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VIVRE SA RÉGION
ILS FONT L’ALSACE
Pépites du cru
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Environ 180 références de vins exclusivement alsaciens, dont les 51 grands crus de la région ! Ouvert cet été rue du 22 Novembre à Strasbourg, L’Alsace à boire, à la fois caviste et bar à vin, réunit les flacons de 70 producteurs locaux. Des blancs évidemment, mais pas que… Novice, initié ou expert : chacun y fera de belles découvertes, comme par exemple avec le puissant Rahn 2017, un pinot noir du domaine Mélanie Pfister, avec ses notes racées de fruits noirs et sa finale suave, ou bien encore le Riesling Grand Cru Steinklotz 2015 de chez Clément Fend, à la fin de bouche pure et saline. S’gelt ! # A.S.
alsaceaboire
Pirates !!!
Installé à Mundolsheim fin 2020, La Cale est un concept store autour du rhum et du monde de la piraterie. On y trouve toutes les créations de la marque alsacienne Caraibean Pearl : des rhums mis artisanalement en bouteilles dans le Bas-Rhin, élaborés à partir de produits français et caribéens, selon des recettes inspirées de celles des grandsmères martiniquaises de Jérémie Jacques, le fondateur. À bâbord, des rhums très arrangés, avec un alcool en provenance de Guadeloupe. À tribord, des rhums de prestige, tel le Naufrage, fini de vieillir dans des fûts de schnaps de mirabelle. # A.S.
caraibeanpearl.fr
La brasserie sociale
Qualité des saveurs, maîtrise de la mousse, justesse et harmonie : s’Humpaloch produit des bières d’humilité dont chaque détail a été pensé par des artistes. # Christian Pion
Le nom titille l’imagination : s’Humpaloch. Derrière cette appellation à l’accent typiquement haut-rhinois résonne le souvenir d’un célèbre bar en sous-sol situé en face de la mairie de Guebwiller, aujourd’hui disparu. Jean-Jacques Hupfel a choisi cette référence à la “Taverne du bock” pour nommer sa brasserie artisanale fondée en 2009… dans son garage. Auparavant, il avait appris le métier sur le tas, expérimentant d’ancestrales fermentations partagées en toute amitié par des fondus de la mousse à l’Écomusée d’Alsace, à Ungersheim, dans une joyeuse créativité effervescente. Fort d’une solide expérience et d’une parfaite maîtrise des procédés, il s’est lancé et propose désormais des breuvages certifiés bio. Contrairement au monde du vin qui en aurait profité pour faire monter les prix d’une production millimétrée, s’Humpaloch défend l’idée d’une offre populaire aux tarifs étudiés afin de la rendre accessible au plus grand nombre. Une philosophie prenant racine dans le passé d’éducateur spécialisé de son créateur, un homme discret, dont le regard bleu délavé s’anime d’une flamme émue pour les histoires d’amitié et de transmission. En 2015, il déménage la brasserie à Lautenbach, s’associant avec Barnabé, bio-dynamiste. Aujourd’hui, la petite entreprise déroule sa production d’une trentaine d’hectolitres par mois. Des bières confidentielles vendues sur place ou dans quelques lieux choisis en Alsace. Formés par Jean-Jacques en retrait aujourd’hui, Barnabé et Guillaume prennent la suite et se partagent un travail engagé ! Quatre classiques sont disponibles (blonde, blanche, ambrée et noire au malt torréfié) ainsi que quelques bières spéciales au gré des saisons et des cueillettes de plantes sauvages. La blanche à la fleur de sureau, désaltérante en diable, évoque un printemps bruissant d’abeilles. L’estivale au lierre terrestre avec ses notes végétales nobles, une chaude soirée d’été à la campagne… Chaque bière est d’une justesse et d’une pureté d’expression qui révèlent un univers de la mousse subtile et gastronomique. À vos bocks !
© Marmelade
ILS FONT L’ALSACE
Local success story
Créée en 2017, l’épicerie locale en ligne Marmelade a le vent en poupe. La start’up a ouvert une boutique éphémère face à la Cathédrale de Strasbourg. Rencontre avec son créateur, Quentin Seyeux. # Francis Gérardin
Comment vous est venue l’idée de Marmelade ?
