Présidentielle
Supplément au journal du Mercredi 19 avril 2017 - Ne peut être vendu séparément.
CAHIER SPÉCIAL
Directeur de la publication : Jean-Dominique Lavazais - Imprimerie : La Voix du Nord
POLITIQUE
Les candidats et leur programme THÉMATIQUES Travail, santé, euro... À chacun son projet Pages II et III
À cinq jours du premier tour, voici un tour d’horizon des principales mesures que les onze candidats veulent mettre en place, s’ils sont élus au sommet de l’État.
PORTRAITS Les onze candidats à la loupe Pages VI et VII
CAHIER SPÉCIAL
II
COURRIER PICARD MERCREDI 19 AVRIL 2017
POLITIQUE
CES THÈMES QUI DIVISENT LES CANDIDATS Temps de travail, assurance chômage, retraite, santé, agriculture, transports… Autant de sujets du quotidien sur lesquels les candidats ont des avis bien tranchés.
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LE TEMPS DE TRAVAIL
Sujet récurrent de la campagne, le temps de travail divise profondément les candidats. Qu’il s’agisse de l’augmenter ou de le baisser, comment entendent-ils procéder ? François Fillon est le seul à vouloir supprimer la référence à la durée légale de 35 heures. Il renvoie la définition de la durée du travail, et donc du seuil de déclenchement des heures supplémentaires, à la négociation d’entreprise, ou de branche pour les plus petites. Après un an ou dix-huit mois d’expérience, une nouvelle durée légale sera fixée au vu de ce qui aura été négocié. Dans la fonction publique, il prévoit des négociations par secteur pour passer à 39 heures. Sans supprimer les 35 heures, Emmanuel Macron souhaite « redonner de la souplesse » en fonction des secteurs et des entreprises. Il propose que les accords de branche et d’entreprise majoritaires fixent une durée pouvant déroger à la loi, et donc le niveau de majoration des heures supplémentaires. Marine Le Pen n’autorisera, elle, que les négociations de branche pour allonger le temps de travail. À l’opposé, Benoît Hamon et JeanLuc Mélenchon prônent une réduction mais en maintenant les 35 heures légales. Le candidat socialiste évoque des incitations à diminuer le temps de travail. Sur le modèle des lois de Robien, les entreprises qui s’engageraient dans une réduction du
TSU02.
temps de travail (32 heures, semaine de quatre jours, temps partiel…) verraient leurs cotisations sociales diminuer. Celui de La France insoumise veut une sixième semaine de congés payés, favoriser la semaine de quatre jours et appliquer les 32 heures pour les travailleurs de nuit et métiers « pénibles ». Il veut également limiter le forfait-jour aux seuls cadres dirigeants et revenir sur les élargissements du travail du dimanche.
2
L’ASSURANCE CHÔMAGE
L’avenir de l’assurance chômage divise les candidats à la présidentielle, alors que de nouvelles règles doivent entrer en vigueur en septembre. La logique de Benoît Hamon (PS) et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) s’oppose à celle de François Fillon (LR). À travers sa « sécurité sociale intégrale », M. Mélenchon promet d’indemniser tous les chômeurs, « dès le premier jour » et « même les démissionnaires ». Aujourd’hui, seulement 43 % des inscrits à Pôle emploi sont indemnisés par l’Unedic, notamment parce qu’il faut avoir cotisé quatre mois sur les 28 derniers pour être éligible. Benoît Hamon, qui ne prévoit pas de modifier l’indemnisation, mise, lui, sur son « revenu universel d’existence » pour augmenter le revenu des chômeurs. Il « s’additionnerait aux allocations », qui entreraient « dans la base de calcul du revenu universel », explique Julia Cagé, sa conseillère économique. À l’inverse, François Fillon veut introduire une « dégressivité » des allocations et accroître les sanctions, peu appliquées aujourd’hui, contre les chômeurs qui ne recherchent pas d’emploi. Objectif : « Inciter au retour à l’emploi », selon son équipe. Emmanuel Macron propose une voie intermédiaire, avec de nouveaux droits, comme l’indemnisa-
tion des démissionnaires, en contrepartie d’un contrôle accru. Le candidat d’En Marche ! veut étoffer les équipes de contrôle de Pôle emploi, qui passeraient « de 200 à 1 000 agents », et rendre les sanctions plus efficientes et graduées. Seul Emmanuel Macron veut ouvertement « reprendre en main le pilotage du régime » d’indemnisation chômage, aujourd’hui entre les mains des partenaires sociaux. Ces derniers se sont accordés fin mars sur de nouvelles règles d’assurance chômage. L’accord doit permettre, en année de croisière, d’économiser 891 millions d’euros, en jouant sur les règles d’indemnisation des seniors et sur la formule de calcul des allocations, et de générer 270 millions d’euros de recettes nouvelles, grâce à une légère hausse des cotisations patronales.
3
LA RETRAITE
Les candidats à l’Élysée divergent sur l’avenir du système de retraite, qui pourrait faire l’objet de nouvelles réformes. Aujourd’hui un salarié du privé peut partir à la retraite à 62 ans s’il a cotisé 41,5 ans (une durée progressivement allongée à 43 ans pour la génération 1973). Voulu par le candidat LR François Fillon, le report de 62 à 65 ans de l’âge minimum de départ à la retraite améliorerait les finances du système à court et moyen termes, mais aurait moins d’effets à long terme, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR) : en travaillant plus longtemps, le montant des pensions est plus élevé. Le report de l’âge soulève une difficulté : s’il augmente le taux d’emploi des seniors, il augmente aussi celui de chômage. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen promettent de revenir à la retraite à 60 ans et de ramener la durée de cotisation à 40 annuités pour une retraite pleine. L’institut
Onze candidats et une multitude de propositions sur les différentes thématiques qui intéressent les Français. AFP Montaigne, think tank réputé libéral, évalue le coût à 27 milliards d’euros sur cinq ans. ...............................................................
L’allongement de l’espérance de vie, une entrée dans la vie active tardive et un chômage élevé risquent de créer un “déséquilibre démographique” De son côté, Benoît Hamon maintient l’âge de départ à 62 ans et prévoit un don de trimestres validés entre conjoints, pour « favoriser la retraite à taux plein du conjoint qui n’a pas suffisamment de trimestres ».
