OH 07 : Entrepreneures africaines et lutte contre l’accaparement des terres

Page 1

h O

magazine trimestriel D’OXFAM BELGIQUE

8 12

#OX-FILES Les femmes, piliers de l’économie africaine #Project Contre l’accaparement des terres en Indonésie N° 7 - mars - avril - mai 2021


tx!

Benoît Vander Maren

Depuis 2005, Infrabel nous a donné des tonnes de matériel informatique. Sa revente dans nos magasins soutient de nombreux projets. Benoît est à l’origine de ce partenariat :

©Adad Amni

©Tineke Dhaese

« Je suis fier de ce partenariat »

Sidahmed Abdi, 4 ans (photo de gauche), 9 ans (photo de droite)

45 ans d’isolement En 2015, Oxfam publiait le portrait de Sidahmed Abdi, 4 ans à l’époque, dans le cadre de l’exposition photo « 40 faces, 40 years ». Cette expo présentait 40 photos de réfugié.e.s sahraoui.e.s, 40 ans après l’éclatement du conflit au Sahara occidental. Un conflit qui a forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir leur pays. Aujourd’hui, elles sont encore bloquées dans des camps de réfugié.e.s en Algérie. Sidahmed a désormais 9 ans. Lui et ses camarades ont une vie bien différente de celle d’autres enfants dans le monde.

Une situation désespérée 5 ans après l’exposition photo, rien n’a vraiment changé. La vie dans les camps est dure. Durant l’été, la température peut dépasser les 50 degrés. Durant l’hiver, il gèle régulièrement. Les réfugié.e.s sont totalement dépendant.e.s de l’aide humanitaire pour tous leurs besoins de base. Depuis 45 ans, nous soutenons les Sahraoui.e.s en leur fournissant de la nourriture et du matériel, tout en plaidant leur cause auprès de la communauté internationale. Malheureusement, aucune solution politique ne se profile à l’horizon.

OH-magazine n° 7 – revue trimestrielle d’Oxfam Belgique – mars – avril - mai 2021. Rue des Quatre-Vents 60, 1080 Bruxelles, 02-501.67.00, www.oxfamsol.be, info@oxfam.be. Publié par Direct Operations - Editrice responsable : Eva Smets – Rédaction et relecture : Mark Anthierens, Sotiris Gassialis, Thomas Maertens, Leen Speetjens, Kaat Van der Brempt – Rédaction d’images & photos: Tineke D’haese – Lay-out: José Mangano – Coordination : Mark Anthierens – Impression : Gevaert Graphics. Vous désirez vous abonner, obtenir le magazine en version digitale ou ne plus le recevoir ? Envoyez-nous un mail à maquestion@oxfamsol.be. Oxfam respecte votre vie privée. Vous avez la possibilité de modifier vos données personnelles, de les supprimer ou de retirer votre consentement à tout moment. Contactez-nous sur maquestion@oxfamsol.be ou téléphonez au 02/501.67.33. Consultez notre charte de confidentialité sur www.oxfamsol.be/vieprivee. Oxfam-Solidarité et Oxfam-Wereldwinkels/Fair Trade unissent leurs forces sous le nom d’Oxfam Belgique.

@oxfam_sol

oxfamsol

oxfamsol

Ce magazine est imprimé sur du papier FSC - MACO SILK 135 Gr

« Au début, nous y avons surtout vu un avantage économique. Oxfam assurait les frais de traitement du matériel. Mais aujourd’hui, cette collaboration semble évidente en termes de responsabilité sociale. J’en suis fier. Je soutiens Oxfam à titre personnel. À la maison, le choco vient de chez Oxfam. Il est équitable et très bon… même s’il n’a pas entièrement détrôné une marque bien connue, qui est presque une religion pour mes enfants. »

Benoît (46) Travaille comme chef d’équipe ‘Commodity Delivery’ chez Infrabel Habite à Enghien Aime s’impliquer dans son club de badminton N’aime pas les réunions qui s’éternisent


3 À la recherche d’un PC, d’un laptop ou d’un écran à prix doux ? Rendez-vous dans un de nos magasins spécialisés. Retrouvez leur liste sur www.oxfamsol.be/shop-finder

CARTE BLANCHE Lúcia Xavier De Castro Assistante sociale et défenseure des droits humains au Brésil

«

Les Afrodescendants sont 40 % plus nombreux à mourir de la Covid que les blancs.

