Trimestriel d’Oxfam-Solidarité – septembre 2013 – NUMÉRO 43
Degustation
dans nos magasins De seconde main 14-20 OCTOBRE Voir p. 16
dossier
Je consomme Moins, mieux, AUTREMENT Made in Bangladesh
Violences au Nicaragua
Quel est le véritable prix de votre T-shirt ?
Les femmes font valoir leurs droits et entendre leur voix.
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Pages 12-13
coverstory Pendant l’été, les festivaliers ont pu découvrir la face cachée des 10 plus grandes entreprises de l’alimentation. En se faisant prendre en photo, ils ont exigé plus de respect pour les petits paysans et notre planète. © Tineke D’haese
edito
Consomania ?
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sommaire
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dossier
’était en 1973. J’étais alors en cinquième secondaire. Comme beaucoup de mes camarades, j’éprouvais déjà un intérêt croissant pour tout ce qui touchait aux problèmes Nord-Sud. Grâce à mon professeur d’histoire, j’avais pu y consacrer une dissertation. Celle-ci concernait le rapport ‘Halte à la croissance ? Rapport sur les limites de la croissance’ du Club de Rome. Ces toutes premières lettres sorties de ma plume préfiguraient de nombreux écrits dédiés aux thématiques internationales. Très exactement 40 ans plus tard, l’encre coule encore. Un signe qui en dit long... Globalement, nous consommons 50 % de ressources naturelles en plus que ce que la Terre peut produire. En Europe, nous aurions en réalité besoin de 3 planètes pour soutenir notre mode de vie. Depuis mon enfance à l’école secondaire de Bruges, notre empreinte écologique a doublé à l’échelle mondiale. Mais quel est le rapport avec le Sud et donc avec le travail d’Oxfam ? En fait, tout est lié aux des inégalités : les pays riches consomment 10 fois plus que ceux du Sud.
La pulsion consommatrice du Nord provoque une véritable razzia sur les ressources rares comme la terre. Mais c’est avant tout au Sud que se multiplient les accaparements de terres. Notre soif de produits bon marché pousse les paysans, une fois encore dans le Sud, à s’éreinter pour un salaire de misère. Le transport long et inutile et la consommation démesurée de viande accroissent les émissions de CO2 et renforcent le changement climatique. Mais une fois plus, les inondations et les sécheresses qui en résultent, frappent surtout le Sud. Pour chacun de ces exemples, les causes se trouvent au Nord, tandis que les conséquences, elles, sont subies par les populations du Sud. Nous devrons donc apprendre à vivre ‘avec moins’ et accorder en même temps aux habitants du Sud une plus grande part du gâteau (celle qui leur revient de droit !). Cette prise de conscience commence peu à peu à faire son chemin et de plus en plus de gens se rendent compte qu’il faut changer les choses. Le mouvement est en marche. Et vous aussi pouvez y prendre part ! Une étude récente d’Oxfam indique que des citoyens ordinaires, de la Belgique au Brésil, se soucient beaucoup des conditions de production de notre alimentation et sont prêts à tenir compte de ces informations lors de leurs achats. Notre dossier décortique notre campagne CULTIVONS et ce que vous pouvez faire pour y participer. Consommer moins, mieux et autrement, voilà la garantie d’un futur durable pour tous. Un futur auquel vous pouvez participer au travers de vos actions, de votre mode consommation. En tant que consommateur, vous avez plus de pouvoir que vous ne l’imaginez. Les entreprises ne peuvent rester sourdes aux protestations des consommateurs, dont ils ont besoin. Notre campagne « La face cachée des marques » en est la preuve puisqu’elle a déjà convaincu quelques grandes multinationales de changer de cap. En octobre, nous lancerons une nouvelle action à cet égard. Gardez vos oreilles grandes ouvertes ! Stefaan Declercq, Secrétaire général
Interdiction de jouer avec la sécurité des travailleurs du textile, la nourriture et les soins de santé ! Voilà pourquoi Oxfam soutient ceux qui revendiquent leurs droits et développent des alternatives. Vous aussi, impliquez-vous : répondez à notre enquête, devenez membre de notre Assemblée générale ou participez à un petit-déjeuner équitable.
Être ambassadeur d’Oxfam : loin des strass et des paillettes. Passez le plus beau jour de votre vie en robe de mariée de seconde main ou parcourez les 42 km new-yorkais pour la bonne cause.
JE CONSOMME Moins, mieux et autrement
*Retour de manivelle économique *Partager et diminuer, le bon choix *Phone Soung Centre soutient l’agriculture biologique au Laos
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regards du sud
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Bénévoles à l’honneur
Au Nicaragua, les femmes victimes des violences ne restent pas les bras croisés. Elles s’engagent dans l’assistance aux victimes et œuvrent à un changement de mentalité global.
Maité, au four et au moulin... et sur les festivals !
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3,2,1 ACTION
La seconde main contre la fracture numérique, Dinant s’étend et vous attend, et participez à notre grande collecte.
Ne loupez pas le train climatique, nos atliers d’immersion et nos mises en bouche CULTIVONS.
Globo Périodique trimestriel n° 43 • Troisième trimestre 2013 Rue des Quatre-Vents 60, 1080 Bruxelles – Belgique Tel. : +32 (0)2 501 67 00 • Fax : +32 (0)2 511 89 19 E-mail : globo@oxfamsol.be • Globo en ligne : www.oxfamsol.be Editeur responsable : Stefaan Declercq • Rédaction : Laurent Bourgeois, Wouter Fransen, Julien Lepeer, Mieke Vandenbussche • Rédaction finale et coordination : Chantal Nijssen • Ont collaboré : Brigitte Gloire, Lina Neeb, Leila Bodeux • Mise en page : José Mangano • Photos : Tineke D’haese Art. 4 Loi 8.12.92 - Arr. Min. 18.03.93. Oxfam-Solidarité asbl, rue des Quatre-Vents 60 à 1080 Bruxelles, gère une base de données automatisée afin d’organiser les relations avec ses donateurs et sympathisants. Vos données y sont enregistrées. Vous avez le droit de demander toutes les données vous concernant et de les faire modifier le cas échéant. Adressez votre demande écrite à : Oxfam Fichier donateurs, rue des Quatre-Vents 60, 1080 Bruxelles. Oxfam-Solidarité est enregistrée sous le numéro 000500836 du Registre national de la Commission pour la protection de la vie privée. Si respectées qu’elles soient, les opinions des personnalités et partenaires interviewés dans ce magazine n’engagent pas Oxfam-Solidarité. Aucun extrait de ce Globo ne peut être repris ou copié sans l’autorisation écrite préalable de la rédaction. Ce Globo a été imprimé sur du papier recyclé Cyclus Print 90 gr. Management environnemental vérifié Siège social : Rue des Quatre-Vents, 60 B-1080 Reg. n° BE-BXL-000021
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pêle-mêle
Textes : Laurent Bourgeois et Chantal Nijssen • photos : Tineke D’haese
Quel est le coût de nos vêtements ? L’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh – qui a coûté la vie à plus d’un millier de personnes – a relancé la polémique sur les conditions de travail dans ces usines.
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’industrie textile a connu plusieurs catastrophes majeures ces dernières années, particulièrement en Asie. Incendies, mouvements de foule, effondrements ont fait de nombreuses victimes. Les grandes enseignes mettent leurs fournisseurs sous pression pour produire plus, plus vite et à moindre coût. Mais cela n’est pas sans conséquences : salaires de misère, contrats précaires, intimidations des mouvements syndicaux, économies sur la sécurité, etc. Malgré le fait que les marques se soient engagées à plusieurs reprises à améliorer les choses, rien n’a changé. Le dernier événement semble toutefois avoir changé la donne.
Certificats de bonne conduite
Les vêtements à bas prix dans nos magasins ont un coût humain inacceptable. © OXFAM
Les grandes marques textiles ont longtemps fui leurs responsabilités en se retranchant derrière des audits externes évaluant les conditions de travail. Aujourd’hui, force est de constater qu’ils ne fonctionnent pas. En effet, deux des entreprises installées dans l’immeuble qui s’est effondré au Bangladesh avaient reçu un ‘certificat de bonne conduite’ émanant de ces auditeurs sociaux.
L’autorégulation du secteur a fait son temps. Il faut passer à des accords légalement contraignants entre les marques et les organisations de travailleurs. Des inspections doivent être menées régulièrement, de façon indépendante et transparente, et leurs résultats doivent être rendus publics et engager les marques. Mais ce n’est pas suffisant. Le Bangladesh, par exemple, a besoin d’un plan global pour réparer
Les marques s’engagent
Aller encore plus loin Il a malheureusement fallu que plus d’un millier de personnes meurent dans les usines de textile pour que les grandes marques se décident à signer l’Accord on Fire and Building Safety in Bangladesh. Les enseignes signataires de cet accord s’engagent ainsi à uniformiser leurs politiques d’achats et à garantir les droits des travailleurs – et donc également leur sécurité – tout au long de la chaîne de production. Reste à voir ce que cela donnera en pratique. Maintenant que cet accord existe et a été signé, il faut s’atteler à élargir la discussion à d’autres thèmes comme le salaire minimum ou encore la question des contrats précaires, et à d’autres pays comme le Cambodge ou l’Indonésie. Vous souhaitez suivre cette thématique et découvrir quelles sont les autres marques belges ayant rejoint JBC pour la signature de cet accord ? rendez-vous sur www.achact.be
Le Globo a besoin de vous
et rénover les entreprises du secteur. Et ceci coûte de l’argent, beaucoup d’argent. Et c’est là que le bât blesse, car les usines sont tellement mises sous pression que leurs faibles marges bénéficiaires ne leur permettent pas d’effectuer ces dépenses. Les grandes enseignes doivent accepter que des fabriques sûres coûtent plus cher. Ils doivent mettre la main à la poche pour améliorer la situation.
