Urbania #18 Célébrité

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www.urbania.ca HIVER 2007 / numéro 18 / CÉLÉBRITÉ / FABRIQUÉ AU QUÉBEC / 7,95 $

UN S S LE TOU

NÉ T S E R A T S E E 13 G PA N E ILS A T DÉ

! E


« Quand j’ai appris QUE JE FAISAIS LA COUVERTURE D’URBANIA, j’ai pas dormi de la nuit ! » — ROBERT WILKINSON

Sommaire

PAGE 7 La célébrité en chiffres! // PAGE 9 Vox pop : Urbania enquête sur le tapis rouge au Gala de l’ADISQ // PAGE 13 Magazine Idol : Une star est née, Robert Wilkinson à la conquête du monde! // PAGE 15 Rencontre avec nos six étoiles : Chantal Mandeville!, Brandy Navarre!, Richard Marcotte!, Stéphane de Normétal!, Thierry Havitov!, Linda Paquette! // PAGE 26 ENTRE NOUS : confidences DE Vos vedettes préférées! // PAGE 29 Ce qui grouille dans l’ombre : Le blogueur Drunken Stepfather passe au confessionnal! // PAGE 33 Les chroniques de Mr. Showbizz : Histoires d’amour, maison de stars, conseils mode et vidage de sacoche avec quatre groupes de la relève! PAGE 38 L’art d’être star : Le vrai visage de l’artiste contemporain Marc-Antoine K. Phaneuf! // PAGE 41 DRING DRING POW POW : Les Justiciers masqués nous livrent leurs secrets et astuces... // PAGE 42 Célébrité à haut débit : Fiches à collectionner de vos vedettes YouTube! // PAGE 44 Que sont-ils devenus? : Nos journalistes ont retrouvé vos vingt has beens préférés! // PAGE 47 L’ÂGE DE RAISON : Un reportage touchant sur la cour à scrap de la célébrité! // PAGE 51 ROCK ON : ANOUK LESSARD CROQUE LE PORTRAIT DE STARS DE LA SCÈNE MUSICALE D’ICI // PAGE 67 Un nom en héritage : Être enfant de star… pas toujours facile! // PAGE 69 reportage EXCLUSIF : incursion dans la vie d’un journaliste artistique! // PAGE 75 Wall of fame : Photos-choc des plus beaux murs de célébrités à Montréal! // PAGE 80 Je brille, donc je suis! : Notre rapport à la célébrité… // PAGE 82 Vivre avec un homo vedettus : Tout sur la vie à deux avec une star! // PAGE 87 Name Dropping : extraits d’une conversation compromettante captée au Continental... // PAGE 91 Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la vente de reliques d’assassins célèbres! // PAGE 94 Une BD-rencontre avec l’auteur le plus lu de la planète! // PAGE 98 Le potineur professionnel Aleksi K. Lepage se vide le cœur sur la célébrité!


ÉDITO Y es-tu fin? Es-tu fine? C’est la question que tout le monde pose à la délicieuse chroniqueuse de Flash, Anne-Marie Withenshaw. L’image des vedettes que nous renvoient le petit écran et les magazines à potins correspond-elle à la réalité? Sommes-nous bernés? C’est pour répondre à ces questions que nous sommes allés à la chasse aux célébrités sur les tapis rouges du tout Montréal, dans les lancements clinquants, dans les partys jet-set et sur le profil Facebook de Lucie Laurier. Nous avons interrogé leur valet, leur groupie et même leur sosie. Tout ça pour découvrir que les vedettes, au bout du compte, elles sont comme nous autres. Stars are just like us. Bien oui, Johnny Depp mange des pâtes ben simples, pis Véro pète comme tout le monde. Nous l’avons sentie ! En même temps, prendre de la coke, courir les tapis rouges, signer des autographes aux policiers au lieu de payer son ticket, pouvoir ramener une fille différente dans son lit tous les soirs même quand on a la gueule de Martin Petit, est-ce la réalité du vrai monde? Non, mais c’est certainement celle dont beaucoup de monde rêve et voudrait profiter en étant connu. C’est d’ailleurs ce que les 100 participants au concours Magazine Idol : faites la couverture d’Urbania et devenez une star ont tenté de nous dire en répondant à l’appel lancé. Ils étaient prêts à sacrifier leur vie privée, à vendre leur âme au diable juste pour leurs 15 minutes de gloire. Nous avons finalement choisi un énergumène qui est allé jusqu’à se faire tatouer des logos de compagnies québécoises (et la face de Stéphane Dion...) sur le crâne pour attirer l’attention. Mais pas juste pour ça. Pour Robert Wilkinson, faire la couverture du magazine était le meilleur moyen de regagner le respect de sa fille qui croit qu’il est un bon à rien. Il était le seul à concevoir la célébrité comme un véritable outil, et non comme une fin. Pis en plus, y est fin! L’équipe d’Urbania

Crédits de la couverture — Photo : Stéphane Milhomme, agoodson.com — Maquillage-Coiffure : Nicolas Blanchet, folio — Retouche-photo : Patrick Lavoie, 2m2.ca — Stylisme : Annie Gignac — Pantalon et écharpe : kris van assche chez michel brisson — Ceinture : Maison Martin Margiela chez Michel brisson — Chaussures : Hugo Boss chez Ogilvy — Colliers : Goti

éditeurs Philippe Lamarre · Vianney Tremblay rédactrice en chef Catherine Perreault-Lessard direction artistique Philippe Lamarre, Toxa conception graphique Noémie Darveau · Feed · Morgan Guégan · Tania Chiarotto collaborateurs Mélanie Baillargé · Noémie Bégin · Patrice Bériault · Edouard Bond · PierreAlexandre Buisson · Guillaume Corbeil · Marie-Ève Corbeil · Patrick Cormier · Eric Demay · Gabrielle Desbiens · Catherine Depelteau · Sébastien Diaz · André Dubois Émilie Dubreuil · Maxime Dumont · Vincent Grégoire · Marie-Claude Hamel · Pascal Henrard · Aleksi K. Lepage · Véronique Labonté · Julie Laferrière · Stéphanie Langelier · Shayne Laverdière · Evlyne Laurin · Judith Lussier · André Marois · Marie-Claude Marsolais · Sophie Massé · Isabelle Ménard · Charles Messier · François Méthé · Stéphane Milhomme · Laura Montgomery · Marlène Paquin · Alain Pilon · Émilie Pelletier · Laurent Pinabel · Maggie Plourde · Alain Reno · Erika Reyburn · Gabriel Rodrigue · Antoine Rouleau · Pascale Therrien · Mélissa Verreault ventes publicitaires Patrick John-Lord Joseph · 514.989.9500 · pub@urbania.ca // abonnements 1 an (4 numéros) : 25 $ · 2 ans (8 numéros) : 44 $ · Prix avant taxes. Pour vous abonner à Urbania, contactez Express Mag au numéro sans frais 1.800.363.1310 ou par Internet au www.urbania.ca/abonnement. Vous pouvez poster votre coupon d’abonnement à : express mag, 8155, rue larrey, montréal (québec) h1j 2l5. // impression Quadriscan correcteurs : Violaine Ducharme · Charles Messier distribution lmpi dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec, 2007 · Bibliothèque nationale du Canada, 2007 © 2007 magazine urbania inc. Le contenu d’Urbania ne peut être reproduit, en tout en en partie, sans le consentement écrit de l’éditeur. Urbania est toujours intéressé par vos idées, articles, photos et illustrations : redaction@urbania.ca issn 1708-0320 poste-publications Inscription #40826097 magazine Urbania 3708, boul. saint-laurent, montréal (québec) h2x 2v4 · tél. : 514.989.9500 téléc. : 514.989.8085 · info@urbania.ca · www.urbania.ca Nous reconnaissons l’aide financière accordée par le gouvernement du Canada pour nos coûts d’envoi postal et nos coûts rédactionnels par l’entremise du programme d’aide aux publications et du Fonds du Canada pour les magazines

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12 $

Coût d’une balade en Econoline décapotable dans les rues de Hollywood pour découvrir où vivent les stars.

Prix payé par Brad Pitt et Angelina Jolie pour un yacht d’une longueur de 240 pieds comprenant trois ponts, six chambres, une piscine et une piste d’atterrissage pour hélicoptère.

Numéro du vol d’Air Canada dans lequel Carl Marotte, alias Pierre Lambert, prenait place lors d’un écrasement à l’aéroport de Frédéricton. Heureusement pour nous, le chat s’en est sorti indemne.

1716 1943

Le célèbre colley Lassie apparaît pour la première fois au grand écran.

Nombre d’amis Facebook de Lucie Laurier

Prix payé par une célébrité pour l’entretien à vie de son étoile sur le Walk of Fame de Hollywood.

82 9 25 000 $

Prix à payer pour inviter Paris Hilton à votre party. Pour les pauvres, Shannen Doherty se déplace pour 10 000$.

276 145 911 $

Nombre de photos de Matthew McConaughey en train de faire du surf dans les pages du People chaque semaine.

100 000 $ US

72%

EN CHIFFRES

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Nombre de jours d’attente avant que David Lahaye accepte de devenir l’ami Facebook de notre cher éditeur Vianney.

acteurs ont obtenu un rôle dans la série Watatatow. Seulement 5 ont joué dans les 13 saisons.

5000 $

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Nombre de dollars rapportés annuellement par l’œuvre de William Shakespeare, la célébrité disparue la plus rentable de l’histoire. Encore plus que le King.

Montant de la poursuite déposée par la famille du Star Wars Kid en dommages et intérêts contre les familles des collègues de classe de leur enfant qui ont diffusé sa vidéo sur YouTube.

Pourcentage de surcouverture médiatique dédiée à Britney Spears en 2007. Elle est la star la plus surexposée de l’année selon le magazine Forbes.

646

millions

célébrité

Montant payé par un Hongkongais pour équiper sa voiture d’une plaque d’immatriculation au nom de BRUCELEE.

15

350 000 $

Nombre de minutes passées par Nicole Richie en prison pour conduite sous l’influence de drogues.

2

Nombre de fausses boules de Bianca Gervais


x o V p Po PHOTO ET CONCEPT : Patrice Bériault ASSISTANTE : Evlyne Laurin

POI À

L  !

On est débarqué à l’Autre Gala de l’a disq avec notre photomaton maison : un box de 7 x 6 pieds, fabriqué avec de vieux draps, dans lequel les interviewés devaient se prendre en photo. Voici les questions que nous avons posées aux artistes les plus cool (et les plus paquetés) de la soirée, ainsi qu’aux never been de l’École du show-business qui ont fait la ligne pendant une demi-heure pour répondre parce qu’ils croyaient devenir big en se faisant poser dans un magazine qu’ils ne connaissaient même pas... 1 Vous êtes célèbre pour… 2 À quelle célébrité vous a-t-on déjà comparé(e)? 3 Avec quelle célébrité aimeriez-vous passer la nuit ?

Ariane Moffatt

auteure-compositeure-interprète

de Malajube

1 Mon côté exhibitionniste 2 Avec ma moustache, ma blonde me dit que je ressemble à une star porno des années 70 3 Madonna parce que c’est une femme d’expérience...

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Frédérick de Grandpré

bassiste du groupe 3 gars su’l sofa

crooner

1 Mon côté célébrante. Disons que ça ne m’en prend pas gros pour faire le party 2 Astro le petit robot 3 J’aimerais faire un threesome avec Vanessa Paradis et Johnny Depp

1 Mes dreads 2 Sideshow Bob 3 Frédérick de Grandpré, parce qu’il a de beaux yeux

1 Ma discipline de fer 2 Colin Firth ou Mark Walhberg, et je ne parle pas du temps où il faisait des pubs pour Calvin Klein 3 Kate Winslet

Gregory Charles

Philippe Fehmiu

Daniel Grenier

1 Appeler mes amis à 3h am 2 Carlton, le nerd de Fresh Prince of Bel-Air 3 Christie McNicol

1 Mon ceviche 2 Tout le monde me prend pour Herbie Moreau 3 Nelson Mandela

1 Être emo 2 Jack Nicholson, parce que j’ai la même coupe de cheveux 3 Dalida

Felix-Antoine Leroux

Ghyslain Dufresne

Pierre VEilleux et Daniel Mercille

1 Avoir joué dans le film La Grenouille et la baleine 2 Gregory Charles 3 Veronika de Loft Story

1 Avoir mangé le Monstre au resto El Zazziumm 2 Brigitte Bardot, pour son odeur 3 Jean-François Mercier. J’ai toujours rêvé de passer la nuit avec un barbu

1 Être les mini Justiciers Masqués 2 Pierre Brassard 3 Mitsou. On lui arriverait juste à la bonne hauteur

homme orchestre

Mathieu Cournoyer

Guillaume Meloche-Charlebois

alias DJ Horg

animateur et documentariste

le frisé des Chick’n’swell

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membre des Chick’n’swell

nains de service

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V

André Ducharme

chanteuse

auteur et humoriste

1 Mes maladresses 2 France d’Amour! 3 Sébastien Chabal, le joueur de rugby

1 Faire ce que je peux avec le peu de grandeur que j’ai 2 Le petit du Groupe sanguin 3 La première qui dira oui...

Pascal Gagnon

Mathieu Dumont

1 Mon sarcasme. Je dis rien pis le monde rit. Regarde, t’as ri! 2 Nathan de Loft Story 3. Même les itinérants me prennent pour lui 3 Kylie Minogue, parce qu’elle est sexy et fragile

Marco Calliari

étudiant à l’École du show-business

auteur-compositeur-interprète

Patrick Malo

Jérémie Charron

Virginie C. Vandelac

ferblantier

maquilleuse

1 Avoir l’humour de Martin Matte 2 Éric Lapointe et/ou Keanu Reeves 3 Angelina Jolie, parce qu’elle est calme

1 Mon sourire accrocheur 2 Alexandre Despatie, pour son visage 3 Jessica Alba, pour faire un tour de bateau avec elle

1 Créer de beaux teints lumineux 2 Penélope Cruz 3 Nicolas Cage, il a de petits yeux sexy descendants

Marie-Mai Bouchard

ÉVLYNE LAURIN

Hugo Mudie

Jorane

1 Mes talents de fabrication de citrouilles d’Halloween 2 Marco Calliari. J’ai son pinch pis toute 3 Gwen Stefani

1 Mon attitude positive, déterminée 2 On dit que j’ai la même énergie sur scène que Gwen Stefani 3 Jared Leto, il est tellement sex!

Marième N’diaye

directeur de tournée

journaliste à l’Heure hip-hop et membre du groupe CAE

directeur des ventes

blogueur et air bête

auteure-compositeure-interprète

1 Mes crêpes 2 J’ai déjà eu la coupe de cheveux de Natalie Portman 3 Je voudrais voir la mer avec Michel Rivard

1 Pour mon blogue banbangblog.com/ jetsetderuelle 2 Elvis Costello 3 Paris Hilton, pour la fourrer

1 Ma sauce à spag 2 J’ai le sourire de Snoopy 3 Garfield, parce qu’il a l’air confortable

Olive Brochu

Michèle Saint-Pierre

Pierre Nicolas

Les Grandes Gueules

1 Mon nom! 2 Pascale Bussières 3 Vin Diesel, il a une maudite belle gueule!

1 Mes talents d’improvisatrice 2 Marie-Lise Pilote. Chu méchante! 3 Richard Gere. Il doit avoir de belles pantoufles!

1 Être un entraîneur de foot superstar 2 Un acteur porno 3 Alicia Keys parce que je la trouve grrrrrr et hmmmmm

1 Avoir un uppercut dévastateur à la Wii / Avoir une haleine exécrable après avoir mangé du brie mariné à l’ail 2 Pierrette Robitaille / Brad Pitt 3 Angelina Jolie / Brad Pitt

chanteuse pop

agente de publicité

photographe

future gérante d’artistes

entraîneur de football et doorman

1 Être poche en cuisine 2 On dit que j’ai la même énergie sur scène que Bruce Springsteen 3 Renato Carosone, l’homme qui a révolutionné la chanson napolitaine

1 Ma voix miel et cassonade 2 Fatou N’Diaye du film Un dimanche à Kigali 3 Denzel Washington

Sans Pression

Alain Lefèvre

Gus Van Go

Jean-François Mercier

Francis CloutieR

1 Avoir chanté le côté sombre de Montréal 2 DMX, j’ai la même rage dans mes textes 3 Beyoncé, c’est un très bon choix

1 Mon amour des gens! 2 On m’a déjà dit que je ressemblais au Prince Charles… Ce n’est pas vrai! 3 Avec un chat qui fait du cinéma

1 Être le gars trop gentil 2 James Hyndman 3 Milla Jovovich

1 Être le gars frustré 2 Brad Pitt ou Elvis Gratton. Tout le monde pense que c’est moé 3 Angelina Jolie parce que ça ne risque pas d’arriver. Moé, j’veux pas de problèmes de couple

1 Être le meilleur au jeu Halo sur la X-Box 2 Mick Jagger et Elizabeth Taylor 3 Je voudrais dormir en cuillère avec Emmanuelle Béart et/ ou Christiane Charette

rappeur

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Isabelle Boulay

pianiste et compositeur

réalisateur et musicien

auteur et humoriste

membre des Chick’n’swell

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animateurs et humoristes

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photos : Stéphane Milhomme, agoodson.com

Il y a quelques semaines, nous lancions le concours Magazine Idol. À l’aide d’un communiqué de presse et d’une petite annonce judicieusement placée dans le Journal de Montréal, nous invitions monsieur/madame-tout-le-monde à soumettre leur can­didature pour faire le front du magazine et, accessoirement, devenir une vedette. Une centaine de personnes ont répondu à notre appel et 25 d’entre elles furent convoquées en audition. Pendant nos deux jours d’entrevues, nous en avons vu de toutes les couleurs : des filles de 14 ans qui veulent devenir des vedet­tes pour montrer leur «linge énergique»; des femmes de la Rive-Nord qui se trouvent photogéniques; des mères d’enfants non-voyants qui espèrent une petite tape dans le dos; des gothiques qui s’imaginent crucifiées sur la couverture; des victimes de la bactérie mangeuse de chaire; des sosies d’Hilary Swank; des fans de Lionel Richie; des petits Grégory Charles; des danseurs latinos; des slammeurs; des chanteurs de restos; des célibataires; des mannequins; des barmaids; un gros... Parmi tous ces candidats de qualité, un seul nous a vraiment charmés : Robert Wilkinson.

Pour être honnête, on connaissait déjà Robert. En février dernier, il avait accepté de se faire tatouer la face de Stéphane Dion sur la tête pour notre numéro Vert. Quand nous l’avons revu en audition 10 mois plus tard, quelle ne fût pas notre surprise de voir que son crâne était recouvert de logos. tqs, Rock Détente, ckmf, le Journal de Montréal, McDo, la saq, Céline... Un PubliSac sur deux pattes. « J’ai essayé de m’inscrire au Record Guinness, raconte-t-il. Ils ont finalement refusé en me disant que personne ne voudrait essayer de battre mon record… »

Quand on lui a annoncé qu’il allait faire la page couverture du magazine, le rocker de six pieds n’en croyait pas ses oreilles. « Quand j’ai appris la bonne nouvelle, j’en ai pas dormi de la nuit! dit-il. J’me suis loué Spiderman 3 et je ne l’ai même pas écouté! Encore aujourd’hui, j’ai d’la misère à le croire! » Anciennement dans le domaine de l’entretien mé­ na­­­ger, Robert a troqué sa moppe pour la guitare. Fan inconditionnel d’Ozzy, il s’inspire du soleil pour composer des chansons qui ressemblent, selon lui, à celles des b.b. À 41 ans, la célébrité ne lui fait pas peur. Comme Michèle Richard, Robert

est déjà habitué au regard des autres : partout où il va, ses tatous ne passent jamais inaperçus. S’il nous a proposé de faire la couverture du maga­zine, ce n’est pas tant pour avoir de l’exposure : c’est pour entrer en contact avec sa fille de 15 ans, qu’il ne voit plus. « Je veux lui montrer que je suis quelqu’un de bien et détruire les préjugés qu’elle a sur moi, dit-il. Je sais que ça ne nous rapprochera pas nécessairement, mais je veux juste qu’elle me voit et qu’elle réalise que je ne suis pas un loser. Je suis quelqu’un de bien.» Y a pas de doute, Robert a déjà l’étoffe d’une star. Ce gars-là va aller loin.

Pour visionner les extraits des auditions, consultez le site www.urbania.ca urbania 18

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en tr evu ! e

Ma relation avec René a toujours été de type amourhaine...

c hantal man d evi lle Fan des p’tits Simard

Dans son garage d’Acton Vale, Chantal Mandeville a érigé un véritable mausolée en l’honneur de ses idoles. C’est dans ce lieu de culte tarabiscoté qu’Urbania a rencontré la groupie numéro un du beau René et de sa sœur Nathalie. interview : Mélissa Verreault — photo : Marie-Claude Hamel

✰ Pourquoi avoir choisi de monter une collection dédiée aux Simard ? À six ans, je vénérais déjà René. Il avait quatre ans de plus que moi et j’le considérais comme mon grand frère. J’voulais tellement lui ressembler ! J’ai donc commencé très jeune à ramasser des choses sur lui. À l’école, plutôt que d’acheter des bonbons sur l’heure du midi, j’achetais des journaux à potins ! ✰ Que retrouve-t-on dans ta collection ? Y a plusieurs objets à l’effigie de René et Nathalie que j’ai fabriqués: tapis, cendrier, jeu de cartes, casse-têtes, carton d’allumettes, boîte de Kleenex, bolo, boules de Noël, planche à repasser… On trouve aussi des 33 et des 45 tours, des milliers de photos, des huit pistes, du linge de collection, un costume qui a appartenu à René, et j’en passe ! ✰ Comment t’es-tu procuré tous ces articles ? J’en ai commandé directement du Japon, j’en ai acheté dans des ventes aux enchè-

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res et j’en ai même trouvé dans des boîtes que des gens avaient mises au chemin. Les photographes de journaux à potins m’ont refilé la plupart des photos, et les employés de Guy Cloutier m’ont donné plusieurs cartons grandeur nature. J’ai cumulé tellement de matériel que, maintenant, les journalistes et les recherchistes font appel à moi quand ils ont besoin de documents sur les Simard ! ✰ Estce que ces derniers ont déjà vu ta collection ? Y savent qu’elle existe, mais l’ont jamais visitée. En 2004, l’année du « scandale Guy Cloutier », René et Guy Cloutier étaient censés venir visiter le loft de 1300 pieds carré que je louais à Montréal pour exposer ma collection. À la dernière minute, ils ont annulé en disant que ça réveillerait trop de souvenirs pour René. J’lui en ai voulu pendant deux ans… ✰ Justement, que penses-tu de ce fameux scandale ? Ça ne m’intéresse pas. J’suis pas une po-

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tineuse. Cette histoire-là me rappelle surtout que René a refusé de venir me visiter. ✰ Lui as-tu pardonné depuis ? Ma relation avec René a toujours été de type amour-haine… J’lui en veux, mais ça finit par passer, comme dans n’importe quel couple. ✰ Que pense-t-il de cette passion que tu entretiens à son égard ? Je l’ai entendu en entrevue et il disait qu’à 40 ans il fallait décrocher de ce genre de fanatisme. Qu’à ce stade-là, ça devenait malsain. Il parlait des fans en général, mais j’me suis sentie visée et ça m’a blessée... ✰ Pourquoi ? Parce qu’il ne comprend pas ce que je fais ! C’est comme les gens qui n’ont jamais bu d’alcool : ils comprennent pas le fun qu’un alcoolique a quand il boit. C’est un vice difficile à expliquer, un peu comme ma collection !

