La guerre il y a 100 ans

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HORS-SÉRIE

JUILLET 2016

2,90€

La Bataille 100 ans après Retour en images sur les manifestations qui ont accompagné le centième anniversaire de la bataille de la Somme, autour de ce 1er juillet 2016.

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LA SOMME 100 ANS APRÈS / SOMMAIRE 3 MERCREDI 6 JUILLET 2016 COURRIER PICARD

Pour se souvenir inconsidérement au cours de l’été 1914 par l’obscur asCe numéro spécial, de resasinat d’un archiduc à Sarajevo. Processus qui va emtour largement illustré sur braser toute l’Europe, mobiliser une grande partie du les manifestations en lien monde entier, faire tomber des empires, provoquer avec ce centenaire de la une révolution et refaçonner non seulement l’Europe bataille de la Somme est mais aussi le Proche-Orient... Avec des conséquences un album souvenir à pluencore vives aujourd’hui. sieurs titres. Pour se souvenir, aussi - devoir de présence - de l’imPour se souvenir, d’abord - devoir plication locale, nationale et internationale dans ces de mémoire - de toutes les victimes manifestations du centenaire. de ces cinq mois de bataille, au bilan Implication institutionnelle, notamplus terrible que Verdun. Soldats briment celle de l’Etat et de sa cheville tanniques et de tout « l’empire », PAR DANIEL MURAZ ouvrière, la Mission centenaire, du spontanément associés à l’événeADJOINT conseil général puis départemental ment en raison de ce 1er juillet 1916, AU RÉDACTEUR EN CHEF de la Somme ou du Pays du Coquelijour le plus sanglant de l’armée anDU COURRIER PICARD cot depuis 2014, mais aussi d’associaglaise. Mais combattants français et tions et d’élus locaux et de particuallemands également, qui, ensemble, liers, investis dans l’organisation des demeurent aujourd’hui inhumés un événements ou dans l’accueil de tous ces visiteurs. peu partout dans l’est de la Somme. Pour se souvenir, enfin, tout simplement de ce weekPour se souvenir, ensuite - devoir d’histoire - de l’imend, et même de cette semaine qui a marqué l’apobrication entre cette bataille de la Somme et Verdun. théose de tous ces efforts. Mais aussi plus largement, de l’engrenage mis en route

THIEPVAL Lettres et musique pour se souvenir page 6 Dans les coulisses page 7 Une veillée magnifique page 8 Ils étaient présents pages 9 à 12 OVILLERS-LA-BOISSELLE 7h28, la terre se souleva pages 13 à 15 CONTALMAISON Des terrains de foot d’Edimbourg au cairn du no man’s land pages 16 à 18 LA TOUR D’ULSTER Une cérémonie à base d’orange pour les Nord-Irlandais pages 19 à 21 BEAUMONT-HAMEL Moins de monde qu’attendu mais l’émotion était présente pages 22 à 24 FRICOURT L’émotion en langue allemande pages 25 à 27 RANCOURT Aux soldats français

morts en Somme pages 28 à 30 ALBERT Derrière la ligne de front pages 31 à 35 AMIENS Et Kate apparut sur le perron page 36 Black Dog, l’image animée de la guerre page 38 On a pu voir les « Fils d’Ulster » page 40 « Battle of the Somme » par 400 cornemuses, c’est fort pages 41 et 42 ET AUSSI... La Somme mobilisée page 43 HISTOIRE Les coquelicots noyés dans le sang page 44 Entretien avec Marjolaine Boutet page 45 TOURISME La belle histoire avec les british page 46 MEDIAS La Somme à la une de la presse britannique page 47

COORDINATION REDACTIONNELLE & MAQUETTE : Daniel Muraz. COORDINATION : Véronique Villain. ONT PARTICIPE A CE NUMERO : Emmanuelle Bobineau, Aude Collina, Fred Douchet, Philippe Fluckiger, Vincent Fouquet, Floriane Goujon, Fred Haslin, Cécile Latinovic, Benjamin Merieau, Frédéric Pétronio, Gaël Rivallain, Nicolas Totet, Estelle Thiébault, Dominique Touchart, David Vandevoorde. CONCEPTION DE LA COUVERTURE : Studio PMP. PHOTOS DE COUVERTURE ET CI-DESSUS : Fred Haslin. Directeur de la publication : Jean-Dominique Lavazais, Rédacteurs en chef : Mickaël Tassart et Samir Heddar Courrier picard, 29, rue de la République, CS 41 021, 80010 Amiens Cedex 1. Imprimé à la Pilaterie, 59700 Marcq-en-Baroeul. Reproduction interdite sauf accord de l’éditeur. TBA01.


