Table des matières Une signature visuelle pour un chantier distinctif 1 Un formidable travail d’équipe
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Un défi collectif La paix des braves Les Cris mettent l’épaule à la roue En partenariat avec la Jamésie
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Un nouvel équilibre Une aventure qui tient la route Le siège d’une relation durable Un air de village
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Hydroélectricité Une histoire qui suit son cours Aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1 Sans l’action, les plans ne sont que des rêves La famille s’agrandit Un chef d’orchestre multidisciplinaire Le défi de la relève Une grande aventure Des gens de génie Un couloir qui valait le détour La belle de la rive gauche Une entrée remarquée La naissance d’une liaison durable Un tandem endurant Tel un immense casse-tête Le grand nettoyage À la croisée des disciplines Un petit tour de passe-passe Un engagement envers le milieu Des yeux tout le tour de la tête La naissance d’un trophée
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La vie au campement
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Un milieu de vie invitant
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En mots et en images
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La remise des clés
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19 20 21 22 23 24 25 28 29 30 33 36 38 40 41 42 44 46 47
Une signature visuelle pour un chantier distinctif Deux vagues, deux cultures Inspiré par le dynamisme qui anime les bâtisseurs d’eau, le graphiste Paul Salois a intégré deux éléments de la nature, l’eau et le soleil, au centre du « Cercle de vie », symbole autochtone qui évoque le cycle de la vie, des saisons et de l’énergie.
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Un formidable travail d’équipe Au-delà de 15 000 personnes se mobiliseront autour de la SEBJ pour réaliser un aménagement à la fois performant et rentable dans le plus grand respect de l’environnement et des populations avoisinantes. Grâce à un formidable travail d’équipe, à une planification dynamique et à un désir de réussir sans faille, nous avons ensemble optimisé les délais de réalisation des principaux composants de l’ouvrage. Résultat ? Neuf
L
mois avant la date prévue, nous livrons à notre client, Hydro-Québec Production, un aménagement à haut rendement juste avant la pointe hivernale. Au nom d’Hydro-Québec et de la SEBJ, je tiens à remercier et à féliciter les femmes et les hommes qui orsque, en 2002, Hydro-Québec annonce
ont participé à cette grande aventure. Ensemble, nous
le démarrage du chantier de l’Eastmain-1,
avons relevé un défi à la hauteur de notre talent.
la petite équipe de la Société d’énergie
Les connaissances et l’expérience acquises sur les
de la Baie James en poste à Montréal
plans technique et environnemental, dans un climat de
reçoit un signal longtemps attendu,
partenariat avec les Cris et les utilisateurs du territoire,
celui de passer en mode accéléré en
seront d’ailleurs fort utiles pour réaliser les prochains
vue de livrer, en moins de cinq ans, un
aménagements hydroélectriques. C’est donc avec fierté
aménagement de 480 mégawatts. La SEBJ embauche alors plus de 350 personnes et re-
et plaisir que je vous invite à parcourir les pages de cet album souvenir, qui retrace les grandes étapes de l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1.
tient les services de nombreux partenaires : firmes d’ingénieurs-conseils et de consultants, entrepreneurs
Le président d’Hydro-Québec Équipement et
et travailleurs en construction, fournisseurs dans des do-
président-directeur général de la SEBJ,
maines aussi variés que l’alimentation et l’appareillage électromécanique, sans oublier une main-d’œuvre issue des régions et des communautés cries et jamésiennes.
Réal Laporte
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Un dĂŠfi collectif
La paix des braves « Deux peuples se rapprochent et, même si leur langage est différent, ils se rejoignent, bâtissant ensemble un projet qui marquera l’histoire. » Johnny Saganash, conseiller cri
La salle était chargée d’émotion. Les murmures et les rires
La Convention Nadoshtin est la preuve manifeste que
comblaient le vide des silences de l’attente. Ils étaient ve-
la réalisation de travaux d’envergure peut se conjuguer
nus en nombre, jeunes et moins jeunes, porteurs d’un es-
aux impératifs présent et futur d’un mode de vie tra-
poir réanimé, constater et observer un moment historique
ditionnel autochtone. Telle une bougie d’allumage, elle
qui devait marquer l’entrée en jeu d’une nouvelle ère dans
suscitera l’émergence d’occasions d’affaires profitables
les relations entre le Québec et la nation crie.
aux Cris du Nord-du-Québec, aux entreprises régionales
L
et à la province entière. e 7 février 2002, à Chisasibi, Eeyou Istchee, le Grand Conseil des Cris, l’Administration régionale crie et le gouvernement du Québec, confiants et déterminés à mettre un terme à des différends, ratifient une entente politique et économique globale d’une durée de 50 ans.
Désormais, les Cris bénéficient d’une autonomie élargie dans le déroulement du scénario de leur épanouissement économique, social et culturel. En contrepartie, la nation crie accepte d’abandonner toutes poursuites judiciaires contre le gouvernement du Québec. La paix des braves est venue paver le chemin d’un partenariat fondé sur la considération mutuelle, la confiance et le dialogue. Dans un même élan, Hydro-Québec, la Société d’énergie de la Baie James, l’Administration régionale crie, le Grand Conseil des Cris et les communautés cries d’Eastmain, de Nemaska, de Mistissini et de Waskaganish signent la Convention Nadoshtin, qui soutenait la réalisation de
l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1 sur le territoire de la Baie James.
Les Cris mettent l’épaule à la roue
A
u printemps 2004, des représentants de la Banque mondiale foulaient le sol de la Baie James. Impressionnée par les prouesses répétées des centaines d’équipes affectées aux différents sites du chantier de l’Eastmain-1 et par la volonté de minimiser les impacts des
travaux sur le milieu environnant, la prestigieuse délégation, dans un communiqué, a applaudi le caractère exemplaire des efforts déployés par le maître d’œuvre pour concilier ses intérêts avec ceux des Cris. L’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1 se démarque en effet de tous les autres chantiers par l’ouverture, le rapprochement et la cohabitation de deux cultures. Jamais la Société d’énergie de la Baie James ne se sera autant appuyée sur le savoir-faire d’entreprises et de travailleurs cris pour participer à la réalisation d’un de ses ouvrages. Plus qu’un milieu de travail, Eastmain-1 a pris les allures d’un plateau du savoir où de nombreux travailleurs cris ont su saisir l’occasion de recevoir une formation spécialisée, l’occasion d’étendre leurs compétences, l’occasion d’acquérir une expérience de travail enrichissante. La présence crie a donné du mouvement et de la couleur à l’œuvre collective qu’est l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1. La technique employée est garante d’un brillant avenir.