Quant au compte pénibilité, qui permet, sous conditions, une retraite anticipée, M. Fillon entend l’« abroger », M. Macron le « suspendre » pour une mise en œuvre « de manière adaptée par branche ». Pour ce dernier, un euro cotisé ouvrira les mêmes droits, « quels que soient votre secteur, votre catégorie ou votre statut ». Inspiré du système suédois, ce dispositif consiste à accumuler des points au fil de sa carrière qui seront convertis en euros, en fonction de l’âge de départ : plus on part tard, plus la pension est élevée, avec une prise en compte de la pénibilité. La valeur du point sera calculée en fonction de l’espérance de vie et de la croissance au moment du départ à la retraite.
COURRIER PICARD
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MERCREDI 19 AVRIL 2017
III LES AUTRES POINTS Énergie Les cinq principaux candidats souhaitent tous l’essor des énergies renouvelables mais se divisent sur leur rythme de développement et le nucléaire. Benoît Hamon prône l’abandon progressif de l’atome d’ici 25 ans avec une électricité issue à 50 % du nucléaire d’ici 2025, comme le prévoit la loi, et 100 % renouvelable en 2050. Il favoriserait la production citoyenne d’énergie. Emmanuel Macron reprend l’objectif de 50 % de nucléaire en 2025 (dont la fermeture de Fessenheim) et, pour la suite, attend l’avis de l’Autorité de sûreté du nucléaire de 2018 sur la prolongation des centrales au-delà de 40 ans. L’État « encouragera l’investissement privé » dans l’éolien et le photovoltaïque. Jean-Luc Mélenchon prône la fermeture des centrales sur 25 ans et 100 % de renouvelables en 2050. Il nationaliserait EDF et Engie. Pour François Fillon, il faut « moderniser le parc nucléaire pour en prolonger la durée d’exploitation » et autoriser l’autoconsommation. Marine Le Pen veut aussi garder Fessenheim et booster le nucléaire. Elle soutiendrait la filière hydrogène mais décréterait « un moratoire sur l’éolien ».
Transports La fiscalité du diesel – classé cancérogène par l’OMS – doit être alignée sur celle de l’essence d’ici 2022 pour Macron, favorable à une prime de 1 000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique ou hybride, neuf ou d’occasion, remplaçant un vieux diesel. Hamon préconise la fin de cet avantage fiscal et une sortie du diesel d’ici 2025 pour les voitures neuves. Il annonce une écotaxe pour les poids lourds (confiée aux régions). À terme, « il faudra arrêter de produire des véhicules diesel », dit Mélenchon, qui prône aussi ferroutage, cabotage maritime et une « taxe kilométrique » à la frontière intégrant le coût écologique des produits importés. Il veut revenir sur les bus Macron quand ils concurrencent les TER. Sans précision, Fillon veut « renforcer le processus progressif de diminution de la part du diesel ». Pour Le Pen, pas question d’une réforme de la fiscalité qui pénaliserait les « classes modestes ».
Agriculture Sur les pesticides, Macron interdirait le cumul des fonctions de conseil aux agriculteurs et de vente. Il prévoit 50 % de produits bio/locaux à la cantine d’ici 2022. Hamon veut charger le ministère de la Santé (et non de l’Agriculture) d’homologuer les pesticides. Les plus dangereux seraient interdits. Il vise 50 % de bio à la cantine en 2025, veut mettre de l’ordre dans les réglementations de l’aquaculture. Mélenchon veut une alimentation 100 % bio dans la restauration collective, bannir les pesticides nuisibles. Fillon parle de labels, de « protéger les pollinisateurs » mais défend « moins de normes » pour les agriculteurs. Le Pen veut interdire les importations ne respectant pas les normes françaises de sécurité sanitaire.
Bâtiment
DES PROMESSES FORTES POUR LA SANTÉ Une fois n’est pas coutume, la santé s’est fait une place dans le débat présidentiel. Le prochain président devra composer avec le déficit de l’Assurance maladie, « mauvaise élève » de la Sécurité sociale. En 2016, il était de 4,8 milliards d’euros, le gouvernement visant 2,6 milliards pour 2017, après un douloureux plan d’économies de 10 milliards sur trois ans. Le double en cinq ans, soit 20 milliards d’euros, c’est l’objectif du candidat de la droite François Fillon pour équilibrer les comptes, contre 15 milliards pour Emmanuel Macron, qui mise notamment sur la prévention. Marine Le Pen, promet, elle, « de pérenniser le financement de la sécu en simplifiant l’administration du système, en luttant contre la gabegie et en investissant dans le numérique ». Tous les candidats veulent améliorer la prise en charge des frais de santé. Mais Jean-Luc Mélenchon promet un tournant radical : le remboursement intégral des soins prescrits par l’Assurance maladie, où seraient « rapatriés » les mutuelles et leurs personnels, notamment grâce à la transformation des primes versées à ces organismes en cotisations sociales. Contraint de revoir sa copie après le tollé
suscité par son projet de transférer les « petits risques » aux mutuelles, François Fillon vise désormais, comme Emmanuel Macron, un reste à charge zéro pour les soins dentaires, optiques et les prothèses auditives d’ici à 2022, auquel il rajoute la prise en charge des dépassements d’honoraires par les complémentaires. M. Macron, qui mise sur la concurrence, exclut toute augmentation de leurs tarifs, quand M. Fillon promet une augmentation « maîtrisée » grâce à une agence de régulation. Ce dernier promet aussi le remboursement intégral par la sécu des lunettes pour enfants. Ouvert à l’idée d’une mutuelle publique, selon son équipe, le candidat du Parti socialiste Benoît Hamon veut augmenter la participation de la sécu sur ces postes. Par ailleurs, François Fillon et Marine Le Pen veulent supprimer le tiers payant (dispense d’avance de frais) généralisé, mesure phare de la ministre Marisol Touraine, décriée par les médecins libéraux. Ils s’accordent aussi sur la fin de l’aide médicale d’État (AME, destinée aux étrangers sans papiers), que M. Fillon veut remplacer par une dispense d’avance des frais, limitée aux urgences et maladies graves (hors mineurs).
Mélenchon annonce « un grand plan de rénovation et d’isolation thermique principalement pris en charge par l’État », Hamon un « plan massif », Macron aussi avec, notamment, un audit gratuit des logements les plus énergivores et une prime au début des travaux en lieu et place du crédit d’impôt. Fillon envisage un crédit d’impôt pour favoriser les « éco-matériaux ».
