Pilote Nº55

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www.piloteurbain.com juillet - août 2010 | N°55 Gratuit

Guerre

des

Sexes,

finissons-en ! +

La Chronique

d’Adèle M + Le Web selon

Mister Cardon


...Eat Meat Barcelona!

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Calle del Carme, 74 - Tél : 934 438 067 Calle Aribau, 18 - Tél : 933 015 454


Sommaire 04 Edito 06 L’air du temps selon Albert Soro � On ne naît pas cool, on le devient 08 Parlons-en ! � Maltraitance: les hommes aussi sont touchés

� La Loi de 2004 déclenche la guerre des sexes

� Être un homme aujourd’hui 14 Courriers des lecteurs 16 Ils sont passés par ici � Cohn Bendit ou l’utopie écolo pragmatique

18 Économie � La décroissance, une tendance à demi mot

20 Geste éco-citoyen � Écologie et économie au fil de l’eau 21 Blog notes 22 Histoires de rue � Calle Pere IV, entre passé et présent 24 L'invité de Pilote � What else Mister Cardon 26 L’œil du Pilote � Dede Diams: au nom du père 30 Adèle M. a testé pour vous � La chasse aux boutons versions ultrasons et chocolat

32 Mieux vaut prévenir que… � Accro au sexe, une pathologie � Se soigner à l’art et pourquoi pas ?

36 La touche du chef � Morue confite aux trompettes de la mort

37 Le conseil du sommelier Éric Lahon � La Grenache Blanche 40 Escapade � 60 secondes en chute libre 42 Après la récré � Arquikids ou l’architecture éducative � La Granja 44 Maître, une question ! � Reconnaissance des sentences en Espagne

46 Horoscope

Editeur : COOL PRINT SOLUTIONS S.L CIF : B 65022782 Tél : 933 193 177 Publication : Thierry Trabarel thierry.piloteurbain@gmail.com Tél : 608 451 221 Rédaction en chef : Valerie Zoydo valerie.piloteurbain@gmail.com Tél : 661 12 09 27 Rédaction : Marjorie Grassler,Olivier Crézé, Astrid Ferrière, Christophe Dubédat, Hélène Boucher, Albert Soro, Adèle M Illustrations : Philippe Geluck, Claudia Carillo claudiacarrillocruz@gmail.com - http://claudiacarrillo.blogspot.com

Création graphique : Cool Print Solutions S.L Service Commercial : Philippe Cusumano philippe.piloteurbain@gmail.com Tél : 652 654 171 Charly Trabarel charly.piloteurbain@gmail.com Tél : 625 251 324

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juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 3


EDITO

Bien sûr, psychologues et autres scientifiques mettent en avant les différences entre hommes et femmes… Allons plus loin. Nous sommes avant tout des individus.

Diversité et tolérance. La genèse de ce numéro masculin–féminin repose aussi sur les valeurs que revendique Pilote et que nous évoquions dans l’édito du nº54 : la diversité et la tolérance. Pilote souhaite instaurer un pont entre francophones, pourquoi ne pas l’instaurer également entre hommes et femmes ? N’avez-vous jamais remarqué que les hommes lisent en cachette les magazines féminins? Il s’agit d’un puits d’informations non négligeable. Et vous, Mesdames, avouez que lorsque vous tombez sur les magazines GQ ou FHM, vous ne pouvez vous empêcher d’y jeter un coup d’œil pour comprendre les fantasmes de votre cher et tendre. Libérer les hommes. Enfin, la question des relations hommesfemmes reste un débat ô combien non résolu. Pour preuve, le succès de l’adaptation théâtrale du best seller Les Hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus, en France. Dans l’air du temps aussi, le sujet des identités sexuelles. Justement, la Nouvelle Revue française, traite dans son cahier central de la féministe des années 2010. Celleci cherche, cette fois, à libérer les hommes. Tiens, les hommes, parlons-en, justement ! Il en sera question dans notre dossier. En Espagne, les mé-

Fini, le féminisme du ressentiment. Nous nous sommes aussi interrogés sur ce que représentait la masculinité aujourd´hui. Et comme le dit l’écrivain Joy Sorman, si le féminisme a pour but de libérer la femme de ses attributions identitaires, il lui incombe « de libérer les hommes d’un modèle viril et patriarcal tout aussi sclérosant ». En attendant, n’effaçons pas trop nos différences mais rions-en et surtout, ne cédons pas à l’appel d’une culture Unisex. D’ailleurs, les femmes de la rédaction ont la joie de vous annoncer que l’équipe de foot masculine de Pilote est championne du monde. Nous avons gagné la coupe de la Bifl (Barcelona International Football Ligue). Et pardon chers lecteurs, pour cette tendance à l’exagération, particulièrement féminine. Bonne lecture et douces nuits d’été à tous… Hum Hum Hum !

olivier crézé

REDACTEURS

astrid ferriere

christophe dubedat

hélène boucher

albert soro

adèle m

andrea gonzález

albert bonsfills

andrés arias fuentes

charly trabarel

4 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

marjorie grassler

PHOTOGRAPHES

La guerre des sexes n’aura pas lieu. Trêve de plaisanterie, et si nous nous relaxions un peu ? C’est sûr, les féministes s’agaceront de cette scénette, on ne peut plus clichée, tandis que certains hommes se sentiront moins seuls à l’évocation de ce pseudo déménagement dont ils ont à souffrir chaque année à la même époque, accompagné de ce casse tête du… « Est- ce que tout va rentrer dans le coffre ? ».

Un gars, une fille. C’est dans cet objectif que nous avons décidé de lancer un numéro masculin–féminin. Tout d’abord, un tandem à l’image de nos nouveaux collaborateurs. Un gars, une fille : Olivier et Marjorie, deux journalistes fraîchement débarqués de Paris. Puis, un autre gars et une autre fille, Albert Soro, chasseur de tendances et Claudia Carillo, talentueuse illustratrice barcelonaise, dont les dessins ont été exposés récemment au CCCB. Quant à Adèle M, il se pourrait qu’elle arrive à convaincre Gonzalo, son bel hidalgo d’écrire lui aussi sa chronique, avec un regard d’homme moderne et urbain, dans le prochain numéro de Pilote.

dias ne cessent de marteler des chif fres de femmes décédées sous les coups de leur conjoint. A Pilote nous avons décidé de creuser ce sujet inquiétant. Notre enquête nous a révélé que le contexte juridique espagnol, et notamment la loi sur la violence conjugale, loin de lutter contre ce fléau, favorise un climat de conflit, de rivalités et de haines. Nous avons aussi découvert une autre réalité : celle des hommes battus. L’égalité passerait aussi par là… Oui, mille fois oui, aux droits des femmes, non à la disparition de ceux de l’homme. Oui à l’égalité des sexes, non à la discrimination positive. Et c’est justement de cela dont il s’agit en Espagne. Les hommes, parce qu’ils sont hommes, doivent prouver qu’ils ne sont pas coupables au cas où ils fassent l’objet d’une dénonce pour maltraitance. En somme, la présomption d’innocence n’existe pas. D’ailleurs, les hommes espagnols souffrent, pour certains, d’être associés à l’image d’hommes violents et de payer pour des années d’oppression de la femme.

claudia carillo

Illustratrice

Vive les plans de maison d’hôte, de voyages, de Dolce vita, bref, la vraie vie ! Enfin… jusqu’à ce qu’arrive le jour du départ. Madame, en retard comme d’habitude, déboule en furie avec cinq valises, trois trousses de toilette et un sac exclusivement consacré à ses paires de chaussures. Une fois le voyage entamé, vérifiant méticuleusement sa liste (elle est sure qu’elle a oublié quelque chose, mais ne sait pas quoi), elle s’aperçoit avec effroi, que Monsieur a tout simplement zappé le chien, alors qu’il se concentrait sur le niveau de pression des pneus. Quant à Brutus, il attend toujours sagement sur le parking. Alors… Monsieur commence à se dire que les vacances ne vont pas tarder à sentir le roussi ! Les broncas estivales peuvent commencer !

Avec nos singularités. Femme, macho, métrosexuel, übersexuel, homosexuel, lesbienne, féminine, garçon manqué, viril, pas viril. Apprenons tout simplement à mieux nous connaître : dia-lo-guons ! Cet été, chez Pilote nous déclarons que la guerre des sexes n’aura pas lieu.

commercial

L’été a débarqué et avec lui, son cortège de projets. Lectures, footings, plage, barbecues, copains, diabolos menthe, coquillages et crustacés... Mais l’été, c’est aussi Chouchou et Loulou qui se retrouvent. Vous savez, ce gars, un zeste macho et cette fille, rigolote, tête en l’air et surtout « femme jusqu’au bout des seins » comme dirait Sardou. Nos deux tourtereaux peuvent enfin prendre le temps d’avoir le temps… Et ce, après un hiver interminable, des journées à rallonge, des rendez-vous ratés pour cause de réunion imprévue, des post-it échangés sur le frigo comme unique moyen de communication et des retrouvailles le samedi chez Carrefour, à tergiverser entre un paquet de Prince et de Pim’s.



L’air du temps selon Albert Soro

On ne naît pas on le devient

cool,

Abert Soro, coolhunter, décrypte la cool attitude, l’air du temps et les tendances de modes, consommation, moeurs et art de vivre afin de mieux comprendre notre société. Pourquoi starification, coolisme, individualisme et postmodernité vont de pair ? Explications. Vouloir être une star. Faut-il aller vivre à New York ou à Londres pour être une célébrité, à l’image de l’ascension météorique de Lady Gaga ? Après seulement deux ans, elle est devenue la personne la plus influente du moment. Comment a-t-elle fait pour en arriver là ? Et pourquoi, cherchons-nous, à l’échelle individuelle, à nous faire un nom et nous différencier de la masse ?

Façon Gaga s’il vous plaît. Le succès de certains personnages ultra-médiatiques s’explique par leur connaissance des codes de la société. Et… de ce qui va faire écho dans l’inconscient collectif. Ainsi, le secret de Lady Gaga, c’est que son originalité est inspirée des icônes de l’imaginaire de la société, attitude typique du mouvement artistique postmoderne.

Comprendre la postmodernité. En effet, après le pop art, rien de nouveau n’a été inventé. La postmodernité (courant de la fin du XXe siècle), c’est la réinvention perpétuelle du passé. Les préceptes à suivre sont dictés par ceux qui maîtrisent les codes et les références artistiques historiques. L'œuvre postmoderne, qui se présente souvent comme un collage d'éléments sans souci d'harmonie, abolit également la hiérarchie entre les cultures élitaires et populaires. Pour preuve, le mariage entre l'art contemporain et la publicité. Ainsi, l'Américain Andy Warhol, chef de file du pop art, ex-publicitaire, a créé une œuvre qui repose sur l'imaginaire populaire (marques, stars, clichés, etc). Autre élément caractéristique de la postmodernité : l'explosion de la culture de masse, relayée par une puissante industrie des médias. Cette culture médiatique touche toutes les classes sociales et devient l'un des fondements de l’imagination collective. Conséquence, chacun rêve désormais à son moment de gloire, mieux : il y prétend. 6 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

Secrets de fabrication d’une star postmoderne. Pour en revenir à Lady Gaga, elle a su s’approprier des références, notamment à travers des looks piochés dans les villes stratégiques : Tokyo, Londres, Paris, San Francisco, New York. Un zeste de Madonna, une touche de Wonder woman, du Björk, du Britney Spears, une pincée de Mickey Mouse, quelques notes de Geisha, on mélange et le tour est joué. D’ailleurs pour la sortie de son clip Telephone, elle s’est coiffée d’un homard sur la tête en référence au téléphone en forme de homard du peintre catalan Salvador Dali. Bref, être cool, c’est créer l’événement autour de sa personne, en montrant à l’élite et à la masse sa propre maîtrise des codes culturels.

désire ressembler à son idole ou en être une. Pourquoi ?

L’avènement de l’homme média. Nous dépendons tous des autres dans un monde de travail façonné par des spécialisations croissantes, les nouvelles technologies, le numérique. Le sentiment d’interdépendance est d’autant plus fort dans une économie globalisée, régulée essentiellement par la finance et le pouvoir du marché. Mais nous restons des produits standardisés, remplaçables (d’où la peur du chômage, etc). Dans cet environnement de concurrence effrénée qui tend à déshumaniser l’individu, chacun cherche à affirmer son individualité. Nous recherchons alors de plus en plus à nous différencier des autres.

Démarrage de la mode Gaga. Cela dit, souvent, l’élite décide si telle personne est dans le coup. C’est elle aussi, la première à s’inspirer des stars : dans un jeu de miroir mutuel, elle propulse et arbitre si untel mérite de devenir un phénomène ou pas (par le biais, entre autres, du pouvoir des médias, ex : la grande papesse de la presse féminine, Anna Wintour, rédactrice en chef du magazine américain Vogue). Du coup, bombardé par un show médiatique constant, le public commence à copier la dite star. Les boutiques mainstream (Zara, Mango, H&M etc) s’emparent de la tendance et une génération entière finit par s’habiller à la sauce Gaga. Au programme : des T-shirts a épaulettes, des coiffures à la poker face ou un look tout droit sorti de son vidéo clip Telephone. Mission réussie pour Lady Gaga, devenue une icône.

À la recherche de la célébrité à l’échelle individuelle. Rien de nouveau, donc, après Andy Warhol et les fameuses 15 minutes de gloire. À la différence près, qu’aujourd’hui, ce quart d’heure de célébrité devient un désir constant. Chacun

Chacun veut se sentir unique pour ne pas tomber dans l’homogénéité collective. La mode est un exemple révélateur de cette

Chacun veut se sentir unique pour ne pas tomber dans l’homogénéité collective. tendance. À la différence des années 50 où la jupe longue était de rigueur pour toutes les femmes, aujourd’hui la mode revêt des visages multiples. Cet été, pas moins de trente styles différents sont proposés pour la femme. Le maître mot : être original.

Affirmer son originalité en étant cool. Pour se différencier des autres, certains choisissent ainsi de travailler leur style mais aussi leur cool attitude. Le secret ? Il faut faire parler de soi. Cultiver notre image d’homme média. Être un influençeur dans sa propre communauté ou tribu. Et pour ça, les médias sociaux sont là pour catapulter


Aujourd’hui, ce quart d’heure de célébrité devient un désir constant ©Galerie Popshop

notre image personnelle.

