HippiK numérique numéro 1

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Le monde des courses comme vous ne l’avez jamais vu

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Hippi

Version numérique # 1 - 19/06/2014

GRéGoRy BENoIsT

« J’ai dû prendre des chemins de traverse » Le magnifique vainqueur du Prix de Diane sort de l’ombre.

AVENIR CERTAIN vue par Jean-Claude Rouget

Avec TRÊVE au Royal Meeting d’Ascot < C’EST Déjà DEmain >

he c n a Dim Règlement de

comptes à Vincennes


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Hippi

Edité par Panoramic Communication Images Investissements Gérant : Guy Bidorini Adresse : 34, rue Kléber 92300 Levallois Perret Tel : 0177635594 contact@hippik-mag.fr

TOUR DE PISTE par

Directeur de la publication : Eddy Eyrignoux e.eyrignoux@hippik-mag.fr redaction@hippik-mag.fr

Eddy Eyrignoux

La renaissance

Réalisation : Stéphane Désenclos Ont participé à ce numéro : Guy Mislin, Ludovic Vrac, Sylvain Dupuis, Jérémy Kinot

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lus d’un an a passé depuis la sortie en kiosque du dernier numéro de Hippik. Depuis, il n’y a pas eu un jour sans, que l’on me demande des nouvelles de ce magazine créé pour partager notre amour du monde hippique, en vous proposant un regard passionné. Courrier, mail, témoignages reçus dans les hippodromes… Tout a été fait pour que demeure, dans un coin de notre tête, cette envie folle de faire renaître Hippik. Et nous avons fini par craquer. Dans sa version numérique, Hippik se veut plus près de l’actualité, collé aux événements, particulièrement intéressants à cette période de l’année. Nous avons voulu aller encore plus loin en sortant un nouveau numéro chaque semaine. Ce qui ne nous empêchera

Relecture : Guy et Marc Bidorini Photos : Panoramic, Federico Pestellini, Michael Baucher, sauf mention spéciale Magazine exclusivment disponible en version numérique Toute reproduction ou utilisation des textes et photos sans autorisation sont interdites.

pas parfois ne nous échapper de l’exigence de l’actualité pour développer des sujets en profondeurs. Si les hippodromes sont en pleine mutation, pour devenir de véritables fabriques à spectacles, c’est vous qui êtes notre principale source d’inspiration et d’information. Ce magazine, c’est avant tout le votre. Notre volonté est de vous donner la parole. Entraîneurs, jockeys, éleveurs, spectateurs (on préfère ce mot à parieurs…), connus, inconnus… Vous faites les courses, vous serez dans Hippik.

N’hésitez pas à nous écrire, envoyer vos photos, crier votre bonheur ou pousser un coup de gueule, en écrivant à redaction@hippik-mag.fr.

Jour de fête à Chantilly

Dimanche 15 juin, plus de 30 000 personnes assistent à la victoire d’AVENIR CERTAIN dans le Prix de Diane.

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< ZOOM >

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AU SA MARCH Mer, Vinc s

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AUT DU LIT s’étend de tout son long dans le Prix du Boulonnais, mais n’empêchera pas GOLD (G. Clouet) de s’adjuger la victoire (il finira 6ème). Six mois après sa lourde chute à Cagnes-surcent Cheminaud, plus jeune vainqueur du Grand Steeple Chase de Paris, poursuit de son côté sa belle ascension. Rendez-vous avec lui dès le prochain numéro pour une interview exclusive.

< SOMMAIRE > # 06

Reportage

Dans les pas de TRêVe au Royal Meeting d’Ascot

# 08

Entretien exclusif

Grégory Benoist : « J’ai changé de statut »

# 16

L’essentiel du trot

Règlement  de comptes  à Vincennes

< ET AUSSI >

P.10 : Guy Mislin en liberté P.12 : un Prx de Diane sous le signe de l’émotion P.14 : AMOUR A PAPA, pas là par hasard P.18 : l’actu hippique P.22 : Histoire Hippik # 1

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< REPORTAGE >

Royal Meeting d’Ascot

THE FUGUE éteint TRÊVE Partie écrasée à la cote, la Française TRÊVE s'est de nouveau inclinée dans les Prince of Wales Stakes, groupe 1 sur 2000m, ne pouvant faire mieux que 3ème, laissant la vedette à THE FUGUE, montée par William Buick.

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our son premier voyage hors de France, la championne de Criquette Head, qui avait tellement impressionné lors de sa victoire dans l'Arc de Triomphe, n'a pas montré la même accélération qu'à l'automne dernier. Montée à l'arrière garde par Lanfranco Dettori, elle a fait illusion dans la ligne droite sans pou-

voir inquiéter la très bonne THE FUGUE, lauréate l'an dernier des Yorkshire Oaks et des Irish Champion Stakes. L'élève de John Gosden devançait le O'Brien MAGICIAN, vainqueur en novembre dernier de la Breeder's Cup Classic. Déjà battue de justesse par CIRRUS DES AIGLES dans le Ganay à l'issue d'une formidable Soyons franc : TRÊVE (montée par Lanfranco Dettori) a déçu.

ligne droite, TRÊVE a donc subi une nouvelle défaite et l'on peut se demander si la fille de MOTIVATOR n'a pas du mal à digérer son duel avec le hongre de Corinne Barande-Barbe à Longchamp... Selon Criquette Head, il est possible que la jument soit désormais plus à l’aise sur 2400m que sur 2000m. KINGMAN SUR LES TRACES DE FRANKEL Le meeting, auquel assistait comme de coutume la Reine Elisabeth II avait démarré mardi par le succès attendu dans les Queen Ann Stakes de l'excellent miler TORONADO qui allait venir à bout du O'Brien VERRAZANO et du Français ANODIN, qu'Olivier Peslier avait toujours maintenu près des animateurs. L'autre grand moment de la journée de mardi était constitué par le match au sommet entre les deux premiers des 2000 Guinées anglaises dans les St James Palace Stakes. A la surprise générale, à Newmarket, NIGHT OF THUNDER avait fait toucher les épaules au grand favori KINGMAN, compagnon de couleur d'un certain FRANKEL Depuis, KINGMAN avait remis les pendules à l'heure en enlevant les 2000 guinées irlandaises. Sur le mile d'Ascot, le fils d'INVINCIBLE SPIRIT, a pulvérisé ses adversaires au prix d'une accélération exceptionnelle s'imposant de 2 longueurs un quart devant NIGHT OF THUNDER qui avait mené les débats dès la sortie des stalles. Le O'Brien OUTSTRIP se classait bon 3ème. Ce KINGMAN s'annonce vraiment comme un miler hors pair ! Les King Stand Stakes, réservés aux bolides de 3 ans et plus sur les 1000m ligne droite, sont revenus à SOLE POWER, entraîné par E.Lynam et monté par Richard Hughes, devant STPPER POINT et HOT STREAK. Quant à Lanfranco Dettori, il remportait sa première course du meeting dans les Coventry Stakes avec le 2 ans THE WOW SIGNAL. Jeudi, les sportsmen britanniques ont vibré pour le point d'orgue du meeting, la Gold Cup, groupe 1 sur 4000m, dont LEADING LIGHT, élève d'Aidan O'Brien et monté par son fils, était le favori. Nous reviendrons sur cette course enlevée quatre années de suite (2006 à 2009) par le légendaire YEATS, autre pensionnaire du sorcier irlandais.

