HippiK numérique numéro 4

Le monde des courses comme vous ne l’avez jamais vu

K

Hippi

Version numérique # 4 - 11/07/2014

CHRISToPHE SoumILLoN

interview exclusive

< C’EST Déjà DEmain >

Grand Prix de Paris

après la démonstration de force de SEa THE mOOn dans le derby allemand et avant le Grand Prix de Paris, plus rien ne résiste au jockey belge.

Courses, DJ et football !

> PRINCE GIBRALTAR vs THE GREY GATSBY qui est le plus fort ? < TrOT >

La tournée des plages

Elevage du Puy noir Le plein d’amour il y a 250 ans ECLIPSE...

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WWW. PANORAMI C. F R

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Hippi

Edité par Panoramic Communication Images Investissements Gérant : Guy Bidorini Adresse : 34, rue Kléber 92300 Levallois Perret Tel : 0177635594 contact@hippik-mag.fr

TOUR DE PISTE par

Directeur de la publication : Eddy Eyrignoux e.eyrignoux@hippikmag.fr redaction@hippik-mag.fr

Eddy Eyrignoux

éxubérance

L

e choix de la photo placée en ouverture de notre magazine, pages 4 et 5, n’a rien d’anodin. Cette image de Markus Klug, l’entraîneur allemand de SEA THE MOON, auteur d’une véritable démonstration dans le derby allemand, on ne la verra jamais en France. Le jour où un entraineur se jettera ainsi au sol, tel un Argentin ou un Allemand après un but en finale de Coupe du Monde, nous espérons être là pour immortaliser l’événement.

Cela n’arrive pas sur nos hippodromes, et c’est tant mieux, diront certains puristes, qui n’apprécient pas ces débordements de joie. Cette exubérance de sentiments. Ceux qui ne sont pas fans d’un Christophe Soumillon, David Cottin ou Lanfranco Dettori, haranguant les foules juste après avoir franchi le poteau, à la manière (très courante) de ce que l’on peut voir dans les courses aux Etats-Unis. Quand la foule est debout pour acclamer un vainqueur survolté.

Cette froideur de certains entraineurs ou propriétaires après une belle victoire de-

Réalisation : Stéphane Désenclos Ont participé à ce numéro : Guy Mislin, Ludovic Vrac, Allison Nicolleau,Sylvain Dupuis, Jérémy Kinot Relecture : Guy et Marc Bidorini, Allison Nicolleau Photos : Panoramic, Federico Pestellini, Michael Baucher, sauf mention spéciale Magazine exclusivment disponible en version numérique Toute reproduction ou utilisation des textes et photos sans autorisation sont interdites.

vient même vexante pour les petits entraineurs et propriétaires qui ne vivront sans doute jamais la joie d’une victoire dans un Groupe I. L’ attitude de Markus Klug ajoute au spectacle en même temps qu’elle aide à rendre les courses plus humaines. Non pas que nous voulions diminuer le performances des chevaux. Au contraire. Mais comme on ne verra jamais SEA THE MOON, PRINCE GIBRALTAR ou TRÊVE se mettre à genoux devant photographes et cameramen pour immortaliser leur joie. On se dit que l’homme est là (aussi) pour ça. ça fait partie du spectacle. Un spectacle qui récompense des heures et des heures de travail pour tous les acteurs des courses. Avec une place de choix pour le cheval, qui l’espace d’un instant, prend forme humaine.

N’hésitez pas à nous écrire, envoyer vos photos, crier votre bonheur ou pousser un coup de gueule, en écrivant à redaction@hippik-mag.fr.

cavalerie

Le peloton, telle une cavalerie, rentre dans la lumière...

Hippik # 3

03

< ZOOM >

imago sportfotodienst

Markus Klug, lâ&#x20AC;&#x2122;entraĂŽn

04

Hippik # 4

< SOMMAIRE > C’est déjà demain

D.R.

# 06

Grand Prix de Paris, un feu d’artifice ?

# 08

Entretien exclusif

Christophe Soumillon : « J’ai changé »

# 12

On y était

Derby Allemand : SEA THE MOON en démonstration < ET AUSSI >

neur allemand, qui exulte tel un footballeur après un but après la démonstration de SEA THE MOON dans le derby allemand. Le genre d’image très (trop) rares sur les hippodromes français. Alors lâchez-vous !

Hippik # 4

P.10 : Guy Mislin en liberté P.14 : Elevage du Puy Noir P.15 : la chronique d’Allison P.16 : Douce France...

P.18 : l’actu hippik P.22 : Histoire 05

< C’EST DéJà DEMAIN >

GRAND PRIX DE PARIS

De la revanche dans l’air Le Juddmonte Grand Prix de Paris, dimanche à Longchamp, sera incontestablement placé sous le signe de la revanche entre PRINCE GIBRALTAR, 3ème du Jockey-Club le 1er juin à Chantilly, à l'issue d'un parcours particulièrement malheureux, et celui qui l'avait emporté de 3 longueurs ce jour-là, l'Anglais THE GREY GATSBY ! Mais sur les 2400m qui sait si d'autres ne vont pas se révéler...

P

our beaucoup, depuis qu'on a amputé de 300 mètres le parcours du Jockey-Club, le Grand Prix de Paris est devenu le véritable derby français. Placé à la mi-juillet dans le calendrier, sa date pose problème, le premier groupe I français sur la distance classique venant bien tard alors que les meilleurs britanniques ont tâté des 2400m dès le printemps à Epsom, certains d'entre eux ayant même deux derbies dans les jambes avec l'Irish Derby.

Pour l'heure, et en attendant la refonte du programme classique français, il faut faire avec... Et ce Grand Prix de Paris, qui a consacré un futur vainqueur de l'Arc de Triomphe en 2006, RAIL LINK, est un passage important et obligé sur la route du championnat du monde des pur sang, avant le Prix Niel, la dernière épreuve préparatoire pour les 3 ans.

Cette année, les ambitieux ne manquent pas !

Comme à Chantilly début juin, le grand favori de ce Grand Prix de Paris sera PRINCE GIBRALTAR. L'élève de Jean-Claude Rouget, mal parti

Garden party foot et musique !

Ce dimanche à Longchamp, il y en aura pour tous les goûts, à l'occasion d'une réunion placée sous le signe d'une « Garden Party » pas comme les autres ! Outre une superbe réunion de courses avec comme point d'orgue le Grand Prix de Paris, qui se courra en semi-nocturne, les spectateurs pourront également assister en direct sur écran géant à la finale de la Coupe du Monde entre l'Allemagne et l'Argentine ! Et ce n'est pas tout, la soirée et la nuit seront rythmées en musique par les meilleurs disc-jockeys du moment ! Cette excellente initiative de la part de France Galop mérite d'être suivie par un très nombreux public dans le cadre magnifique de l'hippodrome du Bois de Boulogne.

06

dans le Jockey-Club, obligé ensuite de faire du slalom dans la ligne droite, englué dans une portion de terrain moins roulante qu'à la corde, a terminé comme une bombe pour s'emparer de la 3ème place. Encore une fois, et cela arrive de plus en plus souvent depuis la réforme du sommet cantilien, le meilleur n'a pas gagné...

SOUMILLON Y CROIT On serait tout de même tenté de préciser : le meilleur n'a pas gagné sur cette distance et sur un parcours qui ne favorise guère la vraie sélection, tant les aléas sont nombreux. Il est évident que, vu sa fin de course exceptionnelle, celle qu'il avait déjà montrée lors du Critérium de SaintCloud, puis pour sa rentrée dans le Greffulhe, le fils de ROCK OF GIBRALTAR va non seulement tenir les 2400m de Longchamp mais il doit logiquement renvoyer THE GREY GATSBY à ses chères études et peut-être même surclasser ses autres adversaires. C'est en tout cas l'avis de Christophe Soumillon, impressionné par ses accélérations foudroyantes.

