Histoire de Balaam

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Histoire de Balaam Livre des Nombres 22, 23, 24

Traduction: Bible des peuples.

Pascale Roze

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Balak, fils de Sipor, vit tout ce qu’Israël avait fait aux Amorites. Les Moabites furent pris d’une grande peur en voyant combien ce peuple était nombreux : c’était l’effroi en Moab à cause d’Israël. Les Moabites dirent donc aux anciens de Madian : “Cette foule va brouter toute la région, comme le bœuf broute l’herbe des champs ! Le roi de Moab était en ce temps-là Balak, fils de Sipor. Il envoya chercher Balaam fils de Béor, à Pétor sur le fleuve, au pays des Ammonites. Il l’invita à venir en lui disant : “Un peuple sorti d’Égypte vient de s’étendre sur tout le pays et s’est établi en face de moi. Viens donc, je t’en prie, et maudis-moi ce peuple car il est plus puissant que moi. Peut-être alors pourrai-je le battre et le chasser du pays car, je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit !” Les anciens de Moab partirent avec ceux de Madian, les mains pleines de cadeaux pour le devin, et ils arrivèrent chez Balaam. Quand ils lui rapportèrent les paroles de Balak, Balaam leur dit : “Installez-vous chez moi pour la nuit, et je vous donnerai une réponse selon ce que le Seigneur me dira.” Les chefs de Moab restèrent donc chez Balaam. Dieu vint vers Balaam et lui dit : “Qui sont ces hommes installés chez toi ?” Balaam répondit à Dieu : “Balak, fils de Sipor, roi de Moab, me fait dire ceci : Ce peuple sorti d’Égypte couvre tout le pays. Viens donc et maudis-le moi, peut-être pourrai-je lui résister et le chasser.” Mais Dieu dit à Balaam : “Tu n’iras pas avec eux et tu ne maudiras pas ce peuple, car il est béni.” Balaam se leva de bon matin et dit aux chefs envoyés par Balak : “Retournez dans votre pays, car le Seigneur a refusé de me laisser aller avec vous.” Les chefs de Moab se levèrent donc et retournèrent vers Balak : “Balaam, dirent-ils, a refusé de venir avec nous !” 2

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Balak envoya de nouveau des chefs plus nombreux et plus considérés que les premiers. Ils arrivèrent chez Balaam et lui dirent : “Voici ce que dit Balak, fils de Sipor : Je t’en prie, ne refuse pas de venir chez moi, je te traiterai royalement et je ferai tout ce que tu me diras ; viens et maudis-moi ce peuple !” Balaam répondit aux serviteurs de Balak : “Même si Balak me donnait plein sa maison d’argent et d’or, je ne désobéirais pas à l’ordre du Seigneur, mon Dieu, que ce soit pour une petite ou pour une grande chose. Cependant, restez ici cette nuit, s’il vous plaît, pour que je sache ce que le Seigneur veut me dire encore. Cette nuit-là Dieu vint vers Balaam et lui dit :“Ces hommes sont venus pour t’inviter ? Eh bien, pars avec eux, mais tu ne feras que ce que je te dirai !”

Balaam se leva de bon matin, sella son ânesse et partit avec les chefs de Moab.

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La colère de Dieu s’enflamma contre Balaam alors qu’il était en chemin. L’ange du Seigneur se posta sur le chemin pour lui barrer la route, tandis qu’il venait sur son ânesse accompagné de deux serviteurs. L’ânesse vit l’ange du Seigneur qui lui barrait la route, avec son épée dégainée à la main. L’ânesse fit un crochet par les champs et Balaam frappa son ânesse pour la ramener sur le chemin. Alors l’ange du Seigneur vint se poster dans un chemin creux au milieu des vignes : il y avait une clôture de chaque côté. L’ânesse vit l’ange du Seigneur ; elle rasa le mur, écrasant le pied de Balaam contre la clôture, et Balaam la frappa de nouveau. L’ange du Seigneur revint se poster plus en avant et s’arrêta à un endroit si étroit que l’on ne pouvait lui échapper ni à droite ni à gauche. Quand l’ânesse vit l’ange du Seigneu, elle s’accroupit sous Balaam. Balaam, furieux, la frappa de son bâton. Cette fois le Seigneur ouvrit la bouche de l’ânesse et elle dit à Balaam : “Que t’ai-je fait pour que tu me frappes par trois fois ?” Balaam répondit à son ânesse: “Mais tu te moques de moi ! Si j’avais une épée à la main, je te tuerais sur-le-champ !” L’ânesse dit à Balaam : “Ne suis-je pas ton ânesse, que tu montes depuis que tu es au monde jusqu’à ce jour? Est-ce que j’ai l’habitude d’agir de la sorte avec toi ?” “Certes non !” répondit-il.