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Lancée par MAGICIAN à 300 mètres de l’arrivée, THE FUGUE (William Buick) ne laisse aucune chance à ses adversaires, dont TRÊVE, qui n’est jamais apparue en mesure de lui résister.

Un dress code très strict

A côté du Royal Meeting d’Ascot, le prix de Diane fait figure d’enfant de cœur. Si Chantilly reste un véritable temple de l’élégance en ce jour de juin, le plus célèbre hippodrome anglais, réputé pour son meeting organisé chaque année (sur quatre jours) sous les yeux de la famille royale a mis en place un « dress code » à faire pâlir de jalousie Ségolène Royale. Les Anglais ont été bien plus loin que le code vestimentaire imposé par la patronne de l’écologie dans son ministère. Bibis, débardeurs, mini-jupes, robes bustier et bretelles de soutien-gorges sont bannis de la garde-robe de ces dames. Les femmes n’ont le droit de porter que des jupes au minimum taillées sous le genou et des chapeaux avec une base de 10 centimètres minimum. La veste de costume noire ou grise, portée sur une chemise nouée d'un noeud papillon, est imposée chez les hommes, dont les chapeaux ("encouragés") ne devront pas comporter "de rubans ou de bandes de couleur". Survêtements, jeans, shorts et cravates sont bien sûrs interdits dans l'espace Royal Enclosure, mais quand même tolérés dans la catégorie Silver Ring, moins formelle. Chaque année, environ 300 000 visiteurs se rendent sur l’hippodrome d’Ascot.

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< IntERVIEW ExClUSIVE >

Grégory Benoist : « Po prendre les chemins

Avec 20 centimètres de plus, Grégory Benoist serait peut-être à la Coupe du Monde au côté d’Eden Hazard pour défendre les couleurs de la Belgique. Mais le destin en a décidé autrement et, celui qui aurait pu devenir footballeur professionnel, est devenu un grand jockey, malgré son mètre cinquante-sept. Sa victoire dans le Prix de Diane (voir page 12) a changé son statut. PAR StéPHAnE DéSEnCloS

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u lieu de gagner le Prix de Diane, tu aurais pu être au Brésil pour jouer la Coupe du Monde… (Rires) Je ne suis pas Eden Hazard ! Non, mais plus jeune, tu aurai pu embrasser une carrière de footballeur professionnel… A l’époque, c’est vrai que c’était ma deuxième passion. Au moins autant que l’hippisme. A l’âge de 12 ans, j’avais déjà gagné beaucoup de trophées, j’avais une certaine facilité. J’avais d’ailleurs rejoint une bonne équipe de la banlieue de Bruxelles, Auderghen, et lors d’un tournoi, j’ai été contacté par des recruteurs qui me demandaient d’intégrer l’école de foot du RWDM (école de foot du Racing White Daring de Molenbeek, club de foot de Bruxelles, très réputée à l’époque)… Au même moment, j’avais la possibilité d’intégrer l’école du Mou-

lin à Vent à Chantilly (Ecole des courses hippique de Gouvieux, près de Chantilly, référence absolue en la matière). Un sacré dilemme, non ? C’était difficile de choisir. Mais j’ai une mère très intelligente qui a pris la bonne décision. J’ai passé des radios du poignet et du dos et les médecins ont été formels : ma taille adulte ne dépasserait pas 1,60m. A partir de là, le choix a été vite fait. Il n’y a pas de footballeurs professionnels qui font cette taille là. Même Mathieu Valbuena, fait 1,69m… Messi mesure 1,71… Mais ces radios servaient aussi à savoir si je n’allais pas faire 1,80m plus tard… Elles m’ont doublement aidé à choisir. Et ce choix, tu ne l’as jamais regretté ? Si bien sûr, au cours de mon adolescence forcément un peu… A cet âge, le milieu du foot est beau-

coup plus attractif que celui de l’hippisme. A chaque fois que j’allais dans un stade voir un match, j’y pensais. A quel âge ces regrets sont-ils partis ? A 18 ans. Quand j’ai fini de grandir et que j’ai su que j’avais fait le bon choix. Il m’arrivait de continuer à jouer au foot, avec des copains dans des petits tournois, et je me suis vite rendu compte que face aux joueurs d’un mètre quatre-vingt, je ne faisais pas le poids ! Un coup d’épaule et je volais à l’autre bout du terrain… Revenons sur l’Ecole du Moulin à Vent. Comment as-tu vécu ton apprentissage ? Pas toujours très bien… Quand tu as 14 ans, tu n’as qu’une envie, c’est partir de chez toi. Au début, tu profites, tu es avec tes copains, sans les parents… Mais dès que les premiers moments diffi-

« AVENIR CERTAIN, C’est la jument de ma vie. Une jument exceptionnelle, comme il en existe peu. Elle a tout pour elle. Tout d’une grande pouliche. Elle a notamment un mental d’acier»

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our y arriver, j’ai dû de traverse » ciles arrivent, au bout de quelques semaines, tu as envie de retrouver tes parents, de te réconforter au près de ta mère. Mes parents habitaient à Bruxelles, l’école était déjà assez chère et ils n’avaient pas les moyens de payer le transport toutes les semaines. Alors je rentrais chez moi un week-end tous les deux mois. Et tu n’as jamais eu envie de lâcher ? Si, une fois, mais plus tard, vers 22-23 ans… J’avais commencé ma carrière, cela s’était plutôt bien passé, j’ai perdu ma décharge assez rapidement, puis c’est devenu plus compliqué. Je ne montais plus de chevaux intéressants… les résultats n’étaient plus là… A ce moment-là, je n’ai pas fait ce qu’il fallait et j’ai coulé, sans que personne n’ait besoin de m’appuyer sur la tête. C’est mon beau père qui est venu me voir et qui a trouvé les mots pour me parler.

