Participation des Citoyens a la reforme du secteur de la securite: defis et opporunties

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REMERCIEMENTS Notre organisation, Partners for Democratic Change, tient à exprimer ses sincères remerciements à Mike Bittrick et Susan McCarty du Bureau Afrique du Département d’Etat américain, à Madame Saran Daraba Kaba, Secrétaire générale de la Union du Fleuve Manoet oratrice principale lors du symposium, au Colonel Sue Ann Sandusky, à Todd Coker, Lina Kray et Nancy Estes des missions diplomatiques et de développement des Etats-Unis dans la région du Fleuve Mano, à Ely Dieng pour son intervention sur la participation des citoyens à la réforme de la sécurité, ainsi qu’à Fatoumata Diallo, Mathurin Houngnikpo, Emile Ouédraogo, et Oury Traoré, animateurs du symposium de Monrovia, pour leur soutien au projet Engagement des citoyens dans la réforme du secteur de la sécurité. Elle tient également à remercier le Général Lamine Cisséet le Colonel Birame Diop, respectivement Président du Conseil d’administration et Directeur

exécutif de Partners Sénégal et le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (ACSS) qui a bien voulu autoriser le Dr Houngnikpo à participer, avec nous, à cet événement et pour son engagement continu en faveur de la réforme du secteur de la sécurité dans la région. A Maguette Diaw et son équipe nous disons merci pour leurs services impeccables de traduction simultanée sans lesquels les discussions entre les participants n’auraient pas été possibles lors du symposium. Nous tenons à remercier tout particulièrement Seanan Denizot et son équipe de Mangrove Management pour l’appui logistique fourni lors du symposium. Enfin, Partners for Democratic Change remercie tous les participants qui ont donné de leur temps et de leur expertise pour la réussite de l’événement. Sans ce groupe engagé d’experts, il aurait été impossible d’organiser ce symposium.

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TABLE DES MATIÈRES Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Buts et objectifs de l’initiative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 1) Approches utilisées au niveau régional en matière de sécurité: défis et opportunités . . . . . 9 Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Résultats tirés des présentations et des discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

2) Participation des citoyens à l’amélioration de la sécurité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Résultats tirés des présentations et des discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

3) La décentralisation comme moyen d’améliorer la sécurité nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Résultats tirés des présentations et des discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

4) Mobilisation des ressources pour la réforme et la gestion de la sécurité . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Résultats tirés des présentations et des discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Principales conclusions et recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 A propos de la participation des citoyens dans le projet de réforme du secteur de la sécurité . . . 31 Annexe A- Liste des participants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Annexe B- Programme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

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INTRODUCTION Le présent rapport présente le résumé d’une série de questions importantes liées à la participation des citoyens à la réforme du secteur de la sécurité (RSS) en Afrique de l’Ouest. Il met à contribution la documentation disponible sur ces questions ainsi que les résultats d’un projet régional ayant abouti à la tenue d’un symposium à Monrovia, au Libéria en septembre 2012. Le projet Engagement des citoyens dans la réforme du secteur de la sécurité dans la région du Fleuve Mano (CERSS) était axé sur les principaux défis d’ordre sécuritaire auxquels la région est confrontée et a exploré les possibilités de réaliser des progrès encore plus importants sur la réforme du secteur de la sécurité et d’améliorer la sécurité des citoyens dans la région du Fleuve Mano. Le présent rapport s’appuie sur les leçons apprises au cours de la mise en œuvre du projet ainsi que sur les travaux des principaux experts contemporains de la RSS pour proposer des analyses sur les thèmes suivants:

THEMES ¬ 1 Approches régionales en matière de sécurité: défis et opportunités ¬ 2 Participation des citoyens à l’amélioration de la sécurité ¬ 3 La décentralisation comme moyen d’améliorer la sécurité wwwnationale ¬ 4 Mobilisation des resources pour la réforme et la gestion de la wwwsécurité Le rapport est divisé en six sections. Les deux premières sections décrivent le contexte de la réforme du secteur de la sécurité dans la région du Fleuve Mano ainsi que les buts et objectifs du projet CERSS, tandis que la dernière partie porte sur chacun des quatre thèmes énoncés ci-dessus. Ces sections décrivent brièvement le contexte avant d’exposer les leçons apprises au cours des évaluations réalisées avant la conférence, des présentations

faites au cours de la conférence et des discussions de groupe. La dernière section du rapport présente un résumé de ses principales conclusions et formule des recommandations pour un futur engagement des citoyens en faveur de la réforme du secteur de la sécurité.

PARTICIPATION DES CITOYENS À LA RÉFORME ET À LA GESTION DU SECTEUR DE LA SÉCURITÉ — CONTEXTE DE LA RÉGION DU FLEUVE MANO EN AFRIQUE DE L’OUEST Après des décennies de conflit, les pays de la région du Fleuve Mano - Côte d’Ivoire, Guinée, Libéria et Sierra Leone –vivent dans une atmosphère de paix fragile. Ces pays cherchant à consolider les acquis d’une certaine stabilité retrouvée, la réforme de leurs secteurs de sécurité respectifs est indispensable pour assurer une bonne transition démocratique. Compte tenu de la nature sociale complexe d’une telle transformation, les programmes de réforme doivent, pour être couronnés de succès, bénéficier de la contribution d’un groupe diversifié d’intervenants. Ce besoin, par ailleurs reconnu depuis longtemps, n’a pas toujours été convenablement satisfait. Souvent, les réformes ont été menées en se basant sur l’approche descendante par laquelle les élites politiques et les décideurs en matièrede sécurité opèrent les réformes structurelles nécessaires, mais négligent souvent de faire participer les citoyens. Les efforts conjugués de l’ensemble des services gouvernementaux, de la société civile et du secteur de la sécurité sont nécessaires pour améliorer la gouvernance du secteur de la sécurité, l’application des lois, et la sécurité. Une telle démarche aura un impact positif sur les citoyens bien au-delà du secteur de la sécurité grâce au renforcement des moyens de subsistance et de la

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sécurité alimentaire, à l’amélioration de l’accès aux biens et services, et à l’affranchissement de la peur. En bref, une meilleure gouvernance dans le secteur de la sécurité et l’implication des citoyens dans le processus de gestion à long terme de la sécurité conduiront à des améliorations réelles et mesurables de la sécurité humaine. Les puissances coloniales ont laissé en héritage à leurs anciennes colonies des institutions de sécurité qui avaient compris que leur fonction première était d’être des forces de protection des intérêts des régimes en place. Dans la région du Fleuve Mano, la préservation des institutions de sécurité héritées de l’ère coloniale et de leur monopole sur la force s’est souvent faite au détriment des intérêts de la population et ont entraîné de la répression politique, des violations des droits de l’homme et, dans certains cas, le parrainage par l’Etat de forces rebelles dans les pays voisins. En d’autres périodes, les forces de sécurité se sont davantage attachés à satisfaire leurs propresintérêts. De toutes les sousrégions du continent, l’Afrique de l’Ouest est celle qui a le plus souffert des coups d’Etat militaires. Selon Patrick McGowan: «Si les coups d’Etat sont contagieux en Afrique subsaharienne, ils semblent l’être davantage en Afrique de l’Ouest» qui a été le théâtre de 45% de tous les coups d’Etat qui ont lieu en Afrique entre 1956 et 2001, même si seulement 1/3 des pays du continent y sont situés.1 De toute évidence, le problème n’a pas été résolu, puisque 24 complots ou tentatives de coup d’Etat ont été enregistrés dans la région au cours des 12 années quise sont écoulées depuis 2001. Les pays du Fleuve Mano eux-mêmes ne font pas exception à la règle,

puisqu’ils ont été le théâtre de 52 complots ou tentatives de coup d’Etat depuis 196, soit un complot/ une tentative de coup d’Etat par an.2 Ayant fait part de leur volonté politiqued eré former leur secteur de sécurité, les dirigeants des pays de la région du Fleuve Manose rendent compte que les structures de sécurité spécifiques héritées des puissances coloniales constituent une composante fondamentale que toute réforme devra prendre en considération. Par exemple, la Côte d’Ivoire et la Guinée ont des structures de sécurité très centralisées qui rappellent le style préféré de leurs anciens colonisateurs français. Ayant consulté les évaluations et planifications effectuées au niveau de la région, Partners for Democratic Change a constaté que cette situation conduit souvent à un manque de sécurité dans les zones rurales éloignées des capitales. D’autre part, la Sierra Leone et le Libéria ont des approches plus décentralisées de la sécurité, ce qui reflète le vécu historique différent de ces deux pays (la Sierra Leone est une ancienne colonie britannique tandis que l’Etat Libérien moderne a été fondé par des esclaves américains affranchis). En plus de l’héritage laissé par le colonialisme, le contexte historique unique récentd’où chacun des pays du Fleuve Mano est en train d’émerger joue un rôle important dans la forme et le rythme de leurs efforts de réforme. Au Libéria et en Sierra Leone les réformes sont en cours depuis près de dix ans, avec le rétablissement de la paix après les guerres civiles qui ont ravagé ces pays. En Côte d’Ivoire le besoin de réforme est une entreprise plus récente. L’ancien président Laurent Gbagbo avait refusé

McGowan, Patrick. (2003). “African military coups d’état, 1956-2001: frequency, trends, and distribution.” Journal of Modern African Studies, 41(3). 2 Marshall, Monty G. and Donna Ramsey Marshall. (2012). “Coups d’État, 1946-2011.” Center for Systemic Peace.Figures taken from http://www.systemicpeace.org/inscr/CSPCoupsCodebook2011.pdf and spreadsheet http://www.systemicpeace.org/inscr/ 1

CSPCoupsList2011.xls.

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d’accepter les résultats de l’élection présidentielle de Décembre 2010, même si l’ONU et de l’UA soutenaient qu’il avait été vaincu. Il préféra, malgré tout, utiliser les forces de sécurité de l’Etat pour continuer à occuper la résidence présidentielle, entraînant ainsi une guerre civile de 5 mois et des dégâts considérables pour le pays et ses habitants. Enfin, en Guinée le mouvement de réforme a démarré plus lentement que dans les pays voisins, à un moment où ce pays, même s’il n’a pas connu une véritable guerre civile, est en train de sortir d’une période de plusieurs décennies d’instabilité politique et sécuritaire. Si les événements du 28 septembre 2010 théâtre du massacre, par les forces de sécurité, de centaines de manifestants prodémocratie ont attiré l’attention horrifiée de la communauté internationale, l’absence d’un conflit plus généralisé peut effectivement constituer un défi pour les réformateurs. Même si un conflit à grande échelle entraine évidemment de graves conséquences à long terme pour un pays et son peuple, il apparait également qu’une crise de cette nature peut servir de tremplin à des réformes politiques, économiques ou sécuritaires indispensables qui pourraient autrement être difficiles à accomplir.3 En raison de ces différences d’ordre structurel et historique, tout effort de réforme doit reposer sur des approches soigneusement adaptées aux conditions et besoins locaux. En outre, pour transformer effectivement les institutions de sécurité de la région qui protègent les intérêts des régimes en place en des organisations travaillant au service des populations, il faut bien plus qu’une révision des lignes directrices juridiques relatives au secteur de la sécurité basée sur une approche descendante.