«

« La pandémie de coronavirus a révélé à quel point nos systèmes inégalitaires, racistes et patriarcaux affectent surtout les personnes noires et les autres groupes racisés au Brésil. Les femmes noires y subissent de nombreuses inégalités et leurs droits sont régulièrement mis à mal. Depuis des décennies, les défenseur.e.s des droits humains comme moi combattent ces injustices ignorées par les élites locales, à savoir les hommes d’affaires, le gouvernement, les parlementaires et la justice. Mais la vraie nouveauté réside dans le fait que les personnes au pouvoir ne peuvent plus détourner le regard. Parce que la pandémie menace d’anéantir les économies. Le virus des inégalités Le rapport sur les inégalités mondiales publié par Oxfam à la veille du Forum économique de Davos vient à point nommé pour dénoncer la prospérité d’une élite fortunée tandis que la majorité est décimée. Il s’agit des personnes vivant dans la pauvreté, les personnes noires, les femmes, les peuples autochtones et d’autres groupes opprimés. Le rapport souligne également que nous sommes arrivés à un point critique. Réunifier un monde déchiré par la Covid Les citoyen.ne.s ont le pouvoir de faire bouger les lignes, avec les femmes noires en cheffes de file, et de demander des comptes aux gouvernements pour pouvoir créer ensemble un monde empreint de justice, d’égalité et de solidarité. Indépendamment de la couleur de peau, de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle. Un monde où les droits économiques, sociaux, politiques, culturels, environnementaux et civils, sont les fondements pour mener une vie digne. » Lúcia est fondatrice de Criola, une organisation partenaire d’Oxfam qui lutte contre le racisme et pour l’autonomisation des femmes noires au Brésil. Vous trouverez notre rapport « Le Virus des Inégalités » sur oxfamsol.be/Davosfr



5

SNAP Shot

L’ACCORD DE PARIS SUR LE CLIMAT A

5 ANS

5 ans après la signature de l’Accord, il n’y a malheureusement pas grandchose à fêter. Presque tous les pays du monde s’étaient engagés à combattre le réchauffement, mais bien peu de choses ont changé. Nous avons malgré tout organisé une petite célébration devant les institutions européennes, afin d’encourager les états membres à réduire leurs émissions de CO2 de 60% à l’horizon 2030. C’est indispensable pour limiter le réchauffement à 1,5°C au maximum et respecter l’engagement pris à Paris.

©Tineke Dhaese/Oxfam

SOUTENEZ NOTRE LUTTE POUR LA JUSTICE CLIMATIQUE ET DEVENEZ CLIMATE CHANGER. climatechangers.oxfamsol.be


6

TRENDS & TRIGGERS

L’ordinateur,

outil crucial pour les étudiant.e.s Scannez ce QR-code pour trouver un magasin près de chez vous

©JC Guillaume

FIÈRE Amal est plombière en Jordanie. Cette mère de 4 enfants est fière de son métier. Depuis quelques années, elle enseigne la plomberie à d’autres femmes au travers d’un programme mené par Future Project, un partenaire d’Oxfam. « Quand j’ai commencé, ce n’était pas simple. Mais j’ai relevé tous les défis qui se sont présentés. J’ai prouvé à ma communauté que les femmes peuvent accomplir ce qu’elles veulent, même dans un domaine peu conventionnel. »

Disposer d’un ordinateur est devenu crucial pour suivre les cours en ligne. Dans nos magasins de seconde main, nous proposons toute une gamme de PC et de laptops à prix doux, prêts à l’emploi. Nous sommes aussi toujours à la recherche d’entreprises ou d’institutions publiques disposées à nous donner des ordinateurs pour les revaloriser. Vous pouvez nous aider ? Prenez contact avec Tom.Bosmans@oxfam.org.