« à 12 ans, j’ai dû choisir entre l’hippisme et le foot. Un choix que j’ai souvent regretté avant de savoir que c’était le bon, à l’âge de 18 ans.» Qu’est-ce qu’il t’a dit à ce moment là ? Il m’a dit que dans la vie, rien n’arrivait sans le travail. Que pour atteindre ses objectifs, il fallait redoubler d’efforts. travailler, travailler ! C’est ce que j’ai fait. Je me suis dit que quand on n’est pas Christophe Soumillon , que l’on n’a pas la chance d’être surdoué, il fallait emprunter des chemins de traverses pour y arriver. A force de travail et de courage. Ce discours a tout changé pour toi ? A partir de ce jour là, j’ai tout recommencé à zéro. J’ai énormément travaillé, avec des petits entraineurs, qui me faisaient beaucoup monter, dans toute la France. Ils m’ont poussé à aller au fond de moi. toutes les courses étaient bonnes à prendre, tous les chevaux que l’on me demandait de monter… C’est grâce à eux que je suis devenu ce que je suis aujourd’hui. Depuis combien de temps estimes-tu avoir atteint ton but ? Ça fait 4 ou 5 ans maintenant. Depuis que je monte régulièrement des bons chevaux, que je gagne des courses. Cette victoire dans le Prix de Diane, elle change quoi ? Beaucoup de chose. Elle prouve que je suis capable de gagner une grande course avec une favorite. les gens avaient besoin de le voir pour le croire. Je ne suis plus un petit jockey qui gagne des courses, j’ai senti dans le regard des autres que ça avait changé. Finalement, en te faisant faire ces radios quand

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tu étais jeune, ta mère a changé ton destin… J’ai eu cette chance. tout au long de ma carrière, de mon évolution en tant que jockey, mes parents ont toujours été derrière moi, sans me juger. Aujourd’hui, ils sont très fiers. très fiers de m’avoir aidé à devenir ce que je suis. Parle nous un peu d’AVENIR CERTAIN… C’est la jument de ma vie. Une jument exceptionnelle, comme il en existe peu. Elle a tout pour elle. tout d’une grande pouliche. Elle a notamment un mental d’acier. Pouvoir monter une telle jument, c’est un privilège. Aujourd’hui, quel est votre avenir proche à tous les deux ? Personnellement, je vais monter à Deauville. Mais je ne pense pas que je remonterai tout de suite des pouliches de cette qualité dans des grandes courses. Pour AVEnIR CERtAIn, c’est un peu la même chose. on va la revoir certainement au début du mois de septembre pour préparer l’Arc de triomphe. C’est notre prochain objectif à tous les deux. Un peu de repos en pleine Coupe du Monde, pour

un fan de foot comme toi, ça tombe bien… (Enthousiaste) Maintenant, je vais pouvoir kiffer la Coupe du Monde ! Et suivre les Diables Rouges (surnom de l’équipe nationale de Belgique) qui font de beaux outsiders… J’adore cette équipe et je pense sincèrement qu’elle peut faire quelque chose dans cette Coupe du Monde. Ça fait depuis 1994 et un quart de finale perdu contre les Allemands qu’on attend les Belges en Coupe du Monde. Avec cette équipe aujourd’hui, tout peut arriver. Elle est composée de grands joueurs dans toutes les lignes, avec un n°10 exceptionnel (ndlr : Eden Hazard). Pour réussir, il faut au moins un grand joueur comme ça par équipe... Je suis à fond derrière eux et j’espère qu’ils vont aller loin. En tant que champion belge de haut niveau, tu as déjà approché les Diables Rouges ? non, je n’ai pas eu cette chance. Si tu gagnes l’Arc de Triomphe, cela pourra sans doute s’organiser… oui, qui sait…

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< Guy Mislin EN LIbERTé. >

Journaliste professionnel, disciple du regretté André Théron avec lequel il était très lié, Guy Mislin n'a cessé depuis plus de quarante ans, même si sa carrière l'a quelques fois éloigné des hippodromes, de nourrir une immense passion pour les chevaux de course. Cette passion, il vous la fait partager. HIPPIK lui a donné carte blanche

Remettre à plat le programme classique Il y a deux ans, à peu près à la même époque, je publiais dans « Paris Turf » un point de vue intitulé « Plaidoyer pour le vrai Jockey-Club ». Je lançais un pavé dans la mare de France Galop, et provoquais pas mal de vagues. Deux ans plus tard, le débat reste aussi vif, n'en déplaise à ceux qui souhaiteraient que cesse la polémique sur le raccourcissement de l'ex-derby cantilien. La victoire de l'Anglais THE GREY GATSBY et les malheurs de PRINCE GIBRALTAR au début du mois me laissent circonspect...

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e persiste et signe : en réduisant sa distance de 2400 à 2100m, France Galop a dénaturé le Jockey-Club. L'Institution, et notamment Edouard de Rothschild et ses affidés, a même commis une faute grave pour l'avenir de la sélection classique. On a ainsi supprimé du calendrier le Prix Lupin (2100m), dernier groupe 1 préparatoire à l'ancien Jockey-Club, et déprécié au fil des années les autres poules de produits. Les Prix Noailles et Greffulhe n'intéressent plus personne. Le Noailles a même subi les foudres de l'European Pattern Committee qui l'a rétrogradé en groupe III ! Cinq partants seulement cette année dans le Noailles, autant que dans le Greffulhe, et c'est un hongre, le bon GAILO CHOP, privé donc de Jockey-Club, qui l'a emporté... L'an dernier, on s'était un peu vite enflammé sur le succès, probant il est vrai, du Werrthermer INTELLO à Chantilly. Son retour sur le mile du Jacques le Marois était bien la preuve que le Jockey-Club n'était plus une course préparant les chevaux à la distance classique. HURRICANE RUN, 2ème très malheureux battu par un miler lors de la première édition de la « réforme » en 2005, est toujours le seul poulain issu du Jockey-Club à avoir remporté l'Arc de Triomphe ! 5 MILERS SUR 10 AU PALMARES ! Le palmarès de l'épreuve cantilienne, que l'on ne peut plus appeler « derby », est d'ailleurs éloquent puisque cinq vainqueurs sur dix sont des milers : SHAMARDAL (2005), LAWMAN (2007), LE HAVRE (2009), LOPE DE VEGA (2010), INTELLO (2013). Si ce dernier a fini 3ème de l'Arc l'automne dernier, sur sa classe, il a tout de même été dominé par TRÊVE, qui venait de survoler le Vermeille sur 2400m et par le Japonais ORFÈVRE, autre spécialiste de la distance... En vérité, la Poule d'Essai des Poulains est désormais le vrai tremplin vers le Jockey-Club ! On croit rêver ! Or, quand on sait que l'EPC a la Poule d'Essai dans le collimateur, on peut être inquiet sur le devenir de toutes nos courses de groupe. KARAKONTIE et PRINCE VENDOME ne vont pas arranger les choses... Au train où cela va, le Jockey-Club lui-même ne risque-t-il pas à plus ou moins longue échéance de se voir rétrogradé ? Comment expliquer que l'an dernier aucun des trois premiers de Chantilly n'était au départ du Prix Niel, dernière

