L'architecture des habitations Dong : chronique d'une tradition constructive en perte de terrain

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Bourse Voyage + Technique Jodoin Lamarre Pratte

侗族

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Faculté de l’Aménagement, Université de Montréal

Chronique d’une tradition constructive en perte de terrain

Patrice Lebel

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Octobre 2017

L’architecture des habitations Dong



index

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Retour sur le voyage de recherche

p. 04

01

Tour d’horizon

p. 12

02

Une architecture de bois

p. 20

03

Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent

p. 28

04

Une pratique en transition

p. 54

05

Conclusion(s)

p. 64

Bibliographie

p. 70



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Retour sur le voyage de recherche


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Retour sur le voyage de recherche


Introduction Le présent document est remis dans le cadre de la Bourse

L’objectif principal de cette recherche vise à la compréhen-

Voyage + Technique Jodoin Lamarre Pratte qui m’a été

sion et la documentation de l’état actuel de cette pratique

octroyée en mai 2016. Celui-ci vise à partager l’expérience

en vue de contribuer à la réflexion concernant la mise en

d’un voyage de recherche en Chine continentale effectué

oeuvre du bois, un matériau de construction dont nous

au printemps 2017 et portant sur une thématique construc-

bénéficions en abondance au Québec. La méthodol-

tive de notre choix. Dans ce cas-ci, la proposition initiale

ogie privilégiée s’agit d’abord et avant tout d’un travail de

relevait des structures modulaires préfabriquées à ossa-

terrain prenant la forme d’un relevé photographique ainsi

ture de bois. Au fil de mes recherches, cela m’a amené à

que la récolte de données à partir d’observations person-

m’intéresser à l’architecture vernaculaire caractéristique de

nelles. Leur analyse s’appuie principalement sur des

la minorité ethnique Dong localisée dans le Sud-Est de la

ouvrages de référence rencontrés sur le sujet plutôt que

Chine. Cette région rurale est reconnue pour ses construc-

des témoignages en raison de la difficulté de la barrière

tions à ossature de bois dont l’assemblage a la particularité

de la langue. À cela s’ajoute la modélisation subséquente

de se faire entièrement à sec, c’est-à-dire qu’il ne requiert

des structures types afin de faciliter le partage de connais-

aucun clou ni liant. Il s’agit véritablement d’un savoir-

sances.

faire artisan mêlant menuiserie et charpenterie transmis d’une génération de constructeurs à une autre depuis des

Je tiens à remercier encore une fois la firme d’architecture

centaines d’années. Dans cette optique, l’architecture fait

Jodoin Lamarre Pratte ainsi que l’École d’Architecture de

part intégrante de leur identité locale et constitue un de

l’Université de Montréal pour cette opportunité unique.

leurs principaux modes d’expression culturelle.

6| 7


Projet d’atelier réalisé La proposition de voyage de recherche tire son origine d’un

mise en oeuvre d’un nombre limité d’éléments prédétermi-

projet d’atelier de la Maîtrise réalisé au préalable à l’hiver

nés, cette réflexion tend à prouver que cette préfabrication

2016 dans le cadre de l’atelier OUPROPO sous la super-

permet un éventail varié de configurations spatiales ainsi

vision de Jean-Pierre Chupin. Il s’agit de manière générale

qu’une certaine expressivité du déploiement de la struc-

d’une exploration en maquettes prenant la forme d’une sé-

ture. Cela constitue un travail autant à l’échelle de l’effet

rie de structures modulaires en bois se déclinant selon dif-

d’ensemble, que du détail de la jonction des membrures en

férents types d’assemblage que permet le matériau. Par la

vue d’exploiter le potentiel tectonique du bois.