Les efforts de réforme doivent plutôt refléter cette nouvelle compréhension de la prééminence de la sécurité des citoyens et de la nécessité de les impliquer dans le processus.4 Pour ce faire, les gouvernements doivent essayer de savoir comment ils peuvent effectivement impliquer les citoyens ordinaires, les dirigeants communautaires et les organisations de la société civile dans le processus de transformation actuellement en cours afin que le secteur de la sécurité soit comptable de ses actions et réponde vraiment aux besoins de sécurité des citoyens. Dans cette optique, Partners for Democratic Change (Partners), ainsi que l’organisation qui lui est affiliée, Partners Sénégal, ont lancé un programme visant à renforcer la capacité des organisations de la société civile (OSC) à participer à la réforme et à encourager le dialogue entre ces OSC, les gouvernements, et les hommes en uniforme. Le programme a débuté par une série de missions d’évaluation dans les pays du Fleuve Mano, en s’appuyant sur les vastes réseaux de Partners créé suite à des travaux dans la région ainsi que l’assistance de l’USAID et des missions diplomatiques américaines dans chacun de ces pays. Ces évaluations ont aidé Partners à identifier les acteurs les plus pertinents au niveau des organisations de la société civile, des gouvernements et des secteurs de la sécurité de la région. Ces personnes choisies de manière stratégique s’étaient réunies les 19 et 20 septembre 2012 dans le cadre d’un symposium sur la Participation des citoyens à la réforme du secteur de la sécurité dans la région du Fleuve Mano à Monrovia, au Libéria. Cette rencontre régionale avait un double objectif. Tout d’abord, alors que les programmes de RSS

For the security argument, see Bryden, Alan, BoubacarN’Diaye and ‘FunniOlanisakin. “Challenges of Security Sector Governance in West Africa.” (2008). Geneva Centre for the Democratic Control of Armed Forces (DCAF). 4 Schnabel, Albrecht and Hans Born. (2011). “Security Sector Reform: Narrowing the Gap Between Theory and Practice.” Geneva Centre for the Democratic Control of Armed Forces (DCAF). 3

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doivent être soigneusement conçus pour s’adapter à un contexte donné, le renforcement des relations entre des acteurs dévoués et bien placés dans la région peut les aider à se soutenir mutuellement pour faire progresser la réforme dans chacun de leurs pays. Deuxièmement, la RSS ne consiste pas seulement à réorienter le secteur de la sécurité et de le subordonner à un contrôle démocratique. La RSS consiste également à améliorer la capacité du sect

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eur de la sécurité à fournir des services de sécurité adéquats à la population. Puisque bon nombre des problèmes de sécurité auxquels font face les populations de la région du Fleuve Mano sont de nature régionale, il est nécessaire de développer des mécanismes visant à faciliter la coopération entre les agences de sécurité au niveau régional pour les aider à relever ces défis.

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BUTS ET OBJECTIFS DE L’ INITIATIVE La rencontre de CERSS avait pour principal aaaaobjectif de:

“faciliter le dialogue entre les participants en vue d’une plus grande participation des citoyens à la réforme et à la gestion du secteur de la sécurité ” A cette fin plusieurs objectifs ont été fixés :

OBJECTIVES ¬ 1 Créer un forum de discussion explicite sur les défis les LLLiplus urgents rencontrés en matière de sécurité humaine dans la LLLirégion ¬ 2 Analyser l’état d’avancement de la réforme de la sécurité dans LLLichaque pays et les méthodes utilisées à cet effet ¬ 3 Renforcer les relations stratégiques entre les personnes LLLichoisies au niveau du gouvernement, de la société civile, et du LLLisecteur de la sécurité dans toute la région La participation des citoyens est une composante essentielle de la transformation des secteurs de la sécurité dans la région du Fleuve Mano pour faire en sorte que les forces de sécurité ne soient plus au service des intérêts étroits des régimes politiques, mais deviennent plutôt davantage comptables de leurs actions devant les populations. Chacun des objectifs du projet était destiné à soutenir cet engagement citoyen soit en leur fournissant les informations nécessaires, soit en établissant des relations clés.

En outre, ces organisations ont besoin de développer une meilleure compréhension des besoins de leurs communautés en matière de sécurité ainsi que des stratégies leur permettant de travailler plus efficacement avec les personne sen uniforme pour s’assurer que ces besoins sont satisfaits. Le renforcement de cette relation entre la société civile et le secteur de la sécurité est déterminant pour améliorer la capacité du secteur de la sécurité à fournir des services de sécurité adéquats à la population. Le travail accompli précédemment par Partners et Partners Sénégal, notamment en Guinée, montre clairement que malgré leurs bonnes intentions, bon nombre des responsables de la sécurité n’ont pas souvent une prise de conscience adéquate de la spécificité des problèmes de sécurité rencontrés par les populations qu’ils sont censés servir.

PARTICIPANTS

Société civile

Gouvernement / Personnes en uniforme

Cote d’Ivoire

6

6

Sierra Leone

4

3

Guinea

6

6

Liberia

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Une étape importante pour améliorer l’engagement des citoyens en RSS est pour la société civile d’acquérir l’expertise nécessaire de formuler et évaluer les réformes et assurer la surveillance de la performance de l’secteur de la sécurité. Partners for Democratic Change

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APPROCHES UTILISÉES AU NIVEAU RÉGIONAL EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ DÉFIS ET OPPORTUNITÉS CONTEXTE

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Les pays du Fleuve Mano sont parmi les plus pauvres et les plus sous-développés au monde. La Guinée, le Libéria et la Sierra Leone figurent tous les trois sur la liste des pays occupant les dix derniers places du classement des pays suivant l’Indice de développement humain, suivis d’assez près par la Côte d’Ivoire classée 18e. Cet état de sous-développement met une forte pression sur la sécurité des populations de la région. Par exemple, malgré une pluviométrie et des terres arables en quantité suffisante dans la majeure partie des pays de la région, la sécurité alimentaire reste un défi encore trop familier. Nombreuses sont également les personnes n’ayant pas un accès adéquat aux services de santé, soit parce qu’elles n’en ont pas les moyens, soit parce que les services nécessaires sont inaccessibles dans leur région. Les taux élevés de chômage alimentent les tensions sociales et l’instabilité puisque les habitants, en particulier les jeunes dont le nombre ne cesse de croître, ont du mal à joindre les deux bouts. En plus des contraintes liées au sous-développement, bon nombre de défis d’ordre sécuritaire auxquels la région est confrontée sont de plus en plus liés à la criminalité transfrontalière. L’incapacité

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des secteurs de la sécurité à surveiller adéquatement les milliers de kilomètres de frontières partagés par ces quatre pays explique en partie pourquoi le trafic de la drogue, des personnes et des armes légères est devenu un problème majeur. En outre, les flux de réfugiés traversant ces frontières affectent sérieusement la stabilité au niveau de la région car les communautés d’accueil déjà mises à rude épreuve rejettent les nouvelles personnes qui arrivent sur leur territoire. En raison du caractère régional de ces défis, une approche régionale est de mise. Au niveau élargi de la sous-région ouest africaine, la CEDEAO a déjà accompli des progrès en vue de la définition d’une approche commune, avec le développement d’un cadre de coopération régionale pour faire face aux menaces à la sécurité. Dans la région du Fleuve Mano, plus précisément, le besoin d’appuyer la définition d’une approche régionale a été manifesté pour la première fois en 2000 avec la signature du 15e protocole du Secrétariat de l’Union du Fleuve Mano (MRU), un organisme sous régional créé en 1973 pour faciliter la coopération entre les quatre pays sur les questions d’ordre politique, fiscal et sécuritaire. Cependant, les progrès réalisés dans la poursuite des idéaux du protocole sont lents à un moment ou la région est en proie à une situation de conflits et d’instabilité.

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RÉSULTATS TIRÉS DES PRÉSENTATIONS ET DES DISCUSSIONS 1

Dr Saran Daraba Kaba prononcer le discours d’ouverture - le partage des principaux défis de la région du fleuve Mano et opportunités clés pour y faire face Ce problème est aggravé par la «poussée démographique des jeunes» dans la région. Les jeunes d’aujourd’hui sont plus instruits que ceux qui sont devenus majeurs pendant les guerres civiles des années 1990 et 2000 et ont, en conséquence, des aspirations plus élevées. Cependant, en l’absence d’activités productives et parce que la grande majorité des jeunes sont sous-employés, on assiste à une recrudescence des tensions qui menacent la stabilité dans la région. Ceci est une perspective dangereuse. Selon la Banque mondiale, un jeune sur deux rejoignant les mouvements rebelles cite le chômage comme principale motivation. En AfPAUVRETÉ rique de l’Ouest, le chômage alimente la violence La pauvreté est un facteur majeur d’aggravation de politique et le recrutement au niveau des groupes l’instabilité dans la région. Elle constitue une men- armés, y compris les mouvements extrémistes isace à la sécurité et est l’un des défis majeurs auxquels lamistes au Sahel.5 la région est confrontée d’un point de vue sécuritaire. Reconnaissant la nécessité d’une plus grande coopération régionale sur ces questions, Partners a inscrit cette question sur la liste des thèmes prioritaires devant être abordés au cours de l’événement et a soutenu la poursuite du renforcement de l’Union du Fleuve Mano comme organe ayant pour rôle de faciliter cette coopération à l’avenir. Le Dr Saran Daraba Kaba, Secrétaire générale de l’Union du Fleuve Mano avait, dans la présentation d’ouverture du symposium, émis des commentaires et les discussions qui s’en ont suivi ont mis en exergue les défis supplémentaires suivants:

Look, Anne. (2012). “Rising Youth Unemployment Endangers Regional Stability”Voice of America.11 July. http://www.voanews. com/content/rising-youth-unempolyment-endangers-africas-stability/1382573.html 5

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PRINCIPAUX DÉFIS D’ORDRE LOGISTIQUE Les mauvaises infrastructures, notamment les routes mal entretenues, entravent la communication au niveau régional. Il en est de même de la connectivité limitée à l’Internet et de l’absence totale d’opérateurs de téléphonie cellulaire au niveau de la région pour faciliter la communication entre les quatre pays.

DES STRUCTURES ADMINISTRATIVES DIFFÉRENTES Chaque pays a mis en place des dispositions différentes pour gérer son propre secteur de la sécurité. Il existe un fossé entre les pays francophones et les pays anglophones, notamment des codes juridiques, des structures gouvernementales et sécuritaires et des codes de pratique différents. Chaque pays a également mis l’accent sur différents aspects de la réforme du secteur de la sécurité.

