ICEBERG SERIES #6 - Sakura (French)

Page 1

Une jeune femme, Sakura, rêve de devenir chef sushis dans un pays où les femmes n’ont pas accès à cette profession. Son parcours est jalonné d’embûches. Déterminée à réussir, et grâce à ses parents qui sont des modèles et qui remettent en question les normes de genre, Sakura fait tomber une après l’autre les barrières liées aux inégalités femmes-hommes dans son pays.

NATIONS UNIES GENÈVE Paix, Droits et Bien-être

Printed at United Nations, Geneva – 2100334 (F) – August 2021 – 1,000 – ODG/PCP/2021/4


La série de publications Iceberg a été inspirée par les infographies « Iceberg » du projet de changement de la perception, qui mettent en évidence ce que les médias choisissent de montrer et ce qu’ils préfèrent généralement occulter ou passer sous silence, lorsqu’ils rendent compte de l’action des Nations Unies face aux problèmes mondiaux. La production de la présente brochure n’aurait pas été possible sans le concours financier de la Fondation pour Genève. Nous remercions tout particulièrement la Division de la gestion des conférences de l’ONU Genève pour l’édition, la traduction et l’impression des ouvrages, et l’Union University de Jackson, Tennesse (États-Unis) pour les illustrations. Nous remercions également nos collègues et spécialistes en matière d’égalité des sexes pour tous leurs commentaires.

Imprimé par le Service de la production et de l’appui de l’ONU Genève, 2021. Auteure : Kirsten Deall Illustratrice : Ruth Duncan Conceptualisation du toolkit : Miho Watanabe Design du toolkit : Miho Watanabe et Manuela Ribeiro


1


LA COLLECTION ICEBERG Iceberg

Éducation Pauvreté

Jeunesse

Changements climatiques Santé

Droits Paix

La collection a été créée par l’équipe chargée du projet de changement de la perception, qui relève du Cabinet de la Directrice générale de l’ONU Genève.

2


Genre L’égalité entre les femmes et les hommes est une question de redistribution du pouvoir. Il s’agit de partager le pouvoir de manière égale entre les individus et les groupes afin que chacun ait les mêmes chances de se réaliser pleinement. Il existe de nombreuses façons d’exercer un pouvoir sur autrui. Le patriarcat, tout comme le racisme, l’homophobie et l’exploitation économique, est une forme de pouvoir. Il permet à un groupe de prendre le pouvoir sur un autre, et de commencer ainsi à contrôler d’autres personnes financièrement, émotionnellement, physiquement, sexuellement ou politiquement, selon la nature de leurs relations, en les empêchant d’avoir accès à des ressources et à des opportunités. Globalement, les jeunes hommes ont deux fois plus de chances que les jeunes femmes de faire des études, d’avoir un emploi ou de bénéficier d’une formation, les hommes ne consacrent qu’un tiers du nombre d’heures que les femmes consacrent à des tâches domestiques et non rémunérées, les hommes sont payés 16 % de plus que les femmes pour effectuer le même travail, et trois cadres sur quatre sont des hommes. Les hommes âgés de 25 à 34 ans ont 25 % de risques en moins que les femmes de vivre dans l’extrême pauvreté. Trois sièges sur quatre dans les parlements nationaux sont occupés par des hommes, et presque tous les négociateurs de paix sont des hommes1. L’inégalité et la discrimination entre les femmes et les hommes sont partout, et aucun pays n’a atteint l’égalité femmes-hommes. Partout dans le monde, les femmes et les filles élèvent la voix et se joignent aux pouvoirs publics, au secteur privé et aux mouvements sociaux. Elles estiment que l’égalité femmes-hommes est indissociable des luttes plus vastes qui sont notamment menées en faveur de la justice raciale, des droits des travailleurs, des droits des LGBT, ou contre les changements climatiques. Les objectifs de développement durable accordent la priorité à l’égalité des sexes et à l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles en tant que catalyseur de la réalisation des objectifs en général. L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles est non seulement un objectif à part entière, mais aussi un thème transversal pour tous les objectifs. Parce que le développement n’est durable que s’il bénéficie de manière égale aux femmes et aux hommes. Au rythme actuel, il faudra encore 100 ans avant que les inégalités entre les femmes et les hommes ne soient comblées2. Mais cela ne devrait pas prendre autant de temps, et ce ne sera pas le cas si nous jouons tous notre rôle. Pour aller de l’avant, il faut d’abord se demander ce qui est “normal” dans notre société et remettre les choses en question. Comprendre et contester la façon dont la répartition du pouvoir se fait autour de nous. Et utiliser le pouvoir qui est en nous pour influencer les autres et créer une nouvelle normalité. Ce faisant, nous pouvons façonner un autre avenir, un monde meilleur pour tous, où filles et garçons, femmes et hommes, peuvent avoir les mêmes chances de se réaliser pleinement. 1 2

ONU-Femmes (2020), Égalité des sexes : le point sur les droits des femmes 25 ans après Pékin. Forum économique mondial, Rapport 2020 sur la parité entre les hommes et les femmes dans le monde. 3


4

Lorsqu’on demande à des enfants de dessiner le métier qu’ils voudraient exercer à l’âge adulte, les garçons se dessinent souvent comme astronautes ou athlètes, les filles comme enseignantes ou infirmières. La plupart du temps, ces rêves ne sont que des dessins. Au fur et à mesure que les enfants découvrent le monde et rencontrent de nouvelles personnes, leurs rêves et leurs objectifs changent.


Lorsque mon instituteur nous a demandé, à moi et à mes camarades de classe, un groupe d’enfants de six ans, de dessiner ce que nous souhaiterions faire plus tard, je me suis dessinée moi, Sakura, comme chef sushis. Je ne m’en étais pas rendu compte à l’époque, mais il y avait un problème : j’étais une fille.