(S’)offrir le meilleur du monde DÉCOUVREZ LA NOUVELLE COLLECTION D’ARTISANAT CHEZ OXFAM-MAGASINS DU MONDE

Venez découvrir les fabuleux articles de notre nouvelle collection d’artisanat issue du commerce équitable. Laissezvous surprendre par les couleurs douces et les matières naturelles choisies pas nos partenaires pour créer des objets artisanaux. Leur créativité est mise à l’honneur dans chacun de ces articles. À découvrir dans tous nos magasins du monde, en profitant des conseils de nos bénévoles.

Également en vente sur le site d’achat en ligne www.shop.omdm.be

Donnez votre avis sur OH et gagnez un chèque-cadeau de 15 € Que pensez-vous de OH ? Votre avis nous intéresse afin d’encore améliorer le magazine. Participez à notre enquête sur nl.surveymonkey.com/r/OHfr, et vous remporterez peut-être un chèque-cadeau de 15 € à valoir dans nos magasins.

scannez pour participer


7

Choisissez votre défi : 100 km en moins de 30 heures par équipe de 4 ; ou 25 km en moins de 7 heures par équipe de 2 à 8 (un team building idéal). Déjà 200 équipes inscrites ! Rendez-vous à Saint-Hubert les 28 & 29 août pour soutenir les projets d’Oxfam dans le monde. Les inscriptions sont ouvertes (Pssst : réduction de 25% sur les frais d’inscription avant le 31/03).

oxfamtrailwalker.be « Nous faisons face à une augmentation des inégalités sans précédent depuis que ce type de données est enregistré » Gabriela Bucher, directrice générale d’Oxfam International, à propos de l’effet de la Covid-19 sur les inégalités.

9 $

mois ou 10 ans pour se remettre de la Covid-19 Les 1000 personnes les plus riches du monde n’ont eu besoin que de neuf mois pour récupérer toutes leurs pertes alors qu’il faudra plus de dix ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des répercussions économiques de la pandémie. Les milliardaires ont même vu leur fortune augmenter de 3900 milliards de dollars, plus qu’assez pour vacciner l’humanité entière et empêcher que d’autres personnes ne basculent dans la pauvreté des suites de la pandémie. Ces chiffres ont été publiés par Oxfam à la veille du Forum économique de Davos.

Plus d’informations sur oxfamsol.be/davosfr

FACT

CHECK

rendez-vous à Saint-Hubert

FACTS & FIGURES

Les ménages européens riches émettent-ils plus de CO2 ? Oxfam a enquêté sur les émissions de CO2 des ménages européens sur une période de 25 ans. Globalement, elles ont baissé de 12%. Mais on constate que la baisse est principalement due à 90% des citoyen.ne.s. Les émissions des 10% les plus riches n’ont fait qu’augmenter et représentent plus d’un quart du total. Soit autant que celles de la moitié la plus pauvre de la population. Les Belges font partie des mauvais élèves de la classe. Nous émettons en moyenne 8 fois trop de CO2. Dans notre pays aussi, ces excès sont causés par les 10% de ménages les plus riches. Ils émettent à eux seuls autant de CO2 que l’ensemble de la Suède. Le lien entre niveau de vie élevé et émissions plus importantes est à trouver dans les habitudes de consommation. Les plus riches prennent plus souvent l’avion, utilisent des véhicules plus polluants, achètent plus de produits technologiques… Autant de gestes qui vont de pair avec une consommation accrue d’énergie, dont la production est encore loin d’être neutre en carbone.

CONCLUSION : L’empreinte carbone des 10% d’Européen.ne.s les plus riches doit être réduite d’un facteur 10. C’est la seule manière de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C d’ici 2030. L’empreinte des 50% les plus pauvres doit aussi être réduite, mais seulement de moitié. Seules des mesures ambitieuses permettront d’y parvenir. Selon Oxfam les Européen.ne.s doivent réduire leurs émissions de 65% d’ici 2030.

Vous trouverez plus de renseignements sur oxfamsol.be/CO2inégalités



9

OX-FILES

Les femmes à la conquête de l’économie africaine Texte Sotiris Gassialis -

photos

Kieran Doherty et Pablo Tosco

Les Africaines sont nombreuses à vouloir lancer leur entreprise mais elles sont vite rattrapées par des obstacles structurels. Le plus grand : réunir les fonds nécessaires. Oxfam soutient le formidable potentiel de ces femmes à sortir des foyers entiers de la pauvreté.