Déchets Fillon veut encourager le recyclage, notamment en réduisant la TVA sur les produits comprenant 50 % de matériaux recyclés. Macron soutient l’économie circulaire – opportunité pour l’emploi – et compte diviser par deux les déchets ménagers mis en décharge en 2025, objectif fixé par la loi en 2015. Hamon et Mélenchon parlent de plan « zéro déchet ». Le premier veut la fin de l’incinération, lutter contre le gaspillage alimentaire, obliger les métropoles à recycler 50 % des déchets à horizon 2022. Le second veut allonger la durée de garantie des produits. TSU02.
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CAHIER SPÉCIAL
IV
MERCREDI 19 AVRIL 2017
Ă€ CHAQUE CANDIDAT Ordre des candidats selon le tirage au sort du Conseil constitutionnel
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France)
Marine Le Pen (Front national)
Emmanuel Macron (En marche !)
EMPLOI/ CHÔMAGE
RETRAITE
SÉCURITÉ/ DÉFENSE
IMMIGRATION
ExonÊration des charges pendant 5 ans pour l’emploi d’un chômeur de longue durÊe. CrÊation de 2 millions d’emplois grâce à la baisse des charges et au patriotisme Êconomique.
Maintien de l’âge lÊgal de dÊpart et du nombre d’annuitÊs requis. Indexation des pensions sur l’inflation au minimum. Augmentation des pensions de 100 ₏/mois.
CrÊation de nouvelles centrales nuclÊaires  plus sÝres et sans dÊchets  (thorium, fusion nuclÊaire...). DÊveloppement du solaire. Conditions plus dures pour l’implantation des Êoliennes.
30 000 gendarmes, policiers et douaniers en plus. Budget dÊdiÊ au renseignement doublÊ. 50 000 militaires en plus. Service militaire de 3 mois. Équipements militaires modernisÊs.
Demande d’asile uniquement possible aux frontières, et impossible après plusieurs semaines de clandestinitÊ. Quota d’immigration votÊ tous les ans. Regroupement familial limitÊ.
DurÊe lÊgale du travail à 35 h mais allongement nÊgociable au niveau des branches. Surtaxe sur l’embauche de salariÊs Êtrangers. Suppression du compte pÊnibilitÊ.
Retraite à 60 ans (40 ans de cotisation). DÊͤscalisation de la majoration pour les personnes ayant ÊlevÊ au moins 3 enfants. Majoration des pensions selon la pÊnibilitÊ.
Poursuite de l’exploitation des centrales nuclÊaires (programme  Grand CarÊnage ). Gaz de schiste interdit. DÊveloppement du renouvelable. Refus du modèle des fermesusines.
15 000 policiers et gendarmes et 50 000 militaires en plus. Plan de ÂŤ dĂŠsarmement des banlieues Âť. Renseignement de terrain rĂŠtabli. Service militaire progressivement rĂŠtabli.
Immigration lÊgale limitÊe à 10 000 pers./an, expulsion automatique si situation irrÊgulière. Fin du droit du sol. Demande d’asile seulement depuis le pays d’origine ou limitrophe.
DurÊe lÊgale du travail à 35 h mais accords d’entreprises prioritaires. Droits au chômage si dÊmission une fois tous les cinq ans. Impôt en remplacement des cotisations sociales.
Âge de dÊpart inchangÊ mais adaptÊ notamment selon l’espÊrance de vie de sa CSP. Niveau de pension inchangÊ. Fusion progressive des rÊgimes de retraite.
En fonction du rapport de l’ASN, arrêt ou non de l’exploitation des centrales nuclÊaires. FiscalitÊs diesel-essence alignÊes. 32 % d’ÊlectricitÊ issue du renouvelable en 2030.
CrÊation de 10 000 postes de policiers et gendarmes. Renforcement du renseignement. État-major permanent de la sÊcuritÊ intÊrieure, du renseignement et de l’anti-terrorisme.
Examen des demandes d’asile en 6 mois. Formation au français proposÊe à tout arrivant en situation rÊgulière. CrÊation de 5 000 postes de policiers aux frontières europÊennes.
Revenu universel d’existence. Augmentation du Smic. DurÊe lÊgale du travail à 35 h. Droit au temps partiel. Statut unique de l’actif (salariÊs et indÊpendants).
PĂŠnibilitĂŠ et temps consacrĂŠ aux engagements associatifs pris en compte dans le calcul des retraites. Transfert de trimestres validĂŠs possible entre conjoints.
Sortie du nuclÊaire. 50 % de renouvelable en 2025, 100 % en 2050. Sortie du diesel. Perturbateurs endocriniens interdits. 100 Mds d’₏ pour la rÊnovation urbaine et thermique.
CrÊation d’un coordinateur national du renseignement, renseignement territorial renforcÊ. CrÊation de 1 000 postes de policiers/an. Effectifs de la rÊserve opÊrationnelle doublÊs.
Autorisation de travail pour les demandeurs d’asile. Nombre de places en CADA doublÊ. CrÊation d’un visa humanitaire si  situation de dÊtresse . Opposition aux règles de Dublin.
Licenciements et suppressions d’emplois interdits. Smic à 1 800 ₏. Salaires augmentÊs de 300 ₏. Partage du travail entre tous (chômeurs, jeunes...) sans diminutions des salaires.
Pension de retraite Ă 1 800 â‚Ź minimum. Indexation sur le coĂťt de la vie.
Politique concertÊe HW SODQLͤÊe à l’Êchelle de la planète.
Fin des conflits internationaux, tous liÊs à des intÊrêts Êconomiques. Participation des citoyens aux tâches administratives et de police, et contrôle permanent de ceux-ci.
LibertÊ d’installation et de circulation, rÊgularisation de toutes les personnes en situation irrÊgulière.
Licenciements et suppressions d’emplois interdits. Smic à 1 700 ₏ nets. Salaires augmentÊs de 300 ₏. Passage aux 32 heures sur 4 jours. CDI pour tous.
Retraite Ă 60 ans max. bDQV GH FRWLVDWLRQ , 55 ans pour les travaux pĂŠnibles.
Sortie du nuclÊaire, arrêt immÊdiat des centrales de plus de 30 ans. Service public de l’Ênergie, service public de l’eau. 100 % d’Ênergies renouvelables en 2050.
DÊsarmement de la police (armes offensives). Dissolution des BAC. Fin des exportations d’armes. Retrait des troupes engagÊes à l’Êtranger, arrêt des bombardements au MoyenOrient.