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P
En partenariat avec la Jamésie our réussir un plat gastronomique, le chef cuisinier doit marier plusieurs ingrédients selon un dosage bien étudié et équilibré. Le succès d’une réalisation complexe comme la construction d’un aménagement hydroélectrique doit se plier aux mêmes exigences.
La volonté exprimée par Hydro-Québec et la Société d’énergie de la Baie James de contribuer à la vitalité de la Jamésie s’est concrétisée par l’élaboration et la mise en place de mesures incitatives permettant de favoriser, entre autres choses, l’achat de biens, l’embauche d’une main-d’œuvre régionale et l’application de clauses distinctes en matière de sous-traitance. Habitées par la détermination d’obtenir une part du
La recette s’est révélée gagnante si l’on en juge par
gâteau, les régions du Nord-du-Québec et de l’Abitibi-
la participation des nombreuses entreprises jamési-
Témiscamingue, appuyées par Hydro-Québec, ont
ennes et témiscabitibiennes qui ont mis la main à la
créé des comités de maximisation des retombées
pâte entre la première pelletée de terre et la remise
économiques. ComaxNord et ComaxAt ont multiplié les
des clés de la centrale à Hydro-Québec.
occasions de maillage pour veiller à ce que les forces de travail dont ils se sont faits les dignes mandataires soient présentes.
Menuisiers, infirmières. Ingénieurs, commissionnaires. Dynamiteurs, arpenteures. Plus de 17 000 personnes de toutes les régions du Québec auront laissé une marque indélébile de leur passage au chantier de l’Eastmain-1 du printemps 2002 à la veille de l’an 2007. La durée de leur séjour aux campements de l’Eastmain ou de la Nemiscau aura varié selon les saisons et leurs mandats. En période de pointe, à l’automne 2004, près de 3 000 travailleurs et travailleuses ont trimé dur, jour et nuit, pour réussir un exploit collectif. La région Nord-du-Québec, si l’on compte Jamésiens et Cris, a comblé à elle seule une moyenne de 14 % de la main-d’œuvre. Si la Convention Nadoshtin prévoyait l’exécution de contrats par plusieurs entreprises cries, c’est beaucoup grâce à la ténacité du conseiller cri que plus de 1 000 travailleurs cris ont pris part à l’aventure. De village en village, tel un troubadour, Johnny Saganash a multiplié les séances d’information et encouragé les jeunes Cris à tenter leur chance. Chaque année, depuis 2002, le chantier de l’Eastmain-1 a accueilli en moyenne 217 Cris, dont le séjour s’est échelonné sur une période d’environ 97 jours par année. En 2004 et 2005, plus de 427 Cris ont travaillé au chantier.
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Un nouvel ĂŠquilibre
Une aventure qui tient la route
B
« Tout ce que les hommes ont fait de beau et de bien, ils l’ont construit avec leurs rêves... » Bernard Moitessier, La longue route ien avant que la Baie James ne reprenne les
Un autre chapitre est sur le point de s’ajouter à la fabu-
allures d’une véritable fourmilière, la route
leuse histoire de la Baie James. Au bout de cette route,
qui devait relier le poste de la Nemiscau au
se seront tissés, lentement mais sûrement, des liens solides
futur chantier de l’Eastmain-1 avait fait du
et véritables entre deux nations, deux cultures, où le
chemin dans la tête de ses concepteurs.
respect des différences se manifestera au quotidien.
Achevées et déposées, les études d’avantprojet avaient été approuvées. Le tracé
Au cœur d’un vaste territoire de plus de 350 000 kilo-
de la route, couché sur papier, attendait, confiant,
mètres carrés, aux limites septentrionales de la forêt
que le feu vert soit donné au défilé des équipements et
boréale, des bâtisseurs ont réalisé un rêve qu’ils cares-
des travailleurs.
saient depuis des décennies. Habités par un sentiment de franche entraide et de profonde fierté, dans un con-
Après une accalmie de plusieurs années, la SEBJ se
texte où nature, sport et travail se côtoient nuit et jour,
remet enfin en marche. Les travaux de l’Eastmain-1,
ils ont conjugué leurs talents et leur savoir à la recher-
prévus dès 1975 dans le cadre de la Convention de la
che d’un nouvel équilibre.
Baie James et du Nord québécois, sont relancés. En juillet 2002, la construction de la route de quelque 70 kilomètres est confiée à la Compagnie de Construction et de Développement Crie. Dans la poussière et dans la boue, sous la pluie et dans la neige, de l’aurore au crépuscule, plusieurs équipes uniront leurs forces et leurs talents, multipliant les tours de piste avant que d’autres personnages clés ne montent sur les planches. Il faut tailler, dans un territoire encore vierge, la voie d’accès permanente aux installations temporaires et permanentes du nouvel aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1.
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Le siège d’une relation durable éritable port d’attache, le campement
À la même occasion, le système d’alimentation en eau
de la Nemiscau a hébergé les effectifs
potable et le réseau de distribution aérien sous coffrage
venus planter les premiers jalons du
sont déridés et modernisés, les systèmes de chauffage
futur chantier de l’aménagement
au mazout convertis à l’électricité, une cafétéria de
hydroélectrique de l’Eastmain-1. C’est
500 places, fabriquée, transportée et installée. Le per-
en février 2002 que la Société d’énergie
sonnel de l’administration de la Société d’énergie de
de la Baie James obtient le mandat de
la Baie James occupe de nouveaux espaces qui répon-
démarrer les travaux de cet ouvrage d’envergure. Le
dent davantage à leurs besoins; leurs anciens bureaux
campement de la Nemiscau prend alors un nouveau
sont transformés en dépanneur.
départ.
D’une capacité initiale de 320 lits, le campement de la
C’est à la fin des années 70 que le campement de
Nemiscau peut dorénavant desservir un peu plus de
la Nemiscau a connu ses premières heures de gloire,
700 personnes. Les bâtiments existants, après une cure
lors de la construction des postes de la Nemiscau et
de rajeunissement de plusieurs mois, s’exhibent
d’Albanel, des lignes de transport d’électricité qui
fièrement aux côtés du nouveau centre récréatif,
les alimentent et de l’aéroport de la Nemiscau. Puis,
version réduite de son cousin de l’Eastmain, d’une
en juillet 1999, il a servi à loger des experts affectés aux
nouvelle guérite, d’un nouveau poste de sécurité, de
études préliminaires du projet de l’Eastmain-1-
nouveaux entrepôts, de dortoirs à chambres mul-
A–Sarcelle–Rupert.
tiples et de garçonnières.