Pendant ma dernière année en école de commerce. J’étais alternant à Paris et me désolais de ne pas trouver de produits frais de qualité à prix raisonnables. J’ai été élevé dans un village du Doubs, alors je sais ce qu’est le bon fromage et la vraie charcuterie ! J’ai eu l’idée de développer une plateforme mettant les consommateurs en relation avec des producteurs des environs.
Et quand avez-vous concrétisé le projet ?
Dès la fin de mes études. En février 2018, tandis que mes potes de promo partaient faire de l’argent dans de grandes entreprises, moi je créais Marmelade avec mes économies. Au départ, je faisais tout seul, de l’informatique aux livraisons à vélo, en passant par la gestion. Et puis mon ami Geoffrey m’a rejoint en tant qu’associé pour créer un système original d’abonnement, sur mesure et sans engagement.
Pourquoi avoir choisi Strasbourg ?
Je cherchais une métropole à taille humaine. Mon épouse étant allemande, Strasbourg est apparue comme la solution idéale. Et je ne l’ai pas regretté ! Ici, j’ai rencontré des gens formidables. À l’été 2019, quand on m’a volé mon vélo-cargo – un gros coup dur pour la société –, mes partenaires ont lancé une cagnotte en ligne grâce à laquelle j’ai pu en acheter un autre.
Quand est-ce que vous avez vraiment décollé ?
On commençait à bien marcher début 2020, mais c’est le confinement qui nous a définitivement propulsés. Aujourd’hui, nous venons d’embaucher un cinquième salarié ! Mon but n’est pas de devenir millionnaire. D’ailleurs, je n’ai pas encore réussi à me payer un salaire. Ce qui me plaît, c’est de proposer un service conforme à mes valeurs : permettre aux gens de bien se nourrir, consommer local et dans un circuit commercial équitable.
Et cela, sans faire exploser les prix…
Sur les produits périssables, les supermarchés achètent en grosse quantité et prélèvent des marges importantes pour compenser le gâchis. Avec notre système, du gâchis, il n’y en a pas ! On peut donc se contenter de petites marges. Ce qui profite aux producteurs comme aux consommateurs. Nous avons actuellement une centaine de fournisseurs et quelque 2 000 produits référencés pour plus de 600 clients, avec une moyenne de 1 000 livraisons par mois. La boutique n’est pas assez grande pour les présenter tous. On n’y propose pas de frais, seulement de l’épicerie (vins, confitures, pâtes, etc.) et de l’artisanat (savons, pliages en papier, céramiques) que nous avons ajouté à notre offre pour l’occasion. C’est un formidable moyen de faire découvrir l’excellence alsacienne, aux touristes comme aux Strasbourgeois !
10 place de la Cathédrale (Strasbourg) marmelade.alsace
À ras des champs
Du fromage de Bischwiller, du poisson de Wingen, des fruits et légumes de Hœrdt, Steinseltz, etc. Dans les étals du Sillon, nouveau magasin appartenant à une trentaine de producteurs, qui a ouvert il y a quelques mois dans le centre commercial Shopping promenade de Vendenheim, on ne trouve que du bio. Le brasseur par exemple, possède ses propres champs de houblon, et le glacier est d’abord éleveur de chèvres. Dans le restaurant attenant de 120 couverts, on utilise évidemment des aliments issus de ces fermes. What else ? # A.S.
sillon.alsace
Un schlouk à boire
Schlouk Map, c’est l’appli gratuite pour trouver le bar parfait et ne plus rater un Happy Hour. Créée en 2015 par le Strasbourgeois Jules Lagadic et quelques amis, la plateforme collaborative (qui invite les utilisateurs à mettre à jour les infos, noter et même soutenir leurs établissements préférés) devrait développer son réseau en France et réaliser ses premiers recrutements d’ici à la fin de l’année. Déjà téléchargée par quelque 100 000 personnes, elle ambitionne de devenir la référence des lieux sympas où boire un schlouk (“gorgée” en alsacien) en Europe et dans le monde. # A.S.
schlouk-map.com/fr/
Rachel Lang © Cheval deux trois Captures du film © Cheval deux trois
ILS FONT L’ALSACE
Amours engagées
Avec Mon légionnaire, Rachel Lang, cinéaste et réserviste d’origine strasbourgeoise, porte un regard délicat sur la vie intime des soldats, ou comment faire couple en milieu hostile. Rencontre. # Suzi Vieira
Quel rapport entretenez-vous avec l’armée ?