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Chaque fois qu’un média a diffusé notre photo de Britney, on faisait 400 000 $.

bran dy navarre

Copropriétaire de l’agence de paparazzi X17 à Los Angeles Emmerdeurs du grand Hollywood, traqueurs rusés du Prince William, les paparazzi font rondement rouler les In Touch et les People de ce monde. La propriétaire de l’une des plus grandes agences de paparazzi de Hollywood, Brandy Navarre, en sait quelque chose. On a rejoint la businesswoman à l.a., pour qu’elle nous livre les hints du métier. interview : Gabrielle Desbiens — photos : Agence x17 + Patrick Cormier

✰ Qu’est-ce que ça prend pour être un bon paparazzi? N’importe qui peut le devenir s’il a de la motivation, du guts et du flair pour dénicher les stars. Prenez ce vétéran de la guerre du Vietnam qui vivait dans la rue. Il nous disait qu’il croisait souvent des stars et qu’elles le saluaient. On lui a payé un cellulaire et on lui a proposé de devenir notre informateur. ✰ Et ça a marché? Dès qu’il voyait une vedette, il nous appelait. Avec l’expérience, il est devenu efficace et on lui a donné un petit salaire. Avec le temps, il a réussi à se payer un Nikon de 5000$ et un appart. Aujourd’hui, ça fait cinq ans qu’il bosse pour nous ! ✰ Combien ça rapporte? Une photo plus ou moins floue, qui ne révèle pas de gros scoop et qui paraît dans un petit espace sera vendue 200 $. Les photos exclusives de starlettes en déboire peuvent aller dans

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les 10 000 $. ✰ Quel est le meilleur coup de votre agence? Britney qui se fait raser le coco! Au moment où elle se coupait les cheveux, elle a regardé droit dans l’objectif de notre photographe. C’est la photo qu’on a vue partout : à cnn, fox, dans les magazines à potins internationaux… Chaque fois qu’un média l’a diffusée, on faisait 400 000 $. T’imagines l’argent qu’on s’est fait ? Malheureusement, ce genre de coup n’arrive pas tous les jours. ✰ Certaines mauvaises langues disent qu’il y a des ententes entre les agences et les stars. Est-ce vrai? Nous ne payons pas les stars pour les prendre en photo. Ce sont elles qui se rendent compte de notre pouvoir et qui décident de travailler avec nous en nous donnant parfois leur itinéraire quotidien. Mais peu importe si elles disent oui ou non, on va être là de toute façon… ✰ Pourquoi les pourchas-

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sez-vous? Contrairement à ce que plusieurs pensent, nous ne souhaitons pas nuire aux stars. Nous sommes là pour les fans. Nous voulons leur livrer l’information la plus véridique possible et surtout leur donner des bonnes nouvelles sur leurs idoles. Nous préférons de loin leur dire que Britney va bien que de leur dire qu’elle est toute à l’envers! ✰ Avez-vous peur du phénomène du people paparazzi ? Ces gens de la rue qui prennent des photos avec du matériel non professionnel ? Au contraire, nous achetons souvent leurs photos. Récemment, une jeune femme a pris le boxeur Oscar de La Hoya en lingerie féminine et nous a vendu ses clichés. Une fois publiés, ils ont fait un scandale! Le boxeur a intenté des poursuites! Ça, c’est du bon matériel… et de la grosse argent!

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C’est surprenant de voir à quel point les vedettes se ressemblent dans la vraie vie.

ric hard marcotte Valet des stars

Richard Marcotte est valet au chic resto Da Emma depuis dix ans. Entre deux stationnements parallèles, il en profite pour se faire photographier avec les plus grandes stars de la planète. Clooney, Jolie, Mitsou… Aujourd’hui, les murs de sa cabane hébergent presque plus d’étoiles que le Walk of Fame d’Hollywood. Intrusion dans sa constellation. interview : Vincent Grégroire — photo : Marie-Claude Hamel + assistante : Maggie Plourde

✰ M’sieur Marcotte, comment doit-on aborder une vedette ? Faut pas que tu sois agressif ni que tu aies l’air intimidé : ce sont des gens normaux. Avant, j’avais de la difficulté à mettre ça en pratique, mais aujourd’hui c’est plus facile parce que j’suis connu… Ça arrive que les chauffeurs m’emmènent la star en lui disant : « Va dans sa cabane, tu vas voir, ça vaut la peine ! » ✰ Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? Certains font semblant de parler au cellulaire. Dans ce temps-là, faut pas trop les déranger. D’autres adoptent le style caméléon : lunettes noires , barbe pas faite… Dans ce tempslà, c’est moins évident de les reconnaître. Mais c’est surprenant à quel point certaines se ressemblent dans la vraie vie. Angelina, Halle Berry, Cate Blan­

chett… sont aussi belles que dans leurs films ! ✰ Combien de portraits avez-vous cumulés à ce jour ? Environ 200, mais ma cabane commence à être trop petite pour tous les afficher, alors ça pose un problème… Quand les vedettes reviennent manger ici pis qu’on m’avertit à l’avance, je fais des rotations pour qu’elles se voient sur le mur ! ✰ Qui avez-vous préféré rencontrer ? Robin [Williams] est fantastique. Y a un gros sens de l’humour, y fait tout le temps des bruits avec sa bouche… un vrai clown ! On jasait pis je le faisais tellement rire qu’à un moment donné son chauffeur est venu lui dire qu’il était temps d’aller manger. Il avait trop de fun avec moi, tu comprends ! ✰ Pis Johnny Depp, y es-tu fin ? Lui pis Vanessa [Paradis] sont

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ben fins, y se prennent pas pour d’autres. Johnny, il mange pas des mets extravagants, toujours des pâtes ben simples. Il est un peu réservé, mais il est pas prétentieux… En tout cas, pas avec moi. ✰ Halle Berry ? Halle, quand elle s’est fait poser avec moi, elle me mangeait quasiment l’oreille. Ma femme était jalouse quand elle a vu la photo ! Pis Maria… ✰ Maria Bello ? C’est ça, elle m’a fait une grosse accolade, pis elle m’a embrassé sur la joue pour la photo. Elle pensait que j’étais le proprio ! ✰ Merci, M’sieur Marcotte. Ça m’a fait plaisir, veuxtu qu’on se prenne en photo ?

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en tr evu ! e  Aujourd’hui, je me considère vraiment comme un artiste à part entière.

Sté phan e d e No rm étal Ex-Star Académicien

De son village d’Abitibi-Ouest, Stéphane Mercier a toujours voulu suivre les traces de son idole : Elvis. Un jour, le sylviculteur a décidé de troquer sa tronçonneuse contre une guitare et de tenter sa chance à Star Académie. Entrevue sur les osties de high et les gros down de la « télé-célébrité ». interview : Mathieu St-Onge — photo : Marie-Claude Hamel + assistante : Maggie Plourde

✰ Pourquoi as-tu décidé de t’embarquer dans Star Académie ? Je joue du piano et de la guitare depuis que je suis tout jeune. Jusque-là, je m’étais toujours produit devant mes amis et mon monde en Abitibi. Je me suis inscrit à Star Académie pour voir ce que j’avais vraiment dans le ventre. ✰ Que pensestu de l’image qui a été projetée de toi pendant l’émission ? Dans ces affaires-là, on en met toujours plus que le client en demande. J’ai voulu faire mon showman et j’ai fait pas mal de niaiseries. Ça fait qu’il y a pas mal de gens qui m’ont pris pour un genre de clown… Si c’était à refaire, je prendrais un peu plus mon trou. J’essaierais de moins faire le show et de me concentrer plus sur ma musique. ✰ Pendant Star Académie, comment ça se passait quand tu donnais des spectacles en Abitibi ? C’était assez spécial. Pendant la tournée, on est allé donner trois spectacles à Rouyn et il y avait une vraie ferveur des

gens pour moi. Les responsables de Star Académie m’ont même laissé chanter une de mes propres chansons sur scène. Ça a été un ostie de high ! En 2003, mes fans (ndlr : les Stef’Fans, pas de blague...) ont aussi fait un genre d’exposition sur moi dans mon village de Normétal. Ils ont exposé mes souvenirs d’enfance, mes photos, mes objets, des mots des fans que j’avais reçus… Ça a été extrêmement visité, il y a même eu des gens du Nouveau-Brunswick qui sont descendus pour voir ça ! ✰ As-tu connu des bouts plus rough aussi ? Pendant la tournée Star Académie, j’ai commencé à prendre de la coke. On travaillait beaucoup et je comblais mon manque d’énergie avec ça. Quand on a terminé les shows, j’ai eu un gros down, parce que tout à coup, j’avais pu autant d’attention. Ça a duré une couple de mois, mais je m’en suis finalement sorti grâce à ma famille pis mes chums. ✰ Après la tournée,

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es-tu retourné vivre en Abitibi ? Non, parce que, pendant, j’ai rencontré un fan qui avait accroché sur mon histoire et qui m’a offert de me prêter une de ses maisons à Laval. Un an plus tard, je l’ai achetée avec ma femme. Mais c’est sûr que je retourne souvent dans mon patelin… ✰ Es-tu toujours considéré comme une rockstar là-bas ? Aujourd’hui, les gens viennent toujours me parler pour m’inviter à souper ou prendre une bière. Ils ont l’impression de me connaître, mais je ne sais pas si ça fait de moi une « célébrité ». En tous cas, j’ai maintenant mon propre label de disque et je viens de lancer mon premier album solo, alors je me considère vraiment comme un artiste à part entière. Pour revivre l’exposition « Stéphane de Normétal », commanditée entre autres par le Bar Coco de Normétal, Disco Rollande de Normétal, le Club de l’Âge d’Or de Normétal, sans oublier le McDo de Rouyn, rendez-vous sans plus tarder au www.stephanemercier.com.

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Quand tu les sors de leur univers de superstar, les vedettes se laissent aller grave !

THIERRY havitov Copropriétaire du Time Supper Club

Au Time de Montréal, les stars se défoncent à coup de bouteilles de champagne rosé. Quand il ne se déhanche pas sur les tables de son bar avec elles, le proprio Thierry Havitov s’éclate à Palm Springs aux côtés de Lindsay Lohan et ses copines. La grosse classe. Rencontre avec l’un des seuls Montréalais qui peut se vanter d’avoir grindé avec Hilary Duff. interview : Véronique Labonté — photo : Marie-Claude Hamel + assistante : Stéphanie Langelier

✰ Pourquoi les célébrités viennent-elles faire la fête à Montréal ? Ici, c’est le Nouvel an trois jours par semaine, 52 semaines par année. Les quatre saisons nous rendent un peu malades mentaux et les célébrités aiment ça. Cette énergie n’existe pas ailleurs ! ✰ Comment fais-tu pour les attirer au Time ? Parce que j’organise des partys aux quatre coins de la planète, j’ai développé un réseau de contacts auquel les autres propriétaires de bars n’ont pas accès. Cette année, par exemple, j’ai loué la maison de Frank Sinatra en Californie pour l’événement Music Loves Fashion. Je me suis ramassé dans le jardin avec une centaine de personnalités, dont Kelly Osbourne et Paris Hilton. ✰ Quelle est la première personnalité à avoir franchi les portes ? En 2003, Angelina Jolie est venue avec Olivier Martinez pour notre premier anniversaire.

Deux semaines plus tard, 24 célébrités sont débarquées le même soir pour le Grand Prix : Mr. Big de Sex and The City, Kiefer Sutherland, Ethan Hawke... C’était énorme ! ✰ Est qu’il y a une guerre entre les bars pour recevoir les vedettes ? Beaucoup de propriétaires font des offres gigantesques aux célébrités pour qu’elles passent la soirée dans leur établissement. Au Time, on n’embarque pas dans ces games-là : si Madonna veut sortir dans notre club, elle va venir. Pas besoin de la payer pour ça. ✰ Les stars font-elles la fête comme toi et moi ? Quand tu les sors de leur univers de superstar, elles veulent s’amuser et faire la fête comme tout le monde. Ça se déchire, ça boit de l’alcool, ça se défonce. Plusieurs se sont laissées aller grave ! ✰ Come on, Thierry, on veut des exemples... Léo a littéralement défoncé la baraque, Bono s’est mis à danser

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dans le VIP et Kiefer Sutherland a bu son scotch à même la bouteille. Il y a aussi une célébrité avec qui j’ai parlé de cul pendant une heure et demie. ✰ Qui ? Je ne mentionnerai pas de nom. Ah les vedettes, ça sait pas vivre… Dans les tabloïds, on voit seulement leur côté trash, mais dans la vraie vie, je dirais que 80% des stars gèrent bien l’alcool. Le champagne, ça nous rend tous un peu bubbly… ✰ Est-ce qu’il y a des potins de stars qui sortent du Time ? Tant que c’est propre, je donne des infos aux médias. Si ça devient personnel, ça ne sort pas. Pourquoi vouloir détruire la vie de quelqu’un ? Les gens s’en foutent de savoir que quelqu’un de connu est venu chez nous, qu’il a bu quatre litres de vodka, qu’il a vomi dans le sous-sol et qu’il a giflé une invitée. Même si ça s’est passé, ça ne les intéresse pas, non ? ✰ Ah non ?

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Je suis pareille comme Céline, sauf pour les autographes. Moi, je signe CéLinda.

Li n da Paq u ette Sosie de Céline

Linda Paquette est pareille comme Céline. Elle a la même face longue, les mêmes manies et, à six ans, elle avait le même toupet croche qu’elle. Aujourd’hui, la sosie gagne sa vie en faisant du lipsync sur My Heart Will Go On et Dedededanse dans ma tête. Rencontre avec la Céline Dion de Saint-Augustin. interview : Marie-Ève Corbeil — photo : Marie-Claude Hamel + assistante : Maggie Plourde

✰ Comment as-tu démarré ta carrière de sosie? Il y a douze ans, je regardais un bulletin de nou­ velles où il y avait un sosie de Roch Voisine. Il invitait les gens qui ressemblaient à des vedettes à téléphoner à son agence pour tenter leur chance. Mon mari m’a filmée pour le fun en train de chan­ ter Des mots qui sonnent. Quelques semaines plus tard, je me produisais dans les bars, les cen­t res d’achats, les mariages et les marchés aux puces. Quand j’ai eu du succès, j’ai commencé à faire des congrès. ✰ En spectacle, comment est-ce que ça se passe? Je fais du lipsynch. Pour les mou­ vements, je n’ai même pas besoin de la regarder en spectacle pour faire comme elle. Ça me vient naturellement. Je sais que c’est dur à croire, mais dès qu’il y a la musique et du monde, je vis les

émotions de la même façon que Céline les vit. Je suis comme elle, sauf pour les autographes. Je signe CéLinda. ✰ L’as-tu déjà rencontrée? René m’a déjà invitée personnellement dans sa loge au Centre Molson pour un spectacle. Quand elle m’a vue, c’était comme si elle me connaissait depuis toujours. Elle m’a donné des beaux gros becs! Elle est tellement simple! ✰ À part le physique, qu’avez-vous d’autres en commun? Son père Adélard a toujours mangé de la crème glacée à l’érable et aux noix. Mon père aussi! ✰ Dans la vie de tous les jours, tu dois te retrouver dans des situations cocasses, non? Un jour, je suis allée dans une petite pizzeria à Montréal. Le propriétaire était convaincu que j’étais Céline. J’avais beau lui dire que non, il me croyait pas et me

répondait que j’avais les mêmes alliances qu’elles. À un moment donné, j’étais vraiment tannée et je lui ai dit que j’étais la vraie Céline. Croyez-le ou non, il a téléphoné à sa belle-mère pour qu’elle vienne me voir au resto… ✰ T’arrive-t-il de profiter de ton statut de sosie? Au Château Frontenac, par exemple, ils me reçoivent comme si j’étais Céline: ils m’ouvrent les portes et ils me traitent aux petits oignons. Dans les gros hôtels, même quand il ne reste plus de place, je n’ai jamais de problème à me stationner! ✰ Finalement, dis-moi, au fil des années, est-ce que ton succès t’as monté à la tête? Je suis toujours restée moi-même. Je ne serais pas capable d’être snob, c’est pas dans ma personnalité. Moi, je suis une vraie de vraie québécoise. Comme Céline! Merci au Royal Palace (48, boul. des Laurentides à Laval)

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Star just s are like you !

ENTRE NOUS CONFIDENCES DE STARS

Un beau matin, on s’est dit que ce serait pas pire d’aller à la pêche aux stars. Ça fait qu’on a comme lancé des questions sur la célébrité à une couple de vedettes par courriel et sur Facebook. Juste de même, pour le fun. Le lendemain, quand on est arrivé au bureau pis qu’on a vu qu’on avait reçu des réponses d’Éric Salvail et de Patrick Bourgeois, on s’est dit qu’il fallait peut-être prendre ça au sérieux. On a décidé d’upgrader ça en méga-sondage auprès d’une trentaine de vedettes. Elles ont toutes acceptées d’y répondre, sauf Lucie Laurier et Mahée Paiement, qui trouvaient que les questions étaient trop compliquées. Sans rancune les filles. Voici donc les résultats de notre cueillette. photo : Eric Demay Mon pire moment avec un fan ? Je me réveille d’un one-night stand avec les flashs de quelqu’un qui me prend en photo. Rushant... — Francis Ducharme J’ai réalisé que j’étais une personnalité connue quand un gars m’a dit qu’il aimait ce que je faisais pendant qu’on urinait chacun de notre bord dans une salle de bain publique. Depuis, c’est arrivé plu­sieurs fois… On ne s’habitue jamais à se faire complimenter en même temps qu’on tient notre pénis pour faire pipi. — Alex Perron Le lendemain de la diffusion du dernier épisode de Minuit le soir, où mon personnage Marc perdait la vie, une dame a traversé son comptoir au marché Jean-Talon pour venir me prendre dans ses bras et me dire : « C’est bon de te voir vivant. J’ai de la peine comme si j’avais perdu un fils ». Ouf ! — Claude Legault Pendant que je faisais une chronique en direct au Grand Blond avec un show sournois, un homme est venu déposer dans ma boîte à lettres une série de photos très troublantes de porno ultra-cheap : lui, en érection dans le bain, la tête arrachée de la photo afin que je ne puisse pas l’identifier ; lui, avec deux filles au lit… Un jour, il m’a téléphonée

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en me demandant comment j’avais trouvé ses pho­ tos. Même si j’étais horrifiée, j’ai joué la fille pas impressionnée. Plus tard, je me suis rendue au poste de police. En riant, on m’a répondu : « Vous faites des chroniques à la télé ? Vous avez juste à moins sourire mademoiselle, ça va arrêter ! » Comme si c’était de ma faute si un malade me pourchassait! Par la suite, j’ai déménagé, changé de numéro de téléphone et j’ai enlevé mon nom de l’annuaire. — Marie-Soleil Michon Est-ce que j’ai déjà utilisé mon statut de célébrité pour obtenir quelque chose ? À part pour du sexe, je vois pas... — Patrick Masbourian Un jour, la petite fille de neuf ans d’un ami m’a sauté dans les bras et m’a chanté au complet sans se tromper, d’une voix ferme et touchante, ma chanson Les Saisons (six refrains et couplets). Sa mère m’a dit qu’elle lui chantait cette chanson tous les soirs pour l’endormir. — Raoul Duguay Lorsque je vois ma photo dans un magazine, j’ai l’impression que c’est irréel, que c’est une image détachée de moi, un peu comme si c’était quelqu’un d’autre qui posait. — Anne-Marie Cadieux

La personne qui m’a le plus inspirée dans ma car­ rière est de loin Charlie Chaplin, parce qu’il a le talent de porter à la fois les chapeaux d’acteur, de réalisateur, de scénariste, de produc­teur et de compositeur. J’admire sa vision cinématographique et sa critique sociale. — Angelo Cadet J’ai déjà utilisé le nom de mon ami Éric Salvail pour avoir une meilleure place dans un resto… Et ça a fonctionné! — Isabelle Racicot J’ai réalisé que j’étais devenue une célébrité quand j’ai été invitée au Salon international du livre de Québec. Il y avait tellement de monde que ça a provoqué une émeute! L’armée a même dû intervenir pour disperser les gens et me sortir de là. — Marie Eykel Une femme s’est déjà précipitée sur moi dans un ascenseur. Elle s’est serrée contre moi en disant aux autres occupants : « J’aurais jamais pensé être à côté de ça dans ma vie. J’en dormirai pas de la nuit ». — Serge Laprade Quelqu’un m’a déjà dit : «Vous là, vous... Ha! Je vous suis dans tous vos commerciaux...» — Geneviève Brouillette

J’ai réalisé que j’étais une célébrité quand ça m’a pris 40 minutes pour acheter du savon dans un Jean Coutu de Chicoutimi le lendemain de mon premier gala de l’adisq. — Ariane Moffatt

Mon meilleur moment avec des fans ça a été quand les boys de Simple Plan m’ont dit en entre­ vue qu’ils enregistraient mes émissions lorsqu’ils étaient jeunes! — Denis Fortin

Le matin, en me réveillant d’une aventure, la fille me dit : « Attends que je raconte à ça à mes amies que j’ai couché avec Chicoine ! » Puis, elle ajoute qu’elle aimerait faire de la télé. Mettons que j’ai pogné un assez gros down… Normalement, dans une situation de cruise, la fille décroche du fait qu’on soit une vedette après une heure et il s’installe une relation plus sincère. Quand je me suis rendu compte que certaines personnes restaient accrochées là-dessus, ça m’a rendu un peu parano. J’ai changé d’un coup. Ça a été une vraie douche froide. — Fabien Dupuis

Mon pire moment avec des fans, c’est la première fois que je me suis fait reconnaître par des gens dans un bazar organisé par mes amis sur Papineau. Ça faisait environ une semaine que les diffusions de Watatatow étaient commencées... Un gars ani­ mait avec un micro sur une petite scène et m’a demandé de monter pour donner de l’argent. Je n’avais absolument rien sur moi. Il s’est mis à dire : « Voyons, une star de télé, ça fait de la grosse argent. » Il a fallu que je lui répète que je n’avais rien sur moi à plusieurs reprises. Puis, en descendant de la petite scène, une dame m’a interceptée pour me montrer à son mari. Il ne me reconnaissait pas. Elle lui dit : « Ben oui, c’est la petite qui a la bedaine à l’air ! » J’avais un manteau ouvert, elle a levé mon chandail et m’a tapé sur la bedaine. Je suis sortie de là et j’ai pleuré. — Sophie Cadieux