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Le 1er juin, Ryan Lee Moore (à la corde), remporte le Prix du Jockey Club sur THE GREY GATSbY.

préparatoire à l'Arc, sur 2400m ? Comment expliquer que le seul poulain depuis HURRICANE RUN, entraîné en France (RAIL LINK) à avoir remporté l'Arc n'avait pas couru le Jockey-Club mais venait de remporter le Grand Prix de Paris sur 2400m et le Prix Niel sur la même distance ? UNE INCOHERENCE TOTALE ! Hervé Morin, ancien ministre de la Défense, est-il autorisé à qualifier de « nulle » la polémique sur la distance du Jockey-Club ? Sans doute parce que son poulain LITERATO, 2ème à Chantilly en 2007, puis miler allongé, a ensuite enlevé les Champion Stakes sur 2000m ! M. Morin n'est pas plus autorisé à juger du bien fondé ou non de la réforme Rothschild qu'un Jean-Louis bouchard, deux fois vainqueur du vrai Jockey-Club avec CELTIC ARMS et RAGMAR, et qui affirme « qu'on a détruit en un an ce qui avait été construit en plus de 150 ans », qu'un Freddy Head, ancien grand jockey et grand entraîneur qui estime que le derby cantilien est devenu une « bouillie de course où tout peut arriver », qu'un Patrick Champion, propriétaire-éleveur, ancien membre du Comité de France Galop et du Conseil du Plat qui crie au « sabordage » : « Nos voisins britanniques n'ont pas défait leur programme classique. Ils l'ont au contraire intégralement maintenu avec un derby et des Oaks sur 2400m et l'on voit leur force de frappe aujourd'hui.(...) Notre programme classique était parfaitement agencé et la « maison mère » a réussi l'exploit de le saborder complètement ».

Qu'on ne s'étonne pas non plus que l'Allemagne ou le Japon, voire l'Australie, travaillent de mieux en mieux leur sélection classique et l'on comprendra que la crédibilité de nos plus grandes courses pour poulains soit sérieusement atteinte. Autant le programme classique des pouliches à 2 et 3 ans ne souffre aucune contestation, autant celui des poulains est incohérent. Et cela commence déjà à 2 ans, comme le rappelle Patrick Champion, avec un Grand Critérium couru sur « le toboggan des 1400m de Longchamp », alors que celui des pouliches se dispute sur les 1600m de la grande piste ! A 3 ans, on l'a vu, sans le Prix Lupin, les poules de produits ne servent plus à rien. Voilà deux ans donc que la sonnette d'alarme a été tirée. Je n'ose pas croire qu'à France Galop, on s'intéresse de plus en plus désormais aux courses d'autruches...

Le plus beau des spectacles

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omment ne pas aimer le sport hippique après le fabuleux duel que se sont livrés l'incroyable CIRRUS DES AIGLES et sa cadette TRÊVE le 27 avril dernier sur la ligne droite du Prix Ganay à Longchamp ? Qu'un nez ait séparé le valeureux hongre de 8 ans de la meilleure jument du monde n'est qu'anecdotique au regard de l'immense moment de grand sport auquel nous avons assisté. De même comment ne pas s'enthousiasmer devant le formidable mano à mano entre le jeune STORM OF SAINTLY et le chevronné SHANNON ROCK, sur les gros obstacles du Grand Steeple Chase de Paris ! Quand le galop français offre de tels spectacles on ne peut qu'en redemander encore et encore car seuls ces instants magiques servis par des chevaux de cette classe feront que nos hippodromes se rempliront de nouveau. A condition que l'Institution sache promouvoir son spectacle auprès du grand public, et notamment auprès de ceux qui n'ont pas encore découvert le monde des courses, ou qui ne le connaissent qu'en en allant apporter leur obole au PMU. Les courses, ce n'est pas que le quinté ou les handicaps-loterie,même si ces derniers permettent aux premières de vivre et si les chevaux qui les composent méritent autant de respect que les champions. Présenter en course des chevaux capables d'attirer les foules, cela passe aussi par un élevage de qualité et un programme classique digne de ce nom. On finirait par oublier que la renommée des courses, leur attrait, leur magie parfois, sont dûs aux exploits de cracks authentiques qui font vibrer les sportsmen jusqu'à leur donner des frissons. Il y a chez ces chevaux hors du commun la puissance de véritables athlètes mais aussi la beauté et la noblesse des artistes récitant sans fausses notes leur répertoire classique... Les Anglais les collectionnent. Ce n'est pas un hasard si 100.000 spectateurs remplissent chaque année les tribunes d'Epsom, d'Ascot ou de Cheltenham... C'est pour toutes ces raisons que nous aimons les courses avec passion !

Exceptionnel final dans le Prix Ganay, entre CIRRUS DES AIGLES (au second plan, monté par C. Soumillon) et TRÊVE (L. Dettori)

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< ON Y éTAIT >

PRIX DE DIANE, sous  le signe de l’émotion On n'est pas près d'oublier le Prix de Diane 2014, 165ème du nom ! D'abord pour la formidable impression laissée par AVENIR CERTAIN la bien nommée, dont l'accélération en 200 mètres fut foudroyante, ensuite parce que cette prestigieuse épreuve fut marquée sous le signe d'une grande émotion.

même l'invaincue AVENIR CERTAIN, brillante lauréate de la Poule d'Essai des Poulains, SHAMKALA, qui venait de survoler le Cléopâtre, la régulière XCELLENCE, MISS FRANCE, reine de Newmarket, ou encore la Wertheimer BAWINA.

UN CERTAIN AVENIR

é

motion de Jean-Claude Rouget, mentor de la lauréate, qui éclata en sanglots dans les bras du co-propriétaire d'AVENIR CERTAIN, Antonio Caro, tellement la tension avait été forte. Emotion aussi lorsque la jolie « Cendrillon » du peloton, AMOUR A PAPA, elle aussi bien nommée, s'est installée en dauphine de la gagnante, pour le plus grand bonheur de Jean-Yves Artu qui l'a élevée, la possède et l'entraîne ! Un véritable amour à papa Artu qui, dans l'euphorie ambiante et le concert de louanges à l'adresse de sa protégée, a du sentir son cœur se serrer. Nathanaëlle, sa

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fille chérie, grand espoir chez les jockeys, trop tôt disparue, aurait été si heureuse en ce dimanche de juin... Seules ces épreuves de prestige sont en mesure de nous offrir de tels spectacles et de telles émotions, de ces émotions qui font aimer les courses hippiques. Les Anglaises, déjà battues par la Française MISS FRANCE dans les Guinées, ayant décliné la lutte, le plateau de ce Prix de Diane était tout de même frappé du sceau de la classe. Il ne manquait que la belle WE ARE, gagnante du Saint-Alary, forfait pour cause de forme aléatoire. On y retrouvait tout de