U

n quart des femmes en âge de travailler en Afrique se lance dans la création d’entreprises. C’est énorme, si bien qu’elles sont aujourd’hui celles qui entreprennent le plus dans le monde.

Mais pour y parvenir, c’est un vrai parcours de la combattante qui les attend. Tout au long de leur vie, les femmes font en effet face à des systèmes inégalitaires et discriminants qui sapent leur potentiel en tant qu’entrepreneures. Éloignées de l’éducation et du financement En Éthiopie et au Burkina Faso, 60% des femmes entrepreneures ne sont jamais allées à l’école. Autre constat frappant : elles reçoivent à peine 10% des crédits qui sont attribués au démarrage d’une exploitation. Pourtant, les Africaines sont largement présentes dans le secteur agricole, bien plus que les hommes.

Addise et ses associées élaborent du miel en Éthiopie. Grâce à Oxfam, le succès commercial est au rendez-vous.

Addise connaît bien ces obstacles qu’elle a surmontés un à un. Elle vit à Bahirdar, un village au nord-ouest de l’Ethiopie. Adolescente, Addise rêvait de devenir médecin. Mais si les avancées entre les hommes et les femmes sont réelles dans ce pays (l’Éthiopie s’est dotée d’un gouvernement paritaire en 2018 et est présidée par une femme), le changement se fait attendre dans les zones rurales. « Mes parents ont voulu que je me marie quand j’avais 15 ans », se souvient Addise. « Je n’ai jamais obtenu de diplôme et j’ai longtemps eu le sentiment d’être passée à côté de ma vocation ». Alors quand Oxfam a démarré un projet d’entreprenariat à Bahirdar, elle n’a pas hésité et s’est rendue à la première séance d’information.


10

OX-FILES Le miel, un trésor sous-exploité L’ambition du projet d’Oxfam était de sortir des milliers de personnes de la pauvreté en misant sur l’atout le plus précieux du pays : le miel. L’Éthiopie a beau être le principal producteur d’Afrique, la plupart des ruches du village d’Addise étaient désuètes, placées dans des arbres ou des pots en terre. Et pour cause, l’apiculture y est une activité secondaire pour la plupart des agriculteur.trice.s, qui installent des ruches surtout pour polliniser leurs plantations. Addise a eu l’idée de réunir autour d’elle d’autres femmes du village pour lancer une coopérative et faire de l’apiculture leur activité principale. Oxfam s’est chargée de fournir un mélange intelligent de prêts et de dons pour les aider à démarrer. En plus de fournir des capitaux, Oxfam a fait venir à Bahirdar des ruches en bois modernes pour doper la production, a aidé les apicultrices à mettre au point une stratégie commerciale pour exporter leur miel et a même dispensé des cours d’alphabétisation pour celles qui n’avaient pas eu la possibilité d’aller à l’école ou qui ont dû la quitter prématurément.

Autonomisation des femmes Ce projet a marqué un tournant décisif dans la vie d’Addise. « Auparavant, je n’avais pas de revenus propres, j’étais dépendante de mon mari. Il y a deux ans, j’ai commencé à économiser les bénéfices de la vente du miel. Désormais, j’ai mon propre compte en banque et un livret d’épargne », dit-elle avec un sourire de contentement. Une aubaine dans un pays où seul un quart de la population possède un compte bancaire et la moitié vit sous le seuil de pauvreté. C’est précisément l’objectif recherché par ce projet, appelé « Enterprise Development Programme », et déployé dans 18 districts éthiopiens : favoriser l’autonomisation économique des femmes dans les zones rurales. Depuis 2015, 50.000 Éthiopiennes ont bénéficié de ce projet entièrement financé par les donateur.trice.s d’Oxfam. Les bienfaits du karité Henriette Tientarboum n’a pas attendu l’arrivée d’Oxfam pour démarrer sa coopérative à Bobo Diulasso, la capitale économique du Burkina Faso. Elle a parié sur un savoir-faire 100% africain :

Les femmes sont 20 % plus nombreuses que les hommes à démarrer une entreprise, principalement car elles n’ont accès à aucune autre opportunité économique.

Au Burkina Faso, Henriette Tientarboum a misé sur la production et la commercialisation de savons, de crèmes et de shampoings à base de beurre de karité.