OPPORTUNITÉS PRÉSENTES AU NIVEAU RÉGIONAL ¬ Tous les quatre pays sont en train de s’acquitter de leurs cotixxxsations au niveau de l’Union du Fleuve Mano pour la première xxxfois ¬ Tous les quatre pays vivent dans la paix pour la première fois xxxdepuis plusieurs années ¬ Volonté politique forte d’opérer des changements

ACCÈS AUX DIRIGEANTS POLITIQUES Pour obtenir la participation des citoyens à la réforme du secteur de la sécurité, il est nécessaire que les citoyens, et les dirigeants communautaires et de la société civile aient accès aux autorités gouvernementales et politiques. Cela peut être difficile dans la pratique. Cependant, le rôle que les femmes ont joué dans ce domaine montre ce qu’il est possible de réaliser. Lors de la conférence, le Dr Daraba a décrit comment le Réseau des femmes du Fleuve Mano pour la Paix (REFMAP) a courageusement fait face à Charles Taylor et à d’autres dirigeants

des pays de l’Union du Fleuve Mano, exigeant d’eux qu’ils ouvrent leurs portes et écoutent la voix des populations. En effet, elle a indiqué que la participation des citoyens doit inclure les femmes, car elles offrent une vision unique et critique par rapport aux questions de sécurité et aussi parce qu’elles sont plus sévèrement touchées par certains types de menaces à la sécurité humaine comme le trafic des personnes et la violence sexuelle et sexiste (VSS). La nécessité d’intégrer la dimension genre dans le secteur de la sécurité est un thème qui a résonné tout au long de la conférence. Malgré tous les des défis auxquels la région fait face, il existe également des opportunités d’une réforme significative visant l’amélioration de la sécurité des citoyens. Pour la première fois depuis de nombreuses années, les quatre pays vivent dans la paix et sont en train de travailler à la consolidation de leurs démocraties fragiles. Le besoin de changement est évident pour ces pays qui sortent de plusieurs années marquées par la guerre civile, les coups d’Etat militaires et des violations extrêmes des droits humains par les forces de sécurité de l’Etat. Comme indiqué tout au long de l’événement, ce constant a récemment renforcé la volonté politique de mettre en œuvrela RSS. Cette tendance doit se maintenir sur le long terme pour que des améliorations durables puissent être réalisées. En plus des programmes officiels de réforme en cours dans la région, cette volonté politique se reflète dans le récent engagement des quatre gouvernements en faveur de la coopération régionale. Pour la première fois de leur histoire récente, ces quatre pays versent des cotisations régulières à l’Union du Fleuve Mano. Ils ont également organisé des réunions de haut niveau sur la sécurité et participent aux rencontres de la Commission de la paix et de la sécurité que l’Union du Fleuve Mano organise régulièrement. Cet engagement démontre une prise de conscience de l’interdépendance de l’avenir de ces pays, et constitue une évolution importante et encourageante dans la région.

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Lors cette rencontre de deux jours, la reconnaissance de l’importance de travailler en étroite collaboration avec une organisation régionale telle que l’Union du Fleuve Mano était un point constamment soulevé par les participants dont beaucoup ne comprenaient pas parfaitement le rôle potentiel que cette organisation pouvait jouer. En plus de cela, les participants ont proposé un certain nombre d’autres recommandations pour renforcer les opportunités de coopération régionale en matière de sécurité:

Pour suite de la vulgarisation du concept de sécurité humaine Le changement dans la perception de la sécurité comme relevant de l’autorité centrale de l’Etat à une perception par laquelle l’amélioration de la sécurité humaine constitue la priorité, n’est pas toujours bien comprise par les forces de sécurité ou par la société en général. Il est important de renforcer la prise de conscience de cette notion en vue de soutenir une nouvelle orientation du secteur de la sécurité dans la région.

Promouvoir l’accès des citoyens à l’information sur la RSS

Mettre en place un mécanisme régional de concertation entre la société civile et le Il est souvent difficile, pour les personnes secteur de la sécurité n’appartenant pas aux niveaux les plus élevés de décision en matière de politique ou de sécurité, d’avoir des informations appropriées sur les programmes de RSS en cours. Les participants ont souligné la nécessité d’une plus grande diffusion des travaux en cours dans ce domaine afin que la société en général puisse jouer un rôle plus efficace dans le processus de réforme.

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L’un des principaux défis identifiés lors de l’événement a été l’absence d’un langage commun sur les questions relatives à la RSS et à la sécurité des personnes entre des personnes de nationalités différentes ou simplement de secteurs différents. Il y a un besoin identifié par les participants de mettre au point un outil pour fournir une plate-forme commune pour le dialogue entre la société civile et le secteur de la sécurité tant au niveau régional que national.

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Améliorer la surveillance par la société civile Réforme du secteur de la justice dans le Bien que la surveillance et le contrôle, par la so- cadre de la RSS ciété civile, des forces de sécurité a longtemps été la pierre angulaire principale des programmes de RSS, les forces de sécurité continuent d’être perçues par beaucoup comme des entités semi-autonomes dans leurs opérations. Même si des autorités civiles contrôlent le secteur de la sécurité, certains affirment que ceci n’est pas suffisant et expliquent qu’une participation plus directe de la société civile dans la planification de la sécurité est nécessaire pour empêcher le secteur de la sécurité de redevenir un outil politique.

L’importance de la réforme du secteur de la justice est souvent négligée dans les programmes de RSS. L’existence d’un Etat de droit fort est indispensable pour l’amélioration de la sécurité de l’ensemble d’une nation et beaucoup de participants ont insisté pour que la réforme du secteur de la justice soit inscrite dans un programme plus complet de RSS.

RECOMMANDATIONS

¬ Promouvoir l’accès des citoyens à l’information SSR ¬ Vulgarisation continue du concept de sécurité humaine Renforcement des réseaux de la société civile ¬ Développer un mécanisme régional de concertation du secteur de la sécurité civile Le Réseau des femmes du Fleuve Mano pour la ¬ Améliorer la surveillance civile Paix (REFMAP) était un atout inestimable pour ¬ Renforcement des réseaux de la société civile le processus de consolidation de la paix au cours ¬ Réforme du secteur de la justice dans le cadre de la RSS des conflits qui ont frappé le Libéria et la Sierra Leone. L’appui à la création de réseaux internationaux similaires, ainsi que le renforcement des réseaux existants est un outil potentiel important pour consolider les acquis récents dans la région et empêcher un retour à la guerre.

Communications sont essentielles: Les stations de radio de la région fournissent un accès essentiel pour les citoyens, y compris des informations sur la sécurité. Rivercess service de radiodiffusion dans la ville Cestos au Libéria. 13


PARTICIPATION DES CITOYENS À L’AMÉLIORATION DE LA SÉCURITÉ 2 CONTEXTE Le concept de sécurité humaine a été rendu populaire peu après la chute de l’Union Soviétique, à un moment que plusieurs ont décrit comme une transition charnière dans la perception du paradigme de la sécurité. Depuis le début de l’ère de l’Etat moderne, les Etats sont en compétition quasi-constante. Cette situation a créé un environnement qui a souvent déclenché des conflits interetats. Cependant, alors que la période de la Guerre Froide tirait à sa fin, les dirigeants, les intellectuels ainsi que les organisations internationales commencèrent à parler d’une transition dans la perception de la sécurité, partant d’une perception principalement état-centrique vers une perception qui

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plaçait les êtres humains au centre du paradigme sécuritaire. Au cours des années 90, les famines survenues en Afrique étaient médiatisées. Il en était de même des violations des droits de l’homme par les forces de l’ordre et les groupes rebelles à travers le monde. Alors qu’on assistait à une baisse des menaces sécuritaires inter-Etats, de nouvelles menaces à la sécurité semblaient se substituer à la guerre, conduisant ainsi bon nombre de personnes à préconiser la nécessité d’établir une nouvelle définition du concept de sécurité. La réforme du secteur de la sécurité commença à se développer comme domaine d’étude et de pratique au cours des premières années du débat sur la

Sur les deux jours de l’événement, les participants se divisent en petits groupes pour discuter des idées présentées par les orateurs. Partners for Democratic Change

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sécurité humaine.6 Les premiers documents sur la RSS portaient essentiellement sur la définition du concept et de ses objectifs et l’on s’accorda très vite que le renforcement de la sécurité humaine devait être l’objectif fondamental des programmes de réforme. Les universitaires, de même que les praticiens, commencèrent à comprendre que la sécurité individuelle et communautaire est une composante de base de la sécurité nationale et internationale et qu’elles n’étaient pas deux questions concurrentes. En poutre, ayant reconnu que le sous-développement dans plusieurs parties du monde était l’un des obstacles majeurs à la sécurité dans le monde, ils expliquèrent toute croissance économique durable était subordonnée à l’amélioration de la sécurité.

OBSTACLES À UN ENGAGEMENT CIVIQUE PLUS IMPORTANT ¬ Une société civile politisée comme conséquence des conflits ¬ Des divisions au sein de la société civile ¬ Le Gouvernement perçoit la société civile comme rivale et vice --versa ¬ Les OSC sont souvent dépendantes des donateurs étrangers ou --leurs actions sont dictées par ces derniers ¬ Les OSC peuvent être confrontées à un manquée d’expertise et de --ressources humaines ¬ Le soutien des donateurs à la RSS est souvent dirigé vers les --institutions étatiques. Par conséquent, les gouvernements sont --donc peu enclins à rechercher une plus grande inclusion

les forces de sécurité occidentales travaillaient avec leurs homologues dans certains pays en développement les formant aux aptitudes tactiques dont ils avaient besoin pour mieux faire face aux défis d’ordre sécuritaire. Dans certains cas, il s’agissait de leur fournir des armes et des équipements à cet effet. Cependant, alors que le 20ème siècle tirait à sa fin, la corruption, ainsi que les abus manifestés par bon nombre de ces mêmes forces de sécurit démontrent clairement que, bien que ce type de formation soit important, il est presque impossible d’améliorer la sécurité des citoyens sans assurer au préalable un contrôle et une surveillance démocratique du secteur de la sécurité. Une variété d’outils furent développés pour assurer ce contrôle : formation des membres du parlement à la gestion efficace d’un budget de défense, sensibilisation des hommes de troupe et des officiers sur le droit international ainsi que les normes des droits de l’homme et réduction des effectifs militaires pour renforcer les forces de police et de gendarmerie. Par ailleurs, à la fin des années 90 beaucoup commencèrent à comprendre que pour obtenir une véritable transformation du secteur de la sécurité, les programmes de RSS devraient faire l’objet d’une plus grande «appropriation au niveau local», en mettant l’accent sur le développement de stratégies de sécurité nationale qui incluraient une participation élargie de toutes les couches de la société, du secteur de la sécurité au Gouvernemental, en passant par la société civile.7