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Retour sur le voyage de recherche


8| 9


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Retour sur le voyage de recherche


Itinéraire

1

Ma’an zhai

Yan zhai Ping zhai Dong zhai Da zhai Pingpu zhai Jichang zhai

La minorité ethnique Dong compte une population d’environ

8 Dudongcun 9 Meilie 10 Gaodingcun 11 Linlvecun

quinzaine. Le choix de ces villages s’est fait en fonction

2 3 4 5 6 7

3 millions d’habitants. Leurs villages se concentrent dans la région du Sud-Est de la Chine, c’est-à-dire à la rencontre des provinces du Guizhou, du Hunan et du Guangxi. Le voyage effectué au début du mois d’avril 2017 était d’une durée d’une semaine, allant d’Est en Ouest. Celui-ci se découpe en trois étapes correspondant à la visite de regroupements de villages voisins, totalisant près d’une d’indications de certains ouvrages de référence ainsi que de leur facilité d’accès par voie terrestre, dans le but de former ensemble un échantillonnage suffisamment diversifié afin de dresser un portrait fidèle de l’état actuel de leur pratique architecturale et de relever certaines tendances

12 Zhaoxingzhai 13 Jilun 14 Jitang

ou spécificités d’un endroit à l’autre.

10 | 11



01

Tour d’horizon


Ma’an zhai

Caractéristiques des villages Dong Les villages Dong sont pour la plupart établis au sein d’une

ment de plusieurs villages, tel que c’est le cas sur l’image

vallée à proximité d’un cours d’eau, entourés de montagnes

ci-haut. Il s’agit de la vallée de Chengyang qui regroupe les

où pousse en abondance le sapin chinois. Leur implanta-

villages de Ma’an zhai, Ya’an zhai, Ping zhai, Dong zhai, Da

tion dense est prévue afin de libérer un maximum de terres

zhai, Pingpu zhai, et Jichang zhai. Le cadre bâti est rela-

cultivables en périphérie des villages. Les principales cul-

tivement homogène et les constructions sont pressées les

tures sont le riz, le thé, le coton ainsi que divers légumes. Il

unes contre les autres selon un arrangement plutôt orga-

est fréquent de retrouver au sein d’une vallée un regroupe-

nique qui s’adapte à la topographie de leur environnement.

01

Tour d'horizon


Gaodingcun

Sur l’image de droite, on distingue le village de Gaodingcun qui est installé dans une vallée plus élevée en altitude. Traditionnellement la composition de ces villages se décline selon trois types architecturaux : les tours de tambours, les ponts de la pluie et du vent, ainsi que les ganlan. Ces dernières correspondent aux habitations qui sont les constructions les plus communes. 14 | 15


Pingpu zhai

Entre tradition et modernité Le portrait d’une architecture traditionnelle intacte et uni-

dernières années a engendré une dépendance par rapport

forme n’est plus valide. Dans le contexte de la transformation

à la ville en tant que source de revenus principale. Par con-

économique majeure de la Chine des dernières décennies,

séquent, la ville est aussi devenue le modèle de développe-

cela génère un boom de construction sans précédent qui

ment.»1 Cela se manifeste par l’introduction de matériaux

touche autant les zones urbaines que rurales. L’architecte

industrialisés, la standardisation de systèmes de bâtiment

John Lin écrivait en 2013 : «La notion de village tradition-

ainsi que l’intégration de nouvelles technologies aux modes

nel n’existe plus. Le processus d’urbanisation des trente

de vie des habitants. Les communautés concernées sem-

01

Tour d'horizon


Dudongcun

blent accueillir avec enthousiasme ces nouveaux moyens qui représentent d’une certaine manière l’amélioration de leur qualité de vie générale. L’arrivée de l’électricité et des automobiles cause par exemple l’élargissement du réseau viaire de ces villages, qui se concrétise par la démolition de bâtiments existants. 1 Bolchover, Joshua, Christiane Lange and John Lin. Homecoming: contextualizing, materializing, and practicing the rural in China, (Berlin: Gestalten, 2013)

16 | 17


Ma’an zhai

01

Tour d'horizon


Dazhai

18 | 19



02

Une architecture de bois


Chengyang et ses environs

Mise en oeuvre d’une ressource Le bois constitue la ressource première de l’architecture

et la séquence d’assemblage. Les arbres sont abattus à

Dong. Plus spécifiquement, il s’agit de sapin Chinois qui

maturité et sont regroupés en fonction de leurs caractéri-

pousse en abondance dans les montagnes aux abords

stiques physiques (diamètre, longueur, droiture, qualité du

des villages. Celui-ci est sélectionné en raison de sa dis-

bois) qui déterminent l’usage qu’il en sera fait : ossature

ponibilité, de sa durabilité et de ses qualités structurales.

primaire et secondaire, pannes de toit, bois de revêtement,

Traditionnellement, son exploitation fait l’objet d’activités

etc. Dans un premier temps, ceux-ci sont placés dans une

rituelles qui régissent par exemple le moment de sa coupe

cour à bois en vue de leur distribution dans le village.

