Tremplin gagnant

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Le concept d’intérim d’insertion

Tremplin gagnant L’intérim d’insertion se développe, grâce notamment à la diffusion des clauses sociales dans les marchés publics

SIPA

L’intérim d’insertion se différencie de l’intérim classique par un accompagnement accru des publics auxquels il s’adresse: des personnes très éloignées de l’emploi.L’intérimaire est encadré et conseillé par un tuteur,tant pour les aspects professionnels que pour ses problèmes personnels. Objectif: être un tremplin vers un retour durable à l’emploi. Grâce à la diffusion des clauses sociales dans les marchés publics,de plus en plus d’entreprises sont confrontées à l’intérim d’insertion.Ces structures sont donc appelées à se professionnaliser pour mieux répondre aux contraintes en termes d’efficacité et de réactivité.Et aussi pour faire face à la concurrence des agences d’intérim “classiques”.

versent sa rémunération. Deux différences et pas des moindres, tout de même. Seuls les demandeurs d’emploi orientés par Pôle Emploi peuvent s’adresser à ces structures d’insertion, puisque c’est la deuxième spécificité - les salariés en parcours d’insertion doivent bénéficier d’un accompagnement socioprofessionnel individualisé très poussé. Par Andrea Paracchini

Cette forme d’insertion par l’activité économique vise à remettre en activité des personnes éloignées de l’emploi au travers de missions en entreprise. elle est parmi les formes d’insertion les plus efficaces: un intérimaire sur trois retrouve un emploi durable.

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l y a six mois, l’intérim d’insertion soufflait ses vingt bougies. Introduite en France par la loi relative à la formation professionnelle et à l’emploi, cette forme d’insertion par l’activité économique vise à remettre en activité des personnes éloignées de l’emploi au travers de missions en entreprise. Un paradoxe, en apparence, alors que le travail temporaire est l’une des formes les plus précaires d’emploi. Et pourtant, elle est parmi les formes d’insertion les plus efficaces : un intérimaire sur trois retrouve un emploi durable. Tout comme dans l’intérim “classique”, les candidats intérimaires s’adressent à des structures – entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI) – qui négocient des heures de travail auprès de clients, organisent la mise à disposition du salarié et lui

Le nouvel Economiste - n°1615 - Cahier n°2 - Du 31 mai au 6 juin 2012 - Hebdomadaire

La valeur ajoutée, l’accompagnement

Les dirigeants sont unanimes : les entreprises n’ont pas les outils et les compétences - y compris là où une direction RH existe - pour prendre en charge des publics sensibles. Pour Eric Beasse, responsable développement économique du réseau Coorace, rassemblant 40 des 220 ETTI hexagonales, l’intérim d’insertion est une réponse. “Dans nos structures, le ratio d’encadrement est très élevé, avec un tuteur tous les douze équivalents temps plein.” Ce surencadrement a certes un coût : dans l’intérim d’insertion, le coefficient (le chiffre par lequel est multiplié le salaire brut de l’intérimaire pour aboutir au montant facturé au client) est rarement inférieur à deux, comme c’est le cas dans l’intérim “classique” à profil équivalent. “Mais en contrepartie, nos encadrants sont très présents et, notamment en début de mission, se

déplacent souvent en entreprise avec le salarié.” Un effort indispensable au succès de la mission lorsque, en moyenne, plus de la moitié des intérimaires est au chômage depuis plus de six mois. “L’absentéisme étant notre principale difficulté, pour garantir la bonne intégration du salarié, la relation avec lui doit aller au-delà de la simple mise à disposition”, rappelle-t-il. Santé, logement, mobilité : un tuteur doit également s’attaquer à résoudre ceux qu’on appelle les freins périphériques à l’emploi. Ensuite, les ETTI investissent beaucoup dans la remise à niveau de leurs intérimaires à travers des parcours de préqualification comme les contrats d’insertion professionnelle intérimaire (Cipi). Ensuite, les candidats peuvent bénéficier de contrats de développement professionnel intérimaire et d’une formation diplômante, pourvu qu’ils aient cumulé 450 heures de mission dans les 12 derniers mois. Or, selon les chiffres la Dares, les intérimaires des ETTI exécutent en moyenne à peine plus de 300 heures de mission par an. En effet, à la différence d’une agence d’intérim classique, une ETTI est censée se séparer rapidement de ses meilleurs éléments, pour les placer dans des emplois durables. Chaque structure est d’ailleurs à cette fin dotée d’une cellule

