Une approche à Frida Kahlo

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à l a m a n i è r e d e … F R I D A K A H L O p a r P i e r i n a S t e b l e r


T a b l e

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F r i d a œ u v r e s A u t o m n e

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I n t r o d u c t i o n

Frida Kahlo est peut-être l’artiste la plus célébrée au monde. Elle est connue comme l'une des femmes les plus influentes du 20ème siècle. Tant pour sa peinture comme pour son style ethno-éclectique, le show de Frida Kahlo avec ses couleurs et ses drames ne laisseront point d’inspirer le monde entier dans différents domaines des Arts. Plus de 60 ans après sa mort, Frida, la peintre mexicaine née en 1907 et morte en 1954 dans la fameuse « Maison Bleue » à Coyoacan, est devenue l'inspiration et une des icônes de la culture Pop. Son histoire et ses œuvres mûrissent et voyagent à travers le temps. Son image touche non seulement le domaine de la peinture mais aussi de l'industrie de la mode, du design et du merchandising, devenant symbole des mouvements sociaux comme le féminisme, la lutte pour les personnes invalides ou des groupes LGBT.

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Elle commença à peindre le jour où elle ne pouvait plus se lever du lit, et ceci pour affronter des douloureuses disgrâces: accident de bus, fausses couches, amputation d'une jambe, embolie pulmonaire, une colonne brisée... Sa peinture ; à travers de laquelle Frida partage avec le spectateur son Via Crucis : Ses passions amoureuses et ses tourments; devient le moyen de faire face à sa solitude et sa souffrance. Le tout enveloppé dans un style unique pour son époque. Elle a peint 143 tableaux, dont un tiers d'autoportraits, crées tout au long de ses 27 dernières années de vie. Consciente de son image, Frida choisit des robes de Tehuana pour se présenter au monde. Il s’agit du costume traditionnel des femmes de l’ethnie Zapotèque, une communauté indigène matriarcale conformée par de femmes fortes qui ont un pouvoir décisif.

présentation et l’aide à se positionner parmi le groupe masculin de peintres mexicains. Dans cette analyse, je survolerai sur l’univers Frida en commençant par quelques détails biographiques intéressants et qui nous permettent de la connaître un peu mieux, présentés sous forme de conte illustré par des photographies et peintures de l’archive Google Arts. Ensuite vous trouverez une analyse de cinq de ses œuvres qui m’ont inspiré pour mon propre collage. Vous trouverez mon collage « Autoportrait en Automne » toute suite après, suivi d’un texte personnel. Pour finir je partage un mot pour la fin et fermeture de ce travail.

Leur habit convient parfaitement à Frida, composé d’une longue jupe pour cacher sa petite jambe, la taille serrée pour faire ressortir la partie d’en haut, une blouse et des colliers, des boucles et des toques de fleurs. Le tout conformant une parure pleine de couleur, originaire du Mexique autochtone qui la différencie du reste. Sa tenue devient sa carte de

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F r i d a …

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Il était une fois une petite fille mexicaine qui s’appelait Magdalena Carmen Frida Kahlo Calderón.

Elle vivait avec sa mère Matilde, son père Guillermo, sa sœur Cristina et son petit frère dans une maison bleue à Coyoacan, au Mexique.

Frida grandit ici accompagnée de beaucoup d’animaux dont des chiens xoloitzcuintles, des chats, des perroquets et même un cerf, mais son préféré était un

singe qui s’appelait Fulang Chang

Frida avait un pied plus petit et une jambe plus courte due à une maladie qui s’appelle poliomyélite. Ses amis l’appelèrent Frida la boiteuse mais elle ne se laissait pas faire et gardait la tête haute. 5


Quand elle devint une jeune fille, elle développa un fort caractère. Elle ne voulait pas être comme les autres femmes,

alors elle s’habilla en garçon pour les photos de famille. *Une main dans la poche et les yeux qui regardent droit dans l’objectif, voilà notre Frida qui se veut différente*

Elle était très proche de son père Guillermo qui était photographe, d’origine hongroise. Elle l’accompagnait à développer ses photos y il lui transmit un certain goût pour l’esthétique.

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Et un jour en rentrant de l’école… Elle eut un accident de bus qui l’envoya direct au lit ! Frida y resta couchée pendant quelques mois. Que pouvait-elle bien faire pendant qu’elle était au lit ? Eh bien, elle décida de se mettre à peindre.

On mit alors un miroir au-dessus d’elle. Sitôt fait elle commença à peindre son autoportrait.

Elle en fit 55 ! Elle s’y appliqua tellement qu’avec le temps elle devint la peintre

mexicaine la plus connue au monde.

