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LIEUX DE FEMMES ILLUSTRES

Elles ne sont pas si nombreuses, les institutions consacrées à des femmes célèbres, qu’elles soient peintres, sculptrices, chercheuses ou romancières. En Île-de-France, on les compte sur les doigts de la main.

Partez à la découverte de ces lieux remarquables, autant d’occasions de rencontrer des figures féminines qui ont marqué l’art ou la science.

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Le château de Rosa Bonheur

A une heure de Paris, la dernière demeure de l’artiste Rosa Bonheur revit. Un lieu vraiment extraordinaire, pour une femme qui ne l’était pas moins. Dès qu’on atteint le village de Thomery en venant de Paris, derrière les derniers arbres de la forêt de Fontainebleau, on repère une architecture de briques rouges ouvragées qui s’élève par-dessus les toits. Bienvenue au château de Rosa Bonheur, une belle construction dont les fondations remontent au XVe siècle, acquise par l’artiste en 1859, à 37 ans, grâce à la vente d’une œuvre monumentale, Le Marché aux chevaux (aujourd’hui à New York, au Metropolitan Museum). A l’époque, Rosa Bonheur est une célébrité. La petite fille qui dormait au pied des vaches et qui s’était juré, à 11 ans, de ne jamais se marier et de se consacrer à l’art, est devenue une femme, une artiste reconnue, célibataire, et qui vit de son art confortablement. La visite (sur réservation) de son lieu de création, où elle vécut quarante ans au milieu de toute une ménagerie très aimée (lions, sanglier, chevaux, chiens divers, perroquets… qu’on retrouve dans ses œuvres), offre un aperçu quasi miraculeux de sa personnalité : c’est comme entrer dans une bulle de temps figé il y a cent cinquante ans. On découvre ainsi l’atelier intact, avec ses meubles, ses chevalets, et même sa blouse ornée de dentelles comme oubliée sur un accoudoir. Tableaux, photos, esquisses, accompagnent le parcours d’une heure et demie, effectué en compagnie d’une guide passionnée, laquelle nous fait découvrir les combats de Rosa Bonheur pour l’égalité des femmes, son amour pour la nature et les animaux, son étonnante modernité. On conseille la visite plutôt pour les grands à partir de 11 ans, mais le château-musée propose également des visites pour les petits le samedi, sur un format plus court. Et si vous le pouvez, posez-vous à la fin dans le charmant salon de thé qui, aux beaux jours, prend ses quartiers dans le grand parc – histoire de goûter encore un peu l’extraordinaire saveur du lieu. n u Château de Rosa Bonheur. Tout public. Toute l’année. Du mer au dim de 10 h 30 à 18 h 30. Tarif : 17 €, réduit 10 €. Château de Rosa Bonheur, 12, rue Rosa-Bonheur, By-Thomery (77). Accès en voiture ou en train, ligne R, départ gare de Lyon, station Thomery puis 15 mn de marche. Chateau-rosa-bonheur.fr.

L’atelier de Chana Orloff

Dans une ancienne villa d’artistes du XIVe arrondissement, ce bel atelier abrite un remarquable petit musée méconnu.

Tout est hors du commun, ici. Les visites sur réservation, uniquement le week-end, ne sont pas assurées par un conférencier, mais par le petit-fils de Chana Orloff lui-même. Et, aussitôt la porte franchie, on est plongé dans l’intimité et l’œuvre de cette femme artiste au destin marquant : celui d’une jeune fille juive ukrainienne devenue couturière à Paris pour nourrir sa famille et dont le talent, repéré, la fera entrer aux Beaux-Arts. Devenue une sculptrice reconnue, elle échappera de justesse aux rafles de Vichy avant de revenir après la guerre dans son atelier dévasté… Ce même atelier que l’on peut voir, superbement dessiné par l’architecte Auguste Perret et peuplé de dizaines de sculptures remarquables, offre une singulière sensation de proximité avec l’artiste disparue. Un trésor caché du XIVe arrondissement à découvrir avec des grands enfants – car le lieu n’est pas du tout adapté pour les plus petits. n u Ateliers-musée de Chana Orloff. A partir de 11 ans. Toute l’année. Du ven au dim, sur réservation, horaires variables. Tarif : 14 €. 7, bis Villa Seurat, Paris XIVe. M° Alésia. Chana-orloff.org.

Le musée Camille Claudel

Ce musée n’est pas précisément en Île-de-France, puisqu’il se trouve dans l’Aube… mais il jouxte la Seine-et-Marne, et mérite le voyage !