11

OX-FILES les cosmétiques naturels à base de beurre de karité. Mais elle a eu du mal à faire décoller son affaire.

Le programme d’Oxfam « Entreprises qui Changent des Vies » repère justement ce genre de micro-entreprises qui ont du potentiel mais qui rapportent à peine de quoi vivre et n’ont pas un franc CFA à investir dans des machines ou dans l’acquisition de terres agricoles. Miser sur le collectif Oxfam a fourni le coup de pouce qui a tout changé : la décortiqueuse flambant neuve a réduit le temps de production du beurre de karité d’un jour à une heure et les formations en comptabilité ont permis aux cinq associées de se fixer des objectifs de rentabilité. Aujourd’hui, « Yeleen » est rentable et parvient même à exporter une partie des savons et des crèmes qu’elle produit. « Avant la comptabilité, on ne savait pas calculer les coûts », raconte Henriette. « Maintenant, mes associées peuvent payer la scolarité de leurs enfants, les nourrir et compléter le salaire apporté par leurs maris. » Miser sur une dynamique de collectif et soutenir des organisations de femmes qui en inspirent d’autres, c’est aussi l’objectif de ce projet qui a soutenu 2.000 femmes burkinabé. Comme le dit elle-même Henriette : « Je pense au bien-être de toutes ces femmes, pas seulement au mien. Il faut du courage pour être entrepreneure et nous y sommes arrivées ensemble ».

Soutenez des femmes comme Addise et Henriette, faites un don sur www.oxfamsol.be/fr/don

2% des terres du monde appartiennent à des femmes

Mathieu kabore

Chargé de projets agricoles Oxfam Burkina Faso

58% des Africain.e.s qui travaillent à leur compte sont des femmes

CARD

Henriette a monté « Yeleen » avec cinq autres femmes dans la cour de sa maison « avec un fonds de rien du tout », se souvient-elle. « On n’avait pas de décortiqueuse pour casser les noix de karité et on ne tenait même pas de comptabilité ».

70% des Africaines n’ont pas accès au crédit

116% d’écart salarial entre les hommes et les femmes entrepreneur.es

« La réussite de Yeleen nous a rendus très fiers » « La plupart des fonds octroyés par les ONG pour soutenir des petites entreprises dans les pays pauvres visent soit des projets qui démarrent de zéro, soit des entreprises qui ont déjà acquis la capacité d'exporter. Entre ces deux bouts se trouve un ‘chaînon manquant’ pour lequel il n'existe pratiquement aucune aide. Yeleen, la micro-entreprise dirigée par cette femme charismatique qu’est Henriette Tientarboum se situait justement dans cet entre-deux. Oxfam s’est dit qu’elle avait énormément de potentiel si on l’aidait à se moderniser. Aujourd’hui, elle emploie cinq femmes qui ont toutes un revenu décent, régulier et prévisible. Le programme ‘Entreprises qui Changent des Vies’ aide les organisations dirigées par des femmes à se moderniser, à trouver des fournisseurs et à obtenir un crédit auprès des banques pour développer leurs activités. Ainsi, nous aidons des communautés à rester à l’abri de la pauvreté, à payer des soins de santé et l'éducation de leurs enfants. »


Umiyata désherbe son champ de maïs. Après une longue bataille juridique, elle possède à nouveau ses propres terres.


13

PROJECT

Comment récupérer ses terres des producteurs d’huile de palme Imaginez que vous soyez légalement propriétaire d’un terrain et qu’on vous oblige à le céder à un grand producteur d’huile de palme. C’est ce qui est arrivé à des centaines de familles dans le Sulawesi central (Indonésie). Notre partenaire TUK y a aidé des agriculteur.trice.s spolié.e.s à récupérer leurs terres et a dispensé des formations agricoles afin de les aider à devenir pleinement autosuffisant.e.s. tekst