Le fil conducteur de la cool attitude : le Web 2.0. L’essence du Web 2.0 accompagne, voire intensifie ce phénomène de starification de sa propre personne : l’individu est acteur et spectateur de sa vie virtuelle, il est au centre, c’est lui qui nourrit le contenu de la toile. Ainsi, le culte de la première personne se vérifie dans le my de MySpace, le I de iPod, et le culte du participatif dans le You de YouTube. Véritables Agoras de l’individualisme, ces sites servent l’originalité de chacun. Alors comme des cyber stars,

les cools se font prendre en photo. Pour orchestrer leur chemin vers la gloire, ils ont une envie constante de se dénuder devant leur public, de partager leur vie, de la mettre en scène. Ils mettent en place un véritable storytelling autour de leur petite personne, notamment avec l’avènement du micro-blogging, (Twitter et Facebook) où l’individu commente ses faits et gestes en contrôlant son image et en ne racontant que ce qu’il veut raconter bien sûr… Plus on a d’amis, de tweets, de suiveurs, de lecteurs, des « j’aime » ou des commentaires et plus on est cool.

Si tout tourne autour des minutes de gloire d’Andy Warhol, cette fois l’univers est moins pop et plus égocentrique : l’éphémère n’a pas sa place dans l’univers cool, c’est une quête pour perdu rer dans le temps, et pourquoi pas, le (cyber) espace. Et le plus étonnant : les fans sont au rendez-vous. Alors, s’il y a des gens qui commencent à parler comme vous ou à s’habiller avec votre style, ne vous fâchez pas, cela veut dire que vous êtes en train de devenir cool. � a lbert soro

juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 7


Parlons en

Maltraitance : les hommes aussi sont

touchés

Fini, le cliché du macho ibérique. Les hommes aussi peuvent souffrir de maltraitances conjugales. Et contrairement aux a priori, la violence ne serait pas seulement psychologique mais aussi physique. Enquête.

S

i le terme hommes bat tus ou hommes maltraités suscite parfois un sourire gêné, le sujet n'en demeure pas moins grave. Cer tes, l’actualité pointe du doigt le cas de femmes mal traitées. Et bien sûr, ce dossier ne veut -en aucun cas- les oublier, ni amoindrir la douleur des familles de victimes féminines. À ce jour, cette année, pas moins de 34 femmes ont été assassinées, sous les coups de leurs conjoints, en Espagne. Ce chiffre aussi inacceptable et révoltant soit-il, ne doit pas nous empêcher d’informer les citoyens d’une autre réalité, trop peu connue par l’opinion publique.

Une guerre des sexes ? Chez Pilote, nous avons obser vé dans les médias espagnols un climat délétère, dénonçant -à juste titreces hommes qui maltraitent et En 2009, 10 902 tuent, mais malheureusement prohommes ont voquant au final des amalgames. déposé plainte Si les actes de certains hommes pour mauvais se révèlent impardonnables, tous traitements contre 63.347 les hommes ne sont pas des agresplaintes de seurs potentiels. Et s’il existe des femmes. Chaque femmes sans défense et victimes année meurent en moyenne 70 de la violence des hommes, il exisfemmes pour 30 te aussi des femmes qui maltraihommes. tent. Mais ces dernières ne sont pas soumises au même traitement 8 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

juridique. La ley de Violencia de genero del 2004, c’est-à-dire la loi de violence domestique de 2004, n’a été rédigée que dans le but de protéger les femmes (cf article pages 10 -11) Et si tout simplement, la violence conjugale n’avait pas de sexe ? La question dérange, mais pourquoi ne mériterait- elle pas d’être posée ? Cette enquête, à contre- courant, a pour objectif d’aller au-delà des idées reçues, de faire réfléchir. Ecrite sous la plume d’une femme, elle a justement vocation à vouloir rétablir le dialogue, alors que, de plus en plus, une guerre des sexes semble pointer son nez, avivée par les médias et un contexte juridique en Espagne facilitant la discrimination positive en faveur des femmes.

Des hommes honteux. Le sujet est d’autant plus tabou et com plexe que les hommes ne reconnaissent pas le problème. Rares sont ceux qui déposent plainte au commissariat. « L’homme ne peut reconnaî t re publiquement qu’il est maltraité, alors il suppor te », explique à Pilote Norman Duncan, psycho t hér ap eu te et président de l’association d’hommes, Sopa de Hombres. « En raison de notre culture, les hommes ne se plai-

gnent pas. Mais lorsqu’ils osent parler, on ne les écoute pas », dénonce de son côté à Pilote, Diego de los Santos, ex-député espagnol et ex-eurodéputé auteur de El régimen feminista en España, (le régime féministe en Espagne). Force est de constater qu’il est plus difficile socialement de reconnaître le statut d’homme maltraité. Certains ne s’en apercevraient même pas. « C’est en général les mères ou les sœurs des victimes qui déposent plainte », s’inquiète Víctor Martínez Patón, avocat spécialisé en droit de la famille et dans les cas de maltraitance d’hommes. Marisol Domis, auteur de Hasta que la muerte os separe (jusqu’à ce que la mort vous sépare), note


« L’homme ne peut reconnaître publiquement qu’il est maltraité, alors il supporte » ©

dans son livre que pour ces mêmes raisons, les chiffres pourraient être bien plus importants.

33 hommes sont mor ts. Il s’avère d’autant plus dif ficile de mesurer le problème que le sujet inquiète peu les autorités et n’a pas sa place dans l’agenda politique. Ce qui explique qu’il n’existe pas beaucoup d’études chiffrées « Le Ministère de l'égalité ne dispose pas de chiffres pour mesurer la maltraitance envers les hommes », confirme à Pilote Víctor Martínez Patón. Cela dit, le juge de la famille Francisco Serrano, vient de réaliser une étude sur les agressions avec lésions, tent at i ves d’homicides et homicides contre les hommes,

sous les coups de leur compagne depuis 2008. Selon lui, dans les deux dernières années, 33 hom mes sont mor ts à la suite de vio lences conjugales.

10 902 plaintes. Une autre étude réalisée par el Instituto Nacional de Estadística (INE) en 2009, affirme que 10 902 hommes ont déposé plainte pour mauvais traitements sous les coups de leurs compagnes ou ex- compagnes contre 6 3 3 47 plaintes de femmes. Au - delà des plaintes, en 2008, le total des victimes est estimé à 121 mor ts, tous sexes confondus, selon el Consejo General del Poder Judicial (le Conseil General du Pouvoir Judiciaire), parmi lesquels 74,40 %

sont des femmes. « Chaque année meurent en moyenne 70 femmes pour 30 hommes », déclare Javier Contrasta, le porte parole de la Federación Catalana de Afectados de Divorcios y Separaciones à la journaliste Soraya Saenz Hervias. « Mais eux n’apparaissent pas dans les médias », déplore Víctor Martínez Patón et de conclure : « le pire, c’est que lorsque certains hommes maltraités appellent le 016, ils ne sont pas pris au sérieux et lorsqu’ils finissent par aller au commissariat, la police les incite à ne pas porter plainte ».

� valérie

andrea gonzález

Le 22 Décembre 2004 une loi est votée en Espagne contre la violence domestique. Cette loi pose cependant un problème de discrimination positive. Elle n’est applicable que lorsque l’agresseur est un homme et la victime une femme.

zoydo

juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 9


La loi de 2004 déclenche la guerre des sexes Les associations s’accordent à le dire, La ley de Violencia de genero del 2004, n’a pas aidé à améliorer la situation de violence contre les femmes, pire, elle constituerait aujourd’hui un outil de chantage et de menaces contre les hommes. Explications.

L

es fausses dépositions de maltraitance : un cas typique de violence psychologique exercé dernièrement contre les hommes. Conséquences de la loi de 2004, celles-ci exploseraient au vu des avantages et du pouvoir que la loi accorde aux femmes, selon les associations et autres avocats. Et en effet, 40 % des dépositions des femmes pour violences conjugales seraient fausses, ont confié récemment des sources judiciaires au quotidien d'informations en ligne Estrella Digital. Le juge Francisco Serrano va même plus loin dans les chiffres : sur les 600 000 dépositions pour mauvais traitements qui ont eu lieu depuis le vote de la loi en 2004 jusqu’en 2009, 86 % auraient été abusives. « Ma mère a quitté mon père pour partir avec un autre, raconte José, 24 ans, apprenti pompier à Barcelone. Lorsqu’elle a demandé le divorce, elle a raconté que mon père et moi la battions, afin d’avoir une meilleure pension. J’avais 18 ans. Mon père ne s’en remet toujours pas. Quant à moi, je ne lui parle plus. » Effectivement, bon nombre de dépositions pour maltraitance, sont réalisées au moment des divorces. « Le problème, c’est qu’aujourd’hui, un divorce sur trois se règle par voie pénale. Et les avocats conseillent désormais aux femmes de divorcer sous la ley de Violencia de genero », explique à Pilote Diego de los Santos, ex-eurodéputé et auteur de El régimen feminista en España, (le régime féministe en Espagne). « Cela peut même devenir un business », se risque même à dire Paco Rodriguez, président de l’association PAMAC, qui milite pour la garde partagée et le droit des hommes, et de poursuivre : « certaines savent qu’elles pourront toucher une pension, l’Etat pourra leur trouver un logement social et même un travail. »

Une loi exclusivement destinée aux femmes. La loi a pour objectif d’« agir contre la violence qui s’exerce sur les femmes, comme la manifestation de la discrimination, la situation d’inégalité et les relations de pouvoir des 10 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

Lorsque certains hommes maltraités appellent le 016, ils ne sont pas pris au sérieux. ©

hommes sur les femmes », de la part de leur compagnon ou ex-compagnon. Ainsi, les hommes maltraités par des femmes ne peuvent s’en référer. Sans oublier que la violence peut parfois avoir lieu au sein de couples homosexuels. Mais là aussi, ces derniers ne rentrent pas non plus dans le cadre de la loi. Ce qui corrobore le fait qu’elle aurait bel et bien quelques lacunes. Surtout, elle soulève une nouvelle fois un débat de société. La violence aurait-elle un sexe ?

andrea gonzález .

Inconstitutionnalité. Mais « peut-on réellement parler de genre juridiquement, puisque l’homme et la femme naissent libres et égaux en droits ? », interroge Víctor Martínez Patón, avocat spécialisé dans les cas d’hommes maltraités. Or justement la loi pourrait faire preuve d’inconstitutionnalité selon l’avocat, puisqu’elle offre un cadre juridique différent selon le sexe. Maria Duran Febrer, la rédactrice du texte et directrice de Responsabilité sociale du gouvernement des Iles Baléares,


« La loi oblige l’homme à prouver qu’il n’est pas coupable, par le simple fait d’être homme. » ©

justifie elle-même l’esprit de la loi. Selon elle, il apparaît logique que la loi ne s’adresse qu’aux femmes victimes de maltraitance. En effet, les hommes, de leurs côtés, bénéficieraient selon elle de l’appui d’un système patriarcal et machiste qui traditionnellement soumettait la femme. Mais alors les hommes maltraités paieraient-ils pour des années d’oppression de la femme ? Autre lacune de taille, l’absence de présomption d’innocence. Si la police reçoit une plainte d’une femme contre un homme, ce dernier est arrêté immédiatement et mis en garde à vue sans pouvoir se défendre. « Et lorsque l’arrestation a lieu un vendredi soir, l’homme est bon pour y passer le week-end. Il n’aura qu’un quart d’heure le lundi matin pour discuter avec son avocat avant une juridiction express, où la plupart du temps on lui conseille de plaider coupable, même s’il clame son innocence », s’insurge Paco Rodriguez. « La loi oblige l’homme à prouver qu’il n’est pas coupable, par le simple fait d’être homme », dénonce de son côté Diego de los Santos.

Zapatero et les féministes. En réalité, ce que dénoncent les détracteurs de la loi, c’est qu’elle aurait été rédigée sous le joug du lobby

féministe. Paco Rodriguez explique que son origine est électorale. « En 2004, les élections ont lieu juste après les attentats de la gare d’Atocha. L’opinion s’est retournée en un weekend contre José Maria Aznar. José Luis Zapatero ne pensait pas être élu. Alors, pour s’assurer un appui social, il s’est mis les féministes dans la poche », explique-t-il à Pilote. En a découlé, la loi de la violence domestique, une des premières mesures du gouvernement Zapatero.

L'Etat féministe. Pour Victor Martínez Patón, la loi est clairement sexiste. Non seulement, elle n’a pas contribué à lutter contre la violence faite contre les femmes (voir les chiffres en encadré), mais en plus elle ne protège pas les hommes. Pire, elle crée un cadre de surprotection de la femme, en défaveur de l’homme. « Certains juristes parlent d’un assassinat civil de l’homme. Et certains hommes face à ce qu’ils vivent comme une agression, réagissent violemment », explique Diego de los Santos. Pourtant la rédactrice de la loi n’en démord pas : la discrimination positive s’avère indispensable dans ce contexte. « Il faut appliquer des lois différentes entre hommes et femmes pour atteindre une égalité effective. » «Ni la loi,

andrea gonzález.

ni le Ministère de l’égalité ne sont là pour promouvoir l’égalité », contredit de son côté, Diego de los Santos. Et de conclure : « La loi crée une normative qui va contre la société. Il ne s’agit plus ici d’un féminisme qui lutte pour l’égalité, mais d’un féminisme radical. Rétrograde. Le seul salut possible est de promouvoir le dialogue entre les sexes et d’éviter à tout prix la confrontation. » � valérie zoydo Quelques dates 1983 : création de l'Institut de la femme en Espagne Instituto de la mujer 2004 : Loi de la violence entre les sexes, Ley de violencia de generos

Quelques chiffres 2005 : 57 femmes assassinées. 2006 : 68 2007 : 71 2008 : 76 2009 : 55 Parmi les détenus des prisons, 10% viennent de la loi de la violence entres les sexes. Les contradictions de la loi de 2004 : Viole trois principes constitutionnels Le droit à légalité, Le droit à la présomption d'innocence Le droit à la dignité

juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 11


Être un homme aujourd'hui Le peu de crédit accordé au problème des hommes maltraités révèle qu’au final, la société n’accepte pas encore la vulnérabilité au masculin. Entre féminisation de la société et valeurs viriles, certains hommes se cherchent. La littérature en témoigne.

L

a maltraitance vis-à-vis des hommes reste un sujet tabou, en Espagne comme en France, car la société ou la culture leur demande encore d’être forts. Entre l’exigence de virilité et l’acceptation de la féminisation de la société, certains hommes traversent une crise identitaire. « Certains viennent me voir car ils se sentent impuissants, accablés », explique à Pilote Norman Duncan, psychothérapeute, président de l’association d’hommes à Barcelone, Sopa de Hombres, et spécialiste d’hommes maltraités et d’identités masculines. « Je leur fait faire un travail pour retrouver leur virilité ». Norman raconte que ce travail de psychothérapie de groupe consiste à retrouver sa virilité, « reenconjonarse » en simulant l’érection avec des objets. Si la scène peut paraître incongrue, elle serait surtout symptomatique d’un certain malaise.

