M Le magazine du Monde no 135. Supplément au Monde no 21540 du samedi 19 avril 2014. Ne peut être vendu séparément. Disponible en France métropolitaine, Belgique et Luxembourg.
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19 avril 2014
Le charme rock de Sky Ferreira Spécial beauté
cosmétique : les mots qui font vendre
Saisissez les plus beaux moments. Quel que soit le lieu, quel que soit l’instant, réussissez le cliché parfait avec l’Auto Focus ultra-rapide et le capteur de 16 millions de pixels du nouveau Samsung Galaxy S5.
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DAS : 0.562 W/kg. Le DAS (débit d’absorption spécifique des téléphones mobiles) quantifie le niveau d’exposition maximal de l’utilisateur aux ondes électromagnétiques, pour une utilisation à l’oreille. La réglementation française impose que le DAS ne dépasse pas 2 W/kg. Produits vendus séparément. © 2014 - Samsung Electronics France. Ovalie. CS 2003. 1 rue Fructidor. 93484 Saint-Ouen Cedex. RCS Bobigny 334 367 497. SAS au capital de 27 000 000 €.
TOILETPAPER pour M Le magazine du Monde
Carte blanche à
Fondé en 2010 par l’artiste Maurizio Cattelan et le photographe Pierpaolo Ferrari, le magazine TOILETPAPER s’amuse de l’overdose d’images et détourne les codes de la mode, du cinéma, de la publicité. Troublant et captivant.
19 avril 2014
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Edito.
Au programme.
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Jean-Baptiste Talbourdet/M Le magazine du Monde
Pratiquez-vous le naming? Faites-vous du wording? De nos jours, c’est comme cela que, dans certains milieux, on désigne le fait de nommer les choses. Evidemment, cela prête à sourire car ces barbarismes sont l’œuvre des suspects habituels de la modernité, les gens de la pub et du marketing… Dans l’enquête qui lance ce Spécial Beauté de M Le magazine du Monde, Lili Barbery-Coulon raconte avec une distance amusée la façon dont les gens de l’industrie de la beauté phosphorent pour trouver les noms justes pour vendre – au mieux – crèmes et onguents. Des intitulés ronflants pour la plupart et finalement assez poétiques, que nous avons illustrés en créant de fausses publicités où les mots prennent toute leur importance. Et leur sens ? C’est la question. Car toutes ces contorsions sémantiques rappellent que, même dans cette civilisation de l’image, les mots restent majeurs. Les mots, d’ailleurs, sont un fil rouge de ce numéro. C’est la matière de Dominique Gaultier, l’éditeur du Dilettante, dandy à part qui, du fond de sa librairie de Saint-Germain-des-Prés, fait mentir les oiseaux de mauvais augure qui disent que l’édition se meurt. Ce sont les armes des journalistes de Times Now, une chaîne d’info indienne dont les émissions coup de poing secouent pour le meilleur, et parfois le pire, la démocratie du sous-continent. Les mots, ce sont aussi ceux qu’échangent les habitants de Saillans, petit village de la Drôme, qui s’invente une expérience de démocratie directe où il y a autant d’élus que d’électeurs. Les mots, enfin, qui, chaque semaine, courent sous la plume des journalistes de ce magazine. Ils tiennent un rôle central, si ce n’est le premier. Que l’on s’adonne au naming ou que l’on pratique le wording. Marie-Pierre Lannelongue.
19 avril 2014
CIEL, ME VOILÀ ! SkyPriority : profitez d’un service exclusif pour être prioritaire
à l’enregistrement, à l’embarquement et au retrait de vos bagages. AIRFRANCE.FR France is in the air : La France est dans l’air. SkyPriority est disponible pour les passagers voyageant en classe La Première, en classe Business et les membres Elite Plus, à bord des 20 compagnies aériennes membres de l‘alliance SkyTeam.
19 avril 2014
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J’y étais… aux adieux à Régine Deforges.
LE MAGAZINE
LA SEMAINE p. 15
la télé payante a foi en son modèle. L’arrivée en France du site de vidéos Netflix est prévue pour l’automne. Pas de quoi inquiéter Canal+, qui lance la contre-offensive après avoir remporté les droits de la L1.
p. 18
il fallait oser. Copains de train.
p. 20
le roman-photo des coups de théâtre judiciaires.
p. 22
qui est vraiment Philippe Couillard ?
p. 34
un nom de toute Beauté. “Hydra”, “acqua”, “reflect”… Dans les bureaux des marques de cosmétiques, une nouvelle langue est née, inventée par des “nameurs” pour baptiser et vendre les produits de beauté.
p. 40
tous maires de saillans. Dans ce village de la Drôme, c’est une liste collégiale qui a remporté les dernières élections municipales. Depuis, ses 1 199 habitants expérimentent la démocratie directe.
p. 46
le parfait dilettante. Avec sa librairie-maison d’édition Le Dilettante, Dominique Gaultier, à l’origine notamment du succès d’Anna Gavalda, s’est créé une place à part à saint-Germain-des-Prés.
p. 50
times now, la colère en continu. en inde, les élections législatives se jouent en grande partie sur le petit écran. Pour les 300 chaînes d’information, la politique est avant tout un show.
ils font ça comme ça !
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p. 24
AustRALie Citoyen du troisième sexe.
p. 26
tuRquie Les réseaux sociaux font de la résistance.
p. 27
marc Beaugé rhaBille… Valérie trierweiler.
p. 28
la photo. Le système Khadafi comparaît.
p. 30
les questions suBsidiaires.
p. 32
Juste un mot. Par Didier Pourquery
LE portfoLIo p. 56
l’Œuvre au noir du l.a.p.d. Les images des archives de la police de Los Angeles, exposées dans le cadre de Paris Photo Los Angeles, dessinent un portrait de la Cité des Anges en capitale du crime.
Nicola Lo Calzo pour M Le magazine du Monde. LAPD Image courtesy Fototeka. Nicolas Fauqué/Images de Tunisie pour M Le magazine du Monde
p. 14
56 Les coordonnées de la série Sky Ferreira Lolita électrique, p. 65 Angels Fancy Dress : +44 20 7836 5678 Bottega Veneta : 01 42 65 59 70 Cadolle : 01 42 60 94 94 Céline : 01 40 70 07 03 Diesel : www.diesel.com Dolce & Gabbana : 01 42 25 68 78 Emporio Armani : 01 53 63 33 50 Falke : 01 40 13 80 91 Paul Smith : 01 53 63 08 74 Gucci : www.gucci.com Guess : 01 40 20 47 37 Hermès : 01 40 17 46 00 Hugo : 01 44 17 16 81 Leg Avenue : www.legavenue.com Just Cavalli : 01 56 88 37 70 Kenzo : 01 40 39 72 03 Louis Vuitton : 09 77 40 40 77 Michael Kors : 01 70 36 44 40 Miu Miu : 01 58 62 53 20 Napapijri : 01 40 06 07 40 Repetto : 01 44 71 83 12 Rodarte : www.rodarte.net/ Saint Laurent Paris : 01 42 65 74 59
Retrouvez “M Le magazine du Monde” tous les vendredis dans “C à vous”, présenté par Anne-Sophie Lapix. Une émission diffusée du lundi au vendredi en direct à 19 heures.
Le styLe p. 65
p. 80
sky ferreira, LoLita éLectrique. La jeune chanteuse s’est façonné, à tout juste 21 ans, une image de princesse rock à la beauté sensuelle. copies (presque) conformes. Les marques déclinent les senteurs en une profusion de parfums et d’eaux… au risque de diluer leur identité.
p. 103
être et à Voir. Par Vahram Muratyan.
p. 104
d’où ça sort ? Les soins à doubles consonnes.
p. 105
ceci n’est pas… une tablette de chocolat.
p. 106
La chronique de JP Géné.
p. 107
Le resto.
p. 108
Le Voyage. Le Sidi Bou Saïd de Colette Fellous.
p. 90
L’icône. Angela Bower, brushing queen.
p. 92
fétiche. Laques de triomphe.
p. 93
Le goût des autres. Se prendre le chouchou.
p. 110
Les dix choix de La rédaction.
p. 94
Variations Compter fleurette.
p. 120
Les jeux.
p. 95
La paLette Des couleurs bien ancrées.
p. 122
Le totem. L’armure de Don Quichotte de José Montalvo.
p. 96
un peu de tenues. L’effet dentelle.
p. 102
ma Vie en images. Alessandra Facchinetti.
La cuLture
La photo de couverture a été réaLisée par aLasdair McLeLLan. styLisMe aLeksandra Woroniecka. top en résille brodée en viscose et soie, Louis vuitton. collant résille, Falke.
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80, bd Auguste-Blanqui, 75707 Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00/25-61 Courriel de la rédaction : Mlemagazine@lemonde.fr Courriel des lecteurs : courrier-Mlemagazine@lemonde.fr Courriel des abonnements : abojournalpapier@lemonde.fr Président du directoire, directeur de la publication : Louis Dreyfus Directrice du Monde, membre du directoire, directrice des rédactions : Natalie Nougayrède Directeur délégué des rédactions : Vincent Giret Secrétaire générale du groupe : Catherine Joly Directeur adjoint des rédactions : Michel Guerrin Secrétaire générale de la rédaction : Christine Laget M Le MAGAziNe Du MoNDe Rédactrice en chef : Marie-Pierre Lannelongue Direction de la création : eric Pillault (directeur), Jean-Baptiste Talbourdet (adjoint) Rédaction en chef adjointe : eric Collier, Béline Dolat, Jean-Michel Normand, Camille Seeuws Assistante : Christine Doreau Rédaction : Carine Bizet, Samuel Blumenfeld, Annick Cojean, Louise Couvelaire, emilie Grangeray, Laurent Telo, Vanessa Schneider Style : Vicky Chahine (chef de section), Fiona Khalifa (styliste) Responsable mode : Aleksandra Woroniecka Chroniqueurs : Marc Beaugé, Guillemette Faure, JP Géné, JeanMichel Normand, Didier Pourquery Directrice artistique : Cécile Coutureau-Merino Graphisme : Audrey Ravelli (chef de studio), Marielle Vandamme, avec Aude Blanchard-Dignac Photo : Lucy Conticello (directrice de la photo), Cathy Remy (adjointe), Laurence Lagrange, Federica Rossi, avec Hélène Bénard et Virginia Power Assistante : Françoise Dutech Edition : Agnès Gautheron (chef d’édition), Yoanna Sultan-R’bibo (adjointe editing), Anne Hazard (adjointe technique), Julien Guintard (adjoint editing), Béatrice Boisserie, Maïté Darnault, Valérie Gannon-Leclair, Catarina Mercuri, Maud obels, avec Valérie LépineHenarejos et Agnès Rastouil Correction : Michèle Barillot, Ninon Rosell et Claire Labati, avec Claire Diot et Adélaïde Ducreux-Picon. Photogravure : Fadi Fayed, Philippe Laure avec Yaniv Benaïm
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contributeurs.
Ils ont participé à ce numéro. Johann Rousselot est photographe depuis vingt ans. Il est allé cette semaine à la rencontre des habitants de Saillans, qui ont choisi la voie de la démocratie directe (p. 40). Membre associé de feu le collectif Œil Public jusqu’en 2010, aujourd’hui représenté par la maison de photographes Signatures, il poursuit inlassablement dans la voie documentaire. Ses thèmes de prédilection : le renouveau et les changements profonds des sociétés, notamment la question des néo-ruraux et de leurs valeurs. Depuis 2011, il développe également une forme hybride d’écriture visuelle, fondée sur une technique de collages numériques. Le photographe londonien alasdaiR Mclellan a réalisé la série mode consacrée à la « Lolita électrique » Sky Ferreira (p. 65). Tombé dans la photographie à 13 ans, il l’étudie à Nottingham avant de s’installer dans la capitale britannique. Sans jamais trop s’éloigner de ses racines, bien ancrées au nord, du côté de Doncaster. C’est d’ailleurs une boutique de sa ville natale qui lui a inspiré le titre de son livre publié en édition limitée Ultimate Clothing Company (M/M Paris – épuisé). Aujourd’hui, Alasdair McLellan est un photographe majeur dans l’univers de la mode. Il multiplie les couvertures de Vogue UK et travaille aussi pour des marques comme Louis Vuitton.
Johann Rousselot/Signatures. DR. Lili Barbery-Coulon. Julien Bouissou. Chiara Goia
lili BaRBeRy-coulon est journaliste, spécialiste de la beauté et du parfum. Elle a écrit plusieurs articles dans ce Spécial Beauté, s’attachant notamment à décrypter les codes de langage de ce secteur (p. 33) « J’ai essayé de comprendre comment fonctionne la sémantique de la beauté, explique-t-elle, pour mettre au jour les ressorts qui permettent d’évoquer l’efficacité. Je me suis retrouvée plongée au cœur du marketing de cette industrie, qui pèse chaque syllabe sur ses emballages. Rien n’est jamais laissé au hasard. Même lorsqu’un nom semble simple et épuré, il est toujours au service d’une stratégie. »
Le journaliste Julien Bouissou couvre l’Inde pour Le Monde et signe cette semaine l’enquête sur la chaîne d’information en continu Times Now (p. 50). « L’Inde est entrée dans l’ère de la “ démocratie par l’émotion”, avec des centaines de chaînes de télévision abreuvées de direct et de débats envenimés, explique-t-il. J’ai suivi le journaliste Arnab Goswami, un gladiateur des plateaux télé qui prétend porter la parole des classes moyennes urbaines en colère contre l’establishment politique. » chiaRa Goia est une photographe italienne. Pour M, elle a pénétré cette semaine les coulisses de la chaîne indienne Times Now (p. 50). Diplômée en communication et science politique à Milan, elle choisit de suivre un cursus de photographie documentaire à New York en 2007. Depuis 2008, elle vit entre l’Italie et l’Inde, où elle travaille pour la presse (The New York Times Magazine, The New Yorker, Time, The Wall Street Journal, Geo…) et à des projets plus personnels.
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19 avril 2014
Le courrier.
Delphine Sculier
Le M de la semaine.
« Ecrasé par la chaleur de midi, ce M, piton rocheux grandiose, se détache des hauts plateaux éthiopiens. » Delphine Sculier
Pour nous écrire ou envoyer vos photographies de M (sans oublier de télécharger l’autorisation de publication sur www.lemonde.fr/m) : M Le magazine du Monde, courrier des lecteurs, 80, bd Auguste-Blanqui, 75707 Paris Cedex 13, ou par mail : courrier-mlemagazine@lemonde.fr 11
J’y étais… aux adieux à Régine Deforges.
Q
ue soient bénis nos
ceux d’une nuit, ceux d’un mois, ceux de toujours… », lit la jeune femme au pupitre. On appelle rarement à bénir les amants dans une église. Même si c’est l’église de Saint-Germain-desPrés, qui a déjà joué Great Balls of Fire de Jerry Lee Lewis pour les obsèques d’Alain Bashung. Même si ce sont les funérailles de Régine Deforges, et si l’appel est tiré du dernier paragraphe de ses Mémoires dans lequel elle remercie « ceux qui ont su nous transporter hors de nous-mêmes, nous faire atteindre ce plaisir sans égal qui donne envie de dire merci ». L’éditrice écrivaine, il y a quelques mois, regrettait dans l’émission « La grande librairie » de ne pas avoir eu plus d’amants. Mais y a-t-il des gens qui arrivent à la fin de leur vie en regrettant d’en avoir eu trop ? De la messe d’action de grâce demandée à Notre-Dame en remerciement pour le Goncourt obtenu par L’Epervier de Maheux en 1972 (publié par Jean-Jacques Pauvert, son amant de l’époque), au dîner de pâtes et sardines à l’huile avec l’abbé Pierre ou à ses retraites chez les vi-
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amants,
sitandines, l’Eglise catholique a fait partie de la Jean Daniel s’approche des micros. « J’aimais vie de Régine Deforges. Comme les bas cou- l’audace avec laquelle elle est passée sans volonté de scandale de l’amour romantique à l’amour éroture, qu’évoque encore sa fille Léa. Camille Deforges-Pauvert lit un poème de Bau- tique », dit-il doucement. delaire que sa mère lui avait fait apprendre par A la porte de l’église de Saint-Germain-descœur, sa sœur Léa Deforges-Viazemsky Les Prés se tient Sonia Rykiel, pantalon et veste Adieux de Chateaubriand. « Je dois mourir ainsi noirs, crinière rousse et canne rouge. Sonia que l’humble fleur qui passe à l’ombre, et seulement Rykiel, l’amie qui dessina sa robe de mariage, connue de ces ruisseaux qui faisaient son bonheur. » l’amie avec qui elle partait quelques jours en La famille, les amis de la famille et la famille des été. Sur une photo publiée dans les Mémoires amis sont là, mêlés au monde de l’édition, dans de Deforges, elles posent toutes les deux, lequel travaillent deux de ses enfants, de épaule contre épaule, roux contre roux, noir sur Claude Durand, son éditeur principal, à Per Ko- noir. Elles sont dans le cimetière mérovingien fod, éditeur danois, qui a traduit les dix volumes de Civaux dans la Vienne. Il fait beau sur ce de La Bicyclette bleue au Danemark, où la saga cliché non daté. Assises sur une tombe, elles sourient. La mort n’existe pas.A Paris, le convoi romanesque connut son plus gros succès. Dans « L'enfant Du 15 août », ces Mémoires boupart vers le cimetière du Montparnasse. clés il y a moins d’un an, Régine Deforges s’interroge sur ce texte compilation de souvenirs. « Me Jean Daniel s’approche servira-t-il en tant qu’écrides micros. ‘J’aimais l’audace avec vain, ou sera-ce un document de l’histoire littéraire, laquelle elle est passée sans volonté des mœurs d’une époque de scandale de l’amour romantique à que l’on consultera avec amusement ? » l’amour érotique’, dit-il doucement. L’époque est là ce matin. De l’église sortent Georges Wolinski, dont Régine Deforges publia un jeu de l’oie érotique dessiné, Régis Debray qui porte toujours beau, Gabriel Matzneff, d’un temps où des auteurs d’âge mûr pouvaient faire des succès avec des livres sur leurs émois avec de très jeunes filles. Sur le parvis, les caméras de BFM et i-Télé sont un peu perdues pour identifier les fantômes germanopratins. « Réalisateur », écrit une jeune main sur un carnet à côté de « Costa-Gavras ». Voilà son amie Sylviane Agacinski, mais c’est son mari Lionel Jospin que l’on reconnaît. Voilà l’historien académicien Pierre Nora, mais c’est sur sa compagne Anne Sinclair que les regards se posent.
Jean-Baptiste Talbourdet/ M Le magazine du Monde
Par Guillemette Faure
La Semaine / Il fallait oser / Face à face / Le roman-photo / Le buzz du Net / Ils font ça comme ça ! / / Les questions subsidiaires / J’y étais /
Canal +, diffuseur historique des rencontres de Ligue 1, a obtenu les droits des meilleurs matchs jusqu’en 2020. De quoi envisager sereinement l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché télé.
La télé payante a foi en son modèle.
Sylvain Thomas/REA
Face à l’arrivée annoncée cet automne du service de vidéos en ligne Netflix, les chaînes à péage françaises s’organisent. Mais Canal+, déjà confortée par l’obtention des droits de la L1, peut être rassurée par les exemples étrangers. Aux Etats-Unis comme en Grande-Bretagne, le modèle de la télévision payante reste le plus rentable. Par Alexandre Piquard 19 avril 2014
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la semaine.
L
a crise ? Quelle
Alors que depuis des mois le succès retentissant du service de vidéos en ligne Netflix alimente la thèse de la fin programmée des télévisions payantes, la chaîne américaine HBO vient de frapper un grand coup avec le lancement de la quatrième saison de son héroïque série « Game of Thrones », le 6 avril. Un carton bienvenu pour la chaîne, qui s’est vue dépassée par son concurrent en 2013 en nombre d’abonnés aux Etats-Unis. En France, Canal+ – autre victime désignée de « l’ogre Netflix » – est parvenue à assurer ses arrières en remportant, le 4 avril, l’appel d’offres de la Ligue 1, malgré la concurrence de la riche chaîne qatarie beIN Sports. Le groupe français conserve le droit de diffuser les meilleurs matches de la première division française jusqu’en 2020 et, jusqu’en 2018, une partie des rencontres de la Ligue des champions. « Je n’ai jamais pensé que le modèle de la télévision payante était menacé, assure avec aplomb Rodolphe Belmer, directeur général du groupe Canal+. Au contraire, c’est le modèle le plus robuste : il repose par essence sur la supériorité des contenus et permet de financer le meilleur, dans la fiction ou le sport. » Un discours d’autant plus facile à tenir aujourd’hui que l’appel d’offres sur le football n’a pas été perdu. « Avec les droits de la Ligue 1, Canal+ sécurise son modèle (…), ce qui est très important dans le contexte actuel d’arrivée de nouveaux concurrents tels que Netflix », confirment de leur côté les analystes de Natixis, dans une note publiée le 7 avril. Selon eux, « le groupe va pouvoir prendre le temps de faire évoluer son offre face à ces nouveaux entrants ». Les chaînes payantes tiennent un discours ambigu, soufflant le chaud et le froid. « Jusqu’ici, Canal+, HBO et BSkyB, au Royaume-Uni, ont très bien traversé la crise », analyse Rodolphe Belmer. Au Royaume-Uni, Netflix a conquis 1 à 2 millions d’abonnés, selon les estimations, depuis son arrivée en janvier 2012. Mais sur l’exercice
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crise ?
2012-2013, la chaîne BSkyB a fait progresser de 3,9 % son portefeuille d’abonnés (14,9 millions). Aux Etats-Unis, Netflix a dépassé les 30 millions d’abonnés. Il a également frappé les esprits en produisant sa propre série, « House of Cards », servie par un casting solide (Kevin Spacey, Robin Wright) et dont les deux premiers épisodes ont été réalisés par un grand nom du cinéma, David Fincher. Mais cela n’a pas empêché HBO et sa chaîne sœur Cinemax d’élargir leur clientèle. Celle-ci reste d’ailleurs beaucoup plus rentable que son challenger en ligne : 1,8 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros) de résultat d’exploitation contre 228 millions pour Netflix. Pour autant, les patrons des chaînes à péage admettent que l’horizon est loin d’être dégagé. Rodolphe Belmer évoque ainsi une « rupture concurrentielle » concernant Netflix, dont l’offre de films et de séries (souvent peu récents) pour 7 euros par mois est attendue à l’automne en France. en février, canal+ a conclu une union sacrée avec TF1 et M6 pour envoyer une lettre commune à la ministre en charge de la communication, Aurélie Filippetti, plaidant pour un assouplissement de la réglementation française face aux « bouleversements provoqués par l’arrivée de nouveaux acteurs ». Netflix, bien sûr, mais aussi Google, Apple, Amazon ou Facebook, qui investissent dans de nouveaux contenus. « Netflix ne présente pas une menace à moyen terme pour Canal+, mais ce n’est que l’un des premiers d’une nouvelle forme de médias globalisés », fait valoir Rodolphe Belmer. Prudent, Canal+, qui gagne des abonnés à l’international mais en perd un peu en France, a donc entrepris de se diversifier. Outre la télévision gratuite (avec D8 et D17), le groupe a notamment créé Canal play infinity, une offre « anti-Netflix » qui propose sur Internet films et séries (pas les plus récents) pour 6,99 euros par mois. La chaîne, qui s’intéresse aussi à « l’Internet ouvert », vient d’acheter Studio Bagel, réseau de chaînes humoristiques françaises sur YouTube. Ce n’est pas parce qu’on est sûr de son modèle économique que l’on ne doit pas l’adapter… 19 avril 2014
Denis Allard/REA. Lucas Jackson/Reuters. Elizabeth D. Herman/The New York Times-REDUX-REA
Avec ses séries comme « Girls » (ci-dessous) ou « Game of Thrones » (en bas) la chaîne HBO parvient à contrer la concurrence du site de vidéos en ligne Netflix (à droite).
La vie est un sport magnifique
La semaine.
Le décodeur
Laurent Wauquiez, député UMP, sur BFMTV le 10 avril
Après les municipales, place à la campagne des européennes et à son lot de déclarations fortes. Laurent Wauquiez a décidé de miser sur le créneau porteur du Bruxelles bashing. Pour le député uMP, qui souhaite que la France quitte l’espace Schengen, c’est à cause de l’europe que la France ne peut pas fixer de quotas sur le regroupement familial, principal vecteur d’immigration dans notre pays. La vérification. de quoi parle-t-on ? Le regroupement familial, c’est ce qui permet à un immigré de faire venir sa famille sous certaines conditions, liées par exemple à la taille de son logement ou à ses ressources financières. Quant aux quotas d’immigration, c’est l’idée de définir par avance un numerus clausus sur les immigrés selon certains critères, par exemple certains métiers jugés sous tension (291 au total). Mais si on peut établir des quotas sur l’immigration de travail, on ne peut les pratiquer en matière de regroupement familial. et l’europe n’y est pas pour grand-chose. Lorsqu’on est immigré de manière régulière en France, et qu’on répond à un certain nombre de critères (logement, salaire, etc.), faire venir sa famille proche est en réalité un droit, consacré par le préambule de la constitution de 1946, selon l’avis rendu en 1993 par le conseil constitutionnel. comme nombre de pays, la France reconnaît le droit à la vie familiale. et on ne peut en priver un individu sans motif L’affirmation.