Quant au poulain anglais, brillant à Chantilly, il vient reconnaître le parcours de l'Arc. Son entraîneur, le très optimiste Kevin Ryan, attend le Grand Prix avant de supplémenter le fils de MASTERCRAFTSMAN dans l'Arc ! Quoiqu'il en soit, le duel entre deux des trois premiers de Chantilly (SHAMKYIR est forfait) vaut en soi le détour !

On aurait tort pourtant de négliger les chances d'autres concurrents qui viennent de s'illustrer à Longchamp ou sur la distance classique, car ni GATSBY ni le « PRINCE » ne l'ont encore abordée... On pense notamment à l'Allemand GUARDINI, vainqueur autoritaire du Prix du Lys (groupe III), au Fabre GOLDEN GUEPARD qui a enlevé la listed Prix de l'Avre (un tremplin intéressant), à FREE PORT LUX, remarquable dans le Hocquart (groupe II sur 2200m), où il devançait le bon O'Brien ADELAIDE. Très estimé par Freddy Head, le poulain n'avait pas été très heureux non plus dans le Jockey-Club.

De même, il faudra surveiller de près un certain GALLANTE, un autre Fabre donc attention ! Ce GALLANTE adore Longchamp où il a terminé 3ème du Noailles, 3ème du Hocquart avant de

s'imposer sur 2000m en dernier lieu...

TELETEXT, 2ème du Prix du Lys et le provincial MACHUCAMBO, vainqueur facile des derbies du Midi et du Languedoc, sur 2400m, entraîné par le très habile Christophe Ferland, ont aussi le droit de surprendre. AUVRAY, 5ème du Prix du Lys, et PRINCE NOMAD, récent vainqueur à Tarbes, auront une tâche compliquée...

Aidan O'Brien n'ayant aucun partant cette année, outre THE GREY GATSBY, un seul autre britannique sera au départ, le Gosden MARZOCCO qui vient de remporter le Queen's Vase sur 3200m.

MAURICE DE NIEUIL : UN BEAU GROUPE II Deux listeds bien composées, le Prix Roland de Chambure pour 2 ans sur 1400m et le Prix de Thiberville, pour femelles de 3 ans et plus sur 2400m ne manquent pas d'intérêt de même que le Prix Maurice de Nieuil un groupe II pour chevaux d'âge sur 2800m qui va mettre aux prises des chevaux venant de montrer leurs qualités sur les longues distances. On pense notamment aux quatre premiers du récent Prix Vicomtesse de Vigier (groupe II, 3100m), à savoir FLY WITH ME, GOLDTARA, TERRUBI et MONTCLAIR. Les mêmes avaient terminé dans un ordre différent dans le « Barbeville » enlevé cette fois par MONTCLAIR. KICKY BLUE qui reste sur deux succès dont le Prix La Moskowa (3000m), semble sur la montante. L'Anglais BROWN PANTHER vient de se classer 4ème de la Gold Cup (4000m) à Ascot et il ne vient sûrement pas à Longchamp pour rien... La forme du Smaga GOING SOMEWHERE est sujette à caution mais il avait terminé 2ème du Prix Right Royal et surtout 2ème du Royal Oak (groupe I, 3100m). Enfin, le régulier REMUS DE LA TOUR a fini 2ème du Prix de la Boétie de KICKY BLUE sur le parcours qui nous intéresse...

GUY MISLIN

Hippik # 4

P RINCE GIBRALTA Y B S T A G Y E R G E H R T

LE MATCH TSBY TTHHEEGGRREEYYGGAATSBY anss , 3an zan, 3 alezan Mâle,le,ale on Vison Mâ rieVis Marie anetetMa sman aft rcr ste Ma Par :r :Mastercraftsm Pa ie esp Gill nk : Frank Gillespie re : Fra taire riétai oprié Prop Pr an vin A. Ryan Ke : ur îne tra En : Kevin A. Ryore Entraîneur Mo e -Le an Ry ckey :y :Ryan-Lee Moore Jocke 1p Jo 2p1p 2p2p )7p2p (13)7p 2p(13 0p2p 1p0p sique : 1p1p Mu ur Musique : 1p ue inq Va : ce an rmance : Vainqueur rform perfo urepe illeure Meille Me 2014. lub y-C cke Jo du 20 du Jockey-Club 14.

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Hippik # 4

INCCEEGGIB PPRRIN IBRRAALLTTAARR

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Va da nstou toussles lester - Va dans terrai rains ns. .

LECO CONT NTRE RE : : >>LE fâche heus useeha habit - -AAlalafâc bitud udeede depa partir rtirlen lentem temen ent t demu musa sarde rderrààl'ar etetde l'arriè rièreredu dupe pe lot on avantnt lot on de ava tro uve r cade de trouver lalaca denc nceeetetd'a d'acc ccélé élérer rer. .

C'est, st,ap appa parem remme - -C'e ment, nt,so sonnse seululdé défau faut.t. > LE S QUES ESTIO TIONS > LES QU NS : : Tiend ndrara-t-il t-illes les24 2400 Tie 00m m ??Ou Oui,i,sisil'on l'onse se fieààse sessfin finssde deco fie cours urseesu surrlaladis distan tan ce int ce erméd édiair iaire.e. interm

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< ENTRETIEN ExCLusIf >

CHRISTOPHE SOUMILLON Avec PRINCE GIBRALTAR, Christophe sera au départ du Grand Prix de Paris.

« J

En route pour une sixième Cravache d’or, Christophe Soumillon est irrésistible Depuis qu’il est (re) devenu premier jockey chez l’Aga Khan, les plus grands entraîneurs veulent lui confier leurs chevaux. Et ça marche.

C

hristophe, la démonstration lors du derby allemand le week-end dernier en a été une fois de plus la preuve, rien ne peut te résister en ce moment…

Je suis bien conscient de vivre une très bonne période, oui. J’ai beaucoup de chance, on me fait confiance… Mais c’est à ce moment-là qu’il ne faut pas lâcher. Il faut rester régulier dans les performances, c’est souvent ce qui est le plus difficile…

08

On a l’impression de découvrir un autre Christophe Soumillon depuis plusieurs mois…

J’ai su évoluer, progresser. J’ai changé. Au début, quand tu est jeune, tu veux tout forcer sur ton passage, et ce n’est pas forcément bon. Tu commets des erreurs…

Avant j’étais assez impulsif, je ne pouvais pas m’empêcher de dire ce que je pensais quand ça n’allait pas. Mais c’est une erreur. Aujourd’hui, quand ça m’arrive, quand

je sens que ça veut sortir, je le garde pour moi. J’ai beaucoup progressé sur le plan mental, mais pas seulement. J’ai compris que cela ne suffisait pas d’être bon en course, il fallait aussi l’être en dehors.

Tu veux dire mentalement ?

Pas seulement… Mentalement oui, dans les relations avec les gens, et physiquement. Avant, j’avais la chance de ne pas devoir faire trop attention à mon poids, je pouvais manger sans vraiment faire attention. Mais en vieillissant, ce n’est plus la même chose. Je dois faire beaucoup plus attention. Pareil phy-

Hippik # 4

’ai changé » siquement, j’ai la chance aujourd’hui d’être en pleine forme, de ne pas avoir de problèmes de dos, comme cela a pu être le cas dans le passé. Tout cela fait partie de mes progrès ces dernières années. Mais je sais que je peux encore progresser.

A quel niveau ?

Je ne vais pas étaler mes défauts (sourire)… Mais je sais qu’il y a quelques détails que je peux encore améliorer.