L’objectif central de la SSR commençant à se Au cours des premières années du 21ème siècle, préciser, le défi suivant était de savoir comment l’atteindre. Tout au long des années 90, les pro- la participation locale à la RSS s’est améliorée, au grammes de RSS étaient essentiellement caractérisés fur et à mesure que les organisations de la société par des initiatives militaro-militaires par lesquelles civile, et non les militaires, ont progressivement

Ball, Nicole. (2010). “The Evolution of the SSR Agenda.” Taken from “The Future of Security Sector Reform,” Mark Sedra (ed.). Center for International Governance Innovation. 7 Voir par exemple: Donais, Timothy (ed.). (2008). “Local Ownership and Security Sector Reform. Geneva Centre for the Democratic Control of Armed Forces (DCAF). 6

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pris en charge la direction des programmes de RSS. Cependant, nombre d’universitaires continuent de soutenir que la participation inadéquate des populations locales ou des organisations constitue une faiblesse dans la majorité des programmes de RSS. Comme l’expliquent Wilson et Martin, «plusieurs praticiens de la RSS travaillent avec les membres de l’élite locale pour mettre en œuvre leurs plans, ce qui peut produire des résultats parfaitement en harmonie avec les préférences libérales des donateurs, sans que l’on puisse dire qu’ils soient véritablement représentatifs des structures locales ou qu’ils y trouvent leur fondement.8 S’ils ne sont pas

impliqués dans les programmes de RSS et les processus en cours, de gestion de la sécurité, les populations ne seront pas en mesure de développer une compréhension approfondie de la gestion de la sécurité et de la RSS qui leur permettra d’exiger des comptes de la part de leurs dirigeants. Ainsi, en s’appuyant sur ses nombreuses années d’expérience en matière de renforcement des capacités des organisations de la société civile à mener des plaidoyers, Partners essaya de combler le vide en faisant de la participation des populations la pierre angulaire du Projet du Fleuve Mano.

Martin, Alex and Peter Wilson. (2008). “Security Sector Evolution: Which Locals? Ownership of What?” From “Local Ownership and SSR,” Timothy Donais (ed.). Geneva Cantre for the Democratic Control of Armed Forces (DCAF). 8

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RÉSULTATS TIRÉS DES PRÉSENTATIONS ET DES DISCUSSIONS 2

Le premier jour, Ely Dieng, le chef de la Division SSR à l’ONUCI, a parlé de l’engagement des citoyens dans la RSS. Ely Dieng, Responsable de la Division de la RSS à l’ONUCI (Operations des Nations Unies en Côte d’Ivoire) aborda, au cours de la deuxième session plénière, le thème de la Participation des citoyens en vue d’améliorer la sécurité. Citant une revue du Bureau de soutien de l’ONU pour la consolidation de la paix en Guinée, au Sierra Leone, et au Libéria,9 Dieng montra que 72% des ressources financières dépensées pour la RSS dans les pays de la région ont été directement consacrés à la transformation complète des secteurs de la sécurité, tandis que 7% seulement ont été dépensés sur des aspects plus “légers” de la réforme telle que la participation civile. Pour cette raison, les forces de sécurité seraient donc de mieux en mieux formées et équipées mais n’apprennent pas à mettre leurs nouvelles compétences à la disposition des populations qu’elles sont censées servir.

M. Dieng partageait l’avis de certains universitaires contemporains selon lequel la RSS devrait avoir pour objectif la promotion et l’amélioration de la sécurité humaine. S’inspirant de la définition de la sécurité humaine donnée par l’ONU, M. Dieng la décrivit dans son acception la plus large d’«indépendance vis-à-vis de la peur et du besoin» avant d’expliquer que pour réaliser cet objectif il faut aller au-delà de l’adaptation ou de la restructuration des cadres juridiques, une approche qui a historiquement caractérisé la majorité des programmes de RSS. Il faudrait, plutôt, entreprendre une transformation holistique impliquant tous les secteurs de la société, en mettant l’accent sur l’intégration des femmes et des jeunes dans le processus.

Fitz-Gerald, Ann M. (2012). “Thematic Review of Security Sector Reform (SSR) and Peacebuilding.” United Nations Peacebuilding Support Office. 9

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L’une des raisons principales pour lesquelles l’on a tendance à exclure la société civile des programmes de RSS est liée en général à la mauvaise compréhension du rôle qu’elle pourrait jouer. Concernant les responsables de la sécurité, les ministres ou les députés, les changements qu’ils doivent effectuer, ainsi que leurs responsabilités dans le processus de réforme sont relativement clairs. Le rôle de la société civile est beaucoup plus ambigu. Selon M. Dieng, l’on a besoin de la société civile pour assurer le suivi de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques de RSS. Ceci suppose la collaboration avec les responsables de la sécurité ainsi que les décideurs pour s’assurer qu’ils sont bien informés par rapport aux besoins des différentes composantes que les groupes de la société civile représentent. Au fur et à mesure que leur capacité à travailler sur des questions techniques relatives à la RSS s’améliore, ces organisations pourront former les députés ainsi que d’autres parties prenantes et leur communiquer leur expertise.

RÔLE POTENTIEL DE LA SOCIÉTÉ CIVILE DANS LA RSS ¬ Informer les décideurs sur les questions clés d’ordre sécuritaire xxauxquelles les citoyens sont confrontés ¬ Surveiller le processus de réforme, assurer le suivi et la mise en xxœuvre des politiques ¬ Se faire le porte-parole des populations sous-représentées xx(femmes, enfants et minorités) ¬ Participation aux activités de police communautaire

Gouvernement, le secteur de la sécurité et la société civile, comme on le constate dans la région du Fleuve Mano. Les discussions qui ont eu lieu lors de cet évènement ont été une opportunité unique pour les représentants de la société civile, des Gouvernements et des forces de sécurité de faire part de leurs point de vue sur le rôle que pourrait jouer la société civile dans les réformes menées dans la région du Fleuve de Mano. Bien que les participants issus de la société civile aient déjà identifié le rôle qu’elle pourrait jouer dans le domaine de la sécurité, les autorités gouvernementales et les responsables de la sécurité n’avaient qu’une connaissance limitée du concept et avaient des idées divergentes sur ce que ce rôle devrait être. Ainsi, cette séance de discussion était centrée sur les meilleures pratiques mises en œuvre jusqu’à présent dans chaque pays du Fleuve Mano, suivies de recommandations collectives pour l’avenir. Les discussions sur les meilleures pratiques ont révélé la diversité des expériences que les différents pays ont vécues par rapport à la participation des citoyens. Au Libéria, la société civile est, depuis 2006, impliquée dans une certaine mesure dans le groupe de travail national sur la RSS. Au Sierra Leone, les OSC participent à l’effort mené par le pays pour la décentralisation de la gestion sécuritaire. A travers les pays, la sous-information de la population par rapport à la RSS a constitué un point de vulnérabilité particulier ainsi qu’un point d’accès pour la société civile. Les OSC participent à des programmes de sensibilisation, des émissions radiodiffusées, et autres stratégies en vue d’une meilleure dissémination de l’information sur les mesures prises par les autorités civiles et celles en uniforme.

Bien entendu, pour obtenir une plus grande participation de la société civile il faudra aller au-delà d’une simple description des différents rôles qu’elle pourrait jouer. Dans plusieurs cas, le manque de volonté manifeste des personnes contrôlant le processus de collaboration avec la société civile Bien que la participation de la population ait, constitue également un défi réel. C’est en particulier le cas dans des pays où les conflits ont pro- pendant longtemps, été le thème principal de la duit une méfiance profonde entre les membres du documentation sur la RSS, sa mise en pratique est

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souvent une réalité nouvelle sujette à controverse. Les discussions sur l’amélioration de la particiLes questions de sécurité ont, pendant longtemps, pation des citoyens ont donné lieu à plusieurs été considérées comme la chasse gardée de l’Etat. recommandations: Pour cette raison, l’enthousiasme manifeste des participants de chacun des secteurs par rapport au RECCOMANDATIONS concept était très encourageant. Lors des discus¬ Créer ou appuyer les mécanismes régionaux afin de faciliter le sions de groupes les participants n’ont cessé de rapdialogue entre la société civile et le secteur de la sécurité sur la peler que les efforts de RSS avaient été entre les RSS et les questions relatives à la sécurité humaine. mains des autorités de haut niveau pendant trop ¬ Renforcer le degré de sensibilisation du public sur les longtemps. En raison de son manque de participaréformes par des programmes radio diffusés, des rencontres tion au processus, la population se trouve mal incommunautaires, des films, et l’usage de forums existants tels formée tandis que ses intérêts sont mal représentés. que les associations de travailleurs. L’exclusion des femmes ainsi que des organisations ¬ Développer un baromètre que les membres de la société civile féminines de la réforme et de la gestion de la sécupeuvent aisément utiliser pour mesurer le progrès de la RSS ainsi rité a été particulièrement troublante. La majorité que l’obligation des forces de sécurité de rendre compte de leurs des secteurs de la sécurité dans les Etats membres actions. de l’Union du Fleuve Manosont dominés par des hommes et les femmes sont souvent les principales victimes des abus perpétrés dans ces pays, ce qui fait que les programmes de RSS doivent tout mettre en œuvre pour assurer une plus grande inclusion des femmes dans le processus de réforme.

Les participants ont présenté leurs travaux lors d’une soirée au cours du Colloque de Monrovia.

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LA DÉCENTRALISATION COMME MOYEN D’AMÉLIORER LA SÉCURITÉ NATIONALE CONTEXTE 3

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Au cours des dernières années, les programmes visant une réforme de la gouvernance ont été de plus en plus centrés sur le développement de structures décentralisées en vue de promouvoir des Gouvernements plus stables qui se focalisent moins sur les centres urbains et qui ne négligent pas les zones rurales. L’argument en faveur d’une plus grande décentralisation repose souvent sur deux principes généraux:

VUE D’ENSEMBLE ¬ 1 Le fait que les décideurs soient plus proches des communautés affectées par leurs décisions est susceptible de les obliger à se comporter de manière plus responsable. ¬ 2 La flexibilité rendue possible par les formes décentralisées des gouvernements leur permet de se spécialiser davantage pour faire face aux défis auxquels une communauté donnée est confrontée. Au cours d’un programme financé par la Fondation Nationale pour la Démocratie (NED) qui débuta en 2011, Partners et Partners Sénégal ont pu se rendre compte de l’importance, amplement démontrée, de la décentralisation en matière de sécurité, surtout par rapport à ce deuxième argument. Le programme appelé Projet de sécurité des citoyens en Guinée (GCSP) cherchait à améliorer

la sécurité des citoyens en formantles autorités gouvernementales locales ainsi que formant les dirigeants de la société civile sur les concepts de sécurité humaine et de RSS. Dans trois des quatre régions géographiques distinctes de la Guinée, Partners Sénégal, soutenus par Partners, a conduit des séances de formation et organisé des discussions afin d’aider ces autorités à identifier et à prioriser les principales préoccupations en matière sécuritaire auxquelles leurs communautés étaient confrontées. Les listes des défis rencontrés dressées dans chaque région soulignaient la nature changeante de la sécurité en Guinée. Dans la zone forestière par exemple, les habitants étaient très soucieux des questions environnementales qui pourraient menacer le bien-être de la forêt de laquelle ils étaient si dépendants. En Basse Guinée, cependant, les menaces à la sécurité des personnes résultant de l’urbanisation causaient une grande inquiétude. La Haute Guinée est souvent confrontée à l’insécurité alimentaire. Une décentralisation de la gestion sécuritaire aiderait les forces de sécurité à avoir la souplesse nécessaire pour répondre à une telle diversité des défis. Chef du Zanzan Karwor du Libéria a pris la parole lors de deux cérémonies d’ouverture et de clôture, au cours de laquelle il a souligné la nécessité d’une approche centrée sur le citoyen à la sécurité, en particulier dans les régions rurales.