A

fin de répondre à la demande mondiale croissante d’huile de palme, d’immenses pans de forêt tropicale sont défrichés pour faire place à des méga-plantations de palmiers à huile. Souvent, les agriculteurs et les agricultrices sont contraint.e.s de céder leurs terres à des grands producteurs. Cette pratique d’accaparement de terres est très répandue en Indonésie. La communauté agricole de trois villages de la région de Banggai, sur l’île indonésienne de Sulawesi, a subi de tels accaparements. TUK (Transformasi untuk Kaedilan - Transformation pour la justice), le partenaire d’Oxfam qui milite pour la culture d’une huile de palme durable, l’a soutenue dans sa lutte pour récupérer ses terres. Deux hectares de terre par famille En 1992, le gouvernement indonésien a appelé les populations agricoles pauvres des îles densément peuplées de Java, Bali

Leen Speetjens -

foto

llvy Njiokiktjien / Oxfam

et Lombok à migrer vers des régions moins peuplées telles que le Sulawesi central. Des centaines de familles ont répondu à l’appel et se sont installées sur les îles Banggai, où chaque famille a reçu deux hectares de terres à cultiver. Umiyata a émigré de Java avec ses parents étant petite. Pendant des années, la famille a cultivé du maïs et du soja. « C’était une vie difficile », se souvient Umiyata, aujourd’hui mère de trois enfants. Une grande partie de leurs terres est restée longtemps inexploitée car la jungle y est tellement dense que le défrichage était laborieux sans machines agricoles.

Umiyata: « J’ai appris à défendre mes opinions. »

Les fausses promesses de l’huile de palme En 2009, l’entreprise d’huile de palme Wira Mas Permai (WMP) a proposé aux agriculteur.trice.s un contrat pour cultiver des palmiers à huile. La plupart ont sauté sur l’occasion, car la WMP leur proposait de défricher leurs terres et de partager les bénéfices. Pendant cinq ans, ielles ont été chargé.e.s de planter, fertiliser et récolter les palmiers. En 2014, des licenciements massifs ont eu lieu et les travailleur.euse.s n’ont jamais vu la couleur des gains accumulés par la WMP alors qu’ielles s’étaient endetté.e.s pour payer les matériaux et les engrais. Les paysan.ne.s ont protesté en demandant la restitution de leurs terres et en détruisant les palmiers. La WMP a riposté avec des menaces et en exigeant des réparations. La TUK est intervenue auprès des victimes en leur fournissant des conseils juridiques et en faisant du lobbying auprès du gouvernement indonésien.


14

PROJECT

Agus: « Les autorités sont devenues notre allié. »

Une longue bataille Agus R. Tatu, leader d’un syndicat agricole local, a lui aussi été confronté à l’accaparement de terres à deux reprises. Une première fois dans le nord du Sulawesi, qui l’a forcée à émigrer à Banggai, où il a été à nouveau victime de ce procédé. Agus et les vingt autres familles qui s’y étaient installées ont alors créé un syndicat agricole qui a pris part à la bataille contre la WMP. Après les licenciements massifs, ils ont récupéré 150 des 180 hectares de terres spoliés. Mais l’entreprise n’en est pas restée là et a riposté. Il y a deux ans, Agus a été arrêté en même temps que neuf autres collègues après avoir été accusé par la WMP de voler des récoltes et du bois. Avec le soutien de la TUK, ils ont tenu tête à l’entreprise, ont fait valoir leurs droits fonciers et n’ont finalement pas été condamnés. Mieux, la WMP a été contrainte de leur restituer leur terrain. « La TUK nous a aidé à plaider notre cause en prodiguant des conseils juridiques gratuitement. Grâce à leur soutien, nous n’avons pas abandonné et sommes parvenus à faire du gouvernement un allié dans cette affaire. Nous les avons convaincus que l’agriculture à petite échelle pouvait être une

alternative prometteuse et rentable à l’industrie de l’huile de palme », raconte Agus. En effet, la communauté a pu prouver qu’elle était en possession de certificats fonciers reçus des mains du gouvernement indonésien à l’époque de leur migration à Banggai. Après une longue bataille juridique, les familles ont récupéré 75 % de leurs terres. Techniques agricoles et esprit d’entreprise La TUK a ensuite dispensé aux familles des formations en techniques agricoles durables, en comptabilité et en entreprenariat afin que leurs exploitations soient pleinement autosuffisantes. Umiyata, qui a pu récupérer ses terres avec l’aide de la TUK, a suivi une formation en leadership féminin. Elle est aujourd’hui présidente de la coopérative des agricultrices de son village. « Cette formation m’a appris à défendre mes opinions et résoudre nos problèmes », dit-elle. Aujourd’hui, Umiyata gère sa ferme de manière efficace. Les palmiers ont disparu et ont fait à nouveau place au maïs. Avec les recettes, elle a acheté 20 vaches, un investissement judicieux pour son entreprise agricole.

