, une campagne nationale du Consortium 12-12 était en cours pour rassembler des fonds pour les victimes de la famine frappant la corne de l’Afrique. Des chercheurs de la Solvay Brussels School ont comparé la moyenne des dons pour l’Afrique dans le Limbourg à celle du reste de la Flandre pendant les vingt jours précédant et suivant la catastrophe du Pukkelpop. Avant la catastrophe, la moyenne du Limbourg était légèrement inférieure à celle du reste de la Flandre. Mais le jour-même, elle a augmenté. Quelques jours plus tard, elle était même légèrement supérieure. Autrement dit, la catastrophe a eu un impact positif sur la générosité de la population locale pour les victimes d’une autre crise, touchant la lointaine Afrique.

Evolution des dons faits aux œuvres caritatives en Belgique.

57.941

44 ans

46%

personnes font un don à Oxfam-Solidarité chaque mois.

est l’âge moyen du donateur régulier d’Oxfam.

des donateurs réguliers d’Oxfam sont des femmes.

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Oxfam en Haïti après l’ouragan Matthew En octobre 2016, l’ouragan Matthew ravageait Haïti, y causant la crise humanitaire la plus grave depuis 2010. Les équipes d’Oxfam étaient directement sur place.

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lus de 800.000 personnes avaient besoin d’aide d’urgence, avec un haut risque de sous-alimentation, et 170.000 d’entre eux vivaient dans des abris provisoires. On estime que l’ouragan a démoli au moins 29.000 habitations. Des routes, des ponts et des champs ont été complètement dévastés, et ce surtout dans les zones où vivaient les populations les plus pauvres. Les équipes d’Oxfam présentes sur place se sont concentrées en priorité sur les communautés les plus vulnérables. Nous leur avons apporté un accès à l’eau potable, nous avons installé des équipements sanitaires et distribué 11.320 kits d’hygiène comportant un seau, du savon, du

détergent et du papier toilette, en vue d’endiguer la propagation du choléra. Nous avons prêté une attention particulière aux besoins des femmes, qui sont souvent les plus vulnérables après une catastrophe. Enfin nous avons aussi distribué de la nourriture ainsi que des matériaux pour permettre aux victimes de l’ouragan de construire rapidement un abri temporaire. Oxfam a ainsi déjà pu venir en aide à 76.414 personnes.

JUSQU’AUX ENDROITS LES PLUS RECULÉS

De par son action rapide et efficace, Oxfam est un leader reconnu parmi les intervenants de l’aide d’urgence. Toutefois, il n’est pas toujours évident d’atteindre l’ensemble des victimes en Haïti ; en effet, en raison du manque d’infrastructures, certaines des régions affectées sont très difficiles d’accès. C’est pourquoi Oxfam a fait de l’aide aux victimes dans les endroits les plus reculés du pays une de ses priorités. De l’aide y a été envoyée par hélicoptère, par bateau et à pied.

Après le passage de Matthew, l’eau potable était une priorité d’Oxfam.

En attendant la neige qui ne viendra plus LES GLACIERS Samuel in the clouds : DISPARAISSENT un documentaire y a trois ans, je me suis rendu captivant sur le change- « Il dans les montagnes boliviennes, ment climatique. sur le Chacaltaya. C’est là que

C

e film a été mis à l’honneur par Oxfam dans ses ateliers d’immersion, qui parlent eux aussi de la Bolivie et du changement climatique. Le personnage principal du documentaire est un Bolivien, Samuel Mendoza. Depuis sa fenêtre, il peut admirer l’un des plus hauts sommets du monde. Il travaille depuis 30 ans dans un téléski sur l’un des plus hauts glaciers de Bolivie. Mais il n’y a plus neigé depuis 2009. Malgré les prévisions, Samuel continue d’espérer qu’on pourra à nouveau y skier un jour. « Cela faisait longtemps que j’avais dans l’idée de faire un film sur les conséquences du réchauffement climatique en Amérique Latine, où j’ai vécu et travaillé pendant 10 ans. Pas d’un point de vue scientifique, mais au travers d’émotions humaines. L’avenir auquel nous nous attendions n’est plus d’actualité, » explique le réalisateur Pieter Van Eecke.

le premier glacier des Andes a disparu. Je pensais être seul, mais j’y ai découvert une cabane, et à l’intérieur, j’y ai rencontré Samuel. » Samuel vit avec sa famille à El Alto, près de la capitale La Paz. Quand il était enfant, il avait un rêve : apprendre à skier. Dernier employé du club de ski, Samuel parcourt chaque jour 15 kilomètres pour rejoindre la cabane, qu’il pleuve ou qu’il vente. Parce que Samuel a une connexion spirituelle avec la montagne, et qu’il est convaincu que la neige viendra à nouveau recouvrir son précieux glacier. Au même moment, sur la même montagne, les scientifiques sont à pied d’œuvre. Ils voient la situation empirer à vue d’œil. « Samuel vit dans son propre monde, entouré de magie. C’est une belle métaphore de l’humanité, qui ne veut pas voir la réalité en face. » Plus d’info : www.samuelintheclouds.com

Le premier glacier des Andes a disparu

Revaloriser le travail non rémunéré Une commission de l’Onu se penche sur le renforcement de l’autonomisation économique des femmes.

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n plus de sujet tels que l’écart salarial homme-femme et des conditions de travail des femmes dans le secteur informel, il y sera discuté du travail « non rémunéré » : prendre soins des enfants, des personnes âgées, préparer les repas...

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En moyenne les femmes y consacrent 2,5x plus de temps que les hommes.

DEUX EMPLOIS DE FRONT

Ces tâches créent une « pauvreté de temps » qui empêche les femmes de consacrer autant de temps qu’elles le souhaiteraient à leur carrière, leur éducation ou à la vie politique. De nombreuses femmes se retrouvent ainsi à mener deux emplois de front : l’un rémunéré, l’autre non. Une grande partie de ces tâches est

celle des « soins aux personnes » : lorsque le gouvernement n’investit pas assez pour la petite enfance, les soins de santé et les personnes âgées, ce sont généralement les femmes qui prennent le relais.

10.000 MILLIARDS DE DOLLARS Ce travail n’étant pas rémunéré, il n’est pas pris en compte comme une activité économique à part entière. Et pourtant il a une grande valeur, économique comme sociale. Le temps consacré

aux soins non-rémunérés représenterait ainsi plus de 10.000 milliards de dollars par an. A l’occasion de cette commission de l’Onu, Oxfam appelle donc à valoriser, redistribuer et réduire le travail non rémunéré des femmes, en se concentrant avant tout sur les soins aux personnes. Il est notamment essentiel d’investir davantage dans l’accueil de la petite enfance et les soins de santé et de lutter contre les normes sociales qui font peser ce travail sur les épaules des femmes.


Quatre bonnes raisons de participer à l’Oxfam Peacewalker Coup d’envoi de la deuxième édition de l’Oxfam Peacewalker le samedi 29 avril.

O

xfam Peacewalker, c’est un défi sportif dans lequel des équipes de 4 marcheurs suivent un parcours historique de 42 kilomètres traversant la région du Westhoek, et ce en moins de 10 heures. Chaque équipe collecte un minimum de 750 euros au profit des personnes vivant dans des situations de conflit. La première édition d’Oxfam Peacewalker a rencontré un immense succès. 118 équipes étaient présentes sur la ligne de départ et elles ont collecté ensemble un total de 130.906 euros. Et voilà ci-dessous 4 bonnes raisons de remettre vos chaussures de randonnée cette année.

