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#OX-FILES Le revers de la mode #PROJECT De l’herbe dans le désert NR. 9 - SEPTEMBRE – OCTOBRE – NOVEMBRE 2021
MAGAZINE TRIMESTRIEL D’OXFAM BELGIQUE
tx!
Gie van den Berghe
©Eric de Mildt
« Léguer à tous les enfants du monde » Gie a décidé de léguer sa maison à Oxfam.
Climate Changers on Tour
« Je lègue à Oxfam car je suis contre le principe de l’héritage et des droits de succession. C’est un système qui avantage surtout les riches et maintient le fossé entre riches et pauvres. Grâce à mon legs, mes biens vont aux enfants du monde entier. »
Silke, Cara, Mila et Dewy sont des Climate Changers. Êtes-vous prêt.e.s à suivre le mouvement ? La campagne « Climate Changers » est partie en tournée cet été et continuera cet automne ! C’est en effet en novembre qu’aura lieu le 26ème sommet climatique des Nations Unies à Glasgow, en Écosse. 196 pays s’y pencheront sur la question du climat. La Belgique, comme le reste du monde, devra s’engager sur la voie du progrès. Notre pays fait partie des plus grands pollueurs. Pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C, les Belges devraient réduire par 8 leurs émissions de CO2. Il est temps que notre pays fasse partie de la solution plutôt que du problème.
« J’ai choisi Oxfam car je partage leurs objectifs. Et aussi car ils ont accepté mes conditions, à savoir qu’une connaissance en difficulté financière pourra occuper ma maison après mon décès, jusqu’à sa mort. »
Avec notre pétition « Sign for Change », nous appelons les différent.e.s ministres belges en charge du climat à respecter leurs engagements climatiques. Des milliers de personnes ont déjà joint leur voix à nos exigences. Et vous ?
Gie (76)
OH-magazine n° 9 - revue trimestrielle d’Oxfam Belgique - septembre – octobre – novembre 2021. Rue des Quatre Vents 60, 1080 Bruxelles, 02-501.67.00, www.oxfamsol.be, info@oxfam.be Publié par Direct Operations - Editrice responsable : Eva Smets – Rédaction et relecture : Mark Anthierens, Sotiris Gassialis, Fei Lauw, Thomas Maertens, Leen Speetjens – Rédaction d’images & photos : Tineke D’haese – Mise en page : Efraim Sebrechts – Coordination : Mark Anthierens – Impression : Gevaert Graphics Vous désirez vous abonner, obtenir le magazine en version digitale ou ne plus le recevoir ? Envoyez-nous un mail à maquestion@oxfamsol.be. Oxfam respecte votre vie privée. Vous avez la possibilité de modifier vos données personnelles, de les supprimer ou de retirer votre consentement à tout moment. Contactez-nous sur maquestion@oxfamsol.be ou téléphonez au 02/501.67.33. Consultez notre charte de confidentialité sur www.oxfamsol.be/vieprivee. Oxfam-Solidarité et Oxfam-Wereldwinkels/Fair Trade unissent leurs forces sous le nom d’Oxfam Belgique.
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Ce magazine est imprimé sur du papier FSC - MACO SILK 135 Gr
ed.OB 118 - aug21
climatechangers.oxfamsol.be/fr
• Né à Gand • Habite à Evergem • Gie est éthicien et historien • Il aime observer les oiseaux, jardiner et lire un bon livre non-fiction. • Il déteste la malhonnêteté, l’injustice et l’administration kafkaïenne.