5


6

Dans mon pays, il est mal vu pour les jeunes filles et les femmes de faire carrière comme chef sushis, parce que cela relève de l’artisanat, à savoir quelque chose de sacré réservé aux hommes. Les femmes y occupent rarement des postes de direction bien rémunérés. Elles sont le plus souvent chargées des tâches domestiques ou s’occupent des autres, comme femmes au foyer ou institutrices en maternelle. C’est là que ma mère a été une vraie source d’inspiration pour moi. Elle m’a aidée à comprendre qu’il fallait me fixer mes propres objectifs et tout faire pour les atteindre.


À l’âge de 16 ans, ma mère est devenue une ama, c’est-à-dire une “femme de la mer” comme on dit aussi. C’était l’une des rares possibilités qui s’offraient aux femmes de son village de gagner leur vie. Ma mère, et d’autres femmes ama, plongeaient en apnée le long de la côte dans des eaux glacées, à la recherche d’ormeaux, d’oursins, d’algues, de concombres de mer et même de perles.

7


En tant que femme effectuant un travail physiquement exigeant et militant pour la protection sociale des femmes ama, elle a gagné le respect des hommes et des femmes de sa communauté. Aujourd’hui âgée de 60 ans, elle continue de plonger en apnée, contribuant à préserver une tradition vieille de 2 000 ans qui se meurt progressivement.

8


Mon père est chef sushis. Il possède un restaurant de sushis très populaire en pleine ville. Son restaurant a remporté de nombreux prix et a été nommé “restaurant de l’année” pendant trois années consécutives. Être un chef est une profession chargée d’histoire, faite de discipline et exigeant des compétences. Même après de nombreuses années d’apprentissage, il faut encore des années pour maîtriser la bonne technique avec le poisson.

9


Mon père et sa sœur voulaient devenir tous les deux chefs sushis, après avoir observé leur père et appris à ses côtés. Cependant, mon père a appris très tôt que les femmes ne pouvaient pas devenir chefs sushis et que sa sœur ne pourrait donc pas réaliser son rêve de confectionner des sushis pour gagner sa vie. Il ne comprenait pas pourquoi, et lorsqu’il demandait une explication, il obtenait toujours la même réponse : les mains des femmes sont plus chaudes que celles des hommes, ce qui altère le poisson et modifie le goût. (Il a appris plus tard que c’était une idée reçue, car des études ont montré que les mains des femmes sont en fait plus froides que celles des hommes).

10


Il se souvient de la peine qu’il ressentait alors pour sa sœur. Il s’est juré de remédier à cette discrimination qui empêchait les femmes d’aller de l’avant. C’est à ce moment-là que je suis née. 11


Dès mon plus jeune âge, j’ai regardé mon père préparer des sushis. Pour moi, c’était une forme de divertissement qui me tenait tranquille et occupée pendant des heures. Naturellement, j’ai eu envie de parfaire mes talents culinaires.

12


En grandissant, j’ai pu m’impliquer davantage dans la confection des sushis avec mon père. Dès le début, il a nourri mon intérêt en m’encourageant et en me formant. Il m’a appris que je suis forte et compétente, et que je peux faire des sushis aussi bien que n’importe quel homme chef.

13


J’ai décidé de poursuivre cette carrière, malgré la stigmatisation dont font l’objet les femmes chefs sushis. J’ai courageusement (ou imprudemment) ouvert un magasin éphémère de sushis. Cela n’a pas été facile pour moi. Il était difficile de trouver des clients. Ceux qui passaient dans le magasin faisaient des commentaires désobligeants.

14


Certains m’ont dit qu’il était peu hygiénique d’avoir des femmes chefs, car leurs cheveux longs tombaient dans la nourriture. D’autres m’ont conseillé de sortir de la cuisine si je ne supportais la chaleur, tout cela parce que leur commande prenait trop de temps. Des critiques gastronomiques ont publié des articles négatifs évoquant la vente à bas prix de sushis de mauvaise qualité.

15


Les jours où je me rendais au marché aux poissons, les hommes me faisaient des commentaires déplacés. Lorsque mon moral fléchissait, je me souvenais de ma mère, qui avait été un modèle pour moi dans mon enfance.

16


Elle avait accepté un emploi physiquement exigeant, gagnait un revenu décent, partageait les tâches ménagères avec mon père et prenait les décisions qui lui importaient. C’est en pensant à son exemple que j’ai pu traverser les moments difficiles.

17


Tout n’allait pas si mal. Une poignée de personnes m’ont complimenté sur mes sushis et sont devenues des clients réguliers. Peu de temps après, des journalistes qui avaient eu vent de mon sushi shop éphémère ont commencé à me rendre visite et à m’interviewer. Cela a marqué un tournant, qui m’a permis de remettre en question les idées reçues au sujet des femmes chefs sushis. Pour la première fois, les gens se sont rendus compte que les femmes pouvaient faire des sushis aussi bien que les hommes.

18

Après avoir constitué un noyau de clients réguliers, j’ai décidé de franchir une nouvelle étape importante. J’ai ouvert un restaurant dans une ville étudiante, avec l’idée de servir des sushis de qualité à bas prix. En tant que propriétaire, je m’étais fixé deux conditions pour gérer le restaurant. La première était de travailler avec des femmes ama et de compter sur elles pour m’approvisionner en coquillages et en algues. La seconde était de former et d’employer uniquement des femmes chefs.


Ma mère était ravie que je fasse appel à des femmes ama. Toutefois, mon idée d’avoir une cuisine grande ouverte où moi-même et d’autres femmes chefs seraient visibles l’inquiétait. Elle pensait que le fait de voir qui préparait les sushis influencerait l’avis des clients. Moi, en revanche, je voulais que les sushis se suffisent à euxmêmes. C’était plus compliqué que je ne l’avais prévu.

19


Ouvrir un restaurant, c’est déjà assez difficile, alors quand il faut composer en plus avec la stigmatisation dont fait l’objet une femme chef... Le véritable défi a été d’essayer de se démarquer de tous les autres restaurants. Mais j’étais déterminée à réussir à changer le regard de la société sur le travail des femmes.