J’ai su que j’étais une célébrité quand mon nom est apparu dans les mots cachés du TV Hebdo. — Alain Dumas La seule chose qui permet à un artiste d’avoir les moyens de ses ambitions, c’est sa notoriété. Même les grands puristes qui refusent le jeu des médias y sont soumis. — Marc Boilard J’ai réalisé que j’étais une célébrité quand un sansabri saoul m’a crié dans la rue : « Hey Christopher! T’es drôle en tabarnac mon gars ! Je t’aime ! » — Christopher Hall Un jour, je chantais à Chicoutimi et dans la salle, il y avait un fan qui était venu de Montréal en mobilette pour assister à mon spectacle! Après cette soirée-là, il m’a suivie pendant quelque temps. Même s’il n’a jamais été déplacé, j’ai eu le sentiment que c’était beaucoup trop d’amour pour moi… — Louise Portal Ma grande inspiration, c’est Michel Jasmin. Très jeune, je jouais le rôle de l’animateur avec mes cousines dans mon sous-sol. Je posais des ques­ tions en reproduisant son mimétisme. Bob Barker a également été une grande inspiration. — Éric Salvail

Après une longue séance d’autographes, un fan m’a suivi jusque chez moi. J’étais furieux. Quand je me suis rendu compte qu’il voulait simplement ma signature parce qu’il n’avait pas pu se rapprocher de moi à cause de son handicap, j’ai feelé cheap pour un boutte. Je lui ai donné pleins de choses des b.b. — Patrick Bourgeois J’ai souvent utilisé mon statut de célébrité pour entrer au cinéma, à la cabane à sucre, dans les spectacles, etc. Surtout quand j’étais à la radio ckoi. En fait, je n’ai presque jamais eu à insister. Même pour les contraventions, la police me deman­ dait un autographe. — Lucien Francœur Mon idole est Serge Gainsbourg. Une belle sale gueule géniale et irrévérencieuse! — Dany Turcotte Le dernier potin que j’ai entendu à mon sujet était que j’avais fait un trip à trois avec Iggy Pop et David Bowie. J’aime cultiver le mystère. — Rémi-Pierre Paquin

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J’ai réalisé que j’étais une célébrité quand j’ai fait le cover de Filles d’aujourd’hui en juillet 1995. Je venais de me faire enlever mes broches et j’étais fier d’y montrer mes dents. Après ça, je ne suis pas allé au dépanneur pendant un mois. — Mathieu Grondin Un fan m’a écrit pour me dire que sa blonde s’était barré dans le dos en riant alors qu’elle me regardait à la télé et qu’elle avait perdu une journée de travail. — Rachid Badouri Ma soeur qui se prénomme Patricia (original, n’est-ce pas?) figure dans le bottin téléphonique sous l’inscription P. Masbourian. Un jour, elle reçoit un coup de téléphone d’une vieille dame qui lui demande si elle peut parler à Patrick ou Patrice Masbourian. Ma soeur lui demande pourquoi et la dame lui répond : c’est parce que je suis en train de finir les mots croisés du Échos Vedettes… Il ne me reste qu’une seule case à remplir et je ne sais pas si je dois mettre un K ou un E… Alors, c’est-tu Patrick ou Patrice Masbourian ? — Patrick Masbourian Alors que je signais des autographes dans un maga­ sin, un couple m’en demande un pour Gaston, pour Marie, pour Céline, etc… Pendant que je signe, le monsieur me dit : « Mais là, vous allez quand même pas chanter ici ce matin ? » Je le regarde: « Non, je pense pas... » Il me répond: « Ah, ok, vous avez pas votre band avec vous...» Moi : «Non, c’est ça.» Il me dit en s’éloignant avec son paquet de photos : « Ben en tout cas, on aime ben gros ce que vous faites. » Je n’ai jamais su qui il pensait que j’étais ce matin-là… — Geneviève Brouillette Ma pire anecdote avec des fans s’est déroulée au Salon de la Jeunesse en 1995 : plus de 400 jeunes filles souffrant d’acné et/ou d’obésité ont fait la file pour demander des autographes à la gang de Zap, dont je faisais partie. Sur place, j’avais toujours des gardes du corps. Ils avaient à peine 18 ans, mais à l’époque, ils me faisaient quand même feeler big. — Mathieu Grondin La dernière rumeur que j’ai entendue à mon sujet est que j’étais bisexuel. C’est complètement faux. — Serge Laprade

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« J’AI APPELÉ ET TEXTÉ PARIS HILTON DE FAÇON RÉGULIÈRE, JUSQU’À CE QU’ELLE ME DISE QU’ELLE ALLAIT APPELER LA POLICE. » — Jesus Martinez

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« MA FEMME NE SAIT PAS CE QUE JE FAIS. ELLE EST BIEN TROP OCCUPÉE À MANGER TOUT LE TEMPS. »

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— Jesus Martinez

Depuis trois ans, sur Drunkenstepfather.com, un peu à la manière de la célèbre bitch de Hollywood Perez Hilton, le blogueur montréalais Jesus Martinez s’attaque à tout le star-system, autant en diffusant des photos du sexe d’une célébrité qu’en racontant les problèmes de drogue et les histoires de cul d’une autre. Rencontre avec le monstre. Jesus Martinez m’avait donné rendez-vous en plein après-midi dans un bar de danseuses du centre-ville. L’endroit était sombre et éclairé par quelques lumières de Noël accrochées aux murs. Pendant une heure, j’ai dû l’attendre en buvant des bières à 10$ la bouteille parce que dès l’instant où je ne consommerais plus rien, le bouncer me foutrait dehors. Des filles toutes moches se fai­ saient aller les seins devant les yeux d’hommes tous moches quand un Latino-Américain portant un T-shirt crotté et des pantalons en coton ouaté, dans la trentaine avancée, s’est assis à ma table sans se présenter. J’ai deviné que c’était lui. À part son goût pour les dessous de célébrités, ou leur dessous de jupe sans dessous, je ne con­ nais­sais rien sur lui. Je me l’étais imaginé pas­sant le plus clair de son temps terré dans son ap­parte­ ment, à collectionner des images de mame­lons et de sexe de Lindsay Lohan ou de Paris Hilton, les jeans déboutonnés devant son ordinateur. On aurait dit que son site avait comme mandat de salir et de rouler dans la merde les starlettes et les sexsymbols pour les ramener au niveau des obèses et des laids qui se branlent dans leur sous-sol. Avant même que je puisse lui poser une pre­­ mière question, il me rappelle qu’il devra res­ ter ano­nyme dans mon article. « Internet est un monde effra­yant peuplé de gens effrayants, qu’il

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me dit. Je n’aime pas l’idée que quelqu’un puisse me traquer jusque chez moi et me tuer parce que je m’amuse à ridiculiser sa célébrité préférée, celle avec qui il pense vivre quelque chose de spé­­cial parce qu’il l’a vue à la télé et parce qu’il a l’impression que c’est le contact le plus personnel et le plus intime qu’il a eu de sa vie.» Dans les haut-parleurs, on annonce maintenant Cynthia, une blonde qui a l’air de venir d’Europe de l’Est. Elle monte sur la scène et trébuche dans les escaliers, l’air complètement gelée. « Pourquoi as-tu lancé ce site Internet ? Il éclate de rire. — Quand j’ai ouvert ce site il y a trois ans, il n’y avait personne qui faisait ce genre de trucs. Perez n’existait pas, tmz n’existait pas. Les blogueurs qu’on pouvait lire sur le Web à l’époque, c’étaient tous des crétins qui n’avaient jamais baisé de leur vie et des tapettes qui rem­plissaient leur site de photos et radotaient à propos de combien ils aimaient les célébrités. Personne ne se mo­quait d’elles encore. Pas comme maintenant. Aujour­ d’hui, des nouveaux sites de merde appa­raissent tous les jours et en une semaine ils deviennent plus populaires que Drunken­stepfather ne le sera jamais! — Alors pourquoi tu continues de t’en occuper, de ton site? Pour l’argent?

— Non, je dirais plus que je le fais pour passer le temps et parce que je n’ai rien de mieux à faire. Ma femme paie mon loyer et je vole de l’argent dans sa sacoche pour boire et m’acheter des cigares. — Et est-ce qu’elle sait que tu t’occupes d’un site comme celui-là? — Ma femme ne sait pas ce que je fais. Elle est bien trop occupée à manger tout le temps. Elle pense seulement que je regarde de la porno et que je parle à des jeunes filles toute la journée. C’est mieux comme ça, que je me dis. Cynthia est maintenant seins nus, et j’arrive dif­ fi­cilement à capter l’attention de Jesus Martinez. — Y a-t-il des célébrités que t’aimes plus que d’autres? — Je suis plutôt instable. Certains jours, j’adore Lohan, et d’autres je la déteste. J’ai voulu lui faire comme K-Fed avec Britney Spears : lui faire un enfant puis divorcer pour vivre avec l’argent de la pension. Mais j’ai vu sa chatte aujourd’hui, et elle ne me semblait pas être une femme à marier. Je vais quand même essayer de la mettre enceinte, mais seulement parce que c’est un bon plan de retraite. — Qui sont les gens qui te lisent? — J’en ai aucune idée. J’aime penser que toutes les personnes qui aboutissent sur mon site sont des chattes en chaleur qui veulent ma queue parce qu’elles sont en manque. Mais en vérité, il n’y a

probablement que six gars qui n’ont jamais baisé de leur vie et qui habitent chez leur mère qui me lisent, et sûrement qu’ils cliquent souvent sur refresh. Mon site a déjà été le plus visité de tout Montréal selon un journal de merde, mais j’avais truqué les résultats. Ce genre de choses compte quand même pour moi parce que ça a été publié. L’important dans tout ça, c’est que je devienne célèbre. — Comment obtiens-tu ces informa­tions et toutes ces photos qu’on retrouve sur ton site? — Des fois, des gens m’écrivent une histoire qu’ils ont entendue à propos d’une célébrité, des fois c’est moi qui invente l’histoire de toutes pièces, des fois des gens m’envoient des photos qu’ils ont prises eux-mêmes. Internet est un monde fabuleux. Tu peux y trouver tout ce que tu veux. Il tend 10$ à Cynthia, qui le regarde, sort la langue et la passe sur ses lèvres toutes gercées. J’essaie tant bien que mal de l’amener à me parler de tout ce qu’il a fait depuis la création de son blogue. Pour la première fois, il se retourne et me regarde. Il sourit. « J’en ai fait des drôles de trucs depuis trois ans, qu’il me dit. Entre autres, j’ai lais­sé plu­sieurs messages sur la boîte vocale de Lohan, je suis sorti un soir avec Nicole Richie et je me suis fait attraper en essayant de voler son téléphone. J’ai appelé et texté Paris Hilton de façon régulière, jusqu’à ce qu’elle me dise qu’elle allait appeler la police. Aussi, je suis devenu l’ami de Stavros, son amant, en lui envoyant des messagestextes. Je lui ai fait croire que j’étais quelqu’un qu’il connaissait et il a fini par me mettre sur

la guestlist de Paris Hilton à Montréal. Si tu ne connais pas Stavros, il faut que tu saches que c’est l’Homme. Il a baisé toutes les célébrités auxquelles tu peux penser, de Petra Nemcova à l’une des jumelles Olsen en passant par Lohan. C’est pour ça que j’ai pensé à lui quand j’ai voulu m’introduire dans cette stupide soirée que Paris Hilton avait organisée dans un bar ChaChi de Montréal. — Peux-tu m’en dire plus sur toute cette his­ toire avec Paris Hilton? Comment as-tu pu te rendre jusqu’à elle comme ça? — Stavros croyait que j’étais son ami Michael Perez. C’est sous ce nom-là qu’il m’a inscrit sur la liste. Mais quand je suis arrivé, on ne m’a pas laissé entrer et j’ai envoyé un message vraiment rude à Stavros. En moins de 15 minutes, les pro­ priétaires du club m’ont retrouvé au milieu d’une centaine de personnes pour me présenter des excuses et m’ont guidé jusqu’à l’intérieur comme si j’étais quelqu’un d’important, même si je n’étais pas douché et que j’avais l’air d’un itinérant. On m’a ensuite refusé l’accès à la section vip, même si je leur disais que j’étais Michael Perez, le fils de pute. J’ai donné mon cellulaire avec tous les mes­sages de Stavros au gars de la sécurité pour qu’il aille le montrer à Paris Hilton. En le voyant, elle a dit que je pouvais me joindre à son petit groupe de merde. Ça en a vraiment valu la peine. Le lendemain, toute la journée je me suis massé les couilles avec la main qui a serré la sienne. Paris Hilton est extraordinaire et je serais prêt à attraper l’herpès pour coucher avec elle! — Quelle est l’histoire la plus intéressante à ne

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jamais avoir été diffusée sur ton site? — Toutes les histoires des trois dernières années sont allées sur mon site : les vidéos porno maison, les mamelons, les dessous de jupe, les cellulaires piratés, les arrestations pour con­ duite en état d’ébriété, les avortements et les divorces. Mais la pire chose à ne jamais avoir été sur mon site, c’est la nouvelle de la mort de la mère de Kanye West. Elle était comme un père pour moi. L’histoire la plus extraordinaire maintenant, c’est la mienne. Pas parce que je suis incroyable, mais parce que je suis toujours vivant après autant de poursuites judiciaires et de courriels harcelants. Ça, c’est incroyable. Il fait un signe à Cynthia, se lève et me laisse là, juste comme ça, seul au milieu de tous ces hommes moches, avec encore des dizaines de questions à lui poser. Cynthia s’en va l’attendre dans une des cabines à l’arrière du bar, mais avant de disparaître avec elle, il se retourne une dernière fois vers moi. «Tu vois, si je parle des célébrités, c’est parce que les gens les connaissent et s’inté­ ressent à elles. Si je me moquais d’une salope que j’aurais rencontrée dans un bar, très peu de personnes s’en soucieraient et me liraient. En fait, si je fais ce que je fais, c’est véritablement par amour pour les gens.»

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« THAT

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À LIRE SUR UN TAPIS ROUGE, MARTINI LITCHI À LA MAIN !

Les chroniques deMr.Showbiz RECETTE EN E PRIM 36 P.

TEXTES: Sébastien Diaz PHOTOS: Shayne Laverdière

Pour son numéro sur la célébrité, la rédaction d’Urbania était prête à tout pour dépasser les ventes en kiosque de Claude J. Charron. C’est en fouillant dans les collections de revues des filles du bureau qu’a surgi l’idée de ces chroniques showbiz, où questions indiscrètes et révélations-choc côtoient amour, mode, recettes de jambon au foin et histoires de sacoche. C’est à Sébastien Diaz, Mr. Showbiz en devenir, qu’est revenue la lourde tâche de nous sortir du gros jus et de nous revenir avec des détails intimes sur la vie de nos pipôles. Surmontant son terrible jet lag attrapé lors d’un détour par Los Angeles, le meilleur pote des bodyguards et des attachés de presse a fouillé dans son carnet d’adresses recouvert de paillettes et appelé ses amis-stars pour un get together tape à l’œil et Ô combien fabulous.

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Les chroniques deMr.Showbiz

MODE DE STAR

Les chroniques deMr.Showbiz

CONSEILS ACCESSOIRES

GENEVIÈVE ET MATTHIEU VIDENT LEUR SACOCHE

VOLEZ LE LOOK D’OMNIKROM « UNE STAR, ÇA NE PORTE JAMAIS DEUX FOIS LE MÊME LINGE. »

UN PETIT MARIN

CASSETTE DE MUSIQUE ANTI-COLIQUE DE BÉBÉ SANTÉ

— JEANBART

G Un cadeau de notre ami George. J’avoue que je l’ai écoutée seulement une fois, mais je la trouve vraiment transcendantale.On traîne ça dans notre sacoche pour relaxer notre drummer qui est tout le temps sur les nerfs. Une chanson fétiche ? Je t’aime très fort et Tendresse, tendresse, deux grands morceaux.

f t he ez O f de ch C U Y FIG e rs N A l i fe Ro c k RES I RT USSU A T-SH H C S LRG JEAN

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G Ça, on peut pas s’en défaire parce qu’on l’a ramené de notre voyage de noces en Normandie. On l’a trouvé sur le bord de la mer. Mr.S Vous êtes ensemble depuis longtemps ? G Ça fait 10 ans cette année. Mr.S Ça, ça va faire vendre des magazines ! Les petites madames aiment toujours savoir ça !

UNE SCIE PEINTE D’UN PAYSAGE Mr.S Le paysage peint sur votre scie me fait énormément penser à celui qui orne la pochette de votre dernier album. M Fin observateur ! On la traîne dans notre sacoche parce que c’est l’un des plus beaux paysages qu’on a vus sur une scie !

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O JEA GA L a NS T BB Ma re n O de c i s o dy n (LG Ni k ollect Si m de che ) ion on s zO eT ra n de s CA f f t h s fo R r m White DIG e Hoo A er d S k e ch ox de N Ad CHE M ez G Chi dict c ood ago CAS ISE 31 CH QU fo o d t AU ET T e SSU E RE S

UN ROMAIN DE BOIS

JEANBART (JB) JEANS LRG T-SHIRT officiel d’Omnikrom « Danse la poutine » LUNETTES Yves Saint Laurent achetées chez Lunetz MANTEAU West CHAUSSURES Reebok Pump Voltron de chez Off the Hook

M C’est un cadeau de notre ami George Rebboh. C’est un genre d’artiste-terroriste parce que si tu regardes au dos du personnage, t’as toute une surprise : un beau collage avec plein de photos pornos ! G Moi je pense que toute bonne star a toujours besoin d’un peu de porn dans son sac. C’est ce qu’on appelle l’envers de la médaille…

« TOUTE BONNE STAR QUI SE RESPECTE A TOUJOURS UN PEU DE PORN DANS SA SACOCHE » — GENEVIÈVE

Guirlande intestinale

D’ENTRÉE DE JEU, LEURS INTENTIONS ÉTAIENT CLAIRES : faire du fric pour se payer le maximum de fringues. Après un caméo à tout casser dans le tube Chewing-gum fraises de leurs potes Numéro# et Trop Banane !, album incon­­t ournable à faire exploser les subs de la province en entier, les gars d’Omnikrom sont à deux doigts d’avoir un walk-in digne de l’arrière-boutique de chez Holt Renfrew. Chasseur de fashionistas, Mr. Showbiz a rencontré Jeanbart, Linso Gabbo et Figure8 pour piquer la recette de leur style qui fait énormément jaser. Voler le look d’Omnikrom ? Trop Banane ! Messieurs, un look de star, ça ressemble à quoi ? JB Une star, ça ne porte jamais le même linge deux fois. Si tu peux, ton linge, tu le portes et tu le jettes ! LG À la limite, tu t’achètes un t-shirt, t’enlèves ton tag et tu le donnes à un organisme de charité ! JB Anyway, tout ce qu’on porte, c’est du linge de star! Les souliers que je porte en ce moment, je les ai sortis de la boîte juste pour le shoot photo ! Ils ont bien failli rester dans leur emballage jusqu’à ma mort… Faut dire que c’est des Reebok Pump Voltron et que ça venait avec un petit robot Voltron. Tu sais, les robots-animaux qui se mettaient ensemble pour former un plus gros robot ? ! Justement, vous en achetez beaucoup des fringues ? JB Beaucoup trop ! Juste cette semaine, j’ai acheté quatre paires de shoes ! LG On est vraiment des sneakers freaks. On dépense pas mal. Mais y faut pas penser à ça. Votre truc, c’est donc les chaussures ? LG

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Oui, mais y a pire. Ils organisent maintenant des soirées Shoes Battle. C’est comme un iPod Battle sauf que les gens s’affrontent en sortant des paires de collection plutôt rares. Le but, c’est de flasher. Linso Gabbo, je vois que tu as conservé les étiquettes sur ta casquette. Disons-nous les vraies affaires : c’est quoi cette histoire d’étiquettes sur les casquettes ? Une autre tradition hip-hop incomprise ? JB Vois-tu, au début, les jeunes laissaient les étiquettes sur les trucs qu’ils avaient volés. C’était un peu comme un trophée de chasse. LG Ensuite, c’est resté. Moi, je les garde parce que c’est une casquette de collection. On dirait qu’avec ça elle garde sa valeur. Justement, avez-vous un conseil mode pour nos lecteurs qui aimeraient suivre votre exemple ? LG C’est simple : « Achète pas des fausses marques. Le monde qui connaît ça va le savoir. »

G Je traîne ça avec moi depuis au moins 10 ans, depuis l’époque où je faisais des arts plastiques. J’appelle ça ma guirlande intestinale, mais ça pourrait aussi être un serpent en balounes. Pourquoi j’ai ça dans ma sacoche? Fouille-moi!

Crotte de star M La star, quand elle chie une crotte comme ça, blanche et saupoudrée de glaçage rose, elle peut enfin regarder dans le bol avant de flusher. C’est à la hauteur de son statut. C’est une crotte très glamour de Paris Hilton. G Paris… Moi, je préfère de loin Michèle Richard ou Caroline Néron, que je rêve de croiser à Montréal. Et en passant, j’ai lu quelque part qu’il n’y a que sept personnes qui me séparent de Céline ! M Moi, j’aime bien Steven Seagal ou Donald Pilon. D’ailleurs, j’ai croisé Donald dans la rue l’autre jour ! Il avait une grosse Mercedes complètement malade ! Pour ceux que ça intéresse, c’était à la saq au coin Avenue du Parc et Bernard.

« ON DIT QUE NUL N’EST PROPHÈTE EN SON PAYS ET ÇA DOIT ÊTRE VRAI PARCE QU’ON SE FAIT PLUS RECONNAÎTRE À MONTRÉAL QUE PAR CHEZ NOUS, EN ABITIBI. » Geneviève, la fille du surréaliste combo qui mêle arts visuels et musique minimaliste, ne croit pas en son statut de semi-célébrité. Pas plus que Matthieu, son partenaire dans la vie comme sur disque. Et pourtant, peu nombreux sont ceux à pouvoir se vanter d’avoir assuré les premières parties de Richard Desjardins, de Michel Pagliaro, les Respectables et… des Georges Leningrad! Flairant la future sensation de l’heure et ne dissimulant pas son faible pour les Matthieu à deux T, Mr. Showbiz et la rédaction d’Urbania ont invité les deux étranges oiseaux à déballer leur sac de star, histoire de connaître leur vraie nature. «Ça tombe bien parce que je suis une fille à sacoche!» raconte Geneviève. «Y a un gars qui m’a déjà dit que j’étais la seule fille à monter encore sur scène avec son sac!» À vos sacoches… déballez!