Depuis ce dernier événement dramatique, plus de 70 marques ont signé l’Accord on Fire and Building Safety in Bangladesh, dont des enseignes célèbres comme H&M, C&A, Esprit ou Mango. Cet accord, en élaboration depuis 2011 et auquel ont participé ONG et mouvements syndicaux, engage les marques à effectuer les inspections nécessaires et à financer les rénovations et la mise aux normes de sécurité ; garantit l’accès des syndicats aux bâtiments ; crée des comités de santé et de sécurité pour les employés ; et donne le droit aux employés de refuser un travail si la sécurité n’est pas garantie.
Vous êtes un fidèle lecteur du Globo ? Remplissez le questionnaire que vous recevrez bientôt dans votre boîte aux lettres.
Deux entreprises installées dans l’immeuble qui s’est effondré au Bangladesh avaient reçu un ‘certificat de bonne conduite’ Cet accord couvre 1.500 usines em ployant plus d’un million de personnes. Bien qu’il constitue un tournant dans l’histoire de cette industrie, il ne s’attaque malheureusement pas à de nombreux autres problèmes comme les bas salaires et ne concerne que le Bangladesh. Néanmoins, il rassemble pour la première fois de nombreux acteurs majeurs et crée ainsi une plate-forme pour des collaborations futures. EN SAVOIR PLUS : www.achact.be
Grâce à votre contribution, nous pourrons faire du Globo une revue encore plus riche, plus piquante et plus passionnante.
Merci et... vos efforts seront à coup sûr récompensés !
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On ne joue pas avec la nourriture ! Le CNCD-11.11.11, SOS Faim, Réseau financement alternatif, FAIRFIN et OxfamSolidarité dévoilent le fait que les banques en Belgique spéculent sur la nourriture.
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e rapport intitulé ‘La complicité des banques en Belgique dans la spéculation sur l’alimentation’ dresse un tableau peu reluisant des activités des banques présentes en Belgique. Outre le fait qu’il dresse un inventaire, il s’attache également à démonter quelques mythes et excuses avancés par les banques pour justifier ces pratiques aux conséquences désastreuses. Morceaux choisis : • Il est très difficile de dire ce qui est spéculatif et ce qui ne l’est pas. C’est correct, mais cette difficulté est liée à l’opacité et la complexité des marchés financiers. Or, le monde de la finance a lui-même créé volontairement cette
Réseaux et Alliances
complexité et ne cesse de se battre contre des contrôles plus poussés. • Le marché est international et on ne sait rien faire au niveau belge. Une régulation belge est importante parce qu’elle peut servir d’exemple à d’autres États ou pour l’élaboration d’une régulation européenne. La Belgique s’est déjà illustrée dans ce sens dans bien des domaines. • Il n’y a pas de preuve d’un quelconque lien entre la spéculation sur les matières premières agricoles et l’augmentation des prix agricoles ou la volatilité des prix. Cette affirmation n’est pas sérieuse. Plusieurs banques européennes reconnaissent dans des études internes que de nombreux éléments confirment ce lien. En outre, vu l’importance des risques sur la sécurité alimentaire, le principe de précaution devrait primer. Consultez le rapport et les réactions des banques sur www.cultivons.be
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Venir en aide ensemble Le Consortium 12-12 regroupe cinq organisations humanitaires ayant pour objectif de mobiliser le public belge.
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orsque qu’une catastrophe naturelle ou une crise humanitaire survient et que l’on a besoin de toute urgence d’importants moyens financiers, la collaboration entre ces cinq organisations – Caritas International, Handicap International, Oxfam-Solidarité, Médecins du Monde et UNICEF Belgique – peut encourager la générosité et la solidarité de la population. Le travail en consortium facilite également une bonne communication vers le public et vers les médias, et permet également de diminuer les coûts et d’en faire une présentation transparente.
Les cinq associations membres du ‘Consortium pour les Situations d’urgence 12-12’ disposent d’équipes d’urgence spécialisées et font partie de réseaux internationaux, permettant une aide efficace et rapide partout dans le monde. Par ailleurs, ces organisations collaborent souvent lors d’actions humanitaires sur le terrain, à travers leurs antennes locales ou structures internationales. Depuis le début de la collaboration à la fin des années 70, le Consortium est intervenu dans un nombre impressionnant de crises : des famines en Éthiopie et au Sahel début des années ‘80, jusqu’aux récentes crises dans la Corne de l’Afrique et en Syrie, en passant par la situation rwandaise de ‘94, le Tsunami de décembre 2004 et le tremblement de terre en Haïti de janvier 2010.
Pour en savoir plus ou faire un don dans le cadre de l’appel pour la Syrie : www.1212.be
« Le lancement d’un ‘appel 12-12’ signifie une crise humanitaire exceptionnelle. » Les banques jouent avec la nourriture, comme le riz ou d’autres aliments de base.
Tours de roue solidaires 15.000 km à vélo, ce n’est pas banal. Mais quand c’est également au profit d’OxfamSolidarité, cela en devient vraiment génial. La période entre la fin des études et le début de la vie active est le moment idéal pour partir à la découverte du monde. Benoît, Benjamin et Antoine, trois étudiants fraîchement diplômés, n’ont pas manqué cette opportunité qui ne se présente que trop rarement.
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Mais, pour corser le tout, ils ont décidé de le faire à vélo et d’en faire profiter des personnes du monde entier. Comment? En se faisant parrainer au profit des projets d’Oxfam-Solidarité. Merci à eux pour cette initiative hors du commun. Pour les moins sportifs, il existe de nombreuses autres manières de nous soutenir à découvrir sur notre site www.oxfamsol.be. Si vous avez envie de découvrir leur périple, voire de vous en inspirer, rendez-vous sur belgiansolidaritybikers.com
Bolivie : nos Solidarity Bikers en route vers Salar de Chiguana.
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16 jours contre la violence faite aux femmes
AG cherche candidats Oxfam-Solidarité attache une grande importance à sa légitimité sociétale, la transparence et la bonne gouvernance.
L’organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié la violence faite aux femmes d’épidémie. Oxfam appelle à passer à l’action cet automne.
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xfam-Solidarité est à la recherche de nouveaux membres pour rejoindre son Assemblée générale (AG), garante de la bonne gestion de l’association. L’AG se réunit une fois par an afin d’examiner et d’approuver les résultats de l’année écoulée et le budget de l’année en cours.
L
’Institut belge pour l’égalité des Femmes et des Hommes s’apprête à rédiger le plan d’action national 2014-2018. Oxfam-Solidarité y a contribué en proposant d’accorder une place à la violence sexuelle dans le travail de plaidoyer, de coopération au développement et d’aide humanitaire.
La violence, une épidémie « Les initiatives tant nationales qu’internationales prouvent que la violence envers les femmes est une épidémie mondiale », a déclaré l’OMS lors de la publication de son rapport de juin 2013 intitulé ‘Estimations mondiales et régionales de la violence à l’encontre des femmes’. C’est la première fois que les données chiffrées sur ce sujet ont été rassemblées au niveau mondial. Il en ressort que : • près d’une femme sur trois est victime de violences physiques ou sexuelles par son partenaire • la violence entre partenaires est la forme de violence la plus fréquente • plus de 600 millions de femmes vivent dans des pays où la violence domestique n’est pas pénalisée
La violence faite aux femmes est combattue dans le monde entier.
Selon l’OMS, cette violence est la plus répandue en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est. Dans cette dernière région, 37 % des femmes subissent au moins une fois dans leur vie des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire. En Amérique du Sud, ce taux atteint 30 %, contre 23 % en Amérique du Nord.
© Sam Tarling / OXFAM
contre la violence liée au genre’, entre le 25 novembre – Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des Femmes– et le 10 décembre – Journée internationale des Droits humains. Organisations, personalités politiques et citoyens sont appelés à passer à l’action. Vous aussi, rejoignez notre campagne pour mettre fin à la violence de genre.
Action mondiale Cette année encore, le Center for Women’s Global Leadership organisera la campagne ‘16 jours d’activisme
Envie de lancer une initiative pendant ces 16 jours ? Inscrivez-vous sur : http://16dayscwgl.rutgers.edu
Outre cette obligation légale, une AG thématique a été instaurée, afin d’approfondir des sujets étroitement liés à nos activités et de renforcer l’implication des membres dans l’orientation stratégique de l’association. Cet appel s’adresse à toute personne adhérant à la vision et la mission de l’organisation. Nous recherchons la diversité, mais également des connaissances spécifiques dans différents domaines tels que la finance, la gestion, la coopération au développement...