dédiée : “La meilleure embauche est celle chez le client, à l’issue d’une mission. C’est le résultat le plus efficient du travail d’une ETTI.” Un travail qui ne peut donc être que du sur-mesure. “Nos structures n’ont pas pour vocation de faire face à d’énormes volumes de maind’œuvre. A l’exception du BTP, où il peut y avoir des recrutements plus massifs, il ne s’agit que d’envoyer un ou deux intérimaires par entreprise.”

Ancrage local

Les ETTI ont très souvent un ancrage très local et ciblent prioritairement les PME du territoire. Elles apportent une réponse au besoin de flexibilité de ces entreprises, notamment lorsqu’elles

“Nous voulons travailler avec les ETTI dans une logique de complémentarité” Martine Gomez, Manpower.

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“Dans les PME, le mot ‘insertion’ fait encore peur car il demeure très stigmatisé.” Eric Beasse, Coorace.

sont fragilisées. Mais elles peuvent également répondre à une crise des vocations sur des métiers en tension. C’est le cas par exemple dans la métallurgie, un secteur qui, malgré le contexte général, recrute 60 à 80 000 postes par an. Non sans grandes difficultés. “C’est pourquoi l’UIMM a décidé d’aller recruter chez les chômeurs longue durée, les personnes handicapées, les jeunes en décrochage scolaire et d’autres profils qu’on n’avait pas l’habitude de prendre en compte dans l’industrie”, explique Yazid Boudjedia, chef de projet du fonds de dotation Agir pour l’insertion dans l’industrie (A2i). Parmi les 84 projets soutenus depuis 2010, nombre d’entre eux sont liés à l’intérim d’insertion. Récemment, le fonds s’est associé à Id’ées Intérim, l’un des plus importants acteurs de l’intérim d’insertion en France, pour soutenir plusieurs projets : la création de Chorus 2i, antenne de l’ETTI Chorus Normandie dédiée à une dizaine d’entreprises, surtout des PME, adhérentes de l’UIMM de la région havraise, une agence dans le bassin d’emploi de Monbard (Côte-d’Or), où une usine du groupe Vallourec est en plein développement, et une autre à Chambéry. Ces trois initiatives représentent quelque 30 ETP (Equivalent Temps Plein). “Dans le secteur industriel, le travail tempo-

raire d’insertion est un bon moyen de tester des candidats et de les former parallèlement aux missions”, confirme celui qui, avant de rejoindre A2i, a monté deux ETTI en Seine-Saint-Denis. Reste à savoir que les PME ne sont pas des clients toujours faciles à convaincre. “Dans ces entreprises, le mot ‘insertion’ fait encore peur car il demeure très stigmatisé, avoue Eric Beasse. Ce mot évoque un public complètement inadapté.” Du côté des grandes entreprises, en revanche, de nouvelles

public à consacrer une partie des heures de travail à l’insertion de publics éloignés de l’emploi. Bien qu’elles ne soient que très peu appliquées – 2,5 % des marchés publics en 2010 –, elles commencent à peser lourd dans certains secteurs, le BTP notamment. En 2011, le groupe Vinci a ainsi réalisé 4 millions d’heures en insertion, toutes filiales confondues. Cela équivaut à 2 200 ETP, soit 6 à 9 000 personnes. Etant donné le caractère temporaire de ces chantiers, une bonne partie de

Ce qui porte aujourd’hui l’intérim d’insertion c’est en quelque sorte le développement d’un marché quasiment captif, celui des clauses sociales incluses dans les marchés publics perspectives s’ouvrent depuis que la notion de RSE a trouvé sa place dans la réflexion stratégique. Ainsi l’insertion, y compris dans son volet intérim, est de plus en plus considérée comme un moyen d’apporter plus de diversité et de mixité dans les recrutements. Et pourtant, ce qui porte aujourd’hui l’intérim d’insertion c’est en quelque sorte le développement d’un marché quasiment captif, celui des clauses sociales. Elles obligent les entreprises qui souhaitent être retenues pour l’exécution d’un marché

