Édition Spéciale 2005 - 2006

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POLITIQUE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE

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40 ÉPIDÉMIOLOGIE La dysfonction érectile peut être le premier signe de maladies coronariennes

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TECHNOLOGIE

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METALLURGIE

ÉNERGIE

Un bilan de 40 ans montre le rôle stratégique du troisième cycle universitaire au Brésil

46 BIOLOGIE CELLULAIRE

Le centre de recherches de la Petrobras développe une technique pour l’usage de l’huile végétale dans la production du diesel

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Un biomédecin brésilien découvre à Paris comment se propage le protozoaire de la malaria dans le corps

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ÉVALUATION Des classements internationaux mettent en évidence la performance des quatre meilleures universités brésiliennes

22 DIFFUSION Avec un nombre inédit de 6 millions d’accès mensuels, la bibliothèque SciELO va étudier le profil de ses utilisateurs SCIENCES

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ÉTHOLOGIE Des disputes sociales et la capacité de s’orienter dans l’environnement pour trouver de la nourriture ont modelé le cerveau des primates

52 PHYSIQUE Brésiliens et Français montrent que le champagne pétille de quatre manières distinctes

CLIMATOLOGIE Des courants d’air emportent humidité ou fumée de l’Amazonie au Bassin de La Plata

HISTOIRE

De nouveaux processus simplifient le nettoyage et la récupération des bouteilles en plastique jetables

ÉCOLOGIE Des biologistes identifient des modèles sur le comportement des fourmis dans la Mata Atlântica

Un site internet dévoile des documents qui montrent comment la dictature censura les cinéastes brésiliens

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MUSIQUE

CHIMIE Un partenariat entre une université et une entreprise permet la création d’un nouveau pigment pour l’industrie des peintures

Un livre analyse l’œuvre du compositeur Ernesto Nazareth, auteur de Brejeiro, qui rapprocha l’érudit et le populaire entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle

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DESSIN INDUSTRIEL

ANTHROPOLOGIE

Une mini machine à laver le linge peut être transportée dans la voiture et fixée au plafond ou au mur

Les religions de l’ayahuasca peuvent montrer la voie pour mener une bonne guerre contre les drogues SANTOS DUMONT CRÉATION ET DESIGN

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HUMANITÉS

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RECYCLAGE

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Une technique innovatrice permet le soudage d’alliages en titane et en acier au profit de l’industrie aéronautique

RUBRIQUES

IMAGES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 LETTRE DE L’ÉDITEUR . . . . . . . . . 7 MÉMOIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 HUMOUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 Couverture: Mayumi Okuyama Photo: Miguel Boyayan

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De quoi s’agissait-il? — C’était une thèse étrange. La moitié concernait un projet informatique d’analyses de connections neurales. À la fin de mon doctorat, je suis arrivé à la conclusion que la neuroscience vivait un dilemme. On ne pouvait plus examiner les neurones un par un, il fallait les examiner ensemble simultanément. C’est l’impression que j’ai eu en lisant l’ensemble des articles scientifiques dans ce domaine. L’avantage d’être au Brésil c’était que, malgré les difficultés que nous avions pour réaliser des expériences, on pouvait lire énormément, on avait du temps pour cela. ■

Qu’avez-vous fait ensuite? — J’ai terminé ma thèse en 1988 et j’ai commencé à chercher à travers le monde quelqu’un ayant des idées identiques aux miennes. Après m’être entretenu avec le docteur César, j’ai commencé à écrire à de nombreuses personnes. Je pense avoir reçu environ 40 lettres de rejet. C’était alors la norme. Un beau jour, j’ai découvert deux propositions intéressantes dans la revue Sciences. L’une émanait de Gordon Shepherd de l’université de Yale, et l’autre de John Chapin, de l’Université Hahnemann. Les deux m’ont accepté, mais je suis allé à Hahnemann.Yale voulait que je fasse quelque chose de plus traditionnel, c’était intéressant mais ce n’était pas ce que j’avais à l’esprit. John, d’Hahnemann, une petite université de Philadelphie,avait eu la même idée que moi. Il était arrivé à la conclusion que la meilleure voie était d’enregistrer des centaines de cellules nerveuses en même temps. John m’a appelé pour un entretien et j’y suis allé. En fin de journée, il m’a proposé un post-doctorat à l’université. Trois mois plus tard, je suis allé à Philadelphie. J’ai quitté Hahnemann un an plus tard quand cette université a été rachetée et a changé de profil. Elle fait désormais partie du MCP (Medical College of Pennsylvania-Hahnemann University). Cependant, durant une certaine période, elle a énormément investi en neurosciences et injecté de grosses sommes dans ce domaine. ■

Comment était votre vie à Hahnemann? — Pendant 6 mois j’ai vécu sans ma famille restée au Brésil, ma femme Laura et mon premier fils Pedro âgé de 6 mois. Je n’avais en poche qu’une bourse universitaire de la FAPESP (je n’ai été embauché par l’université que plus tard). C’était une folie. Je suis arrivé seul dans un monde différent et j’étais en train d’apprendre l’anglais. Mais j’ai toujours été bien traité. Le fait d’être allé dans un endroit moins important que Yale ou Harvard fut une bon■

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ne chose. Il y avait moins de pression et ce n’était pas l’endroit où l’on exigerait immédiatement des résultats importants. Mais pour moi, l’échec n’était pas envisageable. Il fallait que ça marche, ou je n’aurais jamais aucune chance de faire ce que voulais au Brésil. C’était tout ou rien.

grand problème de la science. L’objectif n’est pas d’arriver aux nuages, mais d’aller au-delà, voir l’horizon. Découvrir quelle est la question fondamentale qui doit être posée dans votre domaine. Ceci est très difficile. J’ai mis quatre ou cinq ans pour me faire une idée.