20


Aujourd’hui, alors que cela fait des années qu’il est ouvert, mon restaurant a décroché le titre de “restaurant de l’année” et j’ai reçu un prix en tant que championne de l’égalité des sexes. Au fil des ans, j’ai compris combien il était important d’avoir une vision claire à long terme et d’avoir confiance en ses propres capacités d’action, sans penser au fait d’être une femme ou un homme.

21


Quelqu’un m’a dit un jour que le privilège est invisible pour ceux qui en disposent. Je n’ai pas vraiment compris de quoi il retournait à l’époque, mais à la réflexion, j’ai découvert ce que cela signifiait. Pour reprendre l’exemple du métier de chef sushis, les hommes ne se rendent pas compte de la liberté et des privilèges qu’ils ont par rapport aux femmes qui veulent faire ce métier. Ceux qui leur offrent la possibilité de réussir ne pensent pas au fait que ce sont des hommes.

22


Pour une femme chef, la réalité est tout autre et les privilèges sont minimes. Dans ce milieu, certains décideurs voient une femme et la jugent inapte à remplir ce rôle, alors qu’il ne devrait être question que des compétences de la personne.

23


Étant moi-même une femme chef, je voudrais changer les choses. Les femmes doivent gagner en visibilité dans des domaines où elles sont actuellement invisibles, que ce soit dans la politique, le sport, les sciences, l’informatique ou l’aéronautique. Amina Mohammed, Ava DuVernay, Roshni Nadar Malhotra, Serena WiIliams et Erna Solberg sont des exemples de femmes puissantes, comme il y en a beaucoup dans le monde. Si davantage de femmes se voient offrir une chance, elles seront plus nombreuses à montrer qu’elles peuvent supporter sans problème la chaleur d’une cuisine, pour ainsi dire.

24


Je regarde souvent le dessin de chef sushis que j’ai fait de moi. La petite Sakura avait de grands rêves. Elle ne savait pas qu’elle se heurterait à d’énormes obstacles pour les réaliser. Mue par une volonté farouche, moi, Sakura, j’ai décidé de confectionner de bons sushis, mais j’ai réalisé quelque chose de bien plus grand : être une source d’inspiration pour les filles et les garçons qui souhaitent transformer leurs rêves et leurs dessins en réalité et changer ainsi le cours de la vie.

25


À la rencontre des

vrais héros

Bien que Sakura soit une histoire fictive, nombreuses sont les histoires, tirées de la vraie vie, de filles et de femmes qui n’ont pas pu poursuivre une carrière en raison de normes culturelles liées à des idées fausses sur les filles et les femmes. ANNA J’ai fait carrière dans la banque et le droit, deux secteurs dominés par les hommes. Lorsque j’ai commencé à pratiquer le droit, on me demandait souvent de faire du café ou de passer chez le teinturier. J’étais contrariée et découragée par le traitement que l’on me réservait. Aux yeux de certains collègues, je n’étais qu’une jeune femme, pas une jeune avocate. Lors de mon embauche, j’ai souvent entendu des collègues dire des choses comme “toutes les femmes désirent être mères un jour”, “les femmes qui ont des enfants veulent rester à la maison ou travailler à temps partiel pour s’en occuper” et “les hommes ne veulent pas prendre de congé de paternité ou bénéficier de conditions de travail flexibles parce qu’ils sont soutien de famille”. De tels arguments servent à filtrer les femmes candidates. Mais j’ai aussi rencontré de nombreux collègues qui croyaient en l’égalité entre les femmes et les hommes et s’élevaient contre les inégalités. Ils dénonçaient les comportements discriminatoires dès qu’ils les repéraient. Ils soutenaient les femmes et les aidaient à s’épanouir sur leur lieu de travail. Je voulais être comme eux. Au cours de ma carrière, j’ai recherché activement des personnes et des lieux de travail qui favorisaient l’égalité femmes-hommes. Certes, il n’est pas facile de dénoncer telle ou telle situation, surtout si cela peut vous coûter votre emploi. Mais si les décideurs ne donnent pas l’exemple et si personne ne s’exprime, rien ne changera jamais. Le fait de mettre les femmes et les hommes dans des cases et d’attribuer des stéréotypes sexistes rigides limite notre capacité de comprendre les différentes réalités vécues par les femmes et les hommes. Cela limite également notre capacité d’envisager et de créer un lieu de travail favorable qui réponde aux besoins d’un large éventail de travailleurs. Les personnes marginalisées ont des choses à dire et nous devons les écouter. Nous devons évaluer nos propres privilèges et préjugés sexistes, et nous devons les remettre en question. Le fait de parler honnêtement et ouvertement de nos priorités et de nos solutions contribuera à créer un lieu de travail où chacun se sentira en sécurité, soutenu et valorisé.

26

ONU-Femmes


RAWYA Je viens d’un village du Fayoum, en Égypte. J’ai commencé à faire de la poterie après avoir rencontré une artiste potière, Evelyn, qui était venue dans le village pour y travailler. J’avais 14 ans. À cette époque, tous les ateliers de poterie étaient dirigés par des hommes. Néanmoins, j’ai créé mon propre atelier. Il était tout petit puisque seuls mon mari et moi y travaillaient. Je me suis attachée à parfaire mes compétences et à créer ensuite de belles poteries qui pouvaient faire la différence sur le marché. Je passais la plupart de mon temps à travailler à l’atelier et je me rendais au Caire pour vendre mes productions, ce qui n’était pas facile pour moi. J’étais analphabète comme la plupart des filles de mon village qui n’avaient pas le droit d’aller à l’école. Je n’arrivais pas à faire des additions ou à lire les commandes des clients. J’ai décidé d’apprendre à lire, à écrire et à calculer. Avec le soutien de Fair Trade Egypt, mon entreprise s’est progressivement développée. Ils m’ont aidée à vendre mes produits en Égypte et à l’étranger. Je suis allée deux fois en France pour prendre part à des expositions et faire connaître les traditions de mon village. J’y ai pris contact avec des acheteurs potentiels. Ces jours-ci, j’ai deux ateliers, avec 14 employés. Les gens de mon village et les visiteurs admirent ma poterie et me félicitent pour tout le travail que j’ai réalisé. J’enseigne aussi l’art de la poterie. Maintenant, je peux partager ma réussite avec les gens de mon village. Je peux ainsi changer la façon dont ils considèrent le travail des femmes. Et cela me rend très fière. Organisation mondiale du commerce équitable

