OH 10 : 50 ans de lutte pour le commerce équitable et le digital au secours du Pakistan

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MAGAZINE TRIMESTRIEL D’OXFAM BELGIQUE

#OX-FILES 50 ans de lutte pour le commerce équitable #PROJECT Une app agricole au Pakistan N° 10 - DéCEMBRE 2021 – JANVIER / FéVRier 2022


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©Eric de Mildt

Laura &

Youns

Épargner ensemble, prêter ensemble

Laura (27) & Youns (28)

• Habitent à Bruxelles • Laura et Youns aiment la nature, découvrir de nouvelles cultures et goûter des spécialités locales. • Plus beaux souvenirs : la traversée des Pyrénées espagnoles.

Il est quasi impossible pour les communautés agricoles du Tadjikistan de faire appel aux services des banques classiques. Les procédures sont complexes et les frais très élevés. Le taux d’intérêt d’un prêt commercial peut par exemple s’élever à 30% ! Oxfam a donc mis en place un groupe d’épargne collectif, dont des membres ont été formé.e.s à la gestion. Il fonctionne désormais de manière totalement indépendante. Kholduory fait partie du groupe d’épargne UMED. « Chaque mois nous versons une petite somme et on peut demander un prêt si nécessaire », explique-t-elle. « J’ai pu acheter un lopin de terre pour cultiver du blé. Avant nous n’avions presque rien. Maintenant, je gagne assez d’argent pour acheter les uniformes scolaires de mes enfants. Ce système a plein d’avantages. » Actuellement ce groupe compte 2.500 membres, dont 95% de femmes.

OH-magazine n° 10 – revue trimestrielle d’Oxfam Belgique – décembre 2021 – janvier 2022 – février 2022. Rue des Quatre Vents 60, 1080 Bruxelles, 02-501.67.00, www.oxfamsol.be, info@oxfam.be Publié par Direct Operations - Éditrice responsable : Eva Smets – Rédaction et relecture : Mark Anthierens, Sotiris Gassialis, Fei Lauw, Thomas Maertens, Leen Speetjens – Rédaction d’images & photos : Tineke D’haese – Mise en page : Efraim Sebrechts – Coordination : Mark Anthierens – Impression : Gevaert Graphics

ed.OB 175 - nov21

Erratum - Les camps où vivent des réfugié.e.s sahraoui.e.s sont situés au sud de Tindouf en Algérie et non pas dans le Sahara occidental, comme indiqué erronément dans l’introduction de l’article « De l’herbe dans le désert » en page 13 du magazine OH n°9.

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CARTE BLANCHE Lotus Li (19 ans)

« Voyager sans émettre de CO2 » Laura et Youns ont traversé l’Europe à vélo et ont récolté 5.000 euros pour soutenir Oxfam. « Notre périple a démarré il y a presque huit mois. Après avoir parcouru 7.000 kilomètres et être passés par 10 pays, nous avons atteint notre destination finale, la Turquie. En soutenant une cause qui nous tient à cœur, nous avons donné plus de sens à notre voyage. » « Nous avons choisi le vélo par conviction écologique. Le vélo est l’un des seuls moyens de se déplacer sans émettre de CO2. C’est pourquoi nous soutenons une ONG qui défend le climat et un avenir durable pour toutes et tous. »

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Ambassadrice climat Oxfam Belgique

À Glasgow, nous avons partagé les récits des personnes qui n’étaient pas invitées.