Le fabuleux déclin de l’empire masculin. Difficile aussi, d'imaginer les hommes en position de maltraitance ou de faiblesse, dans une société qui véhicule de plus en plus de valeurs féminines mais qui demande encore beaucoup à l´homme. Il doit être fort, viril, performant sexuellement, bricoleur, compétent professionnellement, tout en restant à l’écoute, comprenant la femme, sachant faire le ménage, donner le biberon et changer les couches. Le fameux « übersexuel », (über signifiant en allemand « au-dessus de »), cet homme à l'apparence macho ou virile, mais qui a intégré des valeurs féminines. Le terme a été inventé par la publicitaire américaine Maria Salzman. En France, la condition de l'homme a déjà fait couler beaucoup d'encre. Parmi les livres parus, les plus connus, Le musée de l´homme, ou le fabuleux déclin de l’empire masculin de David Abiker, ou le Premier sexe d'Eric Zemmour. David Abiker raconte son histoire personnelle, lorsqu’il apprend que sa femme est mieux payée que lui, ou lorsqu’il réalise avec étonnement les capacités de sa « femme 12 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

L’übersexuel (...), à l’apparence macho ou virile, a intégré des valeurs féminines © andrea gonzález.

orchestre ». L’extrait qui va suivre a le mérite d’être clair sur la perte de repères de certains hommes face aux nouveaux rôles de la femme dans la société : « Elle se méfie de ma façon de choisir les fruits, de réserver les billets de train ou de surveiller les filles à proximité d’un point d’eau ou d’une piscine. C’est pas qu’elle veut tout faire. Non, mais elle fait tout tellement mieux que moi que c’est pas la peine que je tente quelque chose, que je prenne une initiative. Je suis en train de devenir son collaborateur, son assistant. On travaille ensemble avec des listes ou des Post-it qui m’indiquent la marche à suivre. L’autre jour je lui ai fait une blague. J’ai dit que j’allais acheter des vêtements aux filles. Elle s’est retournée d’un coup, comme si je lui avais piqué les fesses. » Quant à Eric Zemmour, il fait bien sûr référence au « Deuxième Sexe » de Simone de

Beauvoir. Selon lui, cette femme décrite il y plus de 50 ans, est devenue le premier sexe. Depuis 1914, les femmes ont découvert l’usine, le féminisme, l’idéologie 68... Quant au capitalisme, il a fait des hommes et des femmes, des travailleurs et des consommateurs à parts égales. Si ces propos sont sujets à polémiques, cela demeure intéressant de soulever cette question de la féminisation de la société. Car son inquiétude d’homme est révélatrice. Pour lui, dans cette société féminisée, où le couple est l'alpha et l'oméga de la vie sociale, il y a de plus en plus d'enfants sans pères et donc sans repères ». L'auteur s'interroge même sur une suite possible, notamment un réveil progressif des modèles masculins, comme on l'a vu aux Etats-Unis où l'idéologie cow-boy remplace progressivement le féminisme des années 70… � valérie zoydo


aymeric giraudel, galerie pop shop

juillet - ao没t 2010 | Pilote Urbain | 13


Courrier des lecteurs La parole est à vous ! A chaque édition, nous vous invitons à nous faire part de vos remarques, vos critiques, vos coups de cœur. Chez Pilote nous aimons la culture du débat. Alors réagissez, écrivez-nous et nous vous répondrons. Madame Zoydo, Je vous écris suite à la lecture de votre article sur la venue de Lionel Jospin à Barcelone, que je trouve assez injuste. Tout d’abord, dans tout ce que vous décrivez, je ne vois absolu ment pas où est le problème. Mr Jospin a parfaitement le droit de ne pas vouloir donner d’interview. Pourquoi le devrait-il? Le fait qu’il refuse une interview à la Vanguardia est clair. Il ne veut pas d’interview un point c’est tout. Chacun a ses raisons. D’ailleurs, il a été très honnête avec vous en vous donnant la raison de son refus. Ensuite, quand vous évoquez l’interview à l’Institut Français, je vous rejoins au début car moi aussi, j’ai été déçu du contenu de l’interview qui n’a fait, il me semble, que répéter que ce qui était déjà dans le livre. Mais ce que vous dites ensuite sur le 21 avril est faux. D’une part, ce n’est pas absolument “la question que tout le monde attendait” puisque M. Jospin a eu l’occasion de s’expliquer au moins une dizaine de fois sur ce sujet, et d’autre part, il a eu raison de couper court à cette interview pour lais-

14 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

ser place aux questions du public puisque le temps était compté. Quand à sa remarque sur l’amateurisme, elle ne visait en aucun cas à menacer les gens du niveau de leurs questions ; simplement c’est un sentiment personnel qu’il a voulu exprimer (et qu’il exprime également dans son livre). A titre personnel, je déteste également l’amateurisme en politique et ailleurs et je ne vois pas où est le problème. Enfin, quand vous dîtes “gare à ceux [...] qui oseraient une question dérangeante”, je vous rappelle que M. Jospin est passé il y a peu dans l’émission On Est Pas Couché animée par Laurent Ruquier, et a donc dû se soumettre pendant 20 bonnes minutes aux questions plutôt “dérangeantes” du journaliste Eric Zemmour (interview par ailleurs très intéressante). Pour finir, ce n’est pas la première fois que je lis un article qui essaie de présenter Lionel Jospin comme quelqu’un de hautain et de méprisant alors qu’il est simplement rigoureux et intègre (qualités de plus en plus rares de nos jours). A contrario, on présentera volontiers certains politiques véreu x com me des gens très sympathiques simplement parce qu’ils nous

auront tapé sur l’épaule avec un grand sourire. Cordialement, Thomas Aussenac Cher Monsieur, Je vous remercie très chaleureusement d’avoir pris le temps de me faire une critique sur cet article. Je vous avouerais -sans ironie aucune- que c’est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à un(e) journaliste. Ecrire comporte un risque, qui est parfois celui de mécontenter ses lecteurs. Et c’est bien, pour un journaliste, d’en être conscient. Car je n’écris pas pour moi, mais bien pour vous, entre autres. Je prends note de ce que vous m’avez écrit, effectivement, vous n’avez pas tort. Je n’ai pas l’habitude d’écrire à la première personne, mais là, une fois n’est pas coutume, je l’ai fait. Alors considérez que je n’engage que mon point de vue comme un bloggeur l’aurait fait, car c’était la seule possibilité que j’avais entre les mains puisque l’on m’a fait miroiter une interview que je n’ai jamais


obtenue. (Ex-journaliste politique à Paris, c’est rageant, croyez-moi !) Concernant Jospin, puisqu e c’e s t de lu i dont i l s’a g i t , j e p e n s e , q u’e n ces temps de crise, nous avon s, en ta nt que citoyen, besoi n d’u n homme com me lu i pou r être a i g u i l lé, g u idé. N’a pa s son expérience qui veut. Il a une vision de la France et du Monde, de l’économie. Pourquoi ne pas se soumettre aux exercices de l’interview et aux règ les de la démocratie ? Il est à la retraite me direz-vous. Mais un homme politique de cette pointure

est comme un père ou une mère, je pense qu’à priori, il ne se défait jamais de ses responsablités. Il incarne la gravité de sa fonction à vie.

chose. Au moins à la Van-

Bref, les journalistes sont formés pour poser les bonnes questions, pour flairer l’opinion, la refléter ; pour faire le médiateur. C’est pour cela que la presse est un pilier indispensable de la démocratie.

remarque, comme je l’écris

La snobber n’est pas bon signe, surtout par les temps qu i cou rent où el le traverse une crise très grave, croyez-moi. Alors... Accorder une interview ne lui aurait pas coûté grand

Vous savez, à Barcelone, ce

guardia , non ?

Cher Thomas, (puis-je me

le permettre ?) je vous re-

mercie encore pour votre dans mon édito, sachez que

notre porte vous est grande ouver te, venez nou s

voir, nous vous offrirons un café avec grand plaisir pour poursuivre ce débat.

qui me manque le plus, à titre personnel, c’est le débat citoyen. Alors, j’insiste,

n’hésitez pas et je vous invite à me réécrire !

juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 15


Ils sont passés par ici

Cohn-Bendit

ou

l’utopie écolo pragmatique

Ex-révolutionnaire soixante-huitard, Daniel Cohn-Bendit, prône un changement de société, fondé sur l’écologie politique, mais bien loin des idéologies anarchistes ou marxistes. À l’occasion de la sortie de son livre Que hacer ?, il est passé par Barcelone. Récit.

U

« Nous sommes au carrefour de plusieurs crises : financière, sociale, écologique et de civilisation »

n costume de Dandy, des Converses aux pieds, Daniel Cohn-Bendit, mieux, Dany, est pour le moins un animal politique curieux et une bête médiatique atypique. Inclassable sur la scène politique, il se trouve à la croisée des chemins de l’utopie écologique et du pragmatisme en politique, sur fond de rêve européen. Aimé ou contesté, il a le mérite d’être toujours là. En réalité, il est loin, l’étudiant de Nanterre, révolté, avec sa petite bouille ronde et ses cheveux blond vénitien. Exit aussi les tendances anarchistes. « La rupture par la révolution ne fonctionne pas », affirme-t-il désormais, à la grande surprise de ceux qui l’associent encore à la contestation romantique. Aujourd’hui il se présente comme un radical réformiste. « Radical dans les mesures […] nécessaires pour affronter la crise, et réformiste dans la procédure, car nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer », écrit-il dans son livre Que Hacer ?, paru en Espagne récemment aux éditions RBA et traduit de la version française Que faire ?.

Parcours politique transnational. Si

Daniel Cohn-Bendit.

16 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

Dany a gardé de ses jeunes années le goût du combat, cet ardent défenseur de l’écologie politique arbore désormais un discours plus posé, réfléchi, voire stratégique. Il connaît les médias et en joue. Il sait en un tour de main fermer le clapet à ses adversaires. Et force est de constater que lorsqu’il parle devant une assemblée, nonchalant, confortablement installé sur sa chaise, il en impose. Car Dany est avant tout un vieux briscard de la politique. En effet, le plus « Allemand des Français », et « le plus Français des Allemands », exerce la politique à la fois dans l’Hexagone et en Outre-Rhin depuis des années. Membre des Verts allemands depuis 1984, eurodéputé Vert depuis 1994, coprésident du groupe parlementaire des Verts/

ALE depuis 2004, il a été adjoint au maire de Francfort. En 2009, à l'occasion des élections européennes, il a conduit la liste Europe Écologie en Île-de-France. Fort de ses 20,86 % de voix dans sa circonscription ; il surfe dans le même temps sur la percée d’Europe Écologie au niveau national (16,28 %), talonnant ainsi le Parti socialiste. Ainsi, doté d’un parcours hors norme qui lui a façonné une image, conféré un statut et un charisme incontestables, sa valeur ajoutée réside avant tout dans sa transnationalité. Il se définit d’ailleurs lui-même comme un « citoyen européen ».

Pragmatisme et idéal. S’il croit fermement dans la possibilité d’un autre modèle de croissance, il a bien compris que pour faire vivre ses idéaux, un zeste de realpolitik s’imposait (au sens positif du terme, il s’agit de composer avec la réalité). Preuve à l’appui, l’alliance d’Europe Ecologie et du PS au deuxième tour des dernières élections régionales en mars 2010 (ndlr : il prônait l’indépendance du mouvement écolo). Une stratégie payante au vu des scores des deux formations au deuxième tour. Pourtant, même s’il défend une écologie qui prend acte de l'économie de marché pour mieux la réguler, il rejette tour à tour les propositions de la gauche comme de la droite pour sortir de la crise. Selon lui, l’ensemble de la classe politique évoque une reconstruction économique sur les mêmes piliers de toujours. Malgré la récente alliance d’Europe Ecologie avec le PS, il s’avère critique, mais réaliste, sur la vacuité des propositions de la gauche française et des gauches européennes : « Le problème des gauches en Europe, c’est qu’elles peinent à formuler une autre réponse aux crises auxquelles nous sommes confrontés ».

Les solutions à la crise globale. Selon lui, « nous sommes au carrefour de plusieurs crises :


Daniel Cohn-Bendit, lors de la conférence de presse pour la présentation de son livre Que Hacer? , à l’Institut français.

financière, sociale, écologique et de civilisation ». Symptôme d’un échec de notre modèle de développement, cette crise globale représente un moment crucial et à double tranchant ça passe ou ça casse. Et il y a urgence, car « demain il sera trop tard », prévient-il.

Transformer le capitalisme. Alors Dany, quelles solutions proposez-vous pour sortir de la crise ? Il faut mettre en place une transformation écologique de l’économie, « sans pour autant faire des réformes pansements », nuance-t-il. « Il faut transformer le capitalisme », déclare-t-il, sans hésitation, reprenant sa casquette de rêveur. Les dégradations climatiques sont liées à un système économique. « Il faut remettre en question le fonctionnement de la société de consommation », insiste-t-il. Oui, mais comment ?

La société Pollen. Dans son nouveau modèle de société, Dany prône l’échange. Il insiste sur l’importance non seulement de la relation de l’homme et de son environnement, mais aussi celle des individus avec la société.

Pour lui, l’écologie politique englobe l’écologie environnementale, sociale et mentale. Il ne voit pas d’autre porte de sortie à la crise que l’importance d’investir sur les connaissances et notamment ce qu’il dénomme la société Pollen. En somme, à l’image « des abeilles qui pollinisent la nature », -élément indispensable de la biodiversité mais difficilement quantifiable-, il est impératif de calculer la croissance autrement que par le PIB et prendre en compte tous les éléments pollinisateurs de la société. Notamment le partage des connaissances (exemple Internet), la diffusion de la culture, le travail non rémunéré des bénévoles, des retraités, des femmes au foyer etc. La somme de ces activités pollinisent la société mais il demeure difficile de les évaluer. En revanche, elle contribue sans conteste au développement du bien-être.

Mobilisation citoyenne. Alors, comment arriver à une société durable ? « Il faut être capable de maîtriser les rythmes de la crois-

sance », déclare Cohn-Bendit. Dans sa ligne de mire, une fois de plus, « le productivisme de droite comme de gauche ». « Nous vivons dans un mode du toujours plus, toujours plus vite », dénonce-t-il. Son objectif : créer une interaction au niveau local et global. Il s’agit d’articuler les pratiques individuelles et la conscience collective, à travers la mobilisation citoyenne, l’action non-violente et la désobéissance si besoin est. Fédéraliste européen convaincu, pour lui, le seul espace capable d’orchestrer ces changements et de proposer la régulation d’une économie mondialisée : l’Union Européenne. « Les Etats un par un ne pèsent rien. » Cela dit, même si l’Europe imposait ses idées d’une seule et même voix, encore faudraitil que les autres pays suivent. « C’est tout l’enjeu du combat politique », conclue Dany. Paradoxal ce Daniel Cohn-Bendit… « Utopiste pragmatique », son ADN politique se résume bel et bien dans ce vieux slogan : « Soyez réalistes, demandez l’impossible. » � valérie juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 17


Éco

La décroissanc une

tendance à demi-mot

e,

La décroissance, une vague idée d’utopistes pour certains, une remise en question fondamentale de la société pour d’autres. Pour autant, elle se serait déjà introduite petit à petit dans notre quotidien. Alors la décroissance tendance ou pas tendance ?