02

Une architecture de bois


Ma’an zhai

22 | 23


Lattes de bois destinées au revêtement extérieur, Ma’an zhai

02

Une architecture de bois


Gaodingcun

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Colonnes en attente de leur montage

‘Préfabrication’ artisanale La préparation des pièces de bois se fait en prévision de

sont réalisées selon un système de proportions pré-établi

leur rôle spécifique que celles-ci occuperont au sein de

dont les mesures assurent un assemblage harmonieux. La

la structure. Une première étape consiste en l’épluchage

précision de cette opération repose sur le traçage au fil

des troncs afin de leur donner une texture lisse. Ensuite,

imbibé d’encre noire directement sur les membrures. On

on procède à la découpe d’ouvertures à différentes hau-

peut remarquer également la taille directe des extrémités

teurs en vue de leur assemblage à tenon et mortaise, qui

de ces membrures qui constitue un des rares éléments

nécessite aucune colle ni éléments de liaison. Celles-ci

d’ornementation de leurs constructions.

02

Une architecture de bois


Traรงage et taille des colonnes

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03

Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


03

Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


Jitang

Ganlan L’habitation vernaculaire Dong tient son origine du ganlan,

servant d’atelier et d’abri pour le bétail. À l’étage, constitu-

un type de construction surélevée par rapport au niveau

ant le niveau principal, on retrouve les espaces de vie oc-

du sol que l’on retrouve dans plusieurs régions d’Asie du

cupés par la famille pour manger, se regrouper et dormir.

Sud-Est. La maison Dong sert à loger les nombreux mem-

Le niveau supérieur défini par le comble du toit à deux

bres d’une famille et compte en normal trois ou quatre

versants sert d’espace de stockage supplémentaire pour

niveaux, chacun d’entre eux comportant un usage déter-

les denrées alimentaires et autres provisions.

minée. Ainsi, au niveau du sol se trouve un espace couvert 30 | 31


03

Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent




Structure primaire et séquence de montage L’élément de base de l’ossature du ganlan est le por-

s’agit du montage à plat du portique central (01). Celui-ci

tique (voir vue en coupe ci-contre). Ce dernier détermine

est joint à d’autres portiques parallèles par des poutres in-

le gabarit général de la construction par sa hauteur et

termédiaires qui s’insèrent dans les colonnes et constituent

l’espacement de ses baies. Il est constitué d’éléments ver-

la structure des planchers (02). Ce processus est répété

ticaux continus jouant le rôle de colonnes. Tel que men-

afin donner la longueur désirée à la construction (03-04-

tionner précédemment, leur percement permet d’y insérer

05); généralement on compte un nombre impair de baies

les membrures horizontales à profil rectangulaire selon le

ayant une portée entre trois et quatre mètres en moyenne.

principe d’assemblage à tenon et mortaise. L’espacement

La structure de cadres ainsi formée est solidaire dans deux

des membrures est régi selon un système de proportions

directions, mais le manque de contreventement résulte

spécifique à l’architecture Dong. La triangulation des col-

par des déformations et l’inclinaison d’un côté ou l’autre

onnes partielles supérieures donnent la géométrie du

de l’ensemble avec le temps. Finalement, les pannes de

toit en pente et celles-ci sont préparées de telle manière

toit, correspondant à de longs troncs d’arbre au diamètre

qu’elles servent d’assise aux pannes de toit. De même, les

plus fin, reposent sur la tête des colonnes et sont prêtes

membrures en porte-à-faux de chaque côté permettent le

à recevoir le revêtement en tuile d’argile de la toiture (06).

montage d’auvents latéraux sur toute la longueur du bâti-

Les avantages d’un tel mode de construction sont sans

ment. Ils servent à protéger davantage les ouvertures et le

équivoque sa rapidité d’érection ainsi que l’optimisation des

revêtement extérieur susceptibles aux intempéries.

ressources matérielles grâce à la préparation de chacune des membrures avant le montage.