LibertĂŠ de circulation et ĂŠgalitĂŠ des droits pour tous. RĂŠgularisation de tous les sans-papiers. Droit de vote des ĂŠtrangers rĂŠsidant en France Ă toutes les ĂŠlections.
Smic à 1 700 ₏. Indexation des salaires sur le coÝt rÊel de la vie. DurÊe lÊgale du travail à 35 h. DÊͤscalisation des heures supplÊmentaires.
42,5 ans de cotisation pour une retraite à taux plein. Indexation des pensions sur le coÝt rÊel de la vie, plafonnement à 10 fois le Smic. Rejet d’une retraite par capitalisation.
Modèle de dÊveloppement basÊ sur l’Ênergie nuclÊaire, dÊveloppement des technologies de 4e gÊnÊration ͤlière thorium, fusion thermonuclÊaire...).
Modernisation de la force de dissuasion nuclĂŠaire. Nouveaux matĂŠriels pour les armĂŠes. Coordination nationale et europĂŠenne du renseignement, renseignement territorial renforcĂŠ.
Accueil des rÊfugiÊs selon la capacitÊ d’accueil. RÊgulation de l’immigration notamment grâce au  dÊveloppement des pays du Sud . 600 h de français pour les primo-arrivants.
Nationalisations partielles de certaines grandes entreprises. Appel aux lycĂŠes professionnels et entreprises volontaires pour trouver des candidats aux postes non pourvus.
Pas de proposition.
Sortie du nuclÊaire et des Ênergies fossiles, remplacÊes par le renouvelable. Gestion des m ELHQV FRPPXQV } FRQͤÊe à l’État et aux collectivitÊs.
Mise en place d’un service national pouvant être militaire. CrÊation d’un 4e corps d’armÊe contre la cybercriminalitÊ. Arrêt des interventions françaises à l’Êtranger.
Pas de proposition.
Limitation du nombre de CDD/intÊrim dans les entreprises.  Licenciements boursiers  interdits. ContinuitÊ des revenus garantie si perte d’emploi. RÊduction du temps de travail.
Retraite à 60 ans. Pensions au moins Êgales au Smic. Pas d’exonÊration ͤscale pour les rÊgimes par capitalisation. Charges sur les revenus ͤnanciers des entreprises.
b G̾Ênergies renouvelables en 2050. Sortie du nuclÊaire. Obligation de respect des normes Êcologiques pour tous les produits vendus en France. Brevets sur le vivant interdits.
10 000 postes de policiers en plus, 5 000 d’agents administratifs en commissariat. Services de renseignement renforcÊs. Sortie de l’Otan. Mise en place d’une police de proximitÊ.
Construction de camps d’accueil. Refus de l’accord UE-Turquie. DÊveloppement des cours de français. RÊgularisation des travailleurs sans-papiers. Droit du sol rÊafͤrmÊ.
Maintien du rÊgime actuel d’indemnisation du chômage, allocations possibles après une dÊmission. Smic à 1 300 ₏ nets. Travail du dimanche limitÊ à quelques catÊgories.
Principes de la retraite par rÊpartition et d’une retraite minimale inscrits dans la Constitution.
RÊfÊrendum sur l’exploitation du nuclÊaire. DÊveloppement du renouvelable. CrÊation d’une  taxe verte  à l’importation. Interdiction des OGM. Circuits courts favorisÊs.
 Destruction  de Daech en Syrie avec l’aide de la Turquie et de la Russie. Sortie de l’Otan. Budget de la police et de la gendarmerie augmentÊ (moyens, conditions de vie...)
&RQWUœOH m HIͤcace  des frontières. RÊfÊrendum sur l’immigration.
Plafonnement et dÊgressivitÊ des allocations chômage. Fin des 35h (temps de travail ͤxÊ dans l’entreprise). Nouveau type de contrat GH WUDYDLO 6LPSOLͤcation du code du travail.
Retraite Ă 65 ans. Alignement des rĂŠgimes du privĂŠ et du public, suppression des rĂŠgimes spĂŠciaux. 600 â‚Ź en plus par an pour les retraites infĂŠrieures Ă 1 000 â‚Ź/mois.
Exploitation des centrales nuclÊaires prolongÊe. Études sur le gaz de schiste. Obligation des industriels de rÊcupÊrer leurs produits en ͤn de vie Êtendue.
Services de renseignement restructurĂŠs et placĂŠs sous une seule autoritĂŠ. Recours Ă des sociĂŠtĂŠs de sĂŠcuritĂŠ privĂŠes pour remplacer la police dans certains cas. Fichier PNR instaurĂŠ.
Expulsion des ĂŠtrangers condamnĂŠs Ă des peines de prison pour des crimes ou dĂŠlits graves. AME supprimĂŠe. Conditions supplĂŠmentaires au regroupement familial. Quotas europĂŠens.
BenoĂŽt Hamon (Parti socialiste)
Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière)
ENVIRONNEMENT/ NUCLÉAIRE
Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste)
Jacques Cheminade (SolidaritÊ & Progrès)
Jean Lassalle (RĂŠsistons !)
Jean-Luc MĂŠlenchon (La France insoumise)
Francois Asselineau (Union populaire rĂŠpublicaine)
François Fillon (Les RÊpublicains)
AME : Aide mÊdicale d’État ; ASN : AutoritÊ de sÝretÊ nuclÊaire ; CEDH : Convention europÊenne des droits de l’Homme Conseil ; CESE Êconomique, : social et environnemental ; CSG : Contribution sociale gÊnÊralisÊe A : Gestation ; GP pour autrui : IR : Impô t sur le revenu ;
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MERCREDI 19 AVRIL 2017
V
T SON PROGRAMME EUROPE
FISCALITÉ
SANTÉ
ÉDUCATION
INSTITUTIONS
SOCIÉTÉ
Sortie de l’UE, remplacée par une « Communauté des États européens ». Sortie de l’euro. Sortie de Schengen, rétablissement des frontières. Refus des traités TAFTA et CETA.
Baisse de l’IR de 10 %, des charges salariales de 30 % et de l’IS si développement de l’actionnariat des salariés. ISF maintenu mais exonération des investissements dans les PME.
Tiers-payant supprimé. RSI supprimé. Lunettes remboursées à 100 % tous les 4 ans. Numerus clausus augmenté d’un tiers en médecine. Production de médicaments relocalisée en France.
15 h de français par semaine en primaire. 15 élèves max./ classe en CP. Apprentissage à partir de 14 ans. Réforme du collège abrogée. Gratuité de l’enseignement supérieur.