1. en SOUVENIR DES VICTIMES DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

Des millions de civils et de soldats ont trouvé la mort au cours de la Première Guerre mondiale. Avec ce défi solidaire dans le Westhoek, Oxfam rend hommage aux victimes de cette guerre.

2. SE REMETTRE EN FORME AVANT L’ÉTÉ

Tout le monde peut participer à l’Oxfam Peacewalker et relever le défi jusqu’au bout. Une bonne préparation est toutefois indispensable. Même les participants ayant une bonne condition physique doivent améliorer leur endurance, surveiller leur alimentation et choisir la paire de chaussures idéale pour mener à bien cette randonnée. L’année dernière, près de 92 % des participants ont réussi à franchir la ligne d’arrivée. Mais même si vous n’avez pas encore attrapé le virus du sport, vous pouvez aussi apporter votre pierre à l’édifice en tant que bénévole ou supporter.

3. marcher entre amis

Oxfam Peacewalker est un défi d’équipe, ce qui veut dire que vous pourrez prendre part à l’aventure avec trois amis, collègues ou membres de votre famille. Vous choisirez ensemble des manières créatives de récolter des fonds, vous parcourrez ensemble les 42 kilomètres, et vous pourrez ensuite, autour d’une bière bien fraîche, trinquer ensemble à votre belle victoire.

92 % des participants ont réussi à atteindre la ligne d’arrivée

4. être solidaire

Chaque année, des millions de personnes se retrouvent coincées au cœur de conflits armés. Et leur survie dépend bien souvent de l’aide humanitaire qu’elles parviennent à recevoir. C’est pourquoi dans les mois précédant l’Oxfam Peacewalker, chaque équipe doit récolter au moins 750 euros, qui seront destinés aux

populations vivant dans des zones de conflit. Cette année, l’argent collecté par l’Oxfam Peacewalker ira entre autres aux réfugiés syriens les plus vulnérables, qui pourront ainsi reconstruire leur vie avec l’aide d’Oxfam (voir article ci-dessous). Plus d’info : www.oxfampeacewalker.be

Six années de crise en Syrie Près d’un demi-million de personnes ont perdu la vie en Syrie depuis le début du conflit il y a six ans. Et la situation ne fait qu’empirer.

D

es centaines de milliers de Syriens vivent dans des conditions inhumaines. Environ 11 millions de personnes, soit la moitié de la population, ont été contraintes d’abandonner leur maison. Au total, plus de 13,5 millions de Syriens ont besoin d’aide

humanitaire. En Syrie, en Jordanie et au Liban, nous portons assistance à plus de 2 millions de personnes. En Jordanie et au Liban, nous leur fournissons de l’eau potable et des installations sanitaires, et nous apportons également une assistance financière aux familles qui ont tout perdu. Nous informons aussi ces familles de leurs droits et les mettons en contact avec des services médicaux et d’aide juridique si nécessaire. Dans les camps

Cultivons les alternatives La campagne d’Oxfam-Magasins du monde va vous brancher sur le courant alternatif.

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© Magasins du monde Oxfam

our chaque étape du système alimentaire (ressources, production, distribution, consommation et gestion des déchets), les alternatives au système agro-industriel dominant fleurissent partout, au Nord et au Sud, à la ville et à la campagne. Comme notre partenaire Green Net (Thaïlande) qui met en pratique les principes de l’agro-écologie. Ou comme la Brasserie de la Lesse, une coopérative wallonne attentive aux aspects humains et environnementaux. Mais chacun et chacune d’entre nous, à son niveau, peut contribuer à ce mouvement : en mettant en place un potager urbain, en participant à un groupe d’achat, en mangeant local, de saison et équitable, en créant son compost… Prêts à franchir le pas ? Inscrivez-vous sur : www.omdm.be/alternatives

de réfugiés, nous construisons des sanitaires et développons des canalisations afin de garantir aux réfugiés un accès à des conditions sanitaires adéquates. En Syrie même, la première priorité d’Oxfam est le rétablissement de l’approvisionnement en eau. En effet fin décembre, plus de 600.000 personnes à Alep n’avaient plus accès à l’eau potable, tout comme des milliers d’habitants de Damas et des environs.

Courez pour Oxfam Envie de courir les 20 km de Bruxelles le 28 mai 2017 ? Faites-en un défi non seulement sportif, mais aussi solidaire. Rejoignez notre équipe, Oxfam Unlimited, et faites-vous parrainer au bénéfice d’Oxfam.

1 Inscrivez-vous sur :

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2 Entraînez-vous physiquement, et

préparez votre collecte de fonds. Les fonds récoltés seront affectés aux projets Oxfam à travers le monde.

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4 Courez comme si votre vie en dépendait !

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LA QUESTION

Que fait Oxfam pour les réfugiés burundais en Tanzanie ?

330.000 réfugiés burundais

L’hygiène avant tout

L’un des pays les plus pauvres au monde, le Burundi est en proie à une grave instabilité politique depuis 2015. Plus de 330.000 personnes ont fui les violences et plus de la moitié d’entre eux ont trouvé refuge dans des camps de réfugiés en Tanzanie. Dans ces camps, Oxfam est en charge de l’eau et de l’assainissement et installe donc en priorité des citernes d’eau potable.

Les conditions de surpopulation et de promiscuité des camps de réfugiés sont très propices à la propagation des maladies. C’est pourquoi l’hygiène est au cœur de l’approche d’Oxfam. Nous construisons des toilettes, des douches, nous organisons des séances de sensibilisation à l’hygiène et nous distribuons des kits contenant un seau, du savon et du détergent.

Faciliter l’accès à l’eau potable Oxfam installe des robinets et fore des puits à plusieurs endroits des camps afin de faciliter l’accès des réfugiés à l’eau potable. Nous pensons ici tout particulièrement aux femmes, qui sont les plus nombreuses à aller collecter l’eau. Enfin, Oxfam travaille aussi à améliorer l’accès à l’eau dans les villages Tanzaniens environnants, où vivent aussi des communautés vulnérables. Jusqu’ici, Oxfam est déjà venu en aide à 150.000 personnes. Mais les réfugiés continuent d’arriver chaque jour par centaines et la situation dans les camps surpeuplés reste très précaire. Les projets d’Oxfam en Tanzanie reçoivent des financements de la coopération belge au développement.

Une Envie question de donner sur Oxfam vous brûle vos vêtements lesau lèvres ? profit d’Oxfam? 6

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N’attendez pas : posez question à GLOBO, rue des ⇒ Apportez vosvotre vêtements dans un magasin deQuatre-Vents seconde main60, 1080Oxfam Bruxelles ou envoyez un mail à globo@oxfamsol.be (voir p. 15) Il est⇒possible que votre nedans soit pas reprise paràmanque de place. Déposez vos question vêtements un conteneur vêtements d’Oxfam


© Carlos Jasso/Reuters

Un quartier pauvre près d’un quartier financier à Panama. Les riches continuent de s’enrichir. Les autres peinent à voir leur situation s’améliorer.

Dossier

INÉGALITÉS : l’écart se creuse Pendant que les plus riches continuent de s’enrichir toujours plus rapidement, ceux qui possèdent moins de richesses peinent à voir leur situation s’améliorer. Voilà pourquoi Oxfam milite en faveur d’une économie nouvelle, une économie qui profite à tout le monde. D’Amérique latine au Nigeria et du Kenya au Brésil en passant par le Vietnam : partout dans le monde, des citoyens se battent pour un système fiscal plus juste et pour réclamer les services de base auxquels ils ont droit.

contenu : • Huit choses à savoir sur les inégalités • Comment 320 milliards de dollars de recettes fiscales disparaissent chaque année en Amérique latine • « Le gouvernement nigérian vise les citoyens plutôt que les entreprises » • Trois militantes en lutte contre les inégalités

• Texte : Thea Swierstra et Lieve Van den Bulck, • Photo : Oxfam et Reuters • Ont collaboré : Maaike Vanmeerhaeghe, Aaron Hamerlynck, Jorge Coronado, Damilola Ogunsekin.