■ L’ambiance dans laquelle se déroulaient vos recherches était bonne? — C’était un paradis. John m’a ouvert les portes d’un laboratoire, qui était déjà l’un des centres de pointe mondial en matière de neurophysiologie, et il m’a dit “C’est le tien”. Il m’a donné une Ferrari et m’a dit “apprend à conduire”. En Amérique c’est comme ça. Le chef n’est pas derrière vous toute la journée. Il veut des résultats, mais la liberté est totale. Il vous donne les moyens, vous donne tout, mais la marche à suivre est la suivante: “débrouillez-vous mon ami”. Et c’est exactement ce qu’il a fait. Je ne peux travailler que de cette manière, en toute liberté. J’avais également cela au Brésil dans le laboratoire du docteur César mais à l’USP ce n’était pas possible à cette époque.

Et qu’elle fut votre idée? — Je voulais comprendre les lois physiologiques qui régissent l’interaction entre les grandes populations de neurones. Si nous comprenons cela, nous comprenons tout. Nous pourrons comprendre comment le cerveau fonctionne, expliquer la conscience et même comment les maladies neurologiques détruisent cette notion. Ceci est le Saint Graal de la neuroscience. Je pense qu’aujourd’hui nous sommes à la veille de créer une théorie unificatrice qui réunisse tout cela sur une seule base mécaniciste.

Pourquoi? — Les relations étaient trop hiérarchiques, trop rigides. J’ai eu un chef en pathologie à l’USP qui était un type très dur. Il fallait faire à sa manière ou s’en aller. Il n’y avait pas d’autres alternatives. On ne pouvait rien remettre en cause. En Amérique, un élève de la High School (enseignement secondaire) remet en question ce que je dis, et il a raison de le faire. Ce n’est pas parce que je dis une chose qu’il s’agit d’une vérité absolue. Ici on ne peut pas contredire le chef. C’est Dieu. Cette attitude tue la science. Ce n’est pas le manque d’argent qui tue la science. Celui qui mène des recherches et qui n’arrive pas à obtenir une certaine autonomie deviendra technicien. Il ne deviendra pas chercheur en chef. À Hahnemann j’ai également appris à gérer mon temps. Je devais partager ma journée entre les expériences et la lecture. Je peux affirmer avoir suivi durant trois ans un cours en neurosciences à Hahnemann comme il n’aurait pas été possible de le faire ailleurs. Tout était là: articles scientifiques, livres et Internet qui commençait à apparaître. Je pense ne pas avoir autant lu de ma vie qu’entre 1989 et 1993. ■

■ Qu’avez-vous appris durant cette période?

— Je savais tout ce qui se passait en matière de neurosciences. J’ai connu toutes les personnes d’avant garde dans ce domaine. C’est là que j’ai découvert ce qu’il y avait au-dessus des nuages. Ceci est le

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■ Comment avez-vous quitté Hahnemann pour l’Université de Duke? — Un jour, le chef d’un nouveau département de neurobiologie de Duke, Dale Purvis, est apparu à Hahnemann. Il était déjà fameux et je le connaissais de réputation. Dale avait entendu parler de mon travail car j’avais donné une conférence, une de mes premières, et parce qu’un de ses grands amis connaissait un des professeurs de Hahnemann qui travaillait avec moi. Il est venu donner une conférence et a souhaité me rencontrer. À ma grande surprise, il est resté trois heures avec moi, regardant mes expériences. Un mois plus tard, il m’a invité pour faire une présentation à l’Université de Duke. Je n’avais jamais donné de conférence hors de congrès, de ceux dans lesquels vous êtes invités à parler. Cela m’a semblé excellent. J’ai donc fait ma présentation à Duke et j’ai discuté toute la journée avec ce professeur. ■ A cette époque, parliez-vous déjà du foot-

ball brésilien dans vos conférences? — Oui, mais nous n’avions pas encore gagné la coupe du monde de 1994. J’ai fait ma présentation et j’ai discuté toute la journée avec de nombreux professeurs du département. Mon dernier entretien fut avec Dale. Il m’a alors dit que tous avaient aimé ma présentation et qu’il avait regroupé les impressions de chacun. J’ai trouvé cela très étrange. Mais Dale a poursuivi en déclarant que les impressions étaient excellentes et il m’a offert un emploi. Il s’agissait d’un processus d’évaluation? — Oui. C’est ce qu’ils appellent “job talk” ou “job interview”. Mais ils ne m’en avaient rien dit de peur que je ne devienne ■



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te idée. Nous avons alors crée une interface cerveau/machine. À quoi pensiez-vous exactement? — À ce moment là, je ne savais pas encore que ce travail allait déboucher sur une éventuelle thérapie clinique. On ne pouvait pas le prévoir. Ce que je voulais c’était démontrer qu’il était possible de lire les signaux électriques du cerveau, d’extraire un code moteur et d’utiliser ce signal pour contrôler un bras mécanique qui reproduirait le mouvement fait par l’animal. C’était cela le concept à démontrer. Pour en revenir à Hahnemann, toujours avec John Chapin, quand nous avons réalisé la première expérience avec des souris, nous nous sommes aperçus que nous étions en présence de quelque chose de gigantesque, beaucoup plus grand que la simple démonstration d’une théorie. Nous ouvrions peut-être réellement une nouvelle porte, et ce fut le cas. J’ai aussitôt réalisé le premier travail avec des singes à Duke. Ces animaux ont réussi à contrôler un bras mécanique grâce à une interface cerveau/machine. C’est alors que la chose a réellement explosé. Il y avait un potentiel non seulement en recherche de base, qui continue à être un domaine sensible, mais également en termes d’applications cliniques. ■