27


BETH Lorsque l’ouragan Katrina a dévasté la Nouvelle-Orléans, mon projet de créer une entreprise axée sur le vin dans les cinq ans est devenu plus pressant à mes yeux. Je sais combien il est important de se consacrer aux choses que l’on aime, alors trois mois après le passage de Katrina, j’ai signé un bail pour un bar à vin. Je voulais investir dans la ville et aider à redonner vie à la Nouvelle-Orléans. Le secteur de la restauration étant dominé par les hommes, du chef au sommelier, ce n’est pas chose aisée pour les femmes d’y entrer. J’entends des histoires d’hommes qui profitent de jeunes femmes, et je déteste que cela soit encore une réalité de notre secteur. Cela me choque que des femmes pensent qu’elles doivent supporter ou ignorer ce type de comportements pour pouvoir faire carrière. Lorsque ma partenaire et moi avons essayé de faire accepter notre demande de licence par l’association de quartier, nous nous sommes heurtées à une opposition. Si nous avions été un couple homme-femme, ou si un homme seul avait posé sa candidature, les choses auraient été différentes. Mais cela ne nous a pas arrêtées. Je n’ai jamais pensé qu’en tant que femme, je ne pouvais pas atteindre mes objectifs. Mon père a fait en sorte d’élever ses filles en les rendant fortes et confiantes. Et en tant que femme gay, je n’ai jamais attendu d’aide de la part des hommes. C’est de cette façon que j’ai vécu toute ma vie. Le Swirl Wine Bar and Market est devenu un lieu où les gens se rassemblent pour raconter comment ils se sont reconstruits et pour parler de ce qu’il se passe dans la ville. C’est devenu un lieu de rencontre communautaire. Je conseille aux jeunes femmes de s’instruire, de faire confiance à ce qu’elles savent et d’avoir confiance en elles si elles sont mises au défi. Cela exige une certaine dose d’intrépidité. Organisation des Nations Unies

28


SALLY À l’école primaire, Sally a écrit une lettre à la NASA pour demander comment elle pourrait aller dans l’espace. Elle a reçu une brève réponse d’un employé de la NASA lui disant que l’entreprise ne projetait pas d’employer des femmes parce que l’envoi de femmes dans l’espace posait des difficultés techniques et physiques. Elle a gardé cette lettre toute sa vie. Juste avant que Sally ne s’apprête à présenter sa thèse de doctorat, elle a lu une annonce dans un journal étudiant. La NASA recrutait des astronautes et permettait aux femmes de postuler pour la première fois. Elle a été l’une des six femmes sélectionnées pour la classe 1978 de la NASA. Dans des conférences de presse, on lui demandait si elle pleurait lorsque les choses tournaient mal au travail, si le vol affecterait ses organes reproducteurs et quel maquillage elle emporterait dans l’espace. Elle a déclaré plus tard : “C’est dommage de faire toute une histoire du fait que je suis une femme astronaute. Il est regrettable que notre société ne soit pas plus avancée”. En 1983, Sally est devenue la première femme américaine, et la plus jeune, à aller dans l’espace. Son premier vol à bord de la navette spatiale a été un immense succès. Un an plus tard, elle a effectué une deuxième mission dans l’espace. Elle a été chargée d’enquêter sur l’explosion de la navette spatiale Challenger en 1986 et est devenue assistante spéciale de l’administrateur de la NASA pour la planification stratégique à long terme. À cette époque, elle était l’une des astronautes les plus connus et les plus respectés de la NASA. Elle a quitté la NASA pour l’université, afin de se consacrer à ce qu’elle avait toujours aimé, la physique et la recherche. Elle est devenue professeur de physique, responsable de la communication scientifique et autrice. En 2001, elle a fondé la Sally Ride Science, organisation qui œuvre à promouvoir l’enseignement des sciences, de l’ingénierie et des mathématiques pour les enfants, en mettant particulièrement l’accent sur les filles. “Quelle que soit la carrière qu’elles choisissent, les jeunes filles ont besoin de voir des personnes qui peuvent leur servir de modèles, juste pour pouvoir s’imaginer faire tel ou tel métier un jour. Vous ne pouvez pas être ce que vous ne pouvez pas voir”, a-t-elle déclaré dans une interview. Sally a consacré toute sa vie à la science, à l’éducation et à l’inclusion, et est décédée en 2012. Cinq ans après sa mort, 50 % de la classe des astronautes de la NASA étaient des femmes. Harvard Business Review

29


8

Derrière chaque

donnée statistique, ilA y

Bien que les progrès en matière d’égalité femmes-hommes soient lents et que nous ayons encore beaucoup de chemin à parcourir, la situation ne cesse de s’améliorer. Voici juste quelques exemples de données statistiques encourageantes, qui mériteraient d’être mises en avant par les médias. Certains des chiffres ci-après pouvant évoluer de jour en jour, il convient de se reporter aux sites Web des organisations concernées pour obtenir les informations les plus récentes. • En 2014, 143 pays sur 195 garantissaient l’égalité entre les hommes et les femmes dans leur constitution. • En 2019, un peu plus de 24 % des parlementaires nationaux dans le monde étaient des femmes, ce qui représente une lente augmentation par rapport aux 11,3 % de 1995. Plus de 60 % des membres du Parlement sont des femmes au Rwanda, ce pays étant suivi par l’État plurinational de Bolivie où plus de 50 % des sièges sont occupés par des femmes. • Entre 2013 et 2017, le nombre de femmes dans les domaines de la science et de l’ingénierie et des professions qualifiées et techniques a augmenté de 2,9 % par an. La réduction des inégalités entre les femmes et les hommes dans la population active produirait des effets stupéfiants, à savoir 28 000 milliards de dollars de PIB mondial en plus. • En 1974, seule la Suède offrait un congé de paternité. En 2015, 94 pays dans le monde en proposait un. En Suisse, les femmes ont