Source : www.oxfamsol.be/globo57-sources MARS 2017 • globo

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Dossier

8 choses à savoir sur les inégalités 8 grandes fortunes possèdent autant d’argent que les 3,6 milliards les plus pauvres de la population mondiale, soit la moitié de la planète. Voici huit faits accablants sur les inégalités.

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8 grandes fortunes possèdent autant d’argent que les 3,6 milliards les plus pauvres

L’année dernière, nous parlions encore de 62 grandes fortunes, cette année ils ne sont plus que 8. « Les inégalités sont encore plus graves qu’on ne le pensait, » explique Maaike Vanmeerhaeghe, chargée de campagne chez Oxfam. « Notamment car la moitié la plus pauvre de la population mondiale possède moins de richesses qu’estimé auparavant. Les nouveaux chiffres que nous avons reçus montrent que la moitié la plus pauvre de la planète ne possède pas 0,7 % de la richesse totale, mais seulement 0,2 %. »

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En Belgique aussi, les inégalités sont extrêmes

BEaucoup de gens pensent qu’en Belgique les inégalités sont moins graves. Mais l’écart n’en reste pas moins extrême. Les 10 % les plus riches de la population belge possèdent ainsi 48 % de la richesse totale du pays. Albert Frère, l’homme le plus riche de Belgique, possède à lui seul autant que les 20 % les plus pauvres des Belges.

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Le premier « super milliardaire »

Oxfam a calculé qu’au rythme actuel, on pourrait voir dans 25 ans le tout premier « super milliardaire », qui possèderait 100 milliards de dollars. Il s’agirait en l’occurrence de Bill Gates, le fondateur de Microsoft. « En moyenne, la fortune des milliardaires a augmenté de 11 % depuis 2009, » calcule Maaike Vanmeerhaeghe. « En appliquant ce calcul à la fortune de l’homme le plus riche du monde, Bill Gates en l’occurrence, et si la tendance se poursuit, il possèdera 100 milliards de dollars dans environ 25 ans. »

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700 millions de personnes sont restées pauvres

CERTAINS économistes trouvent qu’Oxfam exagère, qu’il s’est passé beaucoup de choses entre 1990 et 2011 en matière de réduction de la pauvreté, notamment grâce aux Objectifs du Millénaire. Depuis 1990, l’éradication de la pauvreté extrême est en effet un objectif explicite au niveau mondial. Et de grands progrès ont bien été accomplis. Au cours de cette période, un milliard de personnes ont ainsi échappé à la pauvreté extrême. Mais ils auraient pu

Des costumes de luxe, fabriqués dans une usine au nord de l’Espagne. être plus nombreux si les inégalités avaient été moins importantes. En effet, les revenus des plus pauvres n’augmentent pas aussi vite que le revenu moyen. « Si cela avait été le cas, 200 millions de personnes supplémentaires auraient pu échapper à la pauvreté. Et si les revenus des personnes les plus pauvres avaient augmenté plus rapidement que le revenu moyen, il y en aurait eu 700 millions de plus, » constate Maaike Vanmeerhaeghe.

5 Les revenus des plus riches aug-

mentent 182 fois plus rapidement

Les revenus des 10 % les plus pauvres ont augmenté en moyenne de 3 dollars par an entre 1988 et 2011, soit de 65 dollars sur toute la période. En comparaison, les revenus des 10 % les plus riches ont augmenté de 11.800 dollars sur cette même période. C’est 182 fois plus. Maaike Vanmeerhaeghe : « Les revenus de la catégorie la plus pauvre devraient augmenter plus rapidement. Les gouvernements doivent prendre des mesures pour que cela soit le cas. »

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Un fossé entre les genres de 170 ans

L’écart salarial entre hommes et femmes est toujours considérable. Il se réduit petit à petit, mais beaucoup trop lentement. Au rythme actuel, il faudra encore environ 170 ans avant que les femmes gagnent autant que les hommes. Au niveau mondial, cet écart est de 24 %. En Belgique, il se situe entre 8 % et 10 %, parmi les moins extrêmes d’Europe.

© Miguel Vidal/Reuters

7 La pression des actionnaires Amancio Ortega est le patron de la chaîne de vêtements Zara, et c’est l’un des 8 hommes les plus riches de la planète. Les bénéfices qui lui sont versés représentent 800.000 fois le salaire annuel d’un ouvrier travaillant dans une entreprise textile en Inde. Les entreprises subissent la pression de leurs actionnaires : elles cherchent à maximiser leurs profits pour pouvoir leur verser le maximum de dividendes. Il en a toujours été ainsi, mais la tendance est de plus en plus extrême. Au Royaume-Uni, dans les années 70, les dividendes versés représentaient en moyenne 10 % du bénéfice des entreprises. Actuellement ils s’élèvent à 70 %. Les entreprises sont soumises à une pression telle qu’elles tentent d’échapper aux impôts et de réduire les salaires des employés afin de fournir un maximum de bénéfices aux actionnaires.

8 Des allègements fiscaux pour les multinationales

La concurrence fiscale entre gouvernements est telle qu’ils se retrouvent à tout faire pour attirer les entreprises, leur tenant le discours : « Venez dans mon pays, vous aurez moins d’impôts à payer. » C’est également ce que cherche à faire la Belgique, en réduisant le taux d’imposition de 33,99 % à 20 % et en faisant la promotion d’incitations fiscales pour les multinationales. « Cela va générer des difficultés budgétaires majeures alors que le gouvernement est déjà en déficit. Notre gouvernement ne peut pas se le permettre, » explique Maaike Vanmeerhaeghe.

8

personnes possèdent autant de richesses que les 3,6 milliards les plus pauvres.

globo • MARS 2017

32 ans

C’est l’âge du rappeur kenyan Juliani qui lutte pour plus de justice et contre les inégalités.

mars

62

février

janvier

Voici les temps forts de notre lutte contre les inégalités en 2016 :

500.000

personnes voient la vidéo où nous comparons les sociétés qui font de l’évasion fiscale à des colocataires asociaux.


Dossier

320 milliards de dollars d’impôts disparus chaque année en Amérique latine L’Amérique latine est confrontée à un gros problème de fuite de capitaux. Et à un manque de volonté politique pour y faire face. Le réseau latinoaméricain « Latindadd » tente d’y remédier avec l’aide d’Oxfam.