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Apres quelque temps elle connut un homme éléphant qui fit battre son cœur de pigeon. Elle décida de le marier et ils devinrent un couple très heureux, plein d’aventures qu’on appelait « Le pigeon et l’éléphant » Son prince charmant s’appelait Diego et il était beaucoup plus grand qu’elle, lui aussi peignait, des immenses muraux. Lui aussi aimait la politique tout autant qu’elle et ils partageaient une âme d’enfant. Une âme libre, pleine de convictions et de rêves. Ils vécurent ensemble longtemps et leurs âmes restèrent connectées jusqu’à la fin des temps.

FIN

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A n a l y s e D e s Œ u v r e s

« Le surréalisme ce n’est pas moi, moi je peins ma réalité » -

Frida Kahlo

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Frida a commencé à peindre en 1926 suite à l’accident de bus qui la força de rester des mois au lit. Elle accompli 150 tableaux jusqu’à sa mort, un tiers étant des autoportraits, le reste des scènes symboliques de la vie quotidienne et quelques nature mortes. Elle utilise toujours de l’huile sur toile et des couleurs vives. Le jour où André Breton lui voulut d’être une surréaliste (peut-être à cause des éléments naïfs et superposés qui ressemblent à des rêves dans ses peintures), elle clama que NON, qu’elle ne rêvait rien de tout cela et qu’au contraire c’était bien réel tout ce qu’elle peignait. Les peintures de Frida montrent sa réalité telle qu’elle les conçoit ou les voit. Encore une auto-affirmation qui voulait la différencier de quelconque courant artistique. En effet Frida était la seule à peindre de cette façon à cette époque. Son sujet étant elle-même et les circonstances difficiles qu’elle devait vivre.

tonalités ocre. De l’huile sur toile à chaque fois. Elle dépeint des scènes réelles de sa vie, notamment des représentations de ses douleurs physiques et souffrances liées à sa vie amoureuse avec Diego Rivera. J’ai choisi cinq tableaux emblématiques pour analyser les traits caractéristiques de la peinture de Frida : Il s’agit de : 1. Les Deux Frida, 1932 2. La Colonne Brisée, 1944 3. Autoportrait avec collier d'épines et colibri, 1940 4. Le cerf blessé 1946 5. L’étreinte amoureuse de l’univers, la terre, moi, Diego et Monsieur Xolotl, 1949

Ce serait difficile de classifier les peintures de Frida dans quelconque courant d’Art mais s’il fallait absolument pointer sur une direction je dirai qu’elle danse avec un imaginaire symbolique en portant des chaussures style Naïf et s’orne des fois avec des éléments de l’Art visionnaire tel qu’on le connait aujourd’hui. On différencie quatre caractéristiques chez les peintures de Frida. Ses couleurs sont très vives, aux

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Dans le tableau « Les deux Frida » crée en 1932, on peut voir des éléments médicaux comme le cœur et la veine tenue par une pincette d’opération. C’est un grand tableau d’échelle presque taille humaine, 173 x 173 cm.

L’image de femme forte avec une posture virile à droite habillée en costume de tehuana tient la main de sa version féminine et fragile de gauche. Frida rend toujours hommage à la culture indigène originaire de l’ancien Mexique en portant des robes typiques. Ça lui donne la force et la fait s’ancrer dans la terre. De l’autre côté, le costume style européen, bien qu’il soit beau, blanc limpide et ornée, il couvre une Frida au cœur ouvert et qui laisse couler le sang. Ça représentera la médecine moderne et les interventions chirurgicales qu’elle a dû subir. Un ciel nuageux et turbulent sert comme fond et on comprend la déchirure que Frida doit endurer.

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Dans « La colonne brisée » On trouve le corset qu’elle devait mettre. Elle avait subi une opération mal réalisé dans ses premières interventions et suite à ca elle n’avait pas bien guéri. À l’époque où elle a peint ce tableau, elle devait porter un corset en métal pendant cinq mois. Il s’agit d’une peinture à l’huile sur toile de 40 x 30 cm sur bois aggloméré. Réalisée en 1940 L’horizon au fond, un ciel bleu nuit et une terre qui semble infertile et crevassée aux tonalités vertes militaire devient le scenario où se trouve une Frida au premier plan à la colonne fragmentée, représentée ici par une colonne ionique. Elle porte son corset et semble avoir laissé tomber sa chemise blanche d’hôpital. Les clous posés sur tout son corps montreraient les douleurs de Frida, un en particulier ressort par sa taille, celui qui est à la hauteur de son cœur. Elle garde son regard serein, vide et calme, de celui qui a apprivoisée la douleur avec le temps, des larmes coulent de ses yeux et elle semble résignée à son destin.