8 LA SOMME 100 ANS APRÈS / THIEPVAL COURRIER PICARD MERCREDI 6 JUILLET 2016

Image magnifique et rare du mémorial franco-britannique de Thiepval illuminé. (photo VINCENT FOUQUET)

Une veillée magnifique Avant la cérémonie, une veillée était organisée, le 30 juin au soir. Harry, Kate et William étaient à Thiepval, avec le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, M.Todeschini.. (photo VINCENT FOUQUET)

... Dans le même temps, la reine Elizabeth II et le prince Philip Chaque tombe, à l’arrière du mémorial, avait aussi été éclaiétaient à l’abbaye de Westminster, à Londres. (photo AFP) rée et fleurie. (photo VINCENT FOUQUET) TBA04.

uelque 300 personnes, hautes autorités et familles de victimes anglaises, ainsi que quelques autorités françaises, se sont rassemblées dans la soirée du 30 juin sous le mémorial de Thiepval pour une veillée qui a duré trente minutes. Présidée par le couple princier Kate (dans un élégant manteau gris et noir) et William, accompagné de son frère Harry, cette veillée a été rythmée par les lectures de huit textes par des soldats installés dans le cimetière et deux allocutions de William et Harry. Le tout au son de la musique militaire britannique, superbement interprétée. Mais au-delà de ces instants

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émouvants, c’est surtout l’extraordinaire mise en lumière du monument et de son cimetière qui a fait de cette soirée un régal pour les yeux : chaque tombe était fleurie et éclairée individuellement par un spot, tandis que le mémorial était on ne peut mieux mis en valeur par un éclairage blanc et jaune, visible à des kilomètres à la ronde. En simultané, à Londres, la reine Elisabeth avait présidé une cérémonie du souvenir en l’abbaye de Westminster, autour de la tombe du soldat inconnu britannique, mort dans la Somme. Des veillées plus intimes se tiendront tous les soirs jusqu’au centenaire de la fin de la bataille de la Somme, le 18 novembre 2016. V.F.


12 LA SOMME 100 ANS APRÈS / THIEPVAL COURRIER PICARD MERCREDI 6 JUILLET 2016

Un militaire britannique. (photo DANIEL MURAZ)

William et Kate, couple royal. Après la cérémonie, ici, ils ont rejoint à pied leur véhicule, traversant l’espace où se restaurait l’assistance. (photo FRED HASLIN)

Lors des averses, les ponchos fournis par les organisateurs ont bien servi. (photo VINCENT FOUQUET)

La Garde républicaine veillait aussi à la sécurité de la manifestation. Galerie d’uniformes et de régiments. (photo DANIEL MURAZ) TBA06.

(photo Gendarmerie nationale)

Lors du départ du cortège officiel. Sous surveillance des Welsh Guards encore... (photo DANIEL MURAZ)


16 LA SOMME 100 ANS APRÈS / CONTALMAISON COURRIER PICARD MERCREDI 6 JUILLET 2016

Cérémonie du souvenir au cairn écossais de Contalmaison, près d’Albert, ce 1er juillet 2016 au matin. (photo DAVID VANDEVOORDE)

Des terrains de foot d’Édimbourg au cairn du no man’s land Le 8 juillet 1916, le premier bataillon écossais perd plus de la moitié de son effectif durant l’attaque de Contalmaison. Parmi eux, de nombreux footballeurs professionnels. ontalmaison est une terre écossaise depuis que, le 8 juillet 1916, le 16th battalion a pris d’assaut les lignes allemandes. Une charge à la marche, le commandement était persuadé que le bombardement avait fait son travail de sape. Le feu des mitrailleuses allemandes est infernal. Sur 600 hommes, 229 soldats et officiers périssent, 347 sont blessés et 27 meurent quelques jours plus tard. Tous sont des volontaires de la première heure, des « Pals » (groupes de copains). Lorsque le conflit éclate en 1914, ils ne se posent pas de question et