ces heures a été confiée à des ETTI. Dans les déchets et la propreté également, la clause fait son chemin et les ETTI en profitent. A Lille, le groupe Derichebourg vient de gagner le marché propreté de l’agglomération avec l’engagement, entre autres, de recruter 75 % de travailleurs temporaires en insertion. “La clause d’insertion est un élément de sécurisation pour les ETTI car elle permet le maintien de l’activité en période de récession”, souligne Michel Abhervé, professeur associé à l’université Paris-Est Marne-laVallée. Si le secteur de l’intérim d’insertion a subi de plein fouet la crise de 2008, il s’en est en effet beaucoup mieux tiré que le travail temporaire classique : quand l’in-

térim baissait de 30 %, l’insertion ne baissait que de 10 %. Il serait néanmoins faux de croire les grands groupes “prisonniers” des structures d’insertion. Christophe Jaunet, chargé des politiques d’insertion du groupe Derichebourg, explique pourquoi : “Aujourd’hui on ne se contente plus d’acheter des heures : l’entreprise élabore des cahiers de charges où la formation est cruciale et garde la maîtrise de la démarche car, au fond, c’est elle qui intègre le salarié.” Cela n’a pas toujours été le cas dans le cadre des opérations Anru, ce qui est en train de redistribuer les cartes dans l’intérim d’insertion. Philippe Archias, directeur des projets de l’association Travail Emploi Europe Société (Astrées), a notamment observé la mise en œuvre des clauses d’insertion dans les marchés de rénovation urbaine. Il témoigne : “Face à des ETTI qui n’affirment pas assez leur vocation de réinsertion, mais aussi au regard des flux de missions à gérer, certains donneurs d’ordre peuvent être tentés par la concurrence des agences classiques.”

L’intérim “classique” se positionne

“Dans la mesure où les publics embauchés par les entreprises de travail temporaire ‘classiques’ correspondent aux publics visés par l’acheteur public, rien ne s’oppose à ce qu’une entreprise adjudicataire fasse appel aux services de cette entreprise.” Ainsi l’ancien ministre du Travail et de l’Emploi Xavier Bertrand répondait en mars dernier à la question posée par un

Les Job Services des écoles de commerce

Fiables et peu coûteux

Une animation commerciale pour PernodRicard, une campagne téléphonique pour la Société Générale ou une enquête consommateur pour Danone. Ce ne sont que quelques exemples parmi les missions typiques proposées par les Job Services des écoles de commerce françaises. Créées à partir des années 1990, ces associations d’étudiants – à l’origine elles s’appelaient souvent association de marketing direct – négocient auprès des entreprises des missions à proposer à leurs adhérents. Fonctionnement, règles et modalités peuvent varier selon les cas, mais normalement l’étudiant se lie d’un contrat d’engagement avec l’association qui le rémunère, en lui remettant un bulletin de versement, grâce à l’argent facturé à l’entreprise clien-

sur la valeur pédagogique d’un inventaire, d’une saisie de données ou d’une distribution de gadgets… “Mais même quand il n’y a pas de réel intérêt, c’est une expérience formatrice, surtout pour des élèves réservés, peu à l’aise dans le relationnel”, estime Dounya Abouri, présidente de la Job Service de l’ICN Nancy. L’implication dans l’équipe chargée d’animer une Job Service s’avère, elle, en revanche, d’un intérêt certain. “C’est un vrai travail d’équipe, souligne Jonathan Toutoux, président d’AMD Performance. Il y a ceux qui s’occupent du démarchage commercial de nouveaux clients, ceux qui suivent la communication, d’autres le travail administratif et les missions.” Ce n’est pas un hasard si Axel Learissi préfère parler d’ISC Network –

Les Job Services refusent tout comparatif avec les agences d’intérim te. “Le but principal d’une Job Service est d’aider les étudiants à trouver un moyen pour financer leurs études et leur logement”, explique Axel Learissi, président récemment élu d’ISC Network, la Job Service de l’ISC Paris. A 10euros de l’heure, quelle que soit la mission, ce n’est pas gagné, mais reste intéressant pour l’étudiant. D’autant plus que chaque mission doit avoir également une valeur pédagogique: “Dans l’animation commerciale par exemple on met en pratique ce qu’on a appris dans des cours de technique de vente.” Certaines écoles comme Skema Business School, qui soutient fortement sa job service AMD Performance, valident la fiche pédagogique remplie après chaque mission par les étudiants, en gage de qualité. En règle générale, on ne demandera donc pas à des étudiants de faire des heures de ménage ou du baby-sitting, même s’il pourrait être légitime de se questionner