A l'entrée de la ligne droite, on ne donnait pas cher des chances d'AVENIR CERTAIN, encore bien loin. Et puis, suivant AMOUR A PAPA, lancée à l'extérieur, AVENIR CERTAIN soutenue par un Grégory Benoist en état de grâce, plaçait une accélération dévastatrice en 200 mètres et déposait toutes ses adversaires dans un style impressionnant ! AMOUR A PAPA confirmait ses progrès (elle venait de finir 2ème de SHAMKALA à Saint-Cloud) pour prendre la deuxième place à une longueur de la gagnante, XCELLENCE terminant 3ème devant la favorite SHAMKALA, moins tranchante qu'en dernier lieu. Impossible de ne pas associer à ce magnifique succès d'AVENIR CERTAIN, Gérard Au-

gustin-Normand, son copropriétaire. La championne est fille, en effet, de son remarquable étalon LE HAVRE, vainqueur du Jockey-Club 2009. Miler allongé pour l'occasion, LE HAVRE s'affirme comme un excellent reproducteur, mais à l'instar de Jean-Claude Rouget, un doute était permis quant à la tenue d'AVENIR CERTAIN. L'entraîneur palois eut un commencement de réponse en remontant le pedigree de la championne. Il eut une réponse éclatante ce dimanche 15 juin 2014 à Chantilly ! Tiendra-t-elle 2400m comme d'autres lauréates récentes du Diane, TREVE ou autres ZARKAVA ? Quoiqu'il arrive dans les prochains mois, la fille de LE HAVRE, invaincue en cinq sories, vient de se construire une sacrée carte de visite en réalisant le fabuleux doublé Poule d'Essai-Diane ! Avant elle, il y eut ces dernières années, DIVINE PROPORTIONS (2005), ZARKAVA (2008), GOLDEN LILAC (2011). De quoi rêver, non ? Guy MISLIN

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Jean-Claude Rouget : « Je ne lui connais pas de défauts »

Son entraîneur, Jean-Claude Rouget, nous parle de la gagnante du Prix de Diane, déjà lauréate de la Poule d’Essai trois semaines plus tôt.

C’est grâce à un final époustouflant qu’AVENIR INCERTAIN (magnifiquement montée par Grégory Benoist) remporte le Prix de Diane devant des milliers de spectateurs enthousiastes.

Jean-Claude, parlez  nous d’ AVENIR CERTAIN ? C’est une très belle pouliche, elle est relaxe et possède un changement de vitesse incroyable. Elle a fait 5 courses, elle a gagné les 5. Elle n’a jamais été inquiétée… Aujourd’hui, nous ne connaissons pas ses limites et elle possède une souche de tenue dans son pedigree. Pour l’instant, je ne lui connais pas de défauts. Vous avez tout de suite senti ce potentiel exceptionnel ? Ça dépend quand (sourire)… Quand je l’ai débourré, je ne disais pas ça. Mais oui, c’est une pouliche au fort potentiel, on le voit au fur et à mesure que l’on travaille avec elle. Son avenir passe maintenant par le Prix de l’Arc de Triomphe en septembre ? Je ne sais pas… Ce n’est pas une décision que l’on prend à la légère. Déjà, il faut que l’on réfléchisse… Vat-on l’arrêter à 4 ans ou continuer ? On en programme pas la carrière d’une jument de la même façon. Je pense que l'Arc n'est pas vraiment une course pour elle. Je crains qu'elle soit trop allante et qu'elle tire durant le parcours. On  la  verra  à  Deauville  cet  été déjà… Oui, elle va courir à Deauville. Pour le reste, on doit encore réfléchir. Recueillis par S.D.

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< ON Y éTAIT >

AMOUR à PAPA, pas une  surprise pour tout le monde... Personne n’attendait AMOUR A PAPA à la deuxième place du Prix de Diane. Cotée à 30 contre 1, la pouliche de Jean-Yves Artu a créé la sensation en se mêlant à la lutte pour la victoire derrière AVENIR CERTAIN. Cette deuxième place, c’est la victoire d’un éleveur presque anonyme qui élève et entraîne ses pouliches en famille. Et qui a son franc parlé. Par Stéphane Désenclos

Jean-Yves Artu et sa femme lors de la soirée des cravaches d’or.

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uand il se calme et se met à apprécier le temps présent (tout du moins avec le monde extérieur…), JeanYves Artu le concède, « cette histoire, c’est un peu un conte ». Mais attention, il ne dit pas « de fée ». De fée, cet ancien jockey devenu entraineur, puis éleveur, n’en a pas besoin. Pour lui, la deuxième place d’AMOUR A PAPA n’a rien du miracle. Même pas de l’exploit. « On était préparé pour cette course, on voulait même la gagner ! » lâche-t-il, presque par défi. « J’étais même étonné de me retrouver à 30 contre 1, ajoute celui qui a élevé, possède et entraine la pouliche surprise du prix de Diane. C’est toujours la même chose. Il n’y en a que pour les gros… Non, moi je n’ai pas de gros clients, pas de richissimes propriétaires qui me confient leurs chevaux. Je ne suis qu’un paysan, je ne parle pas Anglais… Alors, comme je n’ai pas les moyens d’acheter des chevaux dans les ventes, je fais mon propre élevage, dans ma ferme (ndlr : le haras de Mont-Saint-Léger, situé en Normandie, à Trouville-en-Auge, à côté de Deauville) ». C’est là-bas que AMOUR A PAPA a vu le jour, avec pour père un certain MONTMARTRE, revendu par l’Aga Khan aux haras nationaux et dont Jean-Yves Artu a acheté une part (c’était en 2009, 20 parts avaient été mises en vente). MONTMARTRE, qui avait fait une belle carrière, avant de devoir prendre sa retraite anticipée en raison de problèmes tendineux. AMOUR A PAPA doit son nom à l’amour qui l’a entouré depuis sa naissance. « Dès sa naissance, cette pouliche m'a fasciné. J'en suis tombé amoureux tout de suite. Je l'ai toujours chouchoutée et cela agaçait sérieusement mes enfants, Marie et Damien, qui ne cessaient de répéter en boucle « c'est l'amour à papa ». Alors