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« Je me suis rendue à Glasgow avec d’autres jeunes pour le sommet des Nations-Unies sur le climat (COP26). Je considérais ça comme un privilège. Beaucoup de personnes dont la voix devrait peser dans le débat n’étaient pas présentes. En prévision de la COP26, j’avais pu échanger avec trois jeunes activistes du climat en Inde, en Colombie et en Indonésie. Le changement climatique a déjà profondément modifié leur vie. Ils en savent bien plus sur ce thème que moi. » DES TÉMOIGNAGES DRAMATIQUES « John-Paul est Indien, et il a fondu en larmes au moment de parler : ‘Quand la nature autour de moi meurt, quelque chose meurt en moi aussi. Et si cela continue, nous allons tous mourir.’ Gabriela a le même âge que moi, et a été confrontée à de véritables drames. Certains de ses amis ont été assassinés à cause de leur engagement pour la cause climatique en Colombie. Et Salsabila, en Indonésie, m’a expliqué les ravages causés par l’industrie minière dans les communautés locales. En Belgique aussi, on entend des histoires tragiques. Récemment des gens ont perdu leur maison à cause des inondations. D’autres vivent dans la pauvreté dans des quartiers pollués. » CETTE CRISE NOUS CONCERNE TOUTES ET TOUS « Face à ces récits, j’avais l’impression d’être une impostrice. De quel droit pouvais-je me rendre à Glasgow ? Mais ce privilège m’a justement offert l’occasion de conscientiser les gens sur l’injustice de la situation. J’ai donc décidé de laisser de côté la colère et la frustration, et de porter avec douceur la voix de ces activistes. Non, la crise climatique n’est pas que l’affaire d’Européens blancs privilégiés qui veulent sauver quelques arbres. Ces témoignages m’ont montré que ce sont les femmes, les enfants, la communauté LGBTQIA+, les personnes racisées et les minorités qui sont les plus touchés par ses conséquences. Cette crise nous concerne toutes et tous. »

Ce projet est financé par l’Union européenne.


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SNAP Shot

50.000

PERSONNES DANS LA RUE POUR LE CLIMAT Le samedi 10 octobre, plus de 50.000 personnes ont foulé les rues de Bruxelles lors de la marche #BackToTheClimate. Le cortège a rassemblé des personnes de tout âge, et plus de 80 organisations membres de la Coalition Climat ont répondu à l’appel. Des associations paysannes, des syndicats et des écoles étaient aussi présents. Nous avons envoyé un message clair aux autorités : nous exigeons une politique climatique plus ferme et des actions concrètes pour limiter le réchauffement de la terre sous 1,5°C, soit la limite requise pour assurer un avenir viable. Nous avons aussi rappelé que les conséquences de cette crise ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Les personnes les plus riches épuisent la planète, et ce sont les plus pauvres qui en sont les premières victimes.

©Oxfam Belgique

REJOIGNEZ NOTRE ACTION POUR LE CLIMAT SUR CLIMATECHANGERS.OXFAMSOL.BE


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TRENDS & TRIGGERS

Il est encore temps de trouver décorations vos Scannez ce QR-code pour trouver un magasin près de chez vous

Vous avez décidé de décorer votre maison pour les fêtes, mais vous hésitez encore sur le style ? Traditionnel ou moderne, peu importe, vous trouverez de tout et à prix doux dans nos magasins de seconde main. Laissezvous inspirer par notre offre de décorations, bougies, vaisselles, nappes, serviettes, boules et autres guirlandes. Vous trouverez sans aucun doute de quoi embellir vos fêtes !

Let’s celebrate it FAIR ! Quel que soit votre choix, un cadeau Oxfam fait toujours plaisir ! Et il en cache plein d’autres : un salaire équitable pour les artisan.e.s, une aide aux coopératives, un soutien pour des investissements durables… Cette année encore pensez Oxfam-Magasins du monde pour tous vos cadeaux. Rendezvous sur shop.omdm.be ou en magasin.

© Ox f a m

Résolue En Syrie, la guerre a détruit des réseaux d’eau dans tout le pays. Résultat : les ressources en eau potable ont diminué de 40%, privant des millions de personnes de ce bien vital. La priorité numéro 1 de Ghania Nafoug, ingénieure pour Oxfam en Syrie, est d’assurer un accès à l’eau à un maximum de personnes. « Chaque fois que je vois des familles dépenser leurs dernières économies pour quelques bouteilles d’eau, mon cœur se brise », dit-elle. « Ces personnes ont déjà eu leur lot de malheurs pendant la guerre, elles ont assez souffert ! ». Oxfam s’évertue à rétablir l’accès à l’eau dans huit des 14 gouvernorats syriens.