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RÉSULTATS TIRÉS DES PRÉSENTATIONS ET DES 3 DISCUSSIONS

La deuxième journée a débuté par une discussion sur la décentralisation de la sécurité avec Mathurin Houngnikpo à partir du Centre africain d’études stratégiques Si la participation des citoyens peut être conçue comme “un approfondissement” de la gestion de la sécurité, alors la décentralisation peut être conçue comme étant un “élargissement.” Comme l’a expliqué le Dr. Mathurin Houngnikpo du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (ACSS), les défis en matière de sécurité diffèrent entre la capitale et les régions. Par conséquent leur gestion devrait être également différente. Cependant, le symposium a été marqué par des débats rigoureux au sein de plusieurs groupes de discussion qui ont exposé les différences historiques entre les payset remis en question la viabilité de telles politiques. Le fait que la Sierra Leone se soit focalisée sur la décentralisation comme composante fondamentale de son programme de RSS au cours de la dernière décennie est une approche que les participants

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Libériens étaient désireux de comparer à leur propres expériences et initiatives récentes. Les participants venant de Côte d’Ivoire et de Guinée étaient, cependant, plus sceptiques. Ceci est peut-être lié aux structures sécuritaires existant dans ces pays où la puissance coloniale française a laissé derrière elle des mécanismes hautement centralisés de gouvernance et de sécurité semblables à ceux que la France elle-même préfère. Ainsi, plusieurs parmi les participants guinéens et ivoiriens exprimèrent leur inquiétude que la décentralisation de la sécurité pourrait conduire à une perte de contrôle par l’Etat au fur et à mesure que se développent des factions au sein des forces de sécurité. Cependant, les délégués de la Sierra Leone semblaient rallier plusieurs participants à leur position, expliquant que des mesures de

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protection doivent être mises en place afin d’empêcher qu’une telle situation ne se développe et que le fait de continuer d’ignorer le besoin de décentralisation ne ferait que renforcer d’autres menaces sécuritaires tout aussi importantes. Au fur et à mesure que les discussions se poursuivaient, les participants guinéens et ivoiriens étaient particulièrement impressionnés par le modèle décentralisé des unités de consolidation de la confiance de l’Union du Fleuve Mano (CBU). Les CBU œuvrent pour améliorer la sécurité dans les régions frontalières partagées par quatre pays en les dotant d’un forum au sein duquel les autorités du Gouvernement, des forces de sécurité, et de la société civile, de chaque côté de la frontière, peuvent se rencontrer pour aborder des questions spécifiques, minimisant ainsi les possibilités de malentendus susceptibles d’attiser des tensions transfrontalières. De plus, ces CBU aident les communautés des deux côtés à développer des stratégies communes d’amélioration de la sécurité dans la région. Plusieurs participants n’étaient pas au courant de ces initiatives avant la conférence et auraient souhaité que des informations portant sur de telles initiatives fussent rendues plus accessibles. Une plus grande connaissance de ces initiatives augmenterait les probabilités de leur reproduction ainsi que les chances de collaborations transfrontalières. A la fin, les participants guinéens exprimèrent le désir de voir les CBU devenir opérationnelles dans un plus grand nombre de villages et virent en eux un moyen de gestion potentiellement plus efficace de l’information sur les questions relatives à la sécurité sur les frontières. Cette reconnaissance au sein de la délégation guinéenne illustre un changement important dans sa vision de la décentralisation.

même si tel est leur souhait. Même si les Etats ont convenu de faire de l’amélioration de la sécurité des personnes leur objectif, il est évident qu’une plus grande délégation de pouvoirs et une plus grande participation des populations à leur propre sécurité sont nécessaires. M. Zanzan Karwor, chef du Conseil traditionnel de direction du Libéria a abordé cette question au cours de deux des interventions qu’il a faites au cours de l’événement. S’exprimant dans la salle des plénières aussi bien lors de la cérémonie d’ouverture que pendant la cérémonie de clôture, il a souligné la nécessité de voir les acteurs gouvernementaux et de la sécurité travailler directement avec les communautés et leurs chefs traditionnels pour répondre efficacement aux défis auxquels les populations sont confrontées. Les chefs traditionnels, les groupes et autres acteurs non étatiques doivent être activement engagés dans le processus de réforme de la sécurité. D’autres recommandations formulées au cours de cette session ont porté sur la nécessité d’améliorer les méthodes de communication. Etant donné que la gestion de la sécurité devient de plus en plus dispersée et qu’un nombre de plus en plus important d’acteurs, y compris d’acteurs non étatiques, y sont de plus en plus impliqués, une communication efficace devient encore plus nécessaire. Amélioration des moyens de communication:

RECCOMANDATIONS ¬ Améliorer la diffusion de l’information sur les efforts relatifs à la réforme, tels que les réunions des CBU, les réunions de Commission de la paix et de la sécurité de l’Union du Fleuve Mano, ou les modèles de décentralisation de la sécurité. ¬ Un plus grand nombre de groupes de discussion intra-étatiques et internationaux tels que ceux entrepris par l’Union du Fleuve Mano.

Le point culminant des débats était le constat ¬ Amélioration des infrastructures de communication de base Le que les gouvernements centraux dans cette région manque de services de téléphone et d’Internet adéquats et n’ont tout simplement pas la capacité de bien asl’absence de routes bien entretenues, hors des capitales surer la sécurité sur l’ensemble de leur territoire, régionales, rend la communication difficile.

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MOBILISATION DES RESSOURCES POUR LA RÉFORME ET LA GESTION DE LA SÉCURITÉ 4 CONTEXTE Les quatre pays de l’Union du Fleuve Mano figurent parmi les plus pauvres au monde. Le revenu national brut (RNB) par habitant dans la région varie de seulement $330 au Libéria, à $1090 en Côte d’Ivoire et le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dans ces deux payes représente 63,8% et 42,7% respectivement. Dans ce contexte de pauvreté, il devient évident que ces pays ne peuvent seuls prendre en charge le coût élevé des réformes du secteur de la sécurité. Au Libéria, par exemple, les Etats-Unis ont investi plus de 200 millions de dollars dans la reconstruction de l’armée nationale seulement, un chiffre qui représente près de 13% du PIB du pays. Si l’on ajoute le coût de la réforme de la police, de la réforme judiciaire, de la formation législative, et de toutes les autres activités prévues dans le cadre de la RSS, ce nombre devient encore plus important. Et ces chiffres ne tiennent pas compte des coûts de fonctionnement normaux du secteur de la sécurité.

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Ces pays sont alors confrontés à un terrible dilemme: pour réformer leurs secteurs de sécurité ils ont besoin de se développer davantage sur le plan économique. Cependant, une RSS complète et une amélioration de la sécurité sont une condition préalable d’un développement économique soutenu. Bien entendu, pour résoudre ce dilemme, les Etats ont dû rechercher des sources de financement international. Comme indiqué ci-dessus, les Etats-Unis ont engagés des millions de dollars pour la réforme des services militaire au Libéria. En Sierra Leone, le DFID a apporté une contribution de près de 150 millions de dollars pour la réforme du secteur de la sécurité. La France, la Banque mondiale, l’Union européenne, les Nations Unies, entre autres, ont tous également promis des fonds pour la réforme des secteurs de sécurité de la région. Bien que ces efforts internationaux de réforme aient joué un rôle crucial pour la stabilité dans la région, ils n’en sont pas moins accompagnés de difficultés l’une des principales critiques des programmes de RSS mis en œuvre par des acteurs

Banque Mondiale.Données recueillies http://data.worldbank.org/indicator/NY.GNP.PCAP.PP.CD. Malan, Mark. (2008). “Security Sector Reform in Liberia: Mixed Results from Humble Beginnings.” Strategic Studies Institute, United States Army War College. http://www.strategicstudiesinstitute.army.mil/pubs/summary.cfm?q=855. AND World Bank. Data from: http://data.worldbank.org/country/liberia. 15 Ball, Nicole and Piet Biesheuvel, Tom Hamilton- Baillie and ‘FunmiOlanisakin. ( 2007). “Security and Justice Sector Reform Programming in Africa.” Department for International Development (DFID). Taken from: http://webarchive.nationalarchives.gov. uk/+/http://www.dfid.gov.uk/aboutdfid/performance/files/sjr.pdf 10 11

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non-nationaux porte sur le manque de durabilité des changements apportés après le retrait de la présence internationale. En particulier, la question de savoir si les pays bénéficiaires peuvent faire face à l’augmentation des coûts de leurs secteurs de sécurité déjà réformés suscite beaucoup de préoccupations. «Il est ironique de constater que plus la communauté internationale soutient la RSS dans les pays sortant d’un conflit, plus on met la pression sur les gouvernements de faire face à des coûts récurrents, dont celui du carburant, de l’entretien et des salaires,» écrivent Rory Keane, conseiller en matière de RSS pour la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et le Dr Mark Downes responsable de l’Equipe internationale de conseil pour le secteur de la sécurité (ISSAT). «Si ces coûts récurrents ne peuvent pas être pris en charge, le programme de RSS vacille, puisque les agents nouvellement recrutés se retrouvent soudainement sans salaire (et, pour cette raison, finissent par pratiquer parfois pratiquer des activités criminelles), les land cruisers nouvellement acquis se grippent à cause du manque de carburant, les nouvelles casernes tombent en ruine faute de financement pour leur entretien.»13 Les contraintes budgétaires figurant donc parmi les défis les plus importants rencontrés par les programmes de réforme et de gestion de la sécurité globale dans la région du Fleuve Mano. Que ces difficult éssoient dues à la faiblesse des économies

nationales, à la capacité limitée des gouvernements à augmenter leurs propres revenus, à la stabilité douteuse des réformes après le départ des partenaires internationaux, ou à une réduction de l’aide internationale disponible en premier lieu en raison du ralentissement actuel de l’économie mondiale ou non, il est essentiel de résoudre le problème du financement des réformes. Pour y parvenir, des solutions novatrices doivent être trouvées. Pour les partenaires internationaux, Keane et Downes estiment qu’une approche plus réaliste et plus progressive pourrait être appropriée. Pour les autorités locales, l’augmentation des recettes fiscales, en partenariat avec le secteur privé, et en travaillant plus étroitement avec la société civile pourrait offrir quelques solutions par rapport à ce défi.

