Cédez le passage à la Nature ! Sensibliser à la trame verte et bleue.
Le Concept La trame verte et bleue, vous connaissez ? Qui n’a jamais vu un hérisson écrasé au bord de la route ? Comme l’Homme, les espèces animales et végétales ont besoin, au cours de leurs cycles biologiques, de se déplacer pour répondre à leurs besoins vitaux. Ces déplacements peuvent être journaliers (se nourrir, s’abriter, se reposer), saisonniers (migrer, se reproduire, se disséminer pour les végétaux) ou ponctuels (conquérir de nouveaux territoires). Cette mobilité vitale est perturbée par les ruptures induites par les aménagements humains (réseau routier, voix ferrées, lignes moyenne et haute tension…) et par des pratiques agricoles laissant peu de places aux éléments naturels ou semi-naturels (haies bocagères, mares, chemins, bords de champs végétalisés …). En quelques décennies, nos paysages ont fortement évolué du fait de la pression de l’urbanisation et le développement de pratiques agricoles intensives. Cette évolution rapide se traduit par une simplification des paysages, une destruction et un morcellement des milieux naturels (une des causes majeures de la perte de biodiversité).
La trame verte et bleue, un outil pour les territoires Issu du Grenelle de l’environnement en 2007, cet outil d’aménagement des territoires porte l’ambition d’enrayer le déclin de la biodiversité au travers la préservation et la restauration des continuités écologiques*, à différents échelles de territoires. La région Bretagne vient de signer en juin 2011 son schéma régional de cohérence écologique qui vise à restaurer un réseau écologique à l’échelle de la région. Les collectivités locales (PLU*, SCOT*) devront inscrire les corridors écologiques dans les documents d’urbanisme afin de les préserver. *PLU : plan local d’urbanisme (échelle communale) *SCOT : schéma de cohérence territoriale (échelle intercommunale)
2 grands types de corridors* : Du vert pour les milieux terrestres : bosquets, haies bocagères, landes, bords de champs végétalisés, prairies naturelles, bande enherbée… Du bleu pour les milieux aquatiques et humides : cours d’eau, mares, étangs…
La biodiversité est indispensable au maintien de services rendus gratuitement par la nature du fait de son fonctionnement : pollinisation, régulation des pullulations de rongeurs dégradant les cultures, épuration de l’eau, fertilité des sols… Par exemple, 70% des cultures maraichères et fruitières dépendent partiellement ou totalement de la pollinisation animale.
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Préserver les milieux naturels et les corridors qui les relient permet : • Un échange entre les espèces fondement du brassage génétique. La diversité génétique est essentielle au maintien de populations saines et stables (résistance aux maladies, parasites…) • La conquête de nouveaux territoires (notamment pour les jeunes qui doivent trouver un territoire différent de celui des parents) • Offrir un milieu de vie favorable à de nombreuses espèces. Outre leur rôle de « couloirs » de déplacement, les corridors écologiques sont des lieux de biodiversité. La haie bocagère abritent de nombreuses espèces animales et végétales liées aux milieux agricoles dont de nombreux auxiliaires des cultures (rapaces, belette, hermine…). • La diminution des collisions routières, une des causes principales de la mortalité pour certaines espèces (ex : la loutre d’Europe). • L’amélioration du cadre de vie par le développement d’un réseau de voies de déplacements doux (voies vertes, chemin de halage, pistes cyclables…) et d’espaces de nature, sources de bien-être pour tous.
Quelques définitions : Continuités écologiques : association de réservoirs de biodiversité et de corridors écologiques. Réservoirs de biodiversité : zones vitales où les espèces peuvent réaliser leur cycle de vie. Corridors écologiques : voies de déplacement utilisés par la faune et la flore pour se déplacer sur leur territoire de vie.
50%
des espèces dépendent des espaces agricoles.