Dans les pages qui suivent, une séquence de montage de l’ossature primaire du ganlan est détaillée dans le but de mieux comprendre son assemblage. La première étape

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01

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Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


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03

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Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


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Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


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Modèle d’étude en construction, Gaodingcun

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Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


Modèle d’étude en construction, Gaodingcun

40 | 41


Assemblages Ă tenon et mortaise

03

Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


DÊtail d’une colonne de rive

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03

Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


Variations du type D’après ces illustrations tirées de l’ouvrage Vanishing Tradition : architecture and carpentry of the Dong minority in China (Zwerger, 2006), nous pouvons constater que le modèle des habitations Dong se décline selon différentes variantes répondant à des exigences particulières allant de la taille du clan familial qu’il abrite jusqu’à l’ajustement à la topographie du site sur lequel il s’implante. Le système de structure, bien que s’organisant selon des règles bien établies, est suffisamment flexible afin de permettre différentes configurations de même que l’ajout d’extensions latérales servant de coursive. L’organisation intérieure est de manière générale définie par des cloisons de lattes de bois installées entre les colonnes. Les proportions des portiques peuvent varier d’un village à un autre. Cet éventail de solutions nous parle d’une certaine modularité et forment ensemble une typologie des habitations Dong.

44 | 45


03

Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


Tours de tambour Les tours de tambour doivent leur nom au fait que ces

indice par conséquent de la population du village lui-même.

constructions étaient pourvues à l’origine d’un tambour à

Sa structure est similaire à celle des habitations, sauf qu’au

leur sommet que l’on faisait résonner afin d’attrouper les

lieu de portiques, il s’agit plutôt d’un cadre central formé

membres du village. Ainsi, celles-ci jouent le rôle de lieu de

par quatre colonnes principales disposé en plan selon un

réunion où l’on socialise et discute des affaires du village.

carré. Leur nombre peut aussi être supérieur dans certains

Elles sont facilement identifiables au sein d’une commu-

cas afin de former un hexagone ou un octogone. La struc-

nauté puisqu’elles occupent généralement un emplace-

ture secondaire qui s’y rattache en périphérie est compo-

ment central et ces constructions dépassent les habitations

sée d’une série de cadres concentriques de plus en plus

en hauteur. Un village en compte généralement plusieurs,

rapprochés vers le sommet. Cela résulte en des auvents

chacune d’elle correspondant à un clan familial et leur taille

superposés sur pratiquement toute la hauteur de la tour.

est proportionnelle à leur importance respective. Ils sont un 46 | 47


Une des tours de tambour de Pingpu zhai

03

Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


Pont de la pluie et du vent de Chengyang

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03

Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


Ponts de la pluie et du vent Comme leur nom l’indique, ces constructions qui chevauchent les rivières sont couvertes afin de fournir une protection aux intempéries. Plus qu’un simple lieu de passage, les ponts de la pluie et du vent servent à marquer le point d’entrée d’un village et l’on y fait du commerce et des échanges. Les dimensions et la complexité des ponts varient, allant d’une construction modeste à très imposante tel que l’exemple du modèle ci-contre. Ce dernier a été réalisé à partir du pont très visité de Chengyang construit en 1912. Il s’agit d’une construction de 65 mètres de longueur, par 3,5 mètres de largeur, pour une hauteur maximale de 10 mètres. Il est intéressant de remarquer que la structure des cinq pavillons dont il est composé s’apparente à celle des tours de tambours, alors que les passages couverts qui les relient sont similaires à la structure en portiques des habitations, en faisant un amalgame des deux types précédents. 50 | 51