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valable. Si la loi a durci les conditions du regroupement familial au fil des ans, elle n’a jamais remis en question ce fondement. L’europe ne fait que reprendre ce principe, présent en droit dans la plupart de ses pays membres. et, effectivement, une jurisprudence européenne de 2006 estime qu’on ne peut s’opposer au regroupement familial au motif des capacités d’accueil du pays. cette position est également celle de la charte des droits fondamentaux, qui consacre « le droit de fonder une famille ». une charte adoptée avec le traité de Lisbonne en 2007 par la France, à l’initiative d’un gouvernement qui comptait parmi ses membres un certain Laurent Wauquiez. La concLusion. ce n’est donc pas vraiment l’europe qui empêche la France de pratiquer des quotas de regroupement familial, mais un principe juridique, le droit à fonder une famille, qui est présent en droit français depuis bien longtemps. Le seul effet concret de l’europe est ici de consacrer ce principe de manière supranationale : la France ne pourrait plus changer sa constitution pour instaurer ces fameux quotas. Mais il faudrait surtout s’interroger sur l’objet de ces derniers : on imagine sans peine qu’un pays définisse des quotas par métiers précis, mais comment faire des quotas sur les familles ? Par pays ? Nombre d’enfants ? Métier du conjoint ? et comment justifier qu’un ressortissant d’un pays X puisse faire venir ses proches, mais pas celui du pays Y ? en réalité, aucun pays ne pratique de quotas sur le regroupement familial. Sans doute pas uniquement pour de mauvaises raisons. Samuel Laurent
Il fallait oser Copains de train. Par Jean-Michel Normand
même dans les chemins de fer, il faut parfois rouler à contresens. Lancée depuis le 10 avril dans les tGv, l’opération « voisins à bord » – une démarche de longue haleine – s’inscrit hardiment à rebours des mœurs dominantes, plus orientées vers l’individualisme et le repli sur soi que l’urbanité et la philanthropie. « Nous vous proposons de dire bonjour aux voyageurs situés à côté de vous, de leur demander où ils se rendent ou ce qu’ils aiment », devrait-on entendre avant le départ d’un train. sympathique, cette initiative verse gentiment dans le boy-scoutisme. Des livrets voisins à bord seront distribués et un observatoire de la bienveillance sera créé. Lancée avec l’association voisins solidaires, organisateurs de la fête des voisins, cette mobilisation serait sans doute plus nécessaire dans les trains de banlieue que dans le tGv qui, à vrai dire, n’a rien d’un endroit glauque, socialement parlant. on remarquera aussi que cet esprit « teuf à tous les étages » contraste avec la pratique en vigueur dans les idtGv qui offrent aux voyageurs d’opter entre compartiment Zen (on bosse, on lit ou on dort) et compartiment Zap (gamins qui braillent, jeunes qui font de la musique). alors que la fréquentation des tGv est en baisse régulière, il semble que cette brusque exaltation pour la tarte à la crème du vivreensemble s’explique par la volonté de faire pièce au covoiturage. L’essor de cette pratique, dont le succès tient à son coût et à l’aura de convivialité qui la nimbe, détourne en effet une partie de la clientèle du train. ne reculant devant rien pour reconquérir les voyageurs, la sncf engage une autre offensive visant à améliorer la propreté des toilettes dans les gares et promet de « nouveaux concepts ». il s’agit, a indiqué l’entreprise au quotidien Les Echos, « d’améliorer l’expérience client ». on ne saurait mieux dire.
Retrouvez les déclarations des Décodeurs sur www.lemonde.fr/les-decodeurs. 19 avril 2014
Ibo/Sipa. Cecilia Garroni Parisi pour M Le magazine du Monde
“L’Europe nous interdit de fixer des quotas en matière de regroupement familial.”
Que dirait votre voiture, si elle pouvait parler de vous?
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La semaine.
Septembre 2010. Subornation déjouée
Au cinquième jour du procès, l’avocat général présente la preuve que Jean-Michel Bissonnet, accusé d’avoir commandité le meurtre de sa femme en 2008, a tenté de convaincre un ex-codétenu de livrer un faux témoignage. L’accusé (à dr.) sera finalement condamné à vingt ans de réclusion.
1.
Mars 2013. Aveux tardifs
2.
Déstabilisé par le récit poignant de l’une de ses victimes, Léonide Kameneff, le fondateur de l’Ecole en bateau, reconnaît tous les faits d’agressions sexuelles – 29 plaintes avaient été déposées – qu’il niait pour l’essentiel depuis dix-huit ans. Verdict de la cour d’assises à Paris : douze ans de prison ferme.
La dramaturgie des procès d’assises réserve parfois quelques surprises. Rétrospective des derniers retournements de situation en date.
4.
1 avril 2014. Disculpé, puis accusé er
Ce devait être le procès de Francis Heaulme, mais c’est Henri Leclaire, un temps soupçonné du meurtre des deux garçons commis en 1986 à Montigny-lès-Metz avant de bénéficier d’un non-lieu, qui se retrouve principal suspect. Ce retournement est provoqué par un témoin, Marie-Christine Blindauer, à qui Leclaire se serait confié. Il faudra un nouveau procès.
20 -
Juin 2013. Outreau, bis repetita
3.
Daniel Legrand, benjamin des acquittés d’Outreau (19 ans en 2001), est rattrapé par des faits d’agressions sexuelles commis lorsqu’il était mineur, mais que la justice avait « oubliés ». Partie civile, l’association Innocence en danger a relancé la machine judiciaire juste avant la prescription. Il sera jugé par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine à Rennes.
5.
7 avril 2014. Psychodrame familial
A Rennes, au début de la dernière semaine de son troisième procès, Maurice Agnelet, 76 ans, est accusé par l’un de ses fils, Guillaume – qui évoque des révélations que lui auraient faites ses parents – du meurtre d’Agnès Le Roux, sa riche maîtresse disparue en 1977. Le 11 avril, les jurés ont condamné l’accusé à vingt ans de réclusion criminelle. Jessica Huynh 19 avril 2014
Guillaume Bonnefont/IP3. Marc Chaumeil/Divergence. François Lo Presti/AFP. Jean-Sébastien Evrard/AFP. Vincent Kessler/Reuters
Le roman-photo des coups de théâtre judiciaires.
La semaine.
Qui est vraiment Philippe Couillard ?
Après la victoire du Parti libéral du Québec sur les souverainistes aux législatives du 7 avril, ce chirurgien, plutôt discret, est devenu le premier ministre de la province francophone du Canada.
L’héritier Ce Franco-Canadien, de son vrai nom Philippe Couillard de l’Espinay, a délaissé la particule de son ancêtre, un Breton parti pour la Nouvelle-France en 1613. Celui-ci fut le premier colon anobli par Louis XIV en 1654 pour « ses belles actions dans le pays de Canada ».
Le grognard L’une de ses cravates favorites est bleue et ornée d’abeilles jaunes, symbole de l’Empire napoléonien. S’il avoue avoir un temps collectionné les livres sur cette période, il parle volontiers de son autre passion : l’histoire de la guillotine.
“L’ours” Ce surnom, donné par son épouse, était abondamment utilisé par les hauts fonctionnaires lorsque Couillard était ministre de la santé de 2003 à 2008. Athlétique, amateur de chasse et de pêche et plutôt solitaire, il a aussi la démarche un peu pataude du plantigrade.
L’imprudent Ce neurochirurgien réputé de 56 ans se défend d’être encore l’ami d’Arthur Porter, ex-patron d’un grand hôpital montréalais détenu au Panama pour une affaire de pots-de-vin. Ensemble, ils avaient créé en 2010 une firme de consultants en santé, qui est restée dormante. Anne Pélouas
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19 avril 2014
Mathieu Belanger/Reuters
Le manœuvrier Chef du fédéraliste Parti libéral du Québec (PLQ), il a agité pendant la campagne l’épouvantail d’un référendum sur l’indépendance du Québec– hypothèse pourtant écartée à court terme par les indépendantistes. Il a également jugé « discriminatoire » le projet de charte sur la laïcité défendu par ses adversaires, les souverainistes du Parti québécois.
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la semaine.
ils font ça comme ça!
AustrAlie
Née garçon, devenue femme, Norrie May-Welby ne voulait plus être ni l’un ni l’autre. une revendication acceptée par la Haute Cour, qui reconnaît ainsi officiellement un nouveau genre.
D
de son passeport figure la formule « non spécifique ». Le 2 avril, la Haute Cour d’Australie, tribunal suprême du pays, a validé le droit de Norrie May-Welby à n’être désormais ni un homme ni une femme. Pour Norrie, c’est l’aboutissement d’un long cheminement. Née garçon en Ecosse en 1961, elle ne se sentait pas en phase avec son sexe : « A l’intérieur, je n’étais pas un homme. » En 1989, après avoir pris des hormones pendant quatre ans, elle se fait opérer en Australie, où elle vit depuis 1969, afin de changer de sexe. « Après ça, j’ai été heureuse pendant quelques mois, deux ans peut-être. » Mais au début des années 1990, elle sent que l’identité féminine ne lui sied pas non plus vraiment. « J’ai commencé à me poser des questions après avoir vécu plusieurs relations dans lesquelles mes partenaires acceptaient difficilement que j’aie été un homme. » Commence alors une profonde introspection faite de rencontres et de lectures, notamment de l’Américaine Susan Stryker, spécialiste du genre, elle-même transsexuelle. Norrie comprend qu’elle ne pourra jamais entrer dans les cases « masculin/féminin ». « Pourquoi ces stéréotypes existent ? Pourquoi ne pourrait-on pas être entre les deux ? », s’interroge-t-elle. Norrie mène désormais sa vie sans essayer de faire la part du féminin ou du masculin. « Si je veux acheter une jupe, je vais au rayon femme, pour une veste, je vais chez les hommes. Ces catégories ne m’importent plus. » Au fil du temps, elle a vu évoluer les regards portés sur elle : « Je ne suis plus une marginale désormais. Même The Australian [quotidien conservateur] a pris ma défense ! L’Australie est
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ans la case « genre »
prête. » Pour Norrie ce n’est pas qu’une question de genre. « Physiquement, je ne suis aujourd’hui pas plus un homme qu’une femme », assure-t-elle. Une affirmation confirmée par des médecins qui attestent alors de son indifférenciation sexuelle. A choisir, Norrie préfère cependant qu’on emploie « elle » plutôt que « il ». D’autant qu’en anglais, le neutre « it » désigne avant tout des choses. « Pendant la procédure, je ne cherchais pas à révolutionner la langue anglaise, alors j’ai dû choisir l’un ou l’autre », explique-t-elle. en 2010, elle demande à la Nouvelle-Galles-du-Sud, l’Etat de Sydney où elle habite depuis 1988, de lui délivrer des papiers ne mentionnant aucun sexe. L’état civil accède à sa requête dans un premier temps, avant de se raviser quelques mois plus tard. C’est ce qui déclenche l’offensive judiciaire. Norrie et ses avocats l’emportent à chaque niveau, mais les autorités persistent et font systématiquement appel. Jusqu’à ce que la plus haute juridiction fédérale, créant un précédent qui vaut autant pour l’Etat de Sydney que pour le reste de l’Australie, lui donne raison. D’autres pourraient donc suivre la voie de Norrie. « J’en connais quelques-uns », glisse-t-elle. En Australie, quelques personnes avaient déjà été reconnues comme n’étant ni homme ni femme, mais à condition de produire un certificat de naissance attestant de cette indifférenciation. C’est ainsi qu’Alex McFarlane, porteur de chromosomes XXY, était devenu en 2003 la première personne à obtenir un passeport australien ne définissant pas son sexe. Norrie se consacre désormais au volontariat. Sympathisante des Verts, elle défend notamment les droits des réfugiés, aujourd’hui malmenés par la politique du gouvernement conservateur de Tony Abbott. Elle se bat également pour l’« égalité du mariage ». Fiancée à son meilleur ami, Sam, Norrie entend bien se marier dès que possible. Colin Folliot
19 avril 2014
William West/AFP
Citoyen du troisième sexe.
turquie
égypte
Sissi superstar.
A
vant même le scrutin présidentiel des 26 et 27 mai dont il est le grand favori, Abdel Fattah Al-Sissi est déjà consacré comme un héros, ou plutôt un super-héros. Le dernier hymne à la gloire du militaire égyptien est une application pour smartphones Android intitulée « Super Sisi ». A bord d’un petit avion qui survole les pyramides, le personnage à casquette militaire évolue dans un paysage pastel qui n’est pas sans rappeler les aventures de Super Mario. Il déjoue les bombes des terroristes, volant vers son objectif, « sauver l’Egypte ». Cette mise en scène n’est qu’une manifestation de plus en faveur de l’homme fort de l’armée qui a fait sa première apparition sur les réseaux sociaux roulant à vélo dans une rue du Caire. L’héroïque effigie orne aussi sousvêtements et chocolats. Ses opposants ne sont pas en reste, mais c’est à leurs risques et périls. Un habitant du sud du pays vient d’être condamné à six mois de prison pour avoir promené son âne portant l’inscription « Sissi ». J.-M. N.
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Après twitter, youtube. Le gouvernement tente d’interdire l’accès à plusieurs sites, vecteurs, selon lui, d’idées immorales. une censure qui vise à éteindre un vaste scandale de corruption. Les usagers, souvent jeunes, ont appris à contourner les filtres.
L
A déCISIon AdMInISTrATIvE prISE poUr CE SITE (…)
a été mise à exécution par la direction des télécommunications. » Voilà ce qui s’affiche depuis le 27 mars sur l’écran des internautes qui tentent de se connecter au site de partage de vidéos YouTube, en Turquie. L’accès a été bloqué à la suite de la publication d’un enregistrement clandestin, mettant en danger, selon le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, « la sécurité de l’Etat ». Ce document sonore, reproduisant une conversation confidentielle entre le ministre des affaires étrangères, un haut responsable de l’armée et le chef des services secrets, révélait une possible instrumentalisation du conflit syrien par la Turquie. L’enregistrement avait été précédé de plusieurs dizaines d’autres tout aussi compromettants, alimentant les soupçons d’un vaste système de corruption dans l’entourage proche du premier ministre. Le 20 mars, l’autorité turque des télécommunications avait interdit l’accès à Twitter, sur lequel fleurissaient visiblement trop de critiques. Si le blocage de Twitter a dû être levé le 3 avril, conformément à un arrêt de la Cour constitutionnelle qui a jugé qu’il s’agissait d’un viol de la liberté d’expression, Google, propriétaire de YouTube, a dû entamer une bataille judiciaire. « Nous
nous sommes conformés à la décision de la Cour, mais je ne la respecte pas », a pour sa part lancé le 12 avril, M. Erdogan dont Internet est devenu l’une des cibles favorites. Des milliers de sites sont, en effet, rendus inaccessibles par le gouvernement qui a fait voter, cet hiver, une loi très restrictive. Les réseaux sociaux, à la solde d’un « immoral » « lobby du porno », sont accusés de tous les maux. CE dISCoUrS qUI vISE à pErSUAdEr LES TUrCS que les scandales de corruption ne sont qu’« une campagne de calomnie » n’a visiblement guère d’impact sur les jeunes, gros utilisateurs de réseaux sociaux, notamment lors des manifestations autour de la place Taksim. Ceux-ci déploient toutes sortes d’astuces (utilisation de connexions VPN ou modification des adresses DNS) pour accéder aux sites interdits. Le blocage de Twitter a été assez largement contourné par les quelque 12 millions d’utilisateurs du réseau en Turquie qui ont envoyé des tweets par SMS ou en modifiant, là encore, leurs paramètres sur Internet. Avant que ces systèmes ne soient à leur tour neutralisés par les autorités. Entre 2006 et 2008, YouTube avait déjà été censuré à plusieurs reprises. A l’époque, les autorités avaient invoqué un autre prétexte : une vidéo jugée insultante pour Kemal Atatürk, le fondateur de la République turque en 1923, considéré comme le père de la nation. Cela n’avait pas empêché YouTube d’être le quatrième site le plus fréquenté au cours de cette période. Le premier ministre Erdogan, lui-même, avait reconnu l’utiliser alors qu’il était officiellement bloqué.
Guillaume Perrier
Eman Helal/AP. Ozan Kose/AFP
ils font ça comme ça!
Les réseaux sociaux font de la résistance.
La semaine.
Marc Beaugé rhabille… Valérie Trierweiler.
L
plement, par une apprentie coiffeuse d’un salon Jean Louis David. Dans un contexte estival et balnéaire, cette pratique comporte même un autre avantage, ô combien fondamental. En effet, alors qu’une paire de lunettes en sautoir viendra forcément obstruer la vue sur un décolleté, une paire de lunettes dans les cheveux laissera le champ libre aux regards et à toutes les convoitises. À N’EN PAS DOUTER, c’est bien dans cet esprit-là que Valérie Trierweiler décida d’installer ses lunettes dans sa chevelure. Femme délaissée, elle ressent certainement le besoin de plaire et d’être désirée, même par un séducteur qui a passé l’arme à droite depuis trop longtemps. Pour ce faire, elle est donc prête à tout, et même à se montrer les yeux dénudés devant les flashs violents des paparazzi. C’est évidemment touchant. Mais on ne manquera pas de voir dans cette paire de lunettes posée sur le crâne le diadème de substitution d’une princesse déchue. Et tristement exclue de la famille Royal de François Hollande…
Le buzz du Net La révolte mise à nu.
E
n matière de marketing militant, la nudité en ligne a toujours de beaux jours devant elle. A l’instar des activistes Femen, des manifestations estudiantines québécoises en petite tenue du printemps 2011 ou, plus récemment, des opposants aux forages pétroliers au large d’Ibiza, les Vénézuéliens ont fait de leur corps dénudé un outil de protestation. En réaction au passage à tabac d’un étudiant de l’université de Caracas, déshabillé par des partisans du président Nicolás Maduro alors qu’il manifestait le 3 avril contre le gouvernement, le réseau social Twitter a vu fleurir les photos d’activistes posant nus, ou parfois simplement vêtus d’un drapeau du pays. D’abord lancé par Ricardo Cie, un agent publicitaire local, le « hashtag » #MejorDesnudosQue (mieux vaut nus que) a ensuite été partagé par des milliers de twittos, en solidarité avec l’étudiant. Une façon efficace de dénoncer les violences, notamment policières. Et d’attirer l’attention des médias sur la situation au Venezuela. Franck Berteau
Capture écran Web
A SEMAINE PASSÉE, alors que Ségolène Royal retrouvait sa place sur l’échiquier politique, Valérie Trierweiler retrouvait la sienne en « une » des magazines people, tout sourire et accessoirisée de deux pièces-phares de la saison. De fait, si chacun remarqua que le vieux beau suprême Alain Delon pendait au bras de l’ex-première dame, certains passèrent à côté de la paire de lunettes de soleil reposant pourtant dans une position particulièrement disgracieuse, et fort précaire. Au sortir de son déjeuner en galante compagnie au Berkeley, fast-food de l’avenue Montaigne, Valérie Trierweiler avait en effet choisi de ne pas porter ses lunettes de soleil sur le nez, ni même de les coincer dans une poche intérieure ou de les laisser pendre en sautoir autour de son cou, à la façon d’une vieille professeure d’éducation civique atteinte de presbytie, pour ne pas dire plus. Au contraire, les lunettes de soleil de la journaliste de Paris Match reposaient dans ses cheveux, selon une pratique très répandue l’été, dans les stations balnéaires, chez des jeunes femmes court vêtues et généralement peu portées sur l’éducation civique. De fait, en maillot de bain ou tenue légère, sans poche ou sac à portée de main, il peut s’avérer pratique, voire obligatoire, de porter ses lunettes ainsi coincées sur le haut de la tête, entre deux mèches décolorées par le soleil ou, plus sim-
19 avril 2014 – Illustration Peter Arkle pour M Le magazine du Monde
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La semaine.
La photo
Le système Kadhafi comparaît. Le procès de plus de 37 proches du dictateur libyen Mouammar Kadhafi, comme Abdallah Al-Senoussi (le premier à gauche), l’ex-chef des renseignements du régime, accusés d’avoir participé à la répression de la révolte de 2011, s’est ouvert lundi 14 avril, avant d’être ajourné au bout de quarante minutes. En raison notamment de l’absence de plusieurs hauts fonctionnaires de l’ancien régime jugés, dont l’un des fils Kadhafi, Saïf Al-Islam. L’audience reprendra le 27 avril.
Fenêtres sur clic.
Du système d’exploitation Windows XP, condamné par Microsoft, qui a procédé le 8 avril à une ultime mise à jour, on retiendra surtout l’emblématique fond d’écran. De quoi raviver la mémoire des pages d’accueil célèbres.
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Eden sous Windows 95
En août 1995, Windows 95 soigne son écran d’accueil sur fond de petit coin de ciel bleu. Trois ans plus tard, Windows 98 est le premier système d’exploitation adapté à la navigation sur Internet. L’écran d’ouverture reste, quant à lui, inchangé.
Félicité sous XP
On doit la verdoyante colline de Windows XP (2001) à Chuck O’Rear, qui a réalisé ce cliché intitulé Bliss (« félicité »), et l’a cédé à une banque d’images. Une fois les droits rachetés à prix d’or par Microsoft, cette photo est devenue l’une des plus connues au monde.
Excitation sous Ps1
La première PlayStation de Sony ouvre en 1995 l’ère des consoles de jeux. Plutôt fruste, l’écran d’accueil de la Ps1, qui se résume à un logo sur fond noir, n’en suscite pas moins, dès qu’il apparaît, une nette montée d’adrénaline chez les joueurs.
En Chine, les nuages de particules fines angoissent les travailleurs japonais. A tel point qu’ils sont de plus en plus nombreux à faire le choix d’y vivre seuls, afin de ne pas exposer leurs enfants à la pollution. Le 11 avril, jour de rentrée à l’école japonaise de Pékin, 491 élèves ont répondu à l’appel, contre 592 en 2013, rapporte l’un des principaux quotidiens de l’Archipel, Asahi Shimbun. Diminution d’effectif que la direction de l’établissement explique par la dégradation de la qualité de l’air local. La baisse a également été constatée à Shanghaï même et sur le campus de Pudong, où le nombre total d’élèves a chuté de près de 10 % par rapport à la rentrée dernière. En mars, devant les réticences de leurs cadres à affronter l’atmosphère viciée de la Chine, de grandes entreprises japonaises comme Panasonic ou Nissan avaient déjà déclaré songer à distribuer des « primes antipollution » à ceux qui accepteraient un poste dans leurs entreprises en Chine.
Franck Berteau
J.-M. N.
19 avril 2014
Mahmud Turkia/AFP. Xinhua/Zuma/Rea. Jean-Claude Moschetti/Rea. The New York Times/Rea. Capture d’écran Web
Des expatriés écœurés par la pollution.
CASDEN Banque Populaire - Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable. Siège social : 91 Cours des Roches - 77186 Noisiel. Siret n° 784 275 778 00842 - RCS Meaux. Immatriculation ORIAS n° 07 027 138 BPCE - Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 155 742 320 €. Siège social : 50 avenue Pierre Mendès France - 75201 Paris Cedex 13. RCS PARIS n° 493 455 042. Immatriculation ORIAS n° 08 045 100 - Illustration : Killoffer.
Quand une banque tire sa force de l’esprit coopératif, elle s’appuie sur des valeurs de solidarité, d’écoute et de confiance. Créée par des
enseignants, la CASDEN s’engage ainsi auprès de plus d’un million de Sociétaires à réinvestir leur épargne dans le financement des projets de chacun. Rejoignez-nous sur
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La semaine.
Les questions subsidiaires
On pourrait appeler cela le départ volontaire à la sauce Amazon. Jeff Bezos, le PDG du site Amazon, propose le programme « Pay to quit » (« payé pour démissionner ») afin d’écarter en douceur ses employés « démotivés ». La première année, la prime s’élèvera à 2000 dollars (1400 euros) et augmentera ensuite de 1000 dollars par an pour atteindre, in fine, 5000 dollars (3600 euros) maximum. « Un salarié qui reste là où il ne souhaite pas être, ce n’est sain ni pour lui ni pour l’entreprise », estime Jeff Bezos. Reste que, pour accepter ces primes, plutôt modestes, il faut être motivé. Jessica Huynh
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Les scientifiques
néozélandais en sont convaincus : le kiwi, qui pèse déjà un milliard de dollars dans l’économie du pays, se vendrait mieux sans sa peau velue. Avec l’appui du gouvernement, le groupe Zespri, premier exportateur mondial, a donc lancé un vaste programme de recherche-développement. Objectif : que l’enveloppe de ce fruit devienne comestible. Ou tout au moins plus aisée à éplucher. Franck Berteau
La tête de Maure est-elle dangereuse ? Emblème
de l’île de Beauté, la tête de Maure fait une curieuse percée sur les plaques d’immatriculation. Emanant de la région la moins peuplée du pays, les signatures 2A (Corse-du-Sud) et 2B (HauteCorse) se classent pourtant en dixième position sur les plaques vendues en 2013 par l’équipementier automobile Norauto, rapporte Le Figaro du 10 avril. Explication avancée : la crainte que susciterait auprès des autres usagers l’affichage de cet élément d’identité insulaire. F. Be.