L

e nom « Latindadd » vient de Red Latinoamericana sobre Deuda, Desarrollo y Derechos. C’est un réseau de 21 organisations membres provenant de douze pays d’Amérique latine, qui travaille notamment sur les questions de la dette, du financement privé de la coopération au développement et de la justice fiscale. L’Amérique latine est la région où la fuite de capitaux est la plus importante au monde. « Quand on regarde les flux financiers illicites, la Russie et la Chine sont bien en tête du classement du Global Financial Integrity, » explique le Costaricain Jorge Coronado, président de Latindadd, lors de sa visite à Oxfam-Solidarité. « Mais elles sont suivies ensuite de huit pays d’Amérique latine dans le top 35. 320 milliards de dollars disparaissent ainsi chaque année du continent. » En cause ? D’une part l’évasion fiscale des particuliers : rien qu’en Argentine, on estime qu’elle cause une fuite de capitaux de 100 milliards d’euros, ce qui équivaut au produit intérieur brut (PIB) du pays. D’autre part l’évasion fiscale des multinationales, par exemple via de fausses factures. 65% de l’évasion fiscale des multinationales se fait par le biais du commerce international, 30% par celui d’activités illégales, comme le trafic de drogues, et 5% résulte de la corruption. L’évasion fiscale est particulièrement fréquente dans le secteur des mines, de l’agro-industrie et de l’exploitation pétrolière. L’ampleur du problème s’explique aussi par le manque de volonté politique pour y remédier. « Les autorités fiscales de ces pays sont en sous-effectif et n’ont par conséquent ni la capacité ni l’expertise nécessaire pour surveiller ces multinationales, » explique Jorge Coronado. « Au Honduras, par exemple, seulement deux fonctionnaires travaillent sur la fiscalité internationale. »

pas vraiment. On enregistre aussi de petites victoires ailleurs. Par exemple au Pérou, Yanacocha, la plus grande société minière d’Amérique latine, n’avait pas payé d’impôts pendant 10 ans. La société a été poursuivie (bien que sa direction ait entamé une poursuite pour diffamation). Et Latindadd est confiant qu’une issue positive sera trouvée à cette affaire. Un autre exemple est celui d’une société multinationale du secteur du charbon colombien, dont les activités ont été démasquées : la société présentait des chiffres prétendument déficitaires, de sorte à pouvoir toucher des subventions de la part du gouvernement. En dehors de l’évasion fiscale, un autre problème majeur est le fait que ces pays accordent toutes sortes d’exemptions fiscales pour attirer les investisseurs. Cette pratique a des conséquences graves : « Elle a mis en concurrence les pays, ce qui a entraîné une course [à l’imposition] vers le bas, » constate Jorge Coronado.

PLUS D’INÉGALITÉS Par ailleurs, ce système fiscal inéquitable accentue les inégalités au sein de la population. Généralement ce sont principalement les biens de consommation qui sont taxés, et non pas les revenus. Du coup, en Amérique latine, la majeure partie des impôts est payée par les plus pauvres. Latindadd a déjà soulevé le problème auprès du Fonds Monétaire International

(FMI), de l’Organisation des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) et du G20. Mais l’organisation tente également de sensibiliser le maximum de personnes sur son propre continent.

« La fiscalité devrait intéresser tout le monde » « Nous recherchons comment apporter des changements au cadre juridique existant, » explique Jorge Coronado. « Mais il est important que les autorités fiscales fassent aussi passer le message aux dirigeants : il n’y a pas assez de moyens actuellement pour lutter contre les abus. » Par ailleurs il veut aussi mobiliser la société civile. « Ce thème doit être à l’ordre du jour des réunions des syndicats, des organisations paysannes, des mouvements féministes,… Il faut constituer un mouvement social plus large. » Tout le monde doit prendre part à l’aventure, selon Jorge Coronado. Même l’homme de la rue. « C’est un défi de rendre ces questions difficiles compréhensibles pour le grand public. Mais la fiscalité n’est pas un domaine réservé aux techniciens. Elle concerne tous les citoyens et devrait intéresser tout le monde. »

après les Panama Papers, nous installons un paradis fiscal place Schuman à Bruxelles.

21.210

Nous présentons au Ministre des Finances Johan Van Overtveldt 21.210 signatures pour plus de transparence et de justice fiscale.

juin

9 jours

L’Amérique latine, région où la fuite de capitaux est la plus importante au monde.

mai

avril

L’Equateur est une exception notable : son gouvernement joue un rôle moteur dans la lutte contre l’évasion fiscale. Le Ministère public équatorien a ainsi récemment fait une perquisition auprès du cabinet de conseil juridique Tributum en rapport avec les Panama Papers. Il s’est avéré que Tributum travaillait en étroite collaboration avec Infintax, un cabinet de conseil fiscal néerlandais, dans la mise en place d’une infrastructure visant à faire sortir du pays la somme de 32 millions de dollars. Où est passé cet argent ? On ne le sait toujours

© Ivan Alvarado/Reuters

UN RÔLE MOTEUR

2.190

personnes envoient un e-mail pour une taxe équitable aux ministres J. Van Overtveldt et C. Michel.

MARS 2017 • globo

9


Dossier

« Le gouvernement nigérian vise les citoyens plutôt que les entreprises » Au Nigéria, il y a de fortes inégalités au niveau fiscal. Les grandes entreprises reçoivent toutes sortes de faveurs, tandis que les gens ordinaires doivent se résigner à payer leur part malgré tout.

C

© Akintunde Akinleye/Reuters

’est pourquoi Damilola Ogunsekin, 24 ans, travaille avec ActionAid à sensibiliser la population à cette situation. ActionAid est un mouvement international de lutte contre la pauvreté. Damilola Ogunsekin d’ActionAid

D’où vient votre intérêt pour la fiscalité ?

juillet

« Il y a une loi sur l’impôt sur le revenu des entreprises, selon laquelle une entreprise bénéficie d’un avantage fiscal jusqu’à 5 ans après qu’elle se soit établie au Nigeria. Cette mesure vise essentiellement à faire baisser les chiffres du chômage. Mais avec quelles conséquences ? L’entreprise de télécommunication eConnect par exemple, a eu recours à cette loi pendant 4 ans. Puis l’entreprise a été vendue à une autre société s’installant au Nigeria, et ainsi de suite. Les gens ordinaires n’ont pas droit à ce genre d’avantages fiscaux. Le Nigeria est le plus grand producteur de gaz naturel de toute l’Afrique. Trois grandes entreprises investissent dans l’exportation de ce gaz. Ce sont les actionnaires étrangers de Nigeria Liquid Natural Gas Company (NLNG) : Shell, Total et ENI. Il existe une loi qui vise uniquement à faire payer moins d’impôts à ces trois sociétés. Cette loi accorde aux entreprises opérant dans le secteur du gaz des exonérations fiscales pour les inciter à investir. Et ces entreprises continuent de chercher des manières de payer moins d’impôts, voire de ne pas en payer du tout. Au Nigeria, entre 2005 et 2012, l’évasion fiscale des grandes entreprises s’est chiffrée à 3,3 milliards de dollars. En 2015, le budget de l’éducation s’élevait à 2,14 milliards de dollars et celui de la santé à 1,14 milliards. Imaginez ce que nous aurions pu faire avec cet argent perdu ! »

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Des dizaines de personnes jouent à notre table de kicker « injuste » sur les festivals.

10 globo • MARS 2017

A cause de ce type de règulations, il n’y a pas assez d’argent pour financer les soins de santé. « A Kogi, le plus grand État du Nigeria, il n’y a qu’un seul hôpital public, dans la capitale Lokoja. Les routes pour s’y rendre sont mauvaises. En théorie, les hôpitaux publics sont gratuits, mais vous devez tout de même payer toutes sortes de frais. Et si on vous prescrit des médicaments, vous devez les acheter vous-mêmes ailleurs. L’hôpital ne dispose que de peu de médicaments. »

« Entre 2005 et 2012, l’évasion fiscale des grandes entreprises s’est chiffrée à 3,3 milliards de dollars. » L’éducation souffre également d’un manque de financement. En 2014, les enseignants ont même fait grève pendant 8 mois.

« ‘-Nous ne pouvons plus enseigner’ disaient-ils, ‘-Parce que nous ne sommes pas payés et que nous n’avons aucune infrastructure’. Les murs des salles de classe s’effondrent parfois littéralement. Dans de nombreuses écoles, il n’y a même pas de toilettes. On entasse en moyenne une soixantaine d’enfants par salle de classe.