Plus d’un quart de siècle après avoir accueilli ses tout
En juillet 2006, c’est le calme après la tempête. Le nom-
premiers visiteurs, le campement de la Nemiscau
bre décroissant des occupants ne justifie plus le main-
avait perdu ses airs de jeunesse. Un bain de jouvence
tien de ses activités. Qu’à cela ne tienne ! Le campement
s’imposait. Des travaux d’agrandissement de sa surface
de la Nemiscau s’accorde un autre congé sabbatique.
habitable et de ses infrastructures sont donc entrepris.
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L
Un air de village ’ouverture de la voie d’accès, à la fin
Infirmerie, dépanneur, casse-croûte, bar-salon, poste
de janvier 2003, a permis les travaux
incendie, salon de coiffure et d’esthétique, comptoirs
d’aménagement
de
de services bancaires et d’achat par catalogue, bureau
l’Eastmain, déclenchés à l’automne précé-
de poste, centre culturel et accès Internet viennent gar-
dent. Situées à environ 70 kilomètres du
nir le décor. Tout a été prévu pour faire de ce campe-
poste de la Nemiscau et à quatre heu-
ment un milieu de vie bien branché. L’aréna, le gymnase
res trente au nord de la municipalité de
et le centre récréatif, inauguré au début de l’an 2004,
Chibougamau, les installations provisoires de ce milieu
proposent une panoplie d’activités récréatives
de vie en émergence regroupent plus de 150 bâtiments
et sportives qui meubleront les heures de loisirs
d’habitation et 25 bâtiments de service, tous savam-
des résidants.
du
campement
ment regroupés, disposés et agencés sur une superficie de 63 hectares. Avant que la route ne soit construite, de
Solitaire mais solidaire, la zone industrielle prend
nombreux modules et bâtiments métalliques, installés
toutes ses aises en occupant un espace de 1,5 hectare
sur barge, ont dû remonter, un à un, le cours de la rivière
en retrait du campement.
Eastmain avant d’atteindre leur destination. De l’été 2003 au printemps 2004, le visage du campement de l’Eastmain subit une constante métamorphose : dès la première phase des travaux d’aménagement, achevée à l’été 2003, on compte déjà 1 000 lits. Six mois plus tard, ses 103 dortoirs et 67 studios abritent plus de 2 700 lits. Le Bureau d’accueil a maintenant fière allure et arbore les couleurs hospitalières qui parent le petit village. Son voisin, le Centre d’information, ouvre ses portes quelques semaines plus tard. Outre un casse-croûte et un restaurant, deux cafétérias s’animent, jour après jour, dès les premières lueurs du soleil. On y concocte des plats alléchants et nutritifs destinés aux convives affamés après de longues heures passées au chantier. Le campement de l’Eastmain aura accueilli, en 2004, plus de 6 000 travailleurs et travailleuses venus des quatre coins du Québec.
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Hydroélectricité
Une histoire qui suit son cours Derrière les parois de béton, au-delà des escaliers de roc
Au terme de la première phase du « Projet du siècle »,
et sous les amas de moraine qui habillent aujourd’hui
en 1985, les réservoirs La Grande-2 (Robert-Bourassa),
le paysage de la Baie James reposent des années
La Grande-3 et La Grande-4 alimentent trois centrales.
d’acrobatie intellectuelle. Magic iens de la s c ience,
Par ailleurs, des ouvrages régulateurs contrôlent le
trapézistes du savoir et dompteurs d’eau ont mis leurs
débit des réservoirs Caniapiscau et Opinaca.
D
talents à contribution pour bâtir une grande famille débordante d’énergie.
Après un court répit de deux ans, les travaux reprennent de plus belle avec la construction de la
ans les années 50, le potentiel hydro-
centrale de suréquipement La Grande-2-A, puis les
électrique des rivières du Nord-du-
mises en chantier successives des La Grande-1, Laforge-1,
Québec suscite déjà un intérêt certain.
Brisay, Laforge-2 et, après quelques années d’arrêt, en
Aux lendemains de la nationalisation
2002, Eastmain-1.
de l’électricité, en 1962, Hydro-Québec reçoit en héritage les résultats d’études
Le complexe La Grande aura nécessité des investisse-
préliminaires réalisées par la Shawinigan
ments de plus de 22 milliards de dollars. Quelque
Water and Power sur les rivières de l’actuel territoire de
100 000 personnes auront laissé leurs traces sur l’un ou
la Baie James. Cette région, peu accessible, est habitée
l’autre de ses chantiers entre 1974 et 1997, puis entre
principalement par quelques milliers d’Autochtones,
2002 et 2007.
des Amérindiens de culture crie pour la plupart. Cette grande famille ajoutera une puissance instalDéjà l’évidence se confirme que l’hydroélectricité de-
lée totale de 16 000 mégawatts en énergie électrique
meure le moyen le plus économique de répondre à
au réseau d’Hydro-Québec… C’est suffisamment
une demande qui va en crescendo. En 1971, la Société
d’électricité pour alimenter plus de 3,5 millions de
d’énergie de la Baie James est créée pour réaliser le
foyers québécois !
développement du potentiel hydroélectrique des rivières du versant québécois de la baie James. Le com-
L’hydroélectricité est une énergie propre et re-
plexe hydroélectrique La Grande est lancé.
nouvelable qui s’inscrit dans les efforts consentis par le Québec pour réduire ses émissions de gaz à effet de
Si la partie sud du territoire constituait le point de mire
serre, conformément à l’esprit du protocole de Kyoto.
initial d’Hydro-Québec, des études complémentaires
Tous les ouvrages qu’Hydro-Québec Production réalise
suggèrent plutôt d’amorcer l’aménagement hydroélec-
sont tenus de respecter trois conditions essentielles : ils
trique de ce vaste territoire par le secteur nord.
doivent être acceptables sur le plan environnemental, être accueillis favorablement par les communautés régionales et être rentables.