30

obtenu 14 semaines de congé de maternité payé en 2005, et en 2019, les hommes ont obtenu deux semaines de congé de paternité payé. • Le taux de mortalité maternelle dans le monde a reculé de 38 % entre 2000 et 2017, et toutes les régions ont vu un accès accru des femmes à la contraception. • Au niveau mondial, la proportion de femmes mariées alors qu’elles étaient enfant a diminué de 15 % entre 2008 et 2018, passant d’une sur quatre à environ une sur cinq. Vingt mille mariages d’enfants ont été annulés au Malawi depuis 2015. • Dans 31 pays, le pourcentage d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans ayant subi des mutilations génitales féminines est passé de 47 % en 1995 à 34 % aujourd’hui. • L’écart entre les femmes et les hommes dans le monde, qui est mesuré dans quatre domaines clés (santé, éducation, travail et politique), s’est légèrement réduit pour passer à 68,6 %. L’écart moyen à combler est désormais de 31,4 %, contre 32 % en 2018.


Boîte à outils sur le genre

Si nous parlions du genre? Cette boîte à outils contient des activités que vous pouvez faire seul ou en groupe. Prenez du

1

Exercice individuel ou en petit groupe

recul entre les activités et parlez à votre entourage de ce que vous en pensez.

AC T I V I T É 1 Feuille de travail sur les stéréotypes féminins dans les médias Media1 Choisissez un personnage féminin dans un film ou une histoire. Remplissez dans

la section ci-dessous tous les stéréotypes féminins que vous pouvez trouver sur le

Discutez avec un partenaire. Si le stéréotype de genre de ce personnage

était supprimé ou changé, le dénouement de l’histoire serait-il différent? Créez de nouveaux attributs ci-dessous. Apparence

Rôle

personnage que vous avez choisi. Personnage féminin Apparence

Rôle

Comportement

Par exemple jolie, délicate, cheveux longs, maquillage / jupes.

Comportement

Par exemple douce, attentionnée, naïve, émotive, irrationnelle, polyvalente, amicale.

Par exemple s’occupe des enfants / personnes âgées, cuisine, nettoie, suit plutôt que dirige, son bonheur dépend d’un homme.

Adapté de: Journée internationale de la femme et « Teach Starter », Ressources pédagogiques

1

Dessinez le personnage repensé avec de nouveaux attributs.

31


Le saviez-vous ? 1 femme sur 3 dans le monde subit des violences physiques ou sexuelles, principalement de la part d’un partenaire intime.

Quelle est la différence entre le sexe et le genre?

Le terme «sexe» fait référence à la biologie et à la question de savoir si le corps d’une personne a des organes masculins ou féminins, comme des organes reproducteurs, des chromosomes ou

des hormones. Le «genre» fait référence aux idées sociales ou culturelles de ce que signifie agir, s’habiller, parler ou s’exprimer en tant qu’hommes et femmes, et cela varie d’une société à l’autre. «Homme» et «femme» sont des mots qualifiant le sexe. «Masculin» et «féminin» sont des mots qualifiant le genre.

Les femmes passent trois fois plus temps que les hommes à prodiguer des soins et à faire du travail domestique non rémunérés.

3 managers sur 4 sont des hommes.

Qu’est-ce que le patriarcat?

Le patriarcat est un système social qui donne du pouvoir aux hommes sur les femmes et les enfants. Bien que tous les hommes bénéficient généralement du patriarcat, il ne profite pas à tous les hommes de manière égale.

Les hommes sont payés 16% de plus que les femmes pour le même travail.

Dès notre plus jeune âge, nous apprenons des gens autour de nous ce que signifie « être un homme » ou « être une femme ». Ces croyances peuvent par exemple être : à quoi ressemblent les hommes et les femmes, le genre de choses qu’ils aiment, comment ils agissent et comment ils interagissent les uns avec les autres. Lorsque nous apprenons ces croyances sur les femmes et les hommes par le biais de nos familles, des médias, de nos amis, d’enseignants et de ce que nous voyons dans notre monde, nous les acceptons comme normales. C’est ce qu’on appelle les normes de genre.

32

2


ACTI V I T É 2 Normes de genre et pouvoir

3

Exercice à deux ou en groupe

Lisez le texte ci-dessous et discutez avec un partenaire. Les expressions comme «les hommes ne pleurent pas» et «comporte-toi comme

une dame», renforcent les normes de genre parce qu’elles reposent sur la conviction que les garçons ne montrent pas leurs émotions et que les filles doivent être douces et calmes. Connaissez-vous d’autres phrases comme celles-ci? Selon-vous, comment ces phrases influencent-elles le comportement des enfants? Ce qui est considéré comme des attributs «normaux» pour les femmes et les hommes est appelé «normes de genre».

Les normes de genre créent également des hiérarchies entre groupes d’hommes ou de

femmes et donnent du pouvoir à un groupe sur un autre. Par exemple, si les gens croient que les hommes prennent des décisions logiques tandis que les femmes prennent des

décisions émotionnelles, ils voteront pour un dirigeant masculin plutôt que pour une femme qui a les mêmes expériences et qualifications. Si les gens croient que les hommes sont imprudents et agressifs tandis que les femmes sont prudentes et passives, les hommes se sentent autorisés à utiliser la violence pour contrôler les femmes, et les femmes sont blâmées lorsqu’elles se font maltraitées.

Nous parlons souvent de la dynamique du pouvoir de genre entre les genres, mais ce pouvoir de genre existe également au sein des mêmes genres. Parmi vos connaissances, quels sont les garçons au sommet de la hiérarchie masculine et quels sont les traits de masculinité traditionnels qu’ils mettent en avant?