4.733

festivaliers signent notre pétition contre les paradis fiscaux.

Je me suis moi-même trouvée dans une classe avec 181 élèves. Certains professeurs ne venaient plus à l’école, parce que c’était ingérable. Et pas seulement au niveau des bâtiments : il n’y a pas de tables, de chaises, de livres, et parfois même pas de tableau. L’éducation était de meilleure qualité avant, mais le gouvernement ne cesse de répéter qu’il n’y a pas de budget. »

Pendant la grève, vous avez commencé par organiser des réunions et lancer une campagne sur les réseaux sociaux. « Nous voulions que les gens commencent à s’exprimer, à s’interroger sur la fiscalité et sur son impact sur l’éducation. Les organisations de la société civile nigériane ont invité le Commissaire à l’Éducation à la radio pour parler d’éducation. Les citoyens appelaient directement la radio pour poser leurs questions au Commissaire. Suite à cette interview à la radio, les enseignants ont à nouveau été payés et la grève s’est interrompue. »

Que faudrait-il faire d’après vous ?

« Un reporting pays par pays est absolument nécessaire pour la mise en place d’un régime fiscal plus équitable. Si avec ça on cherche encore à cacher quelque chose, ça se verra rapidement. Récemment, une nouvelle loi a été introduite pour poursuivre les personnes qui ne paient pas leurs impôts. Mais le gouvernement ne s’attaque pas aux entreprises, il vise les citoyens ordinaires. Ce n’est pas juste. »

septembre

Mais pourquoi favoriser les entreprises ?

« Les entreprises continuent de chercher à payer moins d’impôts, voire pas d’impôt du tout. »

août

Damilola Ogunsekin : « J’ai fait des études de droit et j’ai choisi l’option fiscalité. On y étudiait le système du prélèvement des impôts et ses effets sur les individus. Si vous comparez ce que les entreprises doivent payer et ce que les gens ordinaires ont à payer, la situation est injuste. »

Plus de

100

pays veulent mettre un terme aux paradis fiscaux.


Dossier

Trois militantes contre les inégalités et d’envoyer les élèves dans des écoles surpeuplées loin de chez eux. Après l’occupation de 200 écoles par les manifestants, le gouvernement a abandonné l’initiative. Thailla cherche à présent à entrer à l’université pour y étudier la psychologie. En parallèle, elle continue de se battre pour une éducation plus juste et contre les changements prévus par une nouvelle loi qui ne ferait qu’augmenter les inégalités en matière d’éducation. « Le gouvernement veut geler les dépenses de l’éducation et de la santé sur 20 ans. Alors qu’aujourd’hui, cet argent n’est même pas utilisé pour des investissements pourtant nécessaires. C’est totalement inacceptable. » Oxfam travaille avec d’autres organisations à renforcer ces mouvements de jeunes qui luttent pour défendre leurs droits.

Jane (50 ans), commerçante Kényane. Jane est entrepreneure, dans la capitale kényane de Nairobi. Les disparités économiques y sont énormes. L’homme le plus riche y possède plus de 70 milliards de shillings kenyans (6,4 milliards d’euros), tandis que près de 2,2 millions d’habitants de Nairobi vivent dans des bidonvilles et travaillent dans l’économie informelle. En outre, les inégalités entre hommes et femmes sont énormes. Jane est déterminée à y faire quelque chose. Cela fait des années qu’elle défend les droits des femmes entrepreneures du secteur informel. En effet, de nombreuses femmes n’ont pas les moyens de se payer la licence qui leur est nécessaire pour pouvoir vendre leurs produits dans les supermarchés, et sont confrontées quotidiennement à des personnes qui leur prélèvent des taxes de manière illégale. Elles

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Le 10 octobre, notre appel au Ministre Van Overtveldt pour la mise en place de la taxe sur les transactions financières génère des tweets en masse.

chose d’autre. Et elle a du mal à joindre les deux bouts : chaque mois il lui manque 100 $. Oanh a le sentiment d’être dans un cercle vicieux. Comme elle est pauvre, elle ne peut pas s’offrir de meilleur traitement. Comme elle ne peut pas s’offrir de meilleur traitement, son état de santé ne s’améliore pas. Du coup, elle ne parvient à gagner que peu de revenus. « Mon avenir n’est pas rose. En fait, je n’ai pas d’avenir. » Oxfam appelle le gouvernement vietnamien à investir davantage dans les services publics pour réduire les inégalités. « Si tout le monde n’a pas les mêmes droits en matière de soins de santé, davantage de gens sombreront dans la pauvreté, » explique Nguyen Thu Huong d’Oxfam. « Les entreprises ne paient pas leur juste part d’impôt. Du coup le gouvernement dispose de moins d’argent, en particulier pour les soins de santé. »

novembre

octobre

Oanh (27 ans), militante vietnamienne dans le secteur de la santé. Oanh a besoin de dialyses à cause d’une insuffisance rénale. Pour les recevoir, elle a dû quitter sa famille qui vit dans la campagne vietnamienne, car elle doit se rendre trois fois par semaine à l’hôpital de la capitale, Hanoi. La distance avec sa famille est dure pour elle, mais c’est surtout la charge financière qui est lourde à porter. C’est pourquoi Oanh milite avec d’autres patients sous dialyse pour un plus grand remboursement des frais de traitement. Aujourd’hui, grâce à l’assurance maladie du gouvernement, les coûts de base de la dialyse lui sont remboursés. Mais elle doit payer elle-même ses médicaments. Pour se procurer l’argent nécessaire, elle vend du thé à l’hôpital, mais ce n’est pas vraiment légal. En raison de son état de santé, elle ne peut pas faire grand-

se retrouvent ainsi obligées de renoncer à une part importante de leurs maigres revenus. Et elles sont aussi discriminées par les politiques du gouvernement kenyan : les classes inférieures de la population doivent payer des impôts élevés, alors que le gouvernement octroie des allégements fiscaux aux grandes entreprises dans des zones économiques spéciales. Le Kenya octroie ainsi aux grandes entreprises environ 100 millions d’euros par an en exonérations fiscales. « Une licence d’exploitation coûte très cher en comparaison avec mes revenus. Mais avec une licence je peux attirer plus de clients et vendre mes produits aux supermarchés où les gens riches achètent leur nourriture. » Jane a donc rejoint ‘The Shining Mothers’, une organisation de femmes soutenue par Oxfam, où elles économisent ensemble pour cette licence coûteuse.

35

municipalités espagnoles se proclament « zones exemptes de paradis fiscaux. »

décembre

Thailla (18), étudiante militante brésilienne. Le Brésil est l’un des pays les plus inégalitaires au monde. Et ces inégalités sont particulièrement visibles dans le système scolaire. Les enfants des familles pauvres vont dans les écoles publiques où la qualité de l’éducation et les perspectives d’avenir sont mauvaises. Les enfants de parents riches vont dans des écoles privées plus chères, qui offrent une éducation de meilleure qualité qui leur ouvrira les portes de l’université et leur permettra d’accéder à un emploi bien rémunéré. Thailla est membre d’un mouvement étudiant dans un quartier pauvre de São Paulo. Elle a été scolarisée dans une école publique près de chez elle. En 2015, elle a pris part à une manifestation contre un projet du gouvernement de fermer 94 écoles, dont la sienne,

2/3

Un débat intense a lieu au parlement sur la taxe sur les transactions financières. 2 Belges sur 3 sont pour.