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Aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1
M
Sans l’action, les plans ne sont que des rêves…
ission accomplie ! Grâce à vous tous,
Merci à vous toutes et tous qui avez contribué
réunis par un objectif commun, ve-
si généreusement à l’aboutissement d’un rêve.
nus vivre un exil temporaire afin d’y
L’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1, reflet
relever des défis de taille, entrepre-
de notre énergie, assurera désormais la pérennité pour
neurs expérimentés, fournisseurs
les générations futures.
de service attentifs, travailleurs et travailleuses dévoués, compétents
Le chef de chantier,
et motivés à faire de ce chantier une expérience inoubliable qui passera à l’histoire, nous pouvons
Denis Groleau
aujourd’hui célébrer nos accomplissements.
Aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1
Sans un travail d’équipe où la participation active et entière de chacun était primordiale, nous n’aurions pas été en mesure de réaliser et même de dépasser nos objectifs. Les travaux se sont effectués dans le respect de l’environnement et des personnes, du budget et du calendrier de réalisation. Nous avons aussi posé les jalons d’un travail conjoint avec les partenaires du milieu et encouragé la diversité culturelle tout au long des activités. L’ouvrage est à toutes fins utiles achevé. La page de nos efforts communs et de nos énergies est définitivement tournée. Il nous reste à contempler avec fierté l’ampleur de cet aménagement grandiose. Notre succès est sans contredit intimement lié à nos compétences et à notre savoir, doublés de notre motivation au dépassement. De plus, nos regards orientés vers les résultats, nos défis communs en tête, tout en respectant une grande vitesse de croisière, ont favorisé notre réussite.
D
La famille s’agrandit ernier-né de l’illustre famille La Grande, l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1 fait des débuts remarqués à l’été 2002. Sise à environ 200 kilomètres à l’est de la baie James, la centrale compte trois
groupes turbines-alternateurs d’une puissance installée de 480 mégawatts. Le réservoir de 603 kilomètres carrés est ceinturé de 32 digues et retenu par un barrage principal frisant le kilomètre de longueur. La capacité de l’évacuateur de crues, à l’extrémité nord du barrage principal, se chiffre à 5 500 mètres cubes par seconde quand le niveau du réservoir est au plus haut. Une ligne à 315 000 volts de plus de 70 kilomètres intègre la centrale au réseau de transport. Enfin, une route permanente d’environ 80 kilomètres relie le barrage au poste de la Nemiscau d’Hydro-Québec. Après quatre ans de dur labeur et 2 milliards de dollars d’investissements, la centrale a été mise en service en décembre 2006, soit neuf mois plus tôt que prévu.
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V
Un chef d’orchestre multidisciplinaire éritable maître de l’action, la Société d’énergie de la Baie James a fait ses premières classes dans les milieux nordiques du Québec en réalisant l’un des plus importants complexes hydroélectriques du monde : le complexe La Grande.
Depuis sa création en 1971, la filiale d’Hydro-Québec s’est forgé une réputation de visionnaire en réunissant des ressources professionnelles de haut calibre pour mener à bien toutes les étapes de réalisation d’un ouvrage hydroélectrique : études d’avant-projet, ingénierie détaillée, approvisionnement, gérance de construction, surveillance, administration des contrats et suivi environnemental. Autre exemple de ses talents de concertation, la Société a créé des partenariats d’affaires et tissé des liens étroits avec les communautés cries et jamésiennes du milieu d’accueil en vue de maximiser les retombées économiques à l’échelle régionale. Au plus fort de la symphonie des équipements lourds, le chantier de l’Eastmain-1 comptait plus de 350 employés de la SEBJ affectés à l’arpentage, à l’inspection des travaux, à la sécurité, au soutien administratif, à l’administration des contrats, à la surveillance des aliments, à la billetterie, à la comptabilité, à l’accueil, aux loisirs, aux ressources humaines, aux activités géologiques, sans oublier les ressources recrutées pour mettre en pratique des connaissances très pointues.
A
Le défi de la relève ssurer la relève constitue une préoccupation constante des entreprises et des autorités gouvernementales du Québec. La Société d’énergie de la Baie James ne fait pas exception à la règle. Il y a du pain sur la planche. Il faut déborder d’originalité et faire preuve d’imagination pour inté-
resser une main-d’œuvre mobile, capable de se réaliser en région éloignée. Chaque année, de concert avec les universités du Québec, la Société d’énergie de la Baie James organise des stages en milieu de travail. Nombre d’étudiants y ont participé, plusieurs ont adoré l’expérience de la vie au chantier, certains y ont même décroché un emploi. Les bâtisseurs d’eau qui ont sculpté des cathédrales d’énergie dans le roc ont toujours inspiré les jeunes du Québec. Malgré les multiples possibilités d’emploi ici, au Québec, et ailleurs au pays, la construction d’ouvrages hydroélectriques exerce une véritable fascination sur les Québécoises et Québécois de tous âges. La réalisation des grandes oeuvres du passé et du présent qui dominent le vaste territoire de la Baie James ont attiré des centaines de milliers de travailleurs depuis 30 ans. Il n’en tient qu’à nous de raviver cette fierté… Le défi est lancé. Il faut le relever maintenant.
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A
Une grande aventure u terme de cette grande aventure qu’a représentée l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1, nous ne pouvons passer sous silence l’immense contribution de tous ceux et celles qui, de près ou de loin, ont participé à ce projet depuis 2002. En effet, ces dernières années ont été pour nous tous des années importantes où la convergence de nos talents et le déploiement de nos efforts ont permis la réalisation concrète d’un gigantesque ouvrage hydroélectrique. Grâce à
vous tous, consultants, experts, entrepreneurs, fournisseurs, partenaires, travailleurs, nous avons dépassé notre mandat et nous l’avons rendu à terme; nous ne pouvons qu’éprouver une grande satisfaction à l’égard de notre réalisation. Disons-le : devoir accompli ! Pour plusieurs d’entre nous, cette expérience a été très mobilisatrice, exigeante même, mais pour nous tous et toutes qui y ont participé, ce projet est un succès ! Je profite de l’occasion pour vous remercier sincèrement pour le dévouement dont vous avez fait preuve. Je souhaite maintenant que le projet de l’Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert soit notre prochain rendez-vous et qu’il se
L
présente à nous, bâtisseurs d’avenir, comme notre défi des années futures. Le directeur des projets de l’Eastmain, Normand Béchard, ing.
a mise en service anticipée de l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1 nous a obligés à assembler très rapidement nos équipes tant au chantier qu’à Montréal. Dans bien des cas, ces personnes n’avaient jamais eu l’occasion de travailler ensemble; elles ont relevé le défi avec brio. Je félicite et remercie tout le personnel des fournisseurs, des entrepre-
neurs, de la SEBJ et d’Hydro-Québec pour avoir déployé tant d’efforts. Nous pouvons aujourd’hui exhiber ouvertement notre fierté d’avoir pris part à la réalisation du projet de l’Eastmain-1. L’administrateur du projet, Jacques Tremblay, ing.