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quand il a fallu lui donner un nom, ils m’ont dit « tu n’as qu’à l’appeler AMOUR A PAPA ». Un drôle de nom pour une sacrée pouliche qui n’a certainement pas fini de faire parler d’elle. Sous les ordres de Jean-Yves Artu. « J'ai toujours refusé de la vendre, car c'est mon bébé. Tant pis pour l'argent, j'ai préféré privilégier le coeur. De plus, si vous vous séparez de vos meilleurs éléments, vous ne travaillez plus qu'avec du matériel moyen. Conserver AMOUR A PAPA était également une façon de pérenniser mon élevage encore jeune. Cela dit, parmi mes huit poulinières, j'ai encore sa mère, PRUDENCE ROYALE, et sa propre soeur. Et je ne suis pas plus disposé à les vendre ». Pour l’instant, Jean-Yves Artu se refuse à parler de l’avenir de sa pouliche. « Elle va d’abord se reposer, puis après, ce sera sans doute un programme classique ». Qui l’a conduira vers Deauville ? « Je ne sais pas… » dit-il, agacé par nos questions de journalistes. Il nous explique alors ne pas trop aimer les journalistes, « qui de toutes façons s’intéressent toujours aux gros et pas aux petits éleveurs comme moi (lui) », répètet-il. On lui explique alors que, justement, nous, son histoire nous passionne autant que toutes les autres. Si ce n’est un peu plus même. Il nous dit au revoir presque en s’excusant. Pas question en revanche de s’excuser d’avoir titillé les meilleurs, et failli remporter l’une des courses les plus prestigieuses. « On finit aux fesses de la favorite, pour moi, c’est comme une victoire » insiste-t-il. Une « victoire » en forme de cadeau de fête des pères. Mais pouvait-on attendre autre chose d’une pouliche qui s’appelle AMOUR A PAPA ?

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Le Prix de Diane crée l’évènement

Plus de 30 000 personnes ont assisté au 165ème Prix de Diane à Chantilly. Parmi elles, la célèbre actrice Kate Winslet (Titanic) qui a passionnément suivi la course avec son mari, Red Rock’nroll, ou la sublime Sophie Thalmann, qui aurait aimé assisté à la victoire de son mari, Christophe Soumillon (mais c’est un autre Belge qui a gagné). Dans la foule, on a aussi pu croiser des personnalités aussi diverses que Magloire, Nelson Montfort et Julien Doré (qui a fait un concert pour l’occasion), ainsi qu’Eric Woerth, maire de Chantilly, ancien ministre du budget puis du travail de Nicolas Sarkozy et son épouse.

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< l’ESSENTIEl DU TRoT >

règlement de com S’il y a bien un week-end à ne pas manquer à Vincennes, c’est bien celui-là. Analyse des forces en présence et des enjeux, pour surtout ne rien manquer du meilleur.  PaR lUDovIC vRaC

S

i  l’amérique  constitue  l’événement  majeur  du  calendrier,  le troisième week-end de juin est à mon sens la journée la plus excitante. C’est une revue d’effectif avec un programme  constitué  de  quatre  Gr. I,  un Gr. II et deux Gr. III, où l’on pourra juger chez  les  plus  jeunes  des  progrès  des nouveaux et de la confirmation des plus précoces. les vieux, TIMoKo en tête, auréolé  de  son  succès  dans  l’éllitloppet (voir page 20), viendront se jauger, avec déjà dans la tête janvier 2016. Dans l’ordre du programme, commençons notre revue par le Prix d’Essai, un Gr. I - monté, réservé aux 3 ans. Parmi la liste des engagés, on remarque BUFFalo DE BEYlEv.   le  pensionnaire  d’Hubert  Hardy  n’en

finit plus d’impressionner tant sa capacité  à  tirer  du  train  épuise  ses  adversaires. Cependant, récemment, BoY DU PlESSIS lui a donné la réplique prouvant qu’il pouvait faire un adversaire coriace. Dans ce type d’épreuve, on retrouve inévitablement  les  pensionnaires  de  Philippe  allaire.  BIRD  PaRKER  qui  a dynamité le dernier Saint léger des trotteurs sera d’ailleurs un des favoris. l’autre  atout,  BoMBa,  cette    fois  sage, constituerait  un  des  potentiels  vainqueurs. BaGGIo DU CHÂTElET qui vient de  faire  sa  rentrée  sera  sur  son  parcours de prédilection et pourrait bien offrir  un  nouveau  trophée  à  son talentueux entraineur. BEaUTY TURGoT aura    aussi  son  mot  à  dire  alors  que parmi les néophytes au monté, BooS-

TER WINNER pourrait bien être le Guarato de service. En tout état de cause ce prix d’Essai promet une chaude lutte et tout pronostic est une affaire d’impression. Un René Ballière de haute volée !  TIMoKo redevenu ogre sous la main de Björn Goop devra affronter UlHaN DU val  et  UNIvERS  DE  PaN.  le  premier nommé  reste  sur  un  succès  probant dans le Prix Chambon P tandis que le pensionnaire de Philippe Daugeard revient d’une fructueuse campagne scandinave. Si on peut supposer une lutte à trois pour la victoire, on regardera avec grand  intérêt  le  parcours  d’UN  MEC D’HéRIPRé  qui  pourrait  bien  nous conter une toute autre histoire, car Fabrice Souloy n’a pas son pareil pour pré-

PRIx RENé BallIèRE UN MEC D’Héripré préparé par Fabrice Souloy pourrait bien créer la surprise  UN MEC D’HéRIPRé fait figure d’outsider.

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mptes à Vincennes parer les grands objectifs.  RÊvE  DE  BEYlEv  refleurit  toujours avec les beaux jours, mais il n’espèrera  certainement  pas  plus  que  les quelques miettes de ce festin royal. on  se  remettra  tout  juste  de    cette joute  épique que les partants du prix du Président de la République fouleront le machefer. on ne retiendra de l’édition précédente que le nouveau record de Franck Nivard, 4 victoires successives, dont trois avec des partenaires de l’entrainement de Franck leblanc. Il pourrait d’ailleurs bien espérer en établir un nouveau ici, car la fille de lUDo DE CaSTEllE s’épanouit dans cette discipline du monté. aNNa MIx trouvera sur  son  chemin  Nathalie  Henry  et  À NoUS DEUx. l’opposition ne s’arrêtera pas là, car dans cette génération la hiérarchie    a  été  chamboulée.  aSaNa TREMBlaDaISE  ou  aQUaREllE  DE FaËl ne semblent  plus en mesure de lutter pour la victoire, tandis que d’autres s’affirment. alPHa SalToR, aloa DE la MoRTRIE, al CaPoNE JET ou aIRPoRT seront des prétendants sérieux au podium, à moins que les possibles débutants,  aRlINGToN DREaM ou aRPENT D’oSTal ne brouillent les cartes.

le plat de résistance maintenant, avec le Prix albert viel, qui  sera le théâtre d’une revanche pour BRIllaNTISSIME. En effet, dans le Critérium des jeunes, il semblait prendre la mesure de BIllIE DE MoNTFoRT lorsqu’il est tombé léger et a  pris  le  galop  pour  finir.  Il  souhaitera donc  démontrer que c’est lui le patron de  cette  génération.  attention,  car l’élève de la maison Dauphin a changé physiquement et ces deux dernières victoires ont laissé une grande impression de facilité. BoCCaDoR DE SIMM ne sera pas le spectateur de ce duel, ce poulain puissant sera sûrement plus à son aise sur le parcours des 2 700. C’est à l’évidence un cheval d’avenir. BRUTUS DE BaIllY et BlaCK D’avRIl semblent un peu un ton au-dessous pour le moment.  Il est vrai que les trois autres groupes de la réunion peuvent paraître moins appétissants avant le coup tant la distribution des  4  événements  de  la  journée  est prestigieuse. Nous suivrons néanmoins avec  grand  intérêt  ces  épreuves  car nous pourrions bien retrouver certains des étrangers qui seront au départ durant le meeting hivernal. Une  chose  est  sûre,  Il  va  y  avoir  du sport…

UNIvERS DE PaN et Philippe Daugeard.

al CaPoNE JET (Mathieu abrivard).