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CARTE BLANCHE
Alba Saray Pérez Terán
Spécialiste « Climate change and innovation », Oxfam Belgique
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Pour le climat, il n’est pas minuit moins 5 mais minuit et quart
Si la situation sanitaire le permet, la COP26 devrait avoir lieu en novembre à Glasgow. Nous y serons alors présents avec une délégation de jeunes « Climate changers » pour rappeler l’importance d’appliquer des mesures fortes pour le climat. Climat et alimentation : un même combat La COP26 sera l’occasion d’insister sur les risques que le dérèglement climatique fait courir sur la sécurité alimentaire, particulièrement dans les pays pauvres. Il y a de plus en plus de sécheresses et d’inondations qui détruisent les récoltes et déciment les troupeaux. La production d’agrocarburants ainsi que l’agriculture et l’élevage intensifs monopolisent, appauvrissent et fragilisent les sols. On peut également s’attendre à des spéculations sur les terres cultivables et les matières alimentaires. Il est urgent de passer à un modèle agroécologique afin de garantir une sécurité alimentaire locale et mondiale, de renforcer la résilience climatique et de réduire les inégalités.
Vous souhaitez obtenir plus d’informations concernant les possibilités de legs à Oxfam ? Rendez-vous sur oxfamsol.be/testament ou scannez le QR-Code.
Le genre, grand oublié de la lutte climatique Les inégalités auxquelles les femmes font face les rendent plus vulnérables au changement climatique. Les émissions de CO2 sont associées à un système économique qui bénéficie clairement à des hommes riches et occidentaux. Pourtant, le genre n’est pas – ou très peu – abordé dans les plans climatiques nationaux. Il est essentiel de l’intégrer à toutes les discussions politiques liées au climat. La Belgique doit faire plus La Belgique a développé une stratégie visant à atteindre la neutralité climatique en 2050. Les mesures envisagées sont insuffisantes à nos yeux et l’échéance trop éloignée. Selon Oxfam, il faut viser 2040 au minimum. Pour sauver le climat, il n’est pas minuit moins 5, mais minuit et quart. La COP26 sera l’occasion de rappeler cette évidence.
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SNAP Shot
RÉVEILLER
LE G7
Alors que les 7 dirigeant.e.s des pays industrialisés les plus riches prennent une petite pause sur une plage anglaise en Cornouailles, une bouteille échoue sur le rivage. À l’intérieur, un message les appelant à réduire drastiquement leurs émissions de CO2 et à soutenir financièrement les pays plus vulnérables afin qu’ils puissent faire face aux conséquences de la crise climatique.
©Andrew Aitchison
VOUS AUSSI, APPELEZ NOS DIRIGEANT.E.S À PASSER À L’ACTION SUR CLIMATECHANGERS.OXFAMSOL.BE
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TRENDS & TRIGGERS
C’est la
rentrée !
Scannez ce QR-code pour trouver un magasin près de chez vous
Les vacances scolaires sont finies. La crise de la COVID-19 touche elle aussi – espérons-le – à sa fin et les enfants et adolescent.e.s peuvent enfin retourner en classe. Vous êtes encore à la recherche de quelques vêtements et équipements pour les vôtres ? Ou alors d’un ordinateur pour les assister dans leurs devoirs ? Rendez-vous dans l’un de nos magasins de seconde main. Il y en a forcément un près de chez vous.
Campagne « commerce et justice climatique » La crise climatique est fondamentalement injuste : historiquement les moins responsables, les populations du Sud sont pourtant aujourd’hui les plus affectées. Dans sa nouvelle campagne, Oxfam-Magasins du monde explore les impacts du commerce sur le climat mais aussi les alternatives au modèle néolibéral. Le commerce équitable en est une : il contribue à la justice climatique en donnant aux communautés du Sud les moyens de s’adapter et de faire leur part en matière de diminution des émissions. Plus d’infos sur www.omdm.be/commerce-etjustice-climatique.
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abeh AUS a Monir/Oxfam
Isolée Tania travaille dans une usine de vêtements au Bangladesh. Elle loge dans une petite chambre louée. Son compagnon l’a quittée quand elle était enceinte et elle a dû laisser sa fille de 4 ans avec ses parents, dans son village natal, à 250 km de l’usine. C’était le seul moyen pour elle de pouvoir survivre avec son salaire. Elle ne la voit que deux fois par an, car elle n’a presque pas de congés et que le trajet vers le village coûte cher. « Elle me manque tellement. Je veux une meilleure vie pour elle. » Nous mettons la pression sur l’industrie textile afin que les ouvier.ère.s comme Tania touchent un salaire décent.