Avant de s’appeler musée Camille Claudel, cette institution de Nogent-sur-Seine était consacrée au sculpteur Alfred Boucher, artiste célèbre de son temps et enfant du pays. C’est lui qui, le premier, repéra le talent de la jeune Camille Claudel, qui habitait alors dans une maison située à l’emplacement du nouveau musée, refait à neuf et inauguré en 2017. Ce beau lieu, accessible de la gare à pied, présente une lumineuse architecture moderne de briques et de verre. On peut y admirer, dans des salles thématiques, les œuvres des artistes de la région qui ont influencé le travail de Camille. Mais surtout, on y voit éclore, au fil des salles qui lui sont consacrées, son génie particulier, en suivant un parcours qui nous amène de ses premières œuvres dans l’atelier de Rodin à ses toutes dernières, avant que la maladie mentale dont elle souffrait ne conduise à son internement. Chaque salle possède une fiche à lire, qui donne des informations éclairantes sur l’art de la sculpture, mais aussi sur la vie de Camille Claudel et le contexte de sa création. En plus, le musée propose des ateliers pour les enfants dès 3 ans et les ados durant les vacances scolaires (prochaines dates les 8, 15, 22 février et 1er mars). Et la ville elle-même ne manque pas d’attraits pour une journée d’escapade en famille, entre les bords de Seine verdoyants, et la balade sur les pas de Flaubert (qui en fait le décor de son Education sentimentale). n u Musée Camille Claudel. Tout public. Ouvert toute l’année. Du 1er novembre au 31 mars, du mer au dim de 10 h à 17 h.

Tarif : 8 €, réduit 4,50 €, gratuit pour les moins de 26 ans.

Musée Camille Claudel, rue Gustave-Flaubert, Nogent-surSeine (10). Train départ gare de l’Est, arrêt Nogent-sur-Seine. Museecamilleclaudel.fr.

Le musée Curie

Installé dans l’ancien laboratoire de Marie Curie, ce musée permet d’en savoir plus sur cette illustre scientifique et sa famille aux cinq prix Nobel.

Consacré aux Curie et aux Jolliot-Curie, le musée Curie, logé au cœur d’un campus universitaire, permet de découvrir des hommes et des femmes d’exception, dont Marie Curie, la seule femme à avoir obtenu deux prix Nobel à ce jour. La visite comprend l’ancien laboratoire de chimie de Marie Curie, qu’elle occupa durant les vingt dernières années de sa vie – un lieu inchangé et particulièrement émouvant. On peut y voir son bureau, les ustensiles et les paillasses carrelées dont elle se servait pour ses expériences et des objets étonnants ou précieux, comme ce coffret contenant du radium offert par des milliers de femmes américaines, grâce à une souscription. Pour en savoir plus, on vous conseille le passionnant spectacle imaginé pour le jeune public par la conteuse Elisa Bou, Marie Curie, « magicienne » du radium chaque deuxième samedi du mois dans l’amphithéâtre même où Marie Curie donnait ses cours de physique aux étudiants de la Sorbonne. n uMusée Curie. A partir de 7 ans. Toute l’année. Du mer au sam de 13 h à 17 h. Gratuit. Spectacle Marie Curie, « magicienne » du radium A partir de 7 ans. Les 2e sam du mois, jusqu’en juin 2023, à 15 h. gratuit. Musée Curie, 1, rue Pierre-et-Marie-Curie, Paris Ve M° Place-Monge. Musee.curie.fr.

Et Aussi

L’atelier de Suzanne Valadon, au sein du musée de Montmartre (Paris, XVIIIe). Situé en hauteur, sous les toits, l’atelier de l’artiste Suzanne Valadon semble figé dans le temps, on dirait qu’elle vient tout juste de sortir, laissant en plan sa palette de peinture, ses chevalets, ses pinceaux dans un pot, et le vieux canapé usé dans un coin. Juste à côté, l’appartement qu’elle partageait avec son fils Maurice Utrillo, souffrant d’alcoolisme, offre un témoignage plus intime (et plus triste) de sa vie mouvementée de femme artiste au début du XXe siècle. u 12, rue Cortot, Paris XVIIIe. M° Abbesses. Museedemontmartre.fr.

Le salon de George Sand, au musée de la Vie romantique. Ce charmant musée est l’ancienne demeure et atelier du peintre Ary Scheffer, et George Sand n’y a jamais vécu (même si elle habitait à quelques pas). Néanmoins, à la suite du don de certains de ses biens effectués par sa petite-fille au musée Carnavalet, de nombreux souvenirs, meubles et portraits de la célèbre romancière sont regroupés là, dans trois salles du rez-de-chaussée, et donnent presque l’illusion de visiter son foyer. Pour aller plus loin, dans tous les sens du terme, et voir sa vraie maison, rendez-vous à Nohant, dans le Berry ! u 16, rue Chaptal, Paris IXe. M° Saint-Georges. Museevieromantique.paris.fr.

La Maison Triolet-Aragon (Saint-Arnoult-en-Yvelines, 78). Cet ancien moulin édifié au XIIe siècle devenu, à partir de 1951, le refuge inspirant de Louis Aragon et Elsa Triolet, est aujourd’hui une maison-musée qui accueille aussi des événements, rencontres, expositions… avec, en plus, un grand parc orné de sculptures. u Accès par la route, ou par navette depuis Paris le 1er dim de chaque mois. Maison-triolet-aragon.com.

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