Intéressé(e) ? Adressez votre candidature au Secrétariat général, Rue des Quatre-Vents 60, 1080 Bruxelles, ou par mail via pva@oxfamsol.be
David contre Goliath Les pays riches imposent leurs normes aux pays pauvres.
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fin d’assurer, par exemple, la sécurité alimentaire, il est crucial d’avoir un accès libre aux variétés de semences et aux autres intrants agricoles. Mais les règles de propriété intellectuelle peuvent limiter cet accès et avoir des conséquences désastreuses pour l’accès à des ressources éducatives (manuels scolaires), aux technologies vertes ou aux technologies médicales. Ces règles donnant des monopoles quasi exclusifs aux détenteurs de droits, provenant majoritairement de pays riches, elles poussent les prix à la hausse, rendant ces technologies inabordables pour les pays les moins avancés (PMA). À la création de l’Organisation mondiale du Commerce, des règles
internationales de protection des aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce ont été mises en place pour tous les pays membres, sur base des modèles existant en Occident. En raison de leur situation économique précaire, un délai avait été accordée aux PMA une première fois jusqu’en 2006, et ensuite jusqu’en 2013. Mais une si courte période ne suffit pas pour permettre aux PMA d’acquérir les éléments nécessaires à la mise en œuvre de ces accords (personnel qualifié, bases scientifiques et technologiques, système de régulation), et encore moins d’en tirer des bénéfices sociaux ou économiques. Les PMA ont demandé une nouvelle dérogation tant qu’ils appartiennent à cette catégorie de pays, car ils ne peuvent utiliser leurs maigres revenus à la mise en place de
règles de propriété intellectuelle qui renforcent le monopole des entreprises occidentales !
Huit ans de répit Il est inacceptable et indécent que les pays riches – UE et USA en tête – usent de leur pouvoir pour mettre sous pression les PMA. Ils font ainsi passer la protection de la propriété intellectuelle avant la vie de citoyens ordinaires au Niger ou au Malawi. Le 11 juin 2013, les PMA ont finalement échappé au pire et obtenu un nouveau délai. Huit ans, un répit supplémentaire pour leur permettre de se consacrer à l’essentiel : l’amélioration des conditions de vie de leurs citoyens. Lisez l’entièreté de l’article sur globalhealthcheck.org
Ne manquez pas l’occasion de passer un moment convivial tout en dégustant de délicieux produits issus du commerce équitable. www.omdm.be
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Oxfam-Solidarité fait partie de la grande famille Oxfam qui compte 17 affiliés actifs dans 94 pays au monde. Nous ouvrons le carnet de bord de quelques membres de la famille…
Loin des strass et des paillettes Scarlett Johansson, Desmond Tutu ou encore Coldplay mettent leur notoriété et leur talent au service de notre action. Mais comment sont-ils devenus des ambassadeurs d’Oxfam ?
sadrice mondiale : de ses vidéos déjantées pour les cadeaux Oxfam, à ses visites de terrain en Afrique de l’Est ou en Inde, en passant par ses appels aux dons pour le redressement d’Haïti, Scarlett est sur tous les fronts.
Une autre légitimité Acteurs, chanteurs, politiciens ou sportifs, ils sont nombreux à vouloir s’engager pour une cause qui leur tient à cœur. Mais pour Oxfam, l’engagement n’est pas un vain mot et Scarlett Johansson, Desmond Tutu ou autres Coldplay ne sont pas là pour faire de la figuration.
« A côté des ambassadeurs connotés « people », on trouve aussi des personnalités qui doivent leur légitimité à leurs origines et leur parcours : Baaba Maal, figure emblématique de la musique d’Afrique de l’Ouest, sait de quoi il parle lorsqu’il appelle à mieux prévenir les sécheresses dans le Sahel. Angélique Kidjo, chanteuse béninoise, jouit elle aussi d’une aura et d’une légitimité immenses en Afrique. Leur statut confère une dimension supplémentaire à notre discours. »
Notoriété n’est pas forcément futilité Oxfam a lancé son programme d’ambassadeurs mondiaux en 2007. Auparavant, il y avait bien sûr déjà de nombreuses collaborations, mais elles restaient limitées à un événement particulier. Être ambassadeur mondial, c’est un engagement supérieur. « Ne devient pas ambassadeur mondial d’Oxfam qui veut », explique Marie-Vincente Pasdeloup, chargée des relations avec les ambassadeurs pour Oxfam International. « Nos ambassadeurs ont tous mené des actions plus ponctuelles avec Oxfam avant de pousser la collaboration jusque là. Chris Martin, le leader du groupe Coldplay, était déjà un supporter d’Oxfam, et c’est donc assez naturellement qu’il a soutenu la campagne CULTIVONS à travers la tournée de son groupe. »
tants. Des liens avec certaines entreprises ou des actions contraires aux valeurs de solidarité et de lutte pour la dignité humaine d’Oxfam constituent autant d’obstacles. Nous recherchons des personnalités de grand talent, reconnues mondialement et dont les valeurs sont en adéquation avec celles d’Oxfam. »
« Pour nos ambassadeurs, nous recherchons évidemment des personnes connues, influentes, dont les paroles seront répercutées dans les médias, mais nous avons des critères impor-
« C’est ainsi que nous avons rencontré Scarlett Johansson, qui était alors à l’aube de sa carrière. » L’actrice américaine a, depuis, multiplié les actions pour finalement devenir ambas-
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Ce soir je serai la plus belle...
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Scarlett Johansson s’est notamment investie auprès d’écoliers en Inde. © Oxfam
America
C’est clairement aussi le cas du lauréat du Prix Nobel de la Paix 1984, l’archevêque Desmond Tutu, l’une des incarnations de la lutte nonviolente contre l’apartheid en Afrique du Sud. Celui-ci vient d’ailleurs d’être rejoint par une autre lauréate du Prix Nobel de la Paix (2011), Leymah Gbowee. Cette femme politique libérienne est notamment connue pour son action en faveur de l’égalité des genres. Au total, ils sont désormais 18 à représenter Oxfam au niveau mondial. Colin Firth, Helena Christensen ou Gael García Bernal, pour ne citer qu’eux, sont autant d’atouts qui permettent la voix d’Oxfam de porter plus haut, plus loin. Plus d’infos www.oxfam.org/ambassadeurs Consultez les vidéos des ambassadeurs sur http://www.youtube.com/user/oxfaminternational
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42 km au-delà de l’effort
Trop de points sur la carte
Chaque femme veut illuminer la pièce lors de son mariage. Et comme si trouver la robe parfaite n’était pas assez compliqué, la question du prix pointe souvent le bout de son nez. Oxfam Irlande a la solution ! Ses magasins de seconde main proposent une très large collection de robes de mariée et d’accessoires. 90% des robes sont d’ailleurs neuves car elles proviennent de dons de couturiers ou de maisons du mariage. Alors, prête à être la plus belle ?
Le marathon de New York, ça vous dit quelque chose ? Oxfam America offrait la chance aux sportifs, aux sympathisants, aux bénévoles ou à toute personne intéressée d’y participer. Vu le nombre de demandes, les places pour cet événement mythique sont rares et chères, mais notre consœur nord-américaine veut conférer au précieux sésame une autre dimension ! Pour être de la partie, il faudra collecter, pendant la course, 3.000 $ au profit des projets d’Oxfam. Intitulée « Run for charity », l’action vous emmène au-delà de l’effort.
Sécheresses, inondations et ouragans se multiplient. Dans les médias, une catastrophe naturelle en chasse une autre chaque semaine. A tel point qu’on en oublie vite les conséquences, alors que les populations les plus pauvres, elles, y restent confrontées. Oxfam Allemagne propose un aperçu global des différentes communautés touchées via une carte interactive sur son site. En cliquant, sur les visages éparpillés sur le globe, vous pourrez découvrir des témoignages, des combats qui rappellent l’aspect humain de ces catastrophes qui nous semblent si lointaines.
www.oxfamireland.org/bridal
www. oxfamamerica.org
www.oxfam.de
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Les jeunes s’engagent pour consommer autrement, et ainsi respecter la planète et ses habitants.
dossier
JE CONSOMME Moins, mieux et autrement Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous rencontrons les limites de notre Terre. Si tout le monde menait le train de vie d’un Européen, il nous faudrait trois planètes. Et les conséquences de ce comportement, ce sont les populations pauvres du Sud qui les assument. Néanmoins, ceci n’est pas une fatalité : moins de viande, moins de télévisions, de voitures et de tablettes, pour une meilleure santé et un monde plus juste est la solution. Dans ce dossier, nous expliquons pourquoi tout le monde a un intérêt à moins consommer. Et vous, envie de changer de cap ?
Sources : (1) Consommation de matières premières : www.materialflows.net (2) Vidéo: Hervé Kempf ‘How the rich are destroying the earth”, http://goo.gl/RcXT7 (3) RIO+20 : ‘10 Year Framework of programmes on sustainable consumption and production’ http://goo.gl/6ugTsu
Sommaire - Retour de manivelle écologique - Partager et diminuer, le bon choix - Phone Soung Centre soutient l’agriculture biologique au Laos
TExtes : Chantal Nijssen • PHOTOS: Tineke D’haese ont collaboré : • Brigitte Gloire, responsable plaidoyer développement durable chez Oxfam-Solidarité • Khamphy Khammavong, gestionnaire de projet Phone Soung Centre au Laos
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dossier
Je Consomme...
