réalités ophtalmologiques # 183_Mai 2011_Cahier 1
Le dossier Allergies oculaires
Editorial
L
es allergies oculaires forment un ensemble de maladies dont la variété est une particularité de l’ophtalmologie. On distingue en effet classiquement les conjonctivites allergiques bénignes, qui sont les plus fréquentes, des kératoconjonctivites. Les premières, qui seront abordées dans ce dossier de Réalités Ophtalmologiques par B. Mortemousque, répondent à un mécanisme IgE-médié pur vis-à-vis d’un pneumallergène (pollen, acarien, moisissure, phanères animales…) et répondent en général bien aux traitements locaux antiallergiques antihistaminiques H1, antidégranulants ou double action.
Les kératoconjonctivites, traitées par S. Doan, sont beaucoup plus rares mais plus sévères et potentiellement cécitantes. Si leur diagnostic est aisé, leur mécanisme est complexe et leur traitement est souvent difficile, en raison d’une corticodépendance fréquente et de complications cornéennes redoutables. Les conjonctivites gigantopapillaires déclenchées par un conflit mécanique sur lentille, prothèse ou tout autre corps étranger présent sur la surface oculaire, ne sont pas à proprement parler des conjonctivites allergiques et ne seront pas traitées dans ce dossier.
➞ S. DOAN
Hôpital Bichat, Fondation A. de Rothschild, PARIS.
En revanche, les blépharoconjonctivites de contact, décrites ici par A. Muselier, bien que non liées à un mécanisme IgE-dépendant, sont réellement allergiques, de type non immédiates. Etant surtout liées aux cosmétiques et aux collyres, l’interrogatoire est essentiel à leur diagnostic. Dans toutes ces pathologies, l’allergologue, en l’occurrence dans ce dossier, J.L. Fauquert, joue un rôle clé et nous apporte une aide importante. En effet, après un interrogatoire policier, il réalisera les test adaptés (en général prick ou patch tests), puis expliquera au patient les mesures d’éviction qui représentent un point clé du traitement. Il fait donc gagner un temps précieux à l’ophtalmologiste. Il pourra également, le cas échéant, proposer une désensibilisation spécifique, qui représente aujourd’hui le seul traitement curatif définitif d’une allergie oculaire. Ainsi, une étroite collaboration entre ophtalmologistes et allergologues est souvent le gage d’une prise en charge globale de ces maladies parfois difficiles. Je rends hommage à J.L. Fauquert, actuel président du Groupe ophtalmo-allergo (GOA), qui a su promouvoir de telles relations si fructueuses. Bonne lecture.
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