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Les chroniques deMr.Showbiz

MAISON DE STAR

LES AMIS AU PAKISTAN NOUS OUVRENT LEURS PORTES

Les chroniques deMr.Showbiz

CONFIDENCES

TRICOT MACHINE UNE GRANDE HISTOIRE D’AMOUR

La cuisine

« J’AI PISSÉ ASSIS JUSQU’À L’ÂGE DE 12 ANS ! » – MATTHIEU

LA SALLE DE SÉJOUR

« QUAND TU NAIS À LAVAL, TU MEURS À LAVAL ! » – JACYNTHE

« IL ÉTAIT VRAIMENT MAIGRE, MAIS IL AVAIT L’AIR GENTIL. »

LE SPERMACOLADA

– CATHERINE RECETTE DE SPERMA-COLADA DES AMIS AU PAKISTAN 3 onces de jus d’ananas (prononcer ananâsse) 2 onces de rhum (ne pas confondre avec «rhume») 2 onces de crème de coco 1/2 banane bien mûre et collante (pour donner un aspect gluant au cocktail) Glaçons qui goûtent le vieux congélateur

LE STATIONNE

MENT

EN 1994, JOËL CHEVALIER ET SES VOISINES ENREGISTRENT DES CHANSONS IMPROVISÉES SUR CASSETTE DANS UN SOUS-SOL DE LAVAL. Huit ans plus tard, les rubans sont dépoussiérés, remis au goût du jour et agrémentés de beats à tout casser… et donnent naissance à une formation musicale. D’abord Amis au Liban, puis Amis au Tibet, le clan y va finalement d’un nom plus commercial et sensational : Amis au Pakistan, véritable formation lo-fi complètement éclatée ayant commis Espace libidinal, nouvel album de chevet indescriptible de Pierre Lapointe et Claude Rajotte. La cuisine Rien de mieux pour accueillir les convives et faire lever la fête à 9 heures un samedi matin qu’un bon verre de SpermaColada, préparé avec amour par notre coloré équipage. «  Le SpermaColada, on le sert en petites doses ou en big loads ! » spécifie Joël, en nous accueillant comme il se doit. « Servez-vous ! Y a des muffins sur la table. Ça passe toujours bien avec un bon Sperma-Colada. Y a pas meilleure façon de déjeuner ! » Première question vitale : l’identité de leur décorateur inté­r ieur. « En fait, j’ai tout décoré moi-même! » explique Joël en se pétant les bretelles. « Mon inspiration ? Céline, bien entendu. Tout ici fait penser à elle, même la cuisine. C’est ici qu’on organise nos repas champêtres et surtout qu’on tourne une bonne partie des Feux de Laval, notre version Rive-Nord des soaps américains. » Laval donc, nouvelle Mecque de la création. Éclaircissements de Jacyn­ the, l’inquiétante infir­m ière au costume une-pièce rouge écarlate et voix de colibri du groupe : « C’est très inspirant ici parce qu’on s’est instal­lés à deux minutes de la Maison des Arts. C’est un peu notre Place des Arts à nous ! Anyway, on ne pourrait pas aller ailleurs. Quand tu nais à Laval, tu meurs à Laval ! Et y a tellement de stationnement… » La salle de séjour La salle de séjour appelle à la détente et aux

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rapprochements. « C’est ici qu’on s’installe pour chiller en paix », confesse le propriétaire, en replaçant son chic pantalon brillant. « Je te vois zieuter mes pants. C’est un modèle très rare. Et tu veux connaître le secret de leur brillance  ? Ils sont saupoudrés de crystal meth ! » Un conseil de star qui vaut son pesant d’or. Le stationnement Lorsqu’ils sou­ haitent décompresser entre deux séances d’enregistrement, les Amis au Pakistan peuvent compter sur leur stationnement. Trônant au centre de ce fabuleux parking, faisant aussi office de terrasse certaines chaudes nuits d’été, la pièce de résistance de leur collection d’objets rares et trendy: une rutilante Mustang. « On s’est payé ça avec notre premier contrat et on l’a pimpée au boutte », raconte Simon. « Et là, c’est mon char ’stie. What the fuck ?! Personne a le droit d’y toucher! » Avant de nous escorter jusqu’à la porte de leur palace, Évelyne, beauté ténébreuse à robe bouffante, envoie un petit message à ses fans : « Pour nous croiser, suffit d’aller au Colossus. On y va souvent pour boire un bon Sperma-Colada. Sinon, y a le Village des Valeurs, notre styliste officiel, et le restaurant L’Académie. Un must my dear ! » La chasse aux stars est ouverte.

TOUT SEMBLE AVOIR ÉTÉ DIT AU SUJET DE TRICOT MACHINE, DUO SORTI DES FORÊTS SOMBRES DE LA MAURICIE, AVEC UN ALBUM À FAIRE DAMNER DE SIMPLICITÉ ET À CHANTER EN CHŒUR (ET PAR CŒUR) DEVANT UN FEU DE FOYER. Alors pourquoi diable les inviter pour un café du dimanche matin dans un salon de l’ouest de la ville? C’est qu’après Louise Deschâtelets et Guy Fournier, Céline et René ou le petit Jérémy et le pape, les deux révélations de l’année au dernier Gala de l’adisq ont décidé de nous ouvrir les pages de leur petite histoire d’amour. Une primeur exclusivement exclusive d’Urbania. Surpris de vous retrouver dans notre numéro Célébrité ? M C’est assez drôle parce qu’on ne pense pas être des célébrités. Ça nous fait un peu peur… C Le pire, c’est surtout la peur de se faire reconnaître. Des fois, j’arrive au dep et je vois dans les yeux du caissier qu’il m’a un peu reconnue. Et là, il faut que tu sois smatte même si des fois tu feel pas. C’est plutôt étrange. Comment vous êtes-vous rencontrés ? C J’étudiais en arts plastiques au cégep de Trois-Rivières et je le croisais souvent dans le corridor avec ses grosses lunettes de Woody Allen et son petit cardigan. Il était vraiment maigre, mais il avait l’air gentil. M J’avais aussi un genre de moustache pas trop touffue… Et ça a été le coup de foudre ? C Pas tout de suite parce que, lui, il ne m’avait pas remarquée. Quelques années plus tard, une amie m’a invitée à une soirée d’improvisation en me disant qu’elle allait amener un ami. Moi, j’ignorais que cet ami-là c’était mon Matthieu ! M C’est la première fois que je l’ai vue, avec son gros morceau de gâteau au chocolat et ses grands yeux… C Un autre six mois plus tard, je l’ai revu. Il portait un sac à dos avec un hameçon qui s’est accroché au chandail de la personne avec qui j’étais ! La suite, vous la connaissez... Jolie histoire. Mais maintenant, il se passe quoi ? Le mariage ? ! C Matthieu ne veut pas qu’on se marie avant d’avoir 50 ans. C’est le fun ! On va être laids sur nos photos… À moins qu’on ne le fasse avant! Mat­ thieu ! Pourquoi on ne l’annonce pas en scoop dans Urbania ? ! M C’est pas fou… Ça pourrait se faire sur une île… Et les enfants ? C Pour l’instant, on se pratique avec celui du frère de Matthieu. Il vient d’en avoir un. M Faut dire qu’on n’est pas encore très responsables… Les gens savent que vous êtes aussi un couple dans la vie. Matthieu, y a-t-il tout de même des filles qui t’attendent backstage après les spectacles ? M C’est plutôt tranquille de ce côté-là. C Moi, je suis presque déçue qu’il ne se fasse pas plus cruiser. Ça me valoriserait d’avoir un peu de compétition!

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Et puis j’ai tellement travaillé sur son look… C’est donc toi qui habilles ton chum ? ! C J’ai quand même travaillé en mode avant de faire de la musique. Au dernier Gala de l’a disq, par exemple, c’est moi qui lui ai trouvé son kit. Il déteste magasiner… Quand je pars lui trouver des trucs, je vire complètement folle ! Matthieu, même si tu n’as pas de groupies, dis-moi au moins que tu as signé ton nom sur une paire de seins ? M Pas encore, non ! Beaucoup de nouvelles célébrités trouvent étrange le concept même des autographes. Êtes-vous de cette catégorielà ? M On dirait que les autographes, c’est correct d’en demander et d’en collectionner quand t’as moins de 12 ans. C Matthieu, oublie pas qu’on en a à la maison ! M C’est vrai… On a Gilles Vigneault, Wayne Gretzky et le gars qui jouait Templeton dans Lance et compte ! Par contre, je peux comprendre le fait de faire signer un poster, un album… Souvent, les couples de gens célèbres sont la cible des critiques. Sans doute la jalousie. Croyez-vous faire l’unanimité ? C Non, parce qu’on reçoit toutes sortes de messages et on les lit tous. Un gars a traité Matthieu de «faux cool» sur Internet, et l’autre jour, je me suis fait traiter de «p’tite grosse qui a l’air d’un cocker ! » Mais ç’aurait pu être pire. Y a des chiens beaucoup plus laids que ça ! Vous êtes désormais un modèle de couple pour le Québec en entier. Quelle est la recette d’une union qui dure ? M Toujours ramasser son poil ! C Pour l’homme, c’est de pisser assis. Ça peut pas nuire à un couple en tout cas ! M Moi, j’ai pissé assis jusqu’à l’âge de 12 ans ! C C’est toute une révélation-choc ça, Matthieu ! M J’espère qu’ils vont mettre ça en gros en haut de la page !

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TEXTE : Véronique Labonté – PHOTOS : Antoine Rouleau

Si la célébrité est accessible à une bande d’attardés qui cohabitent dans un loft, si elle se moule aux formes d’une jeune héritière, elle peut aussi être le propre d’un artiste dont la principale œuvre est: lui-même. Dans la vie, Marc-Antoine n’a qu’un but: devenir une célébrité. Passé maître dans l’art de l’autopromotion, chaque jour de son existence est aussi chargé qu’une fin de campagne de Stéphane Dion : de vernissage en vernissage, il distribue poignées de mains, accolades et cartes d’affaires. Urbania a observé cet oiseau rare à l’occasion du lancement de son premier recueil de poésie (un autre moyen d’attirer l’attention) dans une librairie du Plateau. Rencontre avec Marc-Antoine K. Phaneuf, le Paris Hilton de l’art actuel. 17 h 45 Les assiettes de grison, de tomates cerises, de bleu et de crevettes sont prêtes. Les caisses de vin sont sorties. Au milieu des racks à livres qui débordent, Marc-Antoine fait les cents pas, nerveux, et vérifie que tout soit parfait avant l’arrivée de ses invités de marque. Ce soir, celui qu’on surnomme affectueusement The Guy with the Tie a sélectionné une chemise aux fines rayures bleues et roses, une cravate assortie et des souliers reptiliens. Un look de dandy, une attitude de star. « Pour être une célébrité, il faut assumer et avoir de l’attitude », lance la relationniste de Marc-Antoine. « Chez lui, c’est inné. » C’est ce qu’on va voir.

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STAR

Les curieux commencent à se masser à l’entrée. Aussitôt qu’il a repéré les gens importants, MarcAntoine est déjà lancé. Wow, ça fait longtemps! How are you? What a nice tie! Il poursuit la ronde. Alain, Sylvia, Philippe, Mathieu, Éric, Michel, Eve. C’est que le gaillard de six pieds a l’habitude des soirées mondaines. Il fréquente les vernissages branchés de la métropole comme les truckers fréquentent les bars de danseuses. Souvent. Dans la foule, Marc-Antoine est comme un poisson dans l’eau. Quand on le regarde aller, on devine bien que son plus grand talent, ce n’est pas la poésie. C’est le pr. L’essence de sa démarche artistique pourrait se résumer à deux choses : entretenir son réseau de relations et se faire voir. «Aujourd’hui, les artistes ne sont plus seulement des producteurs d’œuvres. Ils sont aussi des produits», explique-t-il. Dans un contexte où les célébrités sont souvent valorisées pour leur personne et non pour leurs réalisations, Marc-Antoine a ainsi transformé la fameuse stratégie du vide en art conceptuel; il a fait de lui une œuvre. «Jouer la star du milieu de l’art, c’est avant tout un jeu», avoue-t-il. «Il faut savoir trouver l’équilibre entre la réalité et la fiction, entre le sérieux et la dérision.» Dans un événement d’art actuel à Saint-Hyacinthe, Phaneuf a déjà présenté une vidéo abominablement plate de lui en train de manger une poutine pendant trente minutes; dans un concours interuniversitaire, il a présenté une vidéo de 90 secondes où seul son nom était projeté. «Sa pratique est incatégorisable, confie Dominique Sirois qui a consacré une partie de son mémoire de maîtrise au jeune homme de 27 ans. « Il tourne le star-système de l’art contemporain au ridicule et du même coup il en tire profit. » Et ça marche.

20 h À l’entrée, les badauds s’arrachent les copies du livre à la jaquette rose fluo et or, ornée d’icônes de martinis, de fusils, de champagne et de sous-vêtements. Un line-up de fans digne du Diable Vert se forme devant Marc-Antoine pour obtenir une dédicace. L’auteur signe chaque recueil avec soin. Il n’en est pas à un autographe près. «Je signe souvent les posters des événements auxquels je participe, dit-il. Ça me permet de me faire de la promo avec le budget publicitaire des autres!» En plus d’utiliser sa propre signature, notre dandy emprunte aussi celle des autres. En 2003, il décide de signer le nom d’artistes et de critiques décédés dans les livres d’or des expositions qu’il visite. Paul-Émile Borduas, Clément Greenberg, Barnett Newman… Le canular est évident, mais au fil des mois, la blague prend de l’ampleur et Marc-Antoine en rajoute. À sa sortie des vernissages, il écrit des messages insignifiants qu’il signe en reproduisant la signature de professeurs, de commissaires et de critiques du petit monde de l’art actuel. Les artistes n’y voient que du feu et sont persuadés que les Nicolas Bourriaud* de ce monde ont visité leur expo. Comme dans tout bon success story, le bouche à oreille fait son œuvre : les victimes cumulent les indices et le nom de l’imposteur est finalement révélé. Les mots «Marc-Antoine K. Phaneuf» sont sur toutes les lèvres. Comme ce soir.

19 h 15 L’écrivain sue à grosses gouttes. Pour se désaltérer, il pop une bouteille de champagne Duval-Leroy Brut et la boit à même le goulot. Du coin de l’œil, les membres de son crew le regardent aller : devant son succès, ils sont aussi ravis que des poolers de hockey devant les résultats de Sydney Crosby. Comme toute bonne Britney Spears, Marc-Antoine est toujours accompagné de son entourage : sa relationniste, son directeur d’image de marque, sa muse et sa conseillère théorique. Ces derniers sont employés de la prestigieuse Marc-Antoine K. Pha­ neuf Contemporary Art (makpca), la compagnie qu’il a créée en 2006 pour promouvoir sa personne «unique, extraordinaire et donc, prisée.» En plus de parfaire son look, ils s’occupent d’augmenter sa visibilité dans les médias et de vanter ses talents à qui veut bien l’entendre. «Marc-Antoine, c’est la réincarnation de Cocteau... en mieux», jure son conseiller poétique, Médéric. Rien de moins.

22 h 15 Last call. Les retardataires qui ont raté le buffet se jettent sur les dernières croustilles comme des vau­­ tours. La foule est saoule, tangue dangereusement entre les rayons. Marc-Antoine est heureux et ses souliers en crocodile sourient à pleines dents. «Ce soir, je me suis clanché 100 dédicaces sous un spot light. C’est la plus longue masturbation de ma vie!» affirme-t-il. Plus d’une centaine de livres vendus en trois heures, un énorme succès littéraire. La caisse enregistreuse boucane. Il est temps de mettre les groupies dehors, le Big Bird doit aller se coucher. Demain, l’attend un autre vernissage. * Nicolas Bourriaud est commissaire d’exposition, écrivain, critique d’art et auteur de théories sur l’art contemporain.

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TEXTE : Catherine Perreault-Lessard PHOTOS : Pascale Therrien – ASSISTANTE : Laura Montgomery

Marc-Antoine Audette et Sébastien Trudel n’ont que 27 ans. Ils sont passés à Howard Stern, David Letterman et cnn, ils ont fait la page couverture du New York Post et se sont retrouvés dans le National Enquirer. Sans parler des 700 entrevues qu’ils ont données en France. Si les deux Justiciers masqués sont surtout connus pour leur fameux sketch avec André «Brokeback» Boisclair, ils sont d’abord reconnus pour leurs coups de téléphone aux célébrités. Entrevue super héros.

1999

Pendant que les étudiants de médecine de l’Université de Montréal jouent à touchepipi, Sébastien et Marc-Antoine animent une émission sérieuse d’affaires publiques sur les ondes de cism et tentent par tous les moyens d’interviewer des politiciens. Mais en vain : les Pierre Bourque de ce monde n’ont rien à faire des deux boutonneux. «Pour le convaincre d’accepter, on a téléphoné à son bureau en se faisant passer pour des gens importants, des journalistes de l’Express, raconte Sébastien. Ses relationnistes nous l’ont passé tout de suite! C’est comme ça qu’on a réussi à pogner tous les politiciens.» Après avoir fait tout le tour du Parlement, les Justiciers ont cru bon de s’attaquer à un plus gros gibier. «Un jour, notre Windows a crashé et on a perdu tous les textes qu’on avait écrits pendant près d’un an, raconte MarcAntoine. On était tellement en maudit qu’on a voulu dire notre façon de penser à Bill Gates.» Les deux humoristes ont donc appelé chez Microsoft, rien de moins, en se faisant passer pour les attachés de Jean Chrétien. Après un mois d’acharnement, ils ont (finalement) rejoint la relationniste de presse personnelle du milliardaire. The rest is history. Depuis cet instant magique où ils ont entendu la voix de Gates au bout du fil, les deux gars sont devenus de vrais nymphomanes du celebrity prank phonecall. «C’était un thrill incroyable de déjouer leur entourage, remarque Sébastien. Ces vedettes sont tellement protégées! Quand on les appelle, on doit préparer toute une stratégie.» TRUC #1 : Mettre la main sur le numéro de téléphone d’un membre de leur entourage. «Il faut beaucoup de recherches et ça peut prendre des mois avant d’y arriver!» spécifie Sébastien. Dans les cas de Bono, par exemple, les Justiciers sont parvenus à mettre la main sur son numéro de cellulaire. «On lui a laissé un message lui disant qu’on aimerait faire une entrevue radio avec lui sur l’unicef», continue le frisé. Puis, un beau jour, il m’a rappelé d’Irlande. Sur le coup, j’ai paniqué parce que je ne comprenais pas son accent… Je lui ai donné le numéro en studio et il a rappelé le lendemain matin!» TRUC #2 : Prendre l’identité de quelqu’un d’autre : un premier ministre ou un artiste connu. «Si on téléphone à un politicien en se faisant passer pour une vedette, il va absolument vouloir lui parler, note Sébastien. Mais si on téléphone à une vedette en se faisant passer pour un politicien, souvent, ça ne marchera pas. Son entourage est beaucoup moins impressionnable et beaucoup plus strict.» La preuve? Ils ne sont toujours pas parvenus à attraper Michael Jackson et Madonna. TRUC #3 : Trouver un bon prétexte. «Quand Steven Spielberg est venu à Montréal, on l’a appelé pour lui souhaiter la bienvenue en se faisant passer pour Jean Chrétien, se rappelle Marc-Antoine. C’était ridicule comme excuse mais ça a marché! On a fait des concours de E.T. phone home avec lui et il a vraiment embarqué!» Même chose pour Gérard Depardieu avec la voix de Guy Laliberté. «On lui a fait croire qu’on voulait monter Cyrano de Bergerac au Cirque du Soleil, poursuit-il. Ben, crime, c’était son idée depuis deux ans! On a parlé avec lui pendant une heure et demie!»

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Si les Justiciers Masqués bandent autant à l’idée d’attraper une célébrité, c’est aussi parce qu’ils aiment découvrir ce qui se cache derrière leur masque en silicone et leurs 42 opérations de chirurgie plastique. «On a tellement une image forte des vedettes américaines dans les films. On ne sait pas qui elles sont… Nous, ce qu’on aime, c’est de découvrir leur vraie nature, véri­fier si elles ont le sens de l’humour, remarque Marc-Antoine. Y a des gens qui disent que plus les gens sont importants, plus ils ont un bon caractère. Et, c’est vrai!» Dans les épisodes de Batman comme dans la carrière des Justiciers mas­ qués, il y a des gentils, mais il y a aussi des méchants. Jacques Villeneuve, pour ne pas le nommer, a été terriblement bête. Un peu comme Sarkozy, qu’ils ont invité à un dîner de cons avec George W. Bush et Stephen Harper, et qui leur a raccroché la ligne au nez. «À nos débuts, on était très déstabilisé quand on réalisait qu’une personne qu’on admirait était désagréable. On pouvait en parler pendant une semaine, se souvient Marc-Antoine. Aujourd’hui, c’est différent, on a un certain recul par rapport au milieu. Quand tu sais que quelqu’un d’aussi big que Mick Jagger est resté lui-même, tu te dis que les petits n’ont pas raison de s’enfler la tête. Surtout au Québec, c’est tellement un petit milieu!»

6 PRISES CÉLÈBRES DES JUSTICIERS MASQUÉS Britney Spears

Ozzy Osborne

Quand ils ont appelé Britney, les Justiciers se sont fait passer pour l’attaché de Céline Dion. Au moment où elle a rappelé, les Justiciers étaient en studio. Pas prêts. «On était supposé avoir une fille en ondes pour faire la voix de Céline, mais elle n’était pas là et j’ai été obligé de la faire, dit Marc-Antoine. C’était épouvantable! On croyait que ça allait durer 10 secondes, mais non. On a eu le temps de faire toutes nos jokes. Elle a même accepté de faire un événement charitable au 281.» Quand les gars lui ont dit que c’était une blague, ça a pris une éternité avant que la belle catche ce qui s’était passé…

Quand les deux humoristes ont révélé à Ozzy qu’ils n’étaient pas le premier ministre du Canada et qu’ils étaient deux gars du Québec, la rockstar a paniqué. «Ce qu’il connaît du Québec, ce sont les Hells Angels. Il a donc interprété que c’étaient des Hells qui voulaient le tuer. Il a appelé le fbi qui a déclenché une enquête sur nous. Les réalisateurs des Osbournes ont utilisé l’appel pour monter une épisode de son show!» Depuis, Ozzy pense qu’il y a un stalker fou avec des tueurs à gages qui veulent le descendre...

Arnold Schwarzenegger Il y a cinq ans, Sébastien et Marc-Antoine laissent un message au bureau d’Arnold Schwarzenegger en se faisant passer pour Jean Chrétien. Pendant un mois, pas de nouvelles du Governator, jusqu’au jour où Marc-Antoine reçoit un appel chez lui, à 9 heures, un dimanche matin : “Hi, this is Arnold, may I speak to the Prime Minister, please?” «Spontanément, je lui ai répondu que j’étais l’attaché de presse de Chrétien et que j’allais le rappeler lundi», raconte-t-il. Arnold a rappelé et les animateurs radio ont été les premiers à qui il a annoncé qu’il faisait le saut en politique.

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Paul McCartney

Janet Jackson

Bernie Ecclestone

Le Beatle est l’un de leurs coups préférés ever. Au téléphone, ils lui ont parlé en paroles des Beatles. «Au bout de cinq minutes, il s’est rendu compte de la farce et il nous a répondu qu’il allait mettre ses avocats après nous, qu’il allait fry our little ass», rapporte MarcAntoine. Après de longues minutes, Paul McCartney leur a finalement révélé que c’était une joke… Sacré Paul!