D

epuis quelques semaines en Espagne, une banque a ouvert ses portes ou plutôt des comptes sur Internet. « El banco del tiempo » propose non pas de placer de l’argent mais du temps. Chaque internaute peut ainsi mesurer son temps disponible et proposer ses services en échange d’autres services. Premier exemple de la décroissance non assumée, en effet le mot n’apparaît en aucun cas dans l’explication de texte. Le terme, à première vue, ne vient pas d’instinct comme référence et n’apparaît pas non plus dans les mentalités comme un phénomène positif. Étymologiquement, le terme décroissance signifie « diminution ». Un mot qui, mal expliqué, n’est pas fait pour rassurer les foules. « La décroissance n’est pas la croissance négative», rectifie l’économiste et philosophe Serge Latouche. Aujourd’hui elle apparaît plus comme « un slogan » et surtout, selon M. Latouche, comme « un outil pour penser autrement ». Et si le terme ne plaît pas et dérange, le concept semble pourtant rassembler l’air de rien et s’immiscer dans le quotidien.

Quand l´élite est décroissante malgré elle. En mettant en place un service de collecte des objets usagés, la mairie de Barcelone a créé sans le vouloir, « un bazar » hebdomadaire dans ses rues, et avec lui, un marché vintage pour créatifs culturels, écolo-chics ou autres bobos citadins. Et comme le vintage est aujourd’hui devenu un concept dans l’air du temps, utilisé par le monde de la mode et du design pour désigner ce qui est rétro, les urbains n’ont plus de complexe à dénicher ces objets considérés comme trop kitchs ou trop vieux. Ces derniers leur donnent un second souffle en les recyclant, les repeignant pour devenir de véritables objets de design. En témoignent les initiatives d’Ecodesign qui 18 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

Chacun peut appliquer la décroissance en consommant les fruits et légumes de saison

fleurissent à Barcelone. En attendant, s’il s’agit bien là d’une attitude décroissante, elle n’est pas expliquée comme telle, mais davantage comme un acte pour l’environnement. En e f fe t, c er t ains c o nso mma teur s, conscients de la menace du réchauffement de la planète, ont pris le pli de la décroissance dans leur quotidien à travers des actions concrètes avant même que ce mot ne devienne un concept, un parti politique ou encore un journal. Les Parisiens pour ne citer qu’eux, ont l’occasion d’acheter un panier garni de légumes et de fruits bio et de saisons sans avoir à mettre les pieds à la campagne grâce à l’AMAP, l’Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne. Et ce dans le but de soutenir l’économie rurale, locale et comme un pied de nez à l’agriculture intensive. Sans oublier, la nouvelle mode du Slowfood créé en réaction à l’arrivée des concepts de

restauration rapide. Les associations qui nous poussent vers une économie alternative semblent se multiplier et permettent à tout un chacun de consommer moins et surtout mieux, comme le veut la Charte de la décroissance. D’autres se contentent de mieux consommer, comme les Lohas (Lifestyle of Health and Sustainability). Le concept de Lohas a été introduit par les agences de marketing il y a dix ans. Accros aux nouvelles technologies, les Lohas disposent de moyens financiers et veulent consommer bio et commerce équitable. Ni-militants, ni-antinucléaire, ils ne revendiquent rien, sinon la durabilité, la santé et la consommation. Ainsi, peut-être qu’au cours d’un « dîner en ville », leur conversation ne tournera pas autour de la décroissance à proprement parler (trop ringard) mais autour du dernier modèle de voiture hybride ou de ce pull en lin qui a coûté une fortune mais qui est fait pour durer. Et si finalement la dé-


Le Greenwashing permet aux entreprises polluantes de bénéficier d'une image écolo. ©

croissance n’était seulement qu’ « une lubie de gosse de riches parfaitement égoïstes », comme l’affirme Pierre Antoine Delhommais, journaliste économique au Monde ? « Qui sait dans deux mois, avec la crise, s’il y aura encore du travail, autant miser sur le bon cheval et investir dans quelque chose de durable », préfére dire Albert Soro, spécialiste des tendances et du marketing.

Quand les agences de marketing récupèrent le concept. Contre toute attente, la décroissance se trouverait même, sous forme déguisée, dans certains discours publicitaires. Mais cette fois, il ne s’agit pas de vouloir changer le monde mais de surfer sur une tendance. Si les objecteurs de croissance sont persuadés de l’incompatibilité de la pub et de la décroissance, les agences marketing quant à elles, trouvent toujours un moyen de rester aux côtés du consommateur. Et elles ont bien compris la demande croissante chez le citoyen-consommateur de donner du sens à l’acte d’achat et d’y insuffler de l’éthique. En témoigne l’apparition d’une nouvelle tendance de marketing, le Greenwashing ou éco-blanchiment en français dans les années 80 en réaction à la

la décroissance se trouverait même, sous forme déguisée, dans certains discours publicitaires. montée des mouvements écologiques. Selon le livre Eco-blanchiment : Quand les 4x4 sauvent la planète de Wilfried Sejeau et François Notebaert, le Greenwashing est « le procédé qui consiste à donner à une entreprise une image écolo, privilégiant un développement durable, alors qu’elle fabrique et/ou vend des produits polluants ». La consommation verte redonne à la publicité, non seulement des allures d’oeuvres d’art mais en plus transmet un message rassurant aux consommateurs. «C’est ainsi que Monsanto promeut des pesticides supposés protéger les plantes, que Renault vante une voiture allégée en CO2 ou que le groupe Carrefour s’empare du vocabulaire de la décroissance », expliquent les auteurs.

Accroissance plutôt que décroissance. Mais après le Greenwashing, comment les agences de marketing vont-elles évoluer ? « Tout simplement en réalisant une fusion entre les agences et les relations publiques »,

total

affirme Albert Soro, « il s’agit de montrer aux consommateurs comment fonctionne une entreprise pour leur donner la sensation de bien consommer », explique-t-il. Preuve qu’une intention louable peut devenir non seulement un outil de consommation mais aussi un outil de campagne électorale. « La Décroissance n'est pas vouée à devenir une nouvelle offre politique ou une nouvelle façon de vivre mais à modifier en profondeur la société actuelle », une phrase de Christophe Ondet, secrétaire national du Parti Pour La Décroissance qui dénonce entre les lignes les premiers reniflements des hommes politiques pour récupérer ce qui donnera peut-être des voix aux prochaines élections. Si les promoteurs de la décroissance sont finalement ses meilleurs ennemis, car encore trop associés à des anti-capitalistes et autres doux rêveurs, celle-ci a cependant bel et bien le vent en poupe. À condition qu’elle ne soit pas verbalisée en tant que telle. La décroissance souffrirait finalement principalement de sa particule. Comme le suggère Serge Latouche, il faudrait plutôt parler d’accroissance ou de développement durable. � marjorie grassler juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 19


Geste éco-citoyen

Écologie et économie au

fil de l’eau

Écologie et économie sont deux maîtres mots en ces temps de crise et d’économie verte. Il est désormais possible non seulement d’optimiser sa consommation d’eau mais aussi d’améliorer son équilibre grâce aux technologies filtrantes.

L

’éco-douche et les technologies filtrantes. Encore un concept de bobo-écolos ? Pas si sûr. L’essor des technologies vertes touche tous les domaines, y compris l’eau. Revue de détail des différents produits proposés pour optimiser notre usage de l’or bleu, à la douche comme en carafe.

Les ions négatifs : quel est le rapport entre un obscur concept de physique, la couche d’ozone et le portefeuille ? Les molécules d’air que nous respirons quotidiennement sont surchargées d’ions positifs. Leur absorption en trop grosse quantité provoque un déséquilibre de notre système nerveux et engendre stress, fatigue et sautes d’humeur.

L’eco-douche et les hormones de relaxation. Outre une séance de yoga, il existe une solution qui combine geste éco-citoyen, économie et mieux-être : la douche. Mais une douche plus ef f icace, optimisée avec un pommeau f iltrant. C’est là qu’interviennent les ions négatifs. Explications : ces pommeaux spéciaux pro jettent l’eau en bruine. Les gouttes sont donc réduites en de très petites quantités d’eau, et débarassées au cours du processus des charges ioniques positives au profit des négatives. Un procédé qui permet de maintenir dans le système nerveux un niveau optimal de sérotonines, une hormone qui produit un effet de relaxation. Autre avantage en ces temps de crise : une consommation d’eau diminuée de plus d’un tiers. Une douche coule environ 10 minutes par jour et par personne à 20 litres par minute, soit 200 litres d’eau potable consom20 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

mée par jour et par personne. Conclusion : l’optimisation de la distribution d’eau permet à la fois de dépenser moins, de dépenser mieux... et de décompresser.

Un, deux, trois, filtrez ! Exit l’achat d’eau en bouteilles de plastique qui polluent l’environnement. Toute une collection de filtres permet également la consommation d’une eau de meilleure qualité. La plupart de ces filtres ont aussi l’avantage de filtrer le calcaire contenu en plus ou moins grande quantité dans l’eau que nous utilisons tous les jours. Celle-ci dessèche la peau, et laisse un dépôt sur et à l’intérieur des canalisations. Différents types de filtres sont disponibles sur le marché, leur prix est en général proportionnel à leur efficacité. Les cruches filtrantes fonctionnent avec un filtre à charbon actif et une résine échangeuse d’ions. Elles éliminent le calcaire, les métaux lourds, les grosses molécules de pesticides, le chlore… Peu coûteuses, elles sont souvent munies d’un témoin de remplacement de cartouche filtrante. Les associations de consommateurs s’accordent néanmoins pour dire que ces carafes sont surtout source de prolifération bactérienne si elles ne sont pas convenablement utilisées. Il est également recommandé de faire faire une analyse de son eau de consommation. � olivier crézé

OÙ TROUVER L’ECO-DOUCHE ET LES TECHNOLOGIES FILTRANTES ? ITAL France - Pol. Ind. La Bobila - C/ Garrofers, 17 08320 El Masnou (BCN) tel : (00 34) 93 540 80 38 - info@italfrance.eu Cuentagotas Paseo Mercè Rodoreda, 14 – 16, BCN Société VM “Sistemas Ahorro de Agua” c/ Paris 42 BCN Société Aguapur c/ Rector Triadó 15, BCN


Blog-notes

Pilote Urbain propose une sélection piochée de-ci, de-là, parmi les perles du Net espagnol et français. Un zeste d’humour, un peu d’actu, les derniers groupes Facebook les plus drôles, sans oublier le coup de projecteur sur une vidéo qui a fait du buzz. LA VIE DU GEEK

ACTU DU NET Buzz de la sécurité routière

Asco de vida Vie de merde

Un clip vidéo qui fait débat : la dernière trouvaille de la Sécurité Routière pour limiter le nombre d’accidents liés a l’alcool au volant. Le clip, qui n’est diffusé que sur Internet, est construit comme un vrai cour t-métrage, impressionnant de montage et de travail de réalisation. Le tout en mode hyper-réaliste : c’est ce qui est le plus choquant. Corps désar ticulés sur le bitume, sang et tôle froissée ; le pire reste encore l’expression égarée d’une mère apprenant la mort de son fils... La vidéo a déja été vue 1 721 000 fois sur dailymotion.

«Hoy he escuchado a mi madre decir Viva España, viva el rey, viva el orden y la ley» AVD

www.dailymotion.com/video/xdkzud_insoutenable-securite-routiere_webcam

« Aujourd’hui, j’ai entendu ma mère s’exclamer « Vive l’Espagne, vive le roi, vive l’ordre et la loi » VDM

Anonymat des blogs Le sénateur de la Moselle (Lorraine), Jean-Louis Masson est l'auteur d'une proposition de loi visant à supprimer l'anonymat des blogs non professionnels. Il veut par là « faciliter l'identification des éditeurs de sites de communication en ligne et en particulier des blogueurs ». Il était hier l'invité des Grandes Gueules sur RMC.

«Hoy, me he acordado de lo que dijo mi profesor de matemáticas justo al comienzo del curso, en su primer día, nada más entrar : «Atención, aspirantes a cajeros de supermercado, mi nombre es...» Hice un trabajo temporal en un supermercado y me acordé todos los días de esa frase. » ADV « Aujourd’hui, je me suis souvenu de ce que nous a dit mon prof de math, au début de son premier cours : « Votre attention, aspirants caissiers de supermarché, je m’appelle…» Je suis caissier, et je me souviens tous les jours de cette phrase. » VDM

http://www.ascodevida.com

Les journalistes ont testé ses connaissances du Web, et les résultats sont... surprenants ! « Est- ce que vous savez ce que c'est que Twitter ? » Réponse du sénateur : « Non, et je ne cherche pas à le savoir. » Nouvelle question : « c'est quoi l'iPad ? » Nouvelle réponse : « ça ne m'intéresse pas. » Le sénateur reste au Minitel. www.betapolitique.fr/Le-Senateur-Masson-vs-l-anonymat-53976.html

Ouverture des paris en ligne Plus besoin de vous rendre au casino pour assouvir votre passion du jeu et du sport : un simple clic suffit. Mardi, la France a ouvert son marché des jeux d’argent et de hasard en ligne, mettant fin à 471 ans de monopole de l’Etat. C’est en effet François Ier qui avait institué ce monopole… Une situation qui a conduit à ce que seuls le PMU et la Française des Jeux ne proposent des paris hippiques et sportifs sur Internet. Ces deux acteurs historiques devront désormais composer avec une solide concurrence. www.parissportifs.com Les perles de Facebook Florilège des groupes Facebook marrants : Avant j'étais schizophrène mais maintenant on va mieux Si un flic me dit PAPIERS et que je réponds CISEAUX, j'ai gagné ? Compilation des plus beaux/improbables/ délirants sujets de thèse les étrangers dans la queue : construction d'une catégorie sociale et expérience de l'attente devant les bureaux de l'Administration en Espagne, Marie-Madeleine, le sang menstruel et la Mère Terre. Une anthropologie des pèlerinages spirituels féministes en France et en Catalogne contemporaines Quarante ans de revivalisme de la cornemuse boha de Gascogne : l'archéologie musicale et patrimonialisation à l'épreuve de la globalisation Mourir dans les pages du journal : les faire-part et les nécrologies dans la presse française, XIXe-XXe siècles Paris I �

olivier cré zé

juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 21


Histoires de rue

Calle Pere IV, entre passé et présent

Grande artère de Poblenou, la Calle Pere IV est représentative des changements qui façonnent la nouvelle esthétique de l’architecture du quartier, entre modernité, lignes contemporaines et vestiges d’un passé industriel révolu.