Non-cumul des rémunérations pour les élus. 2 mandats consécutifs max. Vote blanc pris en compte dans les élections. Septennat présidentiel. Suppression du CESE. Présentation à une élection interdite si casier judiciaire.
Maintien du mariage homosexuel. Filiation biologique père/mère « garantie ». Arrêt des subventions pour les activités « contraires à la dignité animale (corridas par exemple) ».
Référendum sur l’appartenance à l’UE, rétablissement de l’indépendance française. Sortie de l’euro. Sortie de Schengen et rétablissement des frontières nationales.
Taux de l’IS porté à 24 %. Baisse de l’IR de 10 % sur les 3 premières tranches. Taux de la CSG et de la TVA maintenus. ISF maintenu. Taxe sur l’activité réalisée en France par les grands groupes.
Assurance maladie : DGPLQLVWUDWLRQ VLPSOLͤée, nouveaux outils numériques. Tariͤcation à l’activité supprimée pour les hôpitaux publics. Augmentation des effectifs des hôpitaux.
Port de l’uniforme. Temps d’enseignement pour moitié consacré au français en primaire. Développement de l’alternance, apprentissage à partir de 14 ans. Sélection à l’université.
Proportionnelle à toutes les élections. Réduction du nombre de parlementaires (300 députés, 200 sénateurs). Seulement 3 niveaux d’administration (commune, département, État).
PMA uniquement si problèmes de stérilité. Mariage homosexuel supprimé, remplacé par un PACS amélioré. Signes religieux ostensibles interdits dans l’espace public.
Création d’une gouvernance économique, de structures de suivi militaire et d’une police contre le terrorisme. Préférence europénne pour les marchés publics. Marché unique du numérique.
Fusion IR et CSG. IS ͤxé à 25 %. Baisse des cotisations sociales employeurs. Hausse des cotisations patronales chômage si recours nombreux aux contrats courts. Impôt unique sur le patrimoine (ISF et taxe foncière).
Suppression des cotisations salariales maladie. Lunettes, prothèses auditives et dentaires prises en charge à 100 % d’ici à 2022. Intégration du RSI dans le régime général.
Autonomie des écoles (recrutement, pédagogie, rythmes scolaires...). Retour des parcours bi-langues et européen. Bac en contrôle continu et 4 épreuves. 12 élèves maximum en CP-CE1 en zone prioritaire.
Présentation à une élection interdite si casier judiciaire. 3 mandats consécutifs max. Réduction d’un tiers du nombre de parlementaires. Généralisation du vote électronique.
Droit à la PMA pour les femmes seules et les couples homosexuels. Refus de la GPA mais reconnaissance des enfants nés à l’étranger via cette méthode.
Négociation d’un traité social. Création d’un Smic. Harmonisation ͤscale. Défense et renseignements renforcés. Refus des traités TAFTA et CETA. 5HIXV GHV UªJOHV GH G«ͤcit.
Fusion IR et CSG. Impôt unique sur le patrimoine (ISF et taxe foncière). ,6 HQ IRQFWLRQ GHV E«Q«ͤces réinvestis. Prélèvements obligatoires augmentés pour les hauts revenus.
Soins dentaires mieux remboursés. Pratique sportive remboursée si maladie chronique. Baisse du prix des médicaments. Financement forfaitaire introduit pour les soins hospitaliers.
Création de 40 000 postes d’enseignants, réforme de la formation. Hausse des salaires. Scolarité obligatoire à 3 ans. Service public d’aide aux devoirs. 25 élèves max. du CP au CE2.
VIe République (référendum, septennat unique…). 49.3 citoyen. 3 mandats consécutifs max. Droit de vote des étrangers aux élections locales. Proportionnelle à prime majoritaire pour les législatives.
Légalisation de l’euthanasie. Droit à la PMA étendu aux femmes seules et couples homosexuels, GPA interdite. Légalisation du cannabis. Loi antitrust dans les médias.
Internationalisme, refus des politiques protectionnistes.
Fin des aides et allègements de cotisations pour les entreprises.
Embauches massives dans les hôpitaux. Utilisation des SURͤts des groupes industriels, en particulier pharmaceutiques, pour assurer une médecine gratuite pour tous.
Embauches massives dans l’éducation.
Révolution communiste.
Expropriation des banques. Défense du droit à l’avortement.
Rejet de tous les traités de libreéchange, dont TAFTA et CETA. Coopération internationale, notamment européenne, pour l’alignement des droits sociaux par le haut.
Lutte contre l’évasion ͤscale. Contrôle des mouvements de capitaux. Cotisations sociales employeurs pour garantir la rémunération des salariés ayant une activité discontinue.
Gratuité des soins. Dépassements d’honoraires interdits. Tiers payant intégral. 120 000 postes en plus dans les hôpitaux. Cliniques privées intégrées dans le système public.
Abrogation des réformes des rythmes scolaires et du collège. Augmentation des effectifs d’enseignants. 20 élèves max./ classe au lycée. Gratuité des universités.
Fin de la Ve République (suppression de la présidence de la République et du Sénat). Cumul des mandats interdit, 2 mandats consécutifs max. Proportionnelle intégrale.
Légalisation du suicide médicalement assisté et de l’euthanasie. Accès à la PMA pour toutes. Accès à l’IVG jusqu’à 24 semaines de grossesse. Légalisation du cannabis.
Sortie de l’UE, pour une « Europe des patries ». Sortie de l’euro mais réflexion sur une monnaie commune (en complément d’une monnaie nationale). Rejet des traités TAFTA et CETA. Europol renforcé. Budget Erasmus doublé.
IS porté à 25 % max. ISF maintenu mais exonération des investissements dans les PME dont la production se trouve en France. Hausse de la TVA de 3 points pour les produits de luxe.
Arrêt de la privatisation du système de santé. Nouveau système de tariͤcation. Soins dentaires, d’optique et auditifs remboursés à 100 %. Numerus clausus augmenté en médecine.
Temps de présence des enseignants augmenté, augmentation des salaires. Lycée polyvalent unique (regroupant les ͤlières générale, professionnelle et technologique).
Retour au septennat présidentiel. Interdiction stricte du cumul des mandats. Parlement à chambre unique. Réduction du nombre de députés à 400. Augmentation des moyens des députés.
Interdiction des jeux vidéo violents.
Maintien dans l’UE mais possibilité pour la France de « retrouver des marges d’actions politiques et ͤnancières » (liberté d’entreprendre, gestion des services publics...)