Accorde-t-on autant d’importance aux garçons qui ne se conforment pas aux traits de masculinité traditionnels (par exemple doux, passif, prudent)? En Occident, les traits de masculinité traditionnels incluent la compétitivité, l’activité, la force, la domination et la prise de risque.

Ce que nous faisons et ce que nous voyons

les autres faire, est ce qui permet aux gens de décider de ce qui est « normal » et acceptable. C’est ainsi que les normes de genre et le déséquilibre de pouvoir sont justifiés et maintenus. En même temps, en remettant en question ce qui est « normal » et en mettant en avant des alternatives positives de notre

genre, nous pouvons influencer nos amis, nos familles et les personnes qui nous entourent, et finalement influencer les normes, les valeurs et les politiques de notre société.

33


ACTIVITÉ 3 La marche du pouvoir2 Note pour l’animateur (vous, lui, elle, eux. Tout le

Activité en grand groupe et discussion Avant de commencer Trouvez un espace ouvert pour mener l’activité. | Découpez le jeu de cartes de personnages ou créez le vôtre.

monde peut être animateur!) Demandez

aux participants de former une ligne droite le long d’un côté de la salle. Donnez à chaque participant une carte de personnage. Expliquez l’objectif: «Cette activité examinera comment le patriarcat et le pouvoir peuvent travailler ensemble pour restreindre les droits humains de certaines personnes».

Lisez successivement chacune des affirmations suivantes et donnez aux participants le temps d’avancer si la déclaration s’applique à eux. J’ai eu ou j’aurai l’occasion de terminer mes études. Je peux gagner suffisamment d’argent pour vivre confortablement.

Dites aux participants: «Pour cette activité, vous deviendrez ces personnages, vivant ici, dans ce pays. Je vais lire une série de déclarations. Pour chaque déclaration, je veux que vous vous demandiez si cette déclaration est vraie ou fausse pour le personnage qui vous a été donné. Si c’est vrai, avancez d’un pas. Si c’est faux, restez où vous êtes. Vous pouvez demander de l’aide au groupe si vous n’êtes pas sûrs d’une déclaration particulière».

Je pourrai facilement trouver un nouvel emploi. Nos responsables politiques ne mettent pas de côté mes problèmes, car ils ne sont pas considérés comme des «intérêts particuliers». Il m’est possible de choisir des vêtements qui n’envoient aucun message particulier au monde. Je peux parler ouvertement de ma sexualité. La plupart des politiciens sont du même sexe que moi, en particulier les plus hauts gradés. Si j’ai un problème de santé, je peux obtenir l’aide dont j’ai besoin immédiatement. Je peux quitter mon partenaire s’il menace ma sécurité. Si un crime est commis contre moi, la police m’écoutera. Je peux lire et comprendre les actualités ou les informations publiques données par les autorités où je vis. Je peux marcher dans une rue la nuit sans me soucier de ma sécurité. Je suis respecté(e) par la plupart des membres de la société. Je suis socialement accepté(e) pour ma véritable identité.

2

34

Adapté de: ONU Femmes, The Change-Makers (2014)

4


Lorsque vous avez fini de lire toutes les déclarations, demandez aux participants de lire leurs personnages à haute-voix.

Demandez au participant de rester là où il se trouve et utilisez les questions

suivantes pour mener une discussion. Qu’est-ce que ça fait d’être debout là où vous êtes? Pour ceux qui ont peu bougé Est-ce que ça fait du bien d’être si loin derrière les autres? Quoi ou qui est à blâmer? Pour ceux qui ont beaucoup bougé Est-ce que ça fait du bien d’être si loin devant? Pourquoi êtes-vous si loin? Quelle inégalité voyez-vous entre les personnages de cette activité? Pourquoi cette inégalité existe-t-elle?Que faudraitil qu’il se passe dans notre société pour que tous les membres de ce groupe puissent être au même point en tête de file, avec des niveaux de pouvoir égaux?

Demandez aux participants de remettre leurs cartes de personnage et de s’asseoir en cercle. Demandez à des volontaires de partager ce qu’ils pensent de la reprise de leurs propres rôles et personnalités. Comment leur pouvoir personnel se compare-t-il au pouvoir de leurs personnages ?

Les gens peuvent avoir du pouvoir les uns sur les autres de nombreuses manières et il est important que nous soyons conscients des effets que cela peut avoir sur chacun de nous, dans notre société. Ce qui est valorisé dans notre

5

société, c’est le masculin par rapport au féminin, l’hétérosexuel par rapport au LGBT, l’absence de handicap par rapport à la présence de handicap, les groupes ethniques/raciaux dominants par rapport aux minorités, et la sécurité financière par rapport aux difficultés financières. Cela donne du pouvoir à un groupe sur un autre, ce qui conduit au patriarcat, à l’homophobie, au racisme, à l’exploitation économique et à d’autres formes de discrimination, enlevant des droits aux moins puissants. Certaines personnes ont encore moins de pouvoir parce qu’elles souffrent de multiples formes de discrimination, telles que le genre, la race et le handicap, combinées à de faibles revenus, des barrières juridiques et de langue. Comme nous l’avons vu dans l’activité précédente, si toutes les femmes et les filles sont victimes de discrimination

et de harcèlement fondés sur le genre, la riche épouse d’un homme politique n’est pas confrontée à la même oppression que la travailleuse migrante d’un pays étranger. C’est ce que l’on appelle l’intersectionnalité, et il est particulièrement important pour les défenseurs de l’égalité des genres de comprendre comment les différents ensembles d’identités ont un impact sur l’accès des femmes et des filles aux droits et aux opportunités.

35


ACTIVITÉ 4 Prendre la parole3

Activité en grand groupe et discussion Avant de commencer munissez-vous d’une grande feuille vierge (type tableau à feuilles) ou utilisez un tableau noir ou un tableau blanc.