■ Quelles sont les perspectives de l’applica-

tion de l’interface cerveau/machine sur l’homme? — Il y a deux ans, nous avons testé l’interface sur 11 individus alors qu’ils se soumettaient à une chirurgie destinée à soulager les symptômes de la maladie de Parkinson. Elle a bien fonctionné. Nous implantons temporairement 32 microélectrodes dans une région du cerveau et nous captons l’activité nécessaire pour mouvoir une prothèse. Mais il y a de nombreuses possibilités d’application. Nous devons investir simultanément dans de nombreuses directions et davantage dans la recherche de base. Après avoir démontré le potentiel de cet abordage, différents groupes de recherches américains ont commencé à travailler dans ce domaine. Mais certaines personnes ne pensent déjà qu’à gagner de l’argent et c’est une attitude qui m’horripile. Il y a deux ou trois entreprises qui déclarent ouvertement qu’il n’est plus nécessaire de mener des recherches et qu’il suffit de poser l’implant, avec les fils et le reste, sur les personnes. Ceci est une folie. Il y a encore de nombreuses questions sans réponses. Comment le cerveau va-t-il réagir à un implant durant des années? A titre d’exemple, nous avons aux États-Unis, deux singes de nuit (Aotus tri14

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virgatus) qui ont un implant depuis quatre ans. Les animaux se portent bien et l’implant fonctionne encore. Nous allons publier un travail sur cette expérience. ■ Un des plus grands problèmes de l’implant cerveau/machine est-il encore de miniaturiser tous ses composants? — Oui, mais nous avons miniaturisé une bonne partie du matériel utilisé durant la première expérience sur des êtres humains. Maintenant presque tout tient sur une puce, une plaque plus petite qu’une carte de crédit que, théoriquement dans l’avenir, le patient portera à la ceinture, comme s’il s’agissait d’un portable. Nous sommes actuellement en train d’installer une série d’équipement sur des singes pour une durée de 6 mois. Il ne s’agira peut-être pas de la version définitive de l’interface qui sera utilisée sur des humains, mais elle s’en rapproche beaucoup. Maintenant tout est wireless, sans fils. Les signaux cérébraux captés seront transmis par onde radio. Tout va vers cette plaque qui envoie les signaux, tel un portable, vers les robots qui se trouvent à côté du patient. En outre, nous avons également commencé à tester un exosquelette, il s’agit d’une veste en métal que nous mettons sur un singe pour qu’il se déplace sur un tapis roulant.

Qu’est-ce que ce projet d’exosquelette? — Il s’agit d’un vêtement complet, couvrant le corps, qui serait porté par la personne handicapée. Les exosquelettes existent déjà, mais ils sont encore très lourds et complexes et personne n’a encore jamais pensé à les contrôler grâce à des signaux émanant du cerveau. En réalité, ce qui existe déjà c’est un robot qui marche, mais qui ne tourne pas ni ne s’arrête quand vous le voulez. Par exemple, une personne tétraplégique entre dans un appareil mais c’est lui qui marche. Mon idée est d’adapter ce robot, créé à l’origine pour être utilisé sur Mars, où un astronaute n’aurait pas les forces nécessaires pour marcher en fonction de la fatigue due au voyage. Personne ne doute du fait que nous réussirons à obtenir les signaux cérébraux nécessaires pour contrôler les articulations de ce robot. Ce que personne ne sait, c’est comment nous allons maintenir cette personne dans cet exosquelette. En effet, quand le robot marche l’équilibre est perturbé et il n’arrive plus à maintenir la posture debout qu’il a à l’arrêt. Ceci est un grand défi en matière de contrôle, un problème d’ingénierie. Dans cette situation, le cerveau va devoir également fournir des signaux d’équilibre au robot. Personne n’a jamais fait cela. ■

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■ La personne doit réapprendre à marcher,

mais par le biais du robot? — Exactement. Et le robot doit également réapprendre. Il faudra créer une ingénierie adaptative, des modèles adaptatifs qui apprendront comme un enfant. C’est l’idée à suivre. C’est ceci qui m’a poussé à discuter avec des chercheurs suisses et japonais, là où se trouvent les dieux de la robotique dans certains domaines. C’est également ceci qui m’a donné l’idée de créer un réseau international d’instituts de neurosciences, ayant son siège en Suisse,et duquel fera également partie le projet de Natal. La neuroscience s’est tellement développée qu’elle se trouve dans la même situation que la physique il y a quarante ans. Il est impossible de faire des découvertes d’un énorme impact à un seul endroit, nous avons besoin d’un groupe de personnes dans les spécialités les plus diverses, et venant de partout. ■ Au fait, comment vous est venue l’idée de

