Merde d artiste, piero manzoni et la patrimonialisation

Page 1

La patrimonialisation de Piero Manzoni et la merde d´artiste ? Entre la tolérance de la transgression des normes sociales, la fétichisation des objets, les modifications des valeurs et le catharsis collectif Par Del Cairo 2011

Boite No 80, Merde d´artiste. Piero Manzoni Sur un des côtés de la place de Milan se trouve le Musée du Novecento, un musée ou l on peut découvrir son patrimoine tel qu´on le décrit dans sa mission ainsi Diffondere la conoscenza dell’arte del Novecento per generare pluralità di visioni e capacità critica. Conservare, studiare e promuovere il patrimonio pubblico e la cultura artistica del XX secolo tramite ricerca e attività didattica (http://www.museodelnovecento.org/museo/chi-siamo/)

Musée du Novecento, Milan Sur un des derniers étages, se trouve la polémique œuvre de Piero Mazoni la boite « merde d´artiste » No 80 protégée par une cabine de cristal. A ce propos, on voyait un petit documentaire liés á la problématique sur si cette boite de merde pouvait se considérer comme une œuvre d´art ou pas, et bien


entendu si cela peut être objet d´un patrimoine. La réponse, a titre personnel est oui ! La merde s´est fuit de la boîte !!! cria un des propriétaires de cette pièce. Certes cela implique une diminution du prix de l´œuvre d´art. Cela fut constaté par un représentant des assurances, interviewé dans le documentaire. Est ce possible que la merde puisse couter des milliers d ´euros? Des riches, des avocats, des collectionneurs, des directeurs de musées et galeries se disputent donc pour payer des sommes éblouissantes et obtenir de la merde pure et dure (bon il n´est pas certain ni que ca soit ni pure, ni dure, mais assumons-le). Mais pourquoi cette merde coute plus que la mienne, si en fin c´est la même chose, tel que le constataient les natives de Guinée surpris face á la merde des blancs: “ca pue comme la notre”. Existe t´il une différenciation sociale de la merde ? Nous nous trouvons donc dans une sphère oú les valeurs se constituent d ´une maniéré différente : Certes, cette merde qui est chère, est pourvu de représentations liées á une dimension qui se construit dans le contexte symbolique. C´est la reconfiguration des valeurs. En premier lieu, entant qu ´œuvre d´art, cette boite de merde est doté d´un processus historique qui implique un cadre intellectuel, un courant artistique, une pensée, un concept, une idée. C´ est ce que les historiens d´ art affirment- donc il existe un légitimation Manzoni dans sa vision apocalyptique dirait que sa merde serait payée comme le gramme d´or á Londres. En effet, Actuellement son œuvre d´art est payé comme le gramme d´or ou le gramme de coca (pour être á la mode). Masi la merde ne coute pas parce qu´elle est merde. En effet elle coute car c´est un objet avec un nouveau signifiant et donc une représentation différente á celle de la merde comme un élément de rejet social et moral. C´ est un signifiant conçu par un groupe de personnes expérimentées, intellectuels qui participent dans une mise en scène de l´œuvre d´art comme un objet de prestige. Ce groupe de spécialistes auraient légitimé la valeur de l´objet. Une marque, une connaissance. Par conséquent, la question de la valeur dans la production de l’expertise et de l’autorité., non seulement par l’authenticité mais aussi par une affaire d’interprétation de ce qu’est une origine et du désir que nous en avons » (Spooner 1986 : 200).


Sculpture dans une place publique á Milan Certes, ce nouveau contexte aurait pu donner a la boite de merde non plus un valeur symbolique mais aussi une valeur d´échange. A ce propos Kopytoff affirme pour que des choses soient des marchandises, il ne suffit pas qu’elles aient été matériellement produites. Il faut aussi qu’elles aient été culturellement construites comme des biens échangeables sous certaines modalités également construites (Roitman et Wairman ) C´est ainsi que la représentation définie comme un processus qui sert d ´intermédiaire entre le concept (spectre intellectuel) et la perception (spectre sensoriel). Elle se caractérise par son caractère symbolique, comme construction sociale de la réalité, son caractère dynamique et sa nature sociale en tant que structure qui se constitue á travers l´expérience sociale et qui est partagée par ceux qui appartiennent á un même groupe Moscovici (1988) La boite de merde était passée d´ être une ouvre d´ art á un objet avec caractère de marchandise et de distinction sociale, seulement distribué ou obtenable par des personnes avec de capacités monétaires soumis dans le contexte spécifique où la mode et la possession regnent. Lipovetski (1987) se réfère comme l´empire de la mode oú il existe un plaisir de voir mais aussi d´ être vu, de s´exhiber face á l´autre. La boite de merde est entré donc dans le système des politiques de la valeur qui non seulement signifie et constitue des relations de privilège et de contrôle social mais aussi la tension constante entre les cadres existants (de prix, de marchandage, etc.) et la tendance des marchandises à les briser. (Appadurai 1987) Au fur et a mesure que les années passaient quelques unes des 90 boites de merde étaient explosés, mais aussi achetés et vendus, et durant ce processus des mythes, des histoires, de rumeurs ont commencé á se configurer permettant aux boites de merde acquérir encore plus de valeur écomomique. De plus en plus ces objets étaient difficile d´obtenir, la demande avait augmenté et l´offre avait diminué. C´ est ici oú l´on considère comme objets de valeur ceux qui résistent à notre désir de les


acquérir. C’est une série de regards sur les manières dont le désir et la demande, les sacrifices réciproques et le pouvoir interagissent de manière à créer de la valeur économique dans des situations sociales spécifiques Appadurai 1987 Merde, merde , merde , merde, je suis merde , tu es merde , il est merde, nous sommes merde , merde, merde, merde, shit, caca, mierda, : le signe, le signifiant el le signifié sont reconfigurés dans un espace oú les normes sociales condamnent certaines attitudes, actions et mots. Sans doute, est il possible que l´artiste envisageait qu´une grande partie des personnes qui ont pouvoir social et glamour seraient capable de montrer et contempler une boite de merde dans un musée ou dans un salon ou meme comme un objet de prestige ? Et en plus est il possible penser que son art aurait permis une tolérance vers une transgression des normes sociales ? est il possible de penser á un accord social pour partager et reproduire un code du rire et du sarcasme comme activateur de cohésion social ? Certes, une liberté pour crier á mille voix et écrire MERDE !!!!!! sans être jugé, répond donc á un consensus de facto, une négociation de signifiant accepté et légitimé par un salon de classe, un film, une œuvre d´art, un professeur, des touristes, des citoyens … ah ! et le facebook !! L´ entrée du musée du Novecento est gratuit… les gens se retrouvent et partagent ses impressions et perceptions face á la petite boite rouillé, un des rares objets dans le musée qui se cache derrière un vitre, montrant ainsi sa valeur soit artistique, soit culturelle, soit historique, soit patrimonial. Bibliographie Janet ROITMAN et Jean-Pierre WARNIER, « La politique de la valeur », Journal des africanistes [En ligne], 76-1 | 2006, mis en ligne le 15 septembre 2009, Consulté le 08 décembre 2010. URL : http://africanistes.revues.org/201 Belkhamsa Sarah : Darras Bernard 2996. Culture materielle et construction de l´identitié culturelle . Discours representaitons et rapports de pouvoir. Etudes Culturelles and Cultural Studies Paris. 201-212.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.