N° 154 - Mai 2004
-
1,5 Euro
ISSN = 0997-6922
Ne pas laisser faire les spĂ©cialistes ! AprĂšs sa victoire aux Ă©lections rĂ©gionales et cantonales, le Parti Socialiste pavoise. Les mĂ©dias lui font de nouveau de lâoeil. Raffarin promet de le consulter pour la mise en oeuvre du cadeau empoisonnĂ© que constitue la dĂ©centralisation. Le PS se dĂ©couvre mĂȘme des accents dâopposant en menaçant de bloquer la politique de transfert des compĂ©tences vers les rĂ©gions et les dĂ©partements si les crĂ©dits ne suivent pas et en se proclamant dĂ©bouchĂ© politique des luttes sociales. OubliĂ© le bilan de 23 ans de politique sociale-libĂ©rale depuis 1981, le consensus avec la droite sur la sĂ©curitĂ© et les retraites, la libĂ©ralisation de lâĂ©conomie, la construction capitaliste de lâEurope. Pourtant le retour en grĂące a tout de la victoire par dĂ©faut. Le rejet de la politique de la droite ne vaut pas adhĂ©sion pour un parti qui ne propose aucune alternative. Lors de sa derniĂšre prestation tĂ©lĂ©visĂ©e, Chirac a endossĂ© les habits de son ancien Premier ministre Jospin pour nous dire que la droite comptait faire preuve de plus dâhumanitĂ© avec celles et ceux quâelle fait souffrir. Ses reculs tactiques (chĂŽmeu(se)rs, intermittent(e)s, chercheu(se)rs...) et la compassion dĂ©versĂ©e par Supermenteur, visent Ă gagner du temps sans trop gĂȘner le Medef qu'il fera patienter jusquâau 13 juin, ainsi qu'Ă Ă©viter une colĂšre sociale gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Et pour faire diversion, la droite sâinterroge sur lâopportunitĂ© dâouvrir un contrefeu en axant sa campagne pour les EuropĂ©ennes sur le refus dâintĂ©grer la Turquie dans lâUE, comme Le Pen et De Villiers, qui ont dĂ©jĂ entamĂ© leur campagne xĂ©nophobe antiturcs. Le PS, quant Ă lui, est bien embarrassĂ© sur la question de la constitution europĂ©enne. Ayant votĂ© la plupart des directives libĂ©rales au Parlement europĂ©en, favorable Ă quelques dĂ©tails prĂšs au texte du projet de constitution, il va devoir sâadonner Ă un numĂ©ro dâĂ©quilibriste pour ne pas se couper de la partie de son Ă©lectorat qui lâa sanctionnĂ© le 21 avril 2002 pour sa politique de droite et qui a sanctionnĂ© Raffarin pour les mĂȘmes raisons les 21 et 28 mars 2004. Si la vĂ©ritable sanction de cette politique libĂ©rale ne peut donc venir du vote PS, elle ne viendra pas nĂ©cessairement de la liste LO-LCR, les deux organisations Ă©tant en dĂ©saccord sur les questions europĂ©ennes. De plus, leur campagne ne dĂ©passera pas le cadre national lĂ oĂč PS, PC et Verts Ă©volueront dans un cadre continental grĂące Ă un accord avec leurs homologues europĂ©ens. Elle peut en revanche venir dâun non anticapitaliste et internationaliste Ă un Ă©ventuel rĂ©fĂ©rendum sur la constitution europĂ©enne, dont lâorganisation ne sâobtiendra pas sans combat. Mais la sanction Ă©lectorale ne peut tenir lieu de projet politique. Les militant(e)s libertaires doivent prendre la mesure de la crise de la reprĂ©sentation, mais aussi dâune demande de dĂ©mocratie qui se concrĂ©tise Ă travers la sympathie pour les pratiques libertaires et autogestionnaires que lâon peut percevoir frĂ©quemment. Organiser des rĂ©sistances est nĂ©cessaire. S'engager dans lâauto-organisation de luttes et dâexpĂ©riences concrĂštes est tout aussi indispensable. [Il sâagit, pour lâessentiel, de lâĂ©dito paru dans le mensuel âAlternative Libertaireâ de mai 2004 (voir page 12)]