l’institut de Neurosciences de Natal? — Cette idée a été lancée en 2002 par trois brésiliens, moi-même, Sidarta Ribeiro, de mon équipe à la Duke, et Cláudio Melo de l’Oregon Health and Science University. Nous sommes arrivés à la conclusion que le Brésil devait investir en sciences de pointe, sous un modèle différent, plus souple et accompagné d’une vision sociale. Le modèle universitaire de recherche brésilien est traditionnel, compliqué et fait face à de nombreux problèmes. Nous voulons créer une structure identique aux instituts Max Planck, en Allemagne, qui forment un réseau d’instituts à travers leur pays dans des domaines vitaux. N’est-ce pas une idée mégalomane? — Si, sans aucun doute, mais ma grandmère me disait toujours, et je le répéterai jusqu’à ma mort, que rêver petit et rêver grand prennent autant de temps. Cependant, le résultat du petit rêve est infime comparé à celui du grand rêve. C’est pour cela qu’il vaut mieux rêver en grand. Je n’ai pas l’ambition de concrétiser ce réseau en deux ou trois ans. C’est un projet qui concerne une génération et qui en est maintenant à ses débuts avec l’Institut de Natal. Ce modèle n’existe nulle part. La Science peut être un agent transformateur en termes sociaux, éducationnels et de prestation de services cliniques. Le cerveau concerne également le sport, la science, l’art, c’est une chose révolutionnaire. Cette vision n’est pas seulement la mienne, elle est partagée par d’autres personnes dans d’autres pays qui ont commencé à percevoir cette idée comme étant fantastique. C’est pour cela qu’aujourd’hui la plupart ■





























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menter la dépression, détruire graduellement les relations conjugales familiales ou sociales. Les cas les plus graves d’incapacité érectile peuvent indiquer des déficiences de la circulation sanguine et, si ces dysfonctions ne sont pas traitées à temps, elles peuvent déboucher sur un infarctus.“La dysfonction érectile peut être le premier signe de maladies coronariennes”, alerte l’urologiste Archimedes Nardozza, professeur à l’Université Fédérale de São Paulo (Unifesp). L’explication est simple: les artères du pénis, relativement petites comparées aux coronariennes qui irriguent le muscle cardiaque, peuvent perturber l’érection même avec une faible quantité de graisse bloquant l’arrivée du sang dans les compartiments du pénis appelés corps caverneux et qui provoquent l’érection au fur et à mesure qu’ils se remplissent. Pour un homme souffrant d’impuissance, le risque d’avoir une accumulation de graisse dans les artères coronariennes est 2,5 fois plus élevé que pour un homme sexuellement normal, selon une étude réalisée à São Paulo sur 287 participants (137 avec dysfonction et 150 sans).“Plus la dysfonction érectile est grave, plus les risques de problèmes coronariens sont élevés”, déclare le cardiologue Juarez Ortiz, coordinateur de cette étude qui a été publiée en octobre 2005 dans la revue Arquivos Brasileiros de Cardiologia (Archives Brésiliennes de Cardiologie). Le 23 janvier, la revue Archives of Internal Medicine a publié un travail identique signé par James Min, de l’Université de Chicago aux États-Unis, qui compare l’état général de santé de 121 hommes souffrant de dysfonction érectile avec 100 autres sans dysfonction. Dans cette étude, 44% des hommes souffrant de dysfonction présentent des problèmes coronariens, contre à peine 17% pour ceux considérés sexuellement normaux. L’étude nord-américaine à été un peu plus loin et a montré une relation existante entre ce trouble masculin fréquent et une plus faible activité et résistance physique. Selon cette étude, l’incapacité érectile pourrait être beaucoup plus efficace que les facteurs de risque habituellement évalués, tel les niveaux de cholestérol, la pression artérielle ou l’historique fami-

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lial,pour indiquer précocement à quel moment les artères perdent la capacité de conduire le sang en quantité et vitesse nécessaires au bon fonctionnement du cœur. On peut comprendre cette association car les raisons pouvant entraîner un problème d’érection sont les mêmes que celles qui conduisent aux maladies coronariennes, comme l’obésité, l’hypertension et le diabète. Dans ces deux études, le diabète était au moins 2,2 fois plus fréquent et l’hypertension 1,5 fois chez les hommes souffrant de dysfonction érectile que dans ceux de l’autre groupe. L’association entre les problèmes coronariens et l’incapacité érectile apparaît également dans l’une des plus grandes études épidémiologiques jamais réalisées par un pays dans ce domaine et appelé projet Avaliar. C’est ainsi que 4.377 médecins ont interrogé 71.503 hommes de plus de 18 ans dans 380 villes de 24 états brésiliens. Cette étude réalisée entre le mois d’août 2002 et janvier 2003, a montré que l’incapacité érectile, légère, modérée ou grave, passait de 47% pour des hommes ayant une pression artérielle normale, à 73,5% pour ceux qui souffraient d’hypertension grave et de 48,2% pour des hommes ayant un poids normal à 60,7% pour les hommes obèses.

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e cette aridité des chiffres surgit une conclusion qui peut être très utile. “Pour prévenir la dysfonction érectile, il suffirait d’agir sur les facteurs de risque des maladies coronariennes, comme l’obésité, l’hypertension, le sédentarisme et le diabète”, déclare Nardozza. Il rappelle également que le diabète, pris de manière isolée, est la principale cause de ce problème masculin en raison de ses deux effets; il endommage autant les vaisseaux sanguins que les terminaisons nerveuses du pénis. C’est pour cela que les hommes diabétiques bénéficient peu de médicaments pour lutter contre la dysfonction érectile, chimiquement appelés inhibiteurs de phosphodiesterase. En effet, en contenant l’action de l’enzyme phosphodiesterase et en maintenant l’oxyde nitrique en circulation pour plus de temps, ce composé stimule le flux sanguin et dilate les artères du pénis, mais ne peut rien faire pour les nerfs détruits par l’excès de sucre dans l’organisme.