OUTILS POUR LA MOBILISATION DES RESSOURCES ¬ Engagement de la société civile ¬ Investissements du secteur privé dans la RSS ¬ Approches régionales pour partager le fardeau des menaces xxcommunes ¬ Meilleure utilisation des technologies de la communication ¬ Une politique nationale claire définissant les rôles, réduisant les xxchevauchements ¬ Collaboration avec les groupes de la diaspora ¬ Bénévolat ¬ Amélioration du suivi et de l’évaluation des programmes de xxréforme

Keane, Rory and Mark Downes, PhD. (2012). “Security Sector Reform Applied: Nine Ways to Move from Policy to Implementation.” International Peace Institute. 13

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RÉSULTATS DES PRÉSENTATIONS ET DES 4 DISCUSSIONS

Colonel Birame Diop, directeur des partenaires du Sénégal, présentés sur la nécessité de rechercher des solutions créatives pour SSR financement ainsi que la gestion de la sécurité à long terme Pour que la RSS soit couronnée de succès, des investissements sont nécessaires. Les réformes de grande envergure qui sont souvent nécessaires peuvent être coûteuses. Par conséquent leur mise en œuvre est un poids sur les budgets des pays en situation de post-conflit dans lesquels il existe généralement un besoin plus important de procéder à ces réformes. En outre, les pays donateurs hésitent souvent à contribuer financièrement à des activités pouvant être considérées comme bénéficiant à des militaires étrangers, en particulier s’il est établi que ces militaires commis des abus ou se sont mal comportés dans le passés. C’est pour cette raison et dans un contexte plus large de recherche sur l’économie de la défense que le la dernière présentation de l’événement faite par le colonel Birame Diop s’est focalisée sur la mobilisation des ressources pour la RSS et la gestion à long terme de la sécurité.

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Les pays de la région du Fleuve Mano figurent parmi les plus pauvres au monde. Le sousdéveloppement, la corruption et une communauté internationale parfois hésitante à soutenir les programmes de RSS créent un formidable défi à l’amélioration de la sécurité dans la région. Malgré ces défis, il est possible de trouver les moyens de financer la réforme. Il est nécessaire de trouver des solutions permettant de mobiliser, de manière créative, toutes les ressources disponibles dans un pays pour permettre de réaliser la SRR. L’une de ces solutions consiste simplement à améliorer la rentabilité et l’efficacité des ressources actuellement disponibles. Pour y parvenir, les programmes de RSS peuvent par exemple collaboré avec les OSC ayant un accès direct à la population sur l’ensemble du pays pour les aider. Cela permet de faire en sorte que chaque changement ait la plus

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grande portée possible, amplifiant ainsi l’impact de chaque dollar dépensé. En outre, plus les citoyens sont informés sur la façon dont les dépenses de l’Etat améliorent leur vie, plus ils seront susceptibles de payer des taxes pour la mise en œuvre du programme. En plus de la sensibilisation, l’intégration de la société civile dans la réforme et la gestion de la sécurité améliore le partage d’informations et de renseignements. En outre, les programmes de police communautaire pourraient contribuer à réduire les menaces à la sécurité auxquelles un pays est confronté, ce qui permet de réduire quelque peu le fardeau de la réforme des institutions de sécurité. Bien entendu, le recours à des solutions novatrices et collaboratives ne permet pas de régler tous les problèmes et à un moment donné les pays ont simplement besoin d’engager les ressources financières nécessaires pour mener à bien les réformes. Les pays ont besoin de devenir plus efficaces dans leur façon d’expliquer l’importance de la RSS aux secteurs privés nationaux et internationaux. «Les morts ne peuvent pas faire des achats» avait expliqué le colonel Diop au cours de sa présentation lors du symposium. Les économies sont actuellement confrontées à des problèmes pour se développer. Par conséquent, tant que la sécurité de base n’est pas garantie, l’investissement, que ce soit par des citoyens ou des étrangers, a peu de chance de se développer si la sécurité de l’investissement ne peut pas être garantie. Pour convaincre le secteur privé qu’il a intérêt à soutenir des programmes de RSS, il est indispensable d’expliquer tout cela en termes monétaires. Selon Paul Collier, le fait de ne pas réformer, de façon adéquate, les institutions de sécurité d’une région, peut par exemple entraîner une réduction de 2,2% de la croissance globale d’un

pays. «La guerre civile dure en moyenne sept ans (ensemble de données fournies par Collier et Hoeffler),» poursuit-il. «Ainsi, à la fin d’une guerre civile, l’économie se situe à environ 15% en dessous de son niveau contrefactuel.»14 L’histoire montre également que les pays qui connaissent la guerre civile sont très sensibles à d’autres conflits violents. Quarante pour cent des pays post-conflit retombent dans la guerre civile à l’intérieur d’une décennie.15 Une prise de conscience de ces coûts met en évidence la nécessité d’investir de façon proactive. Les participants au symposium ont été très conscients de ce fait et de nombreux observateurs ont noté qu’il semble y avoir beaucoup de «lassitude à l’égard des conflits» la région pour ces raisons et évidemment beaucoup d’autres. Toutefois, la rareté des ressources financières est presque toujours un obstacle à la réforme. Compte tenu de la pauvreté des pays du Fleuve Mano, il peut être surprenant que l’argument selon lequel des solutions novatrices nationales seront nécessaires à l’avenir, plutôt qu’une dépendance continue via à vis des bailleurs de fonds internationaux fasse l’objet de peu de résistance au sein des groupes de discussion. De nombreux participants ont convenu que l’appropriation financière de la gestion de la sécurité serait un fardeau sur le plan financier, mais ont fait valoir que cela favoriserait un plus grand sentiment d’appropriation nationale et donc de surveillance par les pays. Les participants ont reconnu les opportunités présentées par le secteur privé. La sécurité est une condition préalable pour réaliser des opérations commerciales. Par conséquent, il est dans l’intérêt du secteur privé d’investir dans des réformes visant à améliorer la gestion du secteur de la sécurité. En outre, les entreprises privées peu

Collier, Paul and AnkeHoeffler. (2004). “The Challenge of Reducing the Global Incidence of Civil War.” Copenhagen Consensus Challenge Paper. 15 Collier, Paul, AnkeHoeffler and MånsSöderbom, (2008). Post-Conflict Risks, Journal of Peace Research 45:461-478 14

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vent en effet avoir des fonds à allouer à ces types d’initiatives et il est indispensable d’explorer cette possibilité. Il a également été reconnu que le gouvernement et la société civile devront collaborer pour que l’engagement du secteur privé devienne réalité.

Les recommandations formulées en vue d’améliorer la mobilisation des ressources ont renforcé les conclusions des discussions antérieures. Ces recommandations comprennent ce qui suit:

RECOMMANDATIONS

Bien entendu, la volonté de prendre en charge ¬ La coopération régionale est nécessaire pour mutualiser les ressources existantes en vue de face aux défis sécuritaires la responsabilité du financement de la RSS est une régionaux. chose et le fait d’en avoir les moyens en est une autre. Les participants étaient conscients de cette ré- ¬ La décentralisation peut aider à mieux gérer les défis, surtout si elle est mise en œuvre en collaboration avec les populations alité. Néanmoins, il est nécessaire de s’assurer que rurales. Ceci peut contribuer à assurer davantage la stabilisation les ressources disponibles sont utilisées de façon dans les régions disposant d’immenses réserves de ressources plus efficace. Cela signifie, entre autres, sensibinaturelles. Bien exécutée, la décentralisation peut avoir un impact liser les députés qui sont chargés de surveiller ces significatif sur la santé globale de l’économie, et ainsi contribuer budgets, mais comprennent assez peu les aspects à renforcer les fonds disponibles pour la réforme et la gestion de techniques du financement des besoins de sécurila sécurité. té. En outre, de nombreux participants ont indiqué que plus les citoyens sont engagés dans le processus ¬ En faisant participer le secteur privé, on peut l’amener à soutenir les réformes. Les investisseurs ont autant, voire plus d’intérêt, de réforme du secteur de la sécurité, plus ils seront à voir ces pays devenir des zones stables pour l’investissement. susceptibles de contribuer aux impôts nécessaires En démontrant le lien direct entre la réforme de la sécurité et pour maintenir les forces de sécurité. la stabilisation on peut les amener à devenir des partenaires plus solides dans la réforme et la gestion de la sécurité. ¬ Des solutions novatrices, y compris l’intégration des sociétés privées de sécurité et d’autres acteurs non étatiques de la sécurité dans le système de gestion de la sécurité nationale, doivent être étudiées.

Le général Lamine Cissé, président de la Commission des partenaires du Sénégal (Sénégal, devant à gauche) et le colonel Mamadou Aliou Sow (Guinée, au centre) lors d’une session plénière.

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PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Il était important d’avoir un groupe diversifié de participants pour un débat plus équilibré Les défis à la sécurité et à la RSS dans la région du Fleuve Mano sont nombreux. Par conséquent, des solutions novatrices impliquant tous les niveaux et secteurs de la société sont nécessaires pour que les réformes continuent de progresser. L’un des principaux objectifs du symposium régional était de réunir les personnes les plus concernées, au niveau de la société civile, des gouvernements et des services de sécurité en uniforme pour leur permettre de s’exprimer sur les principaux défis auxquels ils sont confrontés et rechercher des solutions novatrices. Le présent rapport contient les esquisses de la plupart de ces solutions. Une idée récurrente exprimée lors de l’événement est que la RSS est un processus à long terme. Il est probable qu’un engagement et un soutien persistant du processus,

tant au niveau national qu’à l’étranger, sera nécessaire pendant des années, voire des décennies. Des investissements à long terme dans ces réformes sont essentiels pour la stabilité et le développement de la région du Fleuve Mano à l’avenir. Parmi les autres conclusions importantes faites par rapport à cet engagement on peut noter:

PRINCIPALES CONCLUSIONS ¬ Diversité des expériences acquises en matière de RSS: Les pays de l’Union du Fleuve Mano sont en train de sortir divers contextes historiques et ont souvent des priorités différentes en matière de RSS. Par ailleurs, dans chaque pays, les populations de différents secteurs ont également souvent des priorités différentes par rapport à la réforme, voire une compréhension unique de ce que les objectifs de la RSS devraient être.