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filent s’engager. Ils pensent vite régler l’affaire, rentrer chez eux pour Noël et retourner dans les stades, comme footballeurs, athlètes ou supporters. Car le premier bataillon écossais envoyé en France, engagé à Contalmaison, était commandé par le lieutenant Sir Georges Mc Crae. Ils étaient tous

footballeurs pros de la région d’Édimbourg.

Gaspillage humain Et les plus nombreux du Mc Crae’s Battalion’ (The 16th Royal Scots) étaient du célèbre club d’Heart of Midlothian de la capitale écossaise. Jack Alexander, au-

teur de The Sporting Battalion, est à l’origine de la commémoration de cet engagement à Contalmaison avec surtout la construction d’un cairn en 2004. Un édifice aussi sobre qu’il est magnifique planté entre une église, une marre et les champs de

« Le sacrifice a-t-il une date d’expiration ? » Jack Alexander, l’homme à l’origine du cairn de Contalmaison, milite pour que perdurent les cérémonies du souvenir qu’il sait menacées. « Lorsque j’ai entendu qu’il fallait arrêter de se remémorer le passé, la Grande Guerre, je me suis demandé si la dette du sacrifice portait une date d’expiration. Nous sommes toujours là, nous marchons dans la liberté. Nous n’oublions pas le devoir du souvenir. Sans les hommes et les femmes morts

pendant la Grande Guerre ne reposent pas en paix dans leurs tombes. Pensez s’il vous plaît à cette femme qui a attendu le retour de cet homme qu’elle a choisi parce qu’il est bon, gentil, honnête, compatissant, tous ces aspects de son caractère qui l’ont conduit dans les rangs, à la fois fier et mécontent. Multipliez cette perte par les milliers de soldats, chaque membre de la famille, chaque ami… Il ne faut jamais oublier. »

blé. Jack Alexander a su porter un témoignage fort, celui de combattre les idées qui circulent sur l’abandon des commémorations (lire ci-dessous). « Gaspillage humain, boucherie, résultat normal de la guerre… appelez-ça comme vous le voulez, mais n’oubliez jamais », lancera-t-il devant les élus locaux, nationaux (dont le secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire, Jean-Marc Todeschini et la secrétaire d’Etat aux personnes âgées et ex-députée de la Somme Pascale Boistard), nombreux officiels ou simples visiteurs venus d’Écosse. DAVID VANDEVOORDE ▶ (article paru dans le Courrier picard

du 2 juillet 2016)


LA SOMME 100 ANS APRÈS / ALBERT 31 MERCREDI 6 JUILLET 2016 COURRIER PICARD

Jeudi 30 juin, défilé dans les rues d’Albert. Ici, les pipers. (photo FRED HASLIN)

Derrière « la ligne de front » En marge des cérémonies officielles, Péronne et Albert étaient aussi imprégnées de l’esprit centenaire. La cité d’Ancre n’a finalement pas été le lieu de repli général. ’était une journée de fête populaire comme on en a rarement vu à Albert. « Si. Pour le cinquantenaire de la basilique Notre-Dame-de-Brebières je crois, corrige un octogénaire, j’étais en pensionnat, il y avait un tas de chars qui défilaient. » Du jardin public à la place d’Armes, les badauds allaient et venaient, vendredi 1er juillet. Entre les couinements de cornemuse, les rires aux éclats des Anglais et les odeurs de cochon grillé près du kiosque, l’événement était pittoresque. « Nous n’avons pas été tirés au sort pour assister à la céré-