Cette année, nous continuons à lutter ensemble pour un monde meilleur et contre les inégalités. Are you ready? MARS 2017 • globo 11


© Nipuna Kumbalathara/OXFAM

Organisées en « comités de justice », les femmes du district de Chhattisgarh luttent contre l’alcoolisme, source d’augmentation de la violence conjugale dans la région.

© Nipuna Kumbalathara/OXFAM

Quand les femmes indiennes font la loi ces violences sont justifiables dans Jati Panchayats, mais ils s’avèrent eux Dans la région du certaines circonstances, par exemple aussi très partiaux quand ils jugent Chhattisgarh, les violences si une femme sort de chez elle sans des affaires liées au genre. faites aux femmes sont en prévenir son mari ou si elle ne prépare augmentation. Le partepas bien le repas. Comités de justice naire d’Oxfam LASS aide En partenariat avec l’organisation ces femmes à s’organiser Une police partiale locale LASS (voir autre encadré), Oxfam a donc décidé de mettre pour défendre leurs droits. Le fait que ces violences soient très

D

ans une société hautement patriarcale comme l’Inde, où le fait même de naitre fille est stigmatisé, la violence faite aux femmes prend de nombreuses formes : discriminations, inégalités profondes dans l’éducation et l’accès à la santé, absence de liberté de mouvement et de droits économiques, mariages précoces… La forme la plus extrême de ces violences est la violence physique et sexuelle, généralement commise par des proches et si profondément ancrée dans la société que les femmes finissent par l’accepter comme une partie de la vie. Au Chhattisgarh, un état dans l’est de l’Inde où vivent de nombreuses minorités tribales (voir encadré), les violences faites aux femmes sont en forte augmentation : 13.5 % des femmes qui n’ont jamais été mariées et 34.4 % des femmes qui ont été mariées y ont déjà subi des violences physiques ou sexuelles. Et 75 % de ces dernières considèrent que

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rarement sanctionnées renforce cette conviction et entretient une méfiance envers la police. « Nous nous enfuyions toujours quand nous voyions des policiers arriver. On nous a toujours dit de ne pas aller à la police. Et qu’une femme qui sortait de chez elle sans être accompagnée d’un homme n’avait pas de morale, » explique Dhirja Bai Kamarin, 45 ans, du village de Malyar. Celles qui parviennent à dépasser leurs appréhensions et à porter plainte se voient souvent manquer de respect par les agents et s’entendent répondre que se faire battre par son mari est partie intégrante d’un mariage « normal ». Seule une poignée de cas arrivent jusqu’aux tribunaux et ils y restent en attente pendant des années, ce qui fait perdre aux femmes des communautés tribales tout espoir dans le système judiciaire classique. Il existe bien aussi un système traditionnel d’arbitration des conflits au sein de leur communauté, arbitrés par des groupes d’hommes du village, les

en place une alternative à ces Jati Panchayats : les Nyay Samiti (ou Comité de justice), formés au niveau de chaque village par 5 femmes minimum, dans le but de combattre et prévenir les violences de genre. Ces comités ont reçu des formations de

« Mois après mois, les femmes sont devenues plus sûres d’elles » LASS sur les différentes lois relatives à ces violences, les droits des femmes et les différents processus juridiques. « Ça n’a pas été facile de convaincre les femmes de participer. Elles étaient réticentes. Mais après quelques formations elles se sont senties prêtes à prendre ces responsabilités. Mois après mois, elles sont devenues plus sûres d’elles. Au départ, elles n’avaient même pas le soutien de leur famille

et de leur village, mais maintenant elles ont la reconnaissance de tout le monde, » raconte Lata Netam de LASS. Quand une femme du village fait appel au Comité, celui-ci ouvre tout d’abord un dialogue au sein du couple et tente de trouver une solution à l’amiable. Une technique qui réussit souvent : « Les hommes ont peur de l’exclusion sociale et n’osent pas réitérer leurs erreurs, » explique Mangali Bai, du comité de Thuhapani. « Les comités sont en train de devenir une sorte de groupe de pression sociale dans les villages, » ajoute Bharat Ram Thakur, du village de Tonhidabri. Les cas les plus graves sont aussi référés en parallèle aux Centres de soutien aux femmes (voir encadré ci-contre), notamment pour les appuyer dans une éventuelle démarche juridique classique. Dhirja B. Kamarin leader du Comité de justice de Malyar Dhirja Bai Kamarin (45 ans) vit dans le village de Malyar avec ses trois enfants et son mari, qu’elle décrit comme ayant été « une vraie terreur » par le passé : il la battait au moindre prétexte. Pendant


Texte : Esther Favre-Félix

regards du sud

Des centres pour les femmes victimes de violences Pour accueillir et conseiller les femmes victimes de violences, Oxfam a mis en place des « Centres de soutien aux femmes » avec l’organisation locale KhojSajag. Les femmes peuvent y recevoir des soins médicaux, des informations sur les programmes à leur disposition, des séances de médiation avec leur conjoint et une aide pour mettre en place un recours juridique si nécessaire. Les conseillères aident aussi les femmes qui ont été expulsées de chez elles à trouver un lieu d’hébergement. La police remarque petit à petit l’impact de ces

centres de soutien et leur réfère de plus en plus de cas. Des « Comités pour l’autonomisation des femmes » ont aussi été formés en parallèle afin de travailler au niveau des communautés pour guider les femmes vers les centres de soutien et travailler à la sensibilisation des communautés aux discriminations de genre, aux violences faites aux femmes et à leurs droits. Des workshops et des formations sont ainsi organisés pour sensibiliser à ces violences et renforcer l’autonomisation des femmes.

Lass QUI ? Lok Astha Seva Sansthan, ONG indienne active dans le district de Chhattisgarh

QUOI ? Fondé en 2006, LASS a commencé par travailler sur la protection des ressources naturelles avant de se focaliser sur les violences faites aux femmes, notamment dans les communautés tribales.

Chhattisgarh (Inde)

Etat indien où vivent traditionnellement des communautés tribales, souvent victimes d’exclusion et de discrimination. Ces sociétés auparavant repliées sur elles-mêmes font face à de nombreux bouleversements et à des déplacements de population dus à des soulèvements politiques et à l’exploitation minière de leurs soussols. Une des conséquences de ces bouleversements culturels est l’augmentation du machisme dans leurs sociétés, qui s’accompagne de violences faites aux femmes.

Chine

Népal

Pakistan

Chhattisgarh

Myanmar

Inde

Thaïlande

Sri Lanka

des années, elle a vécu dans la peur, mais elle ne se sentait pas capable ne serait-ce que de se plaindre. Le reste de la communauté était au courant de ces violences, mais personne n’intervenait. LASS l’a alors encouragée à participer à des réunions et à des formations qui lui ont permis de prendre conscience de la violence dans laquelle vivait sa famille. Elle a décidé d’aller plus loin et d’approfondir ses connaissances sur la partie juridique liée à la violence de genre. Après ça, plus rien ne pouvait l’arrêter. Elle est devenue leader du Comité de justice de son village.