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¬ Nécessité d’une coopération régionale: En dépit des différences rencontrées d’un pays à l’autre, il existe un besoin évident de coopération au niveau régional, par rapport aussi bien à la RSS qu’à la gestion de la sécurité en vue faire face aux nouvelles menaces contre la sécurité dont beaucoup sont de nature régionale ¬ Engagement insuffisante des citoyens pour la RSS: Pour que les réformes soient complètes et durables, il est nécessaire de faire participer toutes les sphères de la société. Cette participation a longtemps été reconnue la solution idéale, mais l’implication des citoyens a souvent été négligée puisque que l’accent a davantage été mis sur les réformes d’ordre politique. ¬ Probable baisse des ressources financières destinées à la RSS: Les ressources financières disponibles pour la RSS ont toujours été insuffisantes. Ceci est dû en partie à la nature politique de la RSS perçue par les donateurs. La récente crise financière mondiale est susceptible d’aggraver cette situation. L’identification de ces défis à la RSS dans la région a contribué à orienter les discussions lors de l’événement. Elle a également conduit à la formulation de plusieurs recommandations clés:

RECOMMANDATIONS ¬ Nécessité d’un outil de diagnostic sur la RSS: En raison de la diversité des priorités et des conceptions relatives à la RSS, à laquelle s’ajoute la nature complexe de ces réformes, le développement d’un outil de diagnostic de l’état d’avancement de la mise en œuvre de la RSS dans un pays donné serait un grand avantage pour les acteurs engagés dans le processus. Un tel outil permettrait de se focaliser sur les mesures spécifiques prises pour réformer le secteur de la sécurité ainsi que sur l’impact perçu de ces mesures sur la sécurité humaine globale sur l’ensemble du pays ou de la région. ¬ Renforcement continu de l’Union du Fleuve Mano: Alors que les pays de la région du Fleuve Mano s’acquittent maintenant de leurs cotisations au Secrétariat de l’Union du Fleuve Mano pour la première fois dans leur histoire récente, l’organisation semble fonctionner dans un nouvel environnement de volonté politique.

Parlementaire Affoussy Bamba représentés les élus lors du symposium et a partagé ses expériences de travail sur la RSS en Côte d’Ivoire Compte tenu de la dimension régionale de la plupart des menaces qui pèsent sur les pays du Fleuve Mano, le renforcement continu de la capacité de l’Union du Fleuve Mano à faciliter la coopération sécuritaire régionale peut avoir un impact significatif sur la sécurité humaine. ¬ Large participation en vue d’une réforme global: Pour que leur mise en œuvre soit couronnée de succès à long terme, les réformes doivent être conçues pour répondre efficacement aux besoins de toutes les couches de la société. Ceci signifie que les principaux programmes nationaux de réforme doivent approfondir leur engagement avec les citoyens en vue d’une meilleure compréhension de leurs besoins en matière de sécurité, en mettant en œuvre une approche décentralisée allant au-delà des capitales, pour assurer la participation des habitants des milieux ruraux et des régions frontalières en particulier. Il a été prouvé qu’une plus grande attention est accordée à cet élément du processus de réforme. Lors d’un événement organisé par ACSS en Guinée Conakry en décembre 2012, le Dr Diéliman Kouyaté, qui participe au programme de CERSS et préside la commission technique sur la RSS avait déclaré que «la réforme du secteur de la sécurité n’est pas seulement une réforme des forces armées. Il ne s’agit pas seulement d’avoir une bonne armée. Il s’agit d’avoir une approche multisectorielle de la réforme intégrant la justice, la police, le parlement et la société civile.»16

Africa Center for Strategic Studies. “ACSS Guinea Chapter Hold Symposium on Security Sector Reform, Anti-Corruption Efforts.” From: http://africacenter.org/2013/01/acss-guinea-chapter-holds-symposium-on-security-sector-reform-anti-corruption-efforts/ 16

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¬ Création de groupes de travail pour la RSS au sein de la société civile: L’un des premiers résultats encourageants réalisés au début du projet a été la création, par la délégation guinéenne, d’un groupe d’appui de suivi du processus de RSS appelé le Forum des organisations de la société civile pour l’appui à la réforme (FOCAR). Cette initiative a encouragé les pays à établir d’autres groupes similaires avec le soutien des ressources et des outils de l’Union du Fleuve Mano. Ces réseaux peuvent offrir aux OSC un canal officiel permettant l’interaction avec différents comités de RSS et de leur proposer des recommandations. ¬ Des solutions novatrices pour le financement des réformes: Le manque de ressources financières constituera probablement un défi à la RSS dans la région dans un proche avenir. Cependant, certaines opportunités, notamment un engagement plus efficace avec le secteur privé, pourraient permettre d’atténuer ce déficit. En outre, étant donné que les revenus miniers et autres revenus provenant des industries extractives continuent de croître dans la région, le fait d’exploiter cette croissance et de le réinvestir à travers la mise en place d’un fonds souverain, pourrait entrainer une réduction indispensable de la charge occasionnée du secteur de la défense.17 De plus, le fait de puiser dans ces ressources

17

peut, dans certains cas, donner à la population locale une plus grande autonomie par rapport à la communauté internationale en ce qui concerne la RSS, entraînant ainsi une plus grande appropriation des progrès des réformes. Cette liste de recommandations intervient à un moment important pour les efforts de réforme dans la région du Fleuve Mano. En raison de la lassitude à l’égard des conflits la région, nombreux sont ceux qui ont la volonté politique de voir ces réformes réussir. En outre, les dirigeants reconnaissent maintenant la nécessité de travailler ensemble à l’échelle régionale pour relever le défi politique, économique et de sécurité, peut-être mieux qu’ils ne l’aient jamais fait auparavant. S’il est correctement mis à profit, cet environnement peut offrir une fenêtre d’opportunité décisive pour la réforme, le renforcement de la stabilité régionale et la consolidation de la démocratie. Ces recommandations, bien que non exhaustives, sont une contribution nécessaire à cet objectif.

Pour une brève discussion sur les avantages et les inconvénients d’un tel système, visiter le site: http://africacenter.org/2012/10/ask-

the-expert-africa-center%25e2%2580%2599s-dr-assis-malaquias-discusses-angola%25e2%2580%2599s-new-5-billion-oil-fund/

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A PROPOS DE LA PARTICIPATION DES CITOYENS DANS LE PROJET DE RÉFORME DU SECTEUR DE LA SÉCURITÉ Le programme d’engagement des citoyens dans En 2011 Partners for Democratic Change et Partla réforme du secteur de la sécurité dans la région ners Sénégal ont lancé un programme de deux ans du fleuve Mano (CERSS) initié par Partners for appelé Projet de sécurité des citoyens en Guinée Democratic Change était un programme de 9 mois (GCSP) pour former la société civile à acquérir les visant à élargir la mobilisation des acteurs de la so- compétences nécessaires pour participer plus efciété civile engagés dans les processus de réforme ficacement aux activités de réforme du secteur de du secteur de la sécurité dans la région du Fleuve la sécurité en Guinée. En Amérique latine, PartMano. Le programme a été mis en œuvre en colners/Mexique a conçu et animé un programme de laboration avec Partners Sénégal (PS), une organitravail avec une vaste coalition d’acteurs de la sosation affiliée à Partners for Democratic Change en ciété civile et d’acteurs gouvernementaux en vue Afrique de l’Ouest, avec le soutien du Département d’élaborer et de proposer des lois visant à améliorer d’Etat américain. L’équipe de Partners a travaillé en la façon dont la sécurité est vécue au niveau local. étroite collaboration avec des représentants de la société civile, des Gouvernements et du secteur de En 2011 et 2012 au Belize, Partners a travaillé avec la sécurité dans chacun des quatre pays de la ré- un partenaire local – RESTORE – dans le cadre gion du Fleuve Mano (Côte d’Ivoire, Guinée, Libé- d’un projet de construction de lignes de commuria et Sierra Leone) pour concevoir un programme nication plus efficaces entre les services chargés de l’application des lois et la communauté dans pertinent et constructif. les quartiers Sud de la cité de Belize en proie à la L’initiative sur la participation des citoyens criminalité. Pendant 24 ans, Partners s’est engagé à s’appuie sur les efforts investis par Partners et ses centres affiliés à travers le monde en vue d’améliorer mettre en place des plateformes de dialogues mulla sécurité des citoyens en établissant des proces- tipartites sur les questions de sécurité humaine. sus permettant aux citoyens, aux membres du sec- Cet engagement continuera d’être un élément cen-

teur de la sécurité et aux Gouvernements de se ré- tral des programmes de Partners au fur et à mesure unir pour partager leurs expériences et tisser des qu’elle s’investit dans l’amélioration de la sécurité relations qui mèneront à des actions communes.

des citoyens dans la région du fleuve Mano et dans le monde entier.

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PARTNERS FOR DEMOCRATIC CHANGE Partners for Democratic Change est une organisation mondiale qui s’est engagée à renforcer les institutions démocratiques et la société civile. Elle a plus de 20 années d’expérience dans le renforcement des capacités locales dans les compétences de base en matière de démocratie dans plus de 50 pays. En travaillant avec des centres nationaux indépendants, dont la gestion est entièrement assurée par des professionnels résidant dans les pays même où ces centres sont basés, Partners adapte et acculture ces méthodes au contexte de chaque pays. Grâce à notre réseau de 18 centres affiliés à travers le monde, Partners a contribué à la transition vers la démocratie et l’économie de marché dans ces pays. Partners a formé de nouveaux spécialistes de la communication, des médiateurs, des négociateurs et des planificateurs qui permettent à la société civile, aux entreprises privées et aux gouvernements à tous les niveaux de travailler ensemble sur des questions d’intérêt commun. Partners mobilise des équipes de formation internationales pour communiquer leurs compétences et leur savoir-faire à travers le monde.