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monie de Thiepval, regrettent Julia Moore et sa famille, de Dorset, au sud-ouest de l’Angleterre. Donc nous faisons les commémorations ici. Mais nous étions l’an dernier, le 1er juillet, à Thiepval, alors la cérémonie, nous l’avons toujours en mémoire. » Et ils n’excluent pas de revenir une septième fois au Pays du coquelicot. Les organisateurs albertins espéraient davantage de spectateurs comme les Moore, qui se replieraient sur Albert faute d’avoir une accréditation pour les cérémonies, ou même après. Mais visiblement, après l’attente, la pluie souvent, et vu le détour à faire pour se rendre

à Albert, la plupart ont renoncé. Les onze parkings prévus par la communauté de communes n’ont pas été pris d’assaut.Pour autant, les personnes présentes ont savouré l’événement, que ce soit attablé aux terrasses près de la basilique, en se faisant prendre en photo avec les personnes en tenues d’époque, ou en dégustant le repas du poilu proposé au jardin public.

« Parce qu’il fallait être là » « C’est vrai que, normalement, c’est un moment triste », concède une Albertine, qui a préféré fermer son commerce « parce qu’il fallait être là ». Elle faisait partie des 965 per-

sonnes qui ont défilé dans les rues d’Albert jeudi 30 juin à partir de 21 heures. Le musée Somme 1916, où est d’ailleurs passé le cortège, a enregistré 1100 entrées ce même jour, ce qui fait dire à son responsable, Thierry Gourlin, que le chiffre de 1916 personnes escompté était atteint. Le musée associatif au double accès – près de la basilique et devant le jardin public – a connu le même succès le lendemain. Originaire d’Albert et passionné de Grande Guerre, JeanMarc Lenté n’aurait raté ça pour rien au monde. Bien que conscient de la charge de travail pour les organisateurs, il tablait sur davan-

tage de stands au jardin public. Mais le principal, c’est le billet de concert qu’il a en poche : « Barbara Hendricks, c’est un symbole aussi, elle a le sens du devoir. » Au moment de la retransmission de la cérémonie à Thiepval, à midi, autour de 250 personnes étaient près de l’écran géant, au jardin public. Dès que leur hymne était joué, solennels, les Britanniques se levaient. Du coup, les Français en faisaient autant pour le leur. À Albert aussi, les voisins d’Outre-Manche ont imposé leur rythme. AUDE COLLINA ▶ article paru dans le courrier picard

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LA SOMME 100 ANS APRÈS / ALBERT 35 MERCREDI 6 JUILLET 2016 COURRIER PICARD

1916 figurants ont défilé dans les rues d’Albert jeudi. (Photo FRED HASLIN)

ncert du souvenir, accompagnée par l’orchestre de Picardie. (Photo AUDE COLLINA)

réplique du Fokker du Baron rouge attendait les visiteurs dans le jardin public. (photo AUDE COLLINA)

Comme il y a 100 ans, les figurants ont reproduit les gestes d’antan. (photo AUDE COLLINA)

Carl Rice, maire de Birmingham, (à gauche), et Stéphane Demilly, député-maire d’Albert, lors de l’accueil des délégations étrangères des villes jumelées. (Photo EMMANUELLE BOBINEAU) TBA17.


36 LA SOMME 100 ANS APRÈS / AMIENS COURRIER PICARD MERCREDI 6 JUILLET 2016

Un peu avant 10h30, Kate, William et Harry sortent de l’Hôtel de la préfecture. (photo FLORIANE GOUJON)

Et Kate apparut sur le perron Kate, William et Harry, les princes de la couronne britannique ont passé la nuit de jeudi à vendredi à Amiens, à l’Hôtel de la préfecture. Au matin, une petite foule les attendait. u bout de la rue de la République, le matin du vendredi 1er juillet, une petite fille marche vers l’école. Une barrière l’empêche d’emprunter le trottoir sur lequel elle a l’habitude de courir. Elle regarde les policiers en faction à chaque intersection. Presque incrédule, elle demande : « Papa, c’est vraiment une vraie princesse qui est là ? C’est que dans mes dessins animés les princesses. » Depuis la veille, les forces de l’ordre bouclent partiellement le périmètre. Les piétons ne passent plus où ils veulent. Tout cela à cause d’une princesse effectivement. Kate Middleton, duchesse de Cambridge, son époux le prince William et le frère de ce dernier, le prince Harry, ont dormi à l’Hôtel de la préfecture. Depuis 8 heures

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du matin, quelques anonymes traînent de l’autre côté de la rue, derrière les barrières de sécurité. Ils attendent de voir ces sympathiques représentants de la couronne britannique. Peut-être feront-ils quelques pas à l’extérieur. En tout état de cause, ils apparaîtront sur le perron avant de s’engouffrer dans les puissants 4x4 noirs qui les emmèneront à Thiepval pour les commémorations du centenaire de la Bataille de la Somme.