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Ce même regard on retrouvera dans tous ses autoportraits, notamment dans « Autoportrait avec collier d'épines et colibri » (62 x 47 cm) réalisée en1940, quatre ans avant d’avoir réalisé La colonne brisée.

Le colibri qui est suspendu comme un pendentif se trouve mort et ses ailes ouvertes imitent les sourcils de Frida. Au Mexique le colibri est utilisé dans les rituels de fortune dans l’amour.

Les fauves présentés ici sont les esprits auxquels Frida s’associe. Ce sont ses compagnons spirituels qui veillent sur elle. Ils sont les gardiens de Frida et leur proximité reflète l’importance que ceux-ci ont pour elle. Le regard du félin est veillant, attentif et serait prêt à sauter ou à s’enfuir pour ne pas être pris. Le singe quant à lui tient entre ses mains ce qui semble un bout du collier, il est bienveillant, il a les yeux baissés et a une attitude tendre envers Frida. Deux animaux différents et presque opposé reposent sur les épaules de Frida Au premier plan s’érige la tête de Frida avec ses cheveux bien coiffés, son long cou et ses sourcils particulières. Son regard posé sans aucune expression et presque comme perdu dans le vide. Elle transmet du calme, de la sérénité. Cependant Elle porte un collier d’épine, qui lui en revanche représente les souffrances que Frida doit endurer, jour après jour. Elle le porte avec grâce et parait ne plus sentir la douleur des piqures ni remarquer le sang qui coule. Ceci pourrait faire un clin d’œil à la couronne d’épines du Christ crucifié.

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Dans « le cerf blessé » on retrouve Frida, cette fois transformé en animal proie : un cerf. Il s’agit d’un autoportrait peint en 1946, en petit format : 30 x 22 cm et offert à la famille du cinéaste mexicain Boytler qui l’accueilli chez eux. Elle prend comme modèle à Granizo, son petit cerf qui vivait avec elle dans les jardins de la maison bleue à Coyoacan. Le cerf vif avec la tête de Frida se trouve dans un bois qui semble mort avec des branches cassées et des feuilles sèches par terre. Elle utilise des couleurs marron et beige qui font contraste avec le fond où on trouve la mer bleue et l’horizon. Le ciel est couvert d’orages, des fines lignes qui tombent dans l’eau. Le tableau a été réalisé après une opération sans succès à l’hôpital Henry Ford aux Etats-Unis. Encore une fois on retrouve la représentation de la souffrance. Cette fois non par des épines ni par des clous mais par des fléchettes de chasse dont quatre ont atteint le cœur et cinq autres le dos et la hanche. Des endroits où Frida avait été touchée particulièrement. Elle, comme d’habitude ne semble pas vouloir transmettre à travers de son visage la douleur que ses blessures lui causent.

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Les peintures de Frida se caractérisent aussi par des couleurs vives, ocres terre et verts. Dans « L’étreinte amoureuse de l’univers, la terre, moi, Diego et Monsieur Xolotl » (70 x 60 cm) on retrouve ces couleurs avec un équilibre exceptionnel et qui présentent une vision spirituelle de la vie. Ce style se rapproche par ses éléments cosmiques aux peintures visionnaires. L’arrière-plan du tableau est divisé en deux parties qui s’interpénètrent. Du côté gauche, la lune brille dans la nuit représentée avec des tonalités obscures de brun, noir et des rayons de lumière vert et orange. En contrepartie, une masse nuageuse éclairée par un soleil rougeoyant serait le jour.

son giron, comme le ferait une nourrice. Frida, à son tour, tient dans ses bras un homme corpulent et nu qui est le peintre Diego Rivera, son mari. Aux pieds de Frida dors le chien Xolotl, animal mythologique qui surveille le royaume des morts. Dans la religion précolombienne, il porte les morts sur son dos et leur fait traverser le fleuve des enfers pour qu'ils puissent ressusciter ultérieurement. Frida Kahlo mêle son histoire personnelle et l'histoire de son pays dans un cycle dualiste ou alternent la lumière et les ténèbres, le bonheur et le malheur, la séparation et les retrouvailles, la mort et la résurrection, l’origine de la vie, la terre et leur abondance.