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Sur le Pays de Redon Ruptures de continuité écologique sur le Pays de Redon
Dans le cadre de la réalisation de son SCOT, le Pays de Redon-Bretagne Sud, a réalisé en 2009 un travail de cartographie du réseau écologique du territoire. Ce travail permettra par la suite d’envisager des modalités pour le préserver. de fragmentationdu Pays de Redon ? Quels sontFacteur les spécificités Corridors d’intérêt National
Facteur de fragmentation Corridors d’intérêt National Corridors à l’intérêt du Pays Corridors d’intérêt Local Zones Boisés
Réservoirs de biodiversité et corridors écologiques sur le Pays de Redon s mb Co
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• Des milieux agricoles omniprésents : Les milieux agricoles participent de façon importante à l’identité paysagère du Pays : bocage, mares, vallées… Ces milieux jouent un rôle essentiel dans l’accueil de la faune et de la flore champêtre. Onetestime Cours d’eau marais à 50% la part des espèces (trame Bleue) dépendant des espaces agricoles. Bois et forêts (trame Verte)
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• Une trame bleue structurante : Corridors à l’intérêt du Pays Le Pays de Redon est fortement marqué par la Corridors d’intérêt Local présence de l’eau. La VilaineZones et Boisés l’Oust jouent le rôle de colonne vertébrale à deux embranchements du réseau écologique du pays. Rattachés à cette colonne, de nombreux affluents complètent le rôle majeur de la Vilaine et de l’Oust dans la mobilité des espèces. Les marais de Redon, constituent un réservoir de biodiversité de prés de 10 000 ha. A côté de ce grand ensemble, la diversité des zones humides du Pays (tourbières, mares, étangs, bois humides, ruisseaux…) sont autant de lieux de vie pour de nombreuses espèces animales comme végétales.
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Zones Agricoles La Chère
64%
des terres du Pays de Redon sont utilisées à des fins agricoles.
75%
des marais de Vilaine sont utilisés pour l’agriculture, en prairies naturelles fauchées ou pâturées.
La modernisation des pratiques agricoles à partir des années 50 a conduit à une intensification des pratiques (utilisation accrue de produits chimiques comme les engrais et pesticides, agrandissement des parcelles, la disparition des milieux semi-naturels comme les haies, le développement d’élevages industriels…). Cette intensification a pour conséquence une banalisation des paysages qui laisse de moins en moins de place à la biodiversité « ordinaire ». • Les bois, les haies et les landes : la trame verte locale Comme le reste de la Bretagne, le Pays de Redon est plutôt pauvre en boisement. Par contre le Pays est ceinturé par plusieurs grands massifs forestiers (forêt du Gâvres et du Teillay). Les connexions assurées par les petits boisements et le réseau de haies entre ces grands massifs périphériques sont indispensables à la mobilité des espèces telles que le chevreuil ou le sanglier qui ne connaissent pas les limites administratives. Cette surface forestière modeste est contrebalancée par un maillage bocager dense. Malgré un arasement intensif qui nous lègue aujourd’hui une trame bocagère plus lâche et vieillissante, le réseau bocager représente l’essentiel de la trame verte du territoire.
Entre 1996 et 2008, le linéaire bocager breton a régressé de 12% (soit quasiment 25 000 km de haies)
Les landes, milieu typique du massif armoricain sont bien représentées sur le Pays. Ce milieu abrite une faune et une flore particulières (bruyère, fauvette Pitchou, linotte mélodieuse, huppe fascié…) qui participent à l’identité régionale et à la richesse de notre patrimoine naturel.
Aujourd’hui les landes recouvrent à peine 3% du territoire breton.
Quelles problématiques principales sur le Pays de Redon ? • Le développement du réseau routier Le développement des voies rapides autour de Redon notamment par la création des 2X2 voies Rennes-Redon et Vannes-Redon et le projet du possible contournement de Redon sont un facteur de fragilisation du réseau écologique pour plusieurs raisons : - Le risque de choc routier avec la faune est plus important sur une 2X2 voies. - Les travaux liés à ces aménagements ont impact sur les milieux naturels et agricoles (perte de terrain, destruction de haies….). - En diminuant les temps de trajet, ces voies rapides vont accroitre l’attrait résidentiel du Pays ce qui a pour conséquence le développement de l’urbanisation et des infrastructures nécessaires à l’accueil de nouveaux habitants. • Le projet d’aéroport de Notre-dame-des-landes La construction de cet aéroport le long de l’axe Rennes-Nantes (RN 137) aura des conséquences bien au-delà de son site d’implantation. Il est probable que le développement économique et industriel lié à sa création conduira à un accroissement de la pression foncière de la partie est du Pays de Redon. L’espace agricole de ce secteur risque d’être sous pression. • L’étalement urbain Le pays de Redon est soumis à la pression urbaine de deux entités : - La ville de Redon : étalement sur la périphérie (St Nicolas de Redon, St Jean la poterie…) - La métropole rennaise : grande attractivité du nord du Pays (Maure de Bretagne, Guipry, St Malo de phily) Une vigilance particulière est nécessaire sur ces secteurs pour favoriser un équilibre entre activités humaines, maintien des espaces agricoles et la préservation des zones naturels et des corridors les reliant.