03

Ganlan, Tours de tambour, Ponts de la pluie et du vent


52 | 53



04

Une pratique en transition


04 Une pratique en transition


Étude comparative des habitations Dans les pages qui suivent, un catalogage des habitations

murs de maçonnerie ainsi que la pose de fenêtres dans

Dong telles que photographiées dans les villages visités

les ouvertures afin de former un meilleur écran aux intem-

dresse un portrait de l’état actuel de leur construction.

péries. Progressivement, on remarque dans les exemples

Celles-ci sont regroupées par catégories selon le niveau

subséquents une intégration grandissante de matériaux

d’intervention architecturale de leurs occupants et leur

industrialisés comme revêtement, l’usage d’enduit de pro-

degré de défamiliarisation par rapport au modèle vernac-

tection ou de peinture, ainsi qu’une finition plus précise des

ulaire. Ainsi, cela va de l’habitation traditionnelle presque

assemblages des différents systèmes dûe à l’utilisation

entièrement en bois jusqu’aux constructions plus récentes

d’outils de construction électrisés.

en ouvrage de maçonnerie, en passant par des constructions hybrides qui tentent de marier les deux logiques

Les constructions plus récentes de la dernière portion

constructives. Il est important de préciser que les change-

reflètent les pratiques actuelles répandues à l’échelle du

ments illustrés ne se déroulent pas de manière linéaire,

pays : des ouvrages de maçonnerie dont la structure de

comme ils peuvent prendre diverses formes d’un village à

béton coulé est fermée par des murs de briques. Ce modèle

l’autre. Néanmoins cette juxtaposition de différents exem-

est de plus en plus adopté aux dépends des pratiques

ples permet leur analyse en termes de similarités et de

traditionnelles en raison de la durabilité de ces construc-

différences, et rend possible la mise en relief de certaines

tions et des possibilités de standardisation qu’elles offrent.

tendances observées. Cela permet aussi de souligner le

Finalement, la dernière famille est la conséquence d’une

processus d’auto-construction dont ils font l’objet, facilité

situation particulière. Il s’agit de constructions à ossature

par une architecture de bois qui accueille plus facilement

de béton qui sont simplement recouvertes de lambris de

les altérations.

bois dans le bus d’imiter l’aspect rustique des habitations traditionnelles, tout en ne nécessitant pas la maîtrise de

Les premières photographies représentent les modèles

leur savoir-faire constructif. Ceci est la réalité de plus-

d’habitations plus traditionnelles, c’est-à-dire qu’ils font

ieurs villages présentement en cours de développement

preuve d’un usage extensif du bois comme matériau

en tant que petits centres de villégiatures pour les tour-

structural et de revêtement et démontrent peu de traces

istes Chinois, qui connaissent une croissance accélérée et

de transformations à travers le temps. Ceux-ci se retrou-

dont l’authenticité n’est visiblement pas un critère pris en

vent en plus forte proportion dans les villages plus retirés

compte.

dans l’arrière-pays. Des premiers signes d’améliorations concernent la fermeture du rez-de-chaussée par des

56 | 57


B

A

a.1 a.2

Dudong, Guangxi Dudong, Guangxi

04 Une pratique en transition

b.1 b.2

Ji chang, Guangxi Jitang, Guizhou


C

c.1 c.2

D

Jitang, Guizhou

Dudong, Guangxi

d.1 d.2

Dudong, Guangxi Dudong, Guangxi

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E

e.1 e.2

F

Linlvecun, Guangxi Gaoding, Guangxi

04 Une pratique en transition

f.1 f.2

Jitang, Guizhou

Meilie, Guangxi


G

g.1 g.2

H

Jitang, Guizhou Jitang, Guizhou

h.1 h.2

Jilun, Guizhou Linlvecun, Guangxi

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J

I

i.1

Dazhai, Guangxi

i.2

Linlvecun, Guangxi

04 Une pratique en transition

j.1 j.2

Jilun, Guizhou

Zhaoxing, Guizhou


L

K

k.1 k.2

Dudong, Guangxi

Gaoding, Guangxi

l.1 l.2

Zhaoxing, Guizhou Zhaoxing, Guizhou

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05

Conclusion(s)