AL CApONE JET sera un prétendant sérieux à la  victoire dans le prix  du président de la  république

Le  programme du 22 juin 1ère : prix de Nesles attelés mâles. 2 700 mètres 2ème : prix raymond Fouard attelé - 2700 mètres 3ème : prix d’Essai  Monté - 1175 mètres 4ème : prix Bertrand Deloison attelé - 2850 mètres 5ème : prix rené Ballière attelé - 2200 mètres 6ème : prix du président  de la République Monté 2850 mètres 7ème : prix Albert Viel attelé - 2700 mètres 8ème : prix Xavier de Saint palais Monté - 2175 mètres 9ème : prix de Grasse atelé - 2 700 mètres

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< L’ACTU HIPPIQUE > Derby d’Epson

AUSTRALIA fait rêver O’Brien ! Aidan O'Brien est un sorcier. Déjà recordman  des  victoires  consécutives de groupes 1, l'homme de Ballydoyle se trompe rarement sur la qualité de ses chevaux. Ainsi, avant le  derby  d'Epsom,  il  affirmait  qu'il n'avait  jamais  entraîné  de  poulain aussi talentueux qu'AUSTRALIA. Et pourtant O'Brien avait entraîné son père, un certain GALILEO, qui avait enchaîné derby d'Epsom, irish derby et King George et qui est aujourd'hui un extraordinaire étalon. Le triumvirat de propriétaires qui règne sur Coolmore connaît depuis de nombreuses années une réussite exceptionnelle. En course bien sûr, on ne compte plus les vainqueurs de groupes 1. Les Smith, Magnier et Tabor, servis par un programme britannique équilibré et cohérent, ont choisi l'excellence en matière de sélection classique et leurs étalons-vedettes, MONTJEU et GALILEO, après avoir brillé sur les pistes, n'en finissent plus de leur fournir des cham-

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pions ! Ils ont ainsi permis à leur entraîneurstar, Aidan O'Brien, d'entrer dans la légende en remportant le 7 juin dernier, un 3ème derby d'Epsom d'affilée avec un poulain né de leurs reproducteurs maison, à savoir CAMELOT, fils de MONTJEU, RULER OF THE WORLD et AUSTRALIA, deux fils de GALILEO ! En Angleterre et en Irlande, personne ne se serait hasardé à proposer une réduction des derbies. Les 2400m sont sacrés et c'est au printemps qu'on forge le mental et l'aptitude des poulains à la distance classique. Ce qui n'empêche pas de travailler aussi la vitesse au haras puis en course. Ce n'est pas parce qu'un cheval vient de courir les Guinées sur 1600m qu'on ne l'aligne pas un mois plus tard sur 800 mètres de plus. En France, on a réduit le Jockey-Club pour privilégier surtout la vitesse... On a vu certains chevaux vainqueurs ou placés des Guinées se noyer avant même d'attaquer Tattenham Corner. Ainsi,

DAWN APPROACH, considéré comme un crack en devenir, ne tenait pas plus que le mile, alors qu'un CAMELOT ou un AUSTRALIA, brillants à Newmarket, ont remporté le derby. Sur les 2400m d'Epsom, AUSTRALIA, issu d'une union royale entre GALILEO et la gagnante des Oaks 2004, OUIJA BOARD, a été patiemment monté par Joseph O'Brien, le fils du père, avant de revenir fondre sur un excellent KINGSTON HILL et de le battre d'une longueur et demie, alors que ROMSDAL se classait 3ème. Quel sera le prochain objectif d'AUSTRALIA ? Aidan O'Brien est très tenté par les King George VI and Queen Elisabeth Stakes le 26 juillet plutôt que d'aligner son champion dans l'Irish Derby. Ensuite, le sorcier de Ballydoyle rêve de l'Arc de Triomphe... CIRRUS MATE LES ANGLAIS ! Et un groupe 1 de plus pour le fabuleux hongre de Corinne BarandeBarbe ! Après avoir remporté le Prix

Ganay en avil, le Prix d'Ispahan en mai, CIRRUS DES AIGLES s'est facilement imposé dans la Coronation Cup (2400m) à Epsom, le jour du derby, en devançant sous la poigne de Christophe Soumillon, un autre Français, le Fabre FLINTSHIRE, auteur d'une rentrée remarquable après huit mois d'absence, et l'Anglais AMBIVALENT. Si CIRRUS rentré légèrement blessé d'Epsom va devoir rester au calme, on devrait revoir FLINTSHIRE au départ du Grand Prix de Saint-Cloud à la fin du mois. Pour être complet sur le week-end hippique dans le Surrey, soulignons la victoire de l'excellente élève de John Gosden, TRAGHROODA, la veille dans les Oaks (2400m) montée par Paul Hanagan, qui enlevait là ses premières Oaks. La pouliche apparenant à Hamdan Al Maktoum devançait sa compagne de couleurs TARDASHA (Pat Smullen) et VOLUME. G.M.

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Sébastien Pasquier arrive chez les professionnels Tout juste âgé de 18 ans, Sébastien Pasquier est plus que jamais en passe de rejoindre le rang des professionnels. En selle sur Uzbek du Bocage, le jeune jockey, révélation de l’année 2013 en trot, a signé le quarante-neuvième succès de sa carrière, en remportant le prix Henri Durand, à Vincennes, mercredi 18 juin. Gros travailleur (il étudie les performances des chevaux), il est promis à un très grand avenir.

La reconversion de  Sylvain Dupuis « Je ne pourrais jamais m’éloigner du milieu des courses ». C’est Sylvain Dupuis, 32 ans qui Jeune parle. jockey à la retraite, Sylvain a rangé sa cravache avec le regret de « ne pas avoir gagné de Groupe (il a souvent fini placé) », sans mais amertume. Trésorier de l’Association des Jockeys, un poste qui lui tient très à coeur, Sylvain a entamé sa reconversion au sein de la société Panoramic Communication Images Investissements comme commercial, devenant ainsi un conseillé avisé pour la rédaction de Hippik.

TIMOKO, roi de Scandinavie

De retour à Vincennes ce dimanche (voir pages 16 et 17), TIMOKO va encore se battre pour la victoire.