Retour de manivelle écologique
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Brigitte Gloire, responsable plaidoyer Développement durable d’OxfamSolidarité
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• Nous vivons donc dangereusement? « De plus en plus rares, inégalement réparties mais
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Qu’il s’agisse de l’atmosphère, de l’eau, de la biodiversité ou de façon plus évidente, des terres (sols et sous-sols), ces ressources naturelles, et les écosystèmes qui leurs sont associés, assurent notre survie. Elles nous nourrissent, nous habillent, nous hébergent et nous soignent. Elles sont aussi le terrain de nos lieux de vie, nous permettent de nous déplacer et de communiquer.
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HA vironnem NG d en EM en on f t a a l t s e u j p pl t o u re
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Comme l’avaient prédit en 1972 déjà les visionnaires du club de Rome et comme le confirme la communauté scientifique, nous vivons aujourd’hui à crédit sur notre Terre. Notre modèle de croissance et notre mode de consommation à outrance, dans un monde aux ressources limitées, nous mènent donc tout droit dans l’impasse.
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Nous vivons à crédit
RSITÉ BIODIVE
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Rapporté à l’ensemble de la planète, le mode de vie d’un Européen nécessite 3 planètes, celui d’un NordAméricain, 5 planètes, celui d’un hindou, moins d’une planète, et celui d’un habitant de l’Afrique subsaharienne, moins d’une demi-planète.
Un cadre de vie juste où l’humanité peut vivre en sécurité
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Depuis 1966, l’empreinte écologique* a doublé. Désormais, elle excède la biocapacité* de la Terre de plus de 50 %. Notre Terre n’est plus capable de se régénérer. Nous surconsommons donc les réserves de la Terre en surexploitant ses 12 milliards d’hectares bioproductifs, c’est-à-dire les champs, les pâturages, les forêts, les zones de pêche et les terrains construits (urbanisation).
« Notre objectif devrait être de combiner une réduction de l’empreinte environnementale chez ceux qui surconsomment avec plus de développement dans les pays où l’indice de développement humain est inférieur à 0,8. Oxfam représente notamment ce formidable défi au travers du concept du ‘DONUT’. »
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es populations des pays riches consomment plus de ressources naturelles par habitant que celles des pays pauvres. Un Européen consomme 43kg de ressources par jour, contre 10kg pour un Africain. Chaque année, 60 milliards de tonnes de ressources naturelles sont prélevées des écosystèmes et des soussols. Les 20% de la population les plus riches consomment 80% de ces ressources. Et les 20 % les plus pauvres n’en consomment que 3% ! (1)
aussi inégalement exploitées, les ressources naturelles n’ont jamais autant fait l’objet de convoitises », constate Brigitte Gloire, responsable plaidoyer Développement durable d’Oxfam-Solidarité.
ACIDIFIC ATIO ND ES OC ÉA
Nous consommons trop et pas assez durablement. Depuis 1985, notre consommation dépasse la biocapacité de la Terre. Une fatalité ? Loin de là !
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• L’anneau extérieur du donut représente le plafond environnemental. À l’extérieur de cet anneau l’Homme ne peut vivre en sécurité. On perd de la biodiversité, la quantité d’eau douce diminue, la pollution atmosphérique augmente tout comme la quantité d’ozone,... • L’anneau intérieur représente la base sociale. En deçà de cette base, la souffrance humaine devient inacceptable. L’accès à l’alimentation, à l’eau, à la santé, à l’éducation,… y est problématique. • Entre ces deux anneaux, se situe le cadre de vie juste où l’humanité peut vivre en sécurité. Jamais auparavant, nous n’avions été confrontés au double défi d’éradiquer l’injustice qu’est la pauvreté tout en restant dans les limites de nos ressources naturelles. Extrait du rapport : ‘A safe and just space for humanity’. Pouvonsnous vivre à l’intérieur du donut ?, basé sur J. Rockström e.a. (2009)
www.cultivons.be
• La politique de l’autruche ? Brigitte Gloire : « Nous avons besoin en Europe de 60 % de terres en plus que notre territoire pour produire tout ce que nous consommons (et absorber les déchets). Dès lors, une partie de ce que nous consommons est produite hors de nos frontières. Et si nous prenons en compte ce que l’on produit chez nous et ce qui est produit hors de nos frontières mais qui nous est destiné, la quantité d’émissions de gaz à effet de serre (GES) devient énorme. Parce qu’il faut dès lors comptabiliser également les émissions de GES tout au long du cycle de vie des produits que nous importons. » « Vu sous cet angle, l’Europe n’a réduit ses émissions que de 1 à 2% par rapport à 1990 au lieu des 17 % qu’elle affiche fièrement. En d’autres termes, qu’il s’agisse de l’atmosphère ou des autres ressources, nous avons le plus souvent déplacé le lieu du préjudice hors de nos frontières », souligne Brigitte Gloire. « Il suffit de prendre l’exemple du soja, nécessaire pour notre consommation de viande et de produits laitiers, mais cultivé en masse en dehors de nos frontières. »
Crise écologique et inégalités Les plus pauvres ne sont pas à l’origine de la dégradation de l’environnement, car ils consomment nettement moins. Dans son ouvrage intitulé ‘Comment les riches détruisent la planète’, Hervé Kempf (journal Le Monde, spécialiste en écologie) décrivait déjà en 2009, le lien entre la crise écologique et les inégalités. (2) « La majorité des habitants de notre planète ne bénéficient même pas de droits fondamentaux tels que l’alimentation, la liberté, le travail décent, l’éducation et les soins de santé. À cela vient s’ajouter le fait qu’ils sont aujourd’hui les premières victimes de la dégradation de l’environnement et du réchauffement climatique. Les catastrophes climatiques sont plus nombreuses, leurs réserves d’eau s’amenuisent et les revenus agricoles dans les régions tropicales baissent. » • Nous attaquons-nous aux causes des inégalités ? « De plus en plus souvent, il apparaît que certaines ‘solutions environnementales’ (comme les OGM résistantes au sel et à la sécheresse, les agrocarburants, le marché des droits de polluer, la financiarisation des ressources comme l’eau,…) se révèlent plus dangereuses que la cause du problème. Elles risquent, à leur tour, d’accentuer les inégalités et les dommages environnementaux comme par exemple la perte de biodiversité. » « Soulignons encore que, contrairement au discours dominant chez nous, qui pointe du doigt la démographie des pays « pauvres » et le « réveil » de la Chine comme les causes principales des dérèglements environne-
L’empreinte écologique
Biocapacité
L’empreinte écologique correspond à la surface nécessaire pour produire les ressources que nous consommons et pour absorber les déchets et le CO2. Elle se calcule en hectares globaux.
La capacité de la Terre à se régénérer. Certains plafonds environnementaux ont déjà été franchis comme le réchauffement climatique, la perte de biodiversité ou les perturbations au niveau du cycle de l’azote. Il est donc urgent de tout faire pour en limiter l’impact et ne plus dépasser d’autres seuils.
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mentaux, c’est l’empreinte écologique des pays les plus riches (et en leur sein, des classes sociales les plus aisées) qui augmente le plus », explique Brigitte Gloire. Paul Murtaugh, expert en études statistiques à l’Université d’État de l’Oregon, partage cet avis : « Bien que certains pays aient une population et une croissance plus importantes qu’aux États-Unis, leur impact écologique est souvent plus restreint, car leur population vit moins longtemps et consomme moins. Quand la population et la consommation augmenteront dans les pays en développement, la donne risque de changer. » • Comment en sommes-nous arrivés là ? Brigitte Gloire : « En 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio (soit 20 ans après la 1ere conférence mondiale de l’environnement à Stockholm et la sortie du rapport du Club de Rome ‘Halte à la croissance ‘ en 1972), l’ensemble des pays de la planète ont enfin cherché à concilier environnement et développement. à Rio, on a confirmé que l’éradication de la pauvreté était une condition sine qua non du développement et que les inégalités sociales constituaient un frein au développement. On y reconnaissait aussi, pour la première fois et unanimement, la responsabilité de nos modes de production et de consommation dans la dégradation des sols, la perte de biodiversité et les changements climatiques. »
La nourriture hebdomadaire moyenne consommée par une famille en Éthiopie et en Belgique. © Tom Pietrasik / OXFAM
« Dix ans plus tard à Johannesburg, l’ONU a poursuivi les discussions et défini un plan de mise en œuvre sur les modes de consommation et de production durables. Or, les inégalités ont continué d’augmenter et les 3 grandes conventions issues de Rio n’ont pas réussi à contenir le réchauffement climatique, la désertification et les pertes de biodiversité. L’empreinte écologique des habitants des pays industrialisés a augmenté et l’humanité a dépassé les limites de la biocapacité terrestre. » (3)
L’évolution entre 1992 et 2012 : • • •
la température moyenne globale a augmenté de 0,4°C ; la quantité de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 36% ; la biodiversité a décliné de 12%.