Note pour l’animateur

Expliquez aux participants: «Que ce

de vous défendre. Dans 5 minutes, je vous

soit dans une relation amoureuse, avec nos parents, nos amis ou d’autres

demanderai de partager cette histoire avec votre groupe, pendant que tout le

personnes, nous avons tous déjà eu peur de nous opposer à quelque chose

monde écoute respectueusement afin de créer un environnement sûr pour le partage. Veuillez essayer de répondre

et de nous sentir “réduits au silence”. Il

peut être parfois difficile de s’affirmer et d’exprimer ce en quoi l’on croit, mais

aux questions sur le tableau à feuilles pendant que vous racontez votre histoire».

c’est aussi très important. Dans cette activité, nous allons commencer par partager un souvenir où nous nous sommes sentis “réduits au silence”».

Après cinq minutes, demandez aux participants de commencer à partager et à écouter les histoires des autres. Circulez dans la salle pour vous assurer que tout le monde participe et écoute avec respect.

Cette activité est plus efficace si l’animateur partage une histoire ou un exemple pour lancer la discussion. Cela peut être personnel ou une étude de cas. Certains souvenirs peuvent être par exemple la négociation avec les parents d’un couvre-feu plus tardif, la résistance à la pression des pairs pour consommer de l’alcool ou de la drogue au sein d’un groupe social, le fait d’être intimidé ou influencé pour progresser trop rapidement dans une relation amoureuse.

Laissez les groupes partager pendant 10 à 15 minutes, jusqu’à ce que chacun ait eu l’occasion de raconter son histoire. Rappelez le groupe et annoncez: «Merci d’avoir partagé vos histoires. Il peut être difficile de se souvenir de ces moments qui nous rendent tristes, en colère ou impuissants. Pour notre prochaine activité, je veux que nous travaillions ensemble pour “renverser le scénario” sur ces situations. Comment aurions-nous pu gérer ces situations de manière positive, forte et respectueuse qui permette à chacun d’entre-nous de se défendre?».

Écrivez sur un tableau à feuilles devant la salle: Qui était impliqué? Qu’est-il arrivé? En quoi le résultat était-il différent de ce que vous souhaitiez? Quels mots ou actions l’autre personne a-t-elle utilisés pour vous influencer? Qu’avez-vous ressenti? Divisez les participants en petits groupes et annoncez: «Pensez à un souvenir où

vous vous êtes sentis traités injustement ou bien où vous n’avez pas été en mesure

36

3

Adapté de: ONU Femmes, The Change-Makers (2014)

6


Écrivez une autre question sur le tableau à feuilles: Comment aurais-je pu me défendre?

Continuez, «Dans vos groupes, choisissez une des histoires qui a été partagée. En utilisant cette histoire, travailliez ensemble et réécrivez la situation afin de créer un résultat positif. Laissez ces histoires mettre en avant les

individus se défendant et utilisant une communication efficace ainsi qu’exprimant librement leurs opinions.

Lorsque tout le monde est revenu à sa

place, faites un compte rendu en posant les questions suivantes: Quels exemples de

7

communication positive avons-nous vus

dans ces histoires? Comment le pouvoir a-t-il été équilibré à la fin? Était-ce juste Comment cela pourrait-il être amélioré? Pensez-vous que l’individu en a fait assez pour se défendre? Pourquoi est-il important d’apprendre à maitriser ces

compétences? Comment les utiliseriezvous dans votre vie?

Vous aurez 15 minutes pour discuter de votre scénario, puis j’aimerais que les membres de votre groupe viennent et présentent les résultats dans un jeu de rôle pour le reste des participants».

Donnez aux participants le temps de discuter de leurs jeux de rôle dans leurs

groupes et déplacez-vous dans la salle en fournissant de l’aide si nécessaire. Après 15 minutes, dites «Stop».

Un par un, demandez aux groupes

d’aller à l’avant de la salle et de présenter leurs courts jeux de rôle. Encouragez les autres participants à faire part de leurs questions ou commentaires après chaque représentation.

Tout ce que nous faisons, chaque mot et action, a une influence sur les autres et sur notre société. Nous pouvons utiliser notre propre pouvoir d’action et notre influence pour renforcer notre cause et accroître le

soutien aux droits et aux libertés auxquels nous croyons. Pour ce faire, nous devons présenter nos causes d’une manière

rassurante et accueillante, qui encourage les autres à se joindre à nous plutôt que de les effrayer. Lorsque nous utilisons le pouvoir

qui est en nous de manière rassurante et dynamique, il peut être un outil puissant et personnel de changement et de mobilisation.

37


8

Quelle est la différence entre l’égalité des genres et l’équité entre les genres?

L’égalité des genres fait référence à l’égalité des femmes et des hommes à l’accès et au

contrôle des ressources sociales, économiques et politiques. L’équité entre les genres prépare le terrain pour l’égalité des genres en tenant compte des besoins différents des hommes et des femmes et en compensant les désavantages historiques et sociaux des

femmes, afin que les hommes et les femmes

puissent participer pleinement à la vie sociale, économique et politique en tant que partenaires égaux (voir l’image). En bref, si l’égalité des genres est l’objectif final, l’équité entre les genres est le moyen d’y parvenir.

Il existe des politiques qui donnent la priorité aux femmes par rapport aux hommes pour occuper des sièges en politique ou dans les entreprises. Ne s’agit-il pas de discrimination à l’égard des hommes ?

En raison des discriminations historiques et sociales envers les femmes, les hommes et les femmes ne partent pas du même point

de départ pour accéder aux opportunités et aux ressources. Des mesures doivent être misent en place pour compenser l’inégalité du système, afin que les hommes et les femmes

puissent participer sur un pied d’égalité à la vie sociale, économique et politique. Il s’agit d’être juste envers les femmes et les hommes. C’est ce qu’on appelle les “mesures temporaires spéciales” (dans l’image de gauche, c’est la boîte sur laquelle la personne se tient). Un

exemple de mesures temporaires spéciales est une politique qui assure que 30% des parlementaires soient des femmes. Les mesures

temporaires spéciales ne doivent pas être utilisées pour discriminer les hommes, elles sont de nature temporaire et sont interrompues une fois que les résultats souhaités ont été atteints et maintenus. En d’autres termes, lorsque l’égalité des genres est atteinte.