30.000 signatures 130 ONG, dont Oxfam, veulent soumettre une proposition de loi à la Commission européenne afin de lever les brevets sur les vaccins contre le coronavirus. Pour ce faire, elle doit être soutenue par 1 million d’Européen.ne.s, dont au moins 15.000 Belges. Ensemble, nous avons réussi à doubler le nombre de signatures nécessaires en Belgique !
Merci!
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Depuis le début de la pandémie, le nombre de personnes exposées à la famine a été multiplié par six, atteignant 520 000 individus dans le monde, d’après un rapport publié par Oxfam en juillet. Et au total, 155 millions de personnes ont du mal à se nourrir, soit 20 millions de plus qu’en 2019. En cause, les conflits, la Covid-19 et la crise climatique qui pourraient, sans action immédiate, faire mourir de faim 11 personnes par minute, une cadence supérieure au taux de mortalité actuel dû à la pandémie. Accédez à l’intégralité du rapport « Le virus de la faim se propage » en scannant ce QR code
« En donnant plus de moyens aux paysannes, 100 à 150 millions de personnes pourraient être sauvées de la faim dans le monde. » Le Programme Alimentaire Mondial
Le tour du monde en 1 jour Vous cherchez une activité ludique et éducative pour un groupe de jeunes ou d’adultes ? Partez pour un jour en Bolivie, au Cambodge ou au Burkina Faso dans nos ateliers d’immersion afin de débattre et réfléchir sur les inégalités, la mondialisation ou la crise climatique. Nos ateliers sont ouverts aux participant.e.s à partir de 16 ans. Réservez votre voyage sur www.oxfamsol.be/fr/carrefoursdumonde
FACT
CHECK
6 fois plus de personnes souffrent de la faim
FACTS & FIGURES
La population mondiale continuerat-elle à augmenter ? Actuellement, environ 7,8 milliards de personnes vivent sur notre planète. Durant près de 10.000 ans, la population mondiale augmentait très lentement. Puis la courbe a pris une forme exponentielle. Entre 1900 et 2000, la population est ainsi passée de 1 à 5 milliards de personnes. Si cette tendance se poursuit, il semble évident que la planète sera bientôt surpeuplée. Et pourtant, ce n’est pas le cas. En effet, même si la population augmente encore actuellement, c’est à un rythme qui se ralentit progressivement. Selon les Nations-Unies, ce ralentissement est dû à une baisse globale des naissances. Jusque dans les années 1950, une femme donnait naissance à 5 enfants en moyenne. Depuis 1965, ce chiffre est descendu à 2,5. Même si la population adulte augmente encore, la pyramide des âges s’inverse et la croissance démographique devrait se stabiliser d’ici 2060, avec une population à 11 milliards. La baisse des naissances est liée à la réduction progressive de l’extrême pauvreté dans le monde. Quand les gens sortent de la pauvreté, ils n’ont plus besoin d’avoir de nombreux enfants qui peuvent contribuer aux revenus de la famille en travaillant. Dans toutes les cultures, on constate qu’aussi bien les hommes que les femmes souhaitent avoir moins d’enfants et leur offrir une meilleure éducation et une meilleure vie. Conclusion : Pour ralentir la croissance de la population, il faut lutter contre l’extrême pauvreté. Grâce à de meilleures conditions de vie, les gens choisissent d’avoir moins d’enfants et ceux-ci vivent mieux. Sources : Nations Unies et l’ouvrage “Factfulness” de Hans Rosling.
Le salaire de Chameli ne représente que 0,6% des bénéfices de la vente d’un T-shirt
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OX-FILES
Le revers de la mode TEXTE
Sotiris Gassialis -
PHOTOS
Fabeha Monir/Oxfam
L’industrie textile produit près de 100 milliards de vêtements chaque année dans le monde. Derrière ce chiffre faramineux se cachent une main-d’œuvre sous-payée et des situations de violation des droits humains au Bangladesh.