Lutter contre l’alcoolisme

Sous la direction de Dhirja Bai, le Comité a commencé par s’attaquer en priorité à la lutte contre l’alcoolisme, une des principales raisons de l’augmentation des violences faites aux femmes au Chhattisgarh. En effet si la consommation d’alcool est courante dans les communautés tribales, l’alcoolisme y est en forte augmentation. On estime ainsi que 32 % de la population du district est alcoolique. Et l’alcool est devenu

prétexte à des violences physiques et sexuelles. En 2014, 70 à 85 % des cas de violence faite aux femmes au Chhattisgarh avaient été commis sous l’influence de l’alcool. Les femmes du Comité ont donc décidé d’organiser des « raids » dans toutes les maisons et de détruire les machines utilisées pour la fabrication de l’alcool. Elles ont même donné des amendes à ceux qui continuaient d’en fabriquer. Dans les autres villages du Chhattisgarh, les Comités de justice ont eux aussi lancé des campagnes similaires contre l’alcoolisme. Grace à ces efforts, l’alcoolisme et la fabrication artisanale d’alcool ont drastiquement diminué dans chacun des villages. Encouragée par ces succès, Dhirja Bai a aussi commencé à lever la voix contre la conduite de son mari, soutenue par sa fille Santoshi, qui a elle aussi suivi une formation de LASS. Le programme de LASS pour les adolescentes aide notamment les filles à identifier la violence dans leur vie quotidienne, à la dénoncer, et à réclamer leurs propres droits. Aujourd’hui, Dhirja Bai constate que son mari a beaucoup changé. Il

a non seulement cessé d’être violent mais il la laisse aussi aller où elle veut. « Maintenant mon père aide aussi aux tâches ménagères, » ajoute Santoshi. « Et mes frères ont aussi commencé à élever la voix s’ils voient que leur père devient violent. »

Des horizons plus larges

Avec le soutien de LASS, les femmes des communautés tribales du Chhattisgarh se sentent aujourd’hui capables de maintenir l’ordre public dans leur village.

« Nous apprenons nos droits et ce que le gouvernement nous doit » « Avant nous avions peur de nous exprimer devant les autres. Nous ne parlions jamais à d’autres hommes et nous nous occupions uniquement des tâches domestiques, » explique une membre du comité de Sehrapani. « Aujourd’hui nous apprenons plus sur ce qui se passe autour de nous,

nos droits et ce que le gouvernement nous doit. Ça a élargi nos horizons, » témoigne une autre membre, d’un village près de Gariyaband. Petit à petit, les Comités de justice reçoivent de plus en plus de reconnaissance au sein de leur communauté, les formations juridiques que suivent ces femmes leur permettant de gérer certains cas mieux que les Jati Panchayats (comités d’hommes ndlr). Forts de cette reconnaissance, les Comités de justice ont commencé à s’attaquer à des problématiques plus larges. Ils ont ainsi organisé des actions pour réclamer de meilleurs professeurs dans les écoles primaires, ou encore manifesté avec succès pour obtenir le paiement de pensions qui avaient été gelées par le gouvernement. « Maintenant je peux aller voir n’importe quel fonctionnaire ou département officiel. Avant on pensait que le trésorier par exemple était un personnage important et on avait peur de lui. Maintenant tous les fonctionnaires de tous les départements me connaissent, » explique Satto Bai en riant.

34,4%

3 sur 4

70-85 %

Au Chhattisgarh, 34.4 % des femmes qui ont été mariées ont déjà été confrontées à des violences physiques ou sexuelles.

75 % de ces femmes du Chhattisgarh qui ont été mariées pensent que les violences faites aux femmes sont justifiables dans certaines circonstances.

70 à 85 % des violences faites aux femmes en 2014 au Chhattisgarh ont été commises sous l’influence de l’alcool.

MARS 2017 globo 13


Bénévole à l’honneur

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toujours rivent, je suis ar us no i qu s les livre rrassent. On « Quand je trie s gens se déba le nt do ce ir nous a stupéfait de vo e dernière, on né an L’ s. or és s tr r livre sur le trouve de vrai con’, le premie ti io Id h sc am ècle. estvla te du 19ème si apporté un ‘W da i qu , al nt de d occi l objet. Nous dialecte flaman recevoir un te de ue iq un t C’est vraimen 120 euros. » l’avons vendu

14 globo • MARS 2017

Serge Debrauwere, 64 ans, a travaillé pendant 43 ans dans une banque. Depuis son départ à la pension, il est bénévole au Bookshop Oxfam de Courtrai. Il est passionné d’antiquités et de livres anciens.

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« Je suis he ureux de po uvoir aussi introduire m es propres id ées. Par exemple, ch aque semain e , je mets en avant un liv re du magas in en partic sur Faceboo ulier, k et sur Kap aza, et je le place près d u comptoir. Cette sema c’est un carn ine, et de 10 cart es postales imprimées à l’occasion d e la mort de Reine Astrid la . Il y a même des timbres .»


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ANS : Rue de l’Yser 185A, 4430 Ans • 04 371 20 44 • lu au sa : 10-17h45h • vêtements, livres, brocante, informatique • Également Oxfam-Magasins du monde CHARLEROI : Rue de Montigny 66, 6000 Charleroi • 071 31 80 62 • ma au ve : 10-17h30, sa 10-16h • vêtements, brocante CINEY : Rue St. Gilles 61, 5590 Ciney • 083 67 85 04 • ma au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique DINANT : Rue Grande 61-63, 5500 Dinant • 082 66 68 50 • ma au ve : 10-17h, (été 18h) sa : 11-17h (été 18h) • vêtements, brocante, livres, informatique EUPEN : Kirchstrasse 39B (City-Passage), 4700 Eupen • 087 35 23 60 • lu au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique HERSTAL : Rue Grande Foxhall e 99, 4040 Herstal • 04 240 08 01 • lu : 12-16h45, ma au ve : 10-16h45, sa : 12-16h (fermé sa en juillet/août) • vêtements, brocante, livres, informatique HUY : Rue Montmorency 2, 4500 Huy • 085 23 32 98 • me : 9-16h, ve : 10-17h, sa : 10-12h et 14-16h • vêtements LIÈGE : Rue de la Casquette 19b, 4000 Liège • 04 223 27 87 • lu au ve : 10-18h, sa : 10-17h (été) • vêtements, brocante, livres, informatique LIÈGE : Rue St Séverin 117, 4000 Liège • 04 221 49 58 • lu au sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres LIÈGE : Rue Puits-en-sock 137, 4020 Liège • 04 341 18 00 • lu au ve : 9-16h45 , sa : 9-1h • vêtements, livres, brocante, informatique LIÈGE : Rue St. Gilles 29, 4000 Liège • 04 222 24 42 • lu au ve : 10-17h30, sa : 10-17h • Bookshop MARCINELLE : Chée de Philippeville 290/292, 6001 Marcinelle • 071 37 65 05 • ma au sa : 10h-18h • vêtements, brocante, livres, informatique MONS : Rue de Houdain 5b • 7000 Mons • 065 84 75 04 • lu au sa: 10-18h • informatique, livres NAMUR : Rue de Bomel 9, 5000 Namur • 081 22 22 22 • lu au ve : 11-18h, sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres, informatique NAMUR : Av de la Plante 27, 5000 Namur • 081 26 28 38 • ma au ve : 11-18h, sa : 10-15h • informatique NAMUR : Bas de la Place 12-14, 5000 Namur • 081 22 91 22 • lu au sa : 9h30-18h • Bookshop NIVELLES : Rue de Namur 36, 1400 Nivelles • 067 77 34 85 • ma au sa : 9h30-17h30 • vêtements, brocante, livres, informatique