Exonération de charges pour les employeurs dont les salariés « transmettent » leur savoir-faire à un jeune de l’entreprise.
Défense du secteur public hospitalier. Possibilité d’un Service national pour renforcer les soignants auprès des personnes handicapées ou âgées.
Formation à l’informatique dès le primaire. Suivi personnalisé des élèves par un « groupe d’adultes ». Découverte des métiers dès l’enfance. Accès à l’alternance avant 16 ans.
Fin des intercommunalités, plus de pouvoirs aux communes, qui doivent être libres de leurs décisions sur les sujets d’intérêt local.
Maintien du mariage pour tous.
Opposition à une « Europe de la défense ». Traités renégociés (harmonisation sociale et ͤscale, contrôle des capitaux pour éviter l’évasion ͤscale...) ou sortie de l’UE.
« Taxe réelle » sur les transactions ͤnancières. Augmentation des impôts sur les revenus du capital et sur les successions, plafonnement des héritages. IS ͤxé à 25 %. ISF renforcé.
Remboursement à 100 % des soins prescrits. Gestion des complémentaires par la Sécu. Contrôle du prix du médicament. Dépassements d’honoraires interdits. Embauches dans les hôpitaux.
Création de 60 000 postes d’enseignants. Hausse des salaires. Droit à la scolarité à 2 ans, obligatoire de 3 à 18. &DUWH VFRODLUH UHG«ͤnie pour accroître la mixité sociale.
VIe République, instauration d’un régime parlementaire, généralisation de la représentation proportionnelle aux élections. Droit de vote des étrangers aux élections locales.
Droit à mourir dans la dignité. Abolition de la prostitution. Droit à la PMA, refus de la GPA. Liberté et gratuité du changement d’état civil. Légalisation du cannabis. Loi antitrust dans les médias.
Sortie de l’UE. Sortie de l’euro. Privilège donné, dans les domaines de l’agriculture et de la pêche, à la recherche avec les pays frontaliers.
Baisse des cotisations sociales patronales. IS progressif. Création d’une WD[H VXU OHV E«Q«ͤces réalisés en France. Allègement des charges et impôts de 78,7 Mds d’€/an.
Soins dentaires et optiques mieux remboursés. Maladie prise en charge à 100 % par la Sécu. Hausse des salaires dans les hôpitaux publics. Numerus clausus relevé en médecine.
Affectation d’enseignants expérimentés en zone d’éducation prioritaire. « Remise au goût du jour » de l’attribution de prix et bourses d’excellence. Études supérieures à bas coût.
2 mandats consécutifs max. Financement des partis politiques proportionnel à leurs résultats aux élections. Réduction du nombre de parlementaires (500 députés, 101 sénateurs).
Principe de la laïcité « remis au premier plan ». Interdiction constitutionnelle de prise de contrôle des médias de masse par des fonds de pensions ou des groupes multinationaux.
Convergence ͤscale dans l’UE, création d’un Trésor européen, mise en commun des dettes. Quitter la CEDH. « Alliance européenne de défense ». Contrôles aux frontières renforcés.
TVA augmentée de 2 points. 40 Mds d’€ de charges et impôts en moins pour les entreprises. Suppression de l’ISF. Déductions ͤscales de l’IR si investissements dans les TPE et PME.
Tiers-payant supprimé. Remboursement incitatif des téléconsultations. Hôpitaux : autonomie des établissements publics, augmentation du temps de travail.
Programmes scolaires réformés. Autonomie des collectivités/établissements (rythmes scolaires, embauches...). Apprentissage favorisé. Temps de présence des enseignants augmenté.
Règle d’or budgétaire dans la Constitution. Principe de précaution supprimé. Moins de parlementaires. Partage des compétences entre État et collectivités révisé.
PMA non accessible aux femmes seules et couples homosexuels. Pas d’adoption plénière pour les couples homosexuels. Délai de prescription augmenté pour les agressions sexuelles.
IS : Impôt sur les sociétés (intermédiaire) ; ISF : Impôt de solidarité sur la fortune ; PMA : Procréation dicalement mé assistée ; PNR assenger :P Name ecord R (données des dossiers passagers) ; RSI : Régime social des indépendants : Union ; UE européenne Photos : Reuters
CAHIER SPÉCIAL
VI
Si Nathalie Arthaud considère être « la seule candidate communiste » de la course, la figure de proue de Lutte ouvrière se dit toutefois « complémentaire », « malgré des sensibilités différentes », avec l’autre trotskiste Philippe Poutou. Avec son discours radical, l’héritière d’Arlette Laguiller, agrégée d’économie, juge tous les autres candidats à la botte de la
« grande bourgeoisie ». « Je veux faire entendre le camp des travailleurs, l’intérêt des ouvriers, caissiers, cheminots… », lançait-elle lors du débat télévisé du 4 avril. Elle prône l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous avec augmentations de salaire, l’expropriation des banques. En 2012, Nathalie Arthaud avait obtenu 0,56 % des voix.
Vingt-deux ans après une première candidature, Jacques Cheminade est, à 75 ans, le senior de cette compétition et le seul à y participer pour la troisième fois. Cet énarque, ancien haut fonctionnaire, souverainiste et europhobe, qui se dit « gaulliste de gauche » et « adversaire du monde de la finance », se targue d’avoir vu venir la crise financière de
2008 avant l’heure. Il prône un « nouveau Bretton Woods » pour redessiner le système financier international et une séparation entre banques de détail et banques d’affaires. En 2012, Jacques Cheminade avait atteint 0,25 % des voix. En 1995 (0,28 %), il avait vu ses comptes de campagne invalidés par le Conseil constitutionnel.
Candidat inattendu, François Asselineau, 59 ans, mène campagne avant tout sur le web et par voie d’affiches avec son projet de sortie de l’Union européenne – le Frexit –, de l’euro et de l’Otan. Diplômé d’HEC et de l’ENA, fondateur en 2007 de l’Union populaire républicaine (UPR), un petit parti peu connu, il se décrit comme le défenseur de
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« la libération nationale ». Cet ancien proche de Charles Pasqua souhaite adapter aux conditions de 2017 le programme du Conseil national de la Résistance de 1944, et « transcender le clivage gauche-droite ». Selon Rudy Reichstadt, fondateur du site Conspiracy Watch, François Asselineau « surfe allègrement sur les théories du complot ».
