24/11/2017 Urban Street Art

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URBAN STREET ART Actualité internationale de l'art urbain

Monde : Défendre les droits de la femme sur les murs Par Michel Fily, le 24 novembre 2017

Inégalités, harcèlement, viols, violences au sein du couple… Les femmes sont victimes de nombreux crimes, partout dans le monde et aussi en Europe. « Une


femme a été tuée tous les trois jours par son partenaire ou ex-partenaire en 2016″. Ce sont les premiers chi res qui ressortent de l’étude annuelle menée par la Mission interministérielle de l’observatoire national des violences faites aux femmes, publiés cette semaine. »Parmi les 109 femmes victimes de leur partenaire, 30 (soit 27,5 %) étaient des victimes connues soit par les forces de l’ordre, soit par leur entourage, de violences de la part de l’auteur de l’homicide », précise le rapport.

88 pour cent des victimes de violences entre partenaires en France sont des femmes. Les rubriques « faits divers » des journaux débordent d’exemples : « Une femme dans le coma, après des violences conjugales », « Cette fois, en plus des coups, il a rasé la tête de sa compagne », « Manifestation contre les violences machistes: 38 femmes tuées en Belgique en 2017″… Aux États-Unis, Cyntoia Brown, esclave sexuelle victime d’un tra c sexuel, est condamnée à la prison à vie pour s’être défendue et avoir réussi à tuer l’homme qui la retenait. Treize ans seulement après son incarcération, des célébrités américaines se mobilisent pour elle et une pétition a été lancée… Le Street Art s’est exprimé partout dans le


monde, au travers de Street Artistes femmes, mais pas seulement, pour défendre la cause des femmes et dénoncer les crimes dont elles sont victimes.

En France, en 2016, le commando féministe « Ils nous tuent » a sévi, bombes en main, à Paris pour dénoncer les féminicides et tenter de parler au nom des victimes. A sa tête, Pauline Arrighi, militante féministe et créatrice du Tumblr « Je connais un violeur ». Sur le bitume et les murs de la capitale, des visages de femmes aux pochoirs, accompagnés de textes courts pour dénoncer et montrer l’horreur : « Tu étais violent, je t’ai quitté, était-ce une raison pour me tuer ? ». Mais aussi les visages des victimes et leurs noms, pour qu’elles ne disparaissent pas derrière les statistiques. « Notre idée est de rendre la parole à ces femmes et de montrer pourquoi elles ont été tuées, de leur propre point de vue », expliquait Pauline Arrighi.


La gra euse brésilienne Panmela Castro, alias Anarkia Boladona, qui consacre son art de la rue à la défense des femmes face au machisme et aux violences conjugales, a reçu plusieurs prix internationaux pour des oeuvres réalisées au Canada, en Allemagne, en Australie, à New-York, mais aussi en Colombie et en Turquie. Elle a participé à une table-ronde au siège de l’ONU sur la violence domestique, lors de la Journée internationale de la Femme, en 2016. Pour cette journée du 8 Mars, en 2013, l’artiste avait réalisé une fresque, à deux pas du Secrétariat à la condition féminine au centre de Rio de Janeiro, représentant une femme couchée, charnue, versant des larmes de sang, dans ses cheveux l’on peut lire « Dénonce le ». « Tous les jours, de nombreuses femmes meurent victimes de la violence domestique dans le monde… Je me sert de l’art comme d’une arme paci que et d’un instrument de transformation culturelle pour lutter contre le machisme », avait-t-elle expliqué après cette création. Avec son réseau Nami, Anarkia Boladona a travaillé plusieurs années dans les favelas de Rio « pour ouvrir les yeux des femmes sur leurs droits » et « dénoncer les violences dont on est victime, pas seulement physiques mais aussi psychologiques ». « Une seule raison devrait motiver tout le monde, et c’est de savoir que toutes les 2 heures des femmes meurent dans le monde juste parce qu’elle sont femmes et que leurs assassins sont des personnes connues et qui vivent dans la même maison qu’elles », dénonçait l’artiste.