« Regarde bien, c’est historique » À 9 heures, les curieux restent épars. Ils sont une quinzaine. Essentiellement des dames et des jeunes filles. Parmi elles, Charlotte et sa maman arrivent de SaintOmer dans le Pas-de-Calais. Levées aux alentours de 5 heures, elles ne

voulaient pas passer à côté de l’occasion. « On les a manqués à Valenciennes. On ne voulait pas les louper une deuxième fois. On est là depuis 7h30 », confient-elles. À côté d’elles, Jeanne assume joliment ses 70 printemps et son admiration pour les têtes couronnées. « J’ai déjà vu la reine ! C’était à Paris. Je n’habite pas loin. Je les surveille depuis 7 heures et quelques. J’étais la première. » Les minutes passent. La foule grossit timidement. Les ouvriers d’un chantier voisin repartent travailler après avoir attendu un moment. Quelques dames se laissent aller à la confidence. « Moi je suis là pour William. » « Moi je préfère Harry », entend-on pêle-mêle. Plus loin, deux femmes devisent. L’une d’entre elles a vu Kate arriver la veille à 23h30. « Elle est élancée. C’est une belle femme. Mais j’ai trou-

vé son manteau un peu vieillot. Bon. C’est leurs goûts à eux. » Vers 10h15, une petite centaine de personnes est massée derrière les barrières. Deux sujets britanniques passant par là se mêlent à la foule. La tension monte. À10h30, Kate et William devront partir pour Thiepval. Dans la cour, service de sécurité et personnels divers s’affairent. Un début de clameur s’élève lorsqu’une silhouette évoque Kate. Fausse alerte. L’enthousiasme retombe. Une mamie glisse à sa petite fille : « Regarde bien. C’est un moment historique que tu vis là. » Soudain, regards, appareils photos et cous se tendent. Kate apparaît. Elle porte un chapeau noir, élégant et moderne à la fois. Et surtout, une magnifique robe blanc cassé en dentelles de Calais-Caudry. À son revers gauche, deux

symboles rappelant les soldats britanniques et français de la Première Guerre mondiale : un coquelicot et un bleuet. La princesse marche sans urgence, consciente que les anonymes au-delà des grilles sont là pour elle. Et un peu pour son mari William. Celui-ci se tient à peine en retrait. Son frère Harry est derrière eux. La foule photographie, savoure, commente. Le temps d’une ou deux photos à moitié floues et tout le monde est à l’intérieur des Range Rover aux vitres teintées. À l’arrière de l’une d’entre elles, on aperçoit Kate. Elle adresse un dernier signe. Amical mais fugace. Comme son passage à Amiens. FRÉDÉRIC PETRONIO ▶ (article paru dans l’édition

d’Amiens-Amiénois du Courrier picard du 2 juillet 2016)


LA SOMME 100 ANS APRÈS / AMIENS 41 MERCREDI 6 JUILLET 2016 COURRIER PICARD

Dimanche 3 juillet après-midi, l’ensemble des pipers a défilé dans le centre-ville. Partis du cirque d’Amiens, ils ont remonté la rue de la République, puis sont allés jusqu’à Saint-Leu avant d’achever leur marche (en musique) dans le jardin de l’Evêché. (photo DOMINIQUE TOUCHART)

