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PERDU
/ DES AIRS SAUVAGES
Auteurs : Jo Hoestlandt et Thomas Scotto
Illustratrice : Manon Karsenti
ALBUM couv souple avec rabats à partir de 12 / 13 ans format : 110 / 180 mm nombre de pages : 48 prix : 7.50 €
Janvier 2024 / ISBN : 979-10-92353-86-0
HUMANISME / JOIE DE VIVRE / VIOLENCE / BOULEVERSEMENT DE LA VIE / JAURES
LE BAL PERDU : été 1914. La jeunesse se retrouve à l’Estaminet en bord de Seine pour de joyeuses journées d’insouciance et d’amitié, loin de la guerre qui menace. Jusqu’à ce fameux 31 juillet...
DES AIRS SAUVAGES : été 2023. Une rue en pente. Six adolescent.e.s et leur passion du skate, un spectacle simple de la vie, souriante et désinvolte. Jusqu’à ce jour où...
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Points Forts
2 textes à la même trame : on passe de l’insouciance à la sidération suite à un événement brutal et on sait que la vie ne sera plus jamais la même
2 auteurs qui questionnent l’espoir dans un monde violent alors que plus d’un siècle sépare les 2 narrations.
Jo Hoestlandt après des études de Lettres à Paris, elle enseigne la littérature pendant trois ans avant de se consacrer à l’écriture presse et édition. Elle a créé des ateliers de lecture et d’écriture pour les enfants qu'elle anime encore aujourd'hui. Elle a reçu de nombreux prix, dont deux fois le Prix Chronos, et le grand prix de Bologne pour son album La grande peur sous les étoiles (Syros).
Thomas Scotto après avoir écourté de longues études de lettres à Tours, il profite de la naissance de sa première fille pour devenir papa au foyer et commencer à écrire… Un bonheur reconduit tacitement à la naissance de sa deuxième fille ! Il passe avec allégresse de sujets légers et distrayants à d’autres plus sérieux en passant par des intrigues policières où le suspens est roi. Son style poétique et subtil offre des textes riches, nuancés, aussi stimulants pour les petits que les grands !
Manon Karsenti , jeune talent passée par l’ESAL-site d'Epinal, sort pour l’occasion son 1er ouvrage.
NOTE D’INTENTION DES AUTEURS :
L'histoire du "Bal perdu" vient de loin : de l'homonymie si forte et si étrange des deux mots " balle" et "bal", d'abord, qui ici, sont indissociablement liés.
Elle emprunte évidemment à la réalité : le troquet dit" l'Estaminet" de Lulu et Simone, mes grandsparents, bistrot situé en bord de Seine, où l'on dansait le samedi, leur respectueux souvenir de la personne de Jaurès, la déflagration qu'a été pour toute cette génération, l'annonce, au 31 juillet 1914 de son assassinat par deux balles, mettant ainsi un terme au dernier espoir que le peuple portait encore d'éviter la guerre.
Dès lors mon récit essaie de dire, de belle et forte façon, comme s'imbriquent toujours la petite histoire de la vie des simples gens à la Grande Histoire qu'à l'école, à leurs enfants et petits-enfants, plus tard on apprend.
Jo Hoestlandt
Pour ce projet, deux textes se répondent, se font écho.
Le Editions du Pourquoi m’ont fait le grand plaisir de m’associer à Jo Hoestlandt.
Jo Hoestlandt, rencontrée à la sortie de mon tout premier livre il y a 25 ans… et qui est devenue aussitôt ma marraine d’écriture.
Le décor ? Une rue en pente de nos jours. Six adolescent.e.s et leur passion du skate.
Le narrateur est l’un de ceux-là. Il dit le choix de cette rue, la beauté fauve de ses ami.e.s, l’acceptation des riverains, l’enchainement des figures, le spectacle simple de la vie. Souriante et désinvolte.
Et puis, il raconte Nino, son pote. « Pacifiste jusque dans le fond des yeux ». Jusqu’au drame…
« C’est l’image de son skate dévalant le pavé que je garderai longtemps… Rue Jean Jaurès.
- Jaurès ? Encore un homme inconnu… pour un trottoir célèbre ! j’avais fanfaronné. »
En regard au « Bal perdu » historique de Jo Hoestlandt, j’ai voulu trouver l’instant où l’innocence de la jeunesse bascule, où la joie et l’insouciance sont mis à mal. Où il faut des trésors de force et de confiance pour empêcher jusqu’à « la chute d’un garçon heureux ».
Dans un monde d’une grande violence, quelles sont nos fenêtres d’espoirs ?
Thomas Scotto
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C’était au temps où les petites filles s’appelaient Lili, Suzette ou Mimi, un autre temps qu’aujourd’hui.
Je ne sais pas si les étés étaient plus beaux, plus dorés, si l’eau qui coulait sous les ponts portait autant de rêves que de poissons.
Les petites filles couraient le long, sur les berges où fleurissaient encore les coquelicots.
Mais cette année-là, en plein été, la guerre rôdait, pas loin, comme un monstre assoiffé de sang qui réclamerait une énorme ration de beaux jeunes hommes pour nourrir son énorme gueule puante.
Tout contre la Seine, il y avait un petit café, on l’appelait l’Estaminet, et Simone, la petite fille qui y habitait, avait longtemps cru que s’il se nommait comme cela, c’était en l’honneur de Minet, son petit chat.
Cependant, les gens, les femmes surtout, espéraient encore que le monstre se contenterait de rugir, laissant encore un peu de temps aux enfants pour grandir, aux hommes et aux femmes pour s’aimer, aux vieux pour mourir sans chagrin, bien entourés. Pour cela tous comptaient sur un homme, qui s’appelait Jaurès, qui avait le cœur si grand qu’il pouvait mettre tous les hommes dedans. Un seul homme, ce n’était pas beaucoup, mais celui-ci éloignerait les gros nuages porteurs d’orages, ceux qui l’avaient entendu, qui l’avaient lu, en étaient sûrs, on pouvait compter sur lui.
À l’Estaminet, les soirs d’été, on poussait les tables du café, pour danser, ça faisait un petit bal et voilà. Tout le monde dansait avec tout le monde, les bruns avec les blondes, petits et grands, gros et maigres, jeunes et vieux. On dansait pour oublier un peu qu’on n’avait pas de sous, qu’on était bien fatigués, que la vie était dure à l’usine ou à l’atelier, mais qu’il fallait bien tenir, et nourrir la famille, les gamins, sans compter la grand-mère qui n’avait plus sa tête, ou le beau-père tombé d’une échelle mal posée…