19 avril 2014
London News Pictures/Zuma/Rea. Daniel Thierry/Photononstop
Les employés d’Amazon devront-ils faire leurs cartons ?
Qui veut la peau des kiwis ?
Rolf Vennenbernd/DPA/AFP
Lindt pourra continuer à commercialiser ses oursons en chocolat. La société suisse a gagné en appel le 11 avril la deuxième manche de la bataille judiciaire qui l’oppose à Haribo. Le géant allemand de la confiserie avait porté l’affaire en justice fin 2012, estimant que Lindt copiait ses célèbres petits ours gélifiés. Le troisième round se jouera devant la Cour constitutionnelle allemande, dont la décision n’est pas attendue avant fin 2015. J. H.
- Illustration : Killoffer. CASDEN Banque Populaire - Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable. Siège social : 91 Cours des Roches - 77186 Noisiel. Siret n° 784 275 778 00842 - RCS Meaux. Immatriculation ORIAS n° 07 027 138.
Les oursons vont-ils s’entredévorer?
« La transmission est avant tout un partage. J’apprends des autres autant que je leur transmets. » Avec Parlons Passion, la CASDEN invite les professionnels de l’éducation, de la recherche et de la culture à partager leur expérience et leur vocation. A travers des anecdotes surprenantes et attachantes, ils prennent la parole pour témoigner de leur passion pour leur métier et de leur engagement au quotidien. 42 portraits inédits pour cette nouvelle saison à découvrir du lundi au vendredi sur France 5 à 17h45 et sur France 3 à 22h30 et à revoir sur la Chaîne YouTube CASDEN.
Juste un mot Clash.
N
otre époque adore les clashs. Regardez les vidéos qui circulent sur la Toile : à part les chatons et les pandas (beurk), ce sont les clashs qui font recette. Il existe même des « serialclasheurs » comme Finkielkraut – hurlant « Taisez-vous ! » chez Taddeï –, Michel Onfray (face à Sollers, ou face à n’importe qui), Zemmour, Cohn-Bendit ou Mélenchon. Ceux-là sont de bons clients. Ils clashent bien. Et puis une vidéo de clash a l’avantage de ne pas durer trop longtemps et de ne pas trop faire réfléchir. Pensez ! Rire avec un philosophe ou un leader politique en 1 minute 30… Le mot « clash », qui signifie tout simplement dispute, affrontement, bagarre, engueulade, n’est certes pas une nouveauté dans la langue parlée de chez nous. Mais il s’est longtemps cantonné au domaine professionnel. On entendait : « Il y a eu un clash pendant la réunion budget, Jean-Claude n’a pas supporté d’avoir 5 % de moins et il a claqué la porte. » Emotion au restaurant d’entreprise. Et puis, comme nous le remarquons souvent dans cette chronique, sont arrivés le rap et les réseaux sociaux. Le rap a codifié les clashs entre stars (ou demi-stars) du genre. L’équiva-
lent des duels de traits d’esprit de Versailles, frontières de l’Union, l’innovation ou le chôou des chases des musiciens de jazz, mais en mage. Verts contre « populaires », libéraux version trash, « ta mère », « ta meuf », « ta contre socialistes. Le 9 avril, les libéraux ont gasœur », avec en prime des chapelets d’injures gné à l’applaudimètre. Avaient-ils un meilleur à caractère sexuel, social, politique ou parfois « flow » ou de meilleurs arguments? Difficile à même musical. Un rappeur attaque un autre dire. Les vidéos de leurs clashs sont assez gueuqui lui répond, le ton monte. C’est ça, le clash. lardes. Je n’ai pas bien saisi les idées. Il peut s’agir aussi d’une battle – comme dans Il est clair en revanche que la culture du racla danse hip-hop –, où chacun clashe l’autre courci a définitivement gagné la partie. On sait pendant des rounds d’une trentaine de se- que le clasheur Finkielkraut est le premier à le condes, à tour de rôle. Le champ de battle est regretter, dans sa critique de la « malédiction » souvent la radio (notamment Skyrock). Zoxea d’Internet, « monde sans foi ni loi ». A l’Acadécontre Dontcha. Kaaris contre Booba. Booba mie française, au moins, il aura le temps de contre Rohff : du catch verbal, le freestyle au développer ses arguments. service du spectacle radiophonique. Tout cela relayé par les réseaux soLe rap a codifié les clashs entre stars ciaux. Et copié-édulcoré jusqu’à la nausée à la télé du genre. L’équivalent des duels de traits (les battles de l’émission d’esprit de Versailles ou des “chases” de « The Voice »). Cette culture du clash musiciens de jazz, mais en version trash, touche tout le monde. Les incidents de séance “ta mère”, “ta meuf”, “ta sœur”, avec en dans la plupart des asprime des chapelets d’injures à caractère semblées politiques du m o n d e f r a n c o p h o n e sexuel, politique ou même musical. (sauf le Québec) sont qualifiés de « clashs » dans les médias. Les couples en conflit après la naissance de leur premier bébé sont victimes du « baby-clash », selon le psychiatre Bernard Geberowicz. J’ai même lu sur mon site d’information préféré (lemonde.fr) des titres sur un « clash diplomatique ». Mieux : à l’approche des élections européennes,
j’ai suivi avec un mélange d’amusement et de gêne, les efforts du groupe de députés européens EU40 pour susciter l’intérêt des jeunes en organisant des battles d’eurodéputés retransmises par MTV. Imaginez, à Bruxelles, plusieurs centaines de spectateurs assistant à des clashs de rap entre des équipes comprenant deux députés et un rappeur, qui s’affrontent sur les 32
Jean-Baptiste Talbourdet/M Le magazine du Monde
Par Didier Pourquery
Le Magazine / Portrait / Analyse / Reportage / Enquête / Portfolio /
Un nom de toute beauté.
Sur le marché hyperconcurrentiel des cosmétiques, la qualité ne suffit pas. Pour vendre un nouveau produit, il faut forger un nom évocateur qui parlera à la cible choisie. Elaborée par des experts, alimentée par nos comportements, cette novlangue est conçue comme un miroir des désirs de la société. Par Lili BarberyCoulon/Photos et illustrations Jean-Baptiste Talbourdet. 19 avril 2014
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le magazine.
M Les illustrations qui accompagnent cet article sont des détournements des codes de la publicité. 34 -
ieux vaut ne pas être aller-
gique aux anglicismes pour assister à une séance de création de nom cosmétique: « En préambule, j’aimerais rappeler à tous la brand equity et les différents insights qu’on a repérés dans cette catégorie. » Car on ne dit pas « création de nom » mais « naming ». On ne dit pas international, mais « globish ». Et on ne parle pas de patrimoine de marque mais de « brand equity ». Autour de la table, deux experts en stratégie de communication, un sémiologue, deux directeurs artistiques et un chargé d’études tentent de définir des champs lexicaux à grand renfort de Post-it. Pour inventer le nom de cette «émulsion à la vitamine C destinée aux peaux en manque d’éclat», ils ne disposent ni du flacon du futur produit ni de sa formule. Mais ils ont un inventaire détaillé de tous les soins concurrents déjà lancés sur le marché. Et une prescription du client (la marque qui lance cette crème) – un brief – qui explique l’action du produit sur la peau. Les boulettes de papier s’accumulent. Les fous rires aussi. Surtout lorsque les mots-valises apparaissent au tableau. On fait fusionner merveilleux et essence, renaissance et énergie, dynamisme et métamorphose. On accole des terminaisons comme « logy », « ist » ou « fique » avant de se rendre compte que les trois quarts des mots inventés ce jour-là sont déjà déposés dans un pays capital pour la marque. Retour à la case départ. La plupart des grands groupes cosmétiques emploient des spécialistes du naming. Mais ces derniers ne sont pas seuls à dénicher les noms des produits de beauté. De nombreuses agences se consacrent uniquement à cela. Sur Google, lorsqu’on cherche une « agence de naming », on trouve 280000 résultats. Les plus connues comme Landor Associates, Demoniak ou Kaos Consulting conseillent aussi bien des marques de lessive que des laboratoires pharmaceutiques, des groupes automobiles ou des grands noms de la beauté. Formés à l’Ecole des hautes études en sciences de l’information et de la communication (Celsa), à Polytechnique, Sciences Po ou dans de grandes écoles de commerce, leurs membres ont bien conscience de l’impact des mots et des enjeux industriels qui sont derrière. La cosmétique fait aussi appel à de nombreux cabinets de sémiologie indépendants ou à des experts en rhétorique. « Il y a en effet aujourd’hui une industrie du nom car la consommation passe par ce que les sociologues appellent “la consommation de l’immatériel”. Choisir un bon nom pour une marque est aussi important que de posséder une bonne matière première, explique la sémiologue Mariette Darrigrand, auteure de Comment les marques nous parlent (mal) (Editions François Bourin). Au fond, la politique et la cosmétique sont deux secteurs où l’on croit dans le langage de manière christique. L’objectif étant de trouver un énoncé majoritaire, comme “Le changement c’est maintenant” ou “Parce que je le vaux bien”, qui touche un point sensible de la société. » Un business très rentable puisque le tarif pour la création d’un nom de produit d’une grande marque oscille entre 15000 et 20000 euros. A ce prix, on ne se contente pas de trouver un nom. Le marketing a inventé un énoncé à sa mesure: le « tone of voice », c’est-à-dire un nuage de mots à utiliser. « La tentation immédiate est de chercher à faire tout dire à un nom mais c’est impossible, précise Clément Chabert, consultant au planning stratégique chez Landor Asso- ••• Photos et illustrations Jean-Baptiste Talbourdet/M Lemagazine du Monde – 19 avril 2014
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le magazine.
••• ciates. Du coup, on fournit une signature complémentaire et des
principes d’expression qui vont définir une manière de parler, un ton, avec une dimension émotionnelle. » Autant d’outils qui vont permettre à la marque de décliner le même registre sémantique sur son packaging et dans ses publicités. Pour mettre au point ce lexique, les experts du naming commencent par revenir sur l’histoire de la marque. « La difficulté pour la marque est de rester fidèle à ce qui fait sa singularité, son identité propre, tout en reflétant les grandes évolutions de son époque, explique Carmen Kervella, fondatrice du cabinet aHeadLand. La sémantique de la marque de maquillage M.A.C reflète par exemple sa vocation à être au service des professionnels de la beauté: Mac Pro, Studio Fix, Master… Alors que la ligne américaine Benefit utilise une rhétorique très ludique avec beaucoup de jeux de mots systématiquement en anglais: le baume matifiant s’appelle Dr FeelGood, leur fond de teint Hello Flawless… » Impossible pour ces deux marques d’échanger leur registre lexical. De la même manière, Clinique, qui se positionne comme une réponse dermatologique, ne peut pas emprunter le vocabulaire impérial et statutaire de Guerlain. Pourtant, il existe quelques exceptions comme Vichy qui, après avoir situé son discours autour de la peau saine, s’est récemment mis à évoquer la « peau idéale » en lançant une gamme de soins baptisée « Idéalia ». « Les consommatrices ont changé. En pharmacie, elles ne viennent plus uniquement chercher des solutions pour des problèmes d’acné ou d’eczéma, elles veulent aussi qu’on leur parle de glamour », justifie Natacha Dzikowski,directrice de l’agence de publicité TBWA. Or les « nameurs » n’ont qu’une seule mission: satisfaire les consommatrices. « Au-delà du langage propre à chaque marque, il faut savoir à quel consommateur on s’adresse », souligne Nathalie Rozborski, directrice conseil mode et beauté au bureau de tendances Nelly Rodi qui a développé un outil matriciel répertoriant les consommateurs selon cinq familles distinctes aux noms évocateurs : évasion, degré zéro, traditionnel, émotion, raison. « On a interrogé 2000 personnes partout dans le monde sur ce qu’elles achètent dans tous les domaines et on s’est aperçu qu’elles appartiennent toujours à l’une de ces cinq catégories. Leurs achats sont guidés par la raison ou bien par leur attachement aux traditions, leur soif d’évasion ou encore par leurs émotions, et on ne peut pas s’adresser à elles de la même manière. En mode, une personne qui aime la marque espagnole Desigual n’ira jamais acheter un perfecto en cuir du créateur Rick Owens. C’est improbable. En beauté, c’est pareil. Les mots qu’on emploie ne pourront jamais toucher deux familles de consommateurs se situant culturellement à l’opposé l’une de l’autre. » D’où l’intérêt pour les sémiologues et les agences de naming de nous observer à la loupe. Chez Landor Associates, on suit dix familles françaises depuis six ans. « Ça n’a pas de valeur statistique, mais c’est une représentation assez diverse des consommateurs en termes d’activités et de revenus, ajoute Clément Chabert. On a un jeune couple avec un enfant installé en milieu urbain, une famille de retraités en milieu rural, une famille recomposée, des personnes vivant en habitat collectif, d’autres en logement individuel… Et, depuis six ans, nous observons ce que chaque famille achète. » Pour trouver des profils aussi différents, Landor Associates s’est fait aider par un «recruteur», une société spécialisée qui déniche des profils ciblés pour des cabinets de sondages. Rémunérées pour le temps qu’elles consacrent aux différents questionnaires par e-mail et par téléphone (le montant des rémunérations ne nous a pas été communiqué), les familles sont également visitées une fois par an. Ce projet, déjà mis en œuvre au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, le sera bientôt au Mexique. De quoi savoir pertinemment quels mots vont enclencher le désir d’achat. Avec tous ces filtres, trouver un nom devient un véritable cassetête. D’autant qu’il faut qu’il soit exportable dans tous les pays. « En France, nous avons lancé la ligne de soins Sublimist, raconte Anne Decosse, directrice études internationales de L’Oréal Paris. 36 -
Cependant, le mot “sublime” n’évoque rien aux anglophones, du coup, dans ces pays, la même ligne s’appelle Skin Perfection. » Encore faut-il avoir les moyens de protéger plusieurs noms à l’international. « C’est une vraie galère, ajoute Yvette Gradiski, consultante indépendante pour de grandes marques de soins. Tous les mots sont déjà déposés. Si on prend “hydra” par exemple, l’Institut national de la propriété industrielle a déjà 40 ou 50 pages de noms de produits de beauté commençant par ce mot… » Par conséquent, les grands groupes déposent des noms sans les utiliser, afin de les avoir à leur disposition le jour où l’une de leurs nouveautés leur correspondra. « Il faut aussi vérifier la connotation culturelle dans chaque pays, qu’il s’agisse d’un mot français ou anglais, même si on n’a pas, au départ, d’ambitions internationales », ajoute Clément Chabert. Lorsque la petite marque bio Doux Me se lance en 2002 en France, elle joue avec l’évocation de la douceur et celle de l’ego. Mais lorsqu’elle débarque sur le marché américain quelques années plus tard, les journalistes locales sont gênées car à chaque fois qu’elles doivent prononcer le nom de la marque, elles doivent dire « Do Me », qui signifie « baise-moi ». On trouve ainsi d’autres pépites lexicales. En Thaïlande, une marque de soins anti-âge s’appelle Edentée. Et on doute que la ligne de produits « Fouf » à base de sels de la mer Morte de la marque Jordan Egypt Company puisse un jour être distribuée sous ce nom dans un pays francophone. Avec toutes ces contraintes sémantiques, la beauté regorge de mots-valises (Luminescence de Lierac, Sublimage de Chanel, Benefiance de Shiseido…) ou de noms « monstres » qui réunissent plusieurs mots comme Revitalift Magic Blur de L’Oréal Paris. Et elle ne se prive pas de superlatifs pour personnaliser des mots existants. C’est le secteur qui décline sans complexe les mots «multi », « supra », « intensif », « super », « élevé » ou « haute»… « Une autre difficulté consiste à ne pas emprunter des mots qui, même s’ils sont disponibles, rappellent une autre marque, décrypte Yvette Gradiski. Capture, par exemple, est un mot Dior, Absolu est un mot Lancôme. Et lorsque Lancôme a ajouté le mot Advanced à son produit Génifique pour signifier que sa formule avait été perfectionnée, beaucoup ont pensé que la marque “laudérisait” son nom car il évoque désormais le sérum culte Advanced Night Repair d’Estée Lauder. »
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on lit les obsessions, les peurs, les craintes du moment. « Comme tous les autres secteurs de la consommation, celui de la beauté est très opportuniste, remarque Carmen Kervella. Il capitalise sans cesse sur les dernières avancées scientifiques et technologiques ainsi que sur les tendances culturelles, artistiques ou sociétales. » Lorsqu’on a commencé à parler d’injections de toxine botulique, au début des années 2000, la cosmétique n’a pas hésité à revendiquer des effets « Botox like », à remplacer les mots « crèmes » par « injections de ». Beaucoup ont dû faire marche arrière car les effets d’une crème ne sont pas comparables à ceux du Botox. Un soin ne peut pas rivaliser avec une piqûre qui fige un muscle facial pendant quatre mois et, cela, les femmes ont fini par le comprendre. Cependant, l’évocation du Botox sur les emballages a été progressivement remplacée par les mots «filler» ou «comblement », qui font référence aux injections d’acide hyaluronique gonflant les joues et les lèvres, alors que rien ne permet de les mettre sur un plan d’égalité. « Aujourd’hui, la médecine esthétique s’est banalisée, explique Natacha Dzikowski. On sait que les célébrités ont recours aux injections, les femmes n’ont plus peur d’avouer qu’elles se sont fait retoucher les paupières ou qu’elles ont eu recours au laser antitache. Grâce aux magazines féminins, elles connaissent toutes les techniques disponibles. D’où la prédominance des noms de produits de beauté inspirés par ces techniques. » ••• n observant les noms des produits de beauté,
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le magazine.
••• Aucune tendance sociétale n’échappe aux sémiologues. L’alimentation et la nutrition deviennent obsessionnelles ? La pollution est omniprésente? La beauté répond avec des produits déclinant le mot « détox » ou « cocon ». Les selfies, ces autoportraits pris à bout de bras avec un téléphone portable, explosent sur la Toile? Les soins deviennent tous « photo proof » ou « HD » pour haute définition. L’univers médical rassure ? Les marques, et pas seulement celles distribuées en pharmacie, se mettent à singer la rhétorique des laboratoires pharmaceutiques. Certains produits ont brusquement fait apparaître des noms de molécules inconnues sous forme de code alphanumérique (LR2412 chez toutes les marques du groupe L’Oréal, NIA-114 chez StriVectin, 12PHA chez Neostrata…) avec des pourcentages de concentration toujours plus importants. On n’hésite pas à employer des sons « ic », « ctin » ou «ist» pour renforcer l’idée d’une efficacité (Algenist, Redermic, StriVectin…). Sans compter qu’il y a toujours la lettre « x » pour surligner la caution scientifique – Capture XP de Dior, Future Solution LX de Shiseido, Xtend Your Youth de Dr Brandt… « Universellement, le “x” a une connotation scientifique, admet Clément Chabert. Qu’on cherche à vendre une prothèse auditive, une photocopieuse ou une crème antirides, le “x” produit toujours cet effet. » Dans cette quête de noms en phase avec l’air du temps, la beauté s’est récemment mise à évoquer la génétique et l’infiniment petit. Le discours autour de l’ADN, des cellules souches et de la cellule s’est répandu dans tous les secteurs de distribution. « Génifique de Lancôme, c’est quand même un mot génial. Il réussit à évoquer les gènes, le génie et l’aspect bénéfique, avoue Mariette Darrigrand. Il faut regarder la cosmétique comme un miroir des représentations générales. La société occidentale est obsédée par la santé, elle sait que ça passe par la génétique et par la durabilité. C’est le développement durable appliqué au corps. » D’autres, comme Caudalie ou Nuxe, vont miser sur des univers radicalement différents valorisant la nature et l’onirisme avec des mots comme Nirvanesque, Merveillance, Divine… « Il faut trente jours pour juger de l’efficacité d’une crème mais, en dehors des cas pathologiques – acné, rosacée –, il est impossible de se souvenir de l’état de sa peau un mois plus tôt, rappelle Anthony Mathé, docteur en sémiotique et consultant
Les “selfies” explosent sur la Toile? Les soins deviennent “photoproof” ou “HD”. L’univers médical rassure? Les marques singent la rhétorique pharma ceutique.
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pour de nombreuses marques de beauté. Ce que l’on va évaluer immédiatement, c’est la sensorialité, ce qui, sur le plan scientifique, n’a rien à voir avec l’effet clinique. » Les marques qui choisissent des mots axés sur le plaisir cherchent donc à amplifier nos perceptions sensorielles. D’autres enfin font le choix de rejeter le naming. Parfois parce qu’ils n’ont pas les moyens d’entrer dans cette course effrénée au bon mot et préfèrent se contenter d’appeler leurs produits « crèmes de jour » ou « de nuit ». Pour certaines marques, comme Aesop ou Kiehl’s, la simplicité représente une stratégie à part entière. Et ça marche puisqu’elles cessent d’ouvrir de nouveaux points de vente, attirent tous ceux qui ne croient pas aux promesses démesurées. « C’est une manière d’évoquer la transparence, explique Yvette Gradiski. Les consommateurs peuvent percevoir cela comme une démarche plus authentique. » D’autant plus qu’elles vantent des ingrédients naturels qui rappellent l’univers rassurant de l’apothicaire d’antan. « Il y a une tendance qui consiste à utiliser les mots les plus purs et à éviter les noms inventés, perçus comme inauthentiques », confirme Luc Speisser, président de Landor Associates Paris. Plutôt que des énoncés alambiqués pour qualifier ses trois sérums, la marque Chanel a préféré « Le jour », « La nuit », « Le week-end », évoquant un style de vie plutôt qu’un bénéfice révolutionnaire. Au risque de paraître simpliste.
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vec une population qui ne cesse de vieillir, l’en-
jeu des mots de la beauté sera de réussir, dès demain, à s’adresser aux femmes de plus de 50 ans avec le bon registre. « Lorsqu’on présente le vieillissement comme une pathologie, on exclut toutes celles qui n’ont pas peur de vieillir », remarque Anthony Mathé. Ces derniers mois, on assiste donc à une évolution subtile du vocabulaire lié à l’anti-âge. On préfère parler d’« activateur de jeunesse », de « cellules préservées » plutôt que signifier l’idée d’« antirides ». « La règle fondamentale quand on s’adresse à ces femmes, et surtout quand on cherche à qualifier un anti-âge global, est de ne pas utiliser le mot “vie”, poursuit Anthony Mathé. Si L’Or de Vie de Dior ou Secret de Vie de Lancôme n’ont pas trouvé leur public, c’est précisément à cause de ce mot. Car il est synonyme de mort. On vous parle de vie alors que vous êtes en train de dépérir, ça ne peut pas marcher. » Mais le « bien vieillir » n’est pas le seul territoire sémantique à explorer. La cosmétique ethnique, encore délaissée ou presque par les grands groupes, commence à déployer son vocabulaire politiquement correct avec les peaux « orientales », les cheveux « méditerranéens ». Pourtant, même en scrutant les comportements, les « nameurs» doivent répondre à des attentes irrationnelles. « La promesse de jeunesse et de beauté est transcendée par des espérances diverses notamment affectives – comme avoir confiance en soi, séduire – qui ne seront jamais comblées par une crème », constate Carmen Kervella. C’est pourquoi le divin flirte sans cesse avec les références scientifiques. « Il y a un vrai paradoxe entre ce que l’on veut et ce que l’on a, surenchérit Anthony Mathé. On convoque la science parce qu’on veut tout. La séduction. Le bien-être. Donc le bonheur. Du coup, c’est un objet qui échappe, ce que l’on vend est inaccessible. C’est pour ça qu’il y a souvent deux idées qui cohabitent sur un packaging : le rêve et la performance. » Reste à savoir si le marketing peut anticiper le moindre sentiment. En 1921, alors que Gabrielle Chanel lançait son premier parfum, tous ses concurrents étaient convaincus que le nom d’une fragrance devait raconter une histoire. En choisissant un matricule, le No 5, elle a pourtant remis en question toutes les règles alors en vigueur, faisant de son parfum une légende toujours classée parmi les meilleures ventes. Preuve qu’on ne peut pas robotiser toutes les réactions des consommateurs. Même avec des mots choisis.
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Au pied du massif des Trois Becs, au bord de la Drôme (ci-dessus), Saillans compte près de 1 200 habitants. Une population qui a augmenté de 25 % en dix ans et qui se mélange dans une ambiance conviviale (en bas). Haut lieu du village : le local associatif L’Oignon (à droite), à l’origine de nombreuses initiatives culturelles.
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le magazine.