É

clectique. La rue Pere IV reflète l’âme du quartier de Poblenou, mais aussi sa métamorphose. Pour Andrés Arias, architecte urbaniste d´origine mexicaine, le quartier de Poblenou de plus en plus investi par les bobos et autres branchés prend peu à peu un nouveau visage. À deux minutes de la station de métro Bogatell, entre vie de vieux quartier industriel et jungle urbaine nocturne, la rue Pere IV se définit par un mot : contraste.

Genèse industrielle de Barcelone. Légendaire route du peuple, la rue Pere IV permettait au 17e siècle de se rendre à Girone et jusqu´en France. Au 19 e siècle, elle menait directement au cœur de Bar-

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celone, par l’entrée Nord, là où se trouve aujourd´hui le parc de la Citadelle. Artère foncièrement industrielle de Barcelone, les bâtiments de la rue Pere IV se composent essentiellement de béton brut, de brique et de métal. Quelques édifices semblent vouloir s´imprégner des courants architecturaux modernes, comme l’explique Andrés qui y travaille depuis plusieurs années : « La rue Pere IV n’est certainement pas la plus belle rue de Barcelone. Mais ce qui la distingue, ce sont les traces du passé qu´elle porte et qui cohabitent avec les marques du présent. » Ainsi, on croise un édifice portant l´insigne Fernando Pallares y hermano / Aceites de oliva datant de plus de 150 ans qui surplombe le bar BBmas, adresse où il

fait bon boire. Tout au long de la découverte de la rue, il émane des effluves du passé. De cette époque pas si lointaine où elle rejoignait l´avenue Diagonal à partir de 1856 pour tracer une ligne droite sur les remparts de la ville délimitée aujourd´hui par la Vieille Ville.

Quartier trash et festif. Habiter la rue Pere IV, c´est accepter la loi de la nuit : celle de la fête. Pas étonnant alors de trouver les lieux de sorties parmi les plus en vogue de Barcelone, dans cette rue qui semble s´étendre à l´infini. Entre discothèques, afters ou soirées underground, tout y est. Jean-Louis travaille au bar Geminis 3, sis au 89 de la rue. Depuis 17 ans, il assiste au spectacle de la nuit qui plonge le quartier dans une euphorie sans limites.


Patchwork de photos de la rue Pere IV.©

« Les habitués de la rue Pere IV l´ont baptisé « Triangle golfo », parce que le jour, la rue est presque déserte et avec la nuit, elle devient le rendez-vous de toutes les ivresses », explique le témoin de ces folles soirées, originaire de Haute-Savoie. Avec le Razzmatazz à proximité et les boites à musique heavy métal Sala Q­Tres (62 C/Pere IV), le quartier est le témoin d’une véritable effervescence culturelle.

Hôtel Me Et comme un pied de nez à la vie populaire s´élève au loin de la rue, le

prestigieux Hôtel Me de Barcelone (272­ 286 Pere/Diagonal). Un établissement 5 étoiles situé à la rencontre de Diagonal et Pere IV. Nec plus ultra des soirées branchées barcelonaises, le club du ME surplombe la ville. Tout en haut, sur la terrasse, empor tés par l’ivresse des sons électros et le rythme des tournées de cocktails, les clubbers ignorent sûrement que sous leur pied, depuis la terrasse, une rue regorge bon nombre de secrets du passé de Barcelone. � hélène

andrés arias fuentes.

LA BRASERIA DU QUARTIER Point de départ idéal et gourmand de la rue Pere IV, le restaurant la braseria situé au 36 rallie travailleurs et gens du quartier. Depuis 1985, on y déguste des plats traditionnels et généreux dans une ambiance réconfortante. ici, l’esprit du quartier Poble Nou domine jusqu´aux murs, où sont exposées des photos en noir et blanc et en couleurs.

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L'invité de Pilote

What else, Mister Cardon ?

Gabriel Cardon est un trentenaire accro du Web de la première heure. Installé depuis un an à Barcelone pour créer son agence Web, il raconte son parcours, sa vision de l’avenir du Web 2.0 et des réseaux sociaux. Cardon, un geek ? Pas sûr.

A

ssis derrière son bureau, une main en lévitation au-dessus du clavier d’un mac, l’autre qui effleure son I-phone. Et à portée de main un rubik’s cube, tourné et retourné dans tous les sens pendant l’entretien, en guise de substitut à la technologie peut-être ou tout simplement une expression de son hyperactivité. Toujours à la pointe de l’actualité, en deux clics Gabriel Cardon sait tout sur tout et plus particulièrement lorsqu’il s’agit de la toile. Un maigre tas de feuille est placé, là, dans un coin de son bureau comme un affront à la nouvelle technologie, accentuant le sentiment que papier et stylo sont obsolètes dans cet environnement.

Réfugié climatique. Ce jeune entrepreneur installé depuis peu dans le paradis pour Parisiens frustrés annonce fièrement : « Je suis un réfugié climatique. » Le terme est fort et cher lecteur, rassurez-vous, Paris n’a pas été envahi par les eaux, seulement le soleil n’y est pas aussi présent qu’à Barcelone. Et la mer, ah la mer ! Peut-être que la Seine habillée de ses chaises longues et de son sable en été pour « Paris plage » peut faire illusion, mais rien ne vaut d’avoir la mer, la vraie, au bout de ses doigts de pieds.

Gabriel Cardon devant l´immeuble Imagina

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Alors, plutôt que de rester dans la Capitale, il a choisi de s’exporter. « Quand on est freelance, c’est facile de bouger », reconnaît-il. Au final, il ne part pas tout seul. La fusion de son réseau, de ses compétences et de celles d’une entreprise parisienne médiapro a permis de créer Formatweb, une agence Web aux multiples

activités : de la création de pages Web à la création de réseaux professionnels en passant par le développement de solutions Web personnalisées. Quelques obstacles plus tard, il s’installe au premier étage des bureaux de la tour Imagina sur l’avenue Diagonal. Des bureaux austères, une lumière du jour pâle, car filtrée par les autres bureaux qui l’entourent. Pas de fioritures, seulement l’enseigne de l’agence laissant apparaître le béton et une touche moderniste. Certainement un environnement idéal pour geeks en pleine création. Et dans un coin, la machine à café. Mais pas n’importe laquelle : celle de George Clooney. Même si pour Gabriel Cardon « ce n’est que du café ». Alors, what else mister Cardon ?

Les Espagnols ont deux ans de retard. Un café, une tentative de géolocalisation et quelques commentaires sur l’actu du jour plus


Gabriel Cardon dans son bureau, entouré de ses objets indispensables © ALBERT BONSFILLS.

Barcelone ne devient plus une destination choisie uniquement pour son climat mais « un marché en pleine progression » tard, Gabriel Cardon se lance dans une tirade sur le retard de l’Espagne dans la téléphonie, « ils ont deux ans de retard », affirme-t-il. Finalement, Barcelone ne devient plus une destination choisie au hasard uniquement pour son climat mais « un marché en pleine progression », comme il le dit. Et pour accentuer le décalage de l’Espagne, il donne pour exemple la Corée du Nord « làbas, ils sont tous fibrés ». Fibré ? Pardon, pour les non-initiés : un système de câbles transparents qui permet de transporter des signaux (téléphone, Internet, vidéo, télé) plus rapidement. Bref en résumé, ce que revendique Gabriel Cardon, c’est que

tout le monde soit équipé d’une connexion Internet rapide. Pour lui, « à l’avenir, tout le monde se servira d’Internet sur un téléphone ». C’est comme ça qu’il compte développer de multiples applications et il a déjà commencé avec la mairie de Barcelone pour laquelle il va créer une application spécifique destinée aux touristes. Une nouvelle façon de découvrir une ville.

Facebook, un outil de recommandations. Dans l’écho de notre conversation et le silence des murs se fait entendre un son récurrent, celui des gens qui se connectent et se déconnectent de Skype. Entre un bavardage sur l’importance du blog et du journalisme online et le mouvement retardataire des politiques vers le Web, il demande un instant pour tapoter rapidement une réponse à quelqu’un qui lui demande s’il est disponible pour une session Skype. Et lorsqu’on demande à ce spécialiste de la

toile, quelles ont été les évolutions du Web 2.0 et des réseaux sociaux, il répond simplement qu’ « il n’y a pas eu de révolution fondamentale ». « Les promesses du Web en 2000, ne se réalisent qu’aujourd’hui, la seule évolution qu’il peut y avoir encore est technologique », affirme-t-il. Et la sécurité ? « Le débat sur la sécurité des données n’a pas lieu d’être. » Pourquoi ? « Facebook offre par exemple aux annonceurs des profils bien renseignés. » Et avant de parler de sécurité des données pour Cardon, Facebook représente d’abord un outil de recommandations, « mes amis font le tri des informations pour moi, c’est une nouvelle façon de procéder. C’est comme les flux RSS », explique-t-il. Enfin, avant de terminer l’interview et d’emprunter un bicing pour rentrer chez lui à Poble Sec, ce passionné de photo confie que finalement ce qu’il désire avant tout c’est de pouvoir se payer des objectifs pour son appareil photo. � marjorie grassler juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 25


L'œil du Pilote en partenariat avec la galerie Artevistas

I want you ©Dédé Diame

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nom du Père

DEDE DIAME :

Au

Un Jésus-Christ qui se pointe un revolver sur le cœur. Shocking, n’est-ce-pas ? C’est ainsi que Dédé Diame, artiste postmoderne, voit l’Eglise catholique au XXIe siècle. Débat avec Patrick Royannais, recteur de la paroisse française de Barcelone.

D

e toile en toile, un Christ noir cède la place à un pape femme, puis à un Jésus célébrant la messe à grand coup de préservatifs-hosties. De la provocation, sans doute, mais un mode d’expression jugé nécessaire par Dédé Diame pour pointer du doigt la position du Vatican sur des questions de société (homosexualité, sida…), qui selon lui, desservirait le message du Christ. Pilote Urbain a invité le père Patrick Royannais, recteur de la paroisse française de Barcelone à visiter l’exposition.

Quelles sont vos impressions, à première vue ? P. Royannais : L’artiste attaque un peu sur tous les fronts. Les crimes dénoncés ici sont bien évidemment injustifiables, mais je ne suis pas sûr qu’on fasse beaucoup avancer la réflexion de cette manière. Il dénonce, certes... Et après ?

munication, qui ne voit pas le problème à laisser dire des choses pareilles.

Rien sur le fait que les temps changent et que l’Église devrait s’adapter à ces changements ? Ouvrir la papauté aux femmes, par exemple comme le suggère cette toile ? P. Royannais : Pour le moment, un pape femme, c’est absolument impossible, on irait droit au schisme.

Mais avec ce genre de refus catégoriques, de nombreux fidèles partent sur la pointe des pieds... P.Royannais : L’Église devrait reconnaître en effet que la seule vraie raison de ce refus, c’est qu’on ne l’a jamais fait. Mais si

on ouvre la prêtrise aux femmes, certains fidèles risquent de ne plus se reconnaître dans l’Église. Or le but de l’Église, c’est de faire cheminer les uns avec les autres. En

A quoi l’Église devrait-elle s’adapter ? fait, le Vatican devrait dire : « pour l’instant ça n’est pas possible, mais on y réfléchit ». Plusieurs théologiens réfléchissent d’ailleurs vraiment à la question. Mais à quoi l’Église devrait-elle « s’adapter » ? A une société contemporaine qui fait n’importe quoi avec le fric, qui laisse les pauvres dehors ? Dans cette toile qui représente un Jésus-Christ arborant les

D’après vous, qu’est-ce qui se dégage de la manière la plus flagrante de cette exposition ? P. Royannais : Il y a de la provocation là dedans. Mais que veut-il dire ? Le Christ serait-il du « côté » des homosexuels ? Dans sa représentation du Christ, c’est comme s’il était à la fois fasciné par ce visage et traumatisé par ses compro missions. Mais ne faut-il pas beaucoup d’ingénuité pour se dire que l’Église n’est composée que par des gens parfaits ?

Sur cet te toile, on peut voir le Christ brandissant un préservatif comme s’il s’agissait d’une hostie. Qu’est-ce que cela évoque chez un homme d’Église? P.Royannais : Il fait évidemment référence aux propos du Pape concernant le préservatif. Mais je pense que le véritable problème, ce ne sont pas les propos du Pape, qui ne peut pas dire que l’idéal de l’amour passe par le préservatif, mais plutôt les lacunes de son service de com-

Péché de chair: Philippe 12 France © Dédé Diame

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couleurs de l’Oncle Sam, c’est peut-être justement une « suradaptation » que dénonce l’artiste : adaptation à des valeurs capitalistes et néocolonialistes qui sévissent en particulier aux Etats-Unis ! En ce sens, le culte de l’adaptation mériterait d’être remis en question... L’Église est et doit être intemporelle. Si un jour la papauté s’ouvre aux femmes, c’est parce que les fidèles auront jugé que la vérité de leur Foi peut emprunter ce chemin là. Et non pas « pour s’adapter ». � propos recueillis par olivier crézé

La parole à l’artiste. « Cette série de peintures et d´installations a pris naissance en réaction aux propos du Pape Benoit XVI, lors de son voyage en Afrique en 2009, concernant l'usage du préservatif. Sa réaffirmation de positions sur le SIDA et ses causes sont une condamnation pour des millions de fidèles qui suivent aveuglement ses paroles et une menace pour leur vie. Le pouvoir de l'Église est considérable, ses responsabilités énormes et ses errements à la mesure des attentes de ses membres. Je n'ai pas fait cette exposition dans le but, simplement, de critiquer, mais plutôt

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« Je n’ai pas fait cette exposition dans le but simplement de critiquer » de provoquer une réaction, des interro gations, des échanges entre et avec les catholiques. Les errements de l'Église, ces cinquante dernières années, ont été nombreux et variés, par conséquent mes sources d'inspiration également. Je souhaitais, à mon humble niveau, avec toute la difficulté que cela représente, aider les pratiquants à prendre du recul par rapport à leurs idéaux et à leurs croyances. Si je suis déçu, c'est moins par la religion catholique, qui semble pour beaucoup un moyen de traverser les moments sombres de la vie, que par l'autorité religieuse du Vatican, capable de camoufler des agissements ignobles. » Citation du pape BenoÎt XVI au sujet du SIDA : « S’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs : au contraire, cela risque d’augmenter le problème ».

Amen ©

dédé diame naît à Rennes en 1980. Très tôt, il développe un goût particulier pour le dessin. Alors qu’il suit les cours du soir aux Beaux-Arts de Rennes, il se nourrit de nombreuses rencontres pour améliorer sa technique et élaborer un style propre. C’est en 2007 que Dédé s’exile à Barcelone, une des capitales de l’art de la rue. Il y peaufine son identité de peintre et invente de nouveaux concepts (toile-hologramme).