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La difficulté érectile est la conséquence de l’obstruction graduelle des vaisseaux sanguins, mais elle peut également être autant la cause que la conséquence de la dépression, déséquilibre psychique le plus fréquent auquel elle est associée. Une étude publiée dans le Journal of Affective Disorders en 2004 montre clairement cette relation à double sens. Une équipe coordonnée par Alfredo Nicolosi, chercheur à l’Institut de Technologies Biomédicales de Milan en Italie, a interrogé 2.417 hommes au Brésil, en Italie, au Japon et en Malaisie. Parmi ces hommes, 2% souffraient de dépression déjà diagnostiquée, mais 21% indiquaient des symptômes dépressifs, comme une tristesse prolongée sans raison apparente. La dépression était plus fréquente chez les hommes plus jeunes qui souffraient de dysfonction érectile et qui nourrissaient de grandes expectatives pour une vie sexuelle normale et saine. Femmes – On estime que sur la planète,

150 millions d’hommes de plus de 18 ans souffrent des formes légères, modérées ou graves de dysfonction érectile. Au Brésil vivent environ 11 millions d’individus qui, durant les 12 mois précédents la recherche, ont au moins durant deux mois successifs soufferts de problèmes d’érection. La forme la plus légère prédomine avec 26,6% du total qui, dans la majorité des cas, ne doit pas alarmer car cette forme est passagère et n’affecte pas la santé. La modérée représente 18,3% des cas et la forme la plus grave 3,5% de la totalité. Ces deux dernières sont réellement préoccupantes car elles peuvent indiquer des problèmes circulatoires ou cardiaques. Selon Moreira Júnior, 1 million de nouveaux cas de ce type de trouble sexuel masculin vont apparaître au Brésil chaque année. Mais il rappelle que le manque d’érection n’est considéré trouble sexuel que quand il complique la vie ou nuit aux relations conjugales ou sociales. Ce n’est pas seulement l’incapacité érectile qui sonne comme une menace à la virilité. Statistiquement, un homme sur quatre présentera au moins durant sa vie un trouble sexuel, allant du manque de désir à l’éjaculation précoce, sans conséquences plus sérieuses pour la santé. Pour une femme sur cinq il peut s’agir d’un manque de désir ou d’orgasme, et deux sur cinq peuvent avoir certains prob-



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indiquent que dans le monde, 28% des hommes et 39% des femmes souffrent d’un type de problème sexuel, considérant à peine les formes modérées et graves. D’après le psychiatre Jair Mari professeur à l’Unifesp, des études de ce type sont normalement essentiellement descriptives et “dépourvues du contexte médical, social et culturel”. On ne considère pas l’apparition simultanée d’autres déséquilibres organiques ou l’utilisation de remèdes qui pourraient être associés au problème d’érection, ni le type de vécu ou les circonstances qui pourraient l’expliquer, encore moins des comportements intrigants comme celui de Séverine, personnage principal de Belle de Jour, film de Luis Buñuel, tourné en 1967. Séverine, interprétée par Catherine Deneuve, aime son mari mais n’arrive à se libérer sexuellement qu’avec les hommes qu’elle rencontre chaque après-midi dans une maison close. Pour éviter les chiffres gonflés et les résultats alarmistes, Moreira Júnior souligne cependant que cette étude s’est attachée à considérer l’apparition simultanée d’autres problèmes de santé et de circonstances personnelles, comme le chômage ou le décès de proches, qui peuvent interférer temporairement dans la vie sexuelle. Selon lui, les questionnaires ont été préparés et analysés non seulement par des médecins mais également par des statisticiens, des sociologues, des anthropologues et des psychiatres.

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tion vaginale sont en proportions équivalentes pour 16% des femmes. Curieusement les problèmes les plus fréquents chez les femmes étaient les moins fréquents chez les hommes. En effet, seul 9% des hommes parlent d’un manque d’intérêt sexuel, soit deux fois moins que les femmes. 15% des femmes ont déclaré que le sexe n’était pas une activité plaisante, alors qu’à peine 6% des hommes ont donné la même réponse.

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Univers parallèles – De nombreux résultats doivent encore être interprétés, mais ils quantifient déjà les sources potentielles d’insatisfaction dans la vie sexuelle, comme l’éjaculation précoce qui touche 14% des hommes dans le monde. Ces études qui concernent des représentants de populations de cultures et d’ethnies les plus variés, révèlent également les dimensions des problèmes de la sexualité féminine, dont les causes et les conséquences (selon l’aveu même des chercheurs) sont moins bien étudiées que chez les hommes. Parmi les femmes, 21 % des participantes à cette étude parlent d’un manque d’intérêt sexuel. L’incapacité d’atteindre l’orgasme et les problèmes de lubrifica44