Tous maires de Saillans.
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Agacés d’être tenus à l’écart des décisions municipales, les habitants d’une bourgade de la Drôme ont présenté une liste collégiale aux dernières élections. Au programme : démocratie directe à tous les étages. Entre grandes idées et petits tâtonnements, le village où tout le monde est élu fait sa petite révolution. Par Laurent Telo/ Photos Johann Rousselot
SaillanS (Drôme), 1199 habi-
tants (au dernier recensement), il y a quatre restaurants l’hiver, quinze l’été, des ruelles ombragées toute l’année, des platanes centenaires et deux ponts tout mignons, un groupe scolaire qui a ouvert deux nouvelles classes, une supérette, pas de caméras de surveillance, une agence immobilière, un coucher de soleil sur le Vercors à se damner, une ambiance singulière et les Trois Becs, un fier massif minéral qui domine le bourg. Depuis quinze jours, au Café des Sports, c’est l’effervescence, ça disserte sur la démocratie réelle ou formelle, comme la veille d’un « grand soir ». Au milieu de la rue, entre la crèche et le centre informatique communal,il y a des mamies assises là comme toutes les après-midi ensoleillées. Elles se sont retournées avec de grands yeux enamourés quand François Pégon, l’ancien maire (MoDem) de 61 ans tout juste déchu, son costume marron et sa cravate fantaisie sont passés. Elles étaient chiffons, son sourire magique était un peu en berne. Elles ont fait : « Bonjour M. Pégon ! » Puis elles ont lancé en chœur: « Les 19 avril 2014
nouveaux, on les connaît pas. On attend de voir. » En haut de la rue, pour accueillir l’ex-édile,Vincent Beillard est descendu de son bureau en sautillant. Son tee-shirt vert fluo et ses cheveux en bataille d’histrion lunaire s’accorderaient mal avec l’écharpe tricolore, s’il lui prenait l’idée de la porter un jour.A 42 ans, il est le nouveau maire de Saillans. Non, en fait, il n’est pas vraiment le nouveau maire. Disons plutôt qu’il est l’un des nouveaux maires de la commune. Il est devenu officiellement maire non pas parce qu’il voulait se lancer dans une fulgurante carrière politique mais parce que, parmi ses camarades colistiers, c’est lui qui avait le plus de disponibilités. Il travaille comme veilleur de nuit dans un centre d’accueil. Annie Morin, sa première adjointe, raconte: « Quand on a décidé à l’unanimité que ce serait Vincent, il n’était pas présent. On lui a envoyé un SMS pour le prévenir. » Lors des dernières élections municipales, dix villes françaises sont tombées dans le panier à provisions du Front national. A Saillans, il s’est passé une autre chose, pas banale. Le 23 mars, lors du premier tour des élections municipales, 56,8 % des habitants sont partis à la conquête
d’un nouveau monde en élisant la liste collégiale « Autrement pour Saillans… Tous ensemble », née du rejet de la politique traditionnelle. Depuis, sur les bords de la Drôme, on feuillette les pages encore fraîches et inachevées d’une fable politique moderne. De nombreux villageois, novices en politique, ont décidé de se prendre en main et par la main, de bousculer l’ordre établi de la démocratie représentative, un machin considéré comme une antiquité pas possible, et de faire une tentative de gestion d’une démocratie participative.Après la prise de la mairie, l’an I de la République collégiale a été décrété à Saillans. Le culte de l’Etre suprême et la Terreur ne sont pas forcément prévus au programme. Il n’empêche, le rôle du décapité est tenu par François Pégon, politicien à l’ancienne. Quand il sourit, on dirait qu’il a des dents en bonus. Là, il est assis à la terrasse du Café des Sports et son regard se perd dans la contemplation de sa tasse. Il a l’air encore un peu sonné, comme s’il s’était ramassé toute la commune sur le coin de la figure. « J’ai pris un gros coup de latte. » Et puis, parce que la politique est un éternel recommencement, il se ••• - 41
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••• reprend et se colle un petit rictus de dédain
au coin de la bouche: « J’y crois pas à leur truc. Je ne vois que des palabres. ça fait dix jours qu’ils sont aux affaires, il y a des dossiers urgents à trancher et ils sont en train de prendre du retard au nom de la démocratie participative. Chaque jour de perdu, c’est une année de perdue. Vous allez voir, les limites du système vont venir vite. » Vincent, Annie et les 56,8 % autres ont donc imaginé un schéma de gouvernance tout neuf. « On a inversé la pyramide, explique Agnès Hatton, une adjointe de 50 ans qui travaille dans l’administratif. On a mis les habitants tout en haut. Au cœur du processus démocratique. » Désormais, les conseillers municipaux fonctionnent en binôme autour de sept compétences communales. « On se met en position d’animateur, précise Vincent Beillard. Les idées doivent émerger des habitants qui sont associés à un maximum de décisions. » Pour gérer la commune, il y a des commissions participatives ouvertes à tous. 240 citoyens se sont déjà inscrits. Il y a aussi une sorte de conseil municipal baptisé comité de pilotage qui n’est pas un lieu de décision mais de projets et d’échanges pour orienter la politique locale. Et même un conseil des sages qui veille au respect de la méthode participative. Il y aura également des référendums en cas de décision importante à prendre. Il est périlleux d’entrer davantage dans les détails car les théoriciens locaux eux-mêmes ont encore du mal à s’y retrouver. Mais les principes fondateurs sont limpides et méritants : « Redonner le pouvoir aux Saillansons », selon l’inédit de la démocratie citoyenne et assurer une transparence totale du processus de décision. Ce qui peut se révéler fastidieux. Prenez les travaux de la grand-rue. Une commission parti-
Vincent Beillard (ci-dessus), veilleur de nuit et animateur socio-culturel de 42 ans, a été désigné maire par la nouvelle équipe municipale (ci-contre, dans la salle du conseil) : des citoyens novices en politique, élus avec 56,8 % des voix.
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cipative a été créée pour réfléchir au mobilier urbain (Des poubelles? Combien? De quel diamètre ? Des pots de fleurs ? Lesquels ?). André Oddon, adjoint, pose d’autres questions, moins attendues: « Que faut-il faire ? Doit-on laisser le choix totalement ouvert aux habitants ou bien doit-on leur proposer trois ou quatre choix de mobilier sur catalogue ? » Là, il réfléchit tout haut, alors il ne veut pas trop s’avancer en attendant ses copains. « La vraie démocratie, c’est compliqué, reconnaît-il. On n’a pas choisi la facilité. » Pour la réforme des rythmes scolaires, trois réunions en trois semaines sont prévues. « Pourquoi ne pas proposer que les habitants euxmêmes assurent des ateliers à l’école ? », s’interroge le maire. Les allers et retours entre la mairie et les habitants vont se multiplier. A quoi tout cela va-t-il ressembler quand il faudra trancher à propos de deux grands projets structurants : le chauffage et le photovoltaïque collectif? Ce sera une autre histoire. On n’en est pas là. Isabelle Raffner, adjointe et enseignante de 44 ans, installée depuis quelques années à Saillans: « On admet l’idée de ne pas tout réussir. Mais je suis d’ores et déjà rassurée sur la nature humaine. »
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our dompter leur usine à gaz, les nouveaux édiles ont beaucoup bossé durant les mois précédant l’élection. Ils ont mis les miracles de côté et se sont penchés sur les moindres détails. « Par exemple, au début, on avait imaginé pouvoir tourner sur le fauteuil de maire entre les adjoints, poursuit Agnès Hatton. Ce n’est pas possible, on n’insiste pas, on respecte le cadre législatif. On poursuit un idéal, pas une utopie. » Olivier Garnier est le secrétaire général de la mairie. Avant, il travaillait à la préfecture de Seine-et-Marne où il abattait un boulot administratif rationnel. Ici, depuis quinze jours, il s’arrache quelquefois les cheveux pour faire « coïncider la complexité de certains dossiers avec la participation citoyenne ». Il prend l’exemple des indemnités du nouveau conseil municipal. Les élus ont voulu qu’elles soient équitablement réparties en fonction du temps investi. « Il faut accompagner la démarche pour
la mettre en conformité avec le cadre juridique. » L’étincelle de cette jolie tentative s’est allumée autour d’un supermarché qui n’a jamais vu le jour. En 2011, le maire François Pégon a l’idée d’en implanter un à la sortie du village. 800 signatures sont recueillies contre le projet. Les trois quarts de la population, tout de même. Mais François Pégon s’est obstiné trop longtemps. Désormais, il traîne tous les péchés du monde. Ce qui n’a pas été digéré, c’est le supermarché mais aussi la vente du camping municipal, de l’ancienne perception, l’abattage de trois arbres centenaires, sans concertation. « On en a eu marre d’un maire qui décide seul dans le dos des habitants. On veut se sentir bien et être acteurs », avance Ania, Polonaise et Saillansonne. La mémoire du village, Jean Gautheron, ancien maquisard et gaulliste de 91 ans, ne dit pas autre chose: « Leurs idées associatives me plaisent. Il y a un rejet de la politique politicienne. » En fin de compte, la lutte contre le supermarché fut une flambée de lumière démocratique. Elle a permis de fédérer notables et néo-ruraux, ainsi qu’un patchwork de différentes nationalités, parmi une population qui a augmenté de 25 % en dix ans. Et tout ça s’est retourné contre le malheureux François Pégon, qui tente de se consoler tout seul: « Saillans est une ville subversive. Depuis la guerre, pas un maire n’a été réélu. » C’est vrai, à Saillans, avec sa grosse trentaine d’associations, il y a un terrain propice pour jouer les originaux. Même si les nouveaux dirigeants se veulent absolument apolitiques. Ce qui fait ricaner l’ancien maire: « C’est une liste très idéologique qui défend des thèses anticapitalistes. » En son for intérieur, il semble même hésiter entre « soixante-huitards » attardés et dangereux agitateurs gauchistes.Après tout pourquoi pas, mais bon, Annie Morin, première adjointe, n’est pas exactement une punkette à chiens. Elle est née à Saillans il y a soixante-six ans, y a toujours vécu et a été enseignante ici durant douze ans. Elle est heureuse de sa propre audace. Elle est une des trois, avec Fernand Karagiannis – « le gardien du dogme », dit-elle – et André Oddon, un employé de la mairie de Nîmes qui peut citer Hugo Chavez au détour d’une considération sur le mobilier urbain de la grand-rue, à avoir imaginé le nouveau Saillans.Après la mobilisation contre le supermarché, après une lente maturation, ils ont décidé de continuer le combat et de structurer la mécanique de leur grand rêve initial. Quand ils se sont sentis prêts, ils ont organisé une première réunion publique, le 16 novembre 2013. 120 personnes sont venues. « On s’est présenté à cette réunion sans idées, se souvient Tristan Réchid, animateur socio-culturel de 42 ans et membre du nouveau conseil des Sages. Pour qu’elles émergent de la tête des habitants. » Quarante-cinq projets en sont sortis. A la suivante, il y a eu 250 curieux. Finalement, une liste a été constituée, avec 22 candidats pour 15 places. C’était déjà gagné. « L’élection n’était pas un but en soi, raconte Vincent Beillard. Le processus citoyen s’était mis en place. De toute façon, ça n’aurait plus été comme avant. » Vincent Beillard est de bonne humeur, il rigole aussi fort que la Drôme, torrentueuse, en contrebas du village. ••• 19 avril 2014 – Photos Johann Rousselot/Signatures pour M Le magazine du Monde
Annie Morin (ci-contre), première adjointe, anime un « comité de pilotage », une réunion de préparation du conseil municipal, ouverte au public. En fin d’après-midi, les familles profitent des bords de la Drôme (ci-dessous).
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le magazine.
••• Mais franchement, il est totalement à plat.
mune qui doit gérer un peu moins de 1 million d’euros. Olivier Garnier a tenté d’expliquer comment déchiffrer un bilan comptable.A priori, après cinq minutes, personne n’y comprenait plus rien. Peut-être faudra-t-il voter des cours de comptabilité. En fait, cette grande soirée de démocratie participative fut une parabole de tous les écueils d’une histoire qui chemine encore lentement. Une fois l’attrait de la nouveauté et le charme de la singu’apprentissage s’est d’ailleurs pourlarité dissipés, la mobilisation des habitants serasuivi en direct jeudi 10 avril, de t-elle toujours aussi intense et spectaculaire? « Je 19 heures à 21 heures, pour le co- crains un essoufflement si on tourne trop en rond, ose mité de pilotage hebdomadaire. Il André Oddon. Il faut vite des manifestations y avait juste assez de places pour concrètes si on ne veut pas banaliser les échanges. Il tout le monde. Une vingtaine d’habitants était ne faut pas que la collégialité devienne un frein. » La venue. En préambule, il s’est agi de savoir si le collégialité est-elle friable? Assistera-t-on à des public pouvait prendre la parole durant la réu- tiraillements entre les membres de la nouvelle nion ou bien seulement à la fin. Après vingt mi- équipe? Il est encore trop tôt pour répondre à ces nutes d’échanges tempérés, il y a eu un vote. questions. Le comité de pilotage achevé, les disPuis on est passé au choix démocratique des cussions ont continué autour de quelques bounouvelles dénominations des adresses mail de teilles de clairette de Die.Le maire d’Aucelon,de l’équipe municipale. Il y a eu un vote. Puis, n’y l’autre côté de la montagne, était là, harponné par tenant plus, Monique, une retraitée montée sur la curiosité. Il a été question de savoir si la marge ressorts, s’est levée d’un bond en levant la main de manœuvre de la nouvelle équipe n’allait pas (puisque le premier vote lui en donnait désor- se dissoudre dans l’intercommunalité, qui jouit mais la possibilité): « Je voudrais qu’on vote pour de grandes prérogatives. « Il y aura des pressions savoir si je peux ranger la salle des fêtes à ma fa- psychologiques de la part du clan Pégon, qui sera çon ! » Même Pégon, toujours conseiller muni- présent à l’intercommunalité et qui va essayer de leur cipal, a souri. « Oui, bon. ça patauge encore, ils se mettre des bâtons dans les roues, assureVincentTrecherchent, analyse Corinne Goy, une habitante et visi, un Saillanson ravi de la tournure des événesympathisante. ça manque ments. Il faut leur laisser le temps. » d’assurance mais tout est à Pour Tristan Réchid, du comité des Sages, tout construire. Et puis, certains commence, c’est dans l’air du temps : « Il faut élus regardent l’ancien maire essaimer, exporter notre modèle. » Pour éviter l’encomme s’il était encore la ré- cerclement et l’asphyxie.Tristan Réchid, c’est le férence. Sa présence physique Saint-Just de Saillans. Il a les cheveux longs, le plombe l’ambiance. » C’est regard intellectuel et méfiant. Il veille à la pureté vrai, monsieur Pégon a en- de la Révolution locale. Il pourrait en parler voyé beaucoup de SMS et jusqu’au bout de la nuit. Il pourrait bien mourir n’a pas levé la main, même pour elle. Et pendant qu’il philosophait sur les pas le petit doigt, pour vo- vertus de ce nouveau modèle, François Pégon ter. Le plat de résistance de est passé comme une ombre devant la mairie. la soirée était la présenta- L’ancien maire avait oublié ses sacs de courses tion du budget de la com- dans un bureau du premier étage. L’artisan soutier de la démocratie de proximité jongle avec deux tâches herculéennes qui se télescopent: la gestion de la commune – « le petit quotidien, on s’en occupe directement. On ne va pas faire une commission sur les crottes de chiens » – et la mise en place d’un nouveau mode de gouvernance.
L
« Saillans est une ville subversive. Depuis la guerre, pas un maire n’a été réélu », se console François Pégon, maire sortant, battu (ci-dessus). La population de la commune change vite, avec l’afflux de nombreux « néoruraux », comme Carole, Jérémie et leur fille Naya, installés depuis octobre 2013 (ci-contre).
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Photos Johann Rousselot/Signatures pour M Le magazine du Monde – 19 avril 2014
Le magazine.
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Photo Nicola Lo Calzo pour M Le magazine du Monde – 19 avril 2014
U
n jour de convalescence amoureuse, l’éditeur Dominique Gaultier se sentit brusquement des fourmis dans les jambes et l’envie forte de voir le vaste monde, ou plus exactement la Corée du Nord. Idée a priori étrange pour celui qui, à 56 ans, n’avait quasiment jamais quitté la France, ne nourrissant d’appétit que pour ses livres, à vendre, acheter, lire ou publier. Mais l’occasion faisait le larron, ou plutôt le voyage planifié par son ami Jean-Luc Coatalem, qui venait de trouver un subterfuge pour tromper l’Etat nord-coréen et traverser le pays de Kim Jong-il en se faisant passer pour un agent touristique. Une aubaine, pensa donc le patron fondateur du Dilettante qui argua de son « tropisme pour les dictateurs » – sa carte de visite porte le titre de « despote éclairé » – et se réjouit d’aller, pour une fois, « là où les autres ne vont jamais ». Une coquetterie bien dans son genre, lui qui exècre l’ennui et la grisaille. Et souhaite n’agir qu’en « dilettante », ce nom, que dis-je, cet étendard, qu’il a choisi pour sa maison d’édition et l’œuvre de sa vie et dont il rappelle à tout propos la définition du Petit Larousse: « Personne qui s’adonne à une occupation pour son seul plaisir. Personne qui ne se fie qu’aux impulsions de ses goûts. » Les deux compères s’envolèrent donc au printemps 2011. Hilarant. Car Coatalem rapporta de son roadtrip coréen un récit savoureux – Nouilles froides à Pyongyang (Grasset) – où Gaultier apparaît sous les traits d’un personnage appelé Clorinde. « Je ne pouvais l’affubler que d’un nom de théâtre, hors du temps, éminemment littéraire », explique l’écrivain. Bien sûr. Un Clorinde ne possédant pas de valise mais ayant entassé dans une housse et deux sacoches de médecin de campagne, parfaitement incongrues, trois Pléiade: Jules Renard, Paul Valéry et Valery Larbaud. Un Clorinde de haute taille (1,92 m), sapé, dès l’aéroport, « comme un milord, veste en tweed et pochette cerise » avec des souliers en veau velours sapin. Un Clorinde « bougon-ironique », parfois mutique, mais compagnon infiniment cultivé, qui arborait ses tenues somptueuses tels des boucliers devant les barres d’immeubles lugubres et se servait des Œuvres de Valéry comme d’une « bouteille d’oxygène contre la barbarie ».
Le parfait
dilettante. De la découverte d’Anna Gavalda, en 1999, au succès inespéré de Romain Puértolas avec L’extraordinaire voyage du Fakir…, Dominique Gaultier s’est fait une place à part à Saint-Germaindes-Prés. A la tête de sa librairie-maison d’édition, Le Dilettante, ce dandy despote, inspiré et omniprésent, n’a pourtant rien des traditionnels éditeurs qui règnent sur les lettres françaises. Par Annick Cojean/ Photo Nicola Lo Calzo
D’inattendues audaces. Et cette posture de dandy par laquelle, inévitablement, tous ceux qui vous en parlent commencent leur description. Ah! Les tenues de Dominique Gaultier ! Impossible de les passer sous silence puisque ses confrères, ses auteurs, ses amis, ses clients rivalisent de détails. Ceux de la grande époque – ses débuts de jeune libraire fauché dans une échoppe du treizième arrondissement de Paris, QG des trotskistes, maoïstes, libertaires et gauchistes de tous poils – se rappellent ses nœuds papillons sous sa chevelure rimbaldienne, ses gilets ajustés et son fume-cigarette. Ceux qui l’ont fréquenté comme jeune éditeur plus déplumé (rue Racine, dans le sixième germanopratin) décrivent les boutons de manchette et les costumes trois-pièces, les pochettes de soie, d’improbables chaussures vernies sans doute faites sur mesure. Les amis d’aujourd’hui jurent que le succès ne l’a pas changé d’un iota mais qu’avec la richesse son goût pour la parure et les plus belles matières a pu se déployer sans restrictions, même s’il répugne aux marques emblématiques des très riches et au grand luxe auquel ses revenus, désormais, lui donneraient droit. « Cet homme, jamais, ne sera un parvenu », jure Michel Dalloni, un journaliste et vieux client devenu son ami. Mais c’est donc un sujet de conversation. Car « cela donne un indice », affirme l’écrivain Serge Joncour, fasciné par cette élégance « ostentatoire ». Un indice, oui, mais de quoi? Tout le monde a son idée. D’abord du goût des belles choses et de la belle ouvrage, ••• voilà. TouT, ou presque, esT diT. la folle passion des livres.
Dominique Gaultier, le 1er avril au Dilettante, sa librairie et maison d’édition.
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le magazine. ••• tels ses livres dont la reliure continue d’être cousue (et non pas col-
lée), aux couvertures à rabats soignées et dont il tire toujours quelques exemplaires sur papier luxueux à destination des bibliophiles. Ensuite, de sa résistance aux engouements du moment. Il est indémodable et la littérature qu’il défend l’est également : aucun attrait pour les mouvements littéraires fugitifs qu’a connus le xxe siècle. Enfin, de son aversion pour le conformisme, les écoles. « C’est avant tout un esprit libre, subtil, inclassable », estime Eric Holder qui fut, avec Bernard Frank, le premier auteur publié par Le Dilettante, en 1984.