I
Des gens de génie ls sont près d’une centaine de ressources qui, depuis le siège social de la SEBJ, facilitent la tâche de leurs collègues partis au chantier. Sans ce soutien assidu, ces derniers se sentiraient sûrement perdus, là-bas, au bout du Nord ! Transport aérien, comptabilité, ressources
humaines, appels d’offres, fabrication, ingénierie, tous les services administratifs organisés au cœur de la métropole s’articulent autour des besoins du chantier. Ensemble, ils composent une mosaïque vivante qui s’active avec énergie à maintenir un pont entre deux rives du savoir.
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Un couloir qui valait le détour ! Seaux, pelles et camions. Tout le fourbi habituel était rassemblé pour détourner temporairement le cours
L
naturel de la rivière. Est-ce en contemplant les ouvrages de nos bâtisseurs d’eau que nos enfants ont appris à construire des digues? À moins que ce ne soient les grands qui se soient inspirés de leur génie naturel… es équipes de bétonnage s’apprêtent à quitter le chantier qu’elles occupent depuis plusieurs mois. Depuis l’automne 2003 jusqu’à la fin de l’été 2006, elles ont coulé plus de 11 000 mètres cubes de béton à la galerie de dérivation temporaire d’une hauteur de 18 mètres et d’une lon-
gueur de 350 mètres. Il aura fallu 5 465 voyages de camion 35 tonnes pour évacuer du site les 593 000 mètres cubes de roc excavé par dynamitage... et enfin voir la lumière au bout du tunnel. La galerie de dérivation a été conçue pour résister au passage d’une crue de 3 100 mètres cubes par seconde. Pendant dix-huit mois, la rivière Eastmain, fermée par un batardeau, a dû pénétrer le tunnel à son extrémité amont et s’en échapper par l’ouverture aval avant de poursuivre son cours. Vraiment édifiant ! Quelques semaines avant la mise en eau du réservoir, le 5 novembre 2005, une autre équipe a procédé à l’assemblage des portes qui fermeraient définitivement le passage de la rivière. Puis, sans perdre un instant, on a démantelé les installations temporaires au portail amont, vidangé l’eau emprisonnée dans le tunnel et moulé un immense bouchon de béton d’une épaisseur de 10 mètres sous le noyau du barrage. Maintenant sous l’eau, la galerie de dérivation vit toujours dans la mémoire de ceux et de celles qui l’ont vue changer le cours de l’histoire.
La belle de la rive gauche
N
« Un amas de roc cesse d’en être un au moment où un seul homme le contemple, portant en lui l’image d’une cathédrale. »
Antoine de St-Exupéry ichée hors terre, indifférente aux plis et aux rides qui sillonnent l’épiderme de la montagne à laquelle elle s’est greffée, la centrale doit se faire coquette et confortable pour accueillir des hôtes qui donneront un sens à sa vie.
Depuis qu’elle a élu domicile à quelque 4 kilomètres du campement de l’Eastmain, la centrale a dû se faire passer sur le corps, du matin au soir, par plusieurs centaines d’intrus qui ont pris un malin plaisir à l’ausculter, à badigeonner de béton sa structure intérieure, ses aspirateurs et son aire de service, à la transpercer de boulons de consolidation, à la poncer, à la couvrir d’un parement métallique et à l’orner d’extensomètres… question de mesurer ses moindres frissons. Qu’est-ce qu’il faut souffrir pour être belle ! Avant d’emménager dans la montagne, la centrale aura attiré tout un parc de camions, de pelles, de grues, d’équipements lourds de tout acabit pour dynamiter et extraire quelque 1 804 000 mètres cubes de mort-terrain et 994 830 mètres cubes de roc, laissant derrière eux une cavité suffisamment spacieuse pour y loger ses formes généreuses : 46 mètres de hauteur, 125 mètres de longueur et 55 mètres de profondeur. Fière de son apparence soignée, la centrale de l’Eastmain-1 fait honneur à ses cousines qui font la vague aux abords de la rivière La Grande.
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P
Une entrée remarquée endant que la centrale prenait des airs de suzeraine, son espace environnant se métamorphosait. Au rythme des éclats de roc et de rire, les trois conduites forcées, aidées par l’excavation d’une galerie temporaire de 156 mètres,
se sont frayé un chemin depuis le canal d’amenée en forme d’entonnoir jusqu’aux turbines. Les grues ont été témoins des gestes précis et répétés des boutefeux, des ferrailleurs, des soudeurs, des menuisiers, tous affairés à mettre l’épaule à la roue. Les conduites bétonnées, en aval du coude inférieur, et les conduites blindées, encastrées dans le béton, étonnent le non-initié par leur tour de taille impressionnant de quelque 7 mètres.
À environ 140 mètres en amont, d’autres passionnés de grands travaux, sous un abri chauffé d’une hauteur de 45 mètres, érigent et enrobent de béton les parois de la structure excavée précédemment par d’autres équipes. C’est ici que, du haut de ses 37 mètres, la prise d’eau exerce un pouvoir absolu sur ses sujets : pendant que ses trois vannes ferment, au besoin, l’entrée d’eau dans les conduites forcées, les grilles fixées à ses pertuis font des pieds de nez aux débris qui rêvent de faire un petit tour dans les turbines. La réalisation des travaux civils à la centrale, aux conduites forcées et à la prise d’eau s’est échelonnée sur exactement 31 mois et a mobilisé plusieurs milliers de travailleurs de différentes disciplines. Quel bel exemple de synergie des matériaux et des ressources !
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C
La naissance d’une liaison durable ’est le branle-bas à la centrale de l’Eastmain-1. Après avoir donné congé aux équipes qui l’ont encastrée dans la montagne, c’est une maîtresse de céans amusée qui contemple l’évolution du décor high-tech de son intérieur.
Au plafond, un immense pont roulant aide à manipuler d’imposantes pièces. Équipements de mesure, de commande et de protection flirtent avec équipements de câblage, de téléphonie et d’appareillage. Les barres blindées s’alignent avant l’heure où elles pourront enfin jouer aux entremetteuses dans la relation imminente entre groupes turbines-alternateurs et transformateurs. Partout, les systèmes mécaniques et électriques maquillent les locaux.