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Le projet du CPIE Le CPIE a porté un projet d’information et de sensibilisation à la trame verte et bleue et aux corridors écologiques sur l’année 2011. Ce projet a engendré des actions sur l’ensemble du Pays de Redon à destination des citoyens, des agriculteurs et des élus (sorties, conférences, soirées film et débat, exposition photo…). Il a été co-financé par l’Union européenne dans le cadre du programme leader du Pays de Redon-Bretagne sud, la Région Bretagne et les communautés de communes de Pipriac et du Grand Fougeray. Partenaires européens :
UNION EUROPÉENNE
FONDS EUROPÉEN AGRICOLE POUR LE DÉVELOPPEMENT RURAL
Partenaires locaux :
Illustration : Régis Le Dorven
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Les actions Conférence sur la biodiversité du Pays de Redon Intervenants : Henri-Claude Couronné et Olivier Noel, naturalistes locaux passionnés et bénévoles à l’association Bretagne Vivante.
Interview
La création de barrage d’Arzal est souvent pointée comme une erreur écologique. Qu’en pensez-vous ? O.N : « Pour ce qui est de la biodiversité ornithologique, il y a incontestablement un avant et un après barrage. Pour ne citer qu’un exemple, les marais en aval de Redon constituaient la principale zone d’hivernage pour les oies rieuses (plusieurs centaines) en France. Il faut imaginer ces prairies recouvertes 2 fois par jour par la mer et attirant de nombreuses espèces et en nombre important, d’anatidés et de limicoles, telles que l’on peut encore voir sur les herbus du Mont Saint Michel. » Vous avez mené un important suivi des couples de pie-grièche écorcheur sur le Pays. Cet oiseau est très lié à l’espace agricole. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
HC.C : « La Pie-grièche écorcheur est un oiseau qui se nourrit quasi exclusivement d’insectes présents en grand nombre dans les prairies naturelles et les marais. Les marais de Vilaine sont d’autant plus propices à cette espèce migratrice, qu’elle a besoin d’arbustes épineux (prunelliers, aubépines…) pour installer son nid. On comprend donc l’action que peut avoir le milieu agricole sur sa reproduction. Absente du territoire au début des années 2000, quelques couples sont recensés en 2003. Le suivi réalisé par des ornithologues locaux en 2010 montre une forte progression de l’espèce. Nous pensons que depuis le classement des marais de Vilaine en zone Natura 2000, certaines pratiques agricoles ont pu évoluer vers des pratiques moins gourmandes en pesticides. Cela favorise la présence des invertébrés dont se nourrissent les Pie-grièches écorcheurs. Mais l’équilibre est fragile, car il repose sur la présence des arbustes épineux, il ne faudrait pas que le futur projet de rénovation et d’entretien des Marais de la Vilaine ait des conséquences sur cette végétation. Quasi absente dans le reste de la Bretagne, cette espèce est, dans les marais de Vilaine, le plus au nord de sa zone de répartition. Il est donc indispensable de préserver les corridors écologiques locaux : haies et prairies naturelles. »
Cultiver la biodiversité, un enjeu pour nos exploitations Deux conférences à destination des élus et des agriculteurs ont été organisées avec la Chambre d’agriculture sur les cantons de Pipriac et du Grand Fougeray. Intervenants : Jacques Baudry, chercheur à l’INRA, techniciens agricoles et agriculteurs témoignant sur leur mode gestion et de valorisation des haies bocagères sur leurs exploitations. 7
Les soirées film et débat : il était une fois la haie Trois soirées ont été organisées, autour de la place de l’arbre champêtre dans nos paysages. À cet occasion le film de Sebastien Bradu et Marie Odile Laulanie « La magie des haies » a été projeté dans trois lieux du territoire : les bibliothèques de Sixt-sur-Aff et de la Chapelle Bouexic et dans la salle communale de Saint Perreux. À Saint Perreux, la soirée a réuni trois associations locales autour de l’arbre : la Pérusienne, Essaimons les arbres et le CPIE. En parallèle, la modulothèque « Ça bouge dans le bocage » a été prêté aux 2 bibliothèques cidessus avec des temps d’animation proposées au jeune public et aux familles.