Depuis 2014, le projet « Women’s Forum Street Art Project« , organisé par le « Women’s Forum for the Economy and Society« , oeuvre à promouvoir et valoriser les femmes dans le domaine de l’art. Il permet ainsi de voir l’art comme un mouvement d’émancipation et organise de nombreuses performances


réalisées par des femmes artistes. A Londres, le « Femme Fierce, Female Street Art Festival » réunit chaque année des centaines de gra euses avec, en toile de fond, la lutte contre les violences faites aux femmes.

A Milan, en Italie, un mur de la rue De Amicis est devenu le « Wall of Dolls« . Une vingtaine de Street Artistes y ont suspendu des dizaines de poupées, données par les compagnies italiennes et par les habitants de la ville, pour exprimer leur solidarité avec les femmes victimes de violences. Ce remarquable projet a été initié par l’association « WeWorld Intervita« , qui milite pour le droit des femmes.

L’artiste australienne Vexta réinterprète les éléments du féminin en rejetant les archétypes caricaturaux de la culture moderne machiste – les bimbos dénudées et hypersexuées des publicités – pour tenter de faire exister par son art la femme au coeur du monde contemporain. Elle travaille aujourd’hui à New York et est considérée comme l’une des principales Street Artistes femmes.


En Colombie, bravant sa peur des dangers, Nandy Mondragon dé e le sexisme, les idées préconçues sur le genre et la race, et combattre la violence contre les femmes. Elle a e ectué ses portraits de femmes dans les quartiers les plus mal famés de Bogota, Medellin et Cali : « En tant que femme, on vous dit de ne pas vous promener seule, d’avoir toujours un homme à vos côtés. Imaginez-vous sortir tard le soir en tant que femme pour peindre ici… Je peins principalement des femmes afro à cause de la question de la discrimination raciale, qui m’a ecte beaucoup», a expliqué Nandy Mondragon. Ailleurs dans le pays d’autres gra euses ont récupéré des espaces urbains négligés pour dénoncer et prévenir à travers leur art les crimes violents, y compris la violence sexiste, comme les Street Artistes vénézueliennes Erre et Melissa Vasquez Aristizabal.


Shamsia Hassani, première afghane Street Artiste, est née en Iran, puis revenue dans le pays de ses parents pour poursuivre des études d’arts plastiques. Elle y est devenue une

gure du féminisme. Elle crée ses oeuvres sur les murs de Kaboul et

les partage sur Internet : des portraits de femmes afghanes, parfois résignées, parfois frondeuses.


Certains Street Artistes hommes tentent eux aussi de promouvoir la cause féminine. Ainsi, le gra eur britannique originaire du Ghana Neequaye Dreph Dsane décidait en aout dernier de célébrer les femmes noires de sa communauté. Des femmes anonymes mais qui oeuvres pour leur congrégation, dont il a peint des portraits gigantesques sur les murs de Londres.

Ci-après une liste non exhaustive des autres femmes Street Artistes dans le monde : Lady Aiko, Dizi Alex, Tamara Alves, Christina Angelina, Magdalena Anopsy, Deity Art, Aristizabal, Nour Ayyed, Jilly Ballistic, Kass BauBô, Lexi Bella, Ra aella Bertolini Artist, Shab Bikwak, Petra Branke (MrsMerlinnullnullsieben), Btoy, CBloxx, Kristina Cyr, Joshila Dhaby, Juliette Delorme, Clarabelle Dickens (Binty BInt), Dndinzzz, Christine Eye, Jessica Faccini (La Yes), Faith 47, Mish Fit, Final Girlgraf, Viktoria Georgieva (mouse mouse), Vinie Gra iti, Baby Guerilla, Maya Hayuk II, Box Head, Ruby Heart, Herakut crew, Indie 184, Issa Abou-Issa, Lisa Moldau Illustrxn, Kashink, Dee Kay (Decay dk), Anna Laurini, Artist Shana Layzell, MadC, Johanna Magloire, Dabs and Myla, Amara Muñoz, Alice Pasquini, Lady Pink, Annabelle Tattu Perso, Hoshiko Rakugaki, Rosyone Red, Noba Rodríguez, Anna Rootes, Fiorela Silva, So es, Saki Somi, Stoul, Neonita Le Sueur, Jessy Monlouisds Doudoustyle, Swoon, Miss Tic, Sophie UrbanArtist (Soph), Miss Van, Marie Williams (Kazilla), Caz Miqui Onestop Wood, Zabou… #streetarturbain #urbanstreetart #streetart #gra

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