I
à l’ombre du théâtre de l’Odéon, pour être cueilli par une surprise de taille, autrement plus significative que ses camaïeux de tweeds. A droite de l’entrée, assurant à la fois l’accueil, la caisse et le standard, Dominique Gaultier, le patron en personne. « J’ai commencé dans la vie comme aide-comptable, cela m’a donné la phobie des bureaux ! », explique-t-il. Sans doute. Mais encore? « Je reste libraire, j’aime tenir la boutique. Et puis contrôler le standard me fait gagner du temps pour écarter les importuns. » La voix nonchalante fait d’abord douter du propos, jusqu’à ce qu’un échange très bref au téléphone illustre qu’il peut en effet se montrer expéditif. « Convenez qu’il est atypique! », s’amuse Alain Flammarion, qui, juste en face, dans la maison du même nom, s’occupe de la distribution des livres du Dilettante. « Il me bluffe, cet indépendant, découvreur insatiable de talents. Je le trouve… attachant! » « Et courageux!, s’exclame Serge Joncour. Il ne faut pas avoir un tempérament de planqué pour s’exposer ainsi aux frustrations d’auteurs recalés tentés de venir exiger des explications! » C’est donc ici, face à la caisse, que le supposé « taiseux » se raconte, avec humour et distance, régulièrement interrompu par le téléphone: « Le Dilettante, bonjour ! –… – Oui, format A4. Bien sûr, un manuscrit relié est préférable. 7, place de l’Odéon, Paris 6e. Au revoir, monsieur. » Interrompu aussi par ses clients: « Vous avez trouvé ce que vous cherchiez ? – Non. Mais trois autres livres. Beauvoir, Vercors, et Benjamin Constant. » Interrompu enfin par le facteur. « Ah ! Vous voilà ! Quoi de neuf, cher ami ? – Eh bien comme chaque jour, plein de paquets ! » Et de soupeser l’ensemble, gourmand, pour vérifier la présence d’une dizaine de manuscrits. Il en reçoit plus de 3000 par an, qui font l’objet d’un tri par des étudiantes stagiaires mais dont il relit toutes les lettres de refus. Quitte à en rattraper quelques-uns, comme L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, le best-seller surprise de la rentrée 2013 (autour de 300000 exemplaires, vendus dans 36 pays) dont il jugeait la lettre de refus mal argumentée, qu’il a donc lu, avant d’écrire le lendemain à Romain Puértolas afin de le rencontrer. Pas de comité de lecture au Dilettante. « Surtout pas. » C’est lui seul qui lit (dès 5 heures du matin) et décide. « Un éditeur au sens plein du mot, dit Dominique Noguez. Comme en leur temps Jérôme Lindon ou Maurice Nadeau. » Alors! Racontez-nous. Au commencement? « 15 ans en Mai 68. Lecteur du Monde libertaire. Propulsé de la classe de 3e à la Sorbonne. Quelques semaines folles et géniales, avant le retour à la réalité. Un BEPC loupé, puis un bac “commercial” voie de garage. Boulot minable. Démission. Permanent chez les anars. » Stop ! On a loupé une étape. Quid de la famille ? « Je n’aime pas raconter. Veux pas de misérabilisme. » On insiste. « Mon père aurait voulu être instituteur mais les fils devaient reprendre le métier du père, en l’occurrence sellier-bourrelier en Normandie. Hélas, faute de boulot après la guerre, il est venu à Paris travailler dans l’industrie automobile. C’était donc un prolo. » Pas de livres à la maison. « C’est pour ça que je les sacralise. » Et l’impression d’être seul au monde, malgré une fratrie plus âgée. « Je suis parti de rien, mais au fond c’est plus simple. Je n’envie ni les fils de Robert Laffont ni Antoine Gallimard! » La mère? « Concierge. » Il grenouille donc chez les anars tout en tenant, clandestinement, un petit commerce de livres, apprenant les bases du métier. Quand des copains gauchos se mobilisent pour sauver une petite librairie du treizième, il s’investit à fond, se met à vendre la littérature qu’il admire, 48 -
l faut se rendre au nouveau siège du dilettante,
longtemps occultée par l’essor des sciences humaines et du nouveau roman : Henri Calet, son dieu, Raymond Guérin, Emmanuel Bove… « Des êtres libres qui avaient échappé à tous les mouvements. » Le boucheà-oreille fonctionne. Parallèlement, le groupe crée un mensuel contestataire, Le Canard du 13e, et le jeune libertaire s’y éclate. Mais l’arrivée de la gauche au pouvoir, en 1981, calme les ardeurs. Exit Le Canard, voici Le Tout sur le tout, petite maison d’édition décidée à republier des auteurs oubliés que la bande juge splendides. Voici aussi la revue Grandes largeurs, destinée à mettre en valeur les textes courts de jeunes auteurs. Peu viable. Tout le monde s’engueule et Gaultier rêve de prendre le pouvoir. Naît alors Le Dilettante, fin 1984, avec deux objectifs (conjointement à l’activité de libraire) : redécouvrir des auteurs du passé et découvrir des écrivains modernes, Bernard Frank, son « idole », faisant la passerelle. Pas d’à-valoir, petits tirages, couvertures kitsch. Gaultier ne se rémunère pas. Des auteurs font leurs débuts (Holder, Cescosse, Guyard,Adam…) qui, ensuite, iront voir ailleurs. Et puis passe Anna Gavalda. Et c’est le bouleversement. « Je reçois son recueil de nouvelles par La Poste. Un stagiaire me dit : c’est sympa. Je lis et l’appelle aussitôt. On la publie en septembre 1999, et c’est un raz-de-marée. Tout le monde l’adore ! » Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, refusé auparavant par une douzaine d’éditeurs, se vendra à 250 000 exemplaires. Un phénomène est né. Les trois livres suivants sont un triomphe, vendus chacun à plus de 700 000 exemplaires. Le dernier, La Vie en mieux, paru en mars 2014, se classe parmi les dix meilleures ventes. Et Le Dilettante affiche (les années où il publie un livre de Gavalda) un chiffre d’affaires de 7 à 8 millions d’euros, passant du 107e au 30e rang des maisons d’édition françaises. « Ma fortune, remarque Gaultier, vient de ce que je n’ai pas eu un raisonnement économique car les nouvelles sont supposées ne pas se vendre. » son aubaine est aussi que la jeune auteure, courtisée, est du genre fidèle, peu exigeante, refusant même tout à-valoir. « Pour les trois derniers livres, nous n’avons même pas signé de contrat, dit-elle. On se fait confiance, la main du maquignon ! » Aller voir ailleurs ? Impossible ! « Mon métier est d’écrire des livres qui seront édités par Dominique Gaultier. C’est aussi simple que ça. » Car il lui a donné sa chance, l’oblige « à grandir en écriture », lui conseille des lectures « comme on donne la becquée ». Pas de traitement de faveur pourtant. Il peut être rugueux. Rayer des pages. « On ne peut pas dire que Le Dilettante caresse ses auteurs dans le sens du poil ! Mais je l’écoute. Comme un disciple son maître. » Disciple ou valet ? Frédéric Chouraki, qui a publié quatre livres au Dilettante, se sent à la place du second. Et déteste. « Il introduit un rapport affectif entre lui et les auteurs qui n’a pas lieu d’être. Du coup, on est sur les montagnes russes. Et ses refus, parfois, sont tellement cassants ! A force de ne se fier qu’à l’impulsion de ses goûts, il prive les auteurs d’un lien de confiance et de continuité pour construire une œuvre. » Gaultier soupire. « Il y a quelque chose du lien amoureux entre un auteur et son éditeur : le coup de foudre, l’agacement, l’habitude, la déception, le divorce… » Il ne retient pas en effet. Mais reste un point d’ancrage pour des auteurs nomades. Et il est heureux d’annoncer qu’il publiera en 2015 le deuxième roman de la nouvelle star maison (Romain Puértolas), promesse de juteux tirages. « On reconnaît la radicalité d’une maison à ses textes, affirme Chouraki. Et franchement, son goût s’est un peu dilué ! » En aucun cas, s’offusque le maître. Le cap reste le même. Douze livres par an, la même équipe de cinq personnes (dont son complice Claude Tarrènes, formidable directeur commercial), la plus grande ouverture éditoriale, aucun prisme idéologique, « pourvu qu’il y ait du style, de l’élégance et point d’ennui ». L’écrivain Denis Tillinac, enthousiaste sur celui qu’il considère comme « l’honneur de l’édition », l’inclut volontiers dans sa définition du réac, « version dandy mélancolique », tandis qu’Alain Guyard, qui assure partager avec lui une culture libertaire, le soupçonne de brouiller les pistes pour rester « insaisissable ». Le fait est que ce célibataire qui dit avoir voté blanc aux municipales, déteste le sport et vous sert un vouvray cuvée « Le Dilettante », ne vit que pour les livres et ne quitte plus Paris que pour le « village du livre » de Montolieu, dans l’Aude, où il a ouvert… une librairie.
19 avril 2014
Le magazine.
28 mars 2014. Sur Times Now, le présentateur vedette Arnab Goswami se prépare pour son show redouté des politiciens « The News Room ».
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19 avril 2014
Times Now La colère en continu. Parmi les 300 chaînes d’information en continu indiennes, Times Now et son présentateur vedette Arnab Goswami dictent le rythme de la campagne législative. En attendant les résultats, qui seront connus le 16 mai, le journaliste-procureur fait et défait l’actualité et les candidats, sous prétexte de relayer le mécontentement de la classe moyenne. L’Audimat y gagne, pas forcément la démocratie. Par Julien Bouissou/photos Chiara Goia
L
e Ministre indien du coMMerce et de l’industrie,
Anand Sharma, commence à avoir chaud, dans sa veste au col Nehru boutonnée jusqu’au cou. De puissants projecteurs, suspendus à des cordes usées, l’éblouissent alors même qu’il tente de riposter au feu des questions et des critiques. Le débat électoral organisé par la chaîne d’information en continu Times Now a lieu dans un studio de cinéma en banlieue de New Delhi, avec les représentants de trois partis politiques alignés face à un public d’étudiants triés sur le volet. Des techniciens ont pris le soin de ramasser à quatre pattes les poussières qui traînaient sur la moquette recouverte d’étoiles en carton, dans un décor bleu et rouge qui pourrait être celui d’une campagne électorale américaine. Le ministre a d’abord froncé les sourcils en entendant le sujet du
débat, « Si l’économie est le thème majeur de ces élections, alors la coalition au pouvoir ne peut pas les remporter ». Le représentant du gouvernement espérait au moins un point d’interrogation, mais il encaisse sans broncher. Puis le présentateur Arnab Goswami, costume sombre et cravate mauve, hausse le ton en se tournant vers lui : « Je veux que vous parliez des nombreux scandales de corruption. Je veux que vous parliez de la hausse des prix pendant vos années au pouvoir. » Son interlocuteur sort de ses gonds. Le débat peut commencer. Arnab Goswami est le journaliste de télévision le plus regardé d’Inde, le plus craint et le plus critiqué aussi. Dans les couloirs de la rédaction qu’il dirige, à Times Now, on le surnomme le « meethi churri » (ou le « couteau trempé dans le miel »). Il faut avoir le courage d’un gladiateur pour oser l’affronter, et descendre dans l’arène de ses émissions: « N’essayez pas de me donner des leçons, c’est moi qui pose les questions ici », « Ne croyez pas que vous allez vous en tirer aussi facilement », « Vos excuses ne suffisent pas ». Il hausse le ton, pointe du doigt son interlocuteur, l’interrompt, ••• 51
••• l’accuse comme s’il se trouvait dans le box
“Goswami capte le ressentiment des classes moyennes urbaines écœurées par les scan dales de corruption et les poli ticiens qui se croient intouchables.”
défont, l’actualité. « Elles influencent les choix éditoriaux des chaînes en hindi le jour même, des quotidiens publiés le lendemain et alimentent les discussions sur Twitter », constate Dilip Cherian, fondateur de l’agence de communication Perfect Relations. Parmi elles, Times Now, fondée en 2006 par le groupe de presse Bennett, Coleman&Co, est leader. « C’est simple, explique un journaliste de la rédaction, on concentre notre couverture sur 4 ou 5 sujets seulement et le lendemain matin ils sont tous à la “une” des journaux. » La chaîne ne lésine pas sur les moyens pour monter en sauce les événements, empruntant au passage quelques techniques au cinéma. Lorsque, en 2011, un vieil homme habillé d’une tunique blanche s’est assis sur une estrade en plein cœur de Delhi, un verre d’eau à la main, pour entamer une grève de la faim, Times Now a rappliqué plus vite encore que les manifestants, en l’entourant de six caméras et d’une autre placée au sommet d’une grue. « C’était comme un tournage de cinéma », se souvient, encore tout émerveillé, le cameraman. Les journalistes de la chaîne poussent l’émotion jusqu’au bout en enrichissant leur reportage de musique, et d’images au ralenti. Mais rien ne remplace le direct, ou le « presque direct ». Times Now a considérablement réduit le temps qui s’écoule entre la prise d’images et leur diffusion, en supprimant le nombre de filtres éditoriaux. Les images arrivent sur les écrans à la vitesse de météorites. S’il n’y a pas de direct, alors l’image doit être spectaculaire et en mouvement. Les bâtiments sont proscrits car trop « statiques » et les journalistes doivent faire leur direct en marchant. Sur Times Now, les téléspectateurs ont droit à bien plus que de la télévision. Des graphistes sont présents chaque matin à la conférence de rédaction et créent un logo pour chaque sujet e taux d’équipement en téléviseurs a presque doublé depuis d’actualité. « Nous sommes obsédés par la présentation, la lisibilité de l’inles dernières élections, en 2009, et près de 40 % de la popu- formation, car nous sommes au service du téléspectateur », explique Charu lation en possède un à son foyer. Sur les 850 chaînes in- Thakur, la productrice qui travaille aux côtés d’Arnab Goswami. diennes, 300 diffusent de l’information en continu, un re- Le métier de journaliste a lui aussi été réinventé. Times Now les a fait cord mondial. Les partis ont dû nommer des légions de descendre de leur piédestal, en leur demandant de tendre des micros, et porte-parole pour assurer le service minimum sur les plateaux de télévi- parfois de poser des questions. « Au départ, j’avais peur de maltraiter les sion. Certains hommes politiques en ont même fait leur métier, passant hommes politiques avec mes questions, mais je m’y suis habitué. Ils reviennent plus de temps devant les caméras qu’au Parlement. « Les gens dans la rue toujours », témoigne un jeune journaliste. Gare à ceux qui osent ne pas leur réclament des autographes parce qu’ils les ont vus à la télévision, mais répondre. Lorsque le ministre de l’agriculture, Sharad Pawar, refusa en sans savoir s’ils sont hommes politiques, acteurs ou chanteurs », ironise le 2013 de répondre à une question d’un journaliste de Times Now sur la conseiller d’un grand parti. Les chaînes d’information en anglais comme hausse du prix de l’oignon, la chaîne en fit un sujet, intitulé « L’esquive Times Now ne sont pas les plus regardées du pays, mais elles font, et du ministre ». « Pour la première fois des journalistes demandent des •••
des accusés. « Ai-je au moins le droit de m’exprimer à votre tribunal ? », lui répond un invité. Arnab Goswami n’est pas seulement un journaliste. Il est le représentant du peuple, élu par l’Audimat. « La nation vous demande… », ne cesse-t-il de répéter en s’adressant aux hommes politiques et, à ce titre, n’hésite pas à donner ses opinions, accusant par exemple « le Pakistan d’envoyer ses brutes égorger des soldats indiens » ou le gouvernement d’être « indifférent à la classe moyenne ». Dans la petite salle de maquillage où il relit les fiches remplies de chiffres et d’informations préparées par son équipe de journalistes, la vedette du petit écran se justifie : « Je représente la nouvelle vague du journalisme. Je ne pose pas des questions pour faire plaisir aux hommes politiques, mais pour ceux qui me regardent. Donc, oui, je leur demande des comptes et je leur pose des questions directes. » Il est en colère, à l’image de ceux qui regardent ses émissions. « Il capte le ressentiment de ces classes moyennes urbaines écœurées par les scandales de corruption et les hommes politiques qui se croient intouchables. Il est devenu leur porte-voix », estime l’analyste politique Neerja Chowdhury. Les élections législatives qui ont démarré le 7 avril, et dont les résultats seront connus le 16 mai, n’ont jamais été aussi incertaines. Les studios de Times Now sont devenus la caisse de résonance de ces élections, plongés dans une ambiance électrique. Tout le monde s’accuse, journalistes comme hommes politiques. « La télévision est très transparente et elle est devenue le média dominant de ces élections », explique Arnab Goswami.
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Le magazine.
Entre les 300 chaînes d’information, la concurrence est rude. D’où le culte des bonnes histoires (good stories) racontées en mouvement et en musique, qui accrochent les téléspectateurs et font bondir l’Audimat.
19 avril 2014 – Photos Chiara Goia pour M Le magazine du Monde
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le magazine.
Quelques voix dénoncent le traitement caricatural des invités par Times Now. Mais elles restent minoritaires.
de gagner de l’argent. Des entrepreneurs ou des partis politiques les maintiennent à flot pour étendre leur influence. D’autres ont recours aux paid news, en facturant par exemple la couverture d’un meeting politique. Il y a quelques mois, les directeurs de la chaîne d’information Zee News sont allés réclamer de l’argent à un homme politique contre la promesse de ne pas divulguer d’informations compromettantes. Mais ce jour-là, c’est l’homme politique qui les filmait avec une caméra cachée. Au faîte de leur puissance, les chaînes d’information sont donc soupçonnées de corruption et de compromission avec le pouvoir économique et politique. Times Now n’échappe pas aux accusations. « Les journalistes iscrètement, les hommes politiques suivent donc des forsont corrompus. On les enverra en prison, une fois arrivé au pouvoir », a mations pour apprendre les rudiments de la communi- lancé Arvind Kejriwal, un trublion de la politique à la tête du Parti de cation. Dilip Cherian leur apprend à moduler leur voix, l’homme ordinaire (AAP), le 14 mars. Arnab Goswami riposte, quelques à trouver les bons gestes, mais surtout il les rassure. « Il heures plus tard dans son émission « The Newshour »: « Tant que je serai faut être prêt à se faire agresser en direct et c’est trauma- libre, je vous poserai des questions », « Menottez-moi ! » Des logos clignotisant », reconnaît-il. Certains ressortent des studios de Times Now en tent en rouge et bleu à l’écran : « Envoyé en prison pour avoir critiqué colère, comme Madhu Kishwar, qui a publiquement accusé Arnab l’AAP ? », « L’AAP menace les médias », « L’AAP lance une attaque ». Goswami de « caricaturer les opinions » qui ne lui conviennent pas ou Arnab Goswami accuse ses invités de l’AAP de vouloir le bâillonner, les d’interrompre ceux qui les portent. « Le journalisme, ce sont des enquêtes, interrompt puis, au bout d’une heure de débats intenses, ouvre grand les pas des insultes. On n’est pas là pour se faire couper en rondelles », ex- bras, prend sa respiration et fixe la caméra: « Un nouveau média est né. Il plique l’universitaire. Mais peu importe que les interviews blessent. est jeune, indépendant, et sûr de lui. Ce nouveau média sait faire la distincDans le pays aux 300 chaînes d’information, Times Now doit continuer tion entre le bien et le mal. Que ce message soit bien compris par tous les le spectacle de l’information pour survivre. Car elle a en face d’elle des partis de ce pays. » En mettant au tapis la classe politique indienne, la chaînes qui ne se soucient pas de l’information indépendante, ni même « télévision de la colère » est la grande gagnante de ces élections 2014.
••• comptes, quitte à être irrévérencieux, et c’est une révolution culturelle »,
estime Neerja Chowdhury. Dans ce tourbillon d’images, d’irrévérence et de logos qui clignotent à l’écran, les hommes politiques indiens ont perdu leurs repères. Rahul Gandhi, candidat du Parti du Congrès, a été raillé par la presse au lendemain de son interview calamiteuse menée par Arnab Goswamy au début de l’année. Quant à son opposant, Narendra Modi, il a carrément interrompu, sur une chaîne rivale, une interview au bout de quelques questions trop insistantes et dérangeantes.
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Photos Chiara Goia pour M Le magazine du Monde – 19 avril 2014
acquadiparma.com
L’œuvre au noir du L.A.P.D. Scènes de crime, victimes, suspects, reconstitutions… Exhumés des cartons d’archives de la police de Los Angeles, ces clichés inédits racontent la face noire de la Cité des Anges, celle de la Prohibition, de la misère et des voyous des années 1920 aux années 1960. Ces images, qui semblent presque familières aux amateurs de polars et de films noirs, sont exposées dans les studios de la Paramount à l’occasion de Paris Photo Los Angeles. Histoire de brouiller encore un peu plus la frontière entre fiction et réalité. Par Laurent Borredon
Le 4 septembre 1950, trace de sang à l’intérieur d’un véhicule. 56
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LAPD Image courtesy Fototeka
Le portfolio.
« Restez calme et je ne tirerai pas. Donnez-moi tous vos billets, sauf ceux de 1 et 2 dollars. Vite. » Billet retrouvé dans une banque après un braquage, le 21 décembre 1961. Page de droite, le 28 septembre 1942, un détective désigne du doigt la victime John Doe no 82, nom donné aux personnes non identifiées.
the Lapd photo archives »
fonctionne comme un trompe-l’œil. L’observateur jette sur les images un premier regard trop négligent. Il se dit qu’il s’agit forcément de photos de plateau, prises lors du tournage d’un film noir des années 1940. L’esthétique est irréprochable, le cadrage parfait, et cette connexion immédiate avec un imaginaire culturel parfaitement établi, de Raymond Chandler à James Ellroy, ne peut laisser planer aucun doute. Une femme, victime d’une agression, qui montre ses blessures ; des policiers qui examinent une scène de crime ; un mort, le couteau à la main. Et pourtant, les clichés exposés du 25 au 27 avril au Festival Paris Photo Los Angeles, l’émanation américaine de la foire internationale parisienne consacré à la photographie d’art, n’ont rien d’une fiction. Ils sont issus des fonds du Los Angeles Police Department (LAPD). Tout est vrai mais, dans une ville où tout est faux, qui peut faire la différence ? Facétieux, les organisateurs de la manifestation s’amusent d’ailleurs d’une ultime ambiguïté : l’accrochage a lieu dans les studios de la Paramount, les seuls si-
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tués au cœur d’Hollywood, comme s’il fallait encore un peu plus brouiller les pistes. La collection de photographies du LAPD est une miraculée.Totalement oubliée pendant des dizaines d’années, elle a été exhumée en 2001 des archives de la Ville de Los Angeles par Merrick Morton, un photographe – officier de réserve du LAPD – qui tient la galerie Fototeka. Un million d’images, dont la plus ancienne date de 1925, rangées dans des boîtes en carton numérotées et datées. « Nous avons d’abord cherché les images intéressantes visuellement, bien cadrées, et uniques », explique son épouse, Robin Blackman, qui codirige la galerie. La suite ressemble à un jeu de piste : « La plupart des dossiers auxquels les images sont rattachées n’existent plus. Mais il reste quelques informations sur les pochettes d’origine, et sur chaque négatif sont inscrits la date, parfois une adresse ou un nom, et le nom du photographe. » Le photographe, justement. Si la plupart des images sont issues de la Special Investigations Division, le laboratoire de police scientifique du LAPD fondé dans les années 1920, leurs auteurs sont à l’image d’une ville où, une fois encore, fiction et réalité se mêlent. L’un d’eux, Harry Thorpe, a été directeur de la photogra-
phie sur plusieurs films de Douglas Fairbanks. « C’était un mélange de civils, de photographes professionnels et d’officiers de police. », explique Robin Blackman. Le résuLtat : un portrait du crime dans une ville en plein boom : durant la période des années 1920 aux années 1960, la population de Los Angeles est multipliée par deux tous les dix ans, et passe de 600000 à plus de 2,5 millions.Jusqu’aux années 1940, la croissance des bordels, bars et boîtes de nuit est exponentielle. « Les autres villes ont des histoires. Los Angeles a des légendes », écrit John Buntin dans L.A. Noir, (Three Rivers Press, 2009, non traduit) formidable récit croisé de l’ascension du gangster Mickey Cohen et du chef du LAPD (19501966) William Parker. L’exposition « Unedited!» le prouve une fois de plus.
Unedited ! : the LAPD Photo Archives, Paris Photo Los Angeles, du 25 au 27 avril, Paramount Studios, 5555 Melrose Avenue, Los Angeles. www.parisphoto.com/losangeles
Sur iPad, découvrez des contenus exclusifs. 19 avril 2014
LAPD Image courtesy Fototeka
L
’exposition « unedited ! :
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LAPD Image courtesy Fototeka
Le portfolio.
Page de gauche, 2 juin 1950, victime d’une agression, une femme montre ses blessures et ses bleus. Ci-contre, photo prise le 4 septembre 1950. En bas, le 23 septembre 1950, chaussures et main avec poignard‌
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Le portfolio.
Le 10 octobre 1942, détail d’une vitre de voiture trouée de deux balles. Page de droite, le 2 septembre 1933, Frank WP Howard, accusé du kidnapping de Mary Skeele, l’épouse du doyen de l’école supérieure de musique de l’université de Californie.
LAPD Image courtesy Fototeka
Le 13 mars 1963, reconstitution dite du « champ d’oignons ». Le suspect, Jimmy Lee Smith (en manteau clair), est accusé d’avoir enlevé, avec un complice, l’officier Ian Campbell, et de l’avoir tué dans ce champ d’oignons le 6 mars 1963.
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Le Style
/ Mode / Beauté / Design / Auto / / High-tech / Voyage / Gastronomie / Culture / PULL EN maiLLE dE LaiNE, paul smith.
Sky Ferreira
Lolita électrique La jeune chanteuse californienne débarrassée de sa crinière peroxydée joue les muses sensuelles et fragiles le temps d’une série photo. Et révèle une beauté touchante. Réalisation Aleksandra Woroniecka/ photos Alasdair McLellan
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M
annequin, chanteuse, mais surtout créature pop des temps modernes, Sky Ferreira n’a que 21 ans et pourtant elle affole déjà son monde en grande professionnelle. D’abord parce qu’elle est de toutes les fêtes branchées, se façonnant une image de it-girl, cet état indéfinissable des années 3.0 qui fait que les journaux sur papier glacé, les sites people et les blogs en tout genre vous portent aux nues juste parce que vous avez une allure. Quelque chose : ça, it! Sky Ferreira a donc ça, sans qu’on sache très bien ce que c’est, ni ce qu’elle en fait. Car rares sont ceux qui connaissent sa carrière de chanteuse savamment entretenue en distillant depuis deux ans des singles accompagnés de clips vidéo diffusés en priorité sur le Web. Elle suit en cela un plan naguère éprouvé par Lana Del Rey. Elle y apparaît, mi-diva et mi-lolita, susurrant des refrains entêtants sur un fond
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de rock synthétique, coiffantdécoiffant en rythme une crinière alors blond platine façon Madonna période Who’s That Girl. Parallèlement à cette trajectoire « indé », la jeune fille pose dans des séries de mode (avec le photographe roi du trash chic Terry Richardson notamment) et accepte surtout d’assurer la première partie sur la tournée de la pop star vulgaire Miley Cyrus. Tremplin garanti: Sky Ferreira devient une starlette sulfureuse. Fin mars, et après avoir été plusieurs fois repoussé, son premier album est sorti en France. Entre-temps, le blond platine a disparu. Sa crinière brune et ses yeux de faon blessé en font désormais une petite sœur de Debbie Harry, la mythique chanteuse de Blondie. Naturelle, sensuelle, lascive autant que lasse, elle incarne à la perfection la beauté rock. Avec ces images, elle s’inscrit dans le sillage des héroïnes électriques sur fond de New York éternel. Et le charme opère. Sky Ferreira, album Night Time, My Time (Capitol).
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top en résille brodée en viscose et soie, louis vuitton. collant résille, falke.
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Page de gauche, PuLL eN cOTON aVec aPPLIcaTION, NAPAPIJRI. cI-dessus, VesTe PerfOrée eN Veau VeLOurs, GUCCI. BOdy eN sOIe eT TuLLe, CADOLLE. chausseTTes eN deNTeLLe, LEG AVENUE. escarPINs eN cuIr, SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE.
ci-dessus, Trench à capuche en soie parachuTe déperlanTe, HERMèS. coMBinaison en résille, REPETTO. MailloT de Bain à FranGes en lYcra, DIESEL. BoTTines en Vernis, SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE. paGe de droiTe, VesTe en deniM, GUESS VINTAGE. pull en coTon, MICHAEL KORS. culoTTe Taille hauTe en lYcra, CADOLLE. leGGinG Brodé GraFFiTi “lV” en JerseY Brodé de pailleTTes, LOUIS VUITTON.
page de gauche, VeSTe eN LaINe, EMPORIO ARMANI. paNTaLON eN cuIR eT ceINTuRe eN cuIR aVec BOucLe aRgeNTée, SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE. SOuTIeN-gORge eN SaTIN, DOLCE & GABBANA. BRaceLeT eN Veau, HERMèS. cI-cONTRe, ROBe eN VeLOuRS, MIU MIU.