Candidat pour la seconde fois à une présidentielle cinq ans après ses 1,79 % de 2012, Nicolas Dupont-Aignan, 56 ans, est un souverainiste qui croit dur comme fer en son espace politique, entre François Fillon et Marine Le Pen. « Des millions de gens ne supportent plus Les Républicains et le PS mais ne veulent pas voter FN », explique l’intéressé…
qui refuse de dire ce qu’il fera au second tour s’il n’est pas qualifié. Son parti, Debout la France, prospère modestement, à équidistance du « système » PS – Républicains et de l’« extrême » Front national. Avec un petit succès : aux régionales de 2015, il a obtenu 3,8 % des suffrages et son record de voix.
Vainqueur surprise de la primaire organisée par le PS, le « frondeur » Benoît Hamon s’est retrouvé projeté dans une élection présidentielle délicate, malmené par un parti en pleine dislocation. Face aux « mauvais vents » et aux « tempêtes », ce Breton de 49 ans martèle en cette fin de campagne qu’il résistera « à tout » et gardera « la nuque raide ». « Moi je
suis fait d’un bois, ou bien non, d’une pierre. D’une pierre granitique », assure-t-il. Celui que personne n’avait vu venir a séduit avec un programme de « gauche totale », innovante. Pourtant, trois mois après la primaire, il risque de faire l’un des plus mauvais scores de l’histoire de son parti à une présidentielle.
FRANÇOIS FILLON Naissance
Famille et patrimoine
Né le 04/03/1954 (63 ans), au Mans (Sarthe)
Marié, 5 enfants 1 116 000 € déclarés*
Études
Vie militante
Maîtrise puis DEA de droit public (1972-77)
RPR, UMP puis Les Républicains (depuis 1977)
Carrière professionnelle
Vie politique
. Assistant parlementaire puis chef de cabinet
.
de Joël Le Theule (1976-1980) Fondateur de 2F Conseil (depuis 2012)
Les Républicains
Combatif, animé par une volonté inébranlable, François Fillon, à 63 ans, aura continué jusqu’au bout à croire en son destin présidentiel, malgré le scandale judiciaire qui a détruit son image de probité. Pourtant, « tout ce qui ne tue pas rend plus fort », répète le candidat de la droite, meeting après meeting. Passionné de compétition automobile, sportif accompli qui
TSU06.
. Conseiller général (1981-98) . Maire de Sablé sur S. (1983-2001) . Député (8 fois élu depuis 1981) . Sénateur (2004, 2005-07) . Ministre (1993-97, 2002-07, 2012) . Premier ministre (2007-12)
pratique la course à pied et le vélo pour « faire baisser son niveau d’agressivité », l’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy, se disant « inénervable », montre une assurance que d’autres auraient peut-être perdue au fil de « révélations » sur des manquements supposés à la morale publique. « Ça fait deux mois que je ne regarde plus les infos à la télé », jure-t-il aujourd’hui.
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CAHIER SPÉCIAL
VII
Sa carrure de rugbyman, sa voix rocailleuse au fort accent du Sud-Ouest et son esprit parfois sinueux font de Jean Lassalle, 61 ans, un candidat atypique, persuadé qu’il sera le prochain locataire de l’Élysée. Élu pour la première fois en 1977 maire de sa commune natale de 150 habitants dans la vallée d’Aspe, Lourdios-Ichère, le « candidat-berger », député centriste depuis
quinze ans des Pyrénées-Atlantiques, a su marquer les archives médiatiques grâce à son tour de France à pied – 5 000 kilomètres en 2013 – et sa grève de la faim de 39 jours en 2006 pour protester contre la délocalisation d’une usine de sa région. Président, une de ses priorités sera de placer les campagnes « grande cause nationale ».
Héritière ambitieuse au tempérament orageux, Marine Le Pen entend faire triompher le Front national pour sa deuxième campagne présidentielle, après avoir mis son père à la retraite. Annoncée au second tour par les sondages depuis le printemps 2013, la benjamine des trois filles Le Pen compte a minima rééditer la qualification surprise de Jean-Marie Le Pen, en 2002.
Dans un pays marqué par les attentats, un chômage élevé et une économie atone, ce serait l’aboutissement d’une carrière d’opposante pour celle qui a longtemps raconté s’être tenue à l’écart de la passion familiale. Le premier tour, le 23 avril, sera déjà décisif. « J’arrête » la politique, assurait-elle ces dernières années, « si je ne suis pas qualifiée pour le second tour ».
Enfant chéri du système mais qui se dit « antisystème », conformiste ou audacieux, « ni de droite, ni de gauche », Emmanuel Macron, trentenaire à l’ambition immense, a fait irruption dans la campagne présidentielle en espérant s’offrir l’Élysée pour premier trophée. À la tête de sa petite entreprise politique, siglée de ses initiales, qui revendique aujourd’hui
250 000 adhérents (sans obligation de cotisation), Emmanuel Macron a affiché de plus en plus ostensiblement ses ambitions. Le trentenaire veut à la fois « libérer » et « protéger », en refondant « un modèle social dépassé » tout en « réarmant les individus ». Et vante sa volonté de « tourner la page non seulement des cinq dernières années, mais aussi des vingt dernières ».
« Je m’appelle Jean-Luc Mélenchon. Je suis né le 19 août 1951 à Tanger au Maroc. Je mesure 1,74 m. Je pèse 79 kg. Ma taille de chemise est 41-42. Ma taille de pantalon est 42. Je chausse du 42. Tous mes cheveux sont naturels et ils ne sont pas teintés. » C’est ainsi que le cofondateur du Parti de gauche se moquait, en 2013, des publications de patrimoine des mi-
nistres, avec leur luxe de détails un peu triviaux. Souvent décrit comme « sanguin » ou « agressif » mais se voulant désormais « rassurant » : aujourd’hui, les adjectifs pour décrire Jean-Luc Mélenchon, installé à 65 ans dans le carré de tête pour la présidentielle, signalent combien est clivant ce transfuge du PS devenu héraut de la gauche radicale.
Sources des infographies : médias, sites de campagne, HATVP. Patrimoine personnel net (déduit de l’endettement). Photos : Reuters.
À 50 ans, le militant trotskiste Philippe Poutou se veut, pour sa deuxième tentative, le candidat de la « convergence des luttes sociales » contre les « idées réactionnaires et les politiques d’austérité ». « Candidat-ouvrier » travaillant comme réparateur de machinesoutils de l’usine automobile Ford de Blanquefort, en Gironde, il avait eu la délicate
tâche en 2012 de succéder au populaire « candidat-facteur » Olivier Besancenot. Il avait alors récolté 1,15 % des voix. Lors du débat télévisé du 4 avril, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste avait asséné à ses rivaux : « Quand on est convoqué par la police, nous n’avons pas d’immunité ouvrière, on y va ! » TSU07.