« Battle of the Somme » par 400 cornemuses, c’est fort Point d’orgue de ce week-end autour du centenaire de la bataille de la Somme, United Pipers for Peace a réuni 22 pipe bands à Amiens. Et beaucoup de monde. ’était à en donner la chair de poule. Lorsque les 413 musiciens ont joué Amazing grace, l’air le plus connu du répertoire de la cornemuse écossaise, massés devant la cathédrale d’Amiens hier, samedi 2 juillet, en fin d’après-midi, impossible de ne pas se laisser gagner par l’émotion. United Pipers for Peace 1916-2016 est un événement inédit. « Nous voulions célébrer le centenaire de la bataille de la Somme de façon différente et sous le signe de la rencontre entre les musiciens, explique Pascal Lebeau, président et chef de musique du Samarobriva pipe and drums. Le pari était risqué ». Sept sites, 22 formations, 413

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musiciens anglais, écossais, irlandais, belges (qui ne parlent pas français) et français (qui ne connaissent pas forcément la ville) à gérer. La tâche n’était pas facile pour les bénévoles du Souffle de la terre à Ailly-sur-Noye, du don du sang ou de la troupe de théâtre Amalgame qui avaient à gérer la circulation des groupes dans le centre-ville. Mais la prestation des groupes était à la hauteur des circonstances. Le soleil était enfin de la partie. Et la foule, amusée par tous ces hommes en kilt, au rendez-vous. Le moment de recueillement en mémoire des soldats morts sur le front en juillet 1916 a finalement eu lieu lorsque les pipe bands sont entrés, juste accompagnés des officiels, à l’intérieur dans la cathédrale. Pour déposer une

gerbe à la chapelle des alliés au son d’un lament joué par un lonely piper. La manifestation ressemblait plutôt à un festival. « Mais rien à voir avec un événement comme le festival interceltique de Lorient », insiste Pascal Lebeau. « Nous sommes d’ailleurs le vilain petit canard avec notre musique bretonne », glisse Daniel Bouësse, le chef de la Baguette de Baden, venue du Morbihan. Le lendemain, dimanche, les pipers étaient encore bien visibles en ville. Encadrés par une haie d’honneur ininterrompue de la place du cirque Jules-Verne jusqu’au parc de l’Evêché, mitraillés par des appareils photos ou smartphones, très applaudis, les 22 pipe bands du United Pipers for Peace réunis par le Samarobriva pipe

band, ont paradé dans le centreville ce dimanche 3 juillet. Après la cathédrale, place à la parade en ville. Pour le plus grand plaisir d’un nombreux public. « On se croirait au festival interceltique de Lorient. L’ambiance dans les bars en moins », sourit un couple d’Amiénois venus avec des amis assister au défilé, après avoir suivi les groupes samedi jusqu’à la cathédrale. Drapeau de la Picardie noué sur le dos, Alain et sa femme Corinne, familiers du festival international, étaient eux aussi présents dès le départ du défilé, rue de la République. Originaires de Breuil-le-Sec dans l’Oise, ils ont assisté, vendredi, à la cérémonie internationale à Thiepval pour les 100 ans de la Bataille de la Somme. « Nous aimons

quand l’histoire reste vivante. Aller sur les lieux où les événements se sont déroulés. Essayer de ressentir ce qui s’est vécu », insiste Alain, qui a assisté à la cérémonie en mémoire des Australiens à Villers-Bretonneux, le 25 avril dernier. Breton, Richard Duclos n’était pas venu à Amiens pour le centenaire de la Bataille de la Somme, mais par passion de la « culture celtique ». Ce Parisien portait d’ailleurs un très beau kilt. « C’est un ami, Richard Duclos qui a créé le tartan national breton et la maison du kilt à Paris. » Lui est donc venu admirer les costumes des pipe bands écossais et discuter musique avec des connaisseurs. ESTELLE THIÉBAULT ▶ Articles parus dans le Courrier picard

des 2 et 3 juillet 2016.. TBA20.


LA SOMME 100 ANS APRÈS / MEDIAS 47 MERCREDI 6 JUILLET 2016 COURRIER PICARD

La Somme à la une

Côté français, les unes du « Courrier » du 1er (édition spéciale centenaire) et du 2 juillet 2016.

Malgré les suites du Brexit, l’élimination anglaise et la qualification galloise à l’Euro, la presse britannique mettait la commémoration de la bataille de la Somme à la une ce samedi 2 juillet.

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