ROBE EN JERSEY, CéLINE. CHAUSSETTES EN DENTELLE, LEG AVENUE. BOTTiNES EN CUiR vERNi, SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE.
Page de gauche, PuLL eN MaILLe de cOTON, JUST CAVALLI. JuPe eN cuIR, SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE. cOLLaNT eN RéSILLe, FALKE. cI-cONTRe, VeSTe eN Tweed, gILeT eN SIMILIcuIR eT ShORT eN SOIe IMPRIMée zèbRe eT LéOPaRd, RODARTE.
page de gauche, VeSTe eN cRêpe de cOTON BROdé, BOTTEGA VENETA. paNTaLON eN cuIR eT ceINTuRe eN cuIR aVec BOucLe aRgeNTée, SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE. BOdY eN RéSILLe eT deNTeLLe, ANGELS fANcy DRESS. page de dROITe, VeSTe ZIppée eN cOTON MéLaNgé, HUGO. Tee-ShIRT eT Jupe eN cOTON, KENZO. chauSSeTTeS eN deNTeLLe, LEG AVENUE. BOTTINeS eN cuIR VeRNI, SAINT LAURENT PAR HEDI SLIMANE.
aVec SkY feRReIRa @IMg cOIffuRe : BeN SkeRVIN @The MagNeT ageNcY MISe eN BeauTé : haNNah MuRRaY @aRT + cOMMeRce MaNucuRe : aLIcIa TOReLLO @The WaLLgROup ScéNOgRaphIe : happY MaSSee @LaLaLaNd aRTISTS pROducTION : TaLI MagaL @fReeBIRd pROducTION aSSISTaNTe de RéaLISaTION : aLINe de BeaucLaIRe
le style.
Copies (presque) conformes.
Sous un même nom, les parfums connaissent plusieurs vies. Eau de parfum, eau de toilette, version sport… Les variations olfaticves se déclinent à l’envi. Gare au risque de dilution. Par Lili Barbery-Coulon/Photos Peter Langer
I
l faut avoir un œil averti pour faire la différence entre l’Homme d’Yves Saint Laurent et sa déclinaison « Sport » qui vient de sortir. Au jeu des sept erreurs, on remarque une tige rouge au milieu du flacon, du métal un peu plus mat sur le capot. Pourtant, sur la peau, c’est une nouvelle histoire qui se joue. Plus fraîche, plus métallique, plus « fusante ». Et ce n’est pas le seul parfum à s’inventer une tenue légère pour le printemps. Le Parfum Carven se décline désormais en Eau de Toilette, tout comme La Vie Est Belle de Lancôme. L’Eau de Toilette Terre d’Hermès, qui s’était déjà taillé un costume plus sophistiqué avec sa version Parfum, s’offre désormais une cousine baptisée Eau Très Fraîche. A l’inverse, d’autres comme J’Adore de Dior ou La Petite Robe Noire de Guerlain ouvrent un territoire plus intense avec, respectivement, l’Extrait ou l’Eau Couture. Difficile de s’y retrouver parmi toutes ces propositions… « Décliner les concentrations n’est pas nouveau, Chanel l’a fait dès le lancement du No 5 dans les années 1920, rappelle l’historienne du parfum Elisabeth de Feydeau. Il existait une eau de Cologne No 5 pour un usage de jour et un parfum à porter le soir. » Pourtant, lorsqu’on sent les variations olfactives proposées aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de concentration dans l’alcool. D’ailleurs, les différentes appellations ne sont soumises à aucune législation, ce qui signifie qu’il peut y avoir une eau de toilette très concentrée en parfum (sa fraîcheur viendra alors des matières volatiles choisies par le nez, comme les agrumes) et une eau de parfum faiblement concentrée mais riche en ingrédients rémanents. « Pour moi, il s’agit d’un exercice de style. On peut diluer un parfum dans les zestes d’agrumes pour le rafraîchir ou, au contraire, le noyer dans une note pralinée comme le veltol pour obtenir un effet plus intense. Mais je me l’interdis. Je préfère écrire une nouvelle histoire à partir de celle que j’ai créée au tout début », confie Jean-Claude Ellena, parfumeur maison chez Hermès.
Parfois, la filiation olfactive est nébuleuse. D’Omnia Crystalline à Omnia Indian Garnet de Bulgari, seule la forme du flacon semble inchangée. Idem entre l’Eau Pour Homme d’Armani et sa nouvelle déclinaison aux épices, Eau d’Arômes. « En 1990, d’après les chiffres publiés par Michael Edwards, le créateur du site fragrancesoftheworld.com [annuaire qui référence tous les parfums existant, ndlr], on comptabilisait 14 déclinaisons de parfums déjà sur le marché pour l’année, dit Sabine Chabert, directrice déléguée de la Fragrance Foundation, en France. En 2013, il y en a eu 229. » Comment expliquer une telle aCCélération ?
« Cette méthode marketing, qui s’est répandue dans les années 1990, a pour but de rentabiliser l’investissement exorbitant d’un lancement en capitalisant sur un nom, “ombrelle”, explique Pierre-Emmanuel Bisseuil, consultant pour Peclers Paris. Cela permet de rallonger la durée de vie d’un parfum, de recruter un nouveau public, de rajeunir la formule sans avoir à changer la campagne publicitaire ni à déposer un nouveau nom. » Néanmoins, lorsque Chantal Roos, alors à la tête de Beauté Prestige International, a lancé les premières déclinaisons d’été du parfum Classique de Jean Paul Gaultier, dans les années 1990, ses ambitions étaient différentes : « A l’époque, j’avais demandé à Jean Paul Gaultier d’habiller le flacon en forme de buste à l’occasion d’une édition éphémère et annuelle avec un parfum à chaque fois légèrement modifié, se souvient-elle. J’avais interdit aux pays de les garder, je ne voulais pas créer de confusion chez les consommateurs. » Sous la pression de la distribution en quête de nouveautés, toutes les marques ont fini par suivre ce modèle, alignant parfois jusqu’à six déclinaisons sous le même nom, sans compter les éditions limitées. « Si la variation a une raison d’être, pourquoi pas, commente Chantal Roos. Mais attention ! A trop étirer, on peut y perdre son âme et se vider de sa substance. »
la petite robe noire, eau de parfum et couture, guerlain.
page de gauche, eau d’arômes et eau pour homme, armani. ci-dessous, l’homme, eau de toilette et eau de toilette sport, yves saint laurent.
page de gauche, terre, eau très fraîche et eau de toilette, hermès. ci-dessous, la petite robe noire, eau de parfum et couture, guerlain.
page de gauche, omnia, indian garnet et crystalline, bulgari. ci-dessous, no 5, eau première et eau de parfum, chanel.
page de gauche, la vie est belle, eau de parfum et eau de toilette, lancôme. ci-dessous, j’adore, eau de parfum et l’extrait, dior. scénographie : Winnie placzko assistant photo : shinji minegishi remerciements à aline de beauclaire.
Le camouflage.
Le style.
à l’origine
l’iCÔne
Angela Bower, brushing queen.
Vampirisée par son personnage de mère célibataire dans la sitcom « Madame est servie », l’actrice américaine Judith Light a beau enchaîner les rôles dans les séries depuis 1977, on ne se souvient que d’Angela Bower. Aussi hystérique que peroxydée, elle apparaît toujours le cheveu travaillé. Ses coiffures sont si élaborées qu’elle se livre chaque soir à un rituel : juste avant de poser sa tête sur l’oreiller, elle relève bien ses cheveux afin d’éviter les réveils « raplaplas froissés ». L. B.-C. Stylisme F. Kh.
Le gLoss.
Striptease, Nars, 25 €. En mai au Bon Marché et sur www. narscosmetics.fr
Le spray.
Volume Coiffant Elnett, L’Oréal Paris, 9,90 €. www.loreal-paris.fr
Vu Sur Le net
Par ici la monnaie.
Parabellum aime allier savoir-faire et technologie. Ceintures renforcées au Kevlar ou portefeuilles d’une solidité surprenante grâce à l’usage de céramique militaire, Jason Jones et Mike Feldman, fondateurs de la marque californienne de maroquinerie, n’en sont pas à leurs premières créations. tout juste sortis de leur garage de Los Angeles, un porte-cartes et un porte-clés équipés de la technologie trackr. Grâce à une puce incrustée et reliée à une application (disponible sur iPhone et Android), le téléphone bipe lorsqu’il s’en éloigne de plus de 30 mètres. L’écran de smartphone permet alors de localiser l’objet égaré. L’inverse est aussi vrai, il est possible de faire sonner un téléphone à partir de son porte-cartes. Côté esthétique, rien à redire. Parabellum utilise sa matière fétiche, le cuir de bison doublé de veau et peint à la main. J. N.
à l’arrivée
Le camouflage – comme le léopard ou le tartan – fait partie de ces tendances qui reviennent régulièrement, poussé par les fabricants de tissus qui fournissent les marques et par des créateurs très inspirés (comme JeanCharles de Castelbajac à la fin des années 1990). Sa popularité ne faiblit pas. Depuis plus d’un an, il est sur des dizaines de podiums (hommes et femmes), sans cesse revisité de façon à s’éloigner du motif original. Couleurs vives et dentelles chez Carven (photo) ou lin brodé sur les escarpins Manolo Blahnik. Chez Valentino, le camouflage est presque devenu une signature : il est partout dans les campagnes publicitaires et s’est installé sur les sacs emblématiques de la maison. Ces efforts de détournement feraient presque oublier la fonction première du motif. J.N.
Porte-cartes (295 $) et porte-clés (195 $) équipés de la technologie Trackr. Edition limitée à 100 exemplaires chacun. Disponibles sur www.parabellumcollection.com 90 -
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Rue des Archives/BCA. Philips. Nars. L’Oréal. Roger-Viollet. Carven. Parabellum
La brosse souffLante.
ProCare, Brilliance, Philips, 60 €. www.philips.fr
Début 1900, toutes les armées abandonnent les tenues aux couleurs éclatantes et se tournent vers des teintes plus discrètes, suivant l’exemple de l’armée britannique. Avec l’arrivée d’armes ultraprécises, le besoin de se dissimuler devient encore plus pressant. En 1915, Lucien-Victor Guirand de Scévola, peintre français engagé dans l’armée, a l’idée de peindre son matériel pour le camoufler. La technique est inspirée de celle des cubistes qui vise à briser la forme régulière d’un objet en déformant ses lignes et ses couleurs pour qu’il se fonde dans la nature. L’invention est présentée aux chefs militaires qui, séduits par l’idée, créent une équipe dévolue à cette tâche. Surnommée unité des « trompe-la-mort », elle compte plusieurs milliers d’hommes, dont des peintres et des décorateurs de théâtre spécialisés dans le trompe-l’œil. Depuis, le camouflage équipe toutes les armées, chacune ayant son propre motif.
Direction de la communication de Sud de France Développement - 03/2014 - © Photos : P.Palau, B. Liegeois
LANGUEDOC-ROUSSILLON
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FÉTICHE
Laques de triomphe.
Le vernis à ongles serait-il en déclin ? « En 2006, le marché des ongles représentait 11,8 millions d’euros en France. En 2012, il pesait 24 millions d’euros. Mais l’an dernier, il a baissé de 13 % », explique Mathilde Lion, experte du secteur beauté pour le bureau d’études NPD. Ce recul n’a pourtant pas l’air d’inquiéter les marques, le luxe ou la grande distribution ne cessant de développer leur offre. De l’accessoire pour dessiner sur ses ongles aux lampes UV pour poser un vernis semi-permanent à domicile, jamais les doigts n’ont eu droit à autant d’attentions. Même ceux qui disposaient déjà d’une ligne de vernis sont contraints de l’étoffer ou de l’améliorer. Chez Dior, la gamme a été revue. Inspirée par l’effet « carrosserie » des gels permanents disponibles dans les salons de manucure, la ligne décline pas moins de vingt et une couleurs. L. B.-C.
Scénographie Pascale Theodoly
VErniS riViErA, Dior, 25 €, www.Dior.CoM
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Photo Audrey Corregan et Erik Haberfeld pour M Le magazine du Monde. Stylisme Fiona Khalifa
Le style.
Le goût des autres Se prendre le chouchou. Par Carine Bizet
L
a mode aime les années 1980. Pourquoi ? Parce que cette décennie a produit le meilleur (Thierry Mugler) et le pire (le look « aérobique » de Véronique et Davina) et qu’elle fascine par sa flamboyance – surtout ceux qui ne l’ont pas vécue. Cette veine nostalgique exploitant le penchant de l’époque pour le moche décalé (qui, le plus souvent, se révèle surtout moche) devait fatalement faire ressurgir des rebuts stylistiques peu glorieux : revoilà donc le « chouchou ». Avant de devenir la moitié d’un couple télévisuel qui donne envie d’être célibataire à vie, ledit chouchou a été une star de la coiffure des années 1980. Cet élastique gainé d’une bande de tissu froncée plus ou moins bariolée a décoré moult chignons célèbres, agrémenté de multiples queues-de-cheval illustres. Car, oui, Karen Cheryl a bien été une star. Dans un moment de lucidité trop rare, la mode a placardisé cet accessoire ; mais les « hipsters » sont passés par là. Cette tribu qui persiste à confondre ironie stylistique et esthétique douteuse a décidé de réhabiliter le chouchou. Ils auraient dû se méfier :
un objet affublé d’un nom aussi grotesque n’a aucune chance d’accéder au panthéon du chic. Même en anglais, on frôle la cacophonie : en bouche, le terme « scrunchie » fait l’effet d’un mauvais caramel qui colle aux dents. Dans la pratique, le cas du chouchou ne s’arrange pas. Cet ornement de cheveux est encore le meilleur moyen de rater sa coiffure. Si on le pose sur un chignon minimaliste élégant et bien lisse, hop, il le transforme en pièce montée capillaire bon marché. Certes, on croise souvent ce genre de mini-couronne chez les gymnastes professionnelles, assortie de gel pailleté pour les cheveux, d’un maquillage coordonné au justaucorps en velours et lamé : mais ces jeunes filles sont aussi capables de toucher leurs oreilles avec leurs orteils, on peut considérer que cela compense leur déficit en équilibre stylistique. Deuxième option : le chignon en désordre, facile à réaliser puisqu’il suffit de rassembler une boule au sommet du crâne avec les cheveux enroulés de manière aléatoire avec l’objet du délit. Le résultat : un tas informe réservé normalement aux ablutions en salle de bains.
En général, le chignon-tas permet de dégager momentanément le visage pour le nettoyer ou le maquiller. Exhibé dans la rue, il ressemble surtout à une sorte de nid d’oiseau mal rangé qui risque d’inspirer aux pigeons distraits des envies de faire comme chez eux. Non
content de faire office d’épouvantail, le chouchou est aussi un aspirateur : à miasmes, à poussière, à gras… Une véritable boîte de nuit pour bactéries. Une autre raison – très pragmatique – de prendre cette déplorable tendance avec des pincettes.
horlogerie
Parabellum
Heures fixes.
la maison Bell & ross, connue pour ses montres de sport et ses modèles carrés de grande taille, sait aussi jouer la carte de l’élégance. Née de l’association d’un manager et d’un designer, la marque française à la fabrication suisse soigne les équilibres, les symétries, les proportions. la preuve avec le modèle WW1 régulateur. Doté d’un boîtier d’inspiration rétro et d’anses typiques des années 1910, il tire son nom des pendules qui, dans les ateliers d’autrefois, donnaient une heure de référence, très précise. Par souci de lisibilité, un régulateur a un affichage séparé pour les heures, les minutes et les secondes. C’est le cas ici, où chaque aiguille – aussi effilée que les index – est implantée avec régularité le long de l’axe vertical du cadran. D. C. Bell & Ross WW1 Régulateur. Boîtier en or rose de 42 mm de diamètre, fond en verre saphir transparent, mouvement à remontage automatique, heures excentrées, minutes au centre, petite seconde. Prix sur demande. Tél.: 01-73-73-93-00. 19 avril 2014 – Illustration Johanna Goodman pour M le magazine du Monde
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VARIATIONs
Compter fleurette.
de haut en bas et de gauche à droite : acqua Floreale Valentina, Valentino, 69 € 50 ml, Fr.parFums.Valentino.com daisy eau so Fresh, marc Jacobs, 70 € les 75 ml, www.marcJacobs.com dolce, dolce & gabbana, 83 € les 50 ml, www.dolcegabbana.com Violet dans la collection couleur Kenzo, 65 € les 50 ml chez sephora, www.sephora.Fr
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photo audrey corregan et erik haberfeld pour m le magazine du monde. stylisme Fiona Khalifa – 19 avril 2014
scénographie pascale theodoly
En 2007, alors que les parfums Marc Jacobs ronronnaient sagement dans les rayons des parfumeries, la marque parie sur un flacon hors norme : une bouteille surmontée de fleurs en plastique rappelant les bonnets de bain des années 1950 et les sculptures de Jeff Koons. Le succès du parfum Daisy est si grand que les fleurs se mettent à pousser partout. Broderie délicate chez Valentino, bouchon clin d’œil au premier parfum Kenzo ou évocation d’un décor en pâte d’amande chez Dolce & Gabbana, les flacons du printemps n’ont jamais été aussi bucoliques. L. B.-C.
Le style.
La paLette des couleurs bien ancrées.
Jean-Baptiste Talbourdet/M Le magazine du Monde. Comme Des Garçons. Zahia Hadid Architects. Serpentine
Sous l’influence du tatouage, du vernis à ongles semi-permanent ou du maquillage des sourcils qui dure plusieurs semaines, de nouvelles textures permettent de prolonger la tenue de la couleur comme s’il s’agissait de marqueurs indélébiles. Un courant initié par la marque américaine Benefit et son petit flacon Benetint qui, dès les années 1970, proposait de teinter lèvres et joues avec de l’encre. Ces pigments qui colorent durablement la bouche ou les pommettes n’ont rien de définitifs et disparaissent en présence d’un corps gras. Mais peu à peu ils changent les habitudes, les heures passent sans besoin d’en remettre une couche. L. B.-C. De haut en bas et de gauche à droite : Maestro Fusion Blush, Giorgio Armani, 43 €. En mai. www.armanibeauty.fr Baby Doll Kiss and Blush n° 1, Yves Saint Laurent, 33 €. En mai. www.ysl-parfums.fr Benetint, Benefit, 32 €. www.benefitcosmetics.fr Cheek to Cheek Eau de Blush, By Terry, 35 €. En mai. www.byterry.com Encre Gloss Sloe Gin, Top Shop, chez Colette, 12 €. www.colette.fr Rouge à lèvres Infusion Plum Concentrate, Sephora, 12,95 €. www.sephora.fr
THÉORÈME
Serpentine et Comme des Garçons se jettent à l’eau.
Après avoir collaboré avec le magazine Monocle, le chapelier Stephen Jones ou encore l’héritière et créatrice Daphne Guinness, la marque japonaise Comme des Garçons s’apprête à lancer un parfum avec la galerie Serpentine. Ce musée situé au cœur de Hyde Park à Londres est connu pour sa programmation d’artistes contemporains. Sur la peau, l’eau de toilette apparaît comme un nuage de gazon fraîchement coupé, volatil, épicé et légèrement brouillé par des notes de bois fumé. L. B.-C. Serpentine, eau de toilette, Comme des Garçons, 66 € les 50 ml. A partir du 28 avril. www.comme-des-garcons.com
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ci-contre, robe en crochet, CHLOé. espadrilles en cuir avec griffon, VALENTINO GARAVANI. page de droite, robe en coton rebrodé, EMPORIO ARMANI.
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un peu de tenues…
L’effet dentelle. Robe en crochet et chemisier brodé jouent la transparence. Pour une allure pas si sage.
Par Marine Chaumien/Photos Nick Dorey
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ci-contre, robe bustier en broderie crush houssée de voile, BALENCIAGA. page de droite, veste de smoking, BéRéNICE. robe broderie anglaise en coton et soie, NINA RICCI. derbies en raphia, PAUL SMITH.
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ci-contre, top oversize en dentelle et jupe taille haute volantée en cuir matelassé, BALMAIN. page de droite, chemise en crêpe de viscose avec détails jour échelle, COMPTOIR DES COTONNIERS. soutien-gorge en dentelle, éRèS. jupe en dentelle, ISABEL MARANT. sur toutes les photos, collier avec pendentif cœur en or, CARTIER. Bague olympe en or, MONSIEUR PARIS. Bague en or rose et diamants, GINETTE NY. mannequin : kat hessen @the society. coiffure : tomohori ohashi. maquillage : georgina graham. assistante styliste : maeva danezan.
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1 - « L’architecte-designer Gio Ponti m’inspire beaucoup. Comme l’art de façon générale, notamment celui des années 1950 et 1960 avec Lucio Fontana, Alberto Burri ou Paolo Scheggi. »
MA VIE EN IMAGES… ALESSANDRA FACCHINETTI.
3 - « Me voici dans mon bureau milanais chez Tod’s, près d’un tableau qui représente des images et des personnes qui m’ont inspirée pour la collection printemps-été 2014. Comme cette femme des années 1950 coiffée d’un bonnet de bain (en haut). »
Après avoir fait ses preuves chez Miu Miu, Gucci, Valentino et Moncler, la créatrice italienne a pris la direction du prêt-à-porter féminin et des accessoires de Tod’s, succédant à l’Américain Derek Lam. Pour le printemps-été 2014, elle a livré une première collection très remarquée, féminine et moderne. De nature discrète, Alessandra Facchinetti livre ici quelques clichés de ce qui l’entoure et l’inspire.
4 - « Sur ma table de travail, des cahiers dans lesquels je fais mes croquis, note et dessine mes inspirations, surtout quand je voyage. Chaque collection commence par des recherches, puis viennent les dessins. »
Propos recueillis par Vicky Chahine
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6 - « Je suis née à Bergame, mais je considère Milan, où je vis depuis mes 17 ans, comme ma ville. Le style de mon appartement évoque un peu l’histoire que j’ai voulu raconter avec cette première collection : une maison ouverte à l’art et à la lumière, d’un modernisme clair et d’une inimitable tradition italienne. »
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5 - «Venise m’inspire et j’aime m’y rendre. L’art, la culture, les musées, et notamment le Palazzo Grassi, m’enchantent. J’ai beaucoup apprécié l’exposition Rudolf Stingel et son côté très graphique (ci-contre). »
7 - « Posée à même le sol chez moi, une série de trois tableaux de l’artiste espagnol Fernando Vicente dont le titre est Les Femmes perturbées. Je suis fascinée par ces visages troublants. »
Gio Ponti Archives. Alessandra Facchinetti. Tod’s. Gionata Xerra/Tod’s. Stefan Altenburger/Rudolf Stingel. Tod’s. Alessandra Facchinetti
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2 - « J’ai beaucoup pensé à la femme Tod’s, à son style de vie, sa façon de bouger. Habituellement, je commence par les vêtements mais, là, j’ai fait le contraire. J’ai repensé aux accessoires de la maison et ajouté une touche de féminité, de modernité et un côté graphique, comme pour ces différentes versions du sac Sella. »
Le style.
ÊTRE ET À VOIR
Catherine.
Illustration Vahram Muratyan pour M Le magazine du Monde
Par Vahram Muratyan
Catherine Deneuve, actrice téméraire. Dans la cour, en salles le 23 avril.