CLINIQUE DENTAIRE

Patrick Bache

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Adèle M. a testé pour vous

s

La chasse aux bouton version ultrasons

et

chocolat

Des ultrasons pour chasser les comédons ? Et pourquoi pas ! Adèle M. teste pour Pilote le nettoyage de peau High Tech à la clinique Sveltia à Barcelone. Toujours avec sa verve rieuse et sa gouaille guillerette. Entre récit et chansonnette.

A

vouez qu’à vous aussi, ça vous arrive. Même à 30 ans. Un bon vieux spot sur le visage. Et pas n’importe lequel, n’importe quand. Il faut toujours que cette saleté de pustule crible votre peau de porcelaine telle une balle en plein front. Comme un malheur n’arrive jamais seul, ce bouton, que dis-je, ce furoncle, prend racine la veille d’un rendez-vous amoureux. Le bougre ! Moi aussi, j’aurais sa peau. Ni une ni deux, vous entamez une mise à mort à l’aide de vos petits doigts, le visage collé à deux centimètres du miroir de la salle de bain. Objectif : anéantir cet ingrat intrus par tous les moyens. Et évidemment, la situation va de mal en pis : le bouton naissant devient un cratère. Je réalise que je viens de mettre à mal des semaines de coquetterie auprès de Gonzalo, mon bel hidalgo. Je suis foutue. Et oui, les débuts de relation amoureuse, ça me donne des boutons. Histoire d'assurer un minimum le service après vente, pourquoi ne pas tenter ma chance auprès de la clinique Sveltia pour rattraper mes bêtises ? Si la stratégie de l’hôtel coquin (Pilote nº54) a marché pour faire tomber Gonzalo dans mes filets, il n’y pas de raison qu’un nettoyage de peau High Tech ne m’aide pas à le garder… Allez hop ! C’est parti pour un ravalement de façade dernière génération, en espérant que mon visage bourgeonnant ne soit plus qu’un mauvais souvenir.

Femmes au bord de la crise de nerfs. -Bonjour mademoiselle M. ! Votre adresse mail ? me demande la femme de l’accueil. -Adelem.piloteurbain@gmail.com, P-I-L-O-TE-U-R-B-A-I-N tout attaché. Ahhh ! ces Français qui vous compliquent la vie, dis-je en plaisantant. -Et bien, moi, c’est un espagnol qui me 30 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

complique la vie ! me répond du tac au tac cette grande brune, à la peau impeccable. C’est sûr, l’ambiance féminine du lieu est tout droit sortie du film Femmes au bord de la crise de nerfs de Pedro Almodovar. -J’en connais un autre qui ne me rend pas la vie facile non plus ! Regardez l´état dans lequel je suis… Les questions administratives terminées, place à la visite médicale. Décidément, la clinique Sveltia prend la chasse aux comédons version ultrasons très au sérieux. -Des problèmes de santé à signaler ? Une opération ? me demande la femme médecin. -Euh… non, rien. Oh, si attendez : je suis allergique aux acariens, aux cosmétiques bio (Ça me donne aussi des boutons, décidément !) et je me suis faite opérer de la mâchoire. -De la mâchoire ? Vous avez des prothèses en métal ? Je regrette, nous devons tout arrêter, on ne pourra pas vous passer des ultrasons sur le visage, cela risque de vous surchauffer la peau. (Il ne manquerait plus que ça : après le cratère, l’incendie, la totale !) Mon univers s’écroule. Pas de nettoyage de peau aux ultrasons. Ô rage, Ô désespoir, Ô comédons ennemis… Et là, me vient un éclair de génie. -Je ne sonne pas dans les aéroports ! -Aaaaaaaah ! Vous ne sonnez pas dans les aéroports ? C’est parti alors !

À fleur de peau. Toutes deux rassurées de me savoir sans une mâchoire d’acier, place enfin à la dernière étape : le diagnostic de la peau. C’est la responsable du département technique de la clinique Sveltia qui s’occupe de moi. (Pourquoi me confie-t-on

à la plus haute hiérarchie de la clinique ? Le médecin a-t-il trouvé la situation si critique que ça ?) Le questionnaire qui suit, n’est pas là pour me rassurer : -Mademoiselle, quel est votre rythme de consommation d’alcool ? -Euh… juste le week-end, je réponds en pensant à ces gorgés de bière, avalées en semaine, après le boulot, au bar Premier, carrer Provença. (« Tonight, tonight, I want to be with youuuu ! ») -Vous mangez équilibré ? -Tout à fait, tout à fait. (Rebelote, je m’enfonce dans ma chaise, en pensant à cette assiette de Jamón ibérico de Bellota engloutie hier d’une traite, café Glaciar, Plaza Real.) -Vous fumez ? -Mouiiiii, ooooh normalement je fume cinq cigarettes par jour. Mais depuis que je suis avec Gonzalo, je frise le… paquet. (« L’amour, c’est comme une cigarette, ça brûle et ça monte à la têteee, quand on ne peut plus s’en passer, tout s’envole en fumééee… ») -Vous mettez des crèmes anti-cellulites ? -De temps en temps. Pourquoi ? Je demande de plus en plus à fleur de peau, c’est le cas de le dire. (« Je suis grosse, je suis grosse et je suis moche. On croit que je suis de la famille de Michelin, pourtant il fait 20 kilos de moinnnns ! »).

Les ultrasons, bien mieux que la vapeur. Après ce bilan -on ne peut plus glorieux- j’attends avec impatience les caches misères ultrasoniques. Je dois avouer qu’au début, je me suis dit que ce n’était pas mon truc. L’ustensile utilisé ressemble à un petit râteau de jardinage dernier cri. Rassurezvous, si effectivement on vous ravale la façade, on ne vous la ratisse pas pour autant.


Qui est Adèle M ? Ex-parisienne aux allures de Kiraz, nouvellement barcelonaise, femme de son temps, Adèle M cherche juste à être ellemême. Libre. Adèle s’atèle à cohabiter avec ses défauts, ses déboires, ses victoires, ses étourderies, ses drôleries, ses petites faiblesses en tournant le tout en dérision. Elle est maladroite, elle est gaffeuse. Elle est passionnée. Elle est rêveuse, elle est inspirée. Elle est touchante. Elle dit qu'elle testera tout et qu'elle nous surprendra.

L’esthéticienne se sert juste de ce stylo dentelé pour étaler les produits sur votre visage. Selon elle, cette technique optimise l’effet des crèmes. Elle évite surtout de passer sous la torture de la vapeur. Vous savez cette étape du classique nettoyage de peau qui vous aide à dilater les pores pour mieux retirer les points noirs. (Pardon messieurs, les femmes aussi ont un penchant pour les films d’horreur.) Combien de fois me suis-je faite la réflexion, que j’allais tout simplement mourir asphyxiée en peignoir entre un gommage et un masque. Ridicule ! Avec les ultrasons, c’est au moins ça de gagné. (Et je

m’économise par la même occasion une boutade de copains tout droit sortie du film des bronzés : « il a un problème le peignoir ? »)

Fondant au chocolat. Et puis… arrive enfin le masque au chocolat. L’odeur est digne du célèbre breuvage, l’Africain de chez Angelina, rue de Rivoli, le meilleur chocolat chaud de Paris ou encore celui des 4 Cats, carrer Montsió, à Barcelone avec une touche de cannelle. Je suis sur le point de profiter d’un moment d’absence de l’esthéticienne, pour piquer, l’air de rien, un peu de nappage du fondant qu’est devenu ma petite tête. (« J’ai tout mangé le

chocolat, j’ai tout fumé les Craven A, fallait pas me quitter tu vois, il est beau le résultat, je fais rien que des bêtises, des bêtises quand t’es pas lààà »). Trop tard, elle retire l’onctueuse crème cacaotée… La session beauté est déjà finie. Je dois avouer qu’elle a eu son petit effet. A mon grand étonnement, Gonzalo est toujours là. Enfin, pour l’instant. Nous ne sommes pas au bout de nos peines, croyez-moi. La suite au prochain épisode. Amour, Glooooire et beautééééé. � adèle m Clinique Sveltia - C /Sepúlveda, 125 Prix : 55 € - 90 minutes

juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 31


Mieux vaut prévenir que...

sexe , une pathologie Accro au

Donjuanisme, nymphomanie, performance, libido débordante, beaucoup de clichés circulent encore autour de la dépendance sexuelle. Pourtant, celle-ci s’avère être un réel trouble psychologique lié notamment à l’anxiété. Décryptage.

T

rop so u ven t c o nsi d ér é e c o m me une excuse à l’infidélité ou à l’appétit sexuel, la dépendance sexuelle est un trouble méconnu et tabou. Il est important de ne pas confondre nymphomanie et addiction sexuelle. Dans le premier cas, le problème est d’ordre physique. L'individu cherche à atteindre un orgasme qu’il ne peut connaître. Dans le second, le problème est d’ordre psychologique. Le dépendant sexuel n’atteint jamais la satisfaction émotionnelle, affective qu’il recherche. On parle de dépendance quand le sexe n’est plus vécu comme un plaisir mais représente un besoin insatiable. Il n’y a pas de jouissance dans les actes des personnes dépendantes : le sexe devient une obsession dont ils perdent le contrôle. « On parle d’addiction quand une personne est en lutte permanente entre ses pulsions et le contrôle de ces mêmes pulsions », explique à Pilote, Neus Colomer, psychologue clinique et professeur à l’Universidad Autònoma de Bellaterra, Barcelone.

Origines d’une addiction. La dépendance au sexe est un mal réel qui nécessite une prise en charge psychologique, mais quelles en sont les causes ? L’enfance du sujet doit bien sûr être prise en compte. L’enfant prend l’habitude, par le biais de ses parents, de calmer ses peurs en ayant recours à un objet, une action : « Un enfant à qui l’on donne de la nourriture en cas d’anxiété peut développer plus tard un problème d’anorexie ou de boulimie, associant l’alimentation à un remède contre l’angoisse », explique Neus Colomer. Il y a surtout chez le sujet une prédisposition génétique à l’anxiété. Les personnes sujettes à une dépendance, que ce soit l’addiction au travail, aux achats ou encore au sexe, souffrent au départ d’anxiété. La conduite impulsive et la répétition de cette conduite 32 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

La dépendance au sexe est un mal réel qui nécessite une prise en charge psychologique

sont des moyens de calmer ses angoisses. Elle enferme alors l’individu dans un cercle infernal : angoisse, pulsions, assouvissement des pulsions, culpabilité, angoisse…

Un addict au quotidien. En plus de chercher à maîtriser ses pulsions, un addict va vouloir cacher à tout prix son addiction à son entourage. C’est un combat de tous les jours avec soi-même et sa propre image. Au quotidien cette dépendance affecte le rythme de vie. Perte du travail, perte d’un conjoint, vide du compte en banque sont des conséquences fréquentes du temps et de l’argent consacrés à l’addiction. La désintoxication des dépendants sexuels est difficile car notre environnement est peuplé de stimulations et allusions au sexe : publicité, télévision, cinéma… « Le sexe est

partout et à portée de main », poursuit Neus Colomer. La dépendance sexuelle, comme toute addiction, se combat au quotidien. Des cliniques proposent un soutien psychologique, souvent sous forme de réunions de groupe, telles que celles des alcooliques anonymes. Il est difficile de se couper totalement de l'objet de son addiction. Les rechutes sont fréquentes, mais elles font partie du processus de guérison. � astrid boucher

Lire : Neus Colomer, "Las nuevas adicciones", Editions Zenith/Planeta, Mai 2010 Traitement de groupe de l’addiction au sexe: Institut clinic de sexología de Barcelona Compte d'Urgell 83, Barcelona info@insexbcn.com


art,

Se soigner grâce à l’ et pourquoi pas ?

Prendre contact avec sa vie intérieure, l’exprimer et la transformer, c’est possible. Dans le quartier de Gracia, les ateliers DAM, Danse, Art et Musique de l’Artemisa Barcelona Multiespai proposent une psychothérapie pas comme les autres.

I

l existe dans Gracia un lieu de création artistique pour prendre contact avec sa vie intérieure, l'exprimer et la transformer. Les ateliers DAM (Danse, Art et Musique) de l’Artemisa Barcelona Multiespai sont adaptés à cette démarche. Bienvenue dans l’univers d’Erika, initiatrice du projet. Et plein feu sur l’« Art qui fait du bien ».

Apaiser les maux par la création. La croissance personnelle par le dessin, la sculpture, le théâtre et la danse n’est pas née d’hier ! Déjà en Grèce antique, l’utilisation de l’art comme canal thérapeutique ayant un effet cathartique existait. C’est le 20e siècle qui donnera ses lettres de noblesse à cette psychothérapie qui prend naissance aux États-Unis, à la fin des années 50. Puis l’Europe adopte la pratique à partir des années 90. Pour

Erika, art-thérapeute originaire d’Italie et figure de proue du centre se présente comme l’escale idéale pour cette forme de psychothérapie.

Barcelone, ville stratégique pour l’artthérapie. « Barcelone est une ville très ouverte à la diffusion de la culture et de l'Art en général. Elle est aussi très réceptive à l’exploration de champs nouveaux. Et en cette période chaotique de crise économique et spirituelle, les gens cherchent à s’évader des préoccupations quotidiennes, à trouver un endroit propice au bien-être et au partage », explique-t-elle. Néo-Barcelonaise depuis 2005, Erika acquiert une expertise dans son pays natal autour de la danse. Sa formule DAM consiste en une psychothérapie qui part de l'expression artistique comme une voie d’accès au monde intérieur de l'individu. Elle utilise l'art comme

moyen d'exprimer et d'explorer le monde affectif, physique, mental et spirituel.

Suis-je fait pour l’art-thérapie ? Il n’existe pas de profil ciblé pour les ateliers DAM. Autant les petits, dès l’âge de 3 ans, que les aînés jusqu’à 90 ans trouvent leur voie de croissance personnelle. « Nous accueillons des enfants en troubles d’apprentissage et de comportement et des personnes atteintes de maladies telles que le cancer et les problèmes cardiaques, de même que des personnes atteintes d’Alzheimer. » Et nul besoin de correspondre à ces critères : votre seul désir d’aspirer à une meilleure santé, d’augmenter votre instinct créatif et d’approfondir votre capacité à résoudre des problèmes et à réduire le stress suffit à adopter la formule DAM ! Pour Erika, l’art-thérapie pourrait s’étendre au-delà de Barcelone. Mais pour l’instant, ses « patients » répondent à l’appel au quotidien et chaque journée réserve son lot de surprises... � hélène boucher Les activités d’Artemisabcn se renouvellent régulièrement sur le site www.artemisabcn.com

Erika initiatrice du projet des ateliers DAM

juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 33


Le Chat

Par Philippe Geluck / www.geluck.com

34 | Pilote Urbain | juillet - ao没t 2010


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La touche du chef

Morue confite aux trompettes de la mort Pau Reventos - La Font Del Gat

S

uquets, spécialités de poisson et de riz, une spécialité qui suffit à faire déplacer les habitués jusqu’à La Font del Gat, un restaurant intimement niché dans les Jardins Laribal, au coeur de Montjuïc. Sur la terrasse, au milieu des arbres du parc, Pau Reventos et Ana Papo proposent une cuisine catalane moderne et soignée. A la carte le week-end et au menu en semaine. Pau reçoit Pilote dans sa cuisine pour dévoiler une de ses recettes emblématiques : la morue confite aux trompettes de la mort, un « mer et montagne » simple et précis, qui résume bien sa cuisine.