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a gynécologue Eleonora Bedin Pasqualotto, professeur à l’Université de Caxias do Sul, dans l’État du Rio Grande do Sul, attribue ces différences aux visions contrastées des hommes et des femmes sur leur propre corps et du rôle sexuel qu’ils se doivent de jouer. “À l’inverse des hommes, les femmes accordent davantage d’attention à la perception qu’elles ont d’elles-mêmes car elles se laissent généralement influencer par des stéréotypes de beauté féminine et elles valorisent tout le corps, déclare-t-elle.”. Quand elles se sentent grosses ou laides devant le miroir, même sans l’être, elles peuvent s’éloigner du partenaire, réfréner le désir et cultiver à peine les souvenirs des longues nuits d’amour. “Les hommes par contre, ne se laissent pas abattre par ce qu’ils voient dans le miroir, même si les transformations provoquées par l’âge deviennent évidentes, ils ne se soucient que de leurs performances sexuelles”. Cette obstination en matière de performance sexuelle permet de comprendre pourquoi, au Brésil, les hommes achètent 1,18 million de comprimés pour lutter contre l’impuissance chaque mois. Le Brésil est l’un des plus grands consommateurs mondiaux de ces remèdes, critiqués pour alimenter chez les hommes, même pour ceux qui commencent leur vie sexuelle, la peur de l’échec à un moment où ils pensent que l’érection est une obligation et une preuve indéniable de masculinité. Sur un panneau publicitaire placé en face d’une pharmacie à l’entrée de l’Université Publique de Campinas (Unicamp), les premiers remèdes annoncés pour un public majoritairement jeune sont justement ceux pour lutter contre l’impuissance. Depuis longtemps, leurs consommateurs ne sont

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plus seulement les hommes qui ont réellement besoin de traitement contre la dysfonction érectile. Mari appelle à plus de prudence: “L’utilisation précoce et prolongée de ces remèdes peut créer un manque de confiance en soi et une dépendance psychologique”. Préjugés – Dans une étude publiée l’an-

née dernière dans la revue Clinics, Eleonora Pasqualotto déclare que, chez les femmes, les manifestations qui pourraient être vues comme dysfonction sexuelle indiquent en vérité une insatisfaction avec leur propre vie ou avec la relation conjugale et parfois un mécanisme de défense psychique, résultat d’expériences sexuelles traumatisantes. Elle rappelle également que la persistance des préjugés sociaux conduit à un blocage du désir et à la difficulté de répondre aux stimulations sexuelles. Avec la pilule anticonceptionnelle, les femmes s’éloignent de la crainte de tomber enceinte chaque fois qu’elles ont une relation sexuelle, mais elles ne se délivrent pas du poids des stigmates sociaux et d’un modèle de comportement social qui encourage l’initiation sexuelle des hommes et renforce la virilité, alors que celle des femmes est réprimée, sous peine de dévalorisation et de promiscuité. Résultat: des hommes anxieux et des femmes insatisfaites. Parmi les représentants de 29 pays, les brésiliens présentent le deuxième plus grand pourcentage d’éjaculation précoce (30%), juste derrière les espagnols (31%), ce qui reflète ce souci de performance et les stéréotypes sexuels. Ce fut un résultat inattendu, dont les effets peuvent déjà être esquissés: “L’homme se frustre, mais s’habitue à l’éjaculation précoce”, déclare Moreira Júnior. “La femme se frustre davantage.” L’éjaculation précoce n’est pas l’unique raison du mécontentement féminin. Les femmes brésiliennes sont celles qui se montrent les plus insatisfaites avec la durée des préliminaires avant l’acte sexuel. En effet, 22% des brésiliennes, pratiquement le double de la moyenne mondiale, souhaiteraient que les préliminaires durent plus longtemps. Dans le monde, la quasi-totalité des participants (92% des hommes et 91% des femmes) estiment que le contact physique et les caresses sont très importants, même sans relation sexuelle.







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ture aurait favorisé la survie de ceux dont l’habileté à tirer profit de cette information était la plus grande. D’après ce raisonnement, la nécessité toujours plus grande de traiter des informations environnementales aurait favorisé l’apparition de cerveaux de plus en plus volumineux; celui des tamarins, distants de 35 millions d’années du point de vue évolutif, pèse environ 30 grammes, alors que le nôtre, quarante fois plus gros, pèse environ 1 350 grammes. Articulation machiavélique - Mais tous n’étaient pas d’accord. En 1976, le psychologue anglais Nicholas Humphrey avait suggéré que le facteur responsable de l’évolution du cerveau des primates était d’ordre social. La nature aurait bénéficié ceux capables de se lier avec les autres membres du groupe, et même de les manipuler dans le but de maintenir le groupe uni. Selon Humphrey, cette habileté serait liée à la capacité de traiter une autre catégorie d’information, connue comme sociale ou machiavélique, en référence au penseur florentin Nicolas Machiavel. En 1513, Machiavel a décrit dans Le Prince les articulations politiques et sociales utilisées par les souverains pour préserver le pouvoir. C’est cette catégorie d’information qu’un bébé de tamarin empereur, voire un tamarin à tête brune adulte, utilise quand il abandonne un cajá ou un ingá (fruits des arbres cajazeira et inga) qu’il vient de trouver et qu’il les laisse au mâle dominant. Les particularités de chaque espèce étant respectées, il s’agit d’une décision similaire à celle de quelqu’un qui laisse un bandit armé voler sa voiture sans réagir parce qu’il sait que les chances de ne pas être blessé et d’acheter plus tard une nouvelle voiture sont plus grandes. Humphrey argumentait que les primates doivent être des “êtres calculateurs”: ils doivent être capables d’évaluer les conséquences de leur propre comportement, de celui des autres et de l’équilibre entre profits et pertes, des décisions prises sur la base d’informations pas toujours fiables. Si l’on suppose que cette situation est la plus fréquente dans la nature, cette habileté ou intelligence aurait été la principale force ayant contribué au modelage des transformations survenues dans le cerveau des primates depuis

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l’apparition de ce groupe d’animaux, il y a près de 50 millions d’années. Durant presque trois décennies, les partisans de chaque hypothèse ont collecté des preuves sans pour autant arriver à un consensus. Aujourd’hui, dans cette série d’expérimentations avec les tamarins d’Amazonie, Bicca-Marques en est arrivé à une conclusion conciliatrice. Il est impossible de déterminer la suprématie d’une forme d’intelligence sur une autre: toutes deux sont essentielles à la survie des tamarins. Selon le primatologue, “une des conséquences de la vie en groupe est que les primates doivent décider de l’endroit où chercher de la nourriture en prenant en compte la probabilité de trouver à manger dans un lieu donné, une information environnementale, associée à la possibilité d’avoir accès à la nourriture ou de la partager avec les autres membres du groupe, une information sociale”.