Les Justiciers ont piégé Janet quelque temps après l’histoire du SuperBowl. Au téléphone, la bombe sexuelle leur a avoué que, si c’était à refaire, elle remontrerait sans hésiter un bout de son sein. Exactement l’inverse de ce qu’elle affirmait en public. «Quand on lui a dit que c’était une joke, elle ne voulait pas qu’on la diffuse, parce qu’elle tenait des propos qui pouvaient la mettre dans le trouble de 25 millions de dollars», dit Sébastien. Ils ont essayé d’engager des avocats à Montréal pour que ça ne passe pas, mais, finalement, ils n’ont jamais eu les recours légaux nécessaires pour nous arrêter.»

Bernie Ecclestone, le grand manitou de la F1, est sans doute l’un des coups des Justiciers qui a le plus fait jaser. C’était à la suite de l’adoption des lois antitabac, à l’époque où la popu­la­ tion craignait qu’il n’y ait plus de Grand Prix à Montréal. «Un matin, on a décidé de l’appeler pour lui demander ce qu’il pensait de toute cette situation. On l’a eu en ligne au bout d’une demie-heure, raconte Sebastien. Il pensait qu’il parlait à Jean Chrétien, et il lui a offert une job en Formule 1 après sa retraite en échange d’un assouplissement des lois!» Le lendemain, les Justiciers faisaient la une de la Presse et du Journal de Montréal.

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1. Ghyslain, le Star Wars Kid

Célébrité à haut débit TEXTE : Gabriel Rodrigue

Après les chats albinos avec le poil angora, les recettes de pudding au pot de Maman Dion et les astuces de jeu de dames, Urbania vous propose huit magnifiques fiches de célébrités YouTube à découper! Huit geeks qui ont eu droit à leur 15 mega-bits de gloire! Collectionnez-les toutes!

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d’amour, Fidel enregistre son succès Fidélité. Pour 6. David « Elsewhere » Bernal l’encourager, un soir de Saint-Valentin, la chanteuseAnnée de naissance : 1988 Date de naissance : 2 août 1979 animatrice Anita Pouliot l’invite à son émission de la Signe chinois : Dragon Lieu d’origine : Santa Ana, en Californie télévision communau­taire de Saint-Joseph-de-Beauce. Lieu d’origine : Trois-Rivières Profession : Danseur de hip-hop En ondes, Fidel affirme qu’il peut composer une chan­ Profession : Étudiant Signe astrologique : Lion son en 25 minutes et qu’il est particulièrement inspiré Histoire : En 2002, Ghyslain Raza enregistre une bril­ Histoire : Lors d’un concours de jeunes talents, Bernal, par les jours de pluie. lante imitation de Darth Maul avec la caméra de son 17 ans, démontre ses talents de popper, un style de danse Succès : Une dizaine d’années plus tard, l’entrevue attire école. Plutôt que d’utiliser un sabre laser comme ⎯ le célè­­ semblable au moonwalk, qui consiste à contracter puis des centaines de milliers de visiteurs sur YouTube. C’en bre personnage de la Guerre des étoiles, il⎯ empoigne un à décontracter rapidement tous les muscles du corps. est reparti pour la carrière musicale de Fidel, qui gagne bâton de golf. Une fois terminé, Ghyslain oublie d’ef­fa­ La vidéo se retrouve sur Internet et Elsewhere devient alors sa vie comme signaleur routier. cer la cassette et remet le matériel au responsable de son une célébrité! Aujourd’hui : Il se produit régulièrement en spec­tacle Succès : La vidéo originale attire plus de 200 millions école secondaire. Six mois plus tard, des collè­gues de et multiplie les invitations : on l’a vu au Fric Show, au de visiteurs sur YouTube et Google Videos, ce qui en fait classe tombent accidentellement sur ses proues­ses alors Grand blond avec un show sournois et à La Fureur. Il pos­sède la huitième vidéo la plus vue de l’histoire d’Internet. qu’ils tentent de filmer une partie de football avec la également un site Web, sur lequel on peut se pro­curer Bernal devient la vedette de publicités pour Heineken, même cassette. Ils diffusent la vidéo sur YouTube et des vêtements à son effigie et visionner des extraits de Volkswagen, iPod, Pepsi et Doritos. Il fait aussi une Ghyslain est rebaptisé le Star Wars Kid. sa télé-réalité, «la Télé-Fidélité». Succès : Après plus d’un milliard de téléchargements, apparition dans le film You Got Served et dans le Tonight sa vidéo devient la plus populaire de tous les temps. On Show de Jay Leno. 4. Chris Crocker, admirateur Aujourd’hui : Bernal a longtemps administré un site parle de Ghyslain dans le usa Today, dans Wired et à cbs. et défenseur de Britney où l’on pouvait voir et acheter ses vidéos. Il ne se produit S’il était la risée de son école, il est maintenant celle de Année de naissance : 1987 pratiquement plus en public et se consacre uniquement toute la planète. Pour le dédommager, ses fans lui offrent Signe astrologique : Sagittaire aux apparitions télé. un iPod et une carte-cadeau de 3 600 $ chez FutureShop. Lieu d’origine: Real Bitch Island Aujourd’hui : Après avoir passé quelque temps sous Profession: Acteur en devenir 7. Paul Robinett surveillance psychiatrique, Ghyslain tente de faire Histoire : Chris Crocker n’en peut plus que les médias Date de naissance : 24 novembre 1966 oublier le Star Wars Kid. Il vit dans un anonymat racontent n’importe quoi sur Britney Spears. Dans une Signe astrologique : Sagittaire artificiel, aidé de ses proches. vidéo enregistrée chez ses grands-parents, il dénonce Lieu d’origine : Mesa, en Arizona en larmes la mauvaise foi des reporters qui s’acharnent 2. Lynda, décoratrice Profession : Propriétaire d’une bonbonnière en Ohio sur le cas de son idole et les prie de la laisser tranquille. Lieu d’origine : Baie Saint-Paul Histoire : Après avoir observé l’émission de dioxyde Succès : En deux jours, sa vidéo «Leave Britney Alone» Profession : Décoratrice de carbone provoquée par le contact d’une Mentos et attire plus de quatre millions de visiteurs sur YouTube. Histoire : Dès 1996, Lynda Tremblay s’impose comme de liquide à base de carbone, Paul décide de pousser Aujourd’hui : Chris travaille actuellement au tour­ critique déco à la télévision communautaire de Char­ l’expérience plus loin. Après avoir mangé deux paquets nage d’un docuréalité, Chris Crocker’s 15 Minutes More, levoix-Ouest. Encore aujourd’hui, le comté de Pauline de Mentos, il boit deux litres de Coke. L’expérience est qui sera diffusée à l’été 2008. Marois se souvient de son penchant pour le papier concluante. Un geyser de mousse surgit de sa bouche et peint arc-en-ciel et de phrases telles que: «Laissez-vous de son nez, et le tout est capté sur vidéo. 5. Gary Brolsma Succès : La vidéo de l’expérience tournée par l’ami de Paul envahir par la couleur», «La peinture a la source de Lieu d’origine : Saddle Brook, New Jersey fait rapidement le tour du monde. Elle est téléchargée nous produire les effets les plus attrayants les uns que Profession : Étudiant par 23 millions de personnes. les autres pour des combinaisons incroyables», «Vous Année de naissance : 1986 Aujourd’hui : Paul participe au program­me de partage savez que vous pouvez peindre sur vos murs et donner Signe chinois : Tigre des revenus de YouTube : il est payé pour les visiteurs réellement des impacts époustouflants.» Histoire : En 2004, par un soir de grande solitude, Gary, Succès : Après plusieurs années de main en main, de qu’il attire sur le site. Il est également l’un des finalistes un jeune et attachant Américain de 17 ans, enre­gistre vhs à vhs, ses capsules apparaissent sur YouTube. des premiers YouTube Video Awards. une vidéo de ses prouesses de lipsync sur Dragostea Din C’est un succès immédiat : la vidéo attire des centaines Tei, succès du groupe moldave O-Zone. Il est malhabile 8. Jeffrey Pelehac, de milliers de visiteurs. et ses mimiques sont ridicules. N’em­pêche. Il décide de Aujourd’hui : La décoratrice la plus célèbre de Baiethe Dancing Cadet diffuser la vidéo. Lieu d’origine : Republic, en Pennsylvanie Saint-Paul a lancé sur YouTube une nouvelle capsule Succès : Brolsma gagne rapidement en popularité et sa Profession : Cadet tournée dans sa boutique avec de nouveaux produits, vidéo est téléchargée plus de 700 millions de fois! Elle de­ Histoire : Jeffrey, un cadet pennsylvanien, est un une nouvelle coiffure et une nouvelle image. vient la deuxième vidéo la plus téléchargée de l’histoire maniaque de danse. Pour le prouver, son vilain colo­ d’Internet, tout juste après celle du Star Wars Kid. 3. Fidel Lachance, chanteur cataire cache une caméra vidéo dans une biblio­thèque Aujourd’hui : Embarrassé par cette popularité sou­ country et signaleur routier de leur chambre. Mission accomplie : Pelehac est pris sur daine, il se réfugie chez ses parents et cesse toute colla­ Année de naissance : 1951 le fait en train de danser comme un déchaîné sur Gonna boration avec les médias après avoir participé à Good Signe astrologique : Verseau Make You Sweat (Everybody Dance Now). Morning America et au Tonight Show de nbc, et avoir Lieu d’origine : Saint-Robert-Bellarmin Succès : La vidéo est rendue publique et fait le tour accordé une entrevue au New York Times. En 2006, il Profession : Signaleur routier / chanteur country de la planète. Pelehac se mérite une médaille pour réapparaît sur le Web pour faire la promotion d’un con­ le plus connu en Beauce sa contribution au moral des troupes; sa prestation cours «À la recherche de nouveaux interprètes pour sa Histoire : En 1990, le Beauceron Fidel Lachance entre­ est soulignée par le Secrétaire à la Défense lors de sa danse», avec 45 000 $ en prix à gagner. prend sa carrière musicale équipé d’une guitare reçue graduation, ainsi que par The Gazette, cnn et fox. en cadeau de sa mère. À l’époque, il doit faire du porte à Aujourd’hui : Pelehac est reconnu comme étant The porte pour vendre ses cassettes. En trois ans, il en écoule Dancing Queen de la communauté militaire. près de 4700. Cinq ans plus tard, à la suite d’une peine

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#16

#17

#15 Jean-Fran çois Gaudet

Danielle Ouimet

#18 es s rim : Se u x ben i r le th r e i r o e èb Éd tle c é l l l e , t u p n e e t a v l le ue i But i l’a rend«Paquettvre acadien Ce qu’eix de s ,ê qu e re m a f. me ue C e s c o m q u i l l e » d it h P i e u n 7 l e c t r i q u r e o r n h ’É a a c u r i t p t i s é aire p r q é r r u i p g m n f o s e m dor e prén e : El l eat, de urrait versio t/ e b e u o m m ê ev e n v e c d u l le p t r e r u n e s s i o n ’e d s a r e st e t v i l l e C e q u E n re g i S a n s P t o u t l e t u Pa q oute. ilitée : lle avec de va n . o i t pi s réhab a quet v o Thér i l’a disq P J e être hop de Ma r ie- Ga l a d h ip e n c h e r o c h a i n r r f p o u d e au m on

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#19

Le Vagabond Ce qui l’a rendu célèbre : Errer à travers le monde pour sauver son prochain et piéger des bandits pas gentils. Son esprit bohème et son refus d’avoir un maître. Ce qu’il est devenu : Après la fin de la série, il s’est recyclé comme employé pour Douanes Canada. Ce qu’il pourrait faire pour être réhabilité : Considérant que l’émission a été créée en 1979, le Vagabond aurait 140 ans en années de berger allemand s’il était toujours vivant (en d’autres mots : y est mort).

se r pa s i re 4 a f : Se nt Y’é la ra t re a nd n e célèbn chant Marjo ee de a S rio ndu uée e nt de . C a pas Do ui l’a rxe-prostvitec l’accael Toupiéntaire. tYfaire e le i q e t a ir cr Ce r u ne mat in -Ch an : Se ourra er fa n e pou res du Ma r ie venu lle p etou r e heu se de st de e qu’ e : R er. é s cla elle e r. C bilit t mét i ’ a qu mét ie réh de so e s r t a so r êt a p u Y po toi r. t t ro

Ils ont joué les toutounes de service, montré leurs boules à des heures de grande écoute, chanté Paquetville. Ils sont passés à Ad Lib et ont fait le cover de Québec Rock. Certains ont fait leur épicerie avec un sac Métro sur la tête, d’autres ont autographié des chandails Au Coton et baisé des groupies backstage, et depuis plus rien. Niet. Nada. Top 20 des plus grands has beens du showbiz Québécois.

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Ce qui l’a re ndu célèbre : Êt re le sid ekick d’u n ch at da ns Fé lix et Ciboulet te. Ce qu’il est devenu : Fig urant et co mé pièces de théâ dien da ns des tre d’été, au gr an d pla isi r des m ata ntes en be rmud as. Ce qu’il pourra faire pour êt it re réhabilité : Se tei nd re les cheveu x en no ir et détrôner Michel Gi roua com me porte rd -parole de la sp ca.

#11

Annie te Major-Mat

e : Êt re la ndue célèbr le Ce qui l’a re tts. Ce qu’el wa 100 s de b toutou ne du Clu ou i! Une ch anteu se Eh est devenue : le pourrait s. Ce qu’el n pop-rock ch ick ée : Léguer so lit bi ha ré re faire pour êt . ers att W ée dr réper toire à An

#10

Richard Abel

Jessica B a r ke r

ses e : Pi sser da ns ndue célèbr dzill a Go Ce qui l’a re r pa er ur oe fai re éc . Ce cu lot tes et se Les filles de Caleb ux Pronovost da ns niqueu se à De venue : Ch ro de t es le ’el qu urrait faire po le ’el qu Ce filles le matin. ner une double el des habilitée : Me . Et su rtout, Bibi arc au pour être ré g n e r l e st ris o Pa à M P ter or : ep ’i re e u de détective-r (Z99944X) éliv rendu cérlèpbr ise. Ceolqf et animae m vie B voix gossa nte gras de bé bé. n Sa so e : re br rd lè pe cé g u e ndu ls ui l’a rs d e haîn r i se s Ce qui l’a re ur laver les bo Ce q es à Sur p e des cou er, u ne c pour tête pa rfa ite po x et sa for me de et t re nn om devenu : Au i d t o o es e a B ’il D f v qu o : Ce r nu d u it s r ad i rrait de toilettes. ou l da ns un ba deve i ssion à u’il pou r des pro y elles, il éta it sa it ra e m q ur c é po n n ’il e dern ières nouv e u k C no un Estrie. Ce qu pe Ch a l. e : A n de Va lcour t, en e Lav habilité de l a sou oi! é : Fa ire fondr lit d bi ha ré re u o ré qu faire pour êt e soupe à la être g n on h a s b ee n ur s’acheter un n e n Ga son va isseau po A d r i e t o ut b o re. pè Ma ison du com m

Ce qui l’a rendu célèbre : Gagner à la loto. Avec son presque million, le pianiste de croisière s’est acheté une carrière, un public d’illettrés et un show à la Place-des-Arts. Ce qu’il est devenu : Vedette de centre d’achat en région éloignée, fétichiste du jabot en dentelle. Ce qu’il pourrait faire pour être réhabilité : Être victime d’autocombustion spontanée.

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Valérie Valois Ce qui l’a rendue célèbre : Jouer Annick la naïve dans Chambres en ville. Ce qu’elle est devenue : Actrice d’envergure internationale, elle a joué la «liaison de Baptiste» dans le soap français Sous le soleil. Depuis son expérience en sol français, la belle précise en caps lock dans son cv qu’elle peut reprendre l’accent québécois n’importe quand. Ce qu’elle pourrait faire pour être réhabilitée : Prendre exemple sur la carrière de sa sœur Joëlle Morin. Ou peut-être pas, finalement…

e lu i e : Que Janett ndue célèbr Ce qui l’a re d’aujourd’hui et sse ne Jeu à ire nscr propose de s’i s totons da ns nt) montrer se . (accessoireme olé québécois olé m fil ier it Valér ie, le prem En 2004, elle éta e : nu ve de t de Ce qu’elle es s métiers d’a rt de lon Sa du s. porte-parole sk i et le ten ni e. El le aime le re Sa int-Hyacinth faire pour êt it ra ur po a le Ce qu’el tons da ns le sp Mont rer ses to à n rie réhabilitée : pu s t’a me on Da n, à Loft Story (co perd re!).

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la ny i l ler rs les Fan ier : Éve ve lèbre u auté en z é Ce c u ue a cr baleine. u i s La rend ts à l

p n e et la ui l’a e n fa er de Ce q ience des Gre nouill re au foy à l a té lé. a è r c L u s M s o n : an e co re t être au x d venu te u n a n i m e est de , e l le ten ire pour plu s s ll a e f n é ’e o n it u i n s s ck o u a q ou r r ém is ues a a que lq qu’elle p oi si r des son comeb ie z-vou s h fe r ur Ce itée : C és po ez à Q ue t l é i s b o réha u r que N vec son n a o gl a m e l a flûte d . jo u e r 0 p i a s s e s 10 p o ur

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tok Jouer le tch in ndu célèbre : Ce qui l’a re ti-eth nique» de ul «m n iso sa la de serv ice da ns devenu : Ce qu’il est ur Pa sse-Partout. rem ier rôle» po «p et os in lat Ce Ch anteu r style nées à Sorel. ur to , us ns tio é : des big produc être réhabilit it faire pour nces qu’il pourra fai re des an no de et ter an : Ar rêter de ch ébec du style nement du Qu écois ». pour le gouver , le cœur québ de an am en « Les ye ux

Ca ler des ndu célèbre : Michel Ce qui l’a re l’a ir du père de oir av et x eu si son chev me mê w, ato Watat Coui lla rd da ns es brosses. ièr em pr s se ait de personn age vir remet à peine devenu : Il se . Ce qu’il est ui une ch ance s-l on iss La . ion la fin de l’ém iss pour être ire fa it ra ur Ce qu’il po on des jeu nes uv rir une m ais s réhabilité : S’o jea ns au x vid anges une foi de t et jeter son coa pour toute.

Philippe Lafontaine Ce qui l’a rendu célèbre : Chanter «Cœur de lou-ou-ou». Ce qu’il est devenu : Toujours chanteur, mais pu célèbre pentoute. Il a enregistré neuf albums depuis son unique succès. Visitez son magnifique site web en .gif animés (www.philippelafontaine.com). Ce qu’il pourrait faire pour être réhabilité : Man, lâche la patate une fois pour toutes.

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Daniel Dõ

Étienne de Passillé

Maxime Colin

Les B.B. Ce qui l’a rendu célèbre : Leurs grosses coupes Longueuil fluffy. Et Les B.B., la pre­m ière cassette qu’on s’est tous acheté avec notre argent de poche. Ce qu’il est devenu : Patrick donne des cours de musique au secondaire, Alain a fait faillite et François a cassé avec Marie Carmen. Les trois ont tenté des carrières solos et se sont réunis pour nous offrir un album en 2004. Quelqu’un s’en souvient? Ce qu’il pourrait faire pour être réhabilité : Mettre de l’eau dans leur vin et saler leur café. (Elle était trop facile celle-là!)

Anne Bisson

ak Four rer un ste ndu célèbre : devenu : t Ce qui l’a re es ’il qu olo. Ce de foie da ns Lé cole pour avoir t écoe urer à l’é é Après s’être fai e Colin a décid xim Ma e, de foi qu’il four ré un steak Ce . ur cte d’a tier de lâcher le mé habilité : pour être ré pourrait faire présentement, ue rev tte ce lis Ma xime, si tu Tu éta is le ev ien s-nou s!» ait on te le dit : «R t que le Québec fan en en di le plu s meilleu r comé rre ur de steak fou le , ut rto connu et, su tti n de l’uda. crédible du bo

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Ce qui l’a re ndue célèbr e : An imer Co de foudre à la fin up des an nées 198 0. Donner des voyages à Pu nt a Ca na à des no uveaux couples qu i portent de s bas bla ncs et du Vu ar net. Ce qu’elle es t devenue : Ch anteu se sa ca rrière, elle en ns reg ist re présen tement un album (el le éta it de Starm ania en 1987). Ce qu’elle pour rait faire po ur être réhabilitée : Ne pas sorti r so n nouveau di sque et ar rêt er de fai re des acrostiches po impressionner ur ses nouvelles dates.

#2

Paul Sarrazin Ce qui l’a rendu célèbre : Animer Solid Rock à Musique Plus, mais avant ça (et ça vaut la peine de le googler), il apparaissait dans une pub du Village du cuir d’Alma. Ce qu’il est devenu : Après avoir surmonté une grave dépression, il est devenu la voix de tqs et selon certaines sources, la voix du Loft. Ce qu’il pourrait faire pour être réhabilité : Trouver sa voix intérieure.

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el Manu ise il s au x b u es con se t bre : S Sa fr iendHu r . du célè

nu n te r d e Ma i l’a re Ce qu a n s L e courr ie e-best-pis-tou : d d s re ie tt ll evenu o d -c fi lle t n s u e l ca ve qu’i fore ver- aqu in. Ce é bec et u’il P s du Q u q Patr icia le des h a s bee n a l Vox . Ce fi an : Chef de r tech no au C e réhabilité u tr a n im ate faire pour ê fa it. it l est pourra t, le m a n 45 e m te Hon nê


Terri Vanier 72 ans, chanteuse

«Je suis une vedette, mais y a juste moi qui le sait! Peutêtre que c’est mieux comme ça. Je n’aurais pas eu la force de le supporter. La célébrité, c’est difficile pour ceux qui deviennent des grosses vedettes comme aux États. C’est pas surprenant qu’il y en a qui tombent dans la drogue. Moi, je remercie le Bon Dieu tous les jours; je ne fume pas, je ne bois pas et je n’ai jamais pris de drogue. Si la célébrité n’est pas arrivée, c’est qu’il y a une raison… À l’âge que j’ai, je suis encore capable de donner du bonheur aux gens et c’est tout ce qui compte.» Terri Vanier a réalisé un de ses rêves d’artiste quand elle a chanté au Casino de Montréal, en 2004. Elle avait 70 ans. Deux ans plus tard, elle est toujours à la recherche d’un promoteur qui lui permettrait d’enregistrer un cd intitulé Terri Vanier au Casino de Montréal.

texte : Sophie Massé — photos : Émilie Pelletier

On s’imagine que le Chez-Nous des artistes est peuplé de vieux extravagants en queue-de-pie, chaussés de pantoufles antidérapantes, qui se donnent la réplique en chantant du Charles Trenet. Fondée en 1983 par la sénatrice Andrée Champagne, la Donalda des Belles Histoires des pays d’en haut, cette maison de retraite a été créée pour donner aux aînés du monde du spectacle un peu de confort et de réconfort. Si elle accueille plusieurs intrigants, elle abrite d’abord un panaché de tout ce qui fait l’être humain : des regrets, des chagrins, de la jalousie, un brin, mais aussi de l’amitié, de la sagesse et de la foi. Les rêves, parfois immenses, parfois tout petits, y occupent aussi une grande place.