Aujourd’hui, on a l’impression qu’aucun bon cheval ne peut t’échapper. Tu es premier jockey chez l’Aga Khan, mais dès que tu es libre, les entraîneurs te veulent…

J’ai la chance aujourd’hui de travailler avec des entraîneurs comme Jean-Claude Rouget, Pascal Bary ou Alain de Royé Dupré, qui me font confiance.

Monter les meilleurs chevaux, c’est un privilège pour un jockey…

Je me rends compte que j’ai de la chance. Aujourd’hui par exemple, Jean-Claude Rouget a beaucoup de très bons chevaux. Avant c’était André fabre, aujourd’hui c’est Jean-Claude, ça passe… Il n’y a pas de chevaux attitrés à des jockeys.

On est deux où trois jockeys en france à pouvoir se partager les meilleurs. Avec Olivier Peslier par exemple, on se partage CIRRus

DEs AIGLEs. …

Il faut reconnaître que c’est un cheval qui a beaucoup compté… J’ai eu la chance de faire de belles victoires avec, comme la Coronation Cup à Epsom, le Prix d’Ispahan à Longchamp... Ça aurait pu arriver à Olivier.

Parfois, tu dois souhaiter que l’Agn Khan n’engage pas de cheval pour pouvoir être libre de monter un crack (ce qui n’est pas trop le cas chez l’Aga Khan en ce moment)…

(Il élude la question). Ce que je sais, c’est que j’ai beaucoup de chance d’avoir l’opportunité de monter tous ces chevaux…

Tu dois aussi choisir. Entre SEA THE MOON et PRINCE GIBRALTAR, tu as dit préférer PRINCE GIBRALTAR. Selon toi, c’est lui le plus fort ?

Je n’ai pas dit que c’était le plus fort. C’est vrai qu’il a un pouvoir d’accélération incroyable. si ça se passe bien à Longchamp (ndlr : dans le Grand Prix de Paris ce dimanche) sur 2400m, ce sera un favori pour l’ARC. Mais il n’a pas que des qualités, c’est aussi un cheval qui sort mal des boites. Qui peut, même s’il peut se le permettre, avoir du retard… sEA THE MOON, c’est différent, c’est un cheval plus facile à monter…

Avec sEA THE MOON,une véritable démonstration dans le derby allemand.

Quand on te voit en telle forme et avec une telle confiance, on se dit que c’est l’année ou jamais pour gagner ton troisième Arc de Triomphe en octobre prochain…

Plusieurs fois, j’ai été en position de favori pour l’Arc. Avec ORfÊVRE l’année dernière c’était encore le cas. Mais après, tu n’es pas à l’abri d’une mauvaise course. un cheval qui est moins en forme à ce moment de la saison, un mauvais numéro au tirage… Beaucoup de paramètres interviennent. Et puis,

c’est difficile de rester au sommet longtemps…

Ce que tu es en train de dire, c’est que quand tout va bien, comme en ce moment, c’est là qu’on est le plus vulnérable finalement ?

Il faut être très prudent. Très concentré sur son métier et penser toujours à faire encore mieux.

Parce que sinon, au moindre relâchement, vous pouvez tout perdre.

Propos recueillis par Stéphane Désenclos

Avec CIRRus DEs AIGLEs après la victoire dans le Prix d’Ispahan.

« Il faut être très prudent.

Très concentré sur son métier et penser toujours à faire encore mieux. Parce que sinon, au moindre relâchement, vous pouvez tout perdre » Hippik # 4

09

< Guy Mislin EN LIBERTé. >

L’homme qui veut bouger la France La polémique qui enfle de plus en plus en France autour du Jockey-Club et les critiques qui ont fusé après un derby d'Irlande squelettique ont passablement irrité Brian Kavanagh, le « chairman » de l'European Pattern Comittee (EPC), l'organisme qui régule le programme classique et établit les ratings des courses de groupe en Europe. Et la France est montrée du doigt...

L

e grand patron de l'EPC (European Pattern Comittee) n'a guère apprécié la parodie de course offerte par le récent derby d'Irlande, contrairement à Aidan O'Brien qui estime que cet Irish Derby 2014 fut un très beau derby. Forcément, le sorcier de Ballydoyle plaçait ce jour-là ses trois pensionnaires aux trois premières places, AUSTRALIA lui offrant un 11ème derby irlandais. Ses collègues de travail, eux, ne sont guère du même avis et Brian Kavanagh veut aussi que ça change.

Pour lui, s'il y a une telle désaffection pour l'Irish Derby, c'est parce que le programme classique en Europe est déséquilibré depuis que le Jockey-Club français a été réduit de 300 mètres. Les bouleversements dans le programme français nés de cette réforme aberrante et dont on ne semble pas mesurer les conséquences en haut lieu, ont, selon l'EPC, porté un mauvais coup à l'Irish derby. Dans l'excellent « Point de vue » écrit pas Christophe UgnonFleury et publié dans « Paris Turf » de samedi dernier, Kavanagh explique : « Le derby irlandais doit être un sommet dans la saison classique, celui qui oppose les gagnants des derbies anglais et français ». Sous-entendu lorsque le derby français se court sur 2400m comme son homologue anglais.

Or, les Français qui courent le Jockey-Club actuel ne se hasarderont plus à aller défier les meilleurs poulains britanniques au Curragh sur 2400m... En outre, la place du Grand Prix de Paris à la mi-juillet oblige certains entraîneurs d'Outre-Manche, voire français, à choisir entre Longchamp et le Curragh...

Cette situation, Brian Kavanagh n'en veut plus. Il a l'intention de réunir rapidement les membres de l'EPC afin de mettre en route une refonte du programme classique européen, un programme plus cohérent où le Prix du Jockey-Club retrouvera sa véritable distance. N'est-ce pas ce que nous sommes plusieurs à réclamer depuis deux ans et plus ? Voilà qui va apporter encore un peu plus d'eau au moulin

des partisans -de plus en plus nombreux- d'un retour au « vrai Jockey-Club » !

Il est tout de même incroyable que depuis que la polémique sur la réforme de l'ex-derby cantilien est née, on n'ait pas mesuré du côté de l'Institution le danger qu'elle représentait sur le plan de la compétitivité de nos courses, de leur crédibilité, mais aussi sur ses conséquences sur l'élevage ! Lorsque nous écrivions que nos courses étaient sous la menace d'une rétrogradation, personne ne s'en est ému. Or, l'EPC a déjà dégradé le Prix Noailles, passé de groupe II à groupe III, et a mis sous surveillance la Poule d'Essai des Poulains, la menaçant de tomber en groupe II !

L'ITALIE EXCLUE EN 2015 ?

Nombre de professionnels redoutent que si rien ne change, le Jockey-Club lui-même subisse le sort qui a été réservé en 2008 au derby italien, passé de groupe I à groupe II, sa distance étant ramenée de 2400 à 2200m...

Sous-estimer les menaces brandies par l'EPC ont d'ailleurs coûté cher à l'Italie pour des raisons pas seulement sportives. A la mi-avril, l'EPC par la voix de son président a décidé d'exclure purement et simplement notre voisin transalpin du concert hippique européen dès 2015 au motif que les dirigeants italiens n'ont pas respecté l'ultimatum qui leur avait été fixé à fin mars 2014. Les Italiens sont accusés de ne pas avoir réglé la totalité des allocations dues en 2012 et 2013 ! « Je regrette d'avoir à prendre une telle décision et d'engager une telle action vis-à-vis de l'Italie mais, même s'il y a eu des progrès, ce pays n'a pas respecté nos règlements et n'a pas respecté l'ultimatum que nous lui avions adressé », a déploré Brian Kavanagh.

L'EPC a par ailleurs adressé une recommandation à la Fédération internationale des Autorités Hippiques selon laquelle l'Italie doit perdre ses courses de groupe, si elle ne modifie pas sans délai son système de paiement des allocations et si elle ne verse pas tous les arriérés dûs aux propriétaires basés sur son sol !