38


9

En quoi l’égalité des genres profite-t-elle aux hommes ?

Les hommes sont tout aussi fortement influencés par le genre que les femmes. Ce que signifie “être un homme” détermine

de demander de l’aide lorsqu’ils se sentent vulnérables, ce qui augmente les risques liés à leur santé mentale et leur taux de suicide.

les comportements à risque chez les jeunes hommes, renforcés par la pression des pairs et les stéréotypes des médias, et il se poursuit à l’âge adulte. Cela expose les hommes à des risques plus importants de violence,

à ces derniers de plus grands choix de vie. Il est important que les hommes et les femmes soient conscients des avantages que l’égalité des genres leur apporte en tant qu’individus et en tant que membres de leur communauté et

le comportement et le mode de vie des hommes. Par exemple, le concept de masculinité à la maison et à l’école encourage

d’accidents et d’abus de substances. Les attentes qui poussent les hommes à être des « durs », les empêchent également

En s’attaquant aux désavantages et aux coûts que les différences entre les genres entraînent pour les hommes, l’égalité des genres offre

de la société, car l’égalité des genres ne peut être réalisée sans les hommes.

39


La Genève internationale Située à la pointe sud-ouest du territoire helvétique, Genève peut s’enorgueillir de certains des principaux atouts de la Suisse. Les vues spectaculaires sur les montagnes environnantes subjuguent à la fois les Paix, Droits et Bien-être nouveaux venus et les résidents de longue date, le dynamisme de son centre financier attire des gens d’affaires du monde entier, sa qualité de vie est sans pareille, mais surtout, Genève héberge un grand nombre d’organisations internationales. C’est pourquoi l’on parle de la « Genève internationale ». Tout a commencé en 1863, lorsque la Croix-Rouge a été créée dans le but de protéger les victimes de conflits armés. Aujourd’hui, les personnes se réunissent à Genève non seulement pour remédier à des besoins humanitaires, mais aussi pour agir en faveur de la paix, de la santé, de la science et des droits de l’homme, et pour chercher des solutions aux problèmes posés par les migrations ou les changements climatiques. La Genève internationale regroupe des organisations internationales, des établissements universitaires, des entreprises internationales, de nombreuses organisations non gouvernementales et les représentants permanents de 180 États Membres de l’ONU. L’action de la Genève internationale est perceptible bien au-delà de la ville elle-même et est guidée par le Programme de développement durable à l’horizon 2030. En poursuivant les 17 objectifs de développement durable, la Genève internationale et ses nombreux partenaires dans le monde luttent contre la pauvreté, préviennent les violences, protègent la planète, et font tant encore.

40

Genève est peut-être petite par la taille, mais elle est grande par son rayonnement. C’est la ville où le monde se donne rendez-vous pour trouver des solutions.


Le projet de changement de la perception Souvent, lorsque les gens entendent parler de l’ONU pour la première fois, leur regard s’illumine. C’est surtout vrai s’il s’agit d’enfants. Savoir qu’il existe une organisation capable de réunir le monde entier au nom de la paix, des droits et du bien-être offre un réconfort incomparable. Il n’est nul besoin d’expliquer pourquoi cette organisation est nécessaire. Nous savons tous pourquoi. Elle existe, pour nous tous. Et elle fait partie de la Genève internationale. Dans le même temps, ce sentiment d’émerveillement et de sécurité se dissipe rapidement, car l’époque est tumultueuse et, évidemment, la réalité est différente. Nous avons des hauts et des bas, et nous devons aussi sans cesse nous adapter pour relever de nouveaux défis. Il est d’usage que les médias attirent l’attention sur les éléments négatifs et que nous considérions les éléments positifs comme acquis. Il est dans notre nature d’insister sur les problèmes à résoudre, plutôt que de louer nos mérites. Pourtant, l’ONU et ses partenaires maintiennent leurs objectifs, et leur action continue d’avoir des répercussions profondes, ce dont nous n’avons pas toujours conscience dans notre vie quotidienne. La bonne nouvelle est que cette constellation d’organisations qui constitue la Genève internationale est toujours en place et qu’elle poursuit sa noble mission. La Genève internationale appartient à chacun de nous. Pour qu’elle puisse se développer, il faut que sa valeur et son influence soient reconnues et qu’elle soit assurée de pouvoir mener à bien son mandat. C’est dans ce but que le projet de changement de la perception a été créé, et il l’atteint chaque fois qu’il parvient à rallumer cette étincelle dans les yeux à l’évocation de l’ONU.

41


Les objectifs de développement durable À une époque où nous sommes bombardés par les mauvaises nouvelles, nous pouvons facilement nous sentir découragés et démunis pour améliorer le monde dans lequel nous vivons. Heureusement, pour remédier à ces nombreux problèmes, les dirigeants mondiaux ont adopté le Programme 2030, un document d’orientation consistant en 17 objectifs pour transformer notre planète et en faire un meilleur lieu de vie. Ces objectifs concernent tout le monde, ils ne laissent personne de côté, ils sont tous interdépendants et leur réalisation est de la responsabilité de chacun. Nous avons tout ce dont nous avons besoin pour aider chacun à s’épanouir et à exprimer pleinement son potentiel. Ensemble, créons un monde de paix, de droits et de bien-être.

42


Une jeune femme, Sakura, rêve de devenir chef sushis dans un pays où les femmes n’ont pas accès à cette profession. Son parcours est jalonné d’embûches. Déterminée à réussir, et grâce à ses parents qui sont des modèles et qui remettent en question les normes de genre, Sakura fait tomber une après l’autre les barrières liées aux inégalités femmes-hommes dans son pays.

NATIONS UNIES GENÈVE Paix, Droits et Bien-être

Printed at United Nations, Geneva – 2100334 (F) – August 2021 – 1,000 – ODG/PCP/2021/4


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.