PARTNERS SENEGAL Partners Senegal - Centre pour la collaboration civique, regroupe des dirigeants d’organisations de la société civile (OSC), des acteurs gouvernementaux, des universitaires et des acteurs du secteur privé en vue de promouvoir le dialogue, la transparence, la bonne gouvernance et la participation des jeunes au processus de développement national et local. En tant qu’organisation de la société civile au Sénégal, Partners Sénégal s’engage à être un chef de file dans le développement de la société civile et se veut un partenaire crédible dans la quête de la démocratie, du développement et de l’état de droit dans toute l’Afrique occidentale. www.partners-senegal.org

www.partnersglobal.org

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ANNEXE A

LISTE DES PARTICIPANTS COTE d’IVOIRE — Gouvernement

COTE d’IVOIRE — OSC

Affoussy Bamba Lanine RSS Comité technique – Contrôle démocratique affoussy@free.fr +225 20 20 9600

Sindou Bamba RAIDH raidhci@yahoo.fr

Alain Donwahi Chair RSS Comité technique + 225 20 25 13 00 Gahodit Pierre Oulatta Président Assemblée nationale–Commission Défenseet Sécurité gorguijj@yahoo.fr Outtara Seydou Préfet Ministère de l’Intérieur + 225 03 43 43 06 Fidel Yapi Ministère de l’Intérieur fidelyapi@gmail.com

Mata Coulibaly CIDDH matacoul@gmail.com Doumbia Fanta OFACI doumfanta2003@yahoo.fr Christophe Kouame CSCI kouamechristophe@gmail.com Salimata Porquet REPSFECO fefeedes@yahoo.com Wodjo Traore COSOPCI cosopci_coalition@yahoo.com

Narcisse Thomas Sepy-Yessoh Sous-Préfet Ministère de l’Intérieur synarcis@yahoo.fr Zouza Roland Clovis Kalou 2e Conseiller Ambassade de Côte d’Ivoire au Liberia kalouzouzouarc@yahoo.fr +231 880 599 380

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GUINEA — Gouvernement

GUINEA — OSC

Cece Balamou Comité civilo - militaire cc.balamou@yahoo.fr

Djenabou Bah Association des Jeunes Guinéens pour la Promotion de l’Espace franco phonie djeba2003@yahoo.fr

Mariama Barry Djelo Ancien parlementaire bmdjelo@yahoo.fr +224 64 297672 Hawa Diallo Association des Magistrats de Guinée hawafatou@yahoo.fr Zézé Dopavogui Police Ministère de l’Intérieur + 224 63413996 Dieliman Kouyate Conseiller politique Ministère de la Défense + 224 63117207 Mamadou Aliou Sow Comité technique RSS aliouemia@yahoo.fr

Balla Dopavogui Centre d’études stratégiques de l’Afrique – Chapitre Guinée dopavoguiballa@yahoo.fr Nantenin Kone REFMAP/MARWOPNET nanthoudomani@yahoo.fr Moussa Nimanga CECIDE nimaga_m@yahoo.fr Hadja Sayon Samoura Association des Epouses de Militaires hadjasayon56@yahoo.fr Hamidou Toure CONAG louja_gn@yahoo.fr

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LIBERIA — Gouvernement

LIBERIA — OSC

Robert Cooper Sous-ministre adjoint chargé des Operations Ministère de la Défense Nationale brixoct17@yahoo.com

Cyril Allen Coordinateur Résident - Liberia Union du Fleuve Mano afamefuna14@yahoo.com +231 886 448 523

Frederick Gbemie Coordinateur de la réforme du secteur de la sécurité Conseil de Sécurité Nationale frederick.gbemie@gmail.com

Ruth Caesar MARWOPNET ruth1847@yahoo.com

Jerome Larblee Vice-Ministre Ministèrede la Défense Nationale jlmafiaso@yahoo.com

Roosevelt Gould II Directeur Commission Justice Catholique & Paix rogould2@yahoo.com

Fredie Taylor Vice-ministrede l’Administration territoriale Sécurité publique Ministère de la Justice fredier2001@yahoo.com +231 886 510 913

Cecil Griffiths Directeur LINLEA cbgriffiths@yahoo.com

Abla Williams Bureau de l’Immigration ablagw@hotmail.com Jonathan Wordsworth Ministère des Affaires Internes projaw@yahoo.com +231 886 742632 Joseph Yarsiah Groupe de travail pour la justice transitionnelle rightsrice@googlemail

Nyenti Kaffey Community Watch Association cwfliberia2010@yahoo.com Chief Karwor Conseil national traditionnel C/O Carter Center chelsea.payne@cartercenterliberia.org Francis Nagbe Gestionnaire de programmes WANEP - Liberia nagbe_f@yahoo.com Debey Sayndee Directrice Kofi Annan Institute for Conflict Transformation peacebuilderlr@gmail.com +231- 886513677 / +231- 777513677 Jimmy Smith Association des Agents Privés de Sécurité jwsmith410@msn.com

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LIBERIA — OSC (continued)

SIERRA LEONE — OSC

Zuo Taylor Youth Crime Watch zuotaylor@gmail.com

Henry Allieu NGO de jeunes henryallieu@yahoo.com

Una Thompson WOLPNET unatunky@yahoo.com

Angui Assouakon Secrétariat MRU mrurci@yahoo.com

Aaron Weah Commission Gouvernance abweah.ci@gmail.com

Hassan Feika Mouvement pour la Paix et la Réconciliation – SL hhassan_2006@yahoo.com

SIERRA LEONE — Gouvernement

Hannah Garrick MARWOPNET/REFMAP garrhann2000@yahoo.com

Ismail Tarawali Office of National Security (Bureau de la sécurité nationale) ishtee2009@yahoo.com Olayinka Phillips Ministère de la Justice yinkaphillips10@yahoo.com Francis Keili Office of National Security (Bureau de la sécurité nationale) flkeili@yahoo.com Memunatu Konteh Police mbkontehbangura@yahoo.com

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PERSONNES-RESSOURCES Augustine Allieu Plan International – Sierra Leone augustine.allieu@plan-international.org

James Ruffing Ambassade des Etats-Unis – Sierra Leone RuffingJR@state.gov

Gene Bonventre USAID/Africa Bureau ebonventre@usaid.gov

François Traore USAID – Guinée ftraore@usaid.gov

Gregory Blamoh Plan International – Liberia Gregory.Blamoh@plan-international.org

Jason Wright Ambassade des Etats-Unis – Liberia WrightJP2@state.gov

Todd Coker Département d’Etat américain – Côte d’Ivoire cokert@state.gov

ORATEURS

Massa Crayton OSIWA Liberia mcrayton@osiwa.org

Lamine Cisse Président du Conseil Partners Sénégal laminecisse0039@yahoo.fr

Abdoul Rahamane Diallo OSIWA Guinée adiallo@osiwa.org Nancy Estes USAID – Guinée/Sierra Leone nlestes@usaid.gov Abdulai Jalloh USAID – Sierra Leone ajalloh@usaid.gov

Ely Dieng Responsable RSS UNOCI dieng6@un.org Birame Diop Directeur Partners Sénégal bdiop@partnersglobal.org

Missak Kasongo CEEC missakkas@yahoo.fr Megan Price Clingendael mprice@clingendael.nl Sue Ann Sandusky Ambassade des Etats-Unis – Liberia sanduskysa@state.gov

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ANIMATEURS

PARTENAIARES POUR LE CHANGEMENT DEMOCRATIQUE

Oury Traore Mali/Ghana ourytraore@yahoo.com

Teresa Crawford Directrice tcrawford@partnersglobal.org

Emile Ouédraogo Burkina Faso lambila2002@hotmail.com

Nick Oatley Directeur des Operations noatley@partnersglobal.org

Mathurin Houngnikpo Washington, D.C. houngnikpom@ndu.edu

Hugh O’Donnell Associate hodonnell@partnersglobal.org

Fatoumata Sira Diallo Guinée/RDC fsdiallo@yahoo.fr

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ANNEXE B

PROGRAMME

MARDI SEPTEMBRE 18th

19:00 - 21:00

Réception de Bienvenue au Golden Gate Hotel Navette de Kendejaau Golden Gate — 8:45

MERCREDI SEPTEMBRE 19th

07:30 - 08:30

Petit Déjeuner aux Hôtels Respectifs Navette de Kendejaau Golden Gate

09:00 - 10:00

Mots de Bienvenue Orateurs — Col. Birame Diop, Directeur— Partners Sénégal Teresa Crawford, Directeur — Partners for Democratic Change General Lamine Cisse, Président du Conseil d’administration — Partners Sénégal Col. Sue Ann Sandusky, , Haut responsable du Département de la Défense — Etats Unis St. Jerome Larbalee, Vice-ministre de la Défense — Gouvernement du Liberia

10:00 - 10:30

Pause-café Photo de groupe — endroit à déterminer

10:30 - 11:30

Sécurité dans la Région du Fleuve Mano — Défis et Opportunités Orateur — Dr. Saran Daraba, Secrétaire General — Union du Fleuve Mano

Modérateur — Col. Birame Diop, Directeur — Partners Sénégal

Partners for Democratic Change

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11:30 - 13:00

Groupe de Discussion No.1 — Menaces à la Région / Défis / Opportunités

13:00 - 14:30

Déjeuner

14:30 - 16:00

Session Plénière — Participation des Citoyens à la Sécurité

No.1 Salle - Maryland Animateur - Matt

No.2 Salle - Grand Bassa Animateur - Emile

No.3 Salle - Bong Animatrice - Oury

No.4 Salle - Grand Gedeh Animatrice - Fatoumata

Orateur — Ely Dieng, Responsable RSS — UNOCI

Modérateur — Emile Ouedraogo

16:00 - 16:30

Pause-café

16:30 - 18:00

Groupe de Discussion No.2 — Participation des Citoyens à la Sécurité

18:00 - 19:30

Temps Libre Navette à Kendeja — 18:15/18:30 Navette au Golden Gate — 19:15/19:30

19:30 - 21:00

Dîner en Tenue Traditionnelle Navette à Kendeja — 21:00/21:15

No.1 Salle - Maryland Animateur - Matt

No.2 Salle - Grand Bassa Animateur - Emile

No.3 Salle - Bong Animatrice - Oury

No.4 Salle - Grand Gedeh Animatrice - Fatoumata

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JEUDI SEPTEMBRE 20th

19:00 - 21:00

Petit Déjeuner aux Hôtels Respectifs Navette de Kendejaau Golden Gate — 8:15

10:30 - 11:30

Session plénière — La Décentralisation comme Pilier de la Sécurité Nationale Orateur — Dr. Mathurin Houngnikpo, Universitaire, Titulaire dechaire Relations civilo-militaires — Centre d’études stratégiques de l’Afrique, National Defense University

Modératrice — Oury Traore

10:00 - 10:30

Pause-café

10:30 - 12:00

Groupe de Discussion No.3 — Decentralization as a Pillar of National Security

12:00 - 13:30

Déjeuner

13:30 - 15:00

Session Pleniere — Mobilisation des Ressources pour les Réformes Orateur —

No.1 Salle - Maryland Animateur - Matt

No.2 Salle - Grand Bassa Animateur - Emile

No.3 Salle - Bong Animatrice - Oury

No.4 Salle - Grand Gedeh Animatrice - Fatoumata

Col. Birame Diop, Directeur — Partners Sénégal

Modératrice — Fatoumata Diallo

Partners for Democratic Change

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15:00 - 15:30

Pause-café

15:30 - 17:00

Groupe de Discussion No.4 — Mobilisation des Ressources

17:00 - 18:00

Débat de Clôture et Mots de la Fin

No.1 Salle – Maryland Animateur - Matt

No.2 Salle – Grand Bassa Animateur – Emile

No.3 Salle – Bong Animatrice – Oury

No.4 Salle – Grand Gedeh Animatrice - Fatoumata

Orateurs — Nancy Estes, Mission Directeur — Guinea/Sierra Leone — USAID Col. Birame Diop, Directeur — Partners Sénégal Teresa Crawford, Directeur— Partners for Democratic Change General Lamine Cisse, Président du Conseil — Partners Sénégal

Moderateur —

Mathurin Houngnikpo

18:30 - 20:30

Ceremonie de Cloture Navette au Golden Gate — 20:30/20:45

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