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tous les acteurs du maquillage à lancer leur version. Voire plusieurs : chez Garnier, on trouve onze références dans la « famille BB », chacune avec un effet différent (anti-âge, anti-imperfections, peaux mixtes…). En 2013, la marque en a vendu une toute les sept secondes ! « Alors que les produits 2 en 1 des années 1990 étaient strictement fonctionnels et n’avaient pas réussi à séduire, la BB crème parvient à résoudre la tension entre émotion et raison au moment d’acheter, explique Natalia Rozborski, directrice conseil mode et beauté pour le cabinet de tendances Nelly Rodi. On est d’abord attiré par un packaging lumineux qui évoque une peau rêvée ou une promesse de bonheur. Puis, le regard est capté par la liste de bénéfices affichés point par point, comme s’il s’agissait d’un médicament. » Et puis, il y a cE nom dont pErsonnE nE comprEnd la signification et qui permet à chacun de projeter ses propres désirs. « L’appellation “crème teintée avec filtre UV” est aussi sexy que des bas de contention, ajoute Natalia Rozborski. Alors que “BB” permet de construire une histoire à l’instar du terme “Heattech” utilisé par la marque Uniqlo pour vendre des sousvêtements chauffants. » Certains ont cherché à se distinguer. Chanel, jouant avec le double C de Coco Chanel, a mis au point en 2012 une CC crème pour le marché asiatique, forçant les autres marques à développer à leur tour leur formule CC (contrôle de la couleur). Impossible de distinguer les CC des BB crèmes : chacune, selon les labels, possède des propriétés particulières. Mais toutes misent sur la perfection de la carnation. « La beauté de la peau se mesure aujourd’hui à la colorimétrie du teint », remarque Aurélie Chaffel, directrice associée de Perspectives Lab. Au-delà du teint, ces initiales ont su capter l’air du temps et le besoin d’une réponse multiple. « Dans un contexte de crise, les consommateurs réclament des soins astucieux qui leur font gagner du temps », dit Natalia Rozborski. Ainsi, BB ou CC sont-elles à présent des codes qui signifient « 5 en 1 ». Cet été, on ne parlera plus de crème solaire, mais de BB crème solaire (chez Vichy, Lancôme, L’Oréal Paris ou Mixa). Le shampooing n’est plus hydratant, il est BB pour la marque Myriam K. Le thé devient également BB (Kusmi). Il y a même des crèmes BB réparatrices pour les cheveux (Generik, Schwarzkopf), des gloss et des anticernes CC (Strivectin et Bourjois), des poudres CC chez M.A.C et & Other Stories, des compléments alimentaires BB (Biocyte), des collants « effet BB crème » (chez Dim). « C’est une récupération assez opportuniste de la terminologie mais sans fondement, le mouvement sera éphémère », conclut Natalia Rozborski. Lili Barbery-Coulon
D’où ça sort?
amais on n’aurait imaginé pareil raz de marée. Cinq ans après ses débuts en France, la BB crème n’est plus un simple soin teinté à usage multiple. Ce produit, conçu pour les peaux sensibilisées avec des pigments pour corriger les imperfections du teint, une base hydratante et un indice élevé de protection solaire, fait tout. Il hydrate donc la peau, la protège du soleil, matifie les nez brillants, donne de l’éclat aux teints fatigués. Il en existe même qui nettoient et démêlent les cheveux ou embellissent les lèvres… Débarquée de Corée et d’abord déclinée par la marque Erborian puis par Garnier, la BB crème n’était pas destinée à devenir le Mini Mir de la beauté. Née en Allemagne, repensée par un dermatologue coréen pour ses patientes souhaitant couvrir leurs rougeurs post-chirurgicales tout en protégeant leur peau du soleil, elle était à l’origine un Blemish Balm (un baume anti-défauts). Adaptée au marché français, moins couvrante qu’en Corée, elle s’impose immédiatement et pousse
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Jean-Baptiste Talbourdet/M Le magazine du Monde
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Les soins à doubles consonnes. Mises au point pour corriger les rougeurs post-chirurgicales, les BB et CC crèmes se déclinent aujourd’hui en de multiples produits : shampooings, baumes à lèvres, crèmes solaires… et même collants.
Le style.
ceci n’est pas…
une tablette de chocolat.
Alors que les chocolatiers n’ont jamais autant détourné le cacao et que les moulages sucrés se confondent avec des objets de la vie courante, une marque de cosmétiques américaine fait le pari inverse : transformer une palette de maquillage en tablette de chocolat. Connu pour sa fantaisie, le label Too Faced ne s’est pas arrêté au packaging. Lorsqu’on ouvre l’étui, les seize fards pour les yeux et les joues sont également parfumés au chocolat et conçus à base de poudre de cacao. Cette dernière conserverait, d’après la marque, ses vertus antioxydantes à l’application. Un accessoire ostensiblement régressif qui cherche à dédramatiser l’univers de la beauté. Il faut dire que ces détournements sont de plus en plus fréquents chez les distributeurs de maquillage (Sephora, Marionnaud, Nocibé…). Un moyen sûr de retenir l’attention des plus jeunes tout en divertissant les adultes nostalgiques. L. B.-C. Too faced
ChoColaTe Bar de Too FaCed, PaleTTe d’omBres à PauPières à Base de Poudre de CaCao, 44 €, en exClusiviTé Chez sePhora.
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Le style.
JP Géné Saint-marcellin, coulez pour nous. FUT
UN
bien triste 1er avril aux halles de la Part-Dieu à Lyon. La veille, Renée Richard, 84 ans, avait définitivement quitté ces saintmarcellin dont elle a fait la réputation et qui le lui ont bien rendu. Au panthéon des mères lyonnaises, elle a rejoint la Mère Brazier, la Mère Fillioux, la Mère Léa et bien d’autres, qui ont donné à Lyon le goût de sa cuisine. Colette Sibilia, la charcutière, d’un côté, Renée Richard, la fromagère, de l’autre et Paul Bocuse au centre, c’était l’image d’Epinal des halles de la Part-Dieu. M. Paul entre le saucisson pistaché et le saint-marcellin affiné. Toujours convalescent, il n’a pu assister aux obsèques de celle qu’il avait lui-même baptisé la Mère Richard, au sanctuaire Saint-Saturnin où tout le Lyon de la politique et des métiers de bouche se pressait. Avec elle disparaît une figure installée dès 1965 dans les anciennes halles des Cordeliers. Après avoir hésité, elle s’était résolue à déménager à la Part-Dieu, où son aplomb et sa mise en plis ont fait des ravages dans la presse et dans le public. Les raisons de sa passion pour l’affinage du saint-marcellin restent mal CARNET D’ADRESSES FROMAGERIE LA MÈRE RICHARD, Halles de Lyon-Paul Bocuse, 102, cours Lafayette 69003 LYON Tél. : 04-78-62-30-78.
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connues mais, après plusieurs décennies d’activité, elle en vendait 340 000 pièces à l’année. On le trouve partout,sur les tables étoilées comme parmi les produits dérivés de l’Olympique lyonnais. Avec son nom sur l’étiquette : saint-marcellin de la Mère Richard. Un tel succès n’a pas été sans conséquences sur la fromagerie comme sur le fromage. Tenue depuis plusieurs années par sa fille également prénommée Renée, la maison Richard a été rachetée en toute discrétion en 2003 par Les Maîtres laitiers du Cotentin, une importante coopérative laitière de Normandie. On ne l’apprendra qu’en 2011, à l’occasion d’une défaite de l’Olympique lyonnais à Caen, lorsque le président du club de football également directeur des Maîtres laitiers, glissera en aparté que « la Mère Richard aussi était passée sous pavillon normand ». « A l’époque, je n’avais pas souhaité m’exprimer beaucoup sur cette cession qui aurait pu dérouter la clientèle alors que rien n’a changé. Le personnel est le même. On a gardé tous nos petits producteurs et le souci de la qualité est identique », a expliqué Renée Richard. On veut bien la croire et son étalage aux halles témoigne de la qualité de ses produits, mais on aimerait bien connaître ces « petits producteurs », de plus en plus rares pour le saint-marcellin.
bution. Le saint-marcellin n’a jamais accédé au statut d’AOC, mais a obtenu en novembre dernier celui d’IGP (indication géographique protégée) qui réjouit les services marketing de l’industrie laitière. Un drôle de gonze, ce saintmarc’llin, comme on dit à la CroixRousse. A l’origine, il était fait avec du lait de chèvre dans les montagnes du Vercors et du Dauphiné,
l’aimaient les bergers au cassecroûte, ou moelleux (70 %) comme à Lyon, où il est de bon ton de le déguster coulant à la petite cuillère, accompagné d’un verre de mâcon blanc. C’est ainsi que je le préfère. Avec une pensée pour la Mère Richard alors que la bonne saison du saint-marcellin commence. jpgene.cook@gmail.com
Il est traditionnellement affiné de deux façons : sec, comme l’aimaient les bergers au casse-croûte, ou moelleux, comme à Lyon, où il est de bon ton de le déguster coulant à la petite cuillère.
où des « ramasseurs » venaient collecter ces petits fromages dans les chevrières. La diminution progressive de l’élevage caprin à partir du xixe siècle a conduit à des mélanges avec du lait de vache qui a rapidement pris le dessus pour satisfaire une demande croissante, encouragée par le développement du chemin de fer. Selon le cahier des charges de l’IGP, le lait peut être cru ou thermisé pour ce fromage à pâte molle et croûte fleurie, « à bords arEN 2013, 2 650 TONNES (HORS FERMIER, rondis, d’un diamètre de 65 à 80 mm, soit environ 50 t) ont été produites de 20 à 25 mm de haut et pesant au par 7 transformateurs industriels, moins 80 g ». On chercherait en vain dont 55 % par Lactalis, leader mon- ces caractéristiques dans les saintdial des produits laitiers, qui marcellin blafards, à la peau qui contrôle l’Etoile du Vercors et la pèle, vendus sous plastique dans les Fromagerie du Dauphiné. C’est rayons de trop de supermarchés. 35 millions de fromages chaque an- Il est traditionnellement affiné de née dont 90 % pour la grande distri- deux façons : sec (30 %) comme
Cecilia Garroni Parisi pour M Le magazine du Monde
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Le resto
Bistrot de Garenne.
Il faut de bonnes raisons pour aller déjeuner de l’autre côté du périphérique et Le Saint-Joseph en est une excellente. A cinq minutes à pied de la gare de La Garenne-Colombes, voilà un bistrot comme on les aime. Parquet, comptoir, chaises et tables bistrot, pubs d’antan encadrées aux murs et menu carte à l’ardoise avec une dizaine de propositions d’entrées, plats et desserts. Le chef Denis Jublan n’est pas membre du syndicat des menus uniques et imposés, mais de celui des aubergistes qui savent recevoir et donner le choix à leur clientèle. Jeunes asperges vertes avec une petite sauce moutardée, cuisse de lapereau braisée tradition, légumes de printemps, can-
nelé bordelais façon baba au vieux rhum (un dessert d’homme), ici tout est fait maison, des frites à la chantilly, avec les meilleurs produits : herbes et verdure d’Annie Bertin, viande d’Hugo Desnoyer, beurre de Bordier, etc. L’andouillette braisée sept heures au sancerre n’était pas à l’ardoise ce jour-là, dommage ! Ce sera l’occasion d’y retourner et de poursuivre l’exploration d’une carte de vins nature dont le chef fut l’un des premiers défenseurs. Une bonne adresse près de la Défense. JPG Le Saint-Joseph, 100, bd de la République, La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine). Tél. : 01-75-85-14-47. www.restaurantlesaintjoseph.fr A déjeuner du lundi au vendredi. Dîner vendredi et samedi. Menu à 31 €.
banc d’essai
L’aloxe-corton.
Petit village de la Côte de Beaune, Aloxe, au pied de la montagne de Corton, entre Savigny et Chorey, offre des pinots noirs profonds, juteux et longs. A découvrir avec un tajine d’agneau.
Par Laure Gasparotto
Les coordonnées Saint Joseph. DR x5
de la série Un peu de tenues... L’effet dentelle, p. 96. BALenCIAGA : 01-56-52-17-32 BALmAIn : 01-49-96-20-70 BerenICe : 01-43-26-48-66 CArTIer : 01-42-18-43-83
Domaine arnoux père et Fils, les Fournières 1er cru 2011
Domaines albert bichot, clos Des maréchauDes 1er cru 2010
Domaine nuDant, clos De la boulotte monopole 2010
le subtil Du grand pinot noir bien né, qui s’offre généreusement mais en finesse, sur la longueur plus que sur la largeur. Equilibre parfait.
le raffiné Un aloxe en plénitude, issu d’un travail rigoureux qui se ressent dans sa structure. Bien construit, il est prêt pour une belle garde.
Tél. : 03-80-24-37-37. 37,70 €.
Tél. : 03-80-26-40-48. 30 €.
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le sensuel Superbe robe appétissante, en harmonie avec les notes généreuses de fruits rouges et la bouche expressive, pleine de sève et de longueur.
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ISABeL mArAnT : 01-43-26-04-12 mOnSIeUr PArIS : 01-42-71-12-65 nInA rICCI : 01-40-88-64-51 PAUL SmITH : 01-53-63-13-19 VALenTInO GArAVAnI : 01-47-23-64-61
eDmonD cornu et Fils, les Valozières 1er cru 2010
le précis Belle profondeur exhalée par ce vin multi-dimensionnel, aux notes complexes de fruits rouges à chair ferme. Un aloxe brillant et long. Tél. : 03-80-26-40-79. 36,30 €.
michel mallarD et Fils, toppe au Vert 1er cru 2010
le puissant D’une gourmandise infinie, ce vin en impose à tous les amateurs de grands crus de Bourgogne parce qu’il se révèle juste, sans excès. Tél. : 03-80-26-40-64. 26 €.
Pages réalisées par Caroline Rousseau avec Fiona Khalifa (stylisme). Et aussi Lili Barbery-Coulon, Carine Bizet, Vicky Chahine, David Chokron, Laure Gasparotto, JP Géné, Vahram Muratyan, Julien Neuville.
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Plonger dans la musique au palais du baron
« Encore aujourd’hui, on l’appelle le baron. Rodolphe d’Erlanger, peintre, esthète et musicien, a introduit le bleu et le blanc à Sidi Bou Saïd. Sa mémoire continue de protéger le village. Ce magnifique palais andalou, devenu le palais Ennejma Ezzahra (L’Etoile de Vénus) et le Centre des musiques arabes et méditerranéennes, a été construit sur un terrain qui domine le Cap Carthage. La vue y est stupéfiante. A l’intérieur, on retrouve des portraits qu’il a réalisés, ses meubles, ses tapis, sa collection d’instruments de musique, son traité sur la musique arabe et sa transcription de tous les répertoires musicaux arabo-andalous. Il faut guetter la programmation. » tunisie
Le Sidi Bou Saïd de Colette Fellous. Productrice du « Carnet nomade » sur France Culture – une émission en forme de carnet d’écrivain, ouvert sur le monde, le voyage, la littérature et l’art –, Colette Fellous dirige aussi la collection « traits et portraits », qu’elle a créée au Mercure de France. elle a choisi de nous emmener à sidi Bou saïd, en tunisie, pays qu’elle quitte à 17 ans pour étudier à Paris : « Ce lieu me rassemble, il me permet de faire converser le plus librement le passé et le présent. C’est à sa lumière que je dois l’écriture de mes livres, et plus particulièrement celle de La Préparation de la vie (Gallimard). » Propos recueillis par Emilie Grangeray
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Hélie Gallimard
Se laisser charmer sous le figuier
« La nuit, près de ce figuier magique, tout contre l’escalier de la mosquée, on vient en famille déguster un beignet sur les marches. Le jour, magnétisé par un délicat parfum d’ambre, on entre avec précaution dans le magasin d’Adel : bijoux anciens, opalines, marionnettes turques, coffres peints, céramiques d’El Kalaline, voiles de mariées en laine rouge à fines broderies blanches, tous uniques. Et partout, ces nobles statuettes de Sejnane, signées Habiba, Sabiha ou Jemaâ. Si Adel n’est pas là, il n’est jamais très loin, il aide Manina, juste en face, à vendre les friandises aux couleurs vives qu’avait déjà remarquées Paul Klee, il y a cent ans. »
Regarder les baleines au Café Sidi Chabaâne
Le style.
« J’y vais le matin, avant l’arrivée des curieux qui cherchent la chanson de Patrick Bruel : “Vous savez où est le Café des Délices ?” Oui, c’est au bout de la rue qui descend, vous ne pouvez pas vous tromper. Il y a le Wi-Fi et du très bon thé aux amandes. On peut même y manger. Mais le plus délicieux est de s’installer sur les bancs de chaux décorés de kilims et de regarder la mer. Encore et toujours. L’autre matin, un des garçons m’a dit : “Tape sur YouTube ‘Baleine trouvée à Sidi Bou Saïd’, je veux regarder avec toi, j’étais là quand ils l’ont trouvée, juste en bas, six tonnes elle pèse, elle a été blessée par un gros bateau.” »
CARNET PRATIQUE 1/Palais du baron Rodolphe d’Erlanger Centre des musiques arabes et méditerranéennes 8, rue du 2-Mars-1934. 2/Boutique d’Adel 46, rue Hedi Zarrouk. 3/Café Sidi Chabaâne impasse Sidi Chabâane. 4/Galerie d’art et librairie Mille Feuilles 99, avenue Habib-Bourguiba. La Marsa. 5/Restaurant Dar Zarrouk Rue Hedi-Zarrouk.
Résister à la librairie Mille Feuilles
« C’est un lieu de rendez-vous qui donne envie de lire, de vivre, de résister, d’être ensemble. Lotfi et Amina font partager la couleur et l’ambiance du pays, alertent sur les nouveaux artistes et les petites maisons d’édition. La plus fidèle amie des livres a été longtemps la petite chatte Sido. C’est maintenant Larousse. Sur le mur de droite, il y a une photo de Patrice Chéreau, je suis heureuse de retrouver son visage ici. Lotfi l’a toujours admiré, il a été si peiné par sa mort qu’il a voulu qu’il soit présent dans la librairie. »
Déguster un couscous au mérou au Dar Zarrouk
« Il faut y aller au moins une fois. Réserver une table au bord de la terrasse et se laisser porter. En face, toute la mer, le Bou-Kornine, montagne mythique, presque porte-bonheur. A droite, Carthage, les thermes d’Antonin, la cathédrale Saint-Louis. A gauche, le phare, grand gardien du village. Les hirondelles, le muezzin, les enfants dans la ruelle. On y sert un muscat de Kelibia ou un saintaugustin, un couscous au mérou ou un couscous d’agneau, au safran et aux fruits secs, une spécialité du Kef. Un grand bonheur de se retrouver ici, je repense à une note de Paul Klee dans son Journal, quand il a découvert cette lumière : “Matière et rêve coïncident, et mon propre moi s’y absorbe tout entier”. » 19 avril 2014 – Nicolas Fauqué/Images de Tunisie pour M Le magazine du Monde
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Photo Martin Colombet pour M Le magazine du Monde - 19 avril 2014
Focus
beau, brut et truand
De son propre aveu, Niels Arestrup doit ses plus beaux rôles à des rencontres. Celle de Peter Brook, au théâtre, où il mène depuis trente ans une carrière exigeante. Celle de Jacques Audiard au cinéma, qui, avec “Un prophète” en 2009, lui a offert la consécration. Celle de Frédéric Schoendoerffer aujourd’hui, pour qui il se mue, dans 96 Heures, en truand déterminé. Par Samuel Blumenfeld
N
iels Arestrup explique
parfaitement sa situation : « Je ne suis pas en demande professionnelle. Je n’ai jamais voulu être connu. » Ne pas le reconnaître relève pourtant de la gageure. Non en raison de sa célébrité mais parce que le comédien remplit le cadre, à l’écran, et dans la vie. Il y a ce visage massif, les cheveux blonds assez longs, coiffés en arrière. Et un air de lassitude donnant l’impression que Niels Arestrup est là sans avoir envie d’y être. Une indifférence menaçante qui semble ne marquer aucune rupture avec le personnage qu’il incarne dans son nouveau film, 96 Heures, de Frédéric Schoendoerffer, un truand séquestrant le flic qui l’a fait tomber et prêt à tout pour connaître le nom de son informateur. Depuis son rôle de parrain corse dans Un prophète (2009) de Jacques Audiard, Niels Arestrup fait partie de cette catégorie à part de comédiens, souvent anglo-saxons, caractériels et schizophrènes, parmi lesquels on trouve aussi Edward G. Robinson dans Le Petit César en 1931, James Cagney dans L’enfer est à lui en 1949 ou Ben Kingsley dans Sexy Beast en 2000. Des acteurs qu’on est à la fois heureux de voir à l’écran et de ne jamais croiser dans la vie. La perception d’Arestrup comme un acteur prêt à bondir tient à une série de personnages explosifs, à l’agressivité ouverte, qu’il a incarnés dans les années 1980, dont le plus marquant est l’homme de main de La Dérobade de Daniel Duval. A cette période, il ressentait ce qu’il appelle « un besoin d’alimentation ». Quand on lui proposait un rôle, c’est à peine s’il le lisait, du moment que le cachet restait intéressant. Le cinéma constituait aussi une vacance de vie, moins difficile que le théâtre, où se déroulait, et se déroule encore, l’autre moitié de sa carrière. •••
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la culture.
Parmi ses rôles marquants, 96 Heures (ci-contre, avec Gérard lanvin). De battre mon cœur s’est arrêté (en bas, avec romain Duris) et un prophète (ci-dessous, avec tahar rahim) de Jacques Audiard.
Niels Arestrup s’est souveNt reposé sur soN seul iNstiNct pour composer un personnage. Il s’efforçait d’abord de le visualiser puis se lançait. Sur Un prophète, il avait beaucoup pensé aux toiles de Bacon, échangé avec beaucoup d’anciens détenus, consulté des photos de prisonniers. Mais le vrai plaisir, à son sens, est de réfléchir à un rôle avec un partenaire. Il y était parvenu avec Jacques Audiard. « Les moments que j’ai partagés avec lui étaient privilégiés. On a été assez proches. Nous avons des points communs : l’exigence de ne pas décevoir, creuser, comprendre ce que l’on doit dire au spectateur. Nous nous étions mis d’accord sur Un prophète autour de l’idée d’un personnage dont le spectateur ne pourrait anticiper les gestes. Avant Audiard, il y avait eu la rencontre avec Peter Brook dans les années 1980, son humilité, son amour du texte, en l’occurrence La Cerisaie de
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Tchekov. Il m’a marqué et montré une voie. Il y a aussi toutes les rencontres désagréables. Les plus nombreuses. Elles vous apprennent peut-être davantage que les rencontres agréables car elles vous laissent solitaire. » Depuis plus d’une dizaine d’années, Niels Arestrup, 65 ans, donne des cours de théâtre, aujourd’hui hébergés par le Théâtre de l‘Œuvre, à Paris. Cette activité lui importe au plus haut point tant retourner à la source lui apparaît important. Il s’agit d’abord d’expliquer à ses élèves qu’ils seront la somme d’un ensemble de rencontres, avec des textes, avec d’autres acteurs, ou des auteurs. Il s’agit aussi pour lui de continuer à se poser des questions sur son travail, à commencer par celles soulevées par ses élèves. « Si vous n’y prenez garde, vous arrêtez de vous poser des questions sur votre travail. Si vous cessez de réfléchir, vous ne pouvez plus contourner le moindre obstacle. »
Arp/Eric Caro. Prod DB/Chic Films/Why Not Productions. Kobal Collection
••• La marque d’un acteur à l’affût est restée, mais la qualité des rôles sur le grand écran qui lui sont offerts aujourd’hui n’a plus rien à voir avec la médiocrité à laquelle il était condamné pendant les années 1980. Il lui aura fallu attendre sa rencontre avec Jacques Audiard pour que son agressivité contenue soit canalisée et magnifiée. D’abord avec le rôle du père perdu et magouilleur de De battre mon cœur s’est arrêté (2005), puis le truand corse contrôlant sa prison à la manière d’un potentat dans Un prophète et, enfin, dans le nouveau film de Frédéric Schoendoerffer, 96 Heures. « Il y a des acteurs qui sont dans la distance, d’autres dans l’incarnation, ces derniers m’ont toujours le plus inspiré, sans doute parce que je n’ai pas de respect pour moi-même, souligne-t-il. Je crois que la peur que je suscite dans 96 Heures est liée à la situation dans laquelle se retrouve mon personnage, un homme enfermé dans son obsession, tenant à savoir qui l’a donné à la police. Mon personnage se réduit à cette seule question. Un individu effectuant une telle cristallisation fait nécessairement très peur. Il y a aussi la manière de filmer de Frédéric Schoendoerffer, très près des visages, accentuant l’effet de panique. »
96 Heures DE FréDériC SCHoENDoErFFEr, AVEC NiElS ArEStruP Et GérArD lANViN, 1H306. EN SAllES lE 23 AVril.
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Aubert chante
Houellebecq Les parages du vide
Photo : Barbara d’Alessandri
NOUVEL ALBUM
Pages de garde
Viviane Hamy
étranges affaires étrangères
Ingrid Diesel est masseuse le jour et strip-teaseuse le reste du temps. Lola Jost a été flic et occupe désormais ses journées en buvant du porto et en assemblant des pièces de puzzles géants. Depuis Passage du désir, en 2004, Dominique Sylvain nous donne régulièrement des nouvelles de ce tandem improbable à travers des romans noirs pleins de bruit et de fureur. Dans Guerre sale, en 2011, Ingrid et Lola étaient propulsées au cœur des méandres de la Françafrique. Ombres et soleil est la suite de cette enquête où le commandant Sacha Duguin, ancien amant d’Ingrid, est accusé du meurtre du patron de la police criminelle, celui-ci ayant été abattu avec son Smith &Wesson. Pour le blanchir, les deux amies vont sillonner Europe, Afrique et Asie. Une nouvelle fois, Dominique Sylvain se penche sur d’étranges affaires étrangères, qui pourrissent le fonctionnement de l’Etat. Et ce n’est pas triste. Y. P.