Oxfam Trailwalker : 568.172 € récoltés Le dernier week-end d’août, 1.148 personnes ont participé à l’Oxfam Trailwalker. Condition sine qua non pour prendre le départ : récolter des fonds pour soutenir Oxfam. Le compteur a atteint 568.172 €, dépassant de quelques centaines d’euros le record précédent établi en 2013. Bravo à tou.te.s les participant.e.s.

MERCI!


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Environ la moitié de ce montant est le fait de multinationales qui planquent leurs bénéfices dans des paradis fiscaux. Si les régions les plus riches du monde perdent la majorité de cet argent, ce sont les pays à faible revenu qui sont les plus touchés proportionnellement à leur budget national. Oxfam milite pour que l’UE mette un terme à l’évasion fiscale, en commençant par mettre à jour sa liste noire des paradis fiscaux qui ne compte que 9 juridictions blacklistées. Un nombre largement sous-estimé d’après Oxfam dont la liste en dénombre… 58.

« Sauvons la terre,

c’est la seule planète où il y a du chocolat » Manifestant Back to the Climate, 10/10/2021

Oxfam s’emballe s’emballe ! Pour les fêtes, Oxfam s’emballe accueille deux nouvelles collections. Choisirez-vous notre nouvelle série de cartes illustrées de magnifiques photos ? Ou les cartoons amusants de la talentueuse dessinatrice NietNuLaura ? En tout cas, en offrant ces cartes, vous soutiendrez des projets d’Oxfam dans le monde entier ! Faites votre shopping sur shop.oxfamsemballe.be

FACT

CHECK

L’évasion fiscale atteint € 360 milliards chaque année

FACTS & FIGURES

Les agrocarburants sont-ils écologiques ? La demande pour ces carburants produits en grande partie à base d’huile de palme, de canne à sucre et de soja dans des pays comme l’Indonésie ou le Pérou est en pleine expansion. La première importatrice mondiale n’est autre que l’Union européenne qui y voit une alternative « verte » et bon marché au pétrole et un moyen de réduire les émissions de CO2 des Européen.ne.s. S’ils présentent effectivement l’avantage d’être très bon marché, ils ne sont en aucun cas un miracle vert. Le biodiesel à base d’huile de palme serait même trois fois plus polluant que le diesel fossile. Pourquoi ? La destruction des forêts pour planter du soja ou des palmiers réduit de facto la quantité de CO2 absorbée par les arbres. En moyenne, les biodiesels émettent 4% de plus que le diesel ou l’essence, soit l’équivalent de 12 millions de voitures supplémentaires sur les routes européennes. De plus, nous venons de prouver au cours d’une enquête réalisée au Pérou qu’ils menacent les droits humains de milliers de Péruvien.ne.s. Les personnes que nous avons interrogées dans la vallée de la Chira, au nord du pays, nous ont confié avoir été expulsées de leurs terres pour faire place à des méga-plantations de canne à sucre. L’éthanol qui y est produit est notamment destiné au marché belge et se trouve donc dans nos moteurs. Conclusion : Faire rouler nos voitures avec des productions alimentaires est nocif pour le climat et dangereux pour les habitant.e.s des pays producteurs. Selon Oxfam, la Belgique et l’UE doivent bannir tous les agrocarburants destinés au transport européen. Découvrez notre rapport en scannant ce QR-code


« Outre un meilleur prix pour les producteurs et productrices, le commerce équitable est aussi une mise en accusation du commerce déloyal. »


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50 ans de lutte pour le commerce équitable texte

Fei Lauw en Mark Anthierens -

photos

OX-FILES

Tineke D’haese

Depuis 50 ans, Oxfam dénonce les injustices du commerce international. En 1971, nous avons introduit le café équitable dans notre premier magasin. Depuis, nous commercialisons 206* produits équitables en Belgique, mais le commerce équitable reste plus une niche que la norme. Les responsables politiques et les grandes entreprises sont à la traîne dans ce domaine. Pourtant, le commerce équitable impacte directement et positivement des milliers de personnes dans le monde.