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Alors le Seigneur ouvrit les yeux de Balaam : il vit l’ange du Seigneur debout en travers du chemin, son épée dégainée à la main. Il s’agenouilla et se prosterna le nez contre terre. L’ange du Seigneur lui dit : “Pourquoi as-tu frappé ton ânesse à trois reprises ? Je suis venu pour te barrer la route, car ce voyage ne me plaît pas. L’ânesse m’a vu et à trois reprises s’est détournée de moi. Si elle ne s’était pas détournée, je t’aurais tué sur-le-champ, et elle, je l’aurais laissée en vie.” Balaam dit à l’ange du Seigneur : “J’ai peut-être péché, mais je ne savais pas que tu étais en travers de ma route. Si cela ne te plaît pas, je retourne chez moi.” L’ange du Seigneur dit alors à Balaam : “Va avec ces messieurs! Mais tu ne diras que les paroles que je te dirai.” Balaam fit donc le chemin avec les chefs envoyés par Balak. Lorsque Balak apprit l’arrivée de Balaam, il sortit à sa rencontre à Ar-Moab, sur la frontière de l’Arnon à l’extrémité de son pays. Balak dit à Balaam :“Ne t’avais-je pas envoyé des gens pour t’inviter ? Pourquoi n’es-tu pas venu ? Tu pensais sans doute que je n’allais pas bien te payer ?” Balaam répondit à Balak : “Tu vois que j’arrive chez toi, mais que puis-je dire maintenant ? Seulement les paroles que Dieu mettra dans ma bouche !” Balaam s’en alla donc avec Balak et ils arrivèrent à Kiryat-Housot. Balak sacrifia du gros et du petit bétail et en fit porter à Balaam et aux chefs venus avec lui. Dès le matin Balak vint chercher Balaam et le fit monter à Bamot-Baal, car de là il pouvait voir une partie du peuple. Balaam dit à Balak :“Élève ici sept autels et prépare-moi sept jeunes taureaux et sept béliers!” Balak fit ce que Balaam lui avait dit, et Balak et Balaam sacrifièrent un jeune taureau et un bélier sur chaque autel. Balaam dit à Balak : “Reste là près de ton holocauste et moi je vais faire un tour. Peut-être le Seigneur viendra-t-il à ma rencontre et je te révélerai alors ce qu’il m’aura fait connaître.” Et Balaam s’en fut sur une crête. Dieu se présenta à Balaam qui lui dit :“J’ai préparé sept autels, et sur chaque autel, j’ai fait monter un jeune taureau et un bélier !” 5 Pascale Roze


Alors le Seigneur mit une parole dans la bouche de Balaam et lui dit : “Retourne vers Balak et tu lui transmettras cette parole.” Il revint donc vers Balak qui se tenait toujours près de son holocauste avec tous les chefs de Moab. Et Balaam proclama son poème : “D’Aram, Balak me fait venir, des monts de l’Orient le roi de Moab m’appelle : ‘Viens, et maudis-moi Jacob ! viens et menace Israël!’ Comment maudire si Dieu ne maudit pas, ou menacer, si le Seigneur ne menace pas? Je le vois du haut des rochers et du haut des collines je le contemple : ce peuple demeure à part, on ne peut le compter parmi les nations! Qui pourra calculer la poussière de Jacob, dénombrer seulement le quart d’Israël? Que je meure de la mort des justes et que ma fin soit semblable à la leur!” Balak dit à Balaam : “Quel coup m’as-tu fait ? Je te prends pour maudire mes ennemis et tu les bénis !” Il répondit :“Ne dois-je pas te dire ce que le Seigneur a mis dans ma bouche ?” Alors Balak lui dit :“Viens donc avec moi à un autre endroit. De là tu verras le peuple, mais pas encore tout entier, et tu me le maudiras.” Il le conduisit donc au Champ-des-Guetteurs, au sommet du Pisga. Il bâtit là sept autels et fit monter un jeune taureau et un bélier sur chaque autel. Balaam dit alors à Balak :“Reste ici près de ton holocauste, et moi, je m’avancerai un peu plus loin.” Le Seigneur se présenta à Balaam et mit une parole dans sa bouche, puis il lui dit :“Retourne vers Balak et tu lui transmettras cette parole.”Balaam revint donc vers lui, tandis qu’il était toujours debout près de son holocauste avec les chefs de Moab. Balak demanda à Balaam : “Qu’a dit le Seigneur ?”