EN CONCERT À PARIS
Le 12 octobre au THÉÂTRE DU CHÂTELET Les 13 et 14 octobre au PALAIS DES CONGRÈS DE PARIS
ET EN TOURNÉE DANS TOUTE LA FRANCE
WWW.JEANLOUISAUBERT.COM
cinémadefacto présente
“Des images bouleversantes, fulgurantes de beauté.” FILM DE CULTE
“Une impressionante atmosphère crépusculaire.” PREMIÈRE ★★★
Ombres et sOleil, DE DomiNiquE sylVAiN, éDitioNs ViViANE HAmy, 304 P., 18 €. Guerre sale, EN PoCHE PoiNts, 7,60 €.
SÉANCE SPÉCIALE LE JEUDI 24 AVRIL À 20H EN PRÉSENCE DE LA RÉALISATRICE MULTIDIFFUSÉE DANS UNE QUINZAINE DE CINÉMAS EN FRANCE. Plus d’informations sur : /letedespoissonsvolants.fr
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La culture.
A vue d’œil
décalage hors pair
pASSionS, Par DaNiel GooSSeNS, FluiDe Glacial, 48 P., 14 €.
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Réédition
le lyrisme discret de Karl Böhm Le Kapellmeister autrichien disparu en 1981, à la mine sévère et au geste minimaliste, n’a pas toujours joui de la réputation qu’il mérite. Souvent considéré comme un rigoriste sans imagination, il fait preuve au travers des trois concerts pris sur le vif de trésors d’inspiration. Comme dans la Symphonie no 40 de Mozart de 1962 avec la Philharmonie de Berlin, où prévaut un certain romantisme. C’est une expression dense au lyrisme acerbe qui mène la danse mahlérienne des Kindertotenlieder chantés par un Dietrich Fischer-Dieskau des grands jours. Le Zarathoustra straussien (1958) s’élèvera à des hauteurs d’éloquence narrative tenues à distance de toute tentation démiurgique. Autant de témoignages d’un maître absolu de l’instant. M.-A. R.
4.
Symphonie en Sol mineur no 40 K 550, De Mozart. Kindertotenlieder, De Mahler. AinSi pArlAit ZArAthouStrA, De richarD StrauSS. Dietrich FiScher-DieSkau (barytoN), orcheStre PhilharMoNique De berliN. 2 cD teStaMeNt, 25 €.
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Daniel Goossens/Fluide Glacial
Quand il ne dessine pas des petits-miquets, Daniel Goossens exerce un « vrai » métier : il est chercheur et enseignant en intelligence artificielle. Réaliserait-il les mêmes bandes dessinées s’il avait été pompier, facteur ou journaliste? Le fait est que son humour mériterait d’être un sujet de thèse tant il stimule les synapses les plus inatteignables allant du cerveau aux muscles zygomatiques. S’y mêlent parodie, second degré, psychanalyse et même une certaine poésie dans le « décalage », sa marque de fabrique. Dans sa dernière livraison, Goossens aborde un thème qui lui est cher : l’amour – passionnel, s’entend. Il a pour cela convoqué ses héros Georges et Louis, les romanciers les plus ringards de toute l’histoire de la littérature. Comme souvent, c’est Louis, le petit à gros nez et pantalon montant, qui tire la couverture à lui, dissertant sur les vertus des prostituées devant sa mère qui lui tricote une grenouillère géante ou rêvant d’une étreinte musclée sur l’antenne-râteau de la maison, à la mode King Kong. Tous les clichés du genre sont broyés et concassés à la moulinette loufdingue du Grand Prix d’Angoulême 1997. La justesse de son dessin, notamment dans ses remakes cinématographiques (Autant en emporte le vent…), ne fait qu’amplifier les effets. Une poilante et savante déconnade. F. Po.
Le festival passe cette année de 6 à 9 jours. Pourquoi?
3 questions à
A vrai dire, le succès du festival a dépassé nos attentes : l’année dernière, environ 15 000 personnes se sont déplacées. Si la projection sur grand écran magnifie les séries, je pense que le public vient surtout poussé par l’envie de voir en avant-première des séries du monde entier et, à travers elles, de découvrir comment l’on vit en Australie, en Corée, au Japon. Les créateurs se servent volontiers de ce format – une douzaine d’heures le plus souvent, quand on parle d’une heure et demie pour un film – pour dire et expliquer le monde dans lequel ils vivent.
Laurence Herszberg La directrice du Forum des images fête la 5e édition de son festival Séries Mania. Au programme, 50 séries venues de 17 pays, et un succès croissant.
Quelles sont les grandes thématiques?
On peut en dégager trois : les séries qui parlent des nouvelles technologies et la façon dont elles régentent nos vies (Black Mirror, Real Humans saison 2, Babylon) ; celles qui racontent la montée du religieux (Ainsi soient-ils, Mekimi, The Devil’s Playground) ; la peur de la contamination et des virus (Helix, Cordon, The End of the World).
Certains pays se démarquentils plus que d’autres?
Nathalie Prébende
La créativité de l’Europe du Nord se confirme, particulièrement celle de la Norvège (Eyewitness et Mammon). D’autres pays émergent : le Japon (Woman), la Corée du Sud (The End of the World), la Russie (Le Dégel). L’année prochaine, on devrait découvrir comment certains pays – la Turquie notamment – utilisent la série comme moyen d’éducation. On note également que la Grande-Bretagne (Peaky Blinders, Babylon, Black Mirror, The Crimson Field) est toujours aussi présente sur le créneau. De même que les Etats-Unis (True Detective, Rectify), Israël (Mekimi), ou la France, avec la saison 2 d’Ainsi soient-ils, la dernière de Mafiosa et Ceux de 14, d’après les récits de guerre de Maurice Genevoix.
Propos recueillis par Emilie Grangeray
Festival séries maNia, au Forum Des imaGes, Forum Des halles, 2, rue Du ciNéma, Paris 1er. Du 22 au 30 avril 2014. www.ForumDesimaGes.Fr ; httP://series-maNia.Fr
A FLOWERING TREE Un
5-13
mai
Opéra de
conte
indien
2014
JOHN ADAMS
Livret
John Adams Peter Sellars Adapté d’un conte indien traduit par A.K.Ramanujan. Nouvelle production En anglais surtitré
Direction musicale
Jean-Yves Ossonce Mise en scène
Vishal Bhardwaj Scénographie et chorégraphie
Sudesh Adhana
Paulina Pfeiffer David Curry Franco Pomponi Orchestre Symphonique Région Centre Tours
Chœur du Châtelet chatelet-theatre.com
01 40 28 28 40 Production réalisée avec le soutien de la Région Centre et de la Ville de Tours
La culture.
Jeune pousse
la pop ébouriffante de milky chance
Ils sont passés si vite de leur chambre d’ado à toutes les scènes d’Europe que Clemens Rehbein et Philipp Dausch donnent l’impression de ne pas avoir eu le temps de se changer. Tignasse en bataille, barbe de dix jours, tee-shirts et pulls bâillant au-dessus de vieux jeans, ces deux gamins, à peine sortis de leur lycée de Kassel, au centre de l’Allemagne, négligent leur apparence mais pas leurs chansons. Mis en ligne l’an dernier sur leur chaîne YouTube, les refrains mélancoliques de Running, Down By the River ou Stolen Dance ont mis le feu aux blogs et affolé les majors du disque. Avant que le duo ne décide de créer son propre label, Lichtdicht Records, afin de produire comme à la maison son premier album, Sadnecessary. Guitariste depuis l’âge de 12 ans, passé par le jazz à l’adolescence, Clemens Rehbein a retenu du reggae et du folk que les mélodies sont plus efficaces quand elles s’expriment à nu. Posé sur cette trame limpide et nonchalamment saccadée, son timbre à l’éraillement rasta grunge – nourri à la fois de Bob Marley et de Kurt Cobain – distille introspections et spleen amoureux, en donnant le sentiment d’avoir vécu plus que son âge. DJ complice, Philipp Dausch offre un groove contemporain à cette matière acoustique, faisant perler basse et beats avec une élégante sobriété. S. D.
James Kendall
SadneceSSary de MilKy ChanCe, 1 Cd liChtdiCht reCords/Pias. ConCerts : le 12 Mai, au Grand Mix, à tourCoinG ; le 14, à la VaPeur, à diJon ; le 15, au transbordeur, à lyon ; le 16, à l’autre Canal, à nanCy ; le 17, à la Cartonnerie, à reiMs.
116 -
19 avril 2014
7. Chambre noire
France, été 1944. D’un côté, le Débarquement et les combats violents. De l’autre, moins spectaculaire, l’ordinaire de la Libération : des milliers de réfugiés sur les routes, des soldats allemands qui se rendent, de nouvelles administrations à mettre en place, des GI en train de flirter, des scènes de liesse… Ce sont ces coulisses de la guerre que John Morris, éditeur photo du magazine Life, a enregistrées à l’époque, en guise de souvenirs. Ils les a longtemps gardées dans un placard. Ces images touchantes d’un quotidien à la fois banal et tragique sont aujourd’hui réunies dans un livre, qu’il agrémente des lettres écrites à sa femme. Cl. G. QuelQue part en France, de John Morris et robert pledGe, Éd. Marabout, 168 p., 19,90 €.
UN HOMMAGE POIGNANT, PUISSANT, VISCÉRAL ET PROFONDÉMENT ÉMOUVANT AU GÉNIE DE L’HOMME ET À SES CAPACITÉS DE RÉSISTANCE
“ROBERT REDFORD,
BLUFFANT
DU PREMIER AU DERNIER PLAN” PA R I S M AT C H
“ROBERT REDFORD NOUS OFFRE UNE
PERFORMANCE INCROYABLE” ELLE “ALL IS LOST EST À LA MER EST À L’ESPACE” CE QUE GRAVITY LE MONDE
PRIX DU JURY AU FESTIVAL DU CINÉMA AMÉRICAIN DE DEAUVILLE RÉCOMPENSÉ AUX GOLDEN GLOBES ® MEILLEURE BANDE ORIGINALE
Alex Ebert 2014
RÉCOMPENSÉ AUX NEW YORK FILM CRITICS MEILLEUR ACTEUR
R o b e r t R e d fo r d 2013
MAINTENANT EN BLU-RAY ET DVD TM
CIRCLE
© 2014 Universal Studios. Tous droits réservés. .com un poisson dans l’eau
John G. Morris
l’été 1944 jour après jour
La culture.
En coulisses
pina bausch revit à l’opéra
Le studio du Palais-Garnier est nu. Un cercle blanc et une marelle sont peints au sol. Jo Ann Endicott, danseuse emblématique de la chorégraphe Pina Bausch (1940-2009), est assise dos au miroir. Droite, concentrée. Jogging noir, pull et lunettes assortis, pieds nus, « parce qu’on doit bien s’enraciner dans le sol pour interpréter Pina Bausch ». Elle observe deux danseuses de l’Opéra de Paris, Charlotte Ranson et Letizia Galloni, auxquelles elle fait répéter le rôle d’Amour dans Orphée et Eurydice, opéra dansé mis en scène en 1975 par Pina Bausch, au répertoire de l’Opéra de Paris. La musique de Gluck, ses complaintes limpides entraînent la gestuelle torsadée, tout en ondulation, de la chorégraphe allemande. « Un peu plus souple, la tête plus en arrière, commente Endicott en mimant tous les ports de bras de cette pièce complexe. Il y a une douceur, une respiration dans le mouvement chez Pina qu’il faut saisir. Par ailleurs, la simplicité apparente d’Orphée et Eurydice est plus difficile qu’on ne le croit. Rester debout simplement, marcher comme un être humain ordinaire, est un véritable travail pour un danseur. Etre soi-même sur scène est complexe. » Orphée et Eurydice, pièce des débuts, s’impose comme l’un des repères majeurs de l’œuvre de Pina Bausch. « Toute sa langue est déjà là, s’exclame Mariko Aoyama, autre figure historique de la compagnie, coresponsable du remontage du ballet. Elle l’a construit avec son corps. Avec sa tristesse aussi. Il s’agit de transmettre cet héritage dans les moindres détails. » Il y a du travail pour les danseurs. Les scènes de groupe en particulier fourmillent de décalages millimétrés dans les hauteurs de bras, de nuances expressives dans les mouvements de tête. Jo Ann Endicott et Mariko Aoyama – qui balade un gros cahier vert rempli de croquis – reprennent, montrent, discutent. Au taquet, mais sans pression excessive. « C’est la dernière pièce de Pina que j’ai dansée, en 1994, glisse Mariko Aoyama. C’est un tel cadeau que j’ai à cœur de le transmettre à mon tour aux autres. » R. Bu Orphée et eurydice, dE PinA BAusch. PAlAis-GArniEr, PlAcE dE l’OPérA, PAris 9e. du 3 Au 21 mAi. dE 10 à 185 €. www.OPErAdEPAris.Fr
9.
gazouillis critiques
Le Museum of Modern Art de New York ajoute une pierre à l’édifice du « tous critiques » qui sévit sur le Web. Son site Art140 et un compte Twitter du même nom ont été lancés au festival SXSW à Austin, afin que s’établisse sur le Net un dialogue entre institutions et grand public. Le MoMA encourage ses visiteurs à réagir à six œuvres postées sur le site, de Klimt à Gauguin en passant par Van Gogh. « Je prendrai ce qu’il a fumé », tweete un internaute ayant contemplé un peu trop longuement La Nuit étoilée. Le musée tirera des conclusions de ces données et les compilera à la fin de l’année sur Twitter grâce au hashtag #Art140. C. Gt httP://ArtOnEFOrty.cOm ; twittEr : @ArtOnEFOrty
118 -
19 avril 2014
Agathe Poupenet/Opéra national de Paris. Art140. Eric Feferberg/AFP
Vu sur le Net
Bio express
Kelly ReichaRdt
l’experte
des sciences légales fait coup double
Cette figure discrète du cinéma indépendant américain a reçu le Grand Prix du Festival du cinéma américain de Deauville, pour son dernier film, “Night Moves”.
1964.
Elle naît en Floride de parents divorcés. La mère est agent double dans la police antidrogue. Le père, également flic, lui prête l’appareil photo dont il se sert pour les scènes de crime. « Je n’ai pas grandi dans un environnement très artistique, mais je me souviens de son Pentax K1000, emprunté à 12 ans, lors d’un voyage scolaire dans le Montana. »
1982. A 18 ans, elle entre à l’école du Musée des beaux-arts
de Boston. « Un jour, j’ai rencontré des étudiants en arts plastiques qui m’ont demandé de tourner un film à diffuser pendant l’une de leurs fêtes. J’ai pris des cours du soir à l’université de MassArt pour avoir accès à une caméra. »
2002.
Par l’intermédiaire du réalisateur Todd Haynes (Loin du paradis) dont elle est la protégée, elle fait la rencontre décisive du scénariste et écrivain Jonathan Raymond. « Son écriture est tout simplement meilleure que la mienne », reconnaît-elle. Le binôme cosigne trois longs-métrages, odes minimalistes à la nature américaine : Old Joy, remarqué au Festival de Sundance, Wendy et Lucy et La Dernière Piste.
2014. Pour Night Moves, thriller engourdi filmé dans le sud
de l’Oregon, les trois stars, Jesse Eisenberg, Dakota Fanning et Peter Sarsgaard, ont accepté de tourner en équipe réduite, dans des conditions harassantes. Ils y jouent trois jeunes activistes écolos qui font sauter un barrage : « Je suis intéressée par l’avenir du militantisme politique après le 11-Septembre », explique la réalisatrice. Propos recueillis par Clémentine Gallot
10.
Pages réalisées par Emilie Grangeray, avec Samuel Blumenfeld, Rosita Boisseau, Stéphane Davet, Clémentine Gallot, Claire Guillot, Yann Plougastel, Frédéric Potet et Marie-Aude Roux.
© Sue Courtney & Cornwell Entertainment Inc. 2013
Night moves, dE KElly REichARdt, AvEc JEssE EisEnbERg, dAKOtA FAnning, 1 h 47. En sAllEs lE 23 AvRil.
www.les-deux-terres.com www.livredepoche.com
Les jeux.
Mots croisés 1
2
3
Sudoku
Grille No 135
Philippe Dupuis
No 135
difficile 4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
Compléter toute la grille avec des chiffres allant de 1 à 9. Chacun ne doit être utilisé qu’une seule fois par ligne, par colonne et par carré de neuf cases.
1 2 3 4 5 6 7
Solution de la grille précédente
8 9 10
Bridge
No 135
Fédération française de bridge
11 12 13 14 15
Horizontalement 1 S’apprécie bien frappée. Frappée avant de circuler. 2 Fait étalage de ses présomptions. Dans le bol. 3 Légère tension qui donne de l’énergie. Moins froid que le marbre. 4 Plaisir du sanglier. Le premier sur place en cas d’accident. En dehors du clergé. 5 Animés des plus basses pensées. Principauté du golfe Persique. 6 Céleri en branche ou céleri-rave. Aiguillonnée. En crise. 7 Base de lancement. Supporte dans l’angle. Réservé aux plus proches. La terre chez les Grecs. 8 Dans la gamme. Eut l’autorisation. Apposé par la justice. 9 Reconduite. Alimente l’Oise. 10 Aime déjeuner avec les ouvrières. Très fatigué. Du chêne pour faire la peau. 11 Rougeoie dans l’âtre. Dérange ses proches. Conviendra. 12 A l’entrée d’Istanbul. Sur la Saale en Thuringe.Virage dans la descente. Dans les bagages. 13 Supprimas. Prend place au premier rang. S’accroche aux pompes. 14 Apprécie les fonds vaseux. Introduit une condition. Etre en rut comme un cerf. 15 Préparent la rupture. Verticalement 1 Souvent exagérées dans l’échange. 2 Pourra être approuvé. Maintient la pompe. Suivie à la trace. 3 Maintient en place. Plaisir gourmand. Instrument à corde. 4 A manier avec précaution. Ornée comme une frégate. 5 Ne peux plus retenir. Humblement sollicitée. Sur la Tille. 6 Défense des gens d’armes. Résonner comme une cloche. Ses eaux gardent leur secret. 7 Refusassent. Entre l’Inde et la Chine. 8 Le titane. Prépare à la perfection. Fait l’égalité. 9 Boule batave. Appartient à un ordre d’ermites. 10 Cartes « espagnoles » sur le tapis. Règle. 11 Mesure de production. Dégrossisse. Note. 12 Européenne de la première heure. Mesure d’ailleurs. Fats. 13 Luth à long manche. Exploit d’hier. Service à l’ancienne. 14 Fait de la résistance. Provoquée. 15 Branchés pour assurer leurs services domestiques.
Solution de la grille no 134
Horizontalement 1 Irréconciliable. 2 Néonatal.Allait. 3 Satané.Air. Ni. 4 Alu.Aquilée. 5 Tire-au-cul. Ems. 6 Isis. Niées. Aare. 7 Stéarine. Omnium. 8 Férue. Estrade. 9 Ase. Pus. ABS. Sn. 10 Scoriacé. Doit. 11 SA. Il Emetteur. 12 Avanie. Ut. Estoc. 13 Nénettes. Ane. ça. 14 Tués. Apéritrice. 15 Extériorisation. Verticalement 1 Insatisfaisante. 2 Réalistes. Aveux. 3 Roturières. Anet. 4 ENA. Esaü. Cinèse. 5 Canna. Repolit. 6 Oté. Uni. Ur. Etai. 7 Na. Acinésie. EPO. 8 Claquées. Amuser. 9 Iule. Tacet. Ri. 10 Lari. Sorbet. Aïs. 11 Il. Lé. Mas. Tenta. 12 Allemand. Désert. 13 Ba. Esaïe. Out. II. 14 Lin. Ru. Sirocco. 15 Etiolement. Caen. 120 -
19 avril 2014
0123 et
présentent SAISO
2
N 3
*
,50
LE LIVRE
Dès jeudi 17 avril, le volume n ° 2 Cannibales de Philip Le Roy, illustré par Götting
Une nouvelle inédite
tous les 15 jours en kiosque
1. 03/04 HERVÉ CLAUDE
LOUSTAL
La Volupté du billabong 2. 17/04 PHILIP LE ROY
GÖTTING
Cannibales 3. 30/04 DOMINIQUE SYLVAIN
JEAN-PHILIPPE PEYRAUD
La Mule du coach
4. 15/05 ROMAIN SLOCOMBE
JEAN-CLAUDE DENIS
Le Corbeau
5. 28/05 MARIN LEDUN
CHARLES BERBERIAN
Comme un crabe, de côté 6. 12/06 ANTHONY PASTOR
Le Cri de la fiancée
7. 26/06 MARCUS MALTE
ANDRÉ JUILLARD
Les Cow-boys
8. 10/07 MARC VILLARD
JEAN-CHRISTOPHE CHAUZY
Tango flamand
9. 24/07 FRANZ BARTELT
HONORÉ
Sur mes gardes 10. 07/08 DIDIER DAENINCKX
MAKO
Les Pigeons de Godewaersvelde
11. 21/08 JÉRÉMIE GUEZ
MILES HYMAN
La Veuve blanche 12. 04/09 JEAN-BERNARD POUY
FLORENCE CESTAC
La Capture du tigre par les oreilles
13. 18/09 SANDRINE COLLETTE
DOMINIQUE CORBASSON
Une brume si légère
* Les volumes de la collection sont vendus successivement, chacun pendant une semaine, au prix de 2,50 € en plus du Monde. Chaque élément peut être acheté séparément, à la Boutique du Monde, 80, bd Auguste-Blanqui, 75013 Paris. Voir conditions en magasin. Offre réservée à la France métropolitaine, sans obligation d’achat du Monde et dans la limite des stocks disponibles. Visuels non contractuels. Société éditrice du Monde, RCS Paris 433 891 850. © Blaz Kure - Fotolia.com © SNCF - G.Potier. Coordination Jfd System.
EN PARTENARIAT AVEC
Le totem.
L’armure de Don Quichotte de José Montalvo.
“
Don Quichotte fait partie de mon enfance, de par mes origines espagnoles. Lorsque j’ai découvert cette armure dans les réserves du théâtre, je l’ai prise avec moi par humour et ironie, car j’ai un côté don quichottesque. Ce qui m’a conduit à créer “Don Quichotte du Trocadéro”. Certains pensent que cette armure en résine date de l’époque Jean Vilar, d’autres du temps de Jérôme Savary [anciens directeurs de Chaillot, ndlr]. Je l’ai choisie en hommage à mon père : dans mon enfance, il me racontait que le premier camion blindé de l’armée de Leclerc qui a libéré Paris
122 -
en 1944 était conduit par des Espagnols. Ces derniers l’avaient baptisé Don Quichotte. Cette armure est aussi un appel à l’imagination. En la regardant, je m’invente des légendes, des aventures. Lorsque je l’observe, ce moment de rêverie m’amène aussi vers des réflexions sur le réel. Et puis, en tant qu’artistes, endosser cette armure révèle une dimension burlesque et nous renvoie à notre rôle de bouffons. J’aime ce personnage de Don Quichotte car il soutient avec force qu’il ne faut jamais perdre son idéal, qu’il faut se battre avec intensité pour toutes les causes même celles perdues d’avance. Ce que le spectacle vivant nous fait ressentir, car il nous ramène, comme le roman de Cervantès, à ce qu’il y a de fragile et d’imprévisible dans la vie. Comme Don Quichotte qui part défendre la veuve et l’orphelin, on aimerait à travers notre art rendre le monde plus juste, plus vivable, plus humain… même si notre marge de manœuvre est relativement faible. Cet accessoire invite enfin à une réflexion sur notre condition humaine et notre condition d’artiste qui m’oblige à fendre l’armure dans mon travail, plonger en moi-même et prendre le risque de m’exposer…
Propos recueillis par Marie Godfrain
”
A voir
Don Quichotte du Trocadéro, du 13 au 17 mai à la Maison des arts de Créteil et du 21 au 30 mai au Théâtre de Chaillot. « L’artiste et son monde. Une journée avec José Montalvo », le 24 mai, au Théâtre de Chaillot. Sur réservation. Soirée Carte blanche à José Montalvo, le 22 mai à 20h30 au MK2 Quai de Seine. Marie Godfrain
Le chorégraphe, figure de la danse contemporaine, fonde en 1988 la compagnie MontalvoHervieu avec Dominique Hervieu, interprète principale de ses pièces. Depuis, José Montalvo mêle sa discipline à d’autres, dont le hip-hop, dans des spectacles de haute volée. Nommé directeur artistique du Théâtre national de Chaillot, en 2008, il crée son “Don Quichotte du Trocadéro” en 2013. Pour la pièce, à nouveau programmée cette année, José Montalvo a récupéré une armure du chevalier errant, héros universel qui le fascine, dans les réserves du théâtre. Elle veille sur lui dans son bureau.
19 avril 2014
AMBIANCE soft Ambiance soft inspirée par une American touch sous le soleil d’outre-Atlantique. Cette nouvelle collection d’accessoires de décoration 2014 mélange des motifs végétaux et géométriques dans des couleurs franches associées à la brillance des matières métallisées. Le paradoxe des structures, l’architecture des broderies sont les détails qui mettent en évidence le raffinement et la délicatesse de cette collection Lounge - LELIÈVRE.
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