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’était en avril 2013. L’effondrement du Rana Plaza, un immeuble abritant cinq usines de confection de vêtements au Bangladesh, faisait 1.138 victimes, essentiellement des femmes. À la suite de ce drame, l’État bangladais et les multinationales de l’habillement qui y faisaient fabriquer leurs vêtements à moindre coût se sont engagés à améliorer la sécurité et les conditions de travail des ouvrier.ère.s. Mais pour quel bilan aujourd’hui ? Huit ans plus tard, Oxfam a mené l’enquête auprès de 400 ouvrières. Les conclusions, publiées dans un rapport fleuve intitulé « Made in Poverty », sont effarantes : 9 ouvrières sur 10 n’ont pas les moyens de nourrir leur famille en suffisance, vivre dans un logement décent ou encore couvrir des frais de scolarité. Sans surprise, aucune des 400 répondantes ne souhaite que ses enfants travaillent dans une usine textile un jour. 80 euros par mois Chameli fait partie des 5 millions d’ouvrier.ère.s qui font du Bangladesh le deuxième exportateur mondial de vêtements, derrière la Chine. Elle a commencé à travailler dans le textile à l’âge de 11 ans. Son rêve le plus cher ? Briser le cycle de pauvreté dans lequel est enfermée sa famille en offrant une éducation à ses filles. Un rêve qui demeure pour l’instant hors de portée. « Ce que je gagne ne me permet pas d’envoyer mes trois filles à l’école », regrette Chameli. Incapable de joindre les deux bouts, elle a dû prendre la difficile décision d’envoyer sa fille aînée, âgée de 14 ans, travailler dans une usine de vêtements. Chameli passe pourtant 11 heures par jour derrière
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OX-FILES une machine à coudre à fabriquer des T-shirts, des shorts et des minijupes pour une chaîne de magasins australiens. « Je gagne 80 € par mois, voire 100 € avec mes heures supplémentaires », dit-elle. Un seuil que les 33 centimes qu’elle gagne pour chaque heure de travail ne lui permettent jamais de dépasser. « Selon les syndicats, le salaire minimum vital devrait s’élever à 368 € par mois, soit plus de quatre fois celui d’une ouvrière moyenne », explique Mahmuda Sultana, chargée de plaidoyer pour Oxfam Bangladesh. « Depuis le drame de 2013, de nombreuses marques ont fait des efforts pour améliorer la sécurité des ateliers et les salaires minimaux des ouvriers les plus mal payés ont doublé », concède-t-elle. Mais cela reste dérisoire au regard de l’augmentation du coût de la vie depuis 2013, notamment celui du logement. L’union fait la force Pourtant l’industrie de la mode rapporte beaucoup
d’argent. On estime qu’elle pèse 3.000 milliards de dollars. Mais la vente des vêtements ne profite pas aux ouvrier.ère.s. Sur le prix d’un t-shirt vendu à 29 €, 68% des bénéfices vont à la marque. L’usine au Bangladesh empoche 4%, tandis que le salaire de l’ouvrier.ère ne représente que 0,6% du total. De quoi révolter Bindu qui travaille depuis 10 ans dans un atelier de Dacca, la capitale. Lasse du surmenage et d’un salaire de misère, elle décide de monter un syndicat avec l’aide de huit collègues. Ensemble, elles persuadent 700 ouvrier.ère.s de les rejoindre, soit suffisamment de personnes pour être autorisées à former un syndicat. « Je me suis aperçue que nos patrons nous devaient beaucoup plus que ce que nous touchions et que si on ne s’organisait pas, on ne nous paierait pas », se souvient Bindu. Très vite, le syndicat remporte une première victoire : 150 ouvrier.ère.s obtiennent le paiement des heures supplémentaires qui leur étaient dues. Mais les actes d’intimidation n’ont pas tardé.