Et Balaam proclama son poème :

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“Lève-toi Balak, écoute! Prête-moi l’oreille, fils de Sipor! Dieu n’est pas un homme pour mentir, il n’est pas un fils d’homme pour revenir en arrière. Dit-il quelque chose sans le faire ? Ou parle-t-il sans agir ? Regarde ! Il m’a pris pour bénir, s’il bénit, comment dire autrement ? Il n’a pas vu de faute en Jacob, il n’a pas perçu de mal en Israël. Yahvé son Dieu est avec lui, chez lui on entend acclamer un roi. Dieu le fait sortir d’Égypte, et lui donne les cornes du buffle! Point n’est besoin de magie en Jacob, ni de sorcellerie en Israël : car en temps voulu sera prédit à Jacob,à Israël, ce que Dieu prépare. Ce peuple se lève comme une lionne, se dresse comme un lion. Il ne revient pas sans avoir dévoré sa proie, sans avoir bu le sang de ses victimes.” Pascale Roze


Balak dit à Balaam : “Si tu ne le maudis pas, du moins ne le bénis pas !” Mais Balaam répondit à Balak :“Je te l’ai bien dit : ce que le Seigneur dira, je le ferai.” Balak dit à Balaam :“Viens, je t’emmène autre part, et là peut-être ton Dieu trouverat-il bon de me le maudire !” Alors Balak conduisit Balaam au sommet du Péor, face au désert. Balaam dit à Balak :“Construis sept autels à cet endroit, et prépare sept jeunes taureaux et sept béliers.” Balak fit comme Balaam le lui avait dit et sacrifia un jeune taureau et un bélier sur chaque autel. Balaam vit que Dieu se plaisait à bénir Israël, aussi n’alla-t-il pas comme les autres fois à la recherche de signes, mais il tourna son visage vers le désert. Quand Balaam leva les yeux, il vit Israël groupé par tribus, et l’esprit de Dieu s’empara de lui.

Alors il proclama son poème : “Parole de Balaam, fils de Béor, parole de l’homme qui perce le mystère, oracle de celui qui entend les paroles de Dieu, qui voit ce que le Dieu de la Steppe fait voir, qui se prosterne, et Dieu lui ouvre les yeux. Que tes tentes sont belles, Jacob, tes demeures, Ô Israël ! Elles s’étirent comme des vallées, comme des jardins sur le bord d’un fleuve, comme des aloès que Yahvé a plantés, comme des cèdres au bord des eaux ! L’eau déborde de ses deux seaux, sa semence est bien irriguée ; son roi est plus puissant qu’Agag, et son règne grandit encore ! Dieu le fait sortir d’Égypte, et lui donne les cornes du buffle ! Il dévore les nations ennemies, il leur brise les os, il les perce de ses flèches. Il s’accroupit, se couche comme un lion, comme une lionne : qui le fera lever ? Bénis soient ceux qui te bénissent, maudits soient ceux qui te maudissent.” Pascale Roze

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Balak s’emporta contre Balaam ; il frappa des mains, puis il lui dit : “Je t’avais fait venir pour maudire mes ennemis, et toi, par trois fois tu les as bénis! Maintenant file chez toi. J’avais promis de te combler d’honneurs, mais le Seigneur t’en a privé !” Balaam répondit à Balak : “J’avais dit quelque chose aux hommes que tu m’as envoyés ; je leur avais dit : ‘Même si Balak me donnait plein sa maison d’argent et d’or, je ne désobéirais pas à l’ordre du Seigneur. Bien ou mal, je ne ferai rien de moi-même, mais je dirai ce que le Seigneur dira.’ Maintenant je m’en retourne dans mon pays ! Mais laisse-moi te dire ce que ce peuple fera à ton peuple dans les jours qui viennent.” Alors il proclama son poème : “Parole de Balaam, fils de Béor, parole de l’homme qui perce le mystère, oracle de celui qui entend les paroles de Dieu et qui possède la science du Très-Haut, qui voit ce que le Dieu de la Steppe fait voir, qui se prosterne, et Dieu lui ouvre les yeux. Je le vois, mais non pour maintenant, je le contemple, mais non de près : un astre se lève de Jacob, un sceptre se dresse en Israël. Il frappe les deux tempes de Moab, et le crâne de tous les fils de Seth. Édom devient sa conquête, il enlève Séïr à ses ennemis, Israël fait de grandes choses, Jacob impose sa force et fait périr les survivants d’Ar.” Balaam vit Amalec et il dit son poème : “Amalec, la première des nations, ta postérité disparaîtra !” Voyant les Kénites, il dit son poème : “Solide est ta demeure, ton nid est établi sur un roc ! Le feu pourtant dévorera Kayin, et l’Assyrien à la fin l’emmènera captif.” Il proclama encore ce poème : “Hélas ! qui sera là quand Dieu le décidera ? Voici des navires du côté des Kittim, ils soumettent l’Assyrien, ils soumettent l’Hébreu, mais eux aussi courent à la ruine.” Balaam se mit en route pour rentrer chez lui, et Balak aussi s’en alla par son chemin. 8

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Après avoir raconté l’histoire de Balaam, donnez aux enfants, les dessins déjà découpés; ils les mettent en ordre et ainsi, se remémorent les étapes du récit, qu’ils racontent au groupe, les uns après les autres. On peut aussi comparer ces dessins du mage Balaam avec ceux des rois mages.

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