Photo : The Telegraph

Le président de l'EPC veut revaloriser l'Irish Derby (ici l’édition 2013).

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Brian Kavanagh, grand patron de l’European Pattern Comittee

Equilibre et cohérence

Dans le règlement de l'European Pattern Comittee, on relève un principe de base : « Les courses de groupe européennes sont devenues un modèle dans le monde entier pour le classement des courses importantes dans tous les grands pays de courses et d'élevage.

Dans cette perspective, l'EPC a décidé en 1979 de définir une politique quant aux courses de groupes, établissant les règles qui ont été revues périodiquement. » Lors de sa réunion annuelle en janvier 2003, à Stockholm, l'EPC a établi les règles de base suivantes : - Le Comité a pour but d'aider, par l'application de ses règles de base, à la fourniture dans les pays membres et membres associés, d'un programme coordonné et cohérent de courses de qualité dans chaque catégorie d'âge, tenant compte du sexe et de la distance.

- Le Comité aura également pour but de parvenir à un équilibre quant au nombre de courses de groupe au sein du programme européen, le nombre des courses de groupes 3, 2 et 1 devant être cohérent.

- Le Comité comprend cinq pays membres : France, Allemagne, Grande-Bretagne, Irlande et Italie, représentés par leurs autorités hippiques respectives : France Galop, Direktorium für Vollblutzucht und Rennen, British Horseracing Board (BHB), Horse Racing Irlande (HRI) , et Unione Nazionale Incremento Razze équine (UNIRE). Tout autre pays européen qui dispose d'une course de groupe dont le statut a été accordé par le Comité est considéré comme un membre associé et peut se faire représenter à la réunion annuelle avec le statut d'observateur et sans vote.

- Le secrétariat est assuré par le BHB à des conditions pouvant être modifiées de temps à autre.

- Le Comité aura à sa disposition les classifications annuelles produites par le Comité de Classification internationale (CPI) de la Fédération Internationale des Autorités Hippiques (FIAH).

Hippik # 4

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< ON Y éTAIT > Les spectateurs du 145ème derby allemand, dimanche dernier à Hambourg, n'en sont pas encore revenus !

Leur favori, l'invaincu SEA THE MOON, a pulvérisé ses adversaires sous la poigne de Christophe Soumillon pour s'imposer de... dix longueurs ! Du coup, on se prend à rêver d'un énorme match au sommet entre le fils de SEA THE STARS et AUSTRALIA, double vainqueur des derbies britanniques, début octobre dans l'Arc de Triomphe !

AUSTRALIA et

ça promet !

I

ls étaient dix-huit au départ du 145ème derby allemand, groupe 1 sur 2400m (seul l'ex-derby français ne se court plus sur la distance classique...) et parmi eux un chaud favori, SEA THE MOON, invaincu lors de ses trois premières sorties, où il s'est à chaque fois imposé avec une ridicule facilité. Son jockey habituel blessé, Markus Klug, l'entraîneur du poulain, a donc fait appel à Christophe Soumillon, histoire de mettre tous les atouts de son côté.

Le poulain appartenant à la Gestüt Görlsdorf a rapidement été placé en tête du peloton fourni de ce derby par le jockey belge qui, après avoir pris la mesure de ses adversaires, a décidé d'isoler son partenaire sur sa gauche, à l'extérieur, avant de le lancer vers la gloire. Et on a vu SEA THE MOON prendre une, puis deux, puis trois... puis dix longueurs au passage du poteau sur son plus proche rival, LUCKY LION, son principal opposant, monté par Ioritz Mendizabal ! Dix longueurs sans jamais avoir puisé dans ses réserves et qui auraient pu être multipliées par deux si « Soumi » n'avait pas choisi cette tactique audacieuse mais ô combien efficace malgré tout !

LES BOOKS L'INSTALLENT FAVORI DE L'ARC !

Auteur d'une bonne fin de course, OPEN YOUR HEART a fini 3ème devant ERIC. Quatrième du Jockey-

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Club, WILD CHIEF a fini cinquième à Hambourg. Face aux journalistes allemands ébahis par le nouvel exploit du poulain, Christophe Soumillon a affirmé que SEA THE MOON pouvait tout à fait remporter l'Arc de Triomphe. Les bookmakers anglais ne s'y sont pas trompés, ilsl'ont aussitôt installé 3ème favori de l'Arc !

Un Arc de Triomphe où il pourrait bien croiser la route d'un autre champion, AUSTRALIA, après avoir disputé le Grand Prix de Baden Baden, une course référence avant d'aller fouler le gazon de Longchamp. MARIENBARD en 2002 et DANEDREAM en 2011 ont ensuite remporté le championnat du monde

des pur-sang. A 4 ans, DANEDREAM avait même réussi le doublé « King George »-Baden Baden avant d'être empêchée de courir un deuxième Arc de Triomphe. NOVELLIST l'an dernier a réussi le même doublé avant lui aussi de déclarer forfait pour Longchamp...

ANGLAIS ET ALLEMANDS DONNENT LA LECON...

En tout cas, l'Europe du turf va saliver jusqu'en octobre si le protégé d'Aidan O'Brien, AUSRALIA, facile vainqueur des derbies d'Epsom et d'Irlande, est annoncé partant dans l'Arc. Car le match au sommet entre le fils de GA-

LILEO et SEA THE MOON constituerait un événement exceptionnel !

Vu ses origines, le poulain allemand est programmé pour réussir dans l'Arc. Une épreuve que son père, SEA THE STARS, a gagné en 2009, et sa grand-mère, URBAN SEA, en 1993 !

La preuve est faite qu'Anglais et Allemands, voire Japonais, en maintenant une recherche pointue sur la sélection par la distance classique grâce à des étalons ayant brillé à ce niveau, sont dans le vrai. On comprend que les éleveurs, les propriétaires et nombre d'entraîneurs français veuillent changer les choses sans plus tarder...

Guy MISLIN

Hippik # 4

t SEA THE MOON

imago sportfotodienst

SEA THE MOON (montĂŠ par Christophe Soumillon), a fait grosse impression en Allemagne.

Hippik # 4

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< gROS PLAN >

Elevage du Puy Noir

Le pLeiN d’Amour

Gros plan sur un élevage familial de pur-sang d’obstacle, fruit de la passion et de l’amour.

L

e 04 mai dernier, Julien Valade, 22 ans, recevait un appel alors qu'il était en déplacement. Loin de là, son poulain CALYPSO DU PUY NOIR, encore inédit, découvrait le parcours de haie de Nancy. Bienveillante, sa lad, employée de l'écurie d'Augustin Adeline de Boisbrunet, lui faisait la surprise d'une course en direct. Une course via les ondes, mais plus intime que jamais.

Les chevaux du Prix Henry Ritter s'élançaient pour 3400m de parcours. CALYPSO DU PUY NOIR, sous les couleurs rayées "gris et grenat" de M. Jacques Détré, l'heureux propriétaire du champion VISION D'EtAt, et sous la main de Steven Colas, enjambait les premières haies, placé au sein du petit peloton. Mis à son rythme, le poulain se retrouvait parfois en retrait, mais toujours au Daniel et ses fils Julien et Fred, avec leur poulinière VIROSA, par VILLEZ.

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AMOUR DU PUY NOIR (monté par D. Cottin), dans le Prix Quomodo à Enghien

contact, dans une cadence souple. Au second passage devant les tribunes, CALYPSO était second, maintenant sa position aisément pour sauter la dernière haie en tête, poussé immédiatement par son cavalier. Prenant du champ, accélérant jusqu'au poteau, il résistait à la fin de course du Macaire L'AIgLE ROYAL. Une course décrite, foulées après foulées, d'émotions en émotions.