L

es premiers bénévoles belges des magasins d’Oxfam faisaient partie d’un vaste mouvement international créé au Royaume-Uni. En commercialisant des produits équitables, ils ont montré à quel point les modèles commerciaux dominants étaient déséquilibrés et imparfaits d’un point de vue structurel. Il s’agissait d’une déclaration politique incontournable contre l’ordre établi. Son slogan ? Trade, not aid. Il a été reconnu en 1965 et repris par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). TOUT A COMMENCÉ AVEC DU CAFÉ ET DU SUCRE Le café et le sucre de canne ont été les premiers produits du commerce équitable à être commercialisés en 1971. Leur vente poursuivait deux objectifs : générer davantage de revenus pour les producteur.trice.s et attirer l’attention sur leur situation déplorable dans les chaînes commerciales conventionnelles. Ce sont encore nos objectifs aujourd’hui. Un bel exemple est notre projet de coopération en Côte d’Ivoire avec la coopérative de cacao CPR Canaan : outre la prime du commerce équitable, les producteurs et les productrices reçoivent directement une prime supplémentaire. Celle-ci est investie dans des activités durables au profit de la coopérative. De cette façon, leur revenu leur permet de vivre et non pas de survivre. D’un seul élan, nous avons donc attiré l’attention des responsables politiques sur la nécessité d’un revenu décent.


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OX-FIL ES En partenariat avec une coalition de la société civile, nous œuvrons également en faveur d’une législation sur le devoir de diligence qui oblige les entreprises à prendre des mesures bienveillantes à l’égard des individus et de l’environnement tout au long de leur chaîne de production. Trop souvent, des entreprises produisent délibérément dans des pays à bas salaires afin de contourner les lois sur les droits humains et les dommages environnementaux. Elles y parviennent car il n’existe aucun cadre juridique en la matière. TROIS QUARTS DES BELGES APPROUVENT Nos efforts constants pour commercialiser des produits équitables en Belgique ont incité un nombre croissant de Belges à choisir de plus en plus des produits issus du commerce équitable**. Par conséquent, la prime de développement générée par la vente de produits du commerce équitable sur le marché belge a triplé en 10 ans. Pendant le confinement, la vente de produits du commerce équitable a encore progressé, à tel point que Johan Vrancken, directeur général du bureau d’études Nielsen, parle d’un changement de comportement chez le consommateur belge : « Alors que les ventes de café ont augmenté de 19,8 % depuis le début du confinement, les ventes de café équitable ont progressé de 29,5 %. Nous observons la même tendance pour le thé et le chocolat. » ***

L’économie doit rester dans les limites écologiques de notre planète et respecter les droits humains.

En outre, d’après un sondage d’opinion réalisé par Enabel en septembre dernier auprès de 1 515 Belges, plus de huit citoyen.ne.s sur dix sont favorables à une législation (européenne) sur le devoir de diligence. PLUS QU’UN PRIX EQUITABLE Le commerce équitable ne se limite pas à payer un prix équitable aux producteurs et aux productrices. Notre vision est plus large et nous adoptons une approche structurelle. Où se situe le problème et comment le résoudre ? En créant une économie juste et au service de l’être humain, et non l’inverse. Au service de l’être humain L’économie doit rester dans les limites écologiques de notre planète, respecter les droits humains universels et garantir l’accès à des mesures sociales de base (nourriture, eau, santé, éducation, revenu…) pour tout le monde. À cet effet, nous privilégions la collaboration avec des coopératives organisées démocratiquement. En effet, elles tiennent compte des personnes, de leurs besoins et de leurs droits. De plus, elles n’ont pas d’effet délétère sur l’environnement. Agriculture durable La crise climatique influence négativement l’agriculture et les récoltes. Inversement, l’industrialisation du secteur agricole et alimentaire