80 degrés. Pour réaliser ce plat, découpez en pavés épais d’environ 200 g, des morceaux de « morro » (morue dessalée), ferme et compacte. Préparez un mélange d’huile d’olive et d’une moitié d’huile de tournesol dans lequel la morue va confire lentement. Ainsi, le goût prononcé de l’huile d’olive vierge ne prendra pas le pas sur le goût fin et puissant de la morue. Dans la concoction d’huile qui commence à chauffer, jetez

deux feuilles de laurier, un brin de thym, 1 à 2 têtes d’ail et quelques grains d’un mélange de 5 poivres. « La réussite du plat dépend de la température, 80 degrés pour une cuisson rapide et douce », explique Pau. Déposez adroitement les pavés dans leur bain. « La morue doit danser dans la casserole et ne surtout pas frire », ajoute-t-il. Si la morue danse trop fort et si l’huile est trop chaude, n’hésitez pas à rajouter de l’huile froide et à retirer la casserole du feu quelques secondes. Au bout de 5 à 7 minutes, vérifiez la cuisson à l’aide d’une pointe fine. Si elle pénètre facilement jusqu’au coeur du lomo, retirez la morue et égouttez délicatement. Après cuisson, le poisson doit être ferme et tendre, il faut sentir que le lomo est prêt à se défaire sous la fourchette.

Place à l’accompagnement et au montage. Les trompettes de la mort (fraîches en saison, séchées et réhydratées le reste de l’année) subissent le même traitement que la morue. Une grande quantité de trompettes ou d’autres champignons séchés peuvent être confis. À garder dans une

Pau Reventos, chef cuisinier à l

conserve d’huile plusieurs semaines au frais. Sur les conseils de Pau, choisir des pommes de terres de type Agria (saturées d’amidon elles absorbent moins d’huile à la cuisson), coupez les en rondelles de 5mm d’épaisseur et faites frire en deux mouvements : première immersion dans l’huile tiède, repos puis seconde plongée rapide dans une huile à 180º.

Quelques brins de ciboulette. Sur un lit de pommes de terre frites, déposez le lomo de morue dont la peau aura été préalablement enlevée. Dernier signe d’une cuisson réussie, la peau se décolle facilement. Puis recouvrir le lomo de morue d’une tranche de piment rôti au four et d’une bonne poignée de trompettes. Entourez le lomo, d’une concassée de tomate et pignon au thym et romarin pour accentuer la référence à la cuisine et au drapeau catalan comme le suggère le chef. Touche finale, quelques brins de ciboulette cueillis dans les grandes jarres qui décorent la terrasse, un filet d’huile de persil et le plat est prêt. � christophe dubéda

INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES 800 g de “morro” de morue dessalée 200 g de trompettes de la mort 4 pommes de terre Agria de 150g chacune 2 poivrons rouges rôtis au four 1 tête d’ail 2 feuilles de laurier 1 brin de thym 1 cuillère à soupe de poivre 5 baies 30cl huile d’olive vierge / 30cl d’hule de tournesol Sel, poivre, ciboulette 2 tomates pelées, épépinées, taillées en petit cubes et mélangées avec pignons, sel, poivre, thym. LA FONT DEL GAT Jardins Laribal - Passeig Santa Madrona, 28 - 93 289 04 04 Service de 13h à 16h de mardi à dimanche – Soirée sur demande pour groupes et évènements Prix moyen à la carte 40€ - Menu déjeuner en semaine 12,85€ © Cool Print SL

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Le conseil du sommelier, Eric Lahon

La Grenache

Blanche

A chaque édition, le sommelier Eric Lahon, conseillera les lecteurs de Pilote pour choisir le vin le plus approprié à révéler et sublimer les saveurs de la recette du chef. Critique gastronomique, il ne manquera pas de noter les plats et de donner son avis.

R

ecette inspirée de la gastronomie catalane, le choix du vin s’est por té sur la Grenache Blanche, un vin blanc catalan, monovariétal du cépage autochtone. Issus de vielles vignes de plus de 80 ans, il est fermenté et élevé en fûts de chêne Français (Allier) durant 12 mois avec batonnage sur lie hebdomadaire. Des arômes puissants, floraux, pelure d’abricot et notes marquées de fumé comme caractéristique variétale principale. Les poivrons, l’huile d’olive, le salé du poisson de la recette, offrent une grande diversité de saveur qui oblige à voter pour un vin corpulent, aux saveurs subtiles. Capable de se marier aux accompagnements, la Grenache Blanche laisse s’exprimer le poisson. L’alliance de ce vin et un point de cuisson optimum offre le croquant du cabillaud. Au goût, ce vin semble plus riche, plus savoureux avec une sensation de fruits plus mûrs qu’à l’odorat. Persistant, il permet de découvrir en rétro-nasal durant plusieurs minutes, ses notes d’épices et ses herbes aromatiques. Sans aucun doute un vin de grande personnalité, surprenant par son élégance et sa puissance. Il accompagnera dignement tout plat cuisiné, gastronomique et s’exprimera de manière optimum à la température de 9-10 degrés. � eric lahon

Que pense le sommelier du plat ? « Selon moi, la touche du chef réside essentiellement sur la qualité de la cuisson du poisson et le croquant qui était réussi »

La note du sommelier : le lieu : Max 10/20 - et le plat Max 12/20.

Qui est Eric Lahon ? Critique des vins et organisateur de dégustations pour le Club des souscripteurs de Lavanguardia.. Eric Lahon est surtout vigneron, producteur dans le Priorat. Il est diplômé d’un master en oenologie et viticulture.

Vin présenté : BLAN LOU 2008 Bodega Mas LAHON Denominación de Origen MONTSANT En vente : Mas LAHON – C/ Aragon 145, bjos 1º, 08015 Barcelona Tel : 666.40.99.71 mail : info@maslahon.com Prix : 14,00€/bouteille en caisse de 6 bouteilles

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A la carte Fratelli la bufala (Eixample)

PACO ALCALDE L'Italie s'offre à vous avec ses meilleures recettes de la cuisine napolitaine. Fratelli La Bufala a construit sa renommée sur sa viande de buffle et sa mozzarella de buffle. C'est la spécialité de ce restaurant. Mais comme tout bon restaurant italien qui se respecte, une sélection de pâtes vous est proposée et surtout chose rare, des pizzas originales disponibles à la carte pour 9€50. Chaque jour un menu du midi à 10€. Une excellente adresse !

C/ Pau Claris, 72 <M> Urquinaona Tél. 934 814 963 - www.fratellilabufala.com Ouvert tous les jours, du lundi au vendredi de 13h à 16h et de 20h30 à 00h, le samedi et dimanche de 13h30 à 16h et de 20h30 à 00h30.

RESTAURANT ALADIN (Eixample Dret

Tout près de la Sagrada Familia, dans la célèbre avenue de Gaudi, le Restaurant Aladdin vous invite à venir visiter son lieu si particulier. La décoration et la cuisine ne trompent pas, l'ambiance orientale nous submerge. Le service est courtois, discret et très efficace. Des spectacles de musiciens, chanteurs et danseuses, sont fréquemment organisés par le Restaurant Aladdin pour ajouter un côté spectaculaire au plaisir culinaire.

(Barceloneta)

Le Restaurant Paco Alcalde est un restaurant familial fondé en 1921. Il est devenu le restaurant le plus authentique de la Barceloneta, où en plus du poisson frais acheté chaque jour, vous trouverez les meilleurs fruits de mer, les fameuses paellas et les recettes à base de riz qui ont fait la renommée de ce lieu. La décoration rappelle l'environnement typique du pêcheur.

C/ Almirall Aixada, 12 <M> Barceloneta Tel. 932 21 50 26 Ouvert tous les jours de 12h30 à 17h et de 20h à 00h. Fermé le mardi, sauf veille de fête et jours fériés. www.pacoalcalde-restaurante.com

LOCAL BAR (Born)

Ouvert tous les jours de 12h à 01h

C/ Ases 7 Fossar de les Moreres | Tél : 93 319 13 57 Ouvert tous les jours de 9h00 à 2h30, vendredi et samedi 9h à 3h. www.localbar.es / www.myspace.com/localbarbarcelona

Av. Gaudi, 50 <M> Sagrada Familia Tél. 934 46 34 67 www.aladdinbcn.com

ROUGE BAR

REUNIÓN CAFÉ RESTAURANT (Eixample)

Classique et élegant, le restaurant Reunión Café dispose d’une décoration soignée rappellant une brasserie traditionnelle. La cuisine méditerranéenne et catalane est toujours composée des meilleurs produits du marché. Organisation de repas pour groupes ou célébrations. Déjeuner : Lundi au dimanche de 13h à 15h45. Dîner : Mardi à jeudi de 20h à 23h, vendredi et samedi de 20h30 à 23h30. Caféteria : Service toute la journée à partir de 8h.

C/ Fontanella, 14 <M> Urquinaona Tél. 93 342 76 13 www.reunioncaferestaurant.com

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Idéalement situé dans le Born, le Local Bar est le repère des évènements culturels. Sambafrique, Delicadencia et chaque dimanche l’évènement The Sunday Joint, rythment les soirées de la semaine. Profitez des petits-déjeuner salés ou sucrés pour vos matinées. Le soir règne une ambiance festive, chaleureuse et animée. On y retrouve l’âme des soirées barcelonaises. WIFI gratuit.

(Poble Sec)

Comme son nom l’indique ce bar est entièrement paré d’un rouge profond. Une atmosphère particulière anime les lieux. Une adresse incontournable qui vous séduira par le charme qui y règne et sa qualité de service.

A la carte retrouvez toutes sortes de cocktails C/ Poeta Cabanyes, 21 <M> Paral.lel / Tél : 934 424 985 Ouvert mercredi et dimanche de 20h à 1h ; jeudi, vendredi et samedi de 20h à 3h


LA FIBULA (Poble Sec)

Situé dans la charmante rue piétonne de Poble sec, Carrer Blai, ce restaurant-salon de thé est une véritable merveille tant par son décor que par la qualité de ses produits. C’est la porte ouverte sur le Maroc, dès votre entrée vous êtes surpris par la reproduction fidèle du style architectural, des lampes et autres objets de décoration. Les plats maison font honneur à la réputation de la cuisine marocaine et le tout est couronné avec succès par une large sélection de thés et de pâtisseries arabes. Une invitation au voyage dans un lieu authentique, fier de pouvoir partager les richesses de sa culture.

Vente à emporter de thés et pâtisseries arabes. C/ Blai, 46 / Ouvert tous les jours de 9h à 22h. Tel. 93 442 48 35 www.eventos-arabes.com

KABARA (Raval)

Bienvenue au croisement des cultures avec comme point central la Palestine. Les nationalités y sont diverses, l’ouverture d’esprit et l’authenticité culinaire uniques. Le restaurant Kabara abrite en son sein le Dukani, qui signifie en palestinien magasin. C’est un projet sans but lucratif destiné à soutenir la cause des agriculteurs palestiniens (www.philistin.fr).

HIMALI (Gràcia)

Ouvert de mardi à dimanche dès 20h. Fermé du 9 au 25 août pour vacances d'été. www.myspace.com/lovelymissq C/ Junta de Comerç, 20. Tel. 93 412 76 98 Ouvert tous les soirs dès 19h (fermé à midi). Horaire du Dukani : jeudi, vendredi et samedi soir de 19h à 21h. info@kabara.org / www.kabara.org

Himali a la fierté d'être le premier restaurant népalais à Barcelone et en Espagne. Il vous propose des produits traditionnels des Montagnes de l'Himalaya, des viandes rôties cuisinées dans un four tandoori népalais et une variété de plats végétariens très sains. On vous recommande le plat typique du Népal qui est le Dal Bhat ou bien la spécialité maison appellée momo. Menu de la semaine pour seulement 9€25. Profitez du service à emporter.

C/ Milà i Fontanals, 60-68. Tel. 93 285 15 68 Ouvert du mardi au dimanche de 13h à 16h et de 20h à 00h.

LES 7 PORTES (Barceloneta)

Situé sous les portiques « d'en Xifré », édifice classé monument historique, le restaurant 7 Portes reste depuis 1836, fidèle à la plus pure tradition culinaire catalane. Cette enseigne emblématique de Barcelone a vu passer les plus grandes personnalités de ce monde, de Dali à Gaudi en passant par Miro et Picasso, ce restaurant fait partie intégrante de la grande histoire de la capitale catalane. Sachez que plus de 80% de la clientèle opte pour la paella qui est déclinée en quatre versions. Vous pourrez y déguster, dans l'intimité ou dans l'un de ses salons privés, les meilleurs crus et « cavas » d'Espagne, qui reposent à l'abri de la grande cave située sous le restaurant.

Pg. Isabel II, 14 <M> Barceloneta / Tel. 93 319 30 33 Ouvert tous les jours de 13h à 1h. - www.7portes.com – reservas@7portes.com

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Escapade

60 secondes en chute libre

Un plongeon de 4 000 mètres au dessus de la Costa Brava, suivi d’une chute libre de 60 secondes à 200 km/h. C'est ce que propose l’Ecole de Parachutisme Skydive à Empuriabrava. Thierry Trabarel, directeur de publication de Pilote s'y est risqué. Récit.