Le poteau franchi, Julien ne pouvait contenir ses larmes. CALYPSO DU PUY NOIR remportait sa première course, comme l'avait fait deux années auparavant leur premier produit Amour du Puy Noir sous la selle de Jacques Ricou à Fontainebleau.

Ces deux poulains, les deux premiers produits pursangs de l'élevage familial, entraient parfaitement dans le monde de la compétition d'obstacle.

Basé sur les terres du Puy Noir, dans le Limousin, l'élevage est né de la passion d'un homme, Daniel Valade, amoureux de l'obstacle.

Débutant il y a presque trente ans avec l'achat de Selle Français et d'Anglo-Arabe, Daniel a remporté des prix de présentations modèles et allures, notamment avec giboulée d'Avril devenue poulinière, lui donnant LIS DU PUY NOIR concourant en CSO. Son meilleur résultat sera avec le produit de l'Anglo-Arabe Houry

Du Bost, Mikado du Puy Noir, qui gagna aussi bien en France qu'à l'étranger.

Depuis 2008, l'élevage, tenu en main par Daniel et ses fils Fred et Julien, s'ouvrit au Pur-sang anglais. En première acquisition la poulinière Virosa, gagnante à Auteuil, qui passait aux ventes pleine de Ballingary. Elle poulina d'AMOUR DU PUY NOIR, et en 2011 de son frère Calypso par turgeon. La relève est en marche avec JULIE DU PUY NOIR, née en 2013 par Saint des Saints, ainsi que VENUS DU PUY NOIR, par Kapgarde, née la même année et issue quant à elle de leur seconde poulinière Ultratlantique, venue agrandir la famille en 2012.

Les pouliches passeront bientôt entre les mains de Arnaud Rasquier, pré-entraîneur de l'élevage, basé dans le Limousin, avant de s'envoler vers d'autres horizons.

Amour a pris du repos, et ses objectifs se trouvent en province où il est plus à l'aise. CALYPSO, quant à lui, attend les terrains lourds de l'automne, et apporte son lot d'espoir dans une écurie qui l'estime, et qui compte le mener pas à pas vers les épreuves parisiennes.

Julien regarde sereinement vers l'avenir, rêvant déjà des débuts victorieux de leur protégée VENUS DU PUY NOIR, qu'il espère être sa nouvelle étoile, et remercie tous les acteurs de leur réussite, des amis et conseillés Mme Bertrand, M. Bizeul, M. Parreau Delhote, aux propriétaires et entraîneurs M. Détré, M. Rasquier, M. Adeline de Boisbrunet, M. Macaire et M. Cottin. L'avenir leur sourit.

A.N.

Hippik # 4

< LA CHRONIQUE D’ALLISON > « Il avait entendu dire que son rival Al Kazeem était de retour, la queue entre les jambes, et il se devait de prendre de l'avance »

MYStèRE Et MAgIE DES CORAL ECLIPSE StAKES

L

es Coral Eclipse Stakes de Sandown Park, traditionnelles initiatrices des affrontements intergénérationnels, se sont courues le week-end dernier, et comme chaque année ont révélé leur part de mystère et de magie inexorable.

Une course de deux mille mètres, pour définir, si besoin est, la stature de nos champions européens, et leurs ambitions à peine dissimulées pour les grandes joutes à venir.

Cette année, l'édition n'a pas été sous le signe de la revanche, encore moins dans l'étalage de la grandeur des pur-sangs âgés de trois ans. En effet, les noms devenus célèbres, tels Kingman et Australia, ne font pas partie de la fête, récupérant de leurs exploits. Leur bourreau des guinées, Night Of thunder, était présent cependant, et avait à cœur de brandir sa propre stature, lui qui injustement se sentait déprécié.

Il est déjà loin le temps où l'évident Sea the Stars écrasait de son talent ses aînés éberlués, déjà loin les exploits de Mill Reef, de Nashwan, de Dancing Brave ou encore de Sadler's Wells, tous reconnus au panthéon, tous lauréats à l'âge où leurs sabots étaient d'or.

Allison parle des courses avec amour, tendresse et passion. Vous pouvez aussi retrouver toutes ses chroniques à l’adresse suivante : andtheyreoff.overblog.com

Hippik # 4

Se présentaient à la compétition les aguerris Mukhadram et the Fugue. Le premier cherchait à se faire désespérément une place parmi les rêveurs à la croupe musclée, insufflant leur désir au creux des reins de demoiselles promises. La seconde s'engageait dans une confirmation nécessaire de son éblouissante victoire à Ascot, écrasant de sa supériorité lors des prémices estivaux la grande reine trêve, jusqu'alors indétrônable dans nos cœurs.

L'année classique derrière eux, trading Leather et Verrazano se propulsent vers de nouveaux objectifs. Sous la selle de son fidèle et irremplaçable cavalier Kevin Manning, le représentant de la casaque godolphin avait à cœur de reprendre place parmi les chevaux cités, après sa victoire devenue symbolique dans l'Irish Derby, encerclé dans le palmarès de la course par les ogres armés de l'infanterie O'Brien. Verrazano, l'américain, devait partir au haras, auréolé de deux victoires de prestige sur le dirt, échouant cependant dès la première étape de la

triple couronne remportée par Orb. Seulement, sa valeur étalon pour l'Australie se devant être rassurante, il vit sa carrière prolongée et téléportée jusqu'aux écuries de l'empereur O'Brien, que même un coup d’État ne pourrait déloger aujourd'hui.

Contre eux, les jeunes opportunistes Somewhat, Kingston Hill, true Story, War Command et Night Of thunder, impatients pour certains de graver leurs noms dans une course qui ne sacre pourtant que les étoiles précoces et éblouissantes.

Night Of thunder et Kingston Hill semblaient les plus prometteurs, l'un et l'autre récemment dauphins de Kingman ou d'Australia. War Command avait remporté les Dewhurst Stakes à deux ans, mais il n'était pas parvenu d’emblée à se hisser parmi les meilleurs cette année. true Story ne pouvait devancer the grey gatsby, valeur mystère du turf anglais, dans les Dante Stakes, et s'écrasait dans le Derby d'Epsom.

Enfin, Somewhat, lauréat de listed, se devait de balayer le fond de l'hippodrome après le passage de ses concurrents.

L'appel des pouliches enivrées fut le plus fort. Mukhadram, se remémorant peut-être son triste exploit dans la même course l'année précédente, disparut du champ de vision de ses adversaires à deux cents mètres de l'arrivée, poussé par ses rêves et par ceux de son perpétuel cavalier Paul Hanagan. Il avait entendu dire que son rival Al Kazeem était de retour, la queue entre les jambes, et il se devait de prendre de l'avance sur celui qui l'avait soustrait de la seconde place en l'écrasant contre la lice en toute impunité.

Derrière lui, trading Leather montrait ses capacités. Somewhat, troisième, soulevait l'incrédulité. Il avait laissé la sale besogne à Verrazano, qui terminait dernier oublié, sans doute légèrement fatigué. Dans l'impossibilité de faire, à temps, du terrain sur les chevaux de tête, the Fugue s'allonge mais ne brille pas, et les places restent inchangées. Même Night Of thunder disparaît.

Les Coral Eclipse Stakes 2014 semblent être pour la plupart des concurrents, une course à oublier. Mais pour Mukhadram, elles ont porté ses rêves jusqu'aux sommets.

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< L’ESSENTIEL Du TROT >

Douce France...

Petit tour d’horizon des bons coins à découvrir. Notamment pour lier votre passion pour le trot et les balades en famille.

PAR LuDOVIC VRAC

L

a floraison des réunions premiums aura au moins permis à certains parieurs de découvrir les hippodromes de province. Les hippodromes comme Amiens, La Capelle, Cabourg, Vichy, Caen, Laval, Saint Malo ou Pornichet sont évidemment largement plébiscités par les turfistes, mais d'autres, moins connus, sont autant de référence pour faire des bons coups durant l’hiver. C’est aussi et surtout s’offrir une belle journée en famille ou entre amis et espérer gagner quelques sous.