60 % des vêtements vendus en Europe proviennent du Bangladesh Bindu a obtenu de ses patrons qu’ils versent des heures supplémentaires impayées à 150 ouvrier.ère.s
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OX-FILES En mars 2018, Bindu a été convoquée dans le bureau du directeur général. « Il m’accusait d’être un élément perturbateur au sein de l’atelier. Il a essayé de me mettre à la porte mais j’ai refusé de signer l’avis de licenciement ». Bindu est toujours syndicaliste dans le même atelier aujourd’hui, mais les salarié.e.s qui ont pris part à l’action sont plus que jamais dans le viseur de la direction. La pression des syndicats et des ONG, dont Oxfam, a permis l’abaissement du nombre d’ouvrier.ère.s nécessaires à la création d’un syndicat et la suppression du consentement préalable du patron de l’usine. Cela a permis à 400 syndicats de voir le jour dans les 5.000 usines que compte le pays. Un progrès notable, mais l’histoire de Bindu montre à quel point le harcèlement des syndicalistes demeure fréquent au sein des usines de confection. Devoir de vigilance des multinationales Le drame du Rana Plaza a illustré l’impunité dont bénéficient les multinationales, jusque-là non responsables juridiquement des impacts sociaux que cause leur activité à l’international. Mais les choses commencent à bouger : les Parlements belge et européen étudient chacun une proposition de loi visant à tenir les entreprises responsables des violations qu’elles contribuent à causer. Si ces textes de loi passent, ce serait une avancée majeure selon les syndicats et les ONG, dont Oxfam, qui font pression sur le monde politique pour qu’il légifère dans ce sens depuis des années. En attendant, des alternatives à la fast-fashion existent, comme la seconde main : nos 20 magasins de vêtements seconde main offrent un modèle plus responsable et plus durable à travers la Belgique. Participez à Second Hand September en n’achetant que des vêtements de seconde main durant un mois.
100
milliards de vêtements ont été vendus dans le monde en 2020 Sarah Vaes Chargée de plaidoyer, Oxfam Belgique
1,2 milliard de tonnes de CO2 sont émis chaque année par le secteur du textile
80%
des exportations du Bangladesh proviennent du textile
60
heures de travail sont effectuées chaque semaine par une ouvrière
« Il faut mettre fin à l’impunité des entreprises » « Un projet de loi sur le devoir de vigilance des entreprises est actuellement à l’étude au Parlement fédéral. C’est une bonne nouvelle car il entend prévenir et réparer les atteintes aux droits humains et à l’environnement causées par les activités d’entreprises établies ou actives en Belgique, tout au long de leurs chaînes de valeur. » « Bien que ce projet de loi ne soit pas parfait, il pourrait avoir un impact positif sur la vie de millions de personnes car il permettrait aux victimes de saisir un tribunal pour les violations causées par des entreprises ou leurs soustraitants. » « Le fait que ce projet de loi soit enfin à l’étude en Belgique est le fruit d’un long travail de plaidoyer qui a débuté en 2018 et qui est mené par une coalition de syndicats et d’ONG dont Oxfam fait partie. »
« L’hydroponie permet de nourrir nos chèvres avec de la nourriture saine et à bas coût, pour qu’elles produisent quotidiennement du lait à un excellent rendement. » Kadiha Abdelfatah Mohamed
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PROJECT
De l’herbe dans le désert Le soleil tape durement sur le camps de réfugié.e.s sahraoui de Tindouf, dans le Sahara occidental. Pourtant, au milieu des dunes et des tentes, des chèvres se pressent pour brouter des bouquets d’une herbe verte et grasse. Oasis miraculeuse ? Plutôt une solution technologique simple et efficace mise en place par Oxfam et ses partenaires : l’hydroponie. TEXTE
L
’hydroponie consiste à faire pousser des plantes sans sol ou terreau. Les racines des graines de céréales germées sont immergées dans un mélange d’eau et de nutriments. Grâce à cette méthode, il ne faut que 9 jours pour obtenir du fourrage vert pour les animaux. Un projet-pilote réussi Les premiers tests d’hydroponie ont lieu en 2016, dans les camps sahraoui, au sud de l’Algérie. Après avoir étudié plusieurs solutions avec divers partenaires belges comme l’Université de Liège, Oxfam opte pour une méthode « low tech » : la production hydroponique dans des constructions en terre cuite en forme de dôme. Ce système ne nécessite pas d’équipements élaborés, de connaissances préalables, de nutriments spécifiques ou de lumière additionnelle. Les dômes sont construits avec des matériaux simples, peu coûteux, facilement accessibles dans cette zone du Sahel. Une formation de
Thomas Maertens -
PHOTO
Tineke D’haese/Oxfam
quelques semaines est suffisante pour apprendre à les construire et à les entretenir. Grâce à ce projet soutenu par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et épaulé dans les camps par l’Union des Femmes Sahraouies, les petits bâtiments blancs fleurissent dans un premier camp, puis dans 5 autres au cours des années qui suivent. Devant le succès rencontré par ce projet, c’est ensuite au Niger, au Tchad et au Burkina Faso que nous introduisons l’hydroponie pour la nutrition animale en 2017 et 2019. En 2019, la Faculté Agro-Bio Tech de Gembloux rejoint le projet et l’hydroponie est introduite à Gaza et en Cisjordanie.