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OX-FILES va de pair avec la déforestation et l’utilisation de pesticides, ce qui est désastreux pour le climat. Voilà pourquoi Oxfam investit dans des pratiques agro-écologiques capables de nourrir le monde de manière durable sans épuiser la terre. Par exemple, la coopérative congolaise de café Muungano est passée à l’agriculture biologique avec des techniques agro-écologiques qui empêchent notamment l’érosion des sols. Grâce à la prime du commerce équitable, Mungaano a également pu acheter une nouvelle installation de lavage pour ses grains de café. « Auparavant, nous devions louer de vieilles installations de lavage qui étaient très chronophages », explique le directeur Daniel Habamungo. « L’argent que nous économisons grâce à cette installation, nous l’investissons dans la coopérative. En outre, elle améliore la qualité de nos grains de café. » L’exemple venu des femmes À l’échelle internationale, ce sont les femmes qui assurent 60 à 80 % de la production alimentaire locale. Toutefois, en temps de crise, par exemple lorsque la récolte est mauvaise en raison du changement climatique, elles sont les premières à souffrir de la faim. La cause réside dans les systèmes discriminatoires et patriarcaux de nombreuses communautés agricoles. La coopérative de cacao ivoirienne CPR Canaan adopte une approche différente. Les femmes y jouent un rôle de premier plan, assurent la diversification des cultures et gèrent la caisse d’épargne. 50 ans et plus de 200 produits commercialisés plus tard, le commerce équitable reste l’un des piliers de nos activités. Nous soutenons ainsi des personnes qui se battent chaque jour pour un revenu équitable et pour vivre décemment plutôt que de devoir lutter pour leur survie. Vous pouvez nous soutenir de plusieurs manières, notamment en achetant un produit issu du commerce équitable. *Le nombre de produits issus du commerce équitable évolue chaque année. **Une étude de Fairtrade Belgium de 2019 montre que plus de trois quarts des Belges achètent des produits certifiés. En outre, 70 % d’entre eux souhaitent trouver un plus large assortiment de produits équitables dans les magasins. ***Source : De Morgen du 8 mai 2020.

ENTRE 1971 ET 2021

De 1 à

200 magasins

Marion Meyvis Responsable de l’Assortiment chez Oxfam Fair Trade

« Des prix plus élevés rendent la situation beaucoup plus supportable. » De 3 bénévoles à plus de

8000

De 2 produits issus du commerce équitable à

206

Nous travaillons avec 40 partenaires directs de

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pays différents

Cuba et la Palestine sont ‘confinées’ depuis des décennies. En raison de circonstances politiques et du labyrinthe de règles commerciales internationales, ces pays n’ont que peu, voire aucun, accès au marché international. Cuba fait face à un embargo commercial, l’accès de la Palestine aux ports dépend du bon vouloir d’Israël et leurs terres agricoles se trouvent en territoire occupé. « La valeur ajoutée du commerce équitable réside principalement dans les prix plus élevés que les agriculteurs reçoivent pour leurs marchandises et dans la prime du commerce équitable. En raison des barrières commerciales imposées à Cuba et à la Palestine, tous les coûts s’envolent, mais l’augmentation des prix permet de supporter plus facilement ces coûts pour les coopératives et les agriculteurs. » « Les primes ont permis aux agriculteurs palestiniens de la coopérative Farkha de contracter un emprunt commun avec trois autres coopératives, avec lequel ils ont pu acheter une presse pour produire de l’huile d’olive. La vente de dattes, d’huile d’olive et de couscous maftoul issus du commerce équitable permet à la coopérative Al Reef de percevoir chaque année environ 200 000 USD de revenus grâce aux primes du commerce équitable. À Cuba, nous résistons obstinément à l’embargo commercial qui n’est pour nous qu’une difficulté supplémentaire ! »


Le smartphone, nouvel allié des communautés agricoles.


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Renforcer les communautés agricoles au Pakistan

PROJECT

L’agriculture est un pilier de l’économie du Pakistan. Elle représente à elle seule plus de 20% du produit intérieur brut et 40% des emplois. Cette dépendance à l’agriculture fait aussi du Pakistan un des pays les plus affectés par les effets du dérèglement climatique. Des milliers d’agriculteurs et agricultrices n’ont d’autre choix que de s’adapter aux sécheresses et inondations plus fréquentes et plus intenses, ainsi qu’à la salinisation des terres cultivables proches de la mer. Texte Thomas Maertens - Photo Oxfam Pakistan

D

epuis 5 ans, Oxfam mène avec ses partenaires au Pakistan le projet « Building Resilient Communities » visant à aider les communautés agricoles du district de Badin, dans le sud-ouest du pays, à mieux se préparer et résister aux conséquences du changement climatique. On trouve dans ce programme des projets liés à l’entreprenariat, l’apprentissage de nouvelles techniques agricoles ou encore la mise en place de systèmes d’irrigation plus efficients. Mais aussi des aspects plus innovants, comme l’introduction de l’application BaKhabar Kissan, dédiée à l’agriculture, qui fait du smartphone le nouvel allié des communautés agricoles. UN CONSEILLER DANS LA POCHE Vishnu est un petit agriculteur. Comme beaucoup d’autres au Pakistan, le terrain qu’il cultive ne lui appartient pas : « Je ne reçois qu’un quart de ce qu’il produit. Et

en plus je dois acheter moi-même à crédit les semences, les fertilisants et les pesticides. À cause d’un mauvais drainage, la terre s’est salinisée, ce qui a entraîné de grosses pertes. » Avec quelques amis, Vishnu s’est rendu à Badin. Il y a suivi une formation sur l’application BaKhabar Kissan proposée par Health and Nutrition Development Society (HANDS) et Laar Humanitarian and Development Programme (LHDP), deux ONG pakistanaises partenaires d’Oxfam. Cette application fournit des prévisions météo, des conseils sur les meilleures pratiques agricoles et d’élevage et toutes les actualités liées à l’agriculture et aux réglementations. Elle dispose d’un espace ‘forum’ où les agriculteurs et agricultrices peuvent s’échanger trucs et astuces. Et grâce au soutien d’Oxfam, elle a pu être entièrement traduite en Sindhi, la langue régionale du district de Badin.

ÉCONOMISER GRÂCE À DES INFORMATIONS FIABLES Bakahbar Kissan offre également des informations constamment mises à jour sur le prix des fournitures agricoles et sur les cours du marché. Les agriculteur.trice.s sont ainsi assuré.e.s de vendre leurs récoltes au meilleur prix. « Le propriétaire du terrain que je cultive avec d’autres fermiers me vendait le fertilisant à 3000 roupies le sac (environ 15 €). Grâce à l’application, j’ai vu qu’un sac coûtait en fait seulement 1200 roupies. Je l’ai confronté avec cette information et il n’a pas eu d’autre choix que de revoir le prix. Il ne peut plus nous exploiter désormais. » « Après ma formation, je suis retourné au village et j’ai présenté l’application à d’autres fermiers », poursuit Vishnu. « Beaucoup de gens ici n’avaient pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école.


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PROJECT

« J’ai appris comment démarrer un petit commerce. » (Fatima)

Avec cette application, on peut faire des économies. Moi, je peux enfin envoyer mes filles à l’école. Je suis tellement fier de les voir recevoir une éducation. C’est comme ça que nous prospérerons. » DES ALTERNATIVES À L’AGRICULTURE Le recours à des outils comme BaKhabar Kissan ou la mise en œuvre de techniques d’agriculture adaptées aux nouvelles conditions climatiques améliorent les conditions de vie des communautés agricoles. Une autre piste de résilience est de se détacher – lorsque c’est possible – de la seule dépendance aux récoltes comme source de revenus. Dans le district de Badin, HANDS et LHDP proposent des formations qui ont permis à 70 femmes et personnes handicapées de lancer leur activité : épicerie, savonnerie, tailleur, réparateur de pneus, etc. Ghulam Fatima a pour sa part ouvert un stand de jus de canne à sucre. « Nous avons été touchés par des inondations massives en 2019. Elles ont emporté presque toutes les récoltes. Il n’y a que notre lopin de

cannes à sucre qui a résisté. Nous n’avions pas d’économies et nous avons perdu notre seule source de revenus », se remémore-t-elle. « C’est là que j’ai entendu parler de la formation. Je l’ai suivie, et j’ai appris comment démarrer un petit commerce. Oxfam a fourni la machine pour extraire le jus. Grâce à l’argent que cette activité me rapporte, je peux acheter plus de nourriture et envoyer mes enfants à l’école. » Aussi positives soient-elles, ces solutions ne doivent pas masquer un fait essentiel : pour assurer un avenir réellement meilleur, c’est à la source du problème qu’il faut s’attaquer. La crise climatique renforce les inégalités, aggrave la faim et pousse des millions de personnes à l’exil. Sans une prise de conscience et des actes forts posés par les états et les grandes entreprises, la situation ne fera que s’empirer. La lutte pour plus de justice climatique est une lutte pour l’avenir. Aidez d’autres hommes et femmes comme Vishnu et Fatima à faire face à la crise climatique. Faites un don sur oxfamsol.be/don

Le projet « Building Resilient Communities », c’est notamment la création de :

150 potagers familiaux

3

systèmes d’irrigation haute performance

70

petits commerces


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En action avec...

MUTESI VAN HOECKE AMBASSADRICE CLIMAT OXFAM Mutesi Van Hoecke

• 02/10

Mutesi Van Hoecke

• 02/10

Mutesi Van Hoecke

• 02/10

#STOPPRIVILEGE #COPCAMP

#COP26 #BRAINSTORM

#DECOLONISATION

En week-end pré-COP avec d’autres jeunes qui iront au sommet de l’ONU sur le climat grâce au projet européen ClimAct. J’ai pu échanger avec John Paul Jose et Salsabila Khairunnisa, des activistes d’Inde et d’Indonésie. Leur requête ? Une représentation égalitaire à la COP 26. 💚

Au programme de la réunion d’aujourd’hui : élaborer des actions percutantes pour attirer l’attention des médias et des politicien.ne.s présent.e.s à la COP26. Ce fut une journée hyper productive en idées ! Nous avons hâte de voir nos actions se matérialiser à Glasgow. 😉

Il est primordial que la décolonisation économique et mentale soit au cœur des revendications que nous allons adresser au monde politique à la COP. En tant que Belgo-Rwandaise, j’ai l’intention de manifester ces revendications à l’aide d’actions fortes !

Mutesi Van Hoecke

• 02/10

Mutesi Van Hoecke

• 10/10

Mutesi Van Hoecke

• 27/10

#AMBASSADRICESOXFAM

#BACKTOTHECLIMATE

#CLIMATETRAIN #GLASGOW

Respect, solidarité et empathie : voici les trois valeurs qui seront les nôtres à Glasgow. Nous venons de milieux sociaux, linguistiques et professionnels différents, mais notre humanité nous réunit dans un même combat : sauver notre maison bleue. Et c’est magnifique.

Plus heureuse que jamais à la marche pour le climat du 10/10. Nous étions 50.000 personnes dans les rues de Bruxelles, toutes et tous animé.e.s par une même cause : le climat ne peut plus attendre. C’est notre planète, notre futur et nos vies qui sont en jeu !

C’est le jour J ! Nous partons vers Glasgow dans le cadre du projet européen SPARK, qui réunit des jeunes de 12 pays différents. Je suis impatiente de passer à l’action.

Ce projet est financé par l’Union européenne.


OH - magazine trimestriel d’Oxfam-Solidarité décembre 2021 – janvier 2022 – février 2022 P501325 - Bureau de dépot Gand X

4 façons

de préparer les fêtes avec Oxfam À la recherche de cadeaux, vêtements ou victuailles pour les fêtes ? Oxfam est votre alliée pour combler vos besoins tout en contribuant à un monde plus équitable.

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À la recherche d’une belle chemise ou d’une petite robe festive à prix doux ? Rendez-dans l’un de nos magasins de seconde main. www.oxfamsol.be/fr/shopfinder.

Faites sauter les bouchons

Vous trouverez dans les magasins du monde et les Wereldwinkels de délicieux vins mousseux issus du commerce équitable pour l’apéritif ou le dessert, comme l’Ecologica Torrontés bio ou le Sensus Brut Rosé.

Des cadeaux pour les enfants sages

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Une douce peluche ou un beau jeu de société en bois ? Les magasins Oxfam sont fournisseur officiel du Père Noël depuis de nombreuses années. Boutique en ligne : shop.oxfammagasinsdumonde.be

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