Nouvelle construction, Jitang

05

Conclusion(s)


Conclusion(s) De l’étude intéressée d’une pratique architecturale vernac-

permettent une rapidité de montage surprenante au chan-

ulaire qui mise principalement sur les qualités construc-

tier. Par comparaison, cela nous invite à une réévaluation

tives du bois, jusqu’au contraste offert par la réalité de son

de nos propres pratiques au Québec, dont les standards

état actuel, plusieurs observations peuvent être tirées à

sont largement définis par une industrie du bois qui tarde à

différents niveaux. D’une part, cela nous renseigne sur un

se renouveler et à innover.

usage du bois perfectionné qui présente un grand potentiel en termes de structures modulaires préfabriquées. D’autre

Finalement, les défis soulevés par l’urbanisation des

part, il est aussi question d’une tradition constructive qui

villages Dong sont nombreux et la pluralité de situations

peine à s’adapter aux nouveaux besoins liés au mode de

dans lesquels ils se manifestent empêche la formulation

vie changeant de ses habitants. Cela expose dans une

d’une réponse univoque. Les changements rapides que

certaine mesure les mécanismes de la modernisation dont

connaissent les méthodes de construction ne sont pas

font l’objet plusieurs régions dans le monde et de leurs

faciles à intégrer et se révèlent plutôt invasifs envers la

répercussions concrètes sur une architecture locale.

tradition architecturale propre à cette région de Chine. Plutôt que d’adopter une position de résistance empre-

Dans un premier temps, cette collection de photographies

inte de nostalgie, des stratégies alternatives doivent être

nous révèle l’héritage d’un système constructif qui a su tirer

recherchées afin de transformer ces nouvelles conditions

profit de certaines contraintes matérielles à son origine afin

en des opportunités de redéfinition d’une identité locale.

de développer une architecture qui dépend d’une ressource

Il est aussi important de souligner que ces dynamiques

unique. Nous avons pu voir que ces facteurs ne constitu-

de modernisation ne sont pas restreintes à la Chine, mais

ent en rien un obstacle à l’étendue que peuvent prendre

que l’on retrouve ces mêmes tendances dans plusieurs

ces constructions, ni au raffinement de leurs assemblages

autres pays en cours de développement. Cela explique

qui font preuve d’une grande rationalisation sans toute-

pourquoi ces situations devraient être portées à notre

fois limiter leur forme. Il n’est pas inintéressant d’établir un

attention et documentées, étant donné leur potentiel de

rapprochement entre le savoir-faire Dong et l’architecture

s’informer entre elles et de constituer ensemble un cadre

japonaise, autant traditionnelle que contemporaine, qui fait

de compréhension extensif afin d’adresser leur complexité.

également preuve d’une grande maitrise des techniques

L’étude des habitations Dong va au-delà de son cadre

de construction en bois. Aujourd’hui, des pièces sont pré-

vernaculaire, mais nous informe sur un monde en transition

fabriquées en usine afin d’assurer l’exactitude de leur dé-

et remet en question notre conception de l’architecture en

coupe ainsi que différents types d’assemblage à sec qui

tant qu’expression culturelle.

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Tour de tambour à éclairage LED, Ma’an zhai

05

Conclusion(s)


Nouvelle route, Chengyang

68 | 69


Bibliographie

Bolchover, Joshua, Christiane Lange and John Lin. Home-

Kataoka, Yasuo, Akihisa Kitamori, Hiroyuki Ochi, Kohei

in China, (Berlin: Gestalten, 2013), 184 p.

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Zwerger, Klaus. Vanishing Tradition: architecture and

12. University of Auckland. 2004. pp. 3-10.

Edition Detail. 2004. 110 p.

Kaltenbach, Frank. «From Tradition to Tourist Attraction: Prefabrication in the Timber Construction of the Dong People» in Detail : Prefabrication. Issue 06/2012.

Europe, Japan and China. Basel : Birkhäuser. 2012. 319 p.

carpentry of the Dong minority in China. (Bangkok: Orchid Press, 2006). 212 p.



Patrice Lebel

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