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Fernand Labelle 73 ans, peintre

À 20 ans, je me souviens d’avoir dit à mes parents : «Vous allez voir, je vais être un peintre célèbre.» À l’époque, je disais ça pour me motiver… Et quand c’est arrivé, je me suis dit : «C’est juste ça?» Je dis ça, mais dans le fond, je n’ai pas encore connu la «vraie célébrité». Ça fait 49 ans que je peins, que je me lève à 4 heures tous les jours et que je mène une vie de moine, mais je ne suis toujours pas célèbre, même si j’ai acquis une certaine reconnaissance dans le monde de la peinture. On aimerait tous arriver au dernier barreau de l’échelle, mais on sait à quel point c’est dur et méchant làhaut… La célébrité, c’est une game : si tu choisis de la jouer, il faut que tu te retrousses tes manches!» Fernand Labelle a présenté ses toiles dans une vingtaine de pays et plusieurs centaines d’entre elles se trouvent dans des collections privées. Peintre autodidacte, il a été le premier Canadien à exposer ses œuvres au Musée Toulouse-Lautrec d’Albi, en France.

Émile « Cisco » Normand 72 ans, percussionniste

Une fois, un de mes chums m’a dit : « Je le sais c’est quoi ton pro­ blème : t’as peur de faire de l’argent. J’ai dit : T’as raison. Tu te rappelles Untel il y a 20 ans? C’était un bon garçon. Maintenant qu’il fait de l’argent, il se prend pour un autre. Je veux pas devenir comme ça. Je veux être moi, comme je suis là, tout le temps.» Money is the root of all evil, point. Moi, je suis très riche : je suis une vedette pour les musiciens qui me respectent à travers le Canada et aux États-Unis. Je suis riche de leur respect. ok, j’irai pas à la banque avec une brouette pleine d’argent, mais j’aime mieux ma célébrité telle qu’elle est. Cisco a joué avec le pianiste Oscar Peterson et le saxophoniste Yussef Lateef, pour qui il a une immense admiration. Un jour, il aimerait ouvrir une école de musique à Windsor.

Mariette Fortin-Ruiz 66 ans, peintre

Avant, la célébrité c’était très important parce qu’il y avait un long cheminement pour y arriver. On avait un petit frisson pour les gens qui y parvenaient. Aujourd’hui, les gens des émissions de télé-réalité deviennent célèbres du jour au len­ de­m ain et ça ne veut plus rien dire. J’ai envie de prendre une de ces vedettes et de lui dire : «Toi, attends un peu! Moi, ça fait 25 ans que je travaille et je ne suis pas encore célèbre!» Ce n’est pas encore arrivé parce que je ne suis pas encore assez vieille. Depuis 20 ans, je me projette à 86 ans en vieille malcommode joueuse de tours, la face plissée, célèbre. Je me vois donner un paquet d’entrevues et avoir un fun noir. C’est une image que j’aime.» Mariette Fortin-Ruiz a commencé à peindre à 28 ans. Elle a ouvert un atelier sur Queen-Mary qu’elle a dû abandonner en 1986, après la dure récession économique. Aujourd’hui, elle voudrait reprendre ses pinceaux et rêve d’un atelier au Chez-Nous des artistes.

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Guy Nadon 74 ans, batteur

Quand j’étais plus jeune, je faisais des spectacles dans les caba­ rets avec mes cans et ça me donnait trois dollars par show. La musique, c’est une ligue de crève-faim. Je suis rendu pas mal connu, mais j’ai pas plus d’argent. Quand t’es riche, tu peux devenir encore plus célèbre, mais aujourd’hui, y a pas de job! À quoi ça sert d’être un compositeur maintenant? À rien. Je le dis à mon public : « Mes compositions, je les mets dans le tiroir avec mes camisoles pis mes shorts. » Pourtant, si c’était à recommencer, je ferais la même chose… Guy Nadon a appris la musique en tapant sur des boîtes de conserves et des poubelles dans les ruelles d’Hochelaga. En 1998, le Festival International de Jazz de Montréal lui remettait le prix Oscar Peterson.

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texte : Émilie Dubreuil — illustration : Marlène Paquin

Il s’appelait Michel. Petit, nerveux, étrange et mystérieux. Il avait la particularité de sourire avec ses très grands yeux clairs et étonnés. Il portait tous les jours un sac à dos énorme comme si, tous les jours après son cours de math ou de philo, il devait partir en expédition dans le Grand Nord. Nous étions ensemble au cégep et chaque fois que je voyais passer Michel dans un corridor, je me passais la réflexion absurde que dans ce sac à dos démesuré, il devait transporter son énorme nom de famille. Trudeau. Comme dans Pierre Elliott. Un hostie de fardeau pour un petit jeune homme que ce patronyme en forme de politique, d’histoire, de controverse, de haine ou d’admiration puérile. Il trimbalait partout papa sur ses épaules. C’est pénible un père perché sur ses épaules. Michel est mort dans une avalanche. Ça n’a rien à voir. Dans ma famille, nous avons aussi un nom à porter. Drapeau. Comme dans Jean Drapeau, mon grand-oncle. Ses enfants sont un peu fuckés; bousillés par un nom de famille énorme dans une société aussi petite que la nôtre, dans une ville où le paternel a fait la pluie et le beau temps pendant près de 30 ans. La notoriété est sémantique et se transmet par le père. Se promener dans la vie avec un stade Olympique et une Expo sur le dos rendrait fou n’importe qui. Un de mes cousins l’est, passablement. Il a terminé ses études en droit puis, ne sachant trop que faire de sa vie, il s’est réfugié dans une certaine démence, un pays où il n’y a plus de nom de famille. Récemment, le fils d’un homme politique connu et controversé me confiait qu’à un certain moment de sa vie et de la vie politique du Québec, il avait dû s’exiler en Afrique pour survivre à son nom de famille. Survivre. Au Congo, on ne connaissait pas son papa, donc personne ne lui en parlait. Personne ne lui reprochait les idées du père, mort à présent. Heureusement. Je déteste ce que cet homme représentait politiquement et j’en ai fait part au fils. J’incarne ici l’enfer. Car, le problème, ce n’est pas d’avoir un père connu. Le problème, c’est les autres. Les autres qui se sont approprié le personnage public, qui ont vécu avec ses décisions, qui l’ont vu à la télévision, qui l’aiment ou le détestent et se sentent autorisés à en parler à celui qui a hérité du nom selon la coutume, ou à celle qui a hérité de ses gènes. Il est grand le mystère de filiation. Un oeuf, un spermatozoïde, un nom de famille, du talent, des névroses. La musique. Il y a quelque temps, j’ai réuni Jérôme, Marie Marine, Jessica et Alexis autour d’une bière. La progéniture de

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Louise Forestier, Robert Charlebois, Raymond Lévesque et Gilles Vigneault pour un reportage à la radio sur les enfants qui ont décidé de marcher dans les traces de leur parent, malgré un patronyme imposant. Bien souvent, leur nom de famille, ils ont fini par l’accepter et l’utiliser. Parfois pour faire mousser leur prénom, parfois pour essayer de vendre des disques et, par la bande, être aimé. Difficile, voire impossible de supporter la comparaison quand on se nomme Charlebois ou Reno. Toute sa vie, Marie Marine est condamnée à se demander Quand exactement les hommes vivront d’amour… Si on était cynique, on leur conseillerait de se faire dentistes, mais l’âme remplie d’empathie, on compatit vraiment. En 1994, l’année du référendum de Charlottetown, quelqu’un avait dessiné un graffiti énorme sur le mur du collège : «À mort Trudeau… maudit vendu!» Michel fumait tranquillement dehors et observait avec amusement l’im­ mense inscription. Il portait, encore, son sac à dos trop grand. À ses funé­ railles, assise bien droite dans l’église, alors que le prêtre parlait du paradis, alors que les badauds se pressaient sans discrétion pour voir l’ancien premier ministre de près, alors que Michel nous quittait, je ne pouvais m’empêcher de me repasser ce moment comme une séquence de film. Michel, quand je pense à toi, encore aujourd’hui, je revois encore ton christ de nom de famille écrit en gros sur le mur de briques, celui qui faisait partie de toi comme de ton destin. Était-ce trop lourd à porter de t’appeler Trudeau? Je n’ai jamais pu te poser la question. Tu es parti trop tôt pour y répondre, pour te faire un prénom et pour tous ceux qui l’aimait. Salut Michel.

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TEXTE : Catherine Perreault-Lessard – PHOTOS : Patrick Cormier

Vol en première classe, entrevues autour d’une bouteille de Dom Pérignon, tapis rouges à l.a., lancement de disque à l’Hôtel W... Les journalistes culturels mènent-ils une vie de rêve comme on le prétend? Pour le savoir, notre reporter a suivi pendant trois jours Anne-Marie Withenshaw de Flash et Raphaël Gendron-Martin du magazine Échos Vedettes. Trois jours passés à boire des Cosmo, serrer des mains félixisées et manger du tartare de saumon. Trois jours à observer ces deux brutes du journalisme à l’œuvre, à les analyser et leur poser mille et une questions. Autopsie d’un métier glam, pas aussi glam qu’il n’en paraît.

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JOURNÉE #1 13 h 30 – Rencontre à TQS

16 h –

Le match est terminé et le potinage aussi. Louis Morissette nous rejoint en combines à deux pas de la chambre des joueurs. Raphaël commence l’entrevue avec une question smooth : «Pis qu’estce qui se passe de bon ces temps-ci?» Pendant de longues minutes, l’ombre de Véro parle en long et en large des Mecs Comiques, de c.a., de ses projets futurs. La conversation est entrecoupée de «Pis, comment va la petite famille?» et de «D’autres bébés en vue?» Morissette répond à toutes les questions, le plus naturellement du monde... « On pense que les artistes s’étendent quand ils parlent de leur vie privée, mais non», dit-il. « Ce sont les journalistes qui fouillent! Mais on fait pas juste ça… Sur une entrevue de 15 minutes, je leur parle environ 12 minutes de leurs projets et 3 minutes de leur vie privée. Mais l’affaire, c’est que si la vedette m’annonce qu’elle s’est séparée, c’est souvent ça qui va sortir en premier. C’est le genre de nouvelles qu’on nous demande de chercher.»

Je rejoins Anne-Marie devant les bureaux de tqs. La blonde est encore plus lumineuse qu’à la télé, c’en est presque complexant. Les présentations à peine terminées, on saute dans le premier taxi en direction de Chez Alexandre pour une entrevue avec Lynda Lemay. En route, la jeune femme de 29 ans relit les notes de ses recherchistes une dernière fois. Je lui demande en bonne petite journaliste de la fpjq : « Tu te prépares pas plus que ça ? — Souvent, je peux faire deux entrevues par jour… Ça fait que j’ai adopté une méthode de travail très rapide… Et Lynda, ça doit faire 5 fois que je la rencontre. Je commence à la connaître ! — Est-ce que ça arrive que tu ne sois pas prépa­ rée du tout ? — Je ne pourrais pas me le permettre ! Ça serait une insulte pour l’artiste ! — Pis Lynda, es-tu fine ? — Oui, elle est fine ! Au Québec, c’est vraiment la question. « Es-tu fine ? » Je dois me le faire demander une fois par jour ! »

14 h 00 –

16 h 15 –

Entrevue Lynda Lemay

Lancement de Corneliu

Début de soirée. Pour terminer la journée, AnneMarie et moi nous rendons dans un bar à tapas de la rue Notre-Dame pour le lancement du disque de Corneliu Montano. Sur le chemin, on en pro­ fite pour écouter son nouveau cd de covers de Luis Mariano. On rit, c’est sûr. À peine rentrées dans le bar, le proprio nous met une margarita dans les mains. Puis des bouchées de tartare. Puis encore de la margarita. Au loin, j’aperçois Corneliu dans son petit habit stretch. J’ai peine à contenir mon envie de rire. «Souvent, les artistes que tu apprécies le moins sur le plan musical sont ceux avec qui tu cliques le plus sur le plan personnel. Et vice-versa», relativise AnneMarie. «Mais au Québec, c’est très rare que je suis déçue ou que je rencontre des gens qui sont notoriously mean.» Pendant qu’elle se met en place pour son live, j’en profite pour prendre un autre verre de margarita. Non mais, quel beau métier!

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Entrevue avec Patrice Robitaille

Raphaël attrape Patrice Robitaille à sa sortie de la chambre et démarre la discussion avec un sujet bonbon: son amour du hockey. Après 12 minutes, il lance au gaillard : « Pis, comment va la petite famille? » Soudain, l’Invincible change de visage. — J’sais pas, tu y demanderas. — Non mais, la petite doit être rendue à deux ans maintenant, elle doit avoir commencé à parler? — J’sais pas. Malaise. La discussion s’arrête ici, ciao-bye. Si j’étais Raphaël, j’aurais presque le goût de me cacher dans la glacière à bière. Mais non. Le reporter conserve son calme naturel. Il en a vu d’autres. «Je respecte ça, dit-il. Moi, ma job, c’est de m’informer. Si la vedette ne veut pas répondre, c’est son choix», dit-il. «Ça arrive environ une fois sur 10.» Une dernière entrevue avec le (subli­ missime) Jean-Thomas Jobin et on s’en va. On a d’autres chats à fouetter anyway: ce soir, c’est le Gala de l’a disq, l’un des événements les plus big de l’année.

Anne-Marie fait son entrée dans la salle. Elle lance à Lynda en regardant sa tenue: «C’est beau ton linge, ça glitter! — Ouais, c’est ma fille qui l’a fait…» Dans mon salon, j’aurais sûrement fait ma Denise Bombardier et poussé une phrase du genre : «’stie de commentaire de filles». Pas cette fois. Je regarde Anne-Marie travailler, enchaîner sur la tour­­née de la Lynda en Europe et son quarantième anniversaire, la ramener quand elle se perd dans ses réponses et je suis bouche bée. Elle se souvient de tout : des dates, des événements, de ses œuvres, name it. Cette fille-là a une mémoire de singe et elle m’impressionne. C’est une pro, les journalistes culturels sont des pros. Ils connaissent tout, ils ont tout vu, tout entendu. Je veux être elle.

18 h –

Entrevue avec Louis Morissette

JOURNÉE #2 14 h – Match d’hockey de célébrités On est dimanche et il fait beau soleil. Pour notre première rencontre, le journaliste d’Échos Vedettes Raphaël Gendron-Martin (mi-vingtaine, petit, che­veux bruns, yeux bruns) m’a donné rendezvous dans un aréna de l’est de la ville pour assis­ ter à un match de hockey de célébrités. À cent lieux de chez Alexandre. Nos fesses sont à peine posées sur les bancs pliants de l’estrade et déjà, je l’attaque avec ma première question : Qu’est-ce que tu fais à travailler chez Échos Vedettes? — J’aime beaucoup les arts et spectacles, faire des critiques de disques, de longues entrevues avec les artistes dans les cafés... — Et les potins? — Mais non! Les gens pensent qu’on s’intéresse juste à ça! Y a seulement les cinq premières pages

qui sont consacrées à ce genre de contenu-là! Tu le liras, tu vas voir! — Est-ce vrai que vous inventez des potins? — Je suis pas un scripteur! J’aurais de l’imagi­ nation en maudit si je les inventais. Échos Vedettes, ça fait 45 ans que ça existe… Le magazine aurait jamais duré aussi longtemps si on racontait n’im­ porte quoi. — Où est-ce que vous les prenez, d’abord? — Au journal, on reçoit beaucoup d’appels du public. Par exemple, les gens nous appellent pour nous dire qu’ils ont vu deux artistes en train de manger au resto. — Pourquoi est-ce que vous écrivez «Rumeur», des fois, en haut d’un article? — Ça veut dire qu’on a eu la confirmation de d’autres sources, sauf du principal intéressé. — Ah bon. Hey, en passant, savais-tu que Guy A. Lepage s’est fait prendre au lit avec…

18 h 55 –

Gala de l’ADISQ

Je retrouve Anne-Marie sur le tapis rouge où une trentaine de journalistes et de photographes sont déjà en poste. À la télé, j’avais toujours eu l’impression que l’entrée des stars était la grosse affaire, que les vedettes arrivaient comme des princesses et tout… Pas vraiment, finalement. L’espace est super petit (environ 10 mètres par 10 mètres) et il est meublé de plantes en plastique cheap. C’en est presque drôle. «Comparé à ça, les tapis rouges à l.a., c’est dément! me chuchote Anne-Marie. Les journalistes se battent pour ob­ te­n ir des quotes! Ils sont malades mentaux!» À Montréal, ça jase, ça fait des blagues, ça se donne des trucs. La belle entraide. Tous les artistes (ou presque) s’arrêtent pour leur parler. «Aux ÉtatsUnis, c’est très rare que les vedettes arrêtent pour parler au Québec», me dit-elle. «C’est parce qu’on

est tellement mal placés sur les tapis rouges. Ça m’est déjà arrivée d’être classée 47e sur le tapis rouge, juste à côté de la Serbie!»

Pendant une heure, j’ai regardé entrer les vedettes une à une. Voici un portrait des quatre spécimens que j’ai identifiés sur le tapis rouge. LES HAS-BEENS Les Patsy Gallant de ce monde sont généralement les premières à faire leur apparition. C’est qu’elles profitent du fait que les photographes et les journalistes n’ont rien de mieux à faire que de les interviewer pour obtenir un peu d’exposure. Avant le Gala, elles enfilent un vieux morceau de Joseph Ribkoff qui glitter (comme Lynda), tellement old school comme look que les journalistes n’osent même pas leur demander qui les a habillés. LES NOBODIES La Marie-Ève-c’est-quoi-donc-son-nom-de-famille est la deuxième arrivée: si elle débarque une heure avant le Gala, c’est parce qu’elle n’a jamais compris que t’arrives pas en premier dans un party. Lorsqu’elle pose son pied chaussé Yellow sur le tapis rouge, les journalistes s’échangent des regards en forme de point d’interrogation : c’est qui elle? Heureusement, y a toujours un petit gros de la radio de Longueuil qui est là pour leur répondre. Une fois qu’ils ont obtenu la réponse à leur question, ils l’accueillent comme s’ils la connaissaient depuis toujours: «Ma belle Marie-Ève, dis-moi, qui t’habille ce soir? C’est mon amie finissante au Collège Lasalle. Elle n’est pas encore connue, mais…» OK, next? LES HABITUÉS Pour le Gala, les Daniel Bélanger et Claude Dubois arrivent pas trop à l’avance, pas trop tard, juste parfait pour pousser quelques cheeeeeeeze! et répondre pour une centième fois aux mêmes sempiternelles questions. Quand on leur demande: «Qui t’habille?» ils répondent: «C’est moi, crisse.» Et quand on leur dit: «Qui t’accompagne ce soir? Ta fille?» Ils répondent: «Ma blonde, crisse.» LES ALMOST FAMOUS On ne le voit pas à la télé, mais les Malajube et autres bands de la relève avec des noms de légumes se rendent au Gala en métro, en vélo ou avec leur vieux char scrap. Ils arrivent max 10 minutes avant le début du show, toujours avec une fille différente, qui mouille à la simple idée de se faire photographier avec lui. Une fois sur le tapis rouge, ils ne marchent pas : ils courent. Pas question de parler aux journalistes. Ben trop commercial, stie.

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00 h 21 À l’intérieur, je m’imaginais voir des couples de vedettes secrets frencher à pleine bouche pendant qu’Éric Lapointe vomirait dans un coin ou encore voir Damien Robitaille jouer des solos d’air guitar pendant que Gregory Charles s’allumerait un joint… En fait, j’imaginais ça un peu comme dans Dirty Dancing, lorsque Bébé arrive avec ses melons et que tout le monde danse cochon… Rien à voir avec l’image que j’ai sous les yeux. Le fameux party de l’adisq est «poli». La foule reste tiède (à part Yann Perreau qui se pitche partout, bien sûr).

1 h 30 Dumas est assis tranquille dans un coin. Pépé fume une cigarette dehors. Même Kevin Parent a l’air à jeun. Y est où, le party ?

1 h 45 Les Breastfeeders sont partis et le dj est embarqué. La toune de Champion part dans les speakers. Je regarde mon voisin de dancefloor et lui dit: «Ch’pu capable c’te toune-là!» Le roux de Mes Aïeux me regarde comme si j’avais annoncé que j’avais des bâtons de dynamite dans ma brassière. J’suis vraiment dans un party de vedettes.

20 h –

Début du Gala

Le Gala commence enfin. Louis-José pousse ses premières jokes et la foule rigole. De l’autre côté, dans la salle de presse, on se croirait à la Bourse de New York. Les journalistes courent de tous bords tous côtés en attendant impatiemment que les vedettes fassent leur entrée backstage : les Jasmin Roy briefent une dernière fois leur caméraman («filme juste mon bon côté !»), les pitounes griffées Colori des 267 stations Énergie du Québec réchauf­fent leur enregistreuse, et les journalistes écrits tournent les pages de leur calepin à minou. C’est long. «Anyway, on passe notre vie à attendre!» me dit Raphaël Gendron-Martin. «Pour la première d’un spectacle, on arrive une heure avant le show et les vedettes, elles, arrivent seulement cinq minutes à l’avance, parce que ça ne leur tente pas de faire des entrevues. De toute façon, elles se font toujours attendre…»

20 h 32 –

Entrée des gagnants

Mes Aïeux sont les premiers à passer la porte avec leur trophée. Welcome to the jungle. Les gagnants commencent leur tournée : beaucoup de temps avec la télé, un peu avec les filles des radios et quelques secondes avec la presse écrite. «La télé prend toujours le plus de place», affirme Samantha (nom fictif), chroniqueuse dans un magazine de Quebecor. «Les journalistes arrivent avec leurs ca­ mé­ras et ils te coupent la parole quand tu es en train de parler avec l’artiste… Les journalistes écrits, on a toujours les miettes.» Samantha n’est pas seule à penser ainsi. L’envie, l’amertume et la jalousie sont palpables chez les pousseux de crayons. «Je ne comprends pas pourquoi les artistes veulent autant passer à la télé. On ne les voit que quelques secondes!» ajoute-t-elle. «Dans notre ma­ga­zine, y a 1,3 million de lecteurs qui vont les lire. Tout le monde sait que les paroles s’envolent et que les écrits restent, cibole!»