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icca-Marques a commencé à se rendre compte que ces facteurs n’avaient pas agi isolément sur le développement du cerveau lors de l’observation du comportement de ces singes au moment du repas. En 1993, il quitta son travail au Ministère de l’Environnement, à Brasilia, et rejoignit l’Université Fédérale de l’État d’Acre (Ufac) pour étudier ces tamarins qu’il ne connaissait qu’à travers les livres. Parallèlement, il contacta l’anthropologue nord-américain Paul Garber, de l’Université de l’Illinois à Urbana. Spécialiste du comportement de ces tamarins, Gaber l’aida à planifier les expérimentations permettant de contrôler l’accès des singes à la nourriture. Sur une surface de 3 hectares du Parc Zoobotanique de l’Ufac, Bicca-Marques installa des stations d’alimentation où il était possible de contrôler les conditions dans lesquelles les tamarins empereur (Saguinus imperator) et les tamarins à tête brune (Saguinus fuscicollis) trouvaient de la nourriture. Chaque station était formée de huit plateaux, disposés dans un cercle de 10 mètres de diamètre. À une quinzaine de pas de chaque station, il monta une tour d’observation semblable à une maison sur pilotis, à l’intérieur de laquelle on pouvait observer les singes sans être vu. Du 22 septembre 1997 au 29 janvier 1998, Bicca-Marques et trois étu-

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diants en biologie se levèrent chaque matin à 3 h 30 pour aller s’installer dans les tours où, très souvent sous une température de presque 40 degrés, ils restaient assis pendant neuf à dix heures pour accompagner les repas des tamarins. Sur quasiment 4 000 heures d’observation, les singes ont visité les stations 1 294 fois. La majeure partie du temps, cinq ou six tamarins d’une même espèce – S. imperator ou S. fuscicollis – apparaissaient pour le repas. Au cours des 120 journées d’expérimentation, l’équipe du primatologue prépara simultanément quatre stations tests, dans lesquelles les singes devaient apprendre que les bananes étaient toujours sur les mêmes plateaux – alors que les autres contenaient des bananes en plastique –, ou qu’un cube jaune ou un bâton en bois coloré indiquait la position de la nourriture. Les singes ont bien réussi le premier test, mais seuls quelques membres des groupes de tamarins empereurs et tamarins à tête brune découvrirent que le cube jaune ou le bâton en bois indiquaient le plateau avec la banane. Le fait que certains tamarins n’utilisent pas ces signaux pour trouver à manger ne signifie pas qu’ils soient incapables d’associer. Si l’on analyse ces résultats en prenant en compte l’espèce – S. imperator ou S. fuscicollis – au lieu de chaque individu du groupe, on s’aperçoit que les tamarins empereurs comme les tamarins à tête brune savent traiter des informations environnementales pour trouver de la nourriture. Pertes et profits - Mais c’est le comportement de ces tamarins – lorsqu’ils venaient se nourrir en groupes d’une seule espèce ou en groupe mixte – qui a montré le suivant: il n’est réellement pas possible de séparer l’influence de l’intelligence environnementale sur le développement du cerveau de l’influence de l’intelligence sociale. Dès que l’une des deux bandes de tamarins empereurs apparaissait pour manger seule, le mâle le plus fort du groupe – appelé dominant ou alpha, une espèce de chef – attendait que ses subalternes localisent les bananes avant de se manifester et de s’approprier ce qu’il considérait comme sien. Il ne se passait la même chose que dans les groupes mixtes. Ce n’est que chez les tamarins à tête brune que le niveau de collaboration était plus élevé: fréquemment, tous s’efforçai-



































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qu’une scène où un couple se consacre à des activités sexuelles. La censure s’efforçait de mettre en avant l’idéal de l’époque, qui préconisait que le communisme international se trouvait partout dans la vie quotidienne. Pour les théoriciens de la notion de sécurité nationale, montrer une scène de sexe avant le mariage, des critiques de l’autoritarisme des parents, la révolte des adolescents, tout cela constituait des ‘manifestations du communisme’pour détruire les familles et les institutions. Il s’agissait d’un virus invisible à l’œil nu, seulement perçu par les censeurs qui se considéraient comme des personnes préparées”. Dans les années 1970 pourtant, le gouvernement qui dix ans auparavant avait réprimé les jambes habillées de bas de l’actrice Fernanda Montenegro dans La Morte de Leon Hirszman, fut de connivence avec l’ascension de la pornochanchada (comédie pseudo-érotique). “C’est la question que je me pose”, déclare Souza Pinto,“lorsque j’analyse le second segment de documents de la censure à apparaître bientôt sur le site. Mon intuition initiale me fait penser que l’encouragement de la pornochanchada fut une forme supplémentaire trouvée par la dictature pour éloigner les spectateurs des cinémas. Je n’en suis pas encore sûre, mais de quel autre but s’agirait-il sinon d’encourager un type de cinéma qui provoquerait assurément la colère de la bourgeoisie conservatrice et formatrice de l’opinion?” Pour le critique Simões, la mansuétude à l’égard des films de femmes nues fonctionna aussi pour éloigner les cinéastes des sujets sérieux. Ils permettaient de gagner de l’argent sans provoquer de maux de tête. Dans le champ politique, la bonne volonté était plus difficile. La stratégie présomptueuse développée par certains censeurs était de libérer des films qui selon eux ne seraient pas compris par le public et deviendraient, rapidement, politiquement inoffensifs. En suggérant la libération du film Terre en transe de Glauber Rocha, un censeur observe:“En partant de la fiction, Rocha réussit à faire de l’irréel une idée plus parfaite que l’original. Pourtant, le sujet ne plaira pas au public profane en raison de sa complexité et du montage elliptique du récit. Il s’agit d’un film destiné à une élite intellectualisée, car sa construction et son expression sont trop