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336 missions et plus de 500000 euros de chiffre d’affaires l’année dernière, première Job Service de France – comme d’une “entreprise étudiante”. Néanmoins, il refuse tout comparatif avec les agences d’intérim: “Certes, nos charges étant moindres et n’ayant pas de but lucratif, on peut proposer des tarifs très attractifs aux entreprises, reconnaît-il. Mais si elles viennent chez nous, c’est surtout pour le profil qu’on leur offre: une base de 500 étudiants d’école de commerce très motivés”. Pour renforcer encore plus cette image auprès des clients et leur offrir un interlocuteur unique, ISC Network, AMD Performance et les Job Services des écoles de commerce de Grenoble et Marseille travaillent à la création d’une Union nationale des prestataires en marketing et service (UNPMS). A.P.

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Le concept d’intérim d’insertion

député, inquiet de voir des entreprises de travail temporaire “classiques” venir chasser dans le pré carré des ETTI. Et pourtant, Adecco, géant français de l’intérim, n’a pas attendu 2012 pour s’intéresser à l’insertion. En 1996, alors qu’il s’appelait encore Ecco, le groupe lyonnais prenait une part minoritaire dans le capital de Id’ees Intérim et de Janus, ETTI du groupe Vitamine T. Quinze ans plus tard, le Réseau Adecco Insertion comptait 61 agences - dont celles de Janus, Id’ees et Sato Intérim - ayant fait travailler 2 500 ETP auprès de 3 500 clients. “Sur le terrain, nos équipes se rapprochent pour faire une offre conjointe incluant le volet insertion”, note Jean-François Connan, directeur Diversité et Insertion chez Adecco. L’accord d’exclusivité qui lie Id’ees et Janus au réseau Adecco permet à ces dernières de profiter en contrepartie du savoirfaire mais surtout de la crédibilité du partenaire : “Aujourd’hui nous sommes présents dans 1 500 entreprises dont 150 grands comptes, rappelle Pierre Choux, président du Groupe Id’ees. Sans Adecco, jamais on n’aurait pu être référencé.” Une réflexion qui trouve un écho du côté du numéro deux de

La course à la mise en conformité du monde de l’insertion aux codes de l’entreprise fait grincer les dents des partisans du modèle associatif l’intérim en France, Manpower. “Les clients ayant déjà testé notre travail dans l’intérim classique nous accordent un potentiel de compétence, estime Martine Gomez, directrice déléguée du président, en charge de l’emploi responsable. Les entreprises savent que nous connaissons leur façon de faire, leurs attentes de performance et qu’elles n’auront rien à nous apprendre.” Pas question pour autant que Manpower développe son réseau d’agences d’intérim d’insertion comme son concurrent. L’intérim d’insertion se fait dans les agences classiques, épaulées par la filiale Manpower Egalité des chances, créée en 2005. “Quant aux ETTI qui existent déjà, nous voulons travailler avec eux dans une logique de complémentarité, pas en concurrence, souligne-t-elle. C’est pourquoi nous cherchons à nouer des partenariats et des parcours communs avec les 100 ETTI adhérentes au Cnei sur la base des besoins des différents bassins d’emploi.” Approché par le passé par un major du travail temporaire, le réseau Coorace avait opposé une fin de nonrecevoir. Laurent Laïk, patron de la Varappe et président du Cnei, reconnaît en revanche avoir été près de signer un accord entre Eureka, l’ETTI de son groupe et une ETT. “Mais finalement on ne partageait pas les mêmes objectifs, estime-t-il. Ils cherchaient une rentabilité, voulaient aller trop vite mais nous ne sommes pas prêts à faire des compromis sur le travail d’accompagnement social.”