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Les bâches spirales et les trois turbines, bien calées dans le roc, accueillent chacune à cœur ouvert le cône d’aspirateur, les aubes, les directrices variables, le rotor et le stator qui s’articulent autour de l’arbre coiffé de l’excitatrice. Le 27 août 2006, après un rodage réussi, un premier groupe turbine-alternateur se met officiellement en route pour exploitation commerciale. Les dernières semaines avaient baigné dans la fébrilité la plus totale. Les neurones avaient tourné à toute vapeur pendant que tous les systèmes étaient testés un à un.
À la veille de l’an 2007, les deux frères du premier groupe lui emboîtent le pas. Partout, les visages de ceux et de celles qui ont contribué à la réalisation de cet exploit, neuf mois avant l’échéance, arborent un sourire contagieux. C’est ce qu’on appelle la fierté du travail bien accompli ! Pour sa part, la centrale de l’Eastmain-1, satisfaite de ses nouveaux attributs, est dorénavant prête à déployer annuellement 2,7 térawattheures d’énergie propre.
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Un tandem endurant Quelques jours à peine avant que le réservoir Eastmain 1 n’atteigne son niveau maximum, l’évacuateur de crues
L
de l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1 laisse enfin libre cours aux eaux qui frappaient à ses portes. Nous sommes le 3 mai 2006. La température est clémente, et c’est la période de frai. a rive droite de la rivière Eastmain a été secouée par une agitation ordonnée, méthodique et concertée avant qu’elle ne devienne un lieu de libération. Assiégée par une grue géante et une usine à béton, elle a vu émerger un ouvrage sculpté à même le roc.
Plusieurs équipes d’excavation affectées au site de l’évacuateur de crues ont gagné une rude bataille contre les éléments de la nature avant de passer le flambeau aux effectifs mobilisés sur les lieux pour enduire les parois de la superstructure, du canal d’amenée et du canal de restitution de 18 626 mètres cubes de béton. Puis, treuils, poutrelles, vannes et mécanismes de levage, dépêchés sur place, ont dû se soumettre à une série d’essais et de réglages avant qu’on ne leur confie la délicate mission de soulager le barrage de la pression exercée sur lui par la crue des eaux. À ses côtés, le barrage, d’une longueur en crête de 860 mètres, fait obstacle aux eaux amont qui se disputent l’accès à la partie aval de la rivière. Du haut de ses 77 mètres et de ses 2 800 000 mètres cubes de remblai, il suit de près les exploits de son partenaire qui, au besoin, peut atteindre une capacité de déversement maximale de 5 500 mètres cubes par seconde.
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Tel un immense casse-tête
L
Un à un, les blocs cédaient sous la force contrôlée des chirurgiens de la nature. Le visage de la montagne ne serait plus jamais le même. e pourtour plat du réservoir Eastmain 1, d’une superficie de 603 kilomètres carrés, commandait l’élévation de plusieurs digues et d’un barrage chargés de faire obstacle aux eaux accumulées dans le réservoir.
Plus de 9 445 540 mètres cubes de remblai ont été transportés et compactés pour ériger ces tronçons de ceinture qui, bout à bout, serpentent sur une distance de 14 kilomètres. L’une de ces digues exhibe une longueur en crête de 2,4 kilomètres. Ces digues, au nombre de 32, se dressent sur une hauteur allant jusqu’à 40 mètres sur les versants du réservoir. Un coulis de ciment étanche les assises de roc fracturé et de moraine. Blottis les uns contre les autres, les volumineux fragments de perré, posés un à un, s’imbriquent telles les pièces d’un immense casse-tête et protègent les digues contre les effets des vagues et de la glace.
Installés dans la partie supérieure des ouvrages de retenue, ces blocs de perré font le guet et défendent les longs monuments... Après un temps de relâche, les travaux, amorcés au printemps 2004, ont repris au printemps suivant. Jusqu’en novembre 2005, les délais serrés ont tenu en haleine, nuit et jour, des équipes multidisciplinaires, car tout devait être fin prêt pour la mise en eau du réservoir.
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L
Le grand nettoyage es déboiseurs, Cris pour la plupart, ont fièrement défendu leur réputation de fins connaisseurs du milieu environnant. Quoiqu’ils y aient grandi, ils ont parfois été gênés dans leurs mouvements par le terrain accidenté, le climat parfois hostile et l’épais tapis blanc des longs mois d’hiver.
Malgré les embûches, ils ont respecté les délais imposés pour la mise en eau. En balayant des yeux l’horizon, il est aisé d’apprécier l’ampleur du défi relevé en trois années seulement. Au total, 5 500 hectares de forêt ont été déboisés. Les bois marchands ont été récupérés. La plupart des arbres ont été débités, puis brûlés sur place avec le reste des débris de matières ligneuses. Les travaux se sont déroulés dans le plus grand respect de l’environnement. Le déboisement a créé un plan d’eau facile à utiliser, sûr pour la navigation, et réduit les risques de bris des trois groupes turbines-alternateurs de la centrale. Enfin, le déboisement a rehaussé l’aspect visuel des différents sites.
L
À la croisée des disciplines e sentiment d’appartenance avait atteint
La dernière mise en eau réalisée par la Société d’énergie
son paroxysme. Depuis la voie de
de la Baie James remontait à l’automne 1993, à Laforge-1.
roulement du barrage principal, les spectateurs, visiblement impressionnés, se
La mise en eau en douceur du réservoir Eastmain 1,
fondaient dans le paysage qui se transformait
le 5 novembre 2005, a été un moment magique, chargé
sous leurs yeux.
d’émotions fortes, d’échanges paisibles et de fierté partagée.
Les doigts croisés, le souffle retenu, le cœur rempli d’espoir, les artisans et artisanes de toutes les disciplines qui ont joint leur savoir depuis le début des travaux ont assisté à la descente complète de la deuxième porte de la galerie de dérivation. « Ça passe ou ça casse » pensaient-ils en silence.
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Un petit tour de passe-passe
À
Une fois de plus l’homme veille à atténuer les impacts sur le site des travaux…
l’automne 2005, quelque 110 personnes
Les délais sont serrés : tout doit être achevé avant la
convergent vers le point kilométrique 207,
journée portes ouvertes de l’évacuateur de crues, en
en aval du barrage et de la rivière à l’Eau
mai 2006. Il faut excaver 13 000 mètres cubes de roc et,
Claire, afin d’y construire un seuil. Cet ou-
au cœur de l’hiver, couler 4 900 mètres cubes de béton
vrage contribuera à maintenir un niveau
sous un abri mobile.
d’eau se rapprochant du niveau naturel de la rivière Eastmain dans le tronçon
seuil-barrage.