Débutons avec la fédération ouest qui regroupe près d’une cinquantaine de champs de courses qui proposent des programmes de trot ou mixtes. Pornichet-La-Baule, Les Sables-d'Olonne et Saint-Malo sont, bien sû, les champs de courses proposant le plus gros programme. Le premier nommé a été totalement reconstruit en 2011, et propose aujourd’hui des infrastructures de premier ordre tant pour les

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professionnels que les parieurs. Les réunions s’y déroulent en semi-nocturne et sont souvent le théâtre de courses très sélectives.

L’été est aussi le temps des champs de courses marins comme Plouescat. Lors de grandes marées, une équipe d’irréductibles Bretons réalise l’exploit de faire vivre un champ de course éphémère. En effet, c’est sur la plage que vont se retrouver les parieurs venus de toute la Bretagne pour assister à l’étape annuelle du Trophée des plages sur l’hippodrome de la baie du Kernic. Et il faut une grande énergie pour construire en deux jours toute l’infrastructure d’un hippodrome moderne capable d’accueillir, dans les meilleures conditions, les écuries engagées dans les sept courses prévues et un public chaque année plus nombreux. C’est dans une ambiance incroyable et dans un décor d’exception que les professionnels vont offrir un spectacle de grande qualité.

Ici, Public et drivers vont partager pendant une journée entière, cette

merveilleuse passion du cheval. Ici se côtoient turfistes aguerris, vacanciers, et curieux, un cocktail savoureux qui fait aimer les courses.

Nous sommes désormais en Normandie, terres d’élevage de champions et haut lieu des joutes hippiques. C’est le calvados qui tient le haut de l’affiche avec Cabourg qui propose un programme copieux tout au long l’été. Parmi les nombreuses autres pistes dont beaucoup sont en herbe, on citera Rânes, Alençon, Bagnoles de l’orne, Bréhal, Agon-Coutainville, et Carentan le fief de la famille Levesque.

Aux portes de la baie des Veys, au cœur des marais où se sont écrites les pages glorieuses et sanglantes des troupes alliées, l’hippodrome Maurice de Folleville propose un programme qui attire un public nombreux. J’adore Carentan pour son ambiance, les repas sous la tente, l’odeur de l’agneau grillé qui rôtit depuis le matin. Les frites maison bien sûr, le cidre, les huîtres, la famille, les amis, une belle journée aux courses.

Hippik # 4

Fin de série pour TimoKo Sale temps pour la vitesse à La Capelle, où les conditions climatiques n'étaient pas favorables à cette épreuve du challenge trot à grande vitesse. TIMOKO héros de l'Éllitloppet et du Kymi Grand Prix faisait son retour dans l’hexagone. L'invincible tandem allait-il poursuivre sa série? À la vue des adversaires on pouvait répondre par l'affirmative. Mais voilà, le tirage au sort derrière la voiture allait relancer le débat. ROI Du LuPIN certainement l'adversaire numéro un avait hérité du 5, juste un peu mieux. RÊVE DE BEYLEV gagnant de la loterie avec le 1, un gros plus pour le 1609m de la piste de La Capelle.

La course : Le pensionnaire de Sébastien Guarato a comme prévu jailli derrière les ailes. Björn Goop a vite compris qu'il fallait reprendre. Anthony Barrier a agi en fin stratège lorsqu'il a pris le tête en face au prix d'un gros effort. Laissant son cheval un peu soufflé dans le virage tandis que TIMOKO venait en une fois, il a permis à ROI Du LuPIN de repartir au nez et à la barbe de ses adversaires. une défaite annoncée avant l'heure pour le pensionnaire de Richard Westerink mais pas de quoi rougir car ce «Roi» est un sacré client. Richard voit de toute façon plus loin.

Photos : Alain Bachelier

Si je devais choisir une journée par année pour aller aux courses, j’irais à Carentan. Côté piste, j’y ai souvent vu débuter de bons poulains.Le trophée vert y fait parfois étape et les courses y sont souvent animées. La ligne droite avec le passage de route à miligne droite, étant propice aux coups de théâtre. Ça sent bon l’été, ça sent bon mes souvenirs d’enfance… une des raisons pour laquelle j’aime tant les petits champs de courses est qu’ils nous permettent de dénicher des pépites pour les réunions premiums. Les belles côtes, c’est ici qu’on les trouve. Parmi les drivers et les entraineurs il y a toujours les préférés du public, ceux qui sont les rois de l’herbe François Lecanu est l’un de ceux-là. Peu importe la musique du cheval, il est toujours redoutable et souvent à côte. Erno Szyrmay fait toujours une belle moisson aux beaux jours, Stéphane Meunier, Patrice Dessartre, Sylvain Roger pour ne nommer qu’eux avec les incontournables de la famille Blandin.

En terminant ce premier tour des hippodromes, je voulais dire à quel point la fin annoncée du PROVINCESCOuRSES est la perte d’une mine d’informations pour les parieurs. Que ce soit les notes de qualifications ou

Hippik # 4

les meilleures impressions, ce journal hebdomadaire a constitué un des incontournables pour tout turfiste qui se respecte. Je crois d’ailleurs que ma mère doit encore découper les dernières coupures comme elle le fait depuis plus de 40 ans. Toute une épopée! C’est un monument de l’histoire des courses qui s’éteint.

Le 15 août, la Baie de Kernic se transforme en hippodrome et attitre un public nombreux venu prendre un grand bol d’air.

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< L’ACTU HIPPIK >

Henry Browne

THE FUGUE veut se rattraper.

THE FUGUE à Goodwood Très décevante dans les Coral Eclipse Stakes, sur un terrain qui ne lui a pas convenu, THE FUGUE, 6ème à Sandown, tentera de se racheter dans les Nassau Stakes (groupe I, 2000m) qui vont se disputer le 2 août à Goodwood, 5ème et dernier jour du meeting « Glorious Goodwood ». Surprenant 3ème des Eclipse Stakes, SOMEWHAT est quant à lui engagé dans les Gordon's Stakes à Goodwood.

Le derby d’Epsom en nocturne ?

GAILO CHOP et XCELLENCE 4EMES à Belmont Park Les deux chevaux français engagés lors de la réunion de Belmont Park dans l'Etat de New-York ont connu le même sort. Le poulain entraîné par Alain Chopart toujours bien placé dans le peloton a dû se contenter de la 4ème place dans le Belmont Derby (groupe I, 2100m), remporté par l'outsider américain Mr SPEAKER, devant l'Irlandais ADELAIDE, récent 2ème de EAGLE TOP dans les King Edward Stakes à Ascot. Dans les Belmont Oaks Invitational (groupe I, 2000m), la pensionnaire de François Doumen, XCELLENCE, 3ème de la Poule d'Essai des Pouliches et du Prix de Diane, a également terminé 4ème devancée par MINORETTE, SEA QUEEN et SUMMER SOLO, ces deux dernières étant entraînées par Christophe Clément. La O'Brien WONDERFULLY a fini 5ème.

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Si les tribunes sont toujours aussi garnies, les audiences télévisées ayant été moitié moindres que celles de l'an dernier, Rupert Trevelyan, le directeur régional du Jockey-Club britannique, n'écarte pas l'idée de déplacer le célèbre derby d'Epsom de quelques heures, les chaînes de télé étant persuadées d'attirer bon nombre de téléspectateurs si la course a lieu en nocturne. Mais pour cela, il faut l'accord de la Reine, celle-ci assistant chaque année au derby, il n'est pas certain que la grande course en nocturne soit à sa convenance...