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CAHIER SPÉCIAL
VIII
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ÉCONOMIE
La bataille des chiffres Dépenses, économies, déficit : voici les chiffres des principaux candidats. Rexecode.
1
JEAN-LUC MÉLENCHON
Le candidat de La France insoumise, qui dénonce l’austérité libérale, prévoit une augmentation de la dépense publique de 173 milliards d’euros sur le quinquennat, couplée à un plan d’investissement de 100 milliards d’euros, financé par l’emprunt. Selon son équipe, l’équilibre des finances publiques ne serait néanmoins pas menacé, en raison des retombées de cette politique sur la croissance (plus de 2 % dès 2018) mais aussi des recettes dégagées par la suppression des niches fiscales et par la lutte contre la fraude (38 et 33 milliards). M. Mélenchon annonce ainsi un déficit à 2,5 % et une dette à 87 % du PIB en 2022. Des chiffres contestés par la Fondation Concorde, mais aussi COE-Rexecode. ...............................................................
Poussés à préciser, jusque dans le détail, le coût de leurs programmes, les prétendants à l’Élysée ont multiplié les évaluations comptables, s’exposant aux critiques
2
BENOÎT HAMON
Le candidat socialiste annonce lui aussi un vaste plan de relance. Selon son entourage, 71 milliards d’euros seraient injectés dans l’économie à l’horizon 2022, dont 35 consacrés à la nouvelle mouture de son revenu universel. Pour financer ces dépenses, Benoît Hamon prévoit de récupérer 5 milliards via une taxe sur les « superprofits » des banques, 11 milliards via la lutte contre l’évasion fiscale, 10 milliards sur le CICE… et, à terme, 30 milliards d’impôts grâce au supposé regain d’activité provoqué par son programme. Le candidat annonce 1,95 % de croissance moyenne sur le quinquennat et un déficit ramené à 2,7 % en 2022. Ces chiffres sont là encore contredits par les think tanks, dont COETSU08.
3
EMMANUEL MACRON
4
FRANÇOIS FILLON
L’ancien ministre de l’Économie promet 50 milliards d’euros d’investissement public et 60 milliards d’économies sur le quinquennat, malgré plusieurs réformes coûteuses (assurance chômage, taxe d’habitation…). Pour les réaliser, il compte notamment supprimer 120 000 postes de fonctionnaires. Ce programme, qui s’appuie sur des prévisions de croissance plus prudentes que les autres candidats (1,4 % cette année, 1,8 % en 2022), permettra, d’après son équipe, de ramener le déficit public sous la barre des 3 % du PIB dès cette année, comme le réclame Bruxelles. Ces prévisions ont donné lieu à de vives passes d’armes, certains économistes jugeant son plan d’économies insuffisamment « documenté ».
Le candidat Les Républicains promet un « choc » économique avec, d’une part, de fortes baisses d’impôts et d’autre part, un plan d’économies de 100 milliards d’euros sur cinq ans, comprenant la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires. D’après François Fillon, ces mesures permettront de stimuler la croissance, qui s’établira à un taux « supérieur à 2 % » à la fin du quinquennat. Elles permettront également de ramener les comptes publics à l’équilibre en 2022, après un dérapage du déficit à 3,7 % en 2017.Cet objectif repose toutefois sur des hypothèses macroéconomiques jugées « très ambitieuses » par l’Institut Montaigne, classé à droite.
5
Certains candidats prévoient notamment de réaliser des économies en supprimant des postes dans la fonction publique. MaxPPP
MARINE LE PEN
Raillée par ses rivaux pour son manque de précision comptable, la candidate Front national a annoncé successivement 96 et 80 milliards d’économies en cinq ans, son site de campagne évoquant 60 milliards d’économies. Selon son équipe, cela permettra de ramener le déficit public à 2,9 % du PIB en 2019, puis 1,3 % en 2022. Ce cadrage économique, basé sur des hypothèses de croissance ambitieuses (2,5 % en 2021 et 2022), est jugé fragile par la plupart des organismes économiques, qui insistent sur les nombreuses dépenses engagées par Marine Le Pen (baisses d’impôts, retraite à 60 ans…) et s’inquiètent du coût d’une sortie de l’euro.
LES LÉGISLATIVES, TROISIÈME TOUR IMPRÉVISIBLE DE LA PRÉSIDENTIELLE Dans l’ombre de la présidentielle, les législatives des 11 et 18 juin en seront un troisième tour décisif et au résultat imprévisible, avec une possible recomposition politique ne garantissant pas de majorité. À moins de deux mois du scrutin, les états-majors se perdent en conjectures. Cinq semaines après le second tour de la présidentielle, les législatives seront largement tributaires de son résultat. Les Français donnent habituellement une majorité au président comme après la réélection de Jacques Chirac en 2002, la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 ou celle de François Hollande en 2012. Mais ce schéma, qui cadrait avec une alternance classique droite-gauche, résisterait-il à l’élection d’Emmanuel Macron avec son jeune parti ? De Marine Le Pen alors que le Front national, handicapé par son isolement dans un scrutin majoritaire, n’a pu faire élire que deux députés en 2012 ? Voire de Jean-Luc Mélenchon, qui a investi des
« insoumis » contre des communistes sortants ? François Fillon dit être le seul capable « d’avoir une majorité stable » grâce à l’alliance avec l’UDI dans plus de 90 % des 577 circonscriptions. La participation sera aussi un facteur clef du scrutin : au-delà des deux candidats arrivés en tête, les autres doivent, pour accéder au second tour, dépasser les 12,5 % des électeurs inscrits. En cas de forte abstention, ce seuil pourrait être fatal, surtout pour une gauche fragmentée. Dans ce climat d’incertitude inédit, les candidats investis ont amorcé leur campagne. Quelle que soit sa couleur, l’Assemblée connaîtra un profond renouvellement. Environ 150 députés ne se représentent pas. Mais c’est surtout la nouvelle loi sur le noncumul des mandats qui joue. Chez LR, plusieurs députés ont préféré leur mairie, comme Jean-François Copé à Meaux ou encore Benoist Apparu à Châlons-en-Champagne.