La structure de 174 mètres de longueur loge un seuil déversoir et une passe migratoire qui ouvre la voie à des milliers de poissons grouillants, impatients de remonter la rivière.
Un engagement envers le milieu
R
« Les défis rendent la vie intéressante ; les surmonter lui donne un sens. » Joshua J. Marine ésumer en quelques lignes toutes les actions de valorisation environnementales accomplies en quatre ans au chantier de l’Eastmain-1 est aussi périlleux que de faire le récit, en un chapitre, de l’histoire du Québec depuis la grande noirceur jusqu’à la signature de la paix des braves.
Le déboisement et le nettoyage d’environ 5 500 hectares à proximité des ouvrages principaux et du réservoir a
créé un plan d’eau sûr qui amène moins de débris aux portes de la centrale et de l’évacuateur de crues. Le coup d’œil sur le site des ouvrages est d’autant plus étonnant avec les 137 965 aulnes crispés et les 208 957 pins gris qui ont été plantés à l’été 2004 le long des routes. En tout, plus d’un million d’arbustes auront été plantés à la fin des travaux. Le balbuzard est de nature plutôt nostalgique et revient toujours se nicher à l’endroit qui l’a vu naître. Pour éviter qu’il ne sombre dans un état de profonde dépression, dix plates-formes ont été aménagées au pourtour du réservoir et servent dorénavant de lieux de nidification. L’esturgeon jaune est une espèce fort prisée des Cris. Pas moins de 71 000 larves ont été produites en 2005 et introduites dans la rivière Eastmain, en amont et en aval du réservoir. Plus de 100 000 alevins ont été ensemencés en 2006 et d’autres le seront en 2 0 0 7 . Des frayères ont été aménagées aux points kilométriques 203 et 207 de la rivière Eastmain ainsi qu’à l’embouchure de la rivière à l’Eau Claire.
L’équipe d’environnement a tissé des liens serrés avec les cinq maîtres de trappe affectés par l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1. Nos experts leur ont confié des travaux variés, dont le déboisement, le piégeage des castors, le nettoyage des plans d’eau, la relocalisation de certains camps de chasse ainsi que le suivi de la faune lors de la mise en eau du réservoir. Production de semis, ensemencement hydraulique, récupération de bois marchands, recyclage, mise en valeur du patrimoine archéologique, suivi de la faune… Toutes ces mesures audacieuses bien orchestrées ont également été mises en place selon un scénario bien coordonné. Le respect de l’environnement à Eastmain-1 a été un mode de vie individuel et collectif. Le développement durable fait partie intégrante de notre réalité. C’est pourquoi notre engagement envers le milieu se traduit par des gestes concrets.
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Des yeux tout le tour de la tête Elles se faisaient discrètes. Difficilement repérables, elles étaient partout à veiller sur notre sécurité. Les sentinelles de l’ère Eastmain-1 ont multiplié les interventions pour accroître la qualité des communications et s’assurer que
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les consignes étaient bien comprises et observées. Patientes, on aurait cru entendre des mères dire et redire à leurs enfants de bien se couvrir, de ne pas courir dans les escaliers, de ne pas se mouiller les pieds. es
excellents
résultats
obtenus
en
matière de santé et de sécurité au chantier de l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1 ne sont pas le fruit du hasard. La basse fréquence d’accidents est intimement liée à une démarche de prise en charge du milieu qui a été soutenue à
chacune des 12 millions d’heures travaillées entre 2002 et 2006.
Sur la route comme au chantier, en été comme en hiver, à l’intérieur comme à l’extérieur, les interventions ne se sont pas limitées au port, à l’entretien et au nettoyage des équipements de protection. À mesure que les espaces se faisaient plus restreints, on réitérait l’importance de bien gérer les lieux en fonction du nombre et des dimensions des véhicules ou des équipements. Aux premiers signes de l’hiver, on encourageait la prévention d’engelures et de l’hypothermie. Néanmoins, en matière de santé et de sécurité au tra-
Au campement et au chantier de l’Eastmain-1, le maître
vail, l’orchestration minutieuse des tâches, le maintien
d’œuvre, le centre de santé, la conciergerie, l’entretien
d’un environnement sûr, l’entretien des équipements,
technique et la sécurité industrielle ont fait front com-
l’observation de procédures rigoureuses et de mé-
mun pour préserver la santé et la sécurité des résidants
thodes bien ficelées auraient été des coups d’épée
et des travailleurs. Actions de prévention, réunions de
dans l’eau sans la détermination de chaque travailleur
démarrage, de coordination et de planification, feuil-
de maintenir dans son quotidien un niveau de produc-
lets de sécurité, 8 717 présences aux séances d’accueil,
tivité élevé tout en refusant, quelles que soient les cir-
3 330 pauses sécurité, 245 comités de sécurité et 12 000
constances, de mettre en péril sa sécurité et celle de ses
inspections de sécurité ont, selon toute vraisemblance,
compagnons de travail.
fait la différence.
L
La naissance d’un trophée e trophée Reconnaissance a vu le jour en 2003. Aux yeux de tous, il symbolise, dans toute sa force, « l’expression de celui qui tend la main vers ceux qui l’aiment ». Paul Salois, artiste pluridisciplinaire originaire de Vald’Or, a mis en relief la fragilité du lien de vie en forgeant un ancrage délicat d’où surgissent la main surdimensionnée d’un travailleur et celle d’un enfant. Cette sculpture correspond fort bien au slogan du programme de sécurité du chantier de l’Eastmain-1 « Quelqu’un veut te revoir, la sé-
curité à toi d’y voir ». Rappelons que quelque dix personnes avaient soumis autant de slogans dans le cadre d’un concours. C’est la proposition de monsieur Yvon Tremblay, employé de l’entreprise Cegerco, qui a été retenue par le comité de sélection.
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La vie au campement
Un milieu de vie invitant
L
Il y a ceux qui cherchent le calme et le dépaysement, ceux qui rêvent d’une grosse tablée et ceux qui sont en quête d’intensité.