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LAMMTARRA est mort Vainqueur en 1995 du derby d'Epsom, des King George VI and Queen Elisabeth Stakes puis de l'Arc de Triomphe, exploit rarissime, le champion LAMMTARRA, propriété de Cheikh Mohamed, est mort à l'âge de 22 ans. Le fils de NIJINSKY s'est éteint à Dalham Hall Stud où il était revenu après un séjour au Japon.

EAGLE TOP supplémenté dans les « King George » !

Dans le numéro 1 de HIPPIK nous recommandions à nos lecteurs de retenir le nom d'EAGLE TOP, qui venait de causer une très grosse impression dans les King Edward Stakes à Ascot. Nous ne nous sommes pas trompés ! John Gosden, l'entraîneur du poulain, a, en effet, décidé de supplémenter EAGLE TOP dans les King George VI and Queen Elisabeth Stakes, le 27 juillet à Ascot ! L'Arc d'été britannique s'annonce somptueux cette année...

Newmarket power Le traditionnel festival de juillet à Newmarket qui commençait ce jeudi, se poursuit vendredi, avec le groupe I Falmouth Stakes sur le mile retiendra l'attention. Les Françaises, absentes cette année, y ont brillé : GOLDIKOVA en 2009 et GIOFRA en 2012.

La course s'annonce relevée avec la présence de RIZEENA (Coronation Stakes), KYOSHI, JUST THE JUDGE, INTEGRAL, SKY LANTERN ou encore CERTIFY Le sommet du meeting se tiendra samedi avec la July Cup (groupe I, 1200m ligne droite), un sprint très convoité pour 2 ans et plus. L'écurie Power qui s'est distinguée à Ascot le mois dernier, délègue ses deux bolides, SOLE POWER (King Stand's Stakes) et SLADE POWER (Diamond Jubilee), lequel retrouvera sur sa route son dauphin

d'Ascot, DUE DILIGENCE. ALJAMAAHEER, 3ème des « Diamond » n'est pas hors course et l'on suivra avec attention la prestation de l'Espagnol NOOZOOH CANARIAS, 6ème des 2000 Guinées, et confié à Christophe Soumillon. Enrique Leon, son entraîneur, estime qu'il sera meilleur sur 1200m. Côté O'Brien seront présents DARWIN, FOUNTAIN OF YOUTH et COUGAR MOUNTAIN.

CALIFORNIA CHROME vise le Breeder's Cup Classic.

Le clan du champion californien semble avoir digéré sa 4ème place dans les Belmont Stakes, troisième épreuve de la Triple Crown US dont il était le grand favori. Le cheval avait quitté l'hippodrome new-yorkais blessé à un sabot. Apparemment guéri, il est revenu dans l'établissement de son entraîneur, Alan Sherman. Objectif visé : le Breeder's Cup Classic (groupe I, 2000m) le 1er novembre à Santa Anita Park, après une rentrée à Los Alamitos.

Premier succès de groupe américain pour AIGUE MARINE. Entraînée par Christophe Clément, AIGUE MARINE, montée par Kendrick Carmouche, a remporté sur l'hippodrome du Delaware, les Dick Memorial Stakes. Elle avait devancé TOPIC, mais celui-ci après réclamation du jockey de STARSTRUCK, arrivé 7ème, a été déclassé à la 9ème place. CONCISE fut donc classé 2ème devant ALWAYS KITTEN.

MAIN SEQUENCE gagne pour ses débuts.

Dauphin de CAMELOT dans le Derby d'Epsom 2012 et 4ème du Grand Prix de Paris d'IMPERIAL MONARCH, le 5 ans anglais désormais entraîné aux USA par Graham Motion, a effectué des débuts victorieux outre-Atlantique en enlevant les United Nation Stakes à Monmouth

Park. Le cheval n'avait pas couru depuis sa 8ème place dans les Champion's Stakes à l'automne dernier.

Prix Jean Prat : quatre contre quatre Le Prix Jean Prat, groupe I pour 3 ans sur 1600m, lundi à Chantilly, a réuni un lot très bien composé. On pensait que les Britanniques, encore très nombreux mercredi, allaient profiter du 14 juillet pour défiler sur l'hippodrome des Condés, mais après le forfait de jeudi, ils n'étaient plus que quatre, soit la moitié du peloton. Suffisant pour damer le pion aux nôtres ? MUWAARY (John Gosden) est bien connu en France puisqu'il a terminé 4ème de la Poule d'Essai des Poulains. Le O'Brien GIOVANNI BOLDINI n'avait pu faire mieux que 7ème ce jour-là, avant de finir 3ème des Jersey Stakes à Ascot et de s'imposer dans une petite listed au Curragh. SHIFTING POWER (Richard Hannon) reste sur une bonne 2ème place dans les Guinées irlandaises mais à 5 longueurs du crack KINGMAN. YUFTEN (William Haggas) a été dominé dans les Queen Ann Stakes à Ascot, finissant 5ème d'une course survolée par le même KINGMAN. Donc, a priori, les Français ont toutes leurs chances. CHARM SPIRIT vient de s'imposer avec brio dans le Prix Paul de Moussac sur le même parcours. PRINCE VENDOME , 2ème de KARAKONTIE dans la Poule mais débordé dans le Jockey-Club revient sur le mile. Le Gauvin CALLING OUT, 3ème du Prix de Guiche n'a trouvé que l'Anglais MASTER CARPENTER pour le battre dans le Prix Daphnis.

Enfin, la seule pouliche du lot, LA HOGUETTE, après s'être imposée dans une listed à Toulouse a affiché de gros progrès dans le Prix de Sandringham (groupe II) ici même en terminant bonne 2ème de FINTRY. Attention à elle. C'est une Rouget, propriété de Gérard Augustin-Normand, et fille de l'étalon en pleine réussite, LE HAVRE...

Henry Browne

Vainqueur à Ascot, SLADE POWER est une des attractions du festival de juillet à Newmarket.

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< L’ACTU HIPPIK >

Prix de la Porte Maillot et Prix Messidor

SOMMERABEND ET GRAPHIC

dominent les Français Sur le papier, la comparaison entre le Prix de la Porte Maillot (groupe III, 1400m) disputé samedi à Longchamp, et le Prix Messidor (groupe III, 1600m ligne droite) le dimanche à Maisons-Laffitte, donnait un net avantage au premier cité...

A juste titre.

Les deux courses étaient, certes, identiquement dotées (80.000 €).mais la concurrence entre deux épreuves intéressant les milers de 3 ans et plus allait forcément porter un mauvais coup à l'une d'entre elles. On ne comprend pas comment ces deux groupes III ont pu être programmées à vingt quatre heures d'intervalle ! La concurrence a donc joué en faveur du toboggan de Longchamp, le Prix de la Porte Maillot étant plus fourni en partants que le Messidor qui n'allait réunir que cinq concurrents. Le plateau était par ailleurs beaucoup plus relevé au Bois de Boulogne que sur les bords de Seine...

IRRESISTIBLE A 7 ANS !

L'inoxydable allemand SOMMERABEND, déjà vainqueur du Prix du Muguet, puis 2ème du Palais Royal, a encore affiché une grosse supériorité pour enlever un nouveau groupe. Le 7 ans, monté par Théo Bachelot, a pris sa revanche sur AMERICAN DEVIL, alors que SO LONG MALPIC finissait 3ème à une encolure. Mais c'est VORDA qui a causé la plus forte impression en refaisant dans la ligne droite un retard considérable après avoir perdu pas mal de terrain à la sortie des stalles. Sa 4ème place au prix d'un finish exceptionnel est donc tout à fait remarquable.