Les causes sont à rechercher ailleurs « Ne faut-il-pas pointer du doigt des politiques économiques et commerciales qui autorisent et renforcent cette surexploitation des ressources ? », interroge Brigitte Gloire. « La mondialisation des échanges des biens et de services, facilitée par la libéralisation et le fait que les coûts sociaux et environnementaux ne sont pas pris en compte, a clairement accentué la surconsommation. Combinée à l’affaiblissement du pouvoir des États à garantir la réalisation des droits fondamentaux, à régu-
Petits calculs Les pressions que nous exerçons sur les ressources peuvent être comptabilisées en surface de terre ou en quantité (de carbone, de matières,…) Une empreinte environnementale équitablement répartie correspond, par personne, à 1,9 ha global, ou à ± 2 tonnes de gaz à effet de serre (GES) ou encore à ± 5 tonnes de matièresan.
ler l’exploitation des ressources naturelles et à redistribuer les richesses produites, cette mondialisation économique a, sans conteste, facilité, plutôt que bridé, une croissance non soutenable. » « La dérégulation des marchés a fortement affaibli les mécanismes de gestion de l’offre et de la demande et les normes de produits sont devenues beaucoup moins strictes. Il est par exemple de plus en plus difficile d’interdire la surpêche ou d’introduire des quotas de pro-
duction. Des subventions mal orientées et une publicité toujours plus envahissante pour des biens et services non soutenables nous incitent à surconsommer et à ponctionner toujours plus de ressources. Notre économie est de plus en plus basée sur la finance (financiarisation), ce qui a changé les rapports de force en faveur des institutions financières et rendu plus difficiles encore les mesures vers plus de soutenabilité. Il ne faut pas s’étonner de l’impasse économique, sociale et environnementale dans laquelle nous nous trouvons. »
Empreinte écologique d’un enfant « L’empreinte écologique moyenne d’un enfant aux USA est 160 fois plus importante que celle d’un enfant né au Bangladesh », explique Paul Murtaugh de l’Université d’État d’Oregon.
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JE CONSOMME...
La solution : partager et diminuer Comment agir ? Achetez et mangez autrement Oxfam a mené une enquête auprès de plus de 5.100 familles vivant dans des villes du Brésil, de l’Inde, des Philippines, du Royaume-Uni, des États-Unis et de l’Espagne. Le rapport qui en découle, intitulé ‘La recette du changement ou comment chaque consommateur peut participer à un système alimentaire plus juste’, montre qu’une grande partie des citoyens du monde entier se soucient du rôle qu’ils peuvent jouer afin d’améliorer le système alimentaire mondial.
Voilà pourquoi Oxfam a développé sa « méthode CULTIVONS » avec quelques conseils :
Une vie digne pour chacun sur Terre passera par un partage plus équitable des ressources.
d’Oxfam-Solidarité. « À commencer par celui de diminuer notre consommation en viande puisque l’on sait depuis longtemps que 7 à 10 calories végétales sont nécessaires pour produire une calorie animale.»
• Devons-nous donc jeter le bébé avec l’eau du bain ? Brigitte Gloire : « Il s’agira en premier lieu de convaincre nos politiciens que nous devons consommer ‘MOINS, MIEUX et AUTREMENT’ !
Autre exemple, l’empreinte du transport : la plupart des produits frais exotiques sont transportés par avion. Mais l’avion émet jusqu’à 1.500 g de gaz à effet de serre par tonne transportée et par km parcouru alors que le bateau n’émet qu’environ 15g/tonne par km. Un ananas du Costa Rica transporté par avion emettra cent fois plus de CO2 qu’en bateau.
- Moins pour diminuer notre consommation en ressources et notre empreinte écologique. - Mieux en visant tout le long du cycle du produit, plus de soutenabilité sociale (travail décent, revenus pour le développement) et plus de soutenabilité environnementale (moins de pollution, allongement de la durée de vie des produits). - Autrement en optant pour des pratiques positives.
Plus social et sélectif Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin de plus de régulation dans les politiques économiques avec : • une progressivité des prix pour les biens de base (eau, électricité,…) en fonction des revenus et l’inclusion des coûts sociaux et environnementaux ; • des subventions pour les biens et services soutenables (transports en commun, isolation,...) ; • une alimentation moins basée sur la viande et produite suivant les principes de l’agriculture durable ; • un arrêt ou une diminution des dépenses/subventions publiques pour les biens et services non soutenables (énergie fossile, voitures d’entreprise,…). « Si l’on applique le slogan du ‘Moins, Mieux et Autrement’ à l’alimentation, les conseils prodigués par la ‘méthode CULTIVONS’, popularisée par Oxfam, sont simples et efficaces », explique Thierry Kesteloot, responsable plaidoyer Souveraineté alimentaire
Le mode de production peut également avoir un impact tout aussi important voire plus important que le transport sur l’empreinte écologique. Le kilo de tomates espagnoles, de saison et cultivées biologiquement, aura un bilan carbone nettement inférieur au kilo de tomates belges cultivées sous serre chauffée.
Les porteurs d’alternatives Les initiatives citoyennes, porteuses de réelles alternatives au modèle dominant, sont – heureusement chaque jour plus nombreuses. « Cela va des millions de petits producteurs qui pratiquent une agriculture soutenable respectueuse des écosystèmes, aux milliers de groupements citoyens, ONG ou petites entreprises qui veulent consommer ‘autrement’ nos précieuses ressources naturelles », note Thierry Kesteloot.
Soutenir les petits producteurs Par exemple, en achetant équitable. Si les consommateurs brésiliens, britanniques, étasuniens et espagnols délaissaient leur marque de chocolat habituelle au profit d’un produit du commerce équitable pour deux des barres chocolatées qu’ils mangent chaque mois, ils achèteraient, par an, plus de 12,5 milliards de barres de chocolat issues du commerce équitable par an. De quoi améliorer les revenus de dizaine de milliers de paysans qui travaillent dans les 90.000 petites exploitations de cacao dans le monde. Réduire les déchets alimentaires Dans les six pays considérés, une pomme sur six finit à la poubelle, ce qui représente 5,3 milliards de pommes par an. La production, la commercialisation et la décomposition de ces pommes engendrent une quantité d’émissions de gaz à effet de serre équivalente à celle résultant de la combustion de 10 millions de barils de pétrole. Connaitre ses besoins et acheter en fonction permet d’éviter tout gaspillage. Acheter des produits de saison Beaucoup d’énergie est gaspillée par la culture d’aliments au mauvais endroit et au mauvais moment de l’année. Acheter local et de saison permet de diminuer drastiquement l’empreinte écologique. Lisez tout sur la méthode CULTIVONS : www.cultivons.be
« En Belgique, les groupements de producteurs s’associent de plus en plus à des groupements de consommateurs pour offrir des produits locaux et de saison (circuits courts). Chacun, à sa manière, apporte sa pierre à l’édifice. Et le fait que ces initiatives se fédèrent de plus en plus au sein de plateformes et de réseaux cimanger moins gaspiller soutenir acheter cuisiner manger moins gaspiller soutenir les acheter local les soutenir cuisinerlocal manger moins gaspiller les acheter local toyens pour interpeller le niveau autode viande moins et de petits paysans et de saison et intelligemme de politique, viande nousmoins petits saison intelligemment depaysans viande moins petits paysans de saison i rise à fonder de réels espoirs de changements. »
Que cachent les grandes enseignes de l’alimentation ? Les géants de l'alimentation tels que Nestlé, Coca Cola, Kellog’s, Mars et Danone ont énormément d'influence sur le système alimentaire mondial. Ils déterminent ce que nous mangeons, comment sont utilisées les matières premières et qui engrange les bénéfices. Dans le cadre de sa campagne 'La face cachée des marques', Oxfam a étudié les 10 plus grandes entreprises alimentaires. Ensemble, elles empochent 1 milliard de
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dollars par jour mais des millions de personnes dans les pays en développement sont laissés pour compte.
Que pouvez-vous faire ? • Soutenez notre pétition en ligne et passez à l’action d’un simple click : www. behindthebrands.org/fr-be • Plus d’infos sur ces actions dans les magasins de seconde main Oxfam-Solidarité lors de la semaine CULTIVONS qui débute le 14 octobre prochain.
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L’agriculture biologique comme véritable levier Le Phone Soung Centre cherche à améliorer les moyens de subsistance des paysans au Laos par le biais de l’agriculture biologique. Les consommateurs et les pouvoirs publics ont fait part de leur enthousiasme.