’ensemble du décor s’harmonise parfaitement avec le paysage d’entre ciel et terre. Le campement prend un véritable air de village lorsque les espaces verts, les rues et les bâtiments se préparent à accueillir les équipes revenues du chantier. Ici, les semaines sont bien remplies. Les heures
travaillées sont réparties sur six jours consécutifs et, en période de pointe, s’étendent sur sept jours, jour et nuit, à raison de dix heures d’affilée. Pas étonnant que le maître d’œuvre n’ait rien épargné pour divertir ses troupes : soirées musicales, hockey, gym et cours d’anglais ne sont que quelques exemples des activités proposées par le service des loisirs.
À la Baie James, les poissons sont gros comme ça ! Et voilà que commence la virée des histoires de pêche. Sans oublier les caribous qui organisent des rencontres avec les joggeurs du coin, à moins qu’ils ne préfèrent applaudir les prouesses exécutées pendant les tournois de la fête d’hiver. Désagréments et contretemps font également partie de la vie à Eastmain-1. Qui ne se rappelle pas des feux de forêt, à l’été 2005, qui progressaient rapidement vers le campement. Experts en logistique, intervenants en sécurité, pompiers volontaires, nombreux sont ceux qui ont retroussé leurs manches pour évacuer les effectifs non pas une, mais bien deux fois… en deux mois. Puis la pluie est revenue, les travailleurs ont suivi… les maringouins aussi. Après un séjour au campement de l’Eastmain, il arrive souvent que les plus gourmands doivent percer quelques trous à leur ceinture. Entre amis et collègues de travail, on prend souvent les bouchées doubles. Tant pis ! on aura bien le temps de s’occuper de sa ligne plus tard.
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En mots et en images
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Les lieux sont lumineux et l’espace, habillé avec pertinence. Parfois paisible, souvent animé, le Centre d’information est une véritable fenêtre ouverte aux quatre vents. Ici, l’air sent la créativité et la convivialité. e Centre d’information est le centre nerveux des relations publiques de l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1. Une visite de moins d’une heure suffit pour en apprendre abondamment sur la démarche de partenariat et de respect qui, depuis la signature de la paix des braves, donne une
impulsion nouvelle au développement hydroélectrique de la Baie James. L’équipe du Centre d’information aura accueilli près de 20 000 personnes pendant toute la durée des travaux.
À l’affût des moindres progrès et réalisations, le Centre d’information a emprunté la voix du journal Eastmain pour se faire complice des travailleurs et des travailleuses. En trois ans, 27 numéros à un tirage étonnant de 5 000 exemplaires ont relaté en mots et en images les faits saillants qui ont marqué leur quotidien. D’autres outils de vulgarisation de la science et de l’art de l’hydroélectricité ont alimenté l’énergie d’une poignée de communicateurs dans leurs échanges constants avec les communautés cries et jamésiennes, avec les médias et avec les différents publics d’ici et d’ailleurs. Les divers articles de communication conçus et produits par la petite équipe s’accordent maintenant un temps d’arrêt, profitant du silence dans lequel ils ont été plongés pour récupérer des forces avant de reprendre la parole dans un avenir rapproché.
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La remise des clés
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« L’eau, exploitée avec patience, adresse et respect, constitue une ressource précieuse et inépuisable. » Antoine de Saint-Exupéry a y est ! Les clés de l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1 ont été remises à son propriétaire, Hydro-Québec, non sans un petit pincement au cœur. Les années qui viennent de s’écouler rest e r o n t à j a m a i s g r a v é e s d a n s
la pierre qui a donné vie à des sculp-
tures gigantesques. Elles ont vu se
succéder des équipes chevronnées et déterminées à livrer le meilleur d’elles-mêmes. Elles ont vu travailler de pair deux cultures qui regardaient dans une seule et unique direction.
Aujourd’hui, nous pouvons fièrement applaudir ce beau et grand défi qu’hier encore nous relevions ensemble et espérer se retrouver demain pour écrire une autre page de la grande histoire de la Baie James. À la prochaine ! Wachiya !
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Cet album souvenir a été produit en collaboration avec nos fournisseurs régionaux du Nord-du-Québec et de l’Abitibi-Témiscamingue. Responsable des relations publiques : Yves Barrette Conseillère aux relations publiques :
Bionda Miotto
Rédaction :
Christine Gervais, Traductions Papyrus
Révision :
Richard Roch
Graphisme :
Paul Salois Design
Photographie :
Paul Brindamour Photographe
Photographies additionnelles :
Jimmy Lavoie
Imprimerie :
Imprimerie Lebonfon
www.hydroquebec.com/eastmain1
Fiche technique de l’aménagement hydroélectrique de l’Eastmain-1 Calendrier de réalisation
Printemps 2002 - automne 2006
Centrale En surface Capacité Production annuelle d’énergie Groupes turbines-alternateurs Vitesse des groupes Débit d’ équipement Hauteur de la chute d’eau Nombre de conduites forcées Dimensions des sections bétonnées Dimensions des sections blindées Volume total de béton
480 mégawatts 2,7 térawattheures 3 groupes du type Francis 110 tours/minute 840 mètres cubes/seconde Niveau maximal : 72 mètres 3 Diamètre : 7,9 mètres Longueur : 108 mètres Diamètre : 6,85 mètres Longueur : 42,1 mètres 72 711 mètres cubes
Galerie de dérivation de la rivière Eastmain Longueur Hauteur Largeur Débit maximum Volume de béton
350 mètres 18,4 mètres 14 mètres 3 100 mètres cubes/seconde 11 077 mètres cubes
Réservoir
Superficie Niveau maximum d’exploitation Niveau minimum d’exploitation Déboisement
603 kilomètres carrés 283,11 mètres 274,11 mètres 5 500 hectares
Digues
Nombre Longueur totale Remblai
32 13,1 kilomètres 6 744 540 mètres cubes
Barrage
Longueur totale Hauteur Remblai
860 mètres 70 mètres 2 701 000 mètres cubes
Évacuateur de crues Longueur du canal Nombre de vannes Débit maximum Volume de béton
525 mètres 3 5 500 mètres cubes/seconde 20 476 mètres cubes
Infrastructures Route d’accès Campement de l’Eastmain Campement de la Nemiscau
Distance : 70 kilomètres Superficie : 700 X 900 mètres Capacité d’hébergement : 2 450 lits Nombre de dortoirs : 103 Nombre de studios : 67 Superficie : 500 X 150 mètres Capacité d’hébergement : 712 lits Nombre de dortoirs : 50 Nombre de studios : 1
Un grand ouvrage s’est achevé Une page d’histoire s’est ajoutée Hommes et femmes de tous métiers Au pied du roc avec fierté Leur nom ils ont gravé