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2 h 15

21 h 05 Raphaël et Anne-Marie enchaînent les entrevues et je les regarde aller du coin de l’œil. Moi qui pensais m’amuser comme une petite folle, je commence à trouver le temps fucking long. Je m’asseois quelques minutes devant la télé. Isabelle Boulay fait son entrée sur scène pour interpréter sa chanson Entre Bâton-rouge et Matane, accompagnée par Michel Rivard. Je dis haut et fort: «Cette toune-là, ch’pus capable.» Au même moment, je me retourne et j’aperçois à côté de moi Marie-Christine Trottier. La blonde de Michel Rivard. «Est-ce que Michel a fait quelque chose sur cette chanson-là ?» — Oui, c’est lui qui l’a écrite. — Ah… — Hmmm. — Ben t’sais, je dis que «je l’hais», mais «je l’hais» pas «vraiment». Je l’ai juste trop entendue. — Hmmm.» Leçon : À l’adisq, tes commentaires artisti­ques, garde-les pour toi s’te-plaît.

22 h 32 –

Fin de Gala

Les journalistes bayent aux corneilles. Ils sont brûlés. Ils ont attendu les artistes toute la soirée. On ramasse le stock, il est temps d’aller faire le party. — Raphaël, as-tu des billets pour l’after-party ce soir? — Non. Ils veulent pas voir de journalistes là-bas… — Ah non?

23 h 30 –

Le party

Le bouncer est catégorique. Non, c’est non. Pas question de me laisser rentrer. Au moment où j’allais remettre mon manteau, j’aperçois Jonas au bras de sa chick. Je m’essaye : « Salut Jonas! — Salut… — J’sais pas si tu te souviens de moi… Je suis l’ex de Ian. J’t’avais fait un lift chez vous après le party… T’sais le party ? — Oui, oui, j’m’en souviens… — ok, ben t’aurais pas un billet de trop ? — Ah non… J’en ai même pas un pour moi… — Ah ok. Bonne soirée.» Trois secondes plus tard, il entre dans le party comme Christian Latreille à lg-2. C’est pas vrai que je vais laisser passer l’occasion d’aller cruiser Pépé et sa guitare. Redoublant de courage, je décide de me frayer mon propre chemin. Après 20 (putains) de minutes de marche dans les corridors du Centre des Sciences, j’identifie un immense rideau noir d’où s’échappent des serveurs. Je m’ap­proche. Tranquillement. Et je traverse. Ni vue ni connue. I’m in.

Après cinq coupes de vin, je prends mon courage à deux mains et décide d’aller parler à un chanteur d’un groupe de la relève que je trouve de mon goût. D’entrée de jeu, il me dit qu’il est en criss qu’Untel ait gagné dans telle catégorie. Je l’écoute, le relance, l’écoute encore. J’ai pas le choix, il ne me demande rien sur moi. Je lui pose une nouvelle question et il me répond : « Coudonc, tu me passes-tu en entrevue?» — Non.  Je le regarde se tripoter le nez et soudain, tout devient clair. Si le party de l’a disq est aussi corporate, c’est pour une seule raison : les invités sont tous poudrés. C’est pas ici que je vais voir quelqu’un en train de dégueuler.

3 h 15 La sécurité met les derniers piliers de bars dehors. À la sortie, les invités se donnent rendez-vous au Tap Room pour finir la soirée.

4 h 00 Une trentaine de vedettes (Yann Perreau, Ariane Moffatt, Mes Aïeux, Pépé et sa guitare, Tricot Machine) sont agglutinées devant le bar. — Est-ce que quelqu’un a les clés? — Non. — Est-ce qu’il y a une porte arrière par laquelle on peut passer ? — Non. — Est-ce que quelqu’un a un contact ? — Non.

4 h 01 La trentaine de vedettes et la petite journaliste s’en vont se coucher.

JOURNÉE #3 18 h 55

genre : “Reese won’t talk about her divorce”. Si tu en parles, tu te fais sortir automatiquement et ils ne te donnent pas ta cassette… »

Appel à mon amie Marjo : — Hey salut! — Salut! — Pis, c’tait le fun ton party d’Halloween? — Ouais, je me suis déguisée en tranche de bacon. Tout le monde était là. Pis toi, l’a disq? — C’tait fou. J’ai fait le party avec Mes Aïeux, Ariane, Pépé et sa guitare... — Ah ouin? Pis demain, qu’est-ce que tu fais? — Je vais à la première de Martin Matte. Hey, faut que je te laisse là, Anne-Marie vient d’arriver. On s’en va prendre un verre avant le lancement de Bran Van… — Ciao! — Ciao.

19 h Je rejoins la chroniqueuse de Flash dans un bar de la rue Saint-Jacques, juste en avant du chic Hôtel Saint-James où a lieu le lancement de Bran Van. Fraîche comme une rose, elle est debout depuis six heures du mat! C’est que les journalistes culturels n’arrêtent jamais : ils sortent tard, ils rentrent tôt. Un horaire de mongol que je n’arrive visiblement pas à suivre, cernée jusqu’au nombril et encore saoule de la veille. Pour la première fois, j’ai Anne-Marie pour moi toute seule. J’en profite pour lui parler d’un autre volet du journalisme culturel: ses voyages à l’étranger et surout, des junkets (afin de faire mousser la sortie de leur films et obtenir de la couverture médiatique, les compagnies de cinéma louent la fin de semaine des chambres dans des hôtels à l.a. Dans chaque chambre, il y a un acteur, et les journalistes se promènent pour les rencontrer). « C’est quoi l’ambiance? — Dans les corridors, y a plein de madames avec des head-set. C’est très américain, très Armaggedon! — Ça doit être le fun, non? — C’est plus ou moins plaisant… Chaque acteur peut recevoir entre 25 et 60 journalistes par jour. On a quatre minutes avec eux et on ne peut pas dépasser. Pendant toute la durée de l’entrevue, y a une madame en arrière de sa tête qui dit ça fait combien de temps et dès que ça fait quatre minutes, elle arrête tout. Puis, une fois que l’entrevue est terminée, on te donne ta cassette et tu changes de personne. C’est comme du travail à la chaîne, c’est ultra-impersonnel. Le seul avantage, c’est que ça te donne la chance de rencontrer des gens comme Brad Pitt ou Tom Cruise. — Les acteurs doivent être épuisés… — Oui, mais y en a qui sont super bons làdedans. Tom Cruise, par exemple. Chaque fois que tu lui poses une question, il te donne l’impression que c’est la première fois qu’il entend ta question. George Clooney est très bon aussi, parce qu’il croit en ses projets, il est content d’en parler et ça paraît en entrevue. — Est-ce que ça arrive qu’il y ait des sujets que tu n’as pas le droit d’aborder? — Avant de commencer, ça arrive qu’on reçoive des directives des relationnistes des stars du

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19 h 30 On termine notre Cosmo et on traverse au SaintJames rejoindre le crew de Bran Van. L’endroit est plein à craquer. Le monde est beau, le monde rayonne. Même Anik Jean. Quelle belle vie. Au bar, je reconnais une des vedettes à qui j’ai parlé la veille : — Hey salut! — On se connaît? « Dans le métier, t’apprends rapidement que les artistes ne sont pas tes amis», me dit Anne-Marie. «Quand j’ai commencé à 20 ans à MusiquePlus, je faisais des belles rencontres et je pensais que les bands étaient mes amis. Un an plus tard, je les revoyais et ils ne se souvenaient même pas de moi. La semaine passée, j’ai fait une entrevue avec James Blunt. Je l’ai revu deux jours après et il m’a dit : “Nice to meet you.” Deux jours!»

19 h 45 Anne-Marie est on cam avec un membre de Bran Van. Pendant qu’elle parle, j’observe une comédienne aux seins saillants rôder sournoisement autour de la caméra. Y a pas de doute : la fille veut de l’attention. Et ça marche. Aussitôt que l’entrevue est terminée, la journaliste de Flash va à sa rencontre et lui tend le micro jaune. «Ah Flash ! Vous êtes là !» dit-elle d’un air faussement surprise. «Chez nous, on les appelle les plottes à tapis rouge», remarque une journaliste artistique d’un quotidien montréalais. «C’est toujours les mêmes. Elles sont à tous les lancements pour avoir de l’exposure. C’est bien simple, elles nous courent quasiment après pour qu’on les prenne en photos !»

19 h 47 Pendant qu’Anne-Marie demande à Éric Lapointe ce qu’il pense du nouvel album, je fais semblant d’avoir des amis, d’avoir quelqu’un à qui parler. J’ai beau être avec Flash, ce soir je feel vraiment nobody. C’est dur à avouer, mais cette fois, c’est moi la «est-ce-qu’on-se-connaît-c’est-quoi-doncton-nom-encore» du party.

20 h J’en ai marre. Je suis lendemain de veille et je trouve la crowd fake. J’ai juste le goût d’être chez nous, de me déguiser en tranche de bacon et d’aller rejoindre mes amis. Précipitemment, je dis aurevoir à Anne-Marie et je m’en vais. Je m’enfuis, presque. Je regarde la foule une dernière fois et j’ai mal au cœur. Finalement, les vedettes, je ne veux pas les voir en vrai. Je ne veux pas savoir qu’elles prennent de la coke, qu’elles sont assez désespérées pour qué­ man­der de l’exposure ou qu’elles sont pas fines en vrai. Non. Les vedettes, je veux qu’elles restent là où elles devaient être : dans mon écran de télé.

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Entre le panthéon de has beens et le scrapbook grandeur nature, le mur de célébrités est pour les propriétaires de ces établissements une manière d’exprimer leur fierté et de dire à leurs clients : C’est moi le king! photos : Eric Demay — texte : Véronique Labonté

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Chez Schwartz’s Chez Schwartz’s, chaque employé met la main à la pâte dans la construction du wall of fame. Tony, le plus groupie de la gang, collectionne les photos autographiées des rock stars : les Billy Talent, Joe Perry et Papa Roach. Frank, le gérant, pose des portraits des plantureuses actrices hollywoodiennes, comme Halle Berry et Angelina Jolie et Pierre, le cuisto, s’occupe des Grands de la chanson française: Hallyday, Bruel, Cabrel, Adamo et Aznavour.

Restaurant Daou

Céline et René, Céline et Luc, Céline en habits gold des années ’80... Au restaurant libanais Daou, le wall of fame est uniquement consacré à notre Céline nationale. «René et elle viennent ici depuis qu’elle est adolescente», raconte Soad, la plus jeune des soeurs Daou. «Elle est tellement simple! Une fois, elle s’est même levée pour chanter Joyeux anniversaire à un client!» Simple, tu dis?

Buonanotte 1992. Bono est assis dans le restaurant. Un employé du Buonanotte cherche un morceau de papier pour obtenir son autographe, mais en vain. En désespoir de cause, il lui tend une assiette. Bono y inscrit sa signature et marque ainsi le début d’une longue tradition : depuis, des centaines de porcelaines ont été griffées. George Clooney, Drew Barrymore, Wayne Gretzky, Bruce Springsteen… «On a en des boîtes pleines! On en a tellement qu’on est obligé de faire une rotation!» explique le gérant, Jonathan. «Ma préférée, c’est celle de Steve Tyler. On sent bien sa personnalité à travers l’assiette!» À quand celle de Martin Deschamps?

Steve musique Depuis 1965, les musiciens posent fièrement dans l’antre de la guit électrique de la rue Saint-Antoine (coupe de B.B. ou pas). C’est que Steve Musique dépanne souvent les grands noms de la musique de passage dans la métropole. «On leur envoie du matériel et ils nous remercient avec des photos autographiées», explique Dave, le gérant de la place. La photo la plus rock du wall? Robert Charlebois au bras de Pierre-Elliott Trudeau. «Tu ne verras pas ça souvent», assure Dave.

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Le Roi du Plateau Monica Viegas, co-propriétaire de la churrascaria Le Roi du Plateau connait tous les personnages de la télé québécoise. Dès qu’une vedette du TV Hebdo passe la porte de son resto, la Portugaise est prête à croquer son portrait; son Polaroid traîne toujours quelque part sous le comptoir. La Filiatrault, le p’tit Villeneuve, le beau Roy… La liste est longue. « La seule qui manque sur mon mur, c’est Dodo, remarque Monique. Je serais tellement heureuse de la rencontrer! »

Ménick , le barbier des sportifs

De Maurice Richard à Sidney Crosby, en passant par «Mad Dog» Vachon et Chuck Norris, les murs du barber shop de la rue Masson débordent de photos de sportifs arborant une coupe de champion. « Il y a quelques années, une limousine s’est garée devant la porte et Hulk Hogan est sorti en camisole en pleine tempête de neige!, se souvient Ménick en riant. Il faut croire qu’on a une bonne réputation! »

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TEXTE : Julie Laferrière — ILLUSTRATION : Morgan Guégan

Je brille, donc je suis ! Dans l’histoire de l’humanité, l’homme a toujours voulu se dépasser. Après avoir réussi à voler et marcher sur la Lune, l’homo sapiens rêve aujourd’hui de devenir une vedette, de se pavaner sur les tapis rouges et de répondre aux questions des Écho Vedettes. Parce que briller, c’est être et qu’être, c’est briller. Autopsie du rapport de l’homme à la célébrité. Si on s’amusait à jalonner une échelle de célébrités à travers le temps, la première empreinte pourrait être celle laissée par l’australopithèque Lucy, une charmante lolita poilue dont l’existence remonte à quelques trois millions d’années. Le dernier échelon, quant à lui, pourrait mener à Paris Hilton : célébrissime milliardaire, moderne et épilée. Entre ses deux extrêmes, l’échelle serait marquée de dieux, de figures mythologiques, de Jules César, de Jésus, puis d’une pléthore de héros : les réels, les supers et les virtuels. Les étoiles hollywoodiennes de la fin des années 40 éclaireraient les cieux d’aprèsguerre. Elvis et les Beatles soulèveraient les foules en pleine révolution sexuelle et d’autres rock stars telles David Bowie ou Bono illumineraient la morosité des années 80. Arriveraient finalement les années 2000 avec les Nicole Richie et Britney Spears; superstars du matériel. La vénération Depuis le xviie siècle, le Petit Robert accorde à la célébrité le sens de «notoriété, éclat, popularité ou renommée». Si cette définition est vieille de 400 ans, le besoin d’admirer un être plus grand que soi remonte quant à lui à la nuit des temps. «Ce besoin naît d’une quête de la beauté dans ce qu’elle peut avoir de plus pure et d’absolue», indique l’éthicien et philosophe, Patrick Snyder. En effet, qu’elle soit divine, onirique ou humaine, l’homme a

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toujours admiré la beauté. «Tendre vers elle le pousse à se dépasser, à s’élever pour s’approcher de ce qui est plus grand que lui», poursuit-il. Cette forme de foi est qualifiée de foi verticale: l’homme vénère ce qui est au-dessus de lui et qui répond de l’au-delà. Les dieux, par exemple. L’auto-célébration «Aujourd’hui, en raison d’un vide de foi verticale, le fait d’idolâtrer des célébrités est devenu une forme de quête spirituelle en Occident», explique Patrick Snyder. «L’homme qui vénère un semblable s’auto-célèbre: son rapport à la célébrité est intimement lié au culte de son propre corps.» C’est le star-système qui inspire cette forme d’adoration dite horizontale. L’homme vénère les célébrités vivant dans un monde qui lui est accessible : il célèbre ses «égaux» et, par extension, son ego. La popularité de l’actrice américaine Jennifer Aniston illustre bien cette théorie. La publication Forbes divulguait récemment que c’est l’ex de Brad qui, jouée en couverture, a fait vendre cette année le plus de magazines. Elle supplante ainsi Angelina Jolie et Scarlett Johansson. Parce qu’en plus d’être belle, riche et célèbre, «Jennifer semble être vachement sympa», relate le très sérieux journal Madame Figaro. «Elle aussi a le cœur brisé, et elle pourrait être notre amie. En somme, elle est comme nous.»

L’envie Ce n’est pas parce que l’homme admire des célébrités qui lui ressemblent qu’il ne les envie pas. Bien au contraire. Un fan qui s’émerveille devant une vedette peut jalouser sa position sociale et la reconnaissance dont elle jouit : il convoite ses avoirs son jet, son spa et ses voyages à Bora Bora et aspire à devenir à son tour, l’icône admirée. La célébration de nos stars obéit donc à un élan matériel, superficiel et égocentrique. Le dramaturge Olivier Choinière questionne la notion de célébrité dans sa plus récente création, Félicité. Dans cette pièce, des personnages tantôt ordinaires, tantôt démunis se projettent en Céline Dion par pur fanatisme ou d’un point de vue salvateur. «Aujourd’hui, admirer des célébrités permet de se projeter dans un monde meilleur», soutient l’auteur. «Le danger se situe dans la porosité : l’individu en vient à vivre l’existence de la célébrité admirée totalement par procuration. L’admirateur devient en symbiose avec l’être vénéré au risque de perdre sa propre identité.»

Polythéisme D’un point de vue dramatique, Olivier Choinière soutient que le vedettariat a carrément remplacé le Panthéon. «Le star-système propose un modèle de sujets adorés qui se rapproche du polythéisme», remarque-t-il. Mais puisque la relation à la célébrité est totalement subjective, impossible d’imaginer une star universelle qui ferait l’unanimité, tel un seul dieu. L’amateur de boxe se prosterne devant Muhammad Ali, mais peut rester de glace devant Gwen Stefani.

L’effet miroir Les médias de masse sont les vecteurs de la célébrité actuelle ; ils contribuent à faire des stars de purs produits de consommation. Elles stimulent les cotes d’écoute des talk-shows, font vendre des tonnes de revues à potins et naître chez leurs fans le désir d’obtenir les mêmes voitures qu’elles, les mêmes parfums et les mêmes montres de luxe. «La célébrité est devenue l’apothéose de l’hyper-consommation», souligne Patrick Snyder. En fait, l’arrivée des médias de masse est peut-être un aussi grand choc pour l’homme que l’invention du miroir. Les médias actuels sont des miroirs infinis qui transportent massivement et instantanément l’image aux quatre coins du globe en quelques secondes, ce qui peut franchement ébranler l’équilibre

D’ailleurs, peut-on mettre toutes les célébrités sur un même pied d’égalité? Certaines ne se rapprochent-elles pas davantage du héros que de la vedette? Si oui, quelle frontière tracer entre les deux? «Un héros peut être une célébrité, mais une célébrité n’est pas nécessairement un héros», répond Olivier Choinière. Comme le dit l’historien Daniel Boorstin : «Aujourd’hui, une célébrité est une personne connue pour être bien connue : célèbre pour sa célébrité.» Devant la liberté de choisir ses idoles, l’homme ne pourrait-il pas alors adorer davantage des héros au détriment des stars du vide : moins de Paris Hilton au profit des Gandhi et Mandela? Ainsi, en attendant une révolution ou une révélation, il resterait toujours ces étoiles plus brillantes que clinquantes à contempler… sur la terre comme au ciel.

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mental. On n’a qu’à penser aux récents déboires de Britney. Étrangement, malgré ce prix à payer, l’homme semble prêt à troquer sa liberté et sa santé au profit de la gloire. «Le besoin de reconnaissance demeure plus fort que la dépossession de soi», explique l’éthicien. À preuve, les jeunes en Occident n’aspirent plus à être médecins, avocats ou artistes: ils veulent d’abord et avant tout être connus.

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VIVRE AVEC UN HOMO VEDETTUS TEXTE : Noémie Bégin — ILLUSTRATIONS : André Dubois

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Pendant quatre ans, j’ai partagé la vie d’un humoriste-comédien-animateur-chroniqueur-scénariste et quoi d’autre, encore? Pas de doute, mon homme, c’était une vedette. Cela vous fait rêver, mesdames? Pourtant, de nos jours, sortir avec un Homo anonymus, c’est déjà très compliqué. Or, ces complications se décuplent lorsque l’objet de votre affection est un Homo vedettus. Démythifions donc ensemble cette créature fascinante, car, comme le dit si bien Hegel, « il n’y a pas de héros pour son valet de chambre » — ou, si vous préférez, « il n’y a pas de vedette pour la fille qui couche avec. » Le soir où vous apercevez l’Homo vedettus pour la première fois, vous le trouvez beaucoup plus mignon que sur le papier glacé des magazines que vous feuilletez quand vous poireautez en file à l’épicerie. Cependant, vous ne pouvez pas l’aborder, ni lui sourire, ni renverser sur lui votre vodka-canneberges. En effet, l’Homo vedettus ris­querait alors de vous confondre avec une Star suckerus, un de ces vulgaires parasites femelles qui se déplacent en groupe et qui se nourrit de sa semence — exercice auquel plusieurs de ses semblables acquiescent lorsqu’ils sont mal pris. Par chance, votre Homo vedettus ne tarde pas à se manifester de son propre gré. Serait-ce possible qu’habitué d’être désiré et adulé de tous, l’Homo vedettus ne connaisse pas cette légendaire peur du rejet qui tourmente l’Homo anonymus? Bra­ vant la foule, poussant vos amies, il fonce droit sur vous : — Tu es vraiment belle, c’est quoi ton nom? Vos premiers rendez-vous se déroulent dans les règles de l’art. Quelques films, quelques sou­ pers en tête à tête. Dans les restaurants, lorsque vous arrivez avant lui, vous devez vous livrer à des joutes verbales avec les serveuses pour avoir un verre d’eau. Cependant, il suffit que l’Homo vedettus soit assis en face de vous quelques ins­ tants plus tard pour qu’elles s’inquiètent tout à coup de la température de votre soupe et de la texture de votre tartare, ce qui vous décourage

profondément sur la nature féminine. L’Homo vedettus vous parle de son enfance, de ses voyages, de ses projets. Dès que vous prenez la parole, il vous interrompt d’un air contemplatif : — Tu es tellement belle! Vous trouvez cela charmant. Partout où vous allez, les apéros et les digestifs sont offerts. En perdez-vous votre sens critique? Vous avez 27 ans. Bientôt, vous confiez le nom de votre nouvelle flamme à vos amies. Ici, avouez-le : la petite va­ni­­ teuse en vous s’enorgueillit déjà de leurs réac­ tions. Pourtant, une fois l’effet de surprise passé («Haaaaaaan? Ah oui, haaaaaaan! Lui?»), vos amies grimacent. Chacune a son histoire à vous ra­ conter : avec quelles filles il a couché, à quelle mala­d ie honteuse cela l’a exposé, quelle est la taille de son deuxième cerveau. Vous niez tout. Vilains ragots ! N’empêche, le doute s’installe. — Chéri, est-ce que c’est vrai qu’il y a deux ans, tu fréquentais le B*** et que, chaque soir, tu ramenais chez toi une fille différente? — Je suis une personnalité publique. Il y a toutes sortes de rumeurs qui circulent sur moi. Que je suis gai, par exemple. Tu vas devoir t’y habituer. — Tu as raison. — N’écoute pas ces langues de vipères. — C’est promis. Au fait, à quand remonte ton dernier rendez-vous chez le médecin? Il vous offre des dvd de films et de séries télé dans lesquels il a tenu un rôle, il vous fait lire des