É
tant donné les grosses difficultés rencontrées par les petits paysans et la faible qualité des aliments, les pouvoirs publics laotiens ont créé, en 1994, un service autonome dédié à la formation et à l’organisation de groupes de producteurs pour l’alimentation biologique. Khamphy Khammavong, responsable des programmes chez Oxfam-Solidarité, explique : « En soutenant ce projet, Oxfam souhaitait avant tout rassembler les paysans et ensuite dispenser des formations sur les techniques agricoles durables. Nous voulions contribuer à améliorer l'accès au marché local et permettre l'exportation d'aliments bio, en collaborant avec un autre partenaire d'Oxfam, Lao Farmers’ Products, qui produit notamment des jus équitables. »
que les gens aient suffisamment à manger. À présent, on observe que tant les producteurs que les consommateurs et les pouvoirs publics sont acquis à la cause de l’alimentation biologique. Comme aucun engrais chimique n’est utilisé, les prix ont pu baisser. D’autre part, ces aliments cultivés localement ne sont pas soumis aux variations de prix. Aucune spéculation n’entre en jeu. » PSADP accorde un grand intérêt à la formation et compte sur le soutien d’Oxfam-Solidarité. Khamphy poursuit : « Les groupes de paysans ont grandi, ce qui exige une meilleure organisation, l’établissement d’un plan professionnel, une réponse aux questions du financement et de l’accès au crédit et une plus grande capacité de négociation face aux pouvoirs publics, ou au sein d’organismes commerciaux internationaux. »
Profil du Laos Régime politique : État communiste à parti unique. Capitale : Vientiane Langue : Lao Superficie : 236.800 km² Population : 6.586.266 hab. Espérance de vie : 63 ans (Belgique : 80 ans) Taux d’alphabétisation : 73 % (Belgique : 99 %) Emploi : 75 % dans l’agriculture, 25 % dans l’industrie et les services Environnement : sensibilité climatique en raison de la déforestation et de l’expansion industrielle indE INDE
chinE
bangLadesh myanmar
Phone Soung Centre Agriculture Development Project (PSADP) travaille à présent avec 29 groupes d’agriculteurs dans la province de Vientiane. Le Laos compte 1.342 paysans bio qui cultivent sur 22.770 ha de terres (Laos Bioforum, juin 2012).
Fiers des produits locaux
Meilleure préparation aux catastrophes
« Au début, en 1994, il n’existait aucune conscience environnementale chez les paysans ou les consommateurs. La qualité de l’alimentation n’entrait pas non plus en ligne de compte. Ce qui importait, c’était
Dans le district de Kasy, particulièrement sensible aux catastrophes naturelles, est né un projet-pilote faisant le lien entre agriculture durable et prévention des risques de catastrophe. Khamphy explique : « La région où travaille PSADP est souvent sujette aux inondations. L’organisation voulait encourager ses membres à s’y préparer. C’est ainsi que notre partenaire a créé des groupes d’épargne et de crédit avec les bénéfices. Nous investissons ensemble pour améliorer l’évacuation des eaux et pour promouvoir des légumes plus résistants aux pluies diluviennes. » Un autre défi auquel doit faire face PSADP est la mise en place d’accords asiatiques de libre-échange en 2015. L’agriculture durable y survivra-t-elle ? Voilà quelques mois que le Laos est membre de l’Organisation mondiale du commerce. En tant que service gouvernemental autonome, PSADP récolte toutes les informations nécessaires, mais le gros du travail doit encore être effectué. Khamphy tempère : « Notre partenaire a lancé une enquête avec le soutien d’Oxfam pour relever ce défi. Par exemple, l’arrivée des grands semenciers au Laos constitue une menace pour les semences locales. Ils veulent s’y préparer. Ils souhaitent également protéger la qualité de leurs produits par l’intermédiaire de labels officiels. Pour se profiler comme un acteur fort dans ce contexte international, des moyens supplémentaires, des dispositions juridiques et de l’expertise sont nécessaires. PSADP prend en grande partie exemple sur ce qui se fait à l’étranger. Et le soutien d’Oxfam dans ce contexte est grandement apprécié. » Cette femme cultive maintenant de façon durable des aliments sains, sans engrais chimiques. © OXFAM
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LAOS
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Cependant, les évènements macro-économiques ne peuvent faire perdre de vue la vente à l’échelle locale. Avec le soutien de PSADP, les groupes de paysans établissent des points de vente locaux et promeuvent leur action pour accroître l’intérêt des consommateurs. Khamphy conclut : « Phone Soung Centre accorde une place particulière au rôle des femmes. L’organisation leur a permis de suivre des formations pour qu’elles puissent améliorer leurs capacités techniques. À présent, ce sont elles qui apportent sur le marché les produits biologiques, tandis que les hommes continuent principalement à travailler aux champs. »
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A propos de PSADP
• Institution gouvernementale autonome travaillant sur l’agriculture durable, fondée en 1993 et active dans 29 communes. Oxfam soutient ce groupe de projets pour le développement de l’agriculture depuis 2004. • Engagé pour l’agriculture biologique, avec des semences et récoltes indigènes, par l’intermédiaire de marchés biologiques. Offre une alternative abordable et de qualité à l’importation alimentaire. • Renforce les paysans et accroît la résistance au changement climatique.
Pour en savoir plus • Sur l’alimentation durable www.cultivons.be www.omdm.be www.gasap.be www.rabad.be www.rawad.be www.associations21.org www.slowfood.com • Sur la consommation en général www.bruxellesenvironnement.be www.oxfamsol.be/secondemain www.ecoconso.be www.ScannezVosProduits.be www.repaircafe.be/fr www.foeeurope.org www.ejolt.org
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REGARDS DU SUD
Entraide, information et formations sont les ingrédients qui permettent à Amifanic de replacer les femmes au centre des débats.
© OXFAM
Des femmes qui se tiennent la main Avec le soutien de l’organisation de femmes Amifanic, des femmes et des filles au Nicaragua apprennent qu’une vie sans violence est également possible.
K
atia Josefina Peréz Lopéz est l’une des femmes qui ont trouvé un soutien chez Amifanic. Elle a 37 ans et est mère de trois filles. Pendant 12 ans, elle a vécu heureuse avec son ex-partenaire, sous-commissaire de police et père de ses enfants. Les querelles, et la violence, étaient plutôt rares à cette époque. Toutefois, les trois années suivantes auront été un véritable enfer. Disputes, violence verbale et agressions physiques étaient alors leur lot quotidien. Sa fille handicapée et elle-même en ont tout particulièrement été victimes. « D’après lui, j’accordais plus d’attention à notre fille handicapée Katia Josefina Peréz Lopéz va trouvé une aide précieuse auprès d’Amifanic
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qu’à lui. Par exemple, il estimait que je passais trop de temps dans le centre où elle suit une thérapie. À une certaine période, je m’y rendais chaque jour et il ne le supportait pas, il ne pouvait accepter que sa fille était handicapée. » « Il s’est mis à boire plutôt que de nous aider. La situation n’a alors fait qu’empirer. Il l’accusait d’être la cause de nos problèmes relationnels. Et elle subissait aussi ses accès de violence. » « Initialement, la violence restait cantonnée au contexte de notre foyer, mais après un certain temps, il s’est même mis à m’agresser en public. Il faisait même des scènes dans le centre de jour de notre fille handicapée. C’est le psychologue du centre qui m’a informé de l’existence d’organisations où je pouvais trouver de l’aide pour mes problèmes. Il m’a mis en contact avec le mouvement de femmes Amifanic. »
Une nouvelle loi punit les auteurs Avec l’aide du partenaire d’Oxfam Amifanic, Katia a déposé une plainte auprès du tribunal sur base de la nouvelle ‘loi générale contre la violence faite aux femmes’ approuvée par le parlement du Nicaragua et
entrée en vigueur le 25 mai de l’année dernière. Son procès a eu lieu en septembre de la même année. Le juge a donné raison à Katia, et il a ainsi fait du policier le premier homme à avoir été déclaré coupable en vertu de cette loi. Le mouvement de femmes et d’autres organisations de la société civile partageant les mêmes idées ont œuvré en faveur de cette loi pendant des années. Elle n’est pas parfaite et offre peu de moyens pratiques pour combattre les causes structurelles de la violence faite aux femmes. La loi met l’accent sur la responsabilité des individus plutôt que sur la situation sociale dans le pays. Cependant, elle constitue à tout le moins un moyen de combattre l’impunité qui prévaut à l’heure actuelle. L’an passé Amifanic a mis beaucoup d’énergie dans la publicité autour de cette nouvelle
loi. L’organisation peut compter sur tout un réseau de travailleuses communautaires ou promotoras de los derechos humanos. Les 200 femmes doivent souvent racler les fonds de tiroir pour joindre les deux bouts. Malgré tout, elles s’engagent bénévolement en faveur de leurs compañeras dans leur quartiers. La tâche de ces bénévoles est d’améliorer la connaissance des droits humains au sein de leur propre communauté, où souvent les femmes ne savent même pas qu’elles ont aussi des droits. Pour améliorer cette situation, les bénévoles reçoivent une formation de l’association, et partagent ensuite ces connaissances lors de réunions de quartier, appelées Charlas comunitarias, conversations communautaires. Régulièrement, elles rassemblent les femmes dans leur salon pour leur permettre de parler de la violence
Je me remémorais les yeux de mes enfants quand il a pris son arme, l’a chargée et a menacé de me tuer
Texte : Mieke Vandenbussche • Photos : Tineke D’haese
REGARDS DU SUD
Un ancrage fort et précieux O
xfam soutient Amifanic dans sa lutte contre la violence faite aux femmes », explique Liana Simmons, gestionnaire d programme pour le Nicaragua pour OxfamSolidarité. « Nous nous concentrons sur le renforcement des capacités existantes au sein de l’organisation afin qu’elle : • encourage les collectivités locales à mener des actions communes pour essayer de prévenir la violence contre les femmes • puisse fournir une assistance de qualité aux femmes et aux filles qui ont été victimes de comportements violents • puisse engager des partenariats stratégiques afin de mener ensemble des actions de sensibilisation et de plaidoyer.