Kadiha Abdelfatah Mohamed : « Je peux nourrir mes bêtes chaque jour. »
Des animaux mieux nourris L’hydroponie permet de produire une nourriture riche pour le cheptel tout au long de l’année, dans une région désertique avec un apport en eau minimum. Cette technique consomme en effet 30 fois moins d’eau qu’une culture en sol. « Avant, j’avais énormément de difficulté à nourrir mes bêtes. Quand je laissais mes chèvres sans surveillance, elles mangeaient des déchets pour compenser », explique Kadiha Abdelfatah Mohamed, éleveuse sahraouie. « Désormais je peux les nourrir chaque jour et même partager le fourrage avec d’autres personnes. » Depuis que les animaux de Kadiha peuvent manger du fourrage frais, leur santé s’est clairement améliorée. La production de lait a augmenté de 20 %. Sa qualité nutritionnelle, ainsi que celle de la viande, ont augmenté de 20 à 40 %. Les réfugié.e.s peuvent désormais compléter les « paniers secs » (riz, farine, blé) de
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PROJECT
L’hydroponie nécessite peu de moyens et donne des résultats rapides
l’aide alimentaire du PAM avec des protéines fraîches. Des communautés revitalisées Au Tchad, l’introduction de l’hydroponie a eu lieu dans un contexte assez différent. Ici pas de conditions désertiques, mais des populations forcées de fuir leur maison et leur région à cause du conflit contre le groupe Boko Haram. Depuis 2016, Oxfam y mène une réponse humanitaire en mettant l’accent sur la reconstitution des moyens de subsistance de ces populations. Parmi les solutions proposées figure la distribution d’un cheptel de petits ruminants à des familles vulnérables afin de lutter contre la malnutrition et d’améliorer leur niveau de vie. Mais cela implique de pouvoir nourrir les animaux. Sans fourrage à disposition, pas d’autre choix que de les laisser vagabonder avec tous les risques que cela comporte : vol, blessure, mauvaise alimentation… La solution de l’hydroponie s’est imposée d’ellemême. Elle se base ici sur une technique différente que celle utilisée dans les camps sahraouis. Il s’agit d’unités de production individuelles très simples composées d’une boîte contenant 4
plateaux de germination. Grâce au fourrage produit, les animaux peuvent être nourris en enclos et sont moins exposés aux risques décrits plus haut. Les bénéfices vont plus loin que la « simple » fourniture de nourriture pour les animaux. L’élevage est en effet aussi au centre de la vie économique et sociales de nombreuses communautés. La vente ou le troc de bétail et de produits animaux génèrent des revenus et permettent de se procurer d’autres aliments et des produits de première nécessité. Et ce secteur crée aussi de nombreux emplois directs : marchands, chevillards, bouchers, tanneurs, etc. Une solution simple et flexible À l’opposé des projets classiques de distributions alimentaires, l’hydroponie permet aux communautés de travailler elles-mêmes à leur subsistance et devenir un peu moins dépendantes d’une aide externe. Elle s’adapte à différents milieux et contextes, nécessite peu de moyens et donne des résultats rapides. Pour les centaines de familles impliquées dans nos projets, l’hydroponie est le germe d’une vie meilleure, au propre comme au figuré. Soutenez les projets d’Oxfam partout dans le monde oxfamsol.be/fr/don
Les avantages de l’hydroponie
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30 fois moins d’eau consommée qu’une culture en sol
40%
Jusqu’à 40 % de lait en plus produit par les chèvres
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9 jours suffisent pour produire du fourrage frais
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En mission avec…
Stefaan Calmeyn #Congo
Spécialiste café et chargé de mission Oxfam Stefaan Calmeyn
• 1/2/20
Stefaan Calmeyn
• 3/2/20
Stefaan Calmeyn
• 5/2/20
#CONGO #CAFÉ #BIO #PARTNERAIRES
#AGROECOLOGIE #CULTUREOMBRE #CAFÉIER
#CHAMPS #RÊVE #PLANNING
Je suis en visite auprès de nos partenaires producteurs de café Sopacdi et Muungano. On me présente fièrement le résultat de notre collaboration : un café équitable et bio !