L’association Salangane au 02 37 37 40 07 ou sur : lamagiedeshaies.com
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La trame verte et bleue en canoë, à vélo et en bottes. • Découvrir la trame bleue en canoë Plusieurs sorties en canoë ont été organisées, en partenariat avec la fédération d’animation rurale des pays de Vilaine, sur le Don, la Vilaine et l’Oust. Lors de ces sorties au fil de l’eau, une problématique commune à ces trois cours d’eau a été largement abordée : la présence d’espèces animales et végétales invasives (jussie, ragondin…) et leurs impacts sur la qualité des milieux aquatiques. Le secteur de Redon est, au niveau de bassin versant de la Vilaine, le plus touché par la colonisation de la jussie. - Impact sur la biodiversité Sa présence, au détriment de la flore locale, aboutit à un appauvrissement du milieu. - Impacts hydrauliques Son envahissement du réseau hydrographique modifie l’écoulement de l’eau par comblement du fond des cours d’eau ce qui augmente le risque d’inondation en amont par la formation d’un véritable mur végétale barrant la route à l’eau. • À la recherche de la loutre d’Europe La loutre possède un grand domaine vital (entre 20 et 40 km de linéaire de cours d’eau). Présente uniquement en centre Bretagne dans les années 80, elle recolonise peu à peu la région. En Ille-et-Vilaine, elle n’est présente que dans le Pays de Redon. Les collisions routières sont une des causes majeures de la mortalité de cette espèce menacée de disparition dont les populations sont encore très vulnérables.
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loutres victimes de la route sur le Pays entre 2007 et 2011
Les participants de la sortie ont pu apprendre à reconnaitre ses traces et indices de présence. L’identification de ses sites de passage et donc des sites à risque de collision est indispensable à sa préservation. • Découvrir la trame verte et bleue à vélo Deux sorties vélo ont été proposées pour découvrir les 3 principaux milieux naturels du territoire : le bocage et les landes autour de St Just et les marais de Vilaine autour de Masserac et La chapelle de Brain.
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Exposition & Concours Photo
1er prix
Jean-Christophe Nevoux « Fin d’automne sur les landes »
2e prix
3e prix
Claude Guille « De trame en tram »
Michel Cambornac « L’Aff au pont de Sixt »
Pourquoi un concours photo ? Donner l’occasion aux habitants de s’exprimer sur leur territoire via une approche artistique. L’eau, les landes et l’espace agricole constituent les thèmes de la majorité des images reçues. À travers elles, c’est l’identité paysagère du pays qui se dessine. Sur les 80 photos reçues, une quarantaine de 16 auteurs différents a été sélectionnée pour être exposée à la Maison Nature et Mégalithes durant l’automne 2011. Trois d’entre elles ont été primées lors du vernissage par un jury composé du Groupement foncier du marais de Lannée, de l’AMAP Justamaporte et de la Biocoop le héron bleu de Redon. D’autres lieux sont en cours de recherche pour rendre cette exposition itinérante sur le Pays.
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Agir Quelques initiatives pour préserver la biodiversité et améliorer les réseaux écologiques : • Limiter la jussie ou améliorer la trame bleue : le syndicat de bassin versant du Don Depuis 2001, le syndicat mène chaque année des opérations d’arrachage manuel et mécanique de la jussie afin d’en limiter l’envahissement. • Planter des haies bocagères pour renforcer la trame verte : le programme bocager de la communauté de communes de Pipriac. Depuis plusieurs années, le CPIE accompagne les agriculteurs et les particuliers ayant un projet de plantation de haies (conseils à la définition du projet, choix des essences locales, formation à la taille des arbres…) • À l’échelle de son jardin : quelles actions possibles ? - Faire une place aux plantes sauvages et locales, ressource alimentaire importante pour de nombreux insectes et oiseaux. Moins de gazon, c’est plus de biodiversité ! - Laisser des passages ouverts vers l’extérieur et vers le jardin du voisin (un trou dans la clôture) pour les petits mammifères comme le hérisson - Jardiner au naturel : adopter des pratiques de jardinage sans produit chimique - Créer des micro habitats différents, ils seront autant de lieux de vie pour la petite faune locale : un muret de pierre, une mare, une zone de friche, une haie champêtre… • À l’échelle des collectivités locales: - Prendre en compte les continuités écologiques dans les documents d’aménagement du territoire ( PLU, SCOT) et les politiques publiques (classement en espaces naturels sensibles par exemple).
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VAL DE VILAINE
Contact
10 Allée des Cerisiers - 35 550 SAINT-JUST Tél. : 02 99 72 69 25 naturetmegalithes@wanadoo.fr
UNION EUROPÉENNE
FONDS EUROPÉEN AGRICOLE POUR LE DÉVELOPPEMENT RURAL
Crédits photos : CPIE Val de Vilaine / Syndicat intercommunal du bassin versant du Don