S

ans aucun doute, Santi Corella, mon moniteur de saut en parachute, est un vrai pro. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il inspire confiance (voir encadré). Heureusement, car une fois dans l’avion ou plutôt le « coucou » qui semble dater des années 60, la montée à 4 000 mètres est assez rapide. Sous nos yeux, la découverte des rades de Roses, d’Empuriabrava, de Cadaquès. Au loin, les Pyrénées, sans oublier l'azur de la Méditerranée. Puis, les dernières consignes de Santi tombent : au sortir de l’appareil, surtout ne pas oublier de bien poser sa nuque sur l’épaule de ce dernier et garder les mains sur les lanières (afin d’éviter d’assommer votre ange gardien au moment du saut… Sinon, il faut se débrouiller seul dans le vide !) C'est sans conteste la sortie de la cabine qui reste le moment le plus impressionnant. Quelques secondes d'attente, la tête en dehors de l’avion, le bruit des moteurs...Le vent déforme déjà mon visage. Arrive enfin le feu vert de Santi pour donner l’impulsion. C'est parti ! Tout va très vite. Le souffle coupé, terrifié par ce que je viens d’accomplir, la prise de vitesse est incroyable. Je tourne sur moi-même, abasourdi par le bruit du vent. Au bout de 2 secondes, je réalise, que tout va bien : Santi est toujours là. Je me relâche enfin et profite de 58 secondes de chute libre, de paysages aux images satellites, de cette expérience inoubliable, d’un moment hors du temps qui ne semble plus jamais s’arrêter. Puis la voile s’ouvre et je descends cette fois en douceur, pendant 7 à 8 minutes. Les panoramas défilent sous nos yeux et j'ai la sensation de voler jusqu’à l’atterrissage complètement maîtrisé par Santi. � thierry trabarel

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Santi CORELLA, instructeur depuis 1986. Instructeur et examinateur PAC en Tandem pour la FAE (Federación Aeronáutica Española) et l'USPA (Unites States Parachute Association), Santi débute en 1986. Il a plus de 15 000 sauts à son actif. Conseiller à la sécurité et d'entraînement de la FAE, il est aussi membre de la Commission Nationale de Parachutisme. Son palmarès : • Meilleur sportif de l´année DGA 1991 Le Skydive Empuriabra• 24 fois champion d’Espagne toutes disciplines confondues va, le plus grand centre • 4 Records du Monde de grande formation (1999, 2002, 2004, 2006) d'Europe. C'est un des 3 plus • Record du Monde de temps en chute libre (6' 47") en 2009 grands centres au monde et le • Record du Monde de vol en chute libre (20,445 km) en 2005 plus grand d'Europe. Chaque année • le 1er à avoir volé sur les 2 pôles, Nord et Sud y sont réalisés plus de 120 000 sauts. • Le seul à avoir volé sur l’Antarctique en 2007 Le Team est composé de 18 personnes au sol, de 5 pilotes, 18 moniteurs, 6 vidéastes pour 2 avions d’une capacité de 22 personnes et 8 sauteurs. Ici, s’entrainent régulièrement les équipes d’Espagne, de France ou de Belgique, et passent beaucoup de stars comme: Alvaro Bautista, pilote moto grand prix 250cc ; Mickael Schumacher, 7 fois champion du monde de F1 ; Raquel Revuelta, présentatrice TV ; l'acteur Vincent Cassel, Valentino Rossi, 9 fois champion du monde de moto grand prix etc.

Comment se former ? Si vous décidez de devenir parachutiste, votre formation commencera par le cours PAC (Progression Accompagnée en Chute Libre) en niveau 1. Vous serez accompagné par deux instructeurs pour chaque saut, qui vous tiendront les bras. Grâce au harnais du parachute, ces derniers vous corrigeront si nécessaire et vous apporteront confiance et sécurité. L’objectif est de vous lâcher petit à petit. Pour ce premier niveau, il vous en coûtera 530,40 € + 72,00 € d’assurance. Ce prix comprend les cours théoriques, le saut en tandem, le niveau 1 PAC, la location du matériel, les vols à l’altitude de saut, l’encadrement en chute libre de deux moniteurs, la vidéo en chute libre du niveau 1PAC, l’assistance radio sous voile, le carnet de saut, les lunettes de saut.

Laissez-vous tenter ! LE CLUB VOUS OFFRE SON NOUVEAU TEE-SHIRT AVEC CET ARTICLE

Les tarifs individuels pour : ->Tandem 202 € ->Cursillo mini-PAC 449 €

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SECTOR AEROCLUB, s/n – Appartat de Correus, 194 - 17487 EMPURIABRAVA – Spain Tel +34 972 45 01 11 - fax +34 972 45 07 49 – www.skydiveempuriabrava.com juillet - août 2010 | Pilote Urbain | 41


Après la récré

Arquikids ou l'architecture éducative

I

Atelier conception de plan. ©

arquikids

nvent i v i té et professionnalisme. C’est ce qui se dégage des activités d’Arquikids. Cette plate-forme offre aux enfants la possibilité d’approcher le monde de l’architecture par le jeu. Comprendre l’espace, stimuler l’imagination et la créativité, donner des clés pour comprendre la ville et savoir en prendre soin. Tels sont les objectifs d’Arquikids, qui fête cette année ses deux ans. L’entreprise travaille en collaboration avec des musées, des écoles, et propose des ateliers dans son centre environ une fois par mois. « Nos ateliers ne ressemblent pas à des cours. L’idée est de partir du jeu pour permettre aux enfants d’expérimenter la ville et de comprendre par des principes d‘architecture », explique Solange Espoille, architecte et fondatrice d’Arquikids. Les enfants se montrent très réceptifs et ravis par ces activités

qui leur permettent de mieux comprendre et apprécier leur environnement. « L’architecture éducative commence à prendre de l’impor tance en Europe. En Finlande, l’architecture fait même partie du programme scolaire », poursuit Solange. Du 26 au 30 Juillet, l’atelier « Yo veo lo que tu no ves ! », est proposé aux enfants de 4 à 12 ans, qui pourront construire leur ville imaginaire. Une semaine qui s’achèvera par une remise de diplômes et une présentation du travail des enfants. Une activité à ne pas manquer, inscrivez-les vite ! � astrid ferriere Adresse : c/ Cardener Nº 35, Bajos 08024 Barcelona Web : www.arquikids.com Contacte : info@arquikids.com Tel : 635 688 583

La Granja

U

ne c h o s e e s t s û r e , s i v o u s confiez vos enfants à La Granja, Cristina, directrice de l’établissement, les accueillera à bras ouverts, « Ils sont comme mes enfants ! », confie-telle. A 42 kilomètres de Barcelone, dans la commune de Montseny, se trouve une vaste ferme où les enfants apprennent à connaître la nature et les animaux. Pendant l’année, La Granja reçoit des éco les et le mois de juillet est consacré aux colonies. Les parents choisissent en tre différentes formules : deux, trois ou cinq semaines. Les enfants, de 4 à 14 ans, arrivent à la ferme à 9 heures. Au menu : équitation, basket, piscine, pro menade dans les bois, jeux en pleine nature. «Nous voulons que les enfants profitent de la nature, qu'ils soient au maximum à l’extérieur », nous explique Cristina. Plus qu’un centre de vacan ces ou un grand terrain de jeu, c’est un lieu où l’on apprend à se connaî tre et à s’ouvrir aux autres. « Je voudrais que 42 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

les enfants aient plus de contact avec d’autres modes de vie que le leur. J’essaie d’inviter des enfants venant d’éco les américaines ou anglaises », poursuit Cristina. Car La Granja propose également des cours d’anglais. Les enfants de 9 à 14 ans peuvent participer à des activités en langue anglaise. Tout le monde rentre chez soi à 17h30, et attend le lendemain avec impatience. � astrid ferriere

©

arxiu la granja

Adresse : Passatge Sanata s/n (finca) de Santa Maria de Palautordera (Barcelona-Montseny) Proche de la station RENFE (300 mètres) Web : www.la-granja.net Téléphone : 93 848 11 25 Fax : 93 848 22 03 Réservations : raquel@la-granja.net Entrée du domaine ©

astrid ferriere



Maître, une question ! Texte : M aria E. Pontigo Drabs

Reconnaissance des sentences étrangères en

Espagne

Maître Maria E. Pontigo Drabs, avocate francophone au barreau de Barcelone répond à vos questions. Ce mois-ci, répond à la question des droits reconnus en Espagne à la suite de jugements prononcés dans l’Union européenne et à l’étranger En Union européenne. Lorsqu’un jugement et une sentence ont été prononcés à l’étranger, vous pouvez la faire reconnaître en Espagne afin de faire valoir vos droits reconnus sur le territoire espagnol. Ainsi, une sentence liée à la question du contrat civil ou du commerce, de l'assurance ou des consommateurs va requérir l'exequatur (reconnaissance de la sentence après avoir été qualifiée par un juge, qui ne refait pas un jugement mais vérifie qu’elle respecte certaines règles). Cette reconnaissance se sollicite auprès du juge espagnol en lui remettant la sentence originale, certifiée par l'autorité compétente (en France par le Tribunal de Grande Instance, en Belgique par le Tribunal de Première Instance, au Luxembourg par le Président du Tribunal d'Arrondissement) et la traduction assermentée. Mais toutes les sentences ne doivent pas passer par ce processus : les sentences liées à la séparation, le divorce, la nullité matrimoniale, la responsabilité parentale, le droit de visite, la garde et l’hébergement (sauf si contenu économique), ne doivent pas passer par le système de l'exequatur car leur reconnaissance est automatique. En réalité, seule la sentence originale et son certificat émis par les autorités correspondantes seront nécessaires afin de faire valoir en Espagne le contenu de la sentence provenant d'un Etat membre de l'UE. Mais si, en plus de la reconnaissance, vous désiriez faire exécuter la sentence. C'est-à-dire si vous désirez faire accomplir de force la sentence par les tribunaux espagnols (parce que le débiteur réside en Espagne ou y a des biens, par exemple). Ici en plus de l'exequatur ou de la reconnaissance automatique, vous devez solliciter le certificat qui rend la sentence exécutable. Vous présenterez alors une demande d'exécution forcée au tribunal espagnol compétent, par l'intermédiaire d'un avocat et d'un avoué « procurador ». L'exécution est immédiate.

Hors Union européenne. Si la sentence est émise par un tribunal suisse, norvégien* ou islandais*, un exequatur similaire devra être sollicité. Dans tous les autres cas, vous devrez recourir à un avocat internationaliste qui appliquera une convention spécifique 44 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

sur la matière ou une convention bilatérale entre le pays d'origine de la sentence et l'Espagne. Chaque convention étant dif férente, chaque sollicitation de reconnaissance de sentence sera, elle aussi, différente. Attention : ceci est une explication très simplifiée des systèmes de reconnaissance de sentence. La réalité juridique est très complexe et requière souvent une étude approfondie dans le cas par cas. * Ces pays, quoique européens, appliquent des règles différentes.

Dans notre prochain numéro… Pendant les vacances, on loue son logement situé dans un autre pays par Internet, par agence, etc. En cas de soucis le consommateur est bien plus protégé qu'il ne le croit. Posez vos questions quant à un souci relatif au bail locatif de villégiature de vacances. En vacances, on profite aussi des bonnes offres pour acheter un électroménager, un laptop, téléphone portable ou autre dans un pays étranger. Mais que se passe-t-il si de retour au pays, le matériel ne fonctionne pas correctement ? Où et comment faire valoir ses droits ?



Horoscope  BELIER

(21 /03 – 20 /04)

Si vous êtes engagé depuis longtemps dans une relation amoureuse, vous vous poserez bien des questions. Le mieux serait d'avoir une discussion vraiment franche avec votre conjoint ou partenaire, vous y verrez cer tainement plus clair ensuite. Célibataire, pour rencontrer l'amour, élargissez vos horizons.

 TAUREAU

(21 /04 – 21 /05)

Une crise conjugale menacera votre Ciel bleu. Gardez tout votre sang-froid en cherchant des solutions rationnelles et réalisables. Sachez qu'aucun problème n'est vraiment insoluble. Dans le travail, vous serez à la fois très convaincant et diablement efficace, vous obtiendrez tout ce que vous désirez.

 GEMEAUX

(22 /05 – 21/06)

Votre coeur sera bouleversé, chaviré. Vous préférerez les liaisons dangereuses aux amours tranquilles. Inutile de vous dire que si vous continuez sur ce rythme, il risque d'y avoir du sport ! En revanche, Mars et Mercure seront deux alliés précieux pour vous aider à réaliser des prouesses professionnelles.

Le Chat

 CANCER

 LION

(23/07 – 22 /08)

En amour, une belle harmonie pourrait être quelque peu compromise à cause de vos coups de tête intempestifs habituels. Guidé par la planète Pluton, vous serez tenté de forcer les choses. Si vous exercez une profession libérale, elle devrait vous procurer de très grandes satisfactions morales et financières.

 VIERGE

(23 /08 – 22 /09)

Vous connaî t re z d'intenses moments de bonheur amou reux et d'autres où le doute s'i ns t a l l e r a. D e s é l é m e n t s ex tér ieur s vous feront tout craindre, mais avec un peu de bon sens et de diplomatie vous trouverez le bon chemin. Ne vous laissez pas emporter par des sentiments contradictoires et sans fondement.

Par Philippe Geluck /

46 | Pilote Urbain | juillet - août 2010

(22 /06 – 22 /07)

Vous ressentirez de plus en plus un besoin d'harmonie et de douceur dans votre vie. Sous l'impulsion de Saturne, vos amours seront très favorisées. Attention aux projets mal ficelés et aux initiatives intempestives. Sous l'impulsion de Mars, vous aurez tendance à vous montrer trop confiant en affaires.

www.geluck.com

 BALANCE

(23 /09 – 22 /10)

Si vous rêvez d'amour merveilleux, vous serez déçu. Redescendez sur terre et ne laissez pas divaguer votre esprit inutilement. Au travail, vous serez dans une bonne période pour prendre des engagements et vous impliquer plus. Il semble qu'une promotion ou une augmentation de salaire n'est plus très loin.

 SCORPION

(23 /10 – 22 /11)

Cette période sera animée côté coeur, soit que vous fassiez une rencontre importante, soit que vous consolidiez de façon spectaculaire une relation existante. Grâce à une excellente configuration astrale, vous connaîtrez ces jours-ci des changements positifs dans votre vie professionnelle. Prenez du temps pour vous.

 SAGITTAIRE

(23 /11 – 21 /12)

Tout ira parfaitement bien sur le plan amoureux pour tous les natifs du signe. Montrez-vous sous votre meilleur jour, même sur le plan matériel, soyez toujours tiré à quatre épingles. Les planètes Neptune et Pluton se révéleront vos meilleures alliées. Grâce à leur action, vous aurez les pieds bien sur terre.

 CAPRICORNE

(22 /12 – 20 /01)

Il est possible qu'en ce moment vous vous désintéressiez complètement de l'amour et soyez occupé à chercher d'autres plaisirs. Si vous devez prendre une importante décision sur le plan professionnel, vous serez bien inspiré. Le Soleil, Jupiter et Mars, ces trois planètes veilleront sur votre santé.

 VERSEAU

(21 /01 – 19 /02)

Votre vie de couple sera enfin au beau fixe. Les nombreux natifs qui ont traversé une zone de turbulences conjugales vont pouvoir retrouver un meilleur contact avec leur partenaire. Sur le plan professionnel, vous viserez haut, et vous aurez bien raison, car Jupiter vous soutiendra de tout son poids.

 POISSONS

(20 /02 – 20 /03)

Vénus va vous enflam m e r : vous tomberez alors très facilement amoureux et les couples depuis longtemps mar iés, ret rou veront des élans dignes de leur voyage de noces. L'acharnement et la ténacité dont vous faites preuve vous permettront de mener à son terme un projet difficile et terriblement ambitieux.




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