Brillant  vainqueur  d'une  très convoitée Elitloppet, TIMOKO a récidivé  il  y  a  une  semaine  dans  le Kymi Grand Prix, à Kouvola en Finlande, s'imposant avec facilité malgré  le  numéro  10  en  seconde ligne !  L'élève de Richard Westerinck a remporté le 14 juin dernier en Finlande son troisième succès d'affilée

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avec Bjorn Goop au sulky. Voilà une association dont on a peut-être pas fini de parler (voir notre article sur la réunion de Vincennes, pages 16 et 17). Certes, le plateau du Kymi Grand Prix était un peu moins relevé que celui de l'Elitloppet à Solvalla, ou le fils d'IMOKO, dont l'arrière grandpère maternel n'est autre que le champion LUTIN D'ISIGNY, vainqueur du Prix d'Amérique 1985 et

par deux fois des importants Challenge Cup et International Trot aux USA, avait réalisé un chrono époustouflant (1'09''5), mais à Kouvola en partant en seconde ligne avec le 10 derrière la voiture, sa tâche n'avait rien d'une sinécure. Seulement voilà, TIMOKO est en pleine bourre et semble bien meilleur quand arrive l'été que ce qu'il a montré cet hiver et l'hiver dernier sur le Plateau de

Gravelle. Dans ce Kymi Grand Prix, il devançait le revenant COMMANDER CROWE, qui avait animé l'épreuve, et c'est UP DATE HOSS, drivé par Erik Adielsson, qui terminait 3ème. Quant à AMOUR D'OCCAGNES (Christophe Martens), il n'a pu que figurer. A noter que TIMOKO compte désormais dix groupes 1 à son formidable palmarès !

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< L’ACTU HIPPIQUE >

Avant le Grand Prix de Paris

GUARDINI  annonce  la couleur

Vainqueur du Prix du Lys sur 2400m à Chantilly le 15 juin, GUARDINI (monté par Christophe Soumillon), entraîné par Jean-Pierre Carvalho, sera sans doute au départ du prochain Grand Prix de Paris, véritable derby français disputé sur la distance classique à Longchamp. Autre poulain intéressant à suivre ce jour-là, le provincial MACHUCAMBO, lauréat des derbies du Languedoc et du Midi. Nous aurons l'occasion de parler de ce Grand Prix, premier groupe 1 français sur 2400m pour les 3 ans.

Samedi 21 à Auteuil

BéBé STAR veut sa revanche

Si la grosse réunion du week-end se tient sur l’hippodrome de Vincennes (voir pages 16 et 17), les amateurs d’obstacles pourront également assister à de belle courses sur l’hippodrome d’Auteuil. Huit au programme de ce samedi après-midi avec en tête d’affiche le Prix Sagan réservé aux femelles de 3 ans, où KOTKITOVA est attendue, et La Périchole, sorte de revanche du prix Ferdinand Dufaure, remporté le 18 mai dernier sur cette même piste par FLEUR D’AINé (Jacques Ricou). BéBé STAR, monté par Vincent Cheminaud , battu en mai espère cette fois être au rendezvous. Le 18 mai dernier, BéBé STAR n’avait pas fini sur le podium.

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< RENDEZ-VOUS >

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Hippi # 2 en ligne jeudi 26 juin

GRAND PRIX  DE SAINT-CLOUD

Qui va succéder à NOVELLIST ?


Par Guy Misln

< HISTOIRE >

AFFIRMED , dernier des Mohicans Il y a 36 ans, un cheval hors du commun remportait la Triple Crown américaine en s'imposant dans les trois courses de référence de l'autre côté de l'Atlantique. Il s'appelait AFFIRMED. Fils d'EXCLUSIVE NATIVE, C'est le dernier cheval à avoir réussi cet exploit. Depuis, l'Amérique attend. En vain.

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e 3 ans US CALIFORNIA CHROME, entraîné par Art Sherman, vient de faire pleurer toute l'Amérique et rendu fou de rage son propriétaire, Steve Coburn, hurlant à l'injustice. Déjà vainqueur des San Felipe Stakes et du Santa Anita Derby, le poulain venait de remporter facilement le Kentucky Derby et les Preakness Stakes, et semblait bien parti pour succéder à AFFIRMED, dernier cheval à avoir remporté la Triple Couronne Américaine, il y a de cela... 36 ans ! Hélas ! L'inattendu TONALIST, très frais et qui n'avait jamais croisé le jeune champion, a brisé le rêve dans les Belmont Stakes, la 3ème épreuve de la Triple Crown, le « CHROME » devant se contenter de la 4ème place... Plus aucun cheval depuis AFFIRMED en 1978 n'a donc remporté cette convoitée Triple Crown américaine qui consiste à s'imposer sur les 2000m du « Kentucky », les 1900m des Preakness et les 2400m des Belmont Stakes. Le brillant fils d'EXCLUSIVE NATIVE, qui a comme ancêtre dans son pédigree le crack MAN O'WAR par sa mère, succéda lui-même au palmarès de la « Triple » au légendaire SECRETARIAT, lauréat en 1973. A 2 ans, AFFIRMED va affronter un rival également de grande classe, chouchou du public américain, ALYDAR. Les deux champions vont se croiser six fois en 1977 pour quatre victoires au premier cité et deux à ALYDAR. Ces deux succès vont faire d’ALYDAR un des grands favoris pour la Triple

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Crown l'année suivante. Mais de cruelles déceptions attendent son entourage... En 1978, il va, en effet, être battu d'un rien dans le Kentucky Derby comme dans les Preakness Stakes par AFFIRMED et alors qu'il semble dominer son rival dans la ligne droite des Belmont Stakes, ce dernier va surgir comme un diable et lui souffler la victoire sur le fil ! AFFIRMED remporte ainsi les trois courses majeures pour les 3 ans US et devient un héros. Notons au passage que pour la première fois dans l'Histoire des courses américaines, on retrouve les deux mêmes chevaux aux deux premières places des plus grandes épreuves pour deux et trois ans ! C'est souvent dans les Belmont Stakes, sur la distance exigeante des 2400m, que se joue le sort de la Triple Crown. On se souvient de l'écrasante victoire de SECRETARIAT sur l'hippodrome new-yorkais, 31 longueurs devant le second SHAM ! Là, AFFIRMED s'est imposé à la lutte mais il reste le dernier poulain à réussir l'exploit. Un exploit qui dure depuis 36 ans désormais et l'Amérique se demande quand elle reverra un crack de la trempe des deux derniers vainqueurs de la « Triple »... Quant au malheureux ALYDAR, au centre d'un imbroglio juridique et familial, il va décéder en 1990 dans son box de Calumet Farm, établissement en faillite, et sa mort, surprenante, est restée suspecte...

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