J’ai découvert l’armée alors que je n’avais pas 20 ans. Cet été-là, j’étais en fac de philo et devais m’envoler pour le Forum social de Porto Alegre, au Brésil. Un ami m’a parlé d’un stage rémunéré à l’armée et j’y suis allée très naïvement, en mode job d’été. En réalité, c’était une formation initiale de réserviste. Pour moi qui ai grandi dans un environnement intello strasbourgeois, c’était la découverte d’un nouveau monde, avec des gens venus de tous les milieux et des apprentissages très techniques et concrets. L’expérience a été tellement forte et enrichissante que j’ai signé un contrat pour deux ans dans la réserve.
Vous vous êtes réengagée par la suite, n’est-ce pas ?
Oui, après mes études de cinéma, j’ai décidé de me réengager et me former pour être officier. Je suis cheffe de section, responsable de 40 personnes qui se partagent elles aussi entre vie civile et vie militaire. Les réservistes sont amenés à être déployés notamment sur les opérations Sentinelle, ou parfois à l’étranger, comme je l’ai été une fois au Mali dans le cadre de l’Opération Barkhane. C’est pour moi un engagement citoyen, au service de la population.
En quoi Mon légionnaire se nourrit-il de votre expérience ?
Je ne l’aurais évidemment pas fait sans avoir une connaissance active du milieu militaire. Mais c’est surtout le travail d’enquête documentaire qui a alimenté la matière du film. J’ai rencontré beaucoup de familles de légionnaires. Elles m’ont permis de me sentir légitime à aborder la question du couple dans cet univers si particulier de la Légion étrangère, où les quotidiens de l’homme et de son épouse sont tellement éloignés l’un de l’autre que c’est un vrai travail d’arriver à se reconnecter au retour des missions. Encore plus que dans n’importe quel couple. premières années, les épouses sont illégitimes. L’armée nie tout simplement leur existence. Et puis la Légion regroupant 150 nationalités différentes, c’est d’autant plus difficile pour ces femmes, qui se retrouvent seules, déracinées, isolées en Corse ou ailleurs, avec un mari absent.
Votre film s’inscrit dans une veine clairement réaliste…
Les mondes civil et militaire sont tellement séparés depuis la fin de la conscription universelle et obligatoire que j’avais envie, par ce médium très populaire qu’est le cinéma, de donner à voir ce qu’est ce métier et tout ce qu’il implique de sacrifices pour ces soldats et leurs familles.
Quel est le sens de la scène du repas avec les amis de Maxime et Céline, qui montre le regard de la société sur l’armée ?
Il y a un antimilitarisme primaire dans certains milieux avec cette idée que la guerre c’est mal et que ceux qui la font sont des brutes. On a toujours droit à la question du pourquoi : pourquoi t’es-tu engagé ? Quels intérêts défends-tu en allant combattre au Sahel ? Mais on oublie que ces hommes et femmes se battent pour leur pays et leurs concitoyens. Dans notre démocratie, ce sont les politiques – que nous élisons collectivement – qui décident de ce que font les forces armées. Il ne faut pas se tromper de cible.
Dondoro © Estelle Hanania
Bizarre, bizarre
En lien avec la 1ère édition des Nuits de l’Étrange (29-30/10) à La Filature, la galerie de la scène nationale mulhousienne présente Wizard (jusqu’au 07/11). Entre bizarreries et inquiétantes curiosités, l’exposition réunit les collages compulsifs de Christophe Brunnquell, les iconiques clichés de l’ethno-photographe Homer Sykes, les troublants ventriloques d’Estelle Hanania ou bien encore les marionnettes démantibulées du nippon théâtre Dondoro. Entre folklores et rites initiatiques, costumes et masques vernaculaires, chacun des artistes explore les 1 001 replis de l’ identité humaine. # S.V.
lafilature.org
Témoigner
Particuliers, associations, entreprises, institutions… Peu importe l’objet et la destination des films que vous avez tournés sur pellicule, à titre professionnel ou amateur, ils font partie de la mémoire audiovisuelle de la région. L’association MIRA organise leur collecte à la Cour des Boecklin de Bischheim (16/10, de 10h à 12h30). Après restauration et numérisation par la Cinémathèque régionale numérique, ils entreront dans les collections et seront accessibles à tous sur son site internet. # A.S.