Un visage aux yeux aveugles apparait à la frontière des deux phénomènes et fait le lien entre la partie claire et obscure. Dans la mythologie de l'ancien Mexique, il s'agit de la matrice du monde animé par deux principes. Dans le bas du tableau, les mains de la nuit et du jour soutiennent un groupe de personnages. II s'agit d'une femme au corps brun et verdâtre sur lequel des plantes mexicaines prennent racines. De son sein gauche coule une goutte de lait. C'est la déesse de la terre, Cihuacoatl, c'est-à-dire la dispensatrice de toute vie dans la mythologie précolombienne. Elle tient Frida dans

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A u t o p o r t r a i t A u t o m n e

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Le tableau que j’imite c’est « Autoportrait avec collier d’épines et colibri ». Il est très spécial pour moi car j’avais été touchée la première fois que je l’avais vu. C’était á l’école et j’avais quatorze ans. Le fond vert couvert de feuilles et de nature, les animaux qui l’entourent. Tout m’était familier. J’avais grandi aussi avec des animaux autour de moi, en pleine nature. J’ai choisi de faire un autoportrait en collage. J’ai pris ma photo en restant moi-même, c’est-à-dire, je ne me suis pas habillée comme Frida, ni maquillé, ni mis en valeur mes atouts. Je voulais rester fidèle a mon image tel quel était à ce moment.

J’ai ensuite mis autour de moi des éléments de mon entourage. C’était l’automne quand j’ai commencé à faire le collage et il y avait des feuilles mortes au parc, des bouts de branches et des coques des noix. J’en ai pris des photos et les ai découpées pour ensuite les coller et faire un fond qui ressemble au feuillage dans l’autoportrait de Frida, elle choisit la nature derrière elle car elle se sentait proche, pareil ai-je fait pour moi. Un chat et un cerf m’accompagnent. L’un félin et chasseur, l’autre rapide et léger, des caractéristiques que j’aime bien. J’imite ici la composition de Frida, de mettre autour d’elle ces animaux auxquels elle se sent rapprochée spirituellement. J’ai mis des photos du ciel valaisan, un beau soleil qui m’accompagne tous les jours.

La photo que j’ai choisie laisse apparaitre l’objectif de l’appareil qui représente la « selfie » de nos jours. Celle où on veut se voir sous notre meilleur jour et qu’on poste sur nos réseaux sociaux. Ma « selfie » à moi je la voulais sincère, crue, floue, mal prise peut être mais enfin c’est moi avec mes traits, mon regard quelconque et ma simplicité. Je voulais me rendre hommage à moimême tel que je suis dans mon quotidien.

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M o t

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La vie de Frida est preuve de courage et de liberté féminine, elle a fait face á son propre destin avec une conscience décidée. Elle a peint, oui et dans l’Art, elle est connue d’abord comme peintre. Mais Frida est aussi son propre styliste, son propre personnage. C’était une personnalité de l’époque avec une sexualité ambigüe et un esprit de feu. Elle nous fit comprendre que les détours de la Vie n’appartiennent qu’a nous-même et ne sont points la faute des autres, qu’on ne peut déjouer le destin mais on a au moins le pouvoir sur nos propres actions et que le choix de ceux-ci sont entièrement notre responsabilité. Elle s’est rendu hommage à elle-même, comme les gens rendent hommage à des saints. Elle a su reconnaître son esprit sacrée et a accepté la douleur comme part entière de son être. Quoi qu’on dise sur elle, ce qu’elle fit fut de transformer sa douleur en un vaste travail qu’elle laissa comme héritage. Elle donna vie à un style propre, elle s’appropria des couleurs d’une culture indigène et la transforma en esthétique Pop qu’on reconnait aujourd’hui. C’est un exemple à suivre, un être humain que j’admire et à qui je rends tribut à travers ce travail.

Merci Frieda!

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R e f e r e n c e s

Archive Google Arts Photographies : Archive Nicolas Murray et Guillermo Kahlo http://notasomargonzalez.blogspot.com/2015/11/la s-fiestas-de-frida-y-diego.html

http://blog.acversailles.fr/lecoinnaudin/public/3e4/ Cerf_blesse_bleu.html#collapse1 http://museumtv.fr/portfolio/frida-kahlo-autoportraitcollier-epines-colibri/ https://www.theguardian.com/fashion/2017/oct/29/ frida-kahlo-style-muse-of-the-year https://www.brooklynmuseum.org/exhibitions/frida_k ahlo

https://s1ngular.com/petfriendly/2018/07/13/mascotas-frida-grandesacompanantes/ https://www.moma.org/collection/works/79374 https://www.instagram.com/museofridakahlo/ http://www.museofridakahlo.org.mx/es/ http://lacejadefrida.com/10-cosas-no-sabiasguillermo-kahlo-amor-frida/ http://totems.mx/animalesdefrida/ http://www.rom1.fr/chris_blog/frida-kahlo/le-cerfblesse/

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