contre la violence faite aux femmes et aux filles. Voilà pourquoi, en tant qu’Oxfam, nous considérons notre collaboration avec Amifanic comme précieuse. Nous pouvons contribuer à ce que les filles et les femmes nicaraguayennes puissent mener une vie où la violence n’est plus une réalité quotidienne. »
Les femmes qui sont victimes de violences ont souvent honte d’en parler. De plus, elles s’estiment souvent responsables de cette situation. « Grâce à Amifanic, j’ai trouvé la force de ne plus me taire, de porter plainte, de regarder vers l’avant et d’être forte. Ils ont eu de la patience, ont écouté mon histoire et m’ont comprise. Amifanic m’a rendu confiance en moi et en mes semblables. Je n’avais plus confiance en personne, je ne pensais pas que quiconque puisse avoir des intentions louables envers moi. Si quelqu’un se rapprochait trop de moi, je commençais à crier. » « C’est très douloureux et gênant d’admettre ouvertement que vous êtes abusée par votre partenaire, et de quelle manière. Grâce à Amifanic, j’ai osé franchir le pas. Mais le procès était très difficile. Ce n’était pas facile de le revoir et de dire les choses comme elles étaient sans crainte et sans pleurer. C’était traumatisant, notamment lorsque je me remémorais la peur dans les yeux de mes enfants quand il a pris
QUI ? Organisation de femmes QUOI ? L’association vise à améliorer les conditions de vie des femmes et des enfants victimes de violences domestiques. Elle se concentre sur l’assistance, la formation, la prévention, l’accompagnement juridique et le plaidoyer politique.
NICARAGUA Le Nicaragua est le deuxième pays le plus pauvre d’Amérique. La pauvreté et les relations hommes-femmes alimentent la discrimination et la violence envers les femmes. Le gouvernement est caractérisé par une inertie et un manque de volonté politique. Les obstacles pratiques tels que les frais de justice et le manque d’intérêt de la part de la police pour poursuivre les auteurs font que cette injustice persiste.
En outre, elle entretient des liens étroits avec d’autres organisations de la société civile et est reconnue internationalement pour son combat. Tout ceci renforce sa capacité à mobiliser autour de la lutte
La spirale de la honte et de la violence
Asociación de Mujeres para la Integración de la Familia en Nicaragua
Une ‘promotora’ prête à passer à l’action pour aider celles qui en ont besoin.
La particularité d’Amifanic réside dans son ancrage très fort dans la société. Elle peut compter sur un vaste réseau de bénévoles et de sympathisants.
faite aux femmes. Mais, souvent, les thèmes abordés dépassent la question de la violence, et il est alors également question d’autres problèmes de société tels que le manque d’accès des femmes aux soins de santé et à l’éducation.
AMIFANIC
son arme, l’a chargée et menacé de me tuer. J’étais très nerveuse avant le tribunal et, sans Amifanic, j’aurais abandonné. Elles sont venues me chercher, m’ont offert un petit déjeuner et un thé calmant, ont donné à manger
à mes enfants et s’en sont occupées comme s’il s’agissait de leurs propres enfants. Elles m’ont rassurée. » Le jour du jugement, plusieurs organisations de femmes, dont Amifanic, ont rassemblé beaucoup
Pour ma communauté ! M
ercedes Rezo Davila est l’une des ‘promotoras’ qui s’efforce d’aider les femmes de sa communauté. « Au départ, j’avais moi-même un problème : deux de mes cousines étaient maltraités. J’ai sollicité de l’aide auprès du ministère de la Famille, mais celui-ci n’a pas voulu m’aider. J’ai alors appris l’existence, via une ‘promotora’, d’une organisation capable de m’aider, et c’est ainsi que j’ai découvert Amifanic. Entretemps, je suis moi-même devenue ‘promotora’ et j’aide les gens qui en ont besoin. J’aime ce que je fais car je n’aime pas que des enfants ou des femmes soient maltraités ou que des problèmes intrafamiliaux surviennent. Je peux m’adresser à Amifanic pour quelque problème que ce soit. J’y reçois des conseils, un accompagnement et, si nécessaire,
ils viennent jusqu’à nous pour aider celles qui en ont besoin. Grâce à tout ce qu’ils m’ont appris, je peux à mon tour aider de nombreuses autres femmes. Je n’ai plus peur de m’impliquer et je sais comment parler aux gens. Ma famille me soutient : elle participe régulièrement aux réunions de quartier ou aux manifestations. J’espère que je pourrai continuer à m’investir pour ma communauté et qu’il y aura toujours suffisamment de ‘promotoras’. »
Cuba
Belize
mexiQUE guatemala salvador
Jamaique
Océan Atlantique
honduras
NIcaragua Managua
costa rica panama
Océan Pacifique ColombiE
de monde pour une manifestation au cours de laquelle elles ont exprimé leur soutien à Katia.
Rêver d’un avenir « Je n’oublierai jamais ce qu’Amifanic a fait pour moi et continue à faire pour moi, car ses membres m’aident encore. Quoi qu’il arrive, elles sont toujours là pour moi. Ainsi, je ne me sens pas seule, je sais que je peux compter sur quelqu’un, sur des gens qui ne jugent ou ne critiquent pas. » Malgré tout ce qu’elle a vécu, Katia ose encore rêver. Elle voudrait ouvrir un institut de beauté avec un salon de coiffure, ainsi qu’une petite boutique où sa fille handicapée pourrait vendre les bijoux qu’elle a appris à fabriquer au centre. « Elle pourra ainsi apprendre à voler de ses propres ailes. Mais en fait, je veux tout simplement aller travailler, gagner ma vie, pouvoir rentrer à la maison sans crainte et profiter de mes enfants. » Comme beaucoup de ses pairs au Nicaragua, Katia a encore un long chemin à parcourir, probablement parsemé d’échecs et de réussites. Dans tous les cas, des organisations comme Amifanic se tiennent toujours prêtes pour la soutenir et l’écouter. Et qui sait, Katia arrivera peut-être un jour à transformer ses rêves en réalité. septembre 2013 • globo 13
Bénévole à l’honneur t les JM (Jeunes à l’école, j’ai rejoin ’est plein de jeunes C Magasins-Oxfam). bouger et partager se de son âge avec qui ées. Et puis, j’ai id des expériences et des n. Une expérience ctio rejoint Oxfam-en-A usse à nous battre po incroyable qui nous t. oi pour ce en quoi on cr
Comme tous les étés depuis 4 ans, Maïté, 20 ans, mène campagne sur les festivals. Nous l’avons retrouvée à Couleur Café.
On essaye d’abor d humeur. Nous so er les gens dans la bonne m accueillis. Et pu mes souvent très bien is grandes marques le sujet de cette année, les , ça parle à tou t le monde.
Ce qu’on veut faire, c’est apporter des alternatives ent aux gens. Ils savent de quoi on parle mais ne sav pas quoi faire. Et c’est là qu’on se sent utile.
Souvent, je retrouve des bénévoles que j’ai déjà croisés sur les festivals. Ca crée des liens particuliers. D’ailleurs, j’en revois certains en dehors du contexte Oxfam.
avec les C’est un plaisir de débattre mbiance, la festivaliers. Et puis, il y a l’a ssi ! ite au foule, la musique… On prof
e est vraiment à Couleur Café, l’ambianc ouverts. Pas sympa et les gens sont super qui eux besoin d’aller vers eux, c’est viennent vers nous.