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cartésiennes, recherchant quelque chose d’abstrait pour exprimer un problème politique”. Quelques mois plus tard, un document confidentiel demandait “d’informer le nom du censeur responsable de la libération des films La chinoise et Terre en transe, d’éclaircir également le contenu idéologique des films cités et de voir si des irrégularités avaient été commises à l’occasion de leur libération”. Il faut interdire ceux qui n’interdisent pas.

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usqu’en 1966, les rapports sollicitant une évaluation des instances supérieures étaient rares. Les censeurs se sentaient en confiance vis-à-vis de leur évaluation. Mais en 1968 cela commence à se produire régulièrement, illustrant le changement de direction qui se structure dans la censure; il s’agit, en quelque sorte, d’un reflet de l’incertitude du choc entre les militaires partisans de la ligne dure et ceux plus ouverts. Avec l’AI-5, toute erreur est punie. Les censeurs craignent alors d’autoriser un film”. Bien que le film Les conspirateurs de Joaquim Pedro ait été disséqué par les censeurs, aucun motif ne fut trouvé pour l’interdire (des professeurs ont même été convoqués pour aider à découvrir des messages occultes). Une fois à l’affiche, un document confidentiel demande en 1972 des éclaircissements sur la libération:“La revue Manchete a publié un reportage affirmant que le ‘film était l’histoire de Tiradentes que les livres ne racontent pas’. On soupçonne donc que le film présente des connotations subliminales à caractère subversif”. Les figures emblématiques du pays pouvaient aussi connaître des problèmes. Pour que la bande-annonce du film Roberto Carlos em ritmo de aventura (Roberto Carlos sur un rythme d’aventure) puisse être libérée, Delfim Netto envoya une demande au ministre de la Justice: “J’ai l’honneur de solliciter une exception dans le cas du film, car il s’agit d’une histoire dont le protagoniste est l’artiste populaire brésilien le plus admiré”. Le cercle se refermait.“Le fait que les films soient libérés ou non par le directeur général de la censure, qui prenait les rapports et donnait sa décision finale selon son bon plaisir, devient habituel”, raconte Souza Pinto. C’est le cas par exemple pour le film Allez Brésil, également de Farias. Un rapport disait “Le

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message principal est un appel à la prise de conscience, qui conduit à méditer sur l’insécurité pernicieuse dans des époques de convulsion intestine. Néanmoins, face à l’ouverture politique, on ne peut nier sa libération censoriale”. On va même jusqu’à demander au directeur d’insérer, au début du film, un message du régime “Ce film se passe en 1970, à un des moments les plus difficiles de la vie brésilienne, lorsque le gouvernement s’appliquait à lutter contre l’extrémisme armé. Enlèvements, morts, excès, moments de douleur et d’affliction. Aujourd’hui une page tournée dans l’histoire d’un pays qui ne peut perdre la perspective du futur”. Tout semblait en ordre et le film fut libéré par les censeurs. Toutefois, Farias reçut un court message “Je vous fais savoir que cette division, après examen, n’a pas libéré le film Allez Brésil. Cordialement, Solange Maria Teixeira Hernandez, directrice de la censure”. Madame Hernandez a donc pensé différemment de ses collègues. Si les cinéastes ont souffert, le public, lui, a perdu son cinéma. Le besoin de recourir à des métaphores dans les films pour vaincre la censure provoqua la séparation entre le cinéaste et le spectateur. “Nous avons consciemment rendu la communication difficile”, rappelle Nelson Pereira dos Santos.“On n’avait pas d’autres choix. La censure était sophistiquée, elle en devenait cynique. Un censeur me disait ‘personne ne va comprendre ces films’”. Pour Leonor S. Pinto, l’obligation de changer de styles et de langages pour pouvoir continuer à travailler amena les cinéastes à s’enfermer dans un hermétisme, avec pour conséquence la méfiance du public vis-àvis des films brésiliens. Une méfiance qui persiste encore aujourd’hui chez certains. Très souvent pourtant, la complexité n’était pas intentionnelle. Plusieurs films souffraient de vetos si extrêmes qu’à leur arrivée sur les écrans ils étaient pratiquement incompréhensibles.“Il vaut mieux interdire le film, car les coupures sont si nombreuses que la pellicule va devenir un court-métrage sans aucun sens”, observe un censeur. Certains réalisateurs plaçaient des scènes polémiques afin de créer des “surplus” qui allaient permettre au censeur de couper sans interdire. Un censeur vociféra dans son rapport “Il semble que Neville d’Almeida ait agit ainsi dans Piranhas do asfalto (Putains du trottoir). Mais comme il est question de cinéma brésilien, pour démontrer notre compréhension
















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