Sous tension

La course à la mise en conformité du monde de l’insertion aux codes de l’entreprise fait grincer les dents des partisans du modèle associatif: “Ces accords cadre tirent les coefficients vers le bas et mettent en difficulté nos structures”, dénonce Eric Beasse en rappelant que la moitié des 40 ETTI

du réseau Coorace sont des associations. Pour Manpower, il n’est pourtant pas question de concurrencer sur les coefficients. “C’est pour les prestations à forte valeur ajoutée que les clients sont prêts à payer, affirme Martine Gomez. Ils vont par exemple payer pour une formation des managers de proximité qui se trouveront sur le chantier avec le personnel en insertion.” Et si jamais l’opération n’est pas rentable, tant pis: ils auront quand même gagné des parts de marché. Néanmoins, pour des observateurs extérieurs, le risque est là: “Les objectifs d’insertion pourraient être relégués au second plan par rapport à des contraintes de coûts et de délais, souligne Philippe Archias. Dans un contexte de concurrence et de pression sur les résultats, le risque est de chercher des personnes plus efficaces, moins éloignées de l’emploi, qu’on pourrait conserver plus longtemps que nécessaire, plutôt que de les réinsérer aussitôt que possible.” Or, la vraie valeur d’une entreprise d’insertion est que si une personne échoue sur une mission, on ne l’écarte pas mais on travaille sur ses freins pour les dépasser. Certes, le Prisme, l’organisation qui rassemble 600 entreprises de travail temporaire dont une soixantaine d’ETTI, vient de signer un accord avec le Cnei. François Roux, le délégué général, rassure : “Nous sommes pour l’exclusivité des publics: seuls les chômeurs envoyés par Pôle Emploi pourront bénéficier de contrats d’intérim d’insertion.” Et pourtant les professionnels savent que ces publics recèlent des situations très différentes. Dans un régime de concurrence exacerbée, l’intérim d’insertion pourrait alors devenir un moyen pour les agences classiques de faire du sourcing à moindre coût. Si Adecco minimise la part d’intérimaires qui passent du réseau Adecco Insertion aux agences traditionnelles, Manpower estime que la moitié des quelque 3 000 intérimaires sortis de ses parcours d’insertion ont trouvé un poste dans le travail temporaire classique. “L’Etat finit par financer le sourcing des ETT!”, s’insurge Michel Abhervé, en parlant ouvertement de concurrence déloyale. Philippe Archias s’interroge avec une certaine inquiétude sur un risque: “Est-ce que ce durcissement de la concurrence et les aléas des marchés de l’intérim vont mener à ce que seules les plus grosses entités survivent ?” Il souhaiterait que localement on arrive à garder une diversité faite d’une part de structures bien ancrées dans le territoire et connectées aux autres acteurs de l’insertion (voire unies dans un même groupe), de l’autre des quelques poids lourds de l’intérim, attirés par les gros chantiers. La clé de l’équilibre est donc dans les mains des donneurs d’ordre et des acheteurs : ce sont eux qui rédigent les clauses, fixent les objectifs et planifient les chantiers.

CHIFFRES REVELATEURS

Photographie de l’intérim d’insertion 225000 missions d’intérim ont été réalisées en 2008 en France par 225 entreprises de travail temporaire d’insertion. 71,6 % des intérimaires sont des hommes, 38 % ont moins de 26 ans, seulement 7 % plus de 50 ans. Si 45,6 % ont un niveau Bac, 36,5 % n’ont pas de diplôme. Cette photographie remonte néanmoins à 2008, la Dares ayant prévu de publier le chiffre 2011 en fin de cette année. Source, Dares 2011 A lire également lenouveleconomiste.fr Economiesociale>Recrutement>Solidaire contre vents et marées - N°1594 22 décembre 2011

ETTI (entreprises de travail temporaire d’insertion); ETT (entreprise de travail temporaire); Cipi (contrats d’insertion professionnelle intérimaire); A2i (Agir pour l’insertion dans l’industrie); UNPMS (Union nationale des prestataires en marketing et service); ETP (équivalent temps plein).

Seuls les demandeurs d’emploi orientés par Pôle Emploi peuvent s’adresser à ces structures d’insertion, puisque - c’est la deuxième spécificité - les salariés en parcours d’insertion doivent bénéficier d’un accompagnement socioprofessionnel individualisé très poussé.

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