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textes qu’il écrit. Quand il accorde des entrevues à la télé ou à la radio, il en revient bouleversé à s’en tordre les mains, persuadé d’avoir dit ceci de trop ou d’avoir oublié de dire cela. Rassurez-le. — Tu as été parfait. C’est l’animateur qui ne posait pas les bonnes questions. Un gala se prépare. Une grande fête de la télé­ vi­sion. Devriez-vous vous acheter une robe? Pas si vite. L’Homo vedettus vous annonce qu’il a tou­ jours cultivé une coupure très nette entre sa vie privée et sa vie professionnelle. En aucun cas il ne souhaite s’ex­hiber à vos côtés dans un événement médiatique. Il exècre ses sem­blables qui, chaque année, paradent sous les projecteurs avec leur douce moitié. Il vous supplie de le com­prendre : c’est pour se protéger, lui, mais surtout pour vous protéger, vous, son objet d’affec­tion le plus précieux, son trésor, son petit agneau beaucoup trop pur pour affronter la jun­gle super­ficielle de la célébrité. C’est donc vêtue de votre pyjama que vous regardez le gala à la télévision. Le lendemain, l’Homo vedettus vous prie de ne pas vous alarmer si vous tombez sur une photo de lui et d’une sémil­l ante jeune fille dans les journaux : il s’est fait croquer sur le tapis rouge avec la nouvelle assistante de son agent. Son sens des contradictions vous fascine. Navré, l’Homo vedettus vous invite dans une jolie auberge des Cantons-de-l’Est où la sociologue en vous constate qu’il y a réellement deux solitudes dans la Belle Province, car l’Homo

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« JE POURRAIS M’EN RAMASSER À LA PELLE ! JE L’AI DÉJÀ FAIT. » – Homo vedettus

« JE SUIS UNE VEDETTE : JE POGNE. »

« C’EST DONC VRAI CE QU’ON M’A DÉJÀ RACONTÉ À TON SUJET ? »

– Homo vedettus

vedettus passe incognito auprès de la clientèle et du personnel anglophones. Son travail l’absorbe. Souvent, la nuit, il s’éveille pour noter ses idées. Le jour, il les développe, les peaufine, les déclame, les faxe à son agent. Que se passe-t-il derrière la porte close de son bureau? Il en ressort tantôt euphorique, tantôt mélancolique, tantôt amnésique. — L’anniversaire de ta sœur, ce soir? Ah non, mon lapin, c’est impossible que je t’aie dit que j’irais. J’ai envie d’avoir la paix. Et puis, c’est pas avec ta famille que je sors, c’est avec toi. Un trouble de vision vous incite à prendre rendezvous chez l’ophtalmologiste, qui vous demande de venir accompagnée, car afin d’émet­­tre un dia­gnos­ tic, il devra vous injecter dans l’œil un liquide qui rendra votre vue très em­brouillée. L’Homo vedettus accepte de venir avec vous. Puis, le matin même, il vous annonce que la campagne de promotion dans laquelle il est plongé lui ronge les nerfs. — Il faut que je dorme encore un peu. Je dois être concentré cet après-midi. J’ai deux entrevues. — Mais j’ai besoin de toi. Je vais être à moitié aveugle au milieu du centre-ville en sortant de là. — Je suis en pleine campagne de promotion ! Tu sais ce que c’est, chérie, le stress d’une campagne de promo? Tu en as déjà fait une? Peux-tu essayer de comprendre? Appelle ta mère ! Il est huit heures trente. Votre rendez-vous est à dix heures. Vous appelez une copine. Dans la salle d’attente, il y a un tas de journaux. Vous tombez sur un portrait de votre Homo vedettus qui fait l’éloge de l’amour et du couple. — Tu as vu ça? pleurnichez-vous. Tu ferais quoi à ma place? — C’est un narcissique, dit votre copine. Quitte-le. Vous emménagez avec lui. Bien que plusieurs Homo vedettus se plaisent à étaler leurs talents de cordon bleu chez Josée di Stasio, Ricardo et com­pagnie, vous êtes mal tombée. Votre Homo vedettus, lui, ne sait pas se faire cuire un œuf — littéralement.

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– Copine de l’Homo vedettus

Doit-on en imputer la faute aux traiteurs des plateaux de tournage qui le gavent depuis tant d’années, l’ayant confiné à un éter­nel stade in­ fan­t ile? Le soir, vous lui faites mi­joter des petits plats pendant qu’il s’adonne à son activité favorite : regarder la télévision. La plupart du temps, l’Homo vedettus regarde la télé­v ision pour étudier ses semblables — ou, comme tous les Cro-Magnons, pour voir le hockey. Mais, à cette heure de la journée, cette activité est consacrée à l’analyse des quiz sur la culture populaire : l’Homo vedettus est curieux de savoir si sa dernière création — ou, pourquoi pas, l’ensemble de son œuvre — a fait de lui un être suffisamment important pour que son nom soit la réponse à une question digne d’enrichir madame-tout-le-monde de 300 beaux dollars. Un soir, cela se produit. Il hurle de joie dans le salon. Vous soupirez au-dessus de vos chaudrons. — You-hou, ça va refroidir. Autour de votre table, il vous arrive d’accueillir d’autres Homo vedettus et leurs petites copines qui, comme vous, ont quinze ans de moins que leur chéri. Pendant que les Homo vedettus discutent de la bêtise indécrottable des journalistes et se con­gratulent allègrement sur leur dernière appa­ ri­tion publique, les petites amies échangent des recettes, discutent des romans qu’elles ont lus, organisent des week-end à Las Vegas. Lorsque les membres de sa tribu ont quitté votre chaumière, l’Homo vedettus, qui semblait pourtant passer une belle soirée, écume de rage : Untel a la tête enflée, un autre ne parle que de lui, un troisième est incapable d’admettre que son dernier film est un navet. Il est outré. Il gesticule. Offrez-lui un restant de tarte ou un dernier porto. Ça l’apaise. Sachez toutefois que le droit de critiquer les membres de sa tribu est un privilège dont l’Homo vedettus jouit de façon exclusive. Autrement, vous vous en rendrez compte un soir où vous émettez des réserves sur la réputation d’une comédienne.

— Je ne suis pas certaine qu’elle a toute la pro­ fon­deur qu’on lui prête. Je l’ai écoutée hier matin à Bazzo. — La texture de votre tartare vous convient? — Oui, merci. — Cette fille-là est très gentille. Je la connais. — Elle est sûrement gentille. Je ne dis pas le contraire. Mais quand elle se lance dans des tartines sur comment ses cours de trampoline ont changé sa vie, elle a l’air un peu conne. — Et si c’était toi, la conne? Vous quittez le restaurant en lui laissant l’addi­ tion. Ne vous sentez jamais trop coupable de lais­ ser l’Homo vedettus régler une addition. Non seulement il gagne l’équivalent de votre salaire mensuel en une matinée de travail, mais surtout, ne croyez-vous pas qu’il est grand temps que vous économisiez votre argent pour la thérapie dont vous aurez besoin le jour où vous serez prête à jeter la lumière sur toute cette histoire? Il porte une casquette et des verres fumés, mais lorsque vous vous retrouvez dans des rues trop passantes, l’Homo vedettus vous tire par le bras et vous entraîne dans les ruelles. — Quelqu’un pourrait me reconnaître. Nous suivre jusqu’à la maison. Savoir où j’habite! Vous claudiquez derrière lui en talons hauts, pestant contre les trous d’eau, les poubelles qui débordent et les clochards qui pissent. Il vous traite de princesse. Taxez-le de paranoïaque et obser­vez sa réaction. — Je pourrais te tromper si je le voulais. Je suis une personnalité publique. Partout où je vais, les filles sont toujours après moi. Je pourrais m’en ramasser à la pelle! Je l’ai déjà fait. Tu devrais te considérer chanceuse que je sois avec toi. — C’est donc vrai ce qu’on m’a déjà raconté à ton sujet? — Je suis une vedette : je pogne. Tout est complexe et confus. Quand rien ne va plus, un Homo anonymus sort prendre une

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marche et il respire un bon coup. À la rigueur, il va vivre quelques jours chez des amis. Pour l’Homo vedettus, c’est différent : il s’achète illico un billet d’avion pour aller passer quatre jours à Paris dans un cinq étoiles. C’est à son retour qu’il vous annonce avoir mis ses menaces à exécution avec une Parisienne rencontrée dans un bar et qui ne savait même pas qui il était. Que devez-vous comprendre à cela? Qu’il n’avait aupa­ ravant jamais « conclu » dans la peau d’un Homo ano­ny­mus? Qu’il en a pris son pied davantage? Vous tentez de ne pas en faire un plat, mais vous mesurez quand même toute la distance qui vous sépare de lui. Et si l’Homo vedettus était une créature qui vivait seule sur sa planète, croyant que toutes les autres sont en orbite autour de la sienne? Y aura-t-il jamais de la place pour accueillir un autre habitant sur cette planète? Vous commencez à en douter. Ce n’est donc peut-être pas un hasard si l’Homo vedettus se plaint de plus en plus souvent que vous ne le comprenez pas. Aussi, un matin, il vous jette à la porte. Il vous aide à transporter vos valises jusqu’au taxi. Il vous embrasse. Vous avez 31 ans. — Tu es belle, vous assure-t-il. Mais je n’ai plus de patience. J’espère que tu ne maigriras pas trop parce que tu as de la peine. Tâchez de voir cela comme une libération. L’Homo vedettus reviendra sans doute à la charge quelques mois plus tard, vous réservant un sacré coup de théâtre : il veut des enfants. Essayez de ne pas l’écouter. Et quand vous allez faire vos courses dans votre nouveau quartier où les files d’attente à l’épicerie sont si longues que vous en feuilletez encore ces revues près de la caisse, si par hasard vous tombez sur une photo de votre Homo vedettus, restez calme. Caressez doucement le papier glacé et répétez-vous que c’est bien cela, son milieu naturel — et non les draps d’un lit conjugal.

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Pogo the Clown par Mélanie Baillairgé, illustration sur scratchboard, 11 po. x 13 po., 200$. John Wayne Gacy est un super prédateur sexuel qui a sévi dans l’Illinois à la fin des années 70. En sept ans, il a tué plus de trente garçons. Il se déguisait en clown pour amuser les enfants à l’hôpital. Pas pour tuer les gens, contrairement à ce que certains racontent.

LES COUILLES DE JOHN WAYNE GACY Je sais pas combien vaut un pic de guitare de Jimmy Page ou bin un string souillé de Paris Hilton sur eBay, mais les paroles d’une toune de Charles Manson, écrites de sa main, vont chercher dins trois cent cinquante piasses chez Daisy Seven Auctions, un site qui se spécialise dans la vente de reliques d’assassin, ce qui est désormais chic d’appeler les murderabilias. TEXTE : Edouard H. Bond – ILLUSTRATION : Mélanie Baillairgé

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rite ONSTRES CRÉER DES M Londres orçoit une mystérieuse lettreséc S, M O N ES D de ency vantable CRIER Ag ou ép ws s Ne tre al ur ux me la Centr re 1888, dans pas ponsable de de Le 27 septemb e un next pour nte d’être le res L’auteur se va pis en annonc . , ge res quart, nd rou & Lo re cle nc de à l’e en un siè e Chapel le a école. Ainsi, le quartier Whit surnom qui fer le Fils de Sam, survenus dans rt, un r», Mo pe la Rip de r l’Ange né «Jack the ndres, de urrés bold pa Lo be de , long. C’est sig été ris t Pa ron au Vampire de des journaux de Wisteria, le les frontpages iste de l’Enfer! le Loup-Garou Scripps, le Tour cteur Torture, hn Do Jo : e, ori qu fav dia Zo Mon rf. ldo sse Du bin de Sacramento ou

La belle Daisy a accepté de répondre à mes questions. Je l’ai jointe au téléphone chez elle au creux de ses États-Unis, avec trois heures de décalage, pis deux pintes et demie d’avance sur elle. J’y vas d’une traduction approximative vu que je parle probablement moins bien anglais que toi. Est-ce que ça paye, ma belle? «Daisy Seven est le plus gros vendeur de murderabilias à travers le monde.» J’ai beau raconter à la délicieuse Daisy comme quoi Nightlife Magazine m’a sacré freak à l’Halloween, rien à faire, elle me sert de la réponse en cassette préenregistrée. Les gens troublés, ceux du genre à collectionner des souvenirs d’assassins, je les croyais open à s’ouvrir le cœur, à partager leur passion pour le morbide, mais non! Il s’agit juste d’une autre bande d’assholes paranos. Moi qui voulais me faire des amis. Faque j’enchaîne comme un pro : c’est qui ta clien­tèle? «Des docteurs, des avocats, des juges, des femmes au foyer, des étudiants, des vedettes,

des spécialistes en graphologie.» Pas moyen d’avoir le nom d’une vedette, salope de Daisy, elle se mériterait une claque si on était en personne. Chlac ! Ma toute Daisy, pour quel meurtrier tes clients craquent-ils le plus? « Richard Ramirez 1 est un gros vendeur. Mais t’sais, honnêtement, je saurais pas te dire. On tient un inventaire au choix immense, nomme-moi un tueur pis on a certainement de quoi pour te satisfaire mon beau Eddie. » La Daisy, je la vois comme une Vanna White qui me présente sa gamme de produits available avec ses grandes griffes vernies rouge, des grosses boules, des lèvres pulpeuses figées dans un sourire super fake, robe de soirée, talons hauts, les yeux pâles pis vides, un cadavre découpé en morceaux qui dort dedans son frigidaire depuis avant-hier. C’est quoi le best-seller? «Les lettres signées. Les peintures pis les dessins vendent pas mal aussi. Attends Eddie, je trouve mon feu pis je m’allume une smoke… »

C’est ça oué, allume-toi une smoke. J’en profite pour aller surfer sur la Serial Killer Central. Ce site compte quasiment cinq mille mem­bres. C’est loin des billions sur fuckin’ Facebook, soit. Mais là-bas, c’est pas pour shaker des hamsters pis se payer des tournées de booze mail qu’on s’y rencontre, c’est pour parler d’assassins célèbres comme d’autres parlent de hockey. Cinq mille fans de tueurs, ça donne froid dans le dos. Pas toi? Ted Bundy2 a dit : «We, serial killers, are your sons. We are your husbands. We are everywhere. And there will be more of your children dead tomorrow. » Quelle prémisse pour un carnage! Ces temps-ci, à ce que j’ai pu lire sur les forums de discussion, Jack the Ripper a pas trop trop la cote, son score — de cinq, faut-il le rappeler! — fait piètre figure devant Tchikatilo3. Pis quand t’as un Cho qui débarque à Virginia Tech pis qu’en une coup’d’heures shoote trente-deux étudiants à

l’avenir prometteur, les cinq fuckin’ putes de Jack, c’est quasiment une insulte à la profession. Moi, chuis un romantique, j’aime bin l’Éventreur. Je me suis ouvert un profil sur skcentral. J’ai posé la question suivante sur le forum des murderabilias : Je trouve correct qu’on ait envie de collectionner des vinyles super rares d’Elvis, mais une motte de poils de poche de Juan Corona4 ... Pourquoi vous collectionnez des mottes de poils de poche de Juan Corona? Juste pour savoir... On m’a kické out de la centrale avant que j’aille une réponse. C’est là que Daisy orprend le combiné, me souffle sa boucane dans face en me disant pour changer de sujet : «On n’a jamais payé directement les tueurs.» Pourtant Lawrence Bittaker5 affirme dans le maga­zine Bizarre (#125) avoir fait des affaires d’or. « Je confectionnais des cartes de souhaits à la main. J’ai volé des ongles d’orteil à Randy Kraft6 pour les vendre aux fans dehors. En tout et partout, j’ai fait à peu près cinq cents

piasses. » Daisy paye pas directement ses tueurs mais on s’entend que ces précieux objets tombent pas du ciel. Je fais un retour : est-ce que c’est payant ? « R’garde Ed, j’ai déjà vu des trucs partir à plus de mille piasses. » Le plus sick? « Le plus weird stuff qu’on a vendu c’est à mon avis une toile de Wayne Lo7. Il avait éjaculé dessus à grandeur. » Oh yeah, j’aime­rais tellement ça avoir une aquarelle d’Albert Fish 8 couverte de son sperme! Daisy me révèle ensuite la couleur de sa culotte — rose — pis respire plus saccadé. Je lui shoot du tac-o-tac que j’ai en ma possession le cd de Mégadeth que Kimveer Gill a écouté avant de débarquer à Dawson, que j’ai envie de m’en débarrasser. Comment est-ce que je peux pawner le cd sur son site ouèbe ? «Tu t’enregistres comme vendeur, pis tu listes ça dans rubrique School Shooters. » Easy de même. Merci Daisy. Faque j’ai vendu mon cd de Megadeth super

cher pour me procurer ensuite les couilles de John Wayne Gacy, un super concentré de testostérone dans le formol. Entre une figurine de Sid Vicious pis ma photo autographiée par Bianca Beauchamp, il y a le bocal qui trône fièrement sur l’étagère en face de moi, tandis que j’aligne ces derniers mots. 1 Bodycount de 14 durant les années 80, Californie, le Night Stalker 2 Bodycount indéterminé (entre 20 pis 40) durant les années 70, à travers les States, le Lady Killer 3 Bodycount incroyable de 52 kids durant les années 80, ex-URSS, l’Ogre 4 Bodycount de 25 dans l’espace de six mois en 1971, Mexique, le Machete Murderer 5 Bodycount de 5 avec son chum Roy Norris en 1979, Californie, les Plyer Killers 6 Bodycount indéterminé (condamné pour 16 meurtres, on le suspecte pour une quarantaine d’autres) durant les années 70 pis 80, Californie, le Freeway Killer. 7 School shooter au score de 2, le 14 décembre 1992, Massa­chusetts 8 Bodycount de 5 dins années 20 pis 30, New York, le Gray Man

FAIS PAS DE POUCE EN CALIFORNIE, MA BELLE >>> De 1950 à 2000, dix pourcent des serial killers connus sur la planète perpétraient leurs crimes sur les routes du Sud de la Californie. Mack Ray Edwards travaillait à la construction de ces routes durant les années 50. Meurtrier lui-même, il cachait les corps de ses victimes sous l’asphalte. L’explication la plus probable de la popularité du Sud de la Californie : les chasseurs d’humains étaient attirés par la quantité incroyable de fugueurs — fugueuses partis à Hollywood pour devenir des stars. Ironiquement, on se souviendra du nom des assassins, mais rarement de celui des victimes.

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Top 3 des gadgets les plus inutiles dérivés de célébrités 1. La Celebrity Weighing Scales est une balance qui vous indique non pas votre poids, mais bien celui équivalent d’une célébrité. Les plus hauts poids figurants sur la balance sont ceux de King Kong et Hulk Hogan. À quand une version québécoise avec Antoine Bertrand et Rosalie Jacques? 2 Le Celebrity Wake-Up vous permet de vous imaginer au petit matin aux côtés de la célébrité de vos rêves. C’est en fait un réveil-matin qui vous permet de vous faire réveiller par la voix de votre star favorite. L’unique défaut de l’objet? La seule voix de star disponible à ce jour est celle de Pamela Anderson. Excellent toutefois pour entretenir l’érection matinale. 3 La Hollywood Stock Exchange est une bourse fictive. Les «faux actionnaires» détiennent un porte-feuille de 2 M$ de dollars fictifs et investissent dans des films ou des artistes qui, selon eux, feront bonne figure au box-office. Selon certaines rumeurs, plusieurs investisseurs auraient perdu de gros montants à la suite de la sortie des Dangereux. www.hsx.com

5 vedettes à qui on crisserait BIEN une taloche > Jean-Luc Brassard > Roch «j’enlève mes cheveux avant de me coucher» Voisine > Fay & Audrey Sckoropad (les deux simili jumelles Olsen de l’émission poche bo2) > Jean-Nicolas Verreault > Chuck Comeau de Simple Plan (à égalité avec le petit emo)

10 plus fins du magazine > > > > > > > > > > >

Tricot Machine Les Justiciers Masqués Éric Salvail Stéphane de Normétal Marco Caliari Mathieu Cournoyer (Malajube) Grégory Charles Anne-Marie Withenshaw Rémi-Pierre Paquin Frédéric Giroux (Mes Aïeux) Ariane Moffatt

3 pas fins qui ont l’air fins dans la vie > Germain Houde > André Robitaille > Denis Bouchard

5 vedettes québécoises qui devraient sortir du garde-robe… > > > > >

Michel Louvain Pierre Lapointe Sophie Thibault François Morency Martin Matte

Top 5 des caprices de stars Scarlett Johansson a demandé sur un plateau de tournage d’être ramenée en voiture et d’être accompagnée de trois gardiens pour une distance de moins de 200 mètres. Paris Hilton achète une voiture dans chaque ville où elle passe pour éviter d’avoir à en louer une. Lors de son dernier voyage à Paris, elle se serait offert une Bentley Continental GT pour la somme de 200 000 euros. Mariah Carey a déjà dépêché une équipe d’assistantes person­ nelles dans un magasin où elle devait participer à une séance de signatures, pour s’assurer que son papier hygiénique rose préféré soit bien en place dans la salle de bains. Jennifer Lopez exige que son café soit remué seulement dans le sens contraire aux aiguilles d’une montre. Yannick Marjot exige d’être rémunéré en certificats-cadeaux échangeables contre des greffes capillaires.

Top 5 des nez de vedettes les plus populaires Selon le Beverly Hills Institute of Aesthetic & Reconstructive Surgery

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Jennifer Connelly Jennifer Lopez Jessica Alba Jude Law Leonardo DiCaprio

4 conseils d’experts à l’intention de ceux qui meurent d’envie de devenir le prochain Star Wars Kid 1. Soyez spontané Ce qui pogne sur Internet, c’est la comédie non-intentionnelle. «Le cas de Fidèle Lachance est un bon exemple. Ses répliques sont plus absurdes que tout ce que Claude Meunier a écrit dans sa carrière!» note le docteur ès culture populaire MC Gilles. «Le seul problème, c’est que plusieurs de ces artistes veulent seulement être vus et ne cherchent pas nécessairement à être drôles…» Suggestion de la rédaction: Demandez au petit Jérémy Gabriel de chanter quelques couplets d’Ave Maria dans votre vidéo.

2. Touchez droit au cœur C’est bien connu, le vrai monde aime les vraies affaires. «Les visiteurs affluent vers des vidéos

qui touchent les émotions de façon sincère et qui contiennent des petites scènes du quotidien, explique André Caron, pro­ fes­seur au Département de communication de l’Université de Montréal. Un bébé qui pleure, par exemple.» Suggestion de la rédaction: Ajoutez quelques scènes de Céline dans Des Fleurs sur la neige. 3. Fabriquez quelque chose de laid Sur YouTube, le principe est simple: si votre vidéo est léchée, oubliez ça, ça ne marchera pas. «Le film doit être artisanal, indique MC Gilles. C’est le côté vrai, amateur et passionné, et non le désir de faire de l’argent qui pogne.» Suggestion de la rédaction: Demandez à un réalisateur de Canal Vox de vous transmettre son art.

4. Soyez business Le succès d’un vidéo YouTube se mesure en nombre de clics. «Un titre accrocheur avec des références au sexe a un énorme pouvoir d’attraction et augmente le nombre de visites», remarque le professeur Caron. Suggestion de la rédaction : Essayez «Two twin