Le lendemain à Maisons-Laffitte où le « déjeuner sur l'herbe » fut plutôt humide, on a assisté au cavalier seul de l'Anglais GRAPHIC. Toujours vu en tête du petit peloton du Prix Messidor, le pensionnaire de William Haggas, monté énergiquement pas Lanfranco Dettori, s'est imposé de bout en bout avec autorité sur la ligne droite mansonienne, ralliant le poteau avec une longueur et demie d'avance sur le Wertheimer PILOTE (Olivier Peslier). LINE DRUMMER se classait 3ème devant MATORIO et MARKET SHARE, assez décevants. Que dire

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de ce Prix Messidor, boudé par les 3 ans, sinon qu'il ne nous laissera pas un souvenir impérissable...

La listed Prix Amandine sur 1600m est revenue à AMY ERIA

(Thierry Thulliez), une élève de François Rohaut, devant THIS TIME et FRESLES, la grise STORMYRA se classant 4ème.

SOMMERABEND (Théo Bachelot) a impressionné à Longchamp pendant que GRAPHIC (Lanfranco Dettori), ci-dessous, a remporté un Prix Messidor sans grande saveur.

Hippik # 4

< REndEZ-VoUS >

SPIRITJIM sera sûrement au rendez-vous en octobre prochain. Mais avec quel jockey ?

HIPPIK vous en dit déjà un peu plus...

Votre avis nous intéresse !

Vous avez des idées, des envies, des pronostics... Qui va monter qui lors de la plus grande course de l’année ? Ecrivez-nous : redaction@hippik-mag.fr

Quels jockeys pour quels chevaux dans l’ARC ?

K

Hippi # 5

en ligne jeudi 17 juillet

Un AUTRE REgARd SUR lES CoURSES

Par Allison Nicolleau

< HISTOIRE >

Le cheval de course, comme on l'entend aujourd'hui, n'aurait certainement pas vu le jour et provoqué tant de dévouement à travers les siècles, s'il n'avait été enfanté dans la légende.

Vingt-cinq ans avant la révolution française, la toute première icône du turf anglais naissait dans les ténèbres d'une éclipse solaire. Il mourra à l'aube d'une année sanglante, dans l'ombre des baïonnettes tressaillantes sous le parfum de l'imminente liberté.

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L

e jour du 1er avril 1764 connu deux vies. Il se réveilla d'humeur acariâtre, l'haleine chargée, l'esprit figé et confus. Les courbatures similaires à la veille, prémices du lendemain. Il ne voulut pas se lever. Il posa bien un pied à terre, mais le laissa effleurant, ne lui consacrant nulle force. Alors le jour du 1er avril s'attribua un destin. Il ramena à son visage l'astre lunaire, s'étouffant sous ce soyeux coussin, et expira dans le néant occasionné, se déchargeant de tout passé, renaissant dans ce présent qu'il s'était attribué.

L'issue des caprices de ce jour se trouvait blottie dans la paille, petite masse aux reflets boisés dont l'unique chaussette blanche s'était agrippée jusqu'au genou gauche et qui, de ses lèvres inconscientes et instinctives, happait l'air jusqu'aux mamelles prodigieuses. ECLIPSE était né.

Fruit des amours de la charmante SPILETTA, et d'un amant dont elle tue le nom à jamais, MARSKE l'officiel ayant été devancé une nuit par SHAKESPEARE le poète alezan, ECLIPSE grandit au haras du duc de Cumberland. Bien que présenté comme une merveille de la nature, il n'avait pas, à deux ans, l'ossature prometteuse et développait déjà un caractère ombrageux et indomptable. Le duc quittant ce monde, l'animal à la robe de feu fut présenté à une vente publique et allégea aussitôt de 70 guinées les poches d'un intéressé. Au grand malheur de celuici, un marchand de chevaux du nom de Wildman profita de l'illégale précipitation des achats avant l'heure annoncée pour

D.R.

ECLIPSE, il ya 250 ans... renchérir de 5 guinées et disparaître avec son bien. De cet homme ECLIPSE reçut un nom, et une destinée. Tandis que le poulain grandissait, stimulé par l'herbe grasse des campagnes d'Epsom, il déploya au fil du temps une force et une vitesse inconnue jusqu'alors. Un diamant brut, qui refusait tout approche. L'animal devenait meurtrier au contact d'un éventuel cavalier, décochant des ruades continues, redressant son corps et ses sabots assassins au-dessus de tout opportuniste.

Wildman, cherchant à se défaire de ce soucieux caractère, s'entretint avec le capitaine O'Kelly qui lui conseilla les services de Sullivan, un irlandais qui travaillait au sein de son écurie. Surnommé "le Charmeur", Sullivan pénétra dans le box du poulain pour un tête-à-tête mystérieux et lorsqu'il en ressortit, laissa derrière lui un animal des plus dociles. Habité par la maîtrise des Peaux-Rouges, l'homme aurait guéri ECLIPSE de ses maux en lui masquant les globes optiques de ses mains, mêlant son souffle au sien, douce brise de l'enfance dans l'affreuse disparition d'un soleil salutaire.

Le 3 mai 1769, alors âgé de cinq ans, ECLIPSE se présenta en compétition officielle, son don n'ayant pas encore été divulgué. Il remporta la première épreuve du Prix des Nobles et des Gentleman à Epsom, monté par Whiting sous les couleurs jaunes et noires du capitaine O'Kelly.

Il couvrit les 6400 mètres du parcours en six minutes, retenu par son jockey.

Avant la seconde manche, le capitaine engagea des paris astronomiques sur le pro-

tégé de Wildman, annonçant que son poulain "serait premier, et les autres nullepart". ECLIPSE remporta la course avec plus de 200 mètres d'avance et Wildman céda la moitié de son prodige à son ami pour 467 livres sterling. Leur association débutait et le poulain ne cessa de gagner.

Le 29 mai, il s'imposait à Epsom, les 13 et 15 juin à Winchester, les 23 et 24 juin à Salisbury, le 25 juillet à Canterbury sans même un concurrent pour l'affronter. Le 27 juillet à Lewes, ECLIPSE remportait son cinquième Prix du Roi pour 100 guinées, davantage que son prix d'achat.

Heureux, le capitaine faisait fortune dans les paris en tout genre, bien plus que par les gains engrangés par l'animal divin.

Au repos lors du passage à l'an 1770, ECLIPSE revint au printemps pour coller ses naseaux précieux contre l'arrivée à deux reprises, et ce le même jour. Il écrasa dans un match l'invaincu BUCEPHALUS d'une centaine de foulées d'avance et retrouvait du souffle dans un énième Prix du Roi. Bientôt, la jalousie de propriétaires se manifesta. Incapables de présenter le moindre cheval digne de la croupe de l'animal en feu, ils menacèrent d'attenter à sa vie.

Pris de panique, Wildman céda sa part au capitaine, qui annonça la retraite imminente de son miracle. Il s'était imposé de nouveau à trois reprises, il ne lui resterait que deux engagements à assouvir.

Le 3 octobre 1770, ECLIPSE s'adjugea les Subscripters'Stakes de Newmarket. Le lendemain, sur la même piste, l'animal adulé fut le seul partant du Prix du Roi qu'il couvrit au pas, sous les acclamations de la foule. L'icône se retira.

Au haras, ECLIPSE devint un étalon prisé, et onéreux. Il engendra bon nombre de champions dont l’hilarant POT-8OES, et les vainqueurs du juvénile Derby d'Epsom YOUNG ECLIPSE, SALTRAM et SERJEANT. Issu du sang légendaire de GODOLPHIN ARABIAN par sa mère et de celui de DARLEY ARABIAN par son présumé père, ECLIPSE fut le tout premier cheval né avec le don de la course. Deux siècles et demi plus tard, nos coursiers vibrent encore à travers ses exploits, et portent fièrement ses gènes. Invincible et inaltérable enfantement de la lune et du soleil, dans une étreinte secrète, dissimulée par un capricieux jour ébène.

Hippik # 4