Dans cette mini-pépinière, les cultivateurs utilisent la technique de la culture à l’ombre. Les caféiers sont plantés entre d’autres espèces, selon les principes de l’agroécologie.
À la coopérative Muungano, les paysan.ne.s me présentent un dessin du ‘champs de leurs rêves’. C’est le résultat qu’ils et elles veulent atteindre à la prochaine saison. Leurs comptes sont aussi repris dans ce carnet.
Stefaan Calmeyn
• 6/2/20
Stefaan Calmeyn
• 6/2/20
Stefaan Calmeyn
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#COOPÉRATION #PARTAGE #AGRICULTUREBIO
#NOPLASTIC #NATUREFIRST #BANANES
#SCHOOLISCOOL # PRIMEFAIRTRADE #STATIONLAVAGE
Un des paysans présente les principes de l’agriculture bio et de l’agroécologie. L’échange de connaissance entre producteurs.trices est une des forces du fonctionnement en coopérative.
Chez Muungano, les jeunes caféiers commencent leur vie dans des feuilles de bananiers plutôt que dans des sacs plastiques.
Grâce à la prime fairtrade, Muungano a pu investir dans une station de lavage des baies de café, mais aussi dans un centre de santé et une école. Les élèves nous accueillent avec enthousiasme.
OH - magazine trimestriel d’Oxfam-Solidarité septembre - octobre - novembre 2021 P501325 - Bureau de dépot Gand X
4 façons
de vous engager pour le climat dès la rentrée Les 10% les plus riches de la planète émettent autant de CO2 que les 90% restants de la population. Nous continuons à mener des actions pour le climat, avec le sommet climatique de Glasgow en ligne de mire. Et vous pouvez y contribuer !
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Descendez dans la rue
Notez la date du 10 octobre 2021 en GROSSES LETTRES dans votre agenda. Avec « Back to the Climate », nous avons rendez-vous avec l’histoire, pour une énorme mobilisation pour le climat. Vous en serez ? www.backtotheclimate.be
Signez notre pétition pour le climat
Vous trouvez aussi qu’il est temps que les politiques passent à l’action ? Signez la pétition « Sign for Change » pour appeler nos ministres à s’engager plus sérieusement dans la lutte pour le climat.
Devenez expert.e climat
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Vous avez entendu parler du sommet climatique, mais vous vous demandez ce qu’il s’y passe précisément ? Y a-t-il un lien entre genre et climat ? Rendez-vous en ligne chaque mardi soir de septembre pour les « Talks for Change », 4 webinaires dédiés à la justice climatique. Ces projets sont financés par l’Union européenne.
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Say yes to Second Hand September Besoin d’un pull ou d’un pantalon ? En septembre, réduisez votre empreinte écologique en optant pour la seconde main. Rendezvous dans un de nos magasins et partagez vos trouvailles avec le #SecondHandSeptember.