bruxelles

BRUXELLES : Rue de Flandre 102-104, 1000 Bruxelles • 02 522 40 70 • lu : 14h30-18h, ma au sa : 11-18h • vêtements vintage, brocante, livres BRUXELLES : Rue Haute 243, 1000 Bruxelles • 02 502 39 59 • ma au ve : 11-17h30, sa : 11-17h30, di : 11-15h • vêtements, brocante BRUXELLES : Rue des Chartreux 37, 1000 Bruxelles • 02 502 30 03 • ma au ve : 11-18h, sa : 13-18h • Oxfam Kids : vêtements, accessoires pour enfants BRUXELLES: Rue des Renards 19, 1000 Bruxelles • 02 513 83 23 • ma au ve : 11-15h, sa : 10-17h30, di : 10h30-15h • vêtements hommes, accessoires ETTERBEEK: Chée de Wavre 295, 1040 Etterbeek • 02 640 09 25 • lu : 14-18h, ma au ve : 11-18h, sa : 11-15h • vêtements, livres, brocante FOREST : Chée de Neerstalle 66, 1190 Forest • 02 332 59 91 • lu au sa : 10-18h • vêtements, livres, brocante, informatique IXELLES : Chée d’Ixelles 254, 1050 Ixelles • 02 648 58 42 • lu au sa : 10-18h • Bookshop IXELLES : Chée d’Ixelles 252, 1050 Ixelles • 02 647 48 51 • lu au sa : 10-18h • informatique JETTE : rue Auguste Hainaut 9, 1090 Jette • 02 427 25 75 • lu au ve: 10-18h, sa : 10-17h • vêtements, livres, brocante, informatique SCHAERBEEK : Av de la Brabançonne 133, 1030 Schaerbeek • 02 732 72 68 • ma au sa : 9-15h • vêtements UCCLE : Rue Vanderkinderen 248, 1180 Uccle • 02 344 98 78 • lu au sa : 10-18h (été 13-18h) • Bookshop

seconde main

Une offre commune et plus variée dans le magasin d’Ans Oxfam-Solidarité et Oxfam-Magasins du monde rassemblent leur offre dans un seul magasin Alors que le bâtiment d’Oxfam-Magasin du monde à Ans commençait à montrer quelques signes de faiblesse, l’occasion a été saisie pour s’unir avec le magasin Oxfam-Solidarité qui se situait dans la même rue. Pour l’occasion, le magasin de seconde main Oxfam a fait peau neuve afin d’accueillir dignement les nouveaux produits et les bénévoles qui vont rejoindre son équipe. Ce magasin amélioré propose donc maintenant aux clients de découvrir l’ensemble des produits Oxfam, de l’ordinateur de seconde main au café équitable du

Guatemala en passant par une paire de chaussures ! De quoi faire découvrir la seconde main aux adeptes du commerce équitable et vice-versa. « Nous sommes vraiment contents de pouvoir proposer l’ensemble des produits Oxfam, la seconde main et le commerce équitable, dans une seule et même surface afin d’offrir un meilleur service à nos clients, » se réjouit Frédéric Van Hauteghem, directeur-adjoint du département seconde main à OxfamSolidarité. Une journée festive sera organisée pour l’occasion le 10 mars.

Nettoyage de printemps solidaire Vous partez à la pension ? Vous êtes adepte du grand nettoyage de printemps ? Apportez vos anciens costumes dans un magasin de seconde main Oxfam ! Vous voulez vous débarrasser d’affaires plus encombrantes, à l’occasion d’un déménagement par exemple ? Si vous êtes sur Namur, Liège ou Bruxelles, nous pouvons venir les chercher. Il suffit d’appeler Eva Vervecken au 02 501 57 14. Si vous vivez dans une autre ville, prenez contact directement avec l’un de nos magasins.

flandre

ANVERS: Lange Koepoortstraat 49A, 2000 Antwerpen • 03 707 11 61 • lu au sa: 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique ANVERS : Quellinstraat 28, 2000 Anvers • 03 227 44 82 • lu au sa : 10-18h • Bookshop ANVERS : Brederodestraat 27, 2018 Anvers • 03 238 24 60 • ma au ve : 10-18h, sa : 10-17h • Oxfam Boutique : vêtements, brocante, livres BRUGES : Leopold II-laan 19, 8000 Bruges • 050 31 04 51 • ma au sa : 10-17h30 • vêtements, brocante, livres, informatique COURTRAI : Budastraat 21, 8500 Courtrai • 056 31 26 22 lu au sa : 10-18h • Bookshop, informatique GAND : Sint-Amandstraat 16, 9000 Gand • 09 233 42 13 • lu au sa : 10-18h • Bookshop GAND : Bij Sint-Jacobs 12, 9000 Gand • 09 223 13 53 • me au sa : 10-18h, dim : 10-13h • Oxfam Boutique : vêtements, brocante GAND :Steendam 73, 9000 Gent • 09 224 02 80 • ma au sa 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique GENK : Vennestraat 147, 3600 Genk • 089 30 42 69 • ma au sa : 10-18 • vêtements, livres, brocante, informatique HASSELT : Dorpsstraat 21, 3500 Hasselt • 011 21 50 11 • lu au sa : 10-18h • bookshop KNOKKE-HEIST : Elizabetlaan 141, 8300 Knokke-Heist • 050 51 04 51 • lu au sa : 10-12h30, 14-18h • vêtements, livres, informatique, brocante. Également Oxfam-Wereldwinkel LOUVAIN : Parijsstraat 60, 3000 Louvain • 016 50 07 05 • lu au sa : 10-18h • livres MALINES : O.L. Vrouwestraat 53, 2800 Malines • 015 43 67 10 • lu au ve : 9h30-17h30, sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres OSTENDE: Torhoutsesteenweg 641, 8400 Ostende • 059 51 87 78 • ma au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique ROULERS : Westlaan 210, 8800 Roulers • 051 25 24 55 • lu au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique SAINT-NICOLAS : Ankerstraat 44, 9100 Sint-Niklaas •03 776 72 59 • ma au ve : 9h30-17h30, sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres, informatique WILRIJK : Jules Moretuslei 157, 2610 Wilrijk • 03 828 83 33 • ma au ve : 9h30-17h30, sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres, informatique

Pourquoi Bernadette est-elle bénévole au magasin de Liège ? « Ce qui se passe dans le monde me touche beaucoup. Être ici ça me permet déjà d’y faire quelque chose. J’apprécie aussi être en contact avec les gens, aussi bien les clients que les autres bénévoles. » Depuis 8 ans, Bernadette Moreaux tiens la comptabilité dans le magasin Oxfam de Liège–Casquette. MARS 2017 • globo 15


ateliers

recherchons

bénévoles

d’immersion

enthousiastes !

« carrefours du monde »

Participez du 15 au 18 mars à l’action de récolte de vêtements pour Oxfam dans les magasins e5 !

A la recherche d’une excursion enrichissante et originale pour votre classe ou votre équipe ? Les ateliers d’immersion d’Oxfam vous permettent de voyager sans avoir à quitter la Belgique. Groupes de 12 à 24 personnes, à partir de 16 ans.

• Vous êtes disponible une ou plusieurs journées • Vous êtes orienté client et en bonne condition physique • Vous recevez par jour d’engagement, un bon d’achat à utiliser dans un magasin e5

devenez bénévole

Inscrivez-vous sur :

> Contactez Eva Vervecken eve@oxfamsol.be ou 02 501 67 14

> www.oxfamsol.be/ carrefoursdumonde

journée des

partenaires Oxfam-Solidarité, Oxfam-Magasins du Monde et Oxfam-Wereldwinkels invitent leurs bénévoles et leurs employés le vendredi 21 avril pour la journée annuelle des partenaires. Au programme ? Des workshops, une bourse d’inspirations et des témoignages de 3 organisations partenaires du Sud.

où ? À Flagey.

> Rue du Belvédère 27

1050 Bruxelles Inscrivez-vous via : www.oxfam.be/ journeedespartenaires

16

@oxfam_sol

www.facebook.com/oxfamsol


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