à Tunis grâce à Oxfam. Là, ial nd mo ial soc rum Fo au r lle d’a qui J’ai eu la chance e d’eau parmi un océan de gens utt go e ’un qu st n’e ’on qu pte com je me suis rendu simplement inoubliable. t tou it éta C’ . ble ssi po est e nd mo pensent, comme nous, qu’un autre … ables Envie de rejoindre Oxfam-en-Action J’y ai fait des rencontres incroy 14 globo • septembre 2013
ou de participer aux festivals l’an prochain ? Contactez Coralie via cvo@oxfamsol.be
seconde main
Où nous trouver ? wallonie Ans : Rue de l’Yser 185A, 4430 Ans • 04 371 20 44 • lu au sa : 10-18h • vêtements, brocante, informatique Charleroi : Rue du Grand Central 4, 6000 Charleroi • 071 31 37 76 • lu au ve : 11-18h, sa: 10-15h • informatique Charleroi : Rue de Montigny 66, 6000 Charleroi • 071 31 80 62 • je, ve : 10-17h30, sa: 10-16h • vêtements, livres Ciney : Rue St. Gilles 61, 5590 Ciney • 083 67 85 04 • ma au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique Dinant : Rue Grande 61-63, 5500 Dinant • 082 66 68 50 • lu au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique Herstal : Rue Grande Foxhalle 99, 4040 Herstal • 04 240 08 01 • lu : 12-16h45, ma au ve : 10-16h45, sa : 12-16h (fermé sa en juillet/août) • vêtements, brocante, livres, informatique Huy : Rue Montmorency 2, 4500 Huy • 085 23 32 98 • me : 9-16h, ve : 10-17h, sa : 10-12h et 14-16h • vêtements Liège : Rue de la Casquette 19b, 4000 Liège • 04 223 27 87 • lu au ve : 10-17h (été : 18h), sa : 12-17h (été : 17h30) • vêtements, brocante, livres Liège : Rue St Séverin 117, 4000 Liège • 04 221 49 58 • lu au ve : 10-17h, sa : 11-16h • vêtements, brocante, livres Liège : Rue Puits-en-sock 137, 4020 Liège • 04 341 18 00 • lu au sa : 10-17h • vêtements Liège : Rue St. Gilles 29, 4000 Liège • 04 222 24 42 • lu au ve : 10-17h30 (été : 18h), sa : 10-17h • Bookshop Marcinelle : Chée de Philippeville 290/292, 6001 Marcinelle • 071 27 86 90 • lu au sa : 10h-18h • vêtements, brocante, livres, informatique mons : Rue de la Clef 37 • 7000 Mons • 065 84 75 04 • lu au sa: 10-18h • informatique, livres Namur : Chée de Louvain 5, 5000 Namur • 081 22 22 22 • lu au ve : 11-17h, sa : 10-15h • vêtements, brocante, livres, informatique, mobilier de bureau Namur : Av de la Plante 27, 5000 Namur • 081 26 28 38 • ma au ve : 11-18h, sa : 10-15h • informatique Namur : Bas de la Place 12-14, 5000 Namur • 081 22 91 22 • lu au sa : 9h30-18h • Bookshop Nivelles : Rue de Namur 36, 1400 Nivelles • 067 77 34 85 • lu au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique Seraing : Rue de la Baume 250, 4100 Seraing • 04 337 29 58 • lu au ve : 9h45-16h45• vêtements
Ordinateurs de seconde main vs fracture numérique Aider les parents défavorisés à se familiariser avec des ordinateurs qu’ils prennent ensuite avec eux à la maison, voici le projet « Fracture Numérique » du CPAS d’Audenarde et du Leerpunt local. Les ordinateurs sont fournis par Oxfam. « Je peux désormais aider ma fille de douze ans à faire ses devoirs et aussi veiller à ce qu’elle utilise internet de manière sûre », explique Kitty Schrauwens qui suit les cours. C’est à ça que sert le projet et c’est pour ça qu’Oxfam se réjouit
d’y contribuer. Nele Caljon, consultante en alphabétisation de la Province de Flandre orientale, partenaire du projet : « Pour nous, il était essentiel que les élèves puissent repartir avec des ordinateurs et mettre directement en pratique dans la vie de tous les jours ce qu’ils viennent d’apprendre ici. »
Eric Van Nieuwenborgh evh@oxfamsol.be
Dinant s’étend et vous attend
bruxelles
flandre
Au n°61 de la rue Grande de Dinant vient donc s’ajouter une nouvelle enseigne au n°63 ! Et pour pouvoir suivre le rythme et
servir au mieux ses clients, l’équipe aura bien besoin de renfort ! Intéressé(e) ? N’hésitez pas à nous contacter au 082/66.68.50.
Adresse : Rue Grande 61 et 63, 5500 Dinant. Heures d’ouverture : du mardi au samedi de 10 à 18h.
A la recherche des vêtements perdus Participez à notre grande action de collecte du 09 au 15 septembre. Plongez dans vos placards et garde-robes et sortez-en les affaires que vous ne portez plus : vos vêtements trop grands ou trop petits, vos chaussures ou vos sacs à main, chapeaux ou foulards oubliés ! Amenez votre surplus de vêtements dans un magasin e5 mode près de chez vous et vous recevrez en échange un bon d’achat de 5 euros. Pour vos chaussures ou sacs à main, rendez-vous chez Avance. Un bon de 5 ou 10 euros vous y attend.
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semain e
Anvers : Sint-Jacobsmarkt 84, 2000 Anvers • 03 227 44 82 • lu au sa : 10-18h • Bookshop Anvers : Brederodestraat 27, 2018 Anvers • 03 238 24 60 • ma au sa : 10-18h • Oxfam Boutique : vêtements, brocante, livres Bruges : Leopold II-laan 19, 8000 Bruges • 050 31 04 51 • ma au sa : 10-17h30 • vêtements, brocante, livres, informatique Courtrai : Budastraat 21, 8500 Courtrai • 056 31 26 22 lu au je : 14-18h, ve & sa : 10-18h • Bookshop, informatique Gand : Sint-Amandstraat 16, 9000 Gand • 09 233 42 13 • lu au sa : 10-18h • Bookshop Gand : Bij Sint-Jacobs 12, 9000 Gand • 09 223 13 53 • ma au sa : 10-18h, dim : 10-13h • Vintage (vêtements) Knokke-Heist : Kerkstraat 47, 8301 Knokke-Heist • 050 51 04 51 • ma au sa : 10-12h, 14-17h30 • vêtements, livres, informatique, brocante. Également Oxfam-Wereldwinkel Louvain : Parijsstraat 60, 3000 Louvain • 016 50 07 03 • lu au sa : 10-18h • livres Malines : O.L. Vrouwestraat 53, 2800 Malines • 015 43 67 10 • ma au ve : 9h30-17h30, sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres Ostende: Torhoutsesteenweg 641, 8400 Ostende • 059 51 87 78 • ma au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique Sint-Niklaas: Ankerstraat 44, 9100 Sint-Niklaas •03 776 72 59 • ma au ve : 9h30-17h30, sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres, informatique Wilrijk: Jules Moretuslei 157, 2610 Wilrijk • 03 828 83 33 • ma au ve : 9h30-17h30, sa : 10-17h • vêtements, brocante, livres, informatique
Fort du succès de son magasin d’informatique et de livres, et, bien sûr, grâce à l’investissement de ses bénévoles, la seconde main d’Oxfam a étendu son offre à ses produits historiques : les vêtements et la petite brocante.
L
Bruxelles : Rue de Flandre 102-104, 1000 Bruxelles • 02 522 40 70 • lu : 14-18h, ma au sa : 11-18h • vêtements vintage, brocante, livres Bruxelles : Rue Haute 243, 1000 Bruxelles • 02 502 39 59 • ma au sa : 10-17h, dim : 11-15h • vêtements, brocante Bruxelles : Rue des Chartreux 37, 1000 Bruxelles • 02 502 30 03 • lu : 13h-17h30, ma au sa : 11-18h • Oxfam Kids : vêtements, accessoires pour enfants Bruxelles : Av de la Brabançonne 133, 1000 Bruxelles • 02 732 72 68 • ma au sa : 9-14h30 • vêtements, brocante, livres Bruxelles: Rue des Renards 19, 1000 Bruxelles • 02 513 83 23 • ma, je, ve : 11-18h, sa : 10-18h, di : 10-15h • vêtements hommes, accessoires Etterbeek: Chée de Wavre 295, 1040 Etterbeek • 02 640 09 25 • lu : 14-18h, ma au ve : 11-18h, sa : 11-15h • vêtements, livres, brocante Forest : Chée de Neerstalle 66, 1190 Forest • 02 332 59 91 • lu au sa : 10-17h30 • vêtements Ixelles : Chée d’Ixelles 254, 1050 Ixelles • 02 648 58 42 • lu au sa : 10-18h • Bookshop Ixelles : Chée d’Ixelles 252, 1050 Ixelles • 02 647 48 51 • ma au sa : 10-18h • informatique Molenbeek : Rue Dubois-Thorn 105, 1080 Molenbeek • 02 411 45 53 • lu au sa : 10-18h • vêtements, brocante, livres, informatique, mobilier de bureau Schaerbeek : Bld Lambermont 47, 1030 Schaerbeek • 02 215 05 11 • lu au ve : 9-17h • vêtements, livres, brocante Uccle : Rue Vanderkinderen 248, 1180 Uccle • 02 344 98 78 • lu au sa : 10-18h • Bookshop
Grâce à nos magasins de seconde main, vous faites des heureux en Belgique et les revenus sont reversés aux projets d’Oxfam à travers le monde. www.oxfamsol.be/shops septembre 2013 • globo 15
3,2,1 Action action-
climat Du 11 au 22 novembre, la conférence de l’ONU sur le climat se tiendra à Varsovie. Des personnes du monde entier s’y rassemblent pour plus de justice climatique lors de la ‘March for Climate Justice’.
> Sponsorisez un billet ou
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Bienvenue à Mondiapolis et en Bolivie !
Entrez dans un décor tridimensionnel grandeur nature et venez vous initier aux thèmes passionants que sont la mondialisation, la souveraineté alimentaire, le changement climatique...
Inscrivez-vous dès maintenant PLUS D’INFOS: edu@oxfamsol.be 02 501 67 12 ou rendez-vous sur basta.oxfamsol.be
Bruxelles -Vasovie (15-17/11) www.coalitionclimat.be
votez pour une alimEntation équitable tegen geweld op vrouwen
Vous avez pris la pose pendant les festivals pour une alimentation équitable.
Cet automne, nous continuerons à exiger des 10 plus grandes entreprises alimentaires plus de respects pour les paysans et la planète.
VOTRE photo des Festivals et plus d’idées d’action sur notre site www.cultivons.be
Connaissez-vous la méthode cultivons ?
La semaine du 14 octobre, nous vous servirons des amuse-bouche CULTIVONS dans nos magasins de seconde main.
venez les déguster et échanger vos recettes Où ? Quand ? www.oxfamsol.be/ secondemain
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