L’huile de palme en Indonésie 85%

de la production mondiale provient d’Indonésie et de Malaisie

25

grandes entreprises possèdent plus de la moitié des plantations

40%

est produite par des petites exploitations.


15

en action avec ...

laura cuppers

#climatejusticenow

Stagiaire campagne et éducation Laura Cuppers •

Laura Cuppers •

Laura Cuppers •

26/10 #PREMIERJOUR #EXCITANT

26/10 #BOLIVIE #FIGHTINEQUALITY

17/11 #ONLINE

Aujourd’hui débute mon stage chez Oxfam. J’étais impatiente de participer à l’atelier d’immersion ‘Bolivie’, où les jeunes en apprennent plus sur le changement climatique. La pandémie en a décidé autrement : l’atelier est temporairement fermé.

Mes racines boliviennes approuvent cette petite échoppe ! J’ai consciemment choisi Oxfam pour mon stage, car les actions menées ici permettent d’offrir un meilleur avenir aux habitant.e.s de pays moins favorisés.

À cause des mesures, mon stage se déroule principalement à domicile. Mais aujourd’hui je suis au bureau pour discuter des points pratiques d’une prochaine action sur le thème de la crise climatique.

Laura Cuppers •

Laura Cuppers •

Laura Cuppers •

1/12 #ACTION

2/12 #60HEURESPOURLECLIMAT

10/12 #OÙESTLAFÊTE

Demain mon stage prendra une forme plus active. Avec 60 activistes, nous nous relayerons au long d’une manifestation de 60 heures pour exiger plus d’ambition climatique de la part du monde politique.

Je suis devant le cabinet du premier ministre Alexander De Croo. Notre exigence : réduire les émissions de CO2 de 60% d’ici 2030.

Un sommet climatique international a lieu demain à Bruxelles. La semaine d’action se conclut avec un grand gâteau d’anniversaire, symbolisant le peu de progrès réalisés par les gouvernements 5 ans après l’Accord de Paris sur le climat.


OH - magazine trimestriel d’Oxfam-Solidarité Mars - Avril - Mai 2021 P501325 - Bureau de dépot Gand X

4 choses

QUE VOUS POUVEZ DONNER À OXFAM Que faites-vous des objets dont vous ne vous servez plus ? Rien ? Apportez-les dans un magasin de seconde main d’Oxfam pendant la semaine du donateur, du 22 au 27 mars. Ou déposez-les directement dans l’un de nos magasins ou dans une bulle à vêtements. Vous les trouverez ici : oxfamsol.be/shop-finder

1

2

Des livres, des PC et des CD

Vous avez reçu trois exemplaires du roman « La Quarantaine » de Le Clézio à Noël ? Votre mari écoute en boucle l’album « It’s the end of the world as we know it » du groupe R.E.M. depuis mars dernier et vous n’en pouvez plus ? Donnez-leur une seconde vie, il y a certainement quelqu’un à qui cela fera réellement plaisir.

Des vêtements, des chaussures et du linge de maison Vos placards débordent et les penderies croulent sous le poids de vêtements que vous ne portez plus ? Apportez-les dans un magasin de seconde main de votre quartier. En désencombrant ainsi vos penderies, vous désencombrez votre esprit et vous faites un geste pour la planète !

Des objets de déco

3

Le tapis Kaleido-pop qui trône en plein milieu de votre salon était un achat impulsif ? Plutôt que de le reléguer au grenier, dites-vous qu’il fera mouche auprès des fans de design rétro.

Des jouets Vos petits-enfants passent plus de temps sur TikTok qu’à jouer avec la caserne de pompiers Playmobil et les peluches que vous leur avez offertes ? Vous avez tenté de leur faire la morale, mais vous avez été accueilli.e dans la plus totale indifférence ? Rassemblez vos jouets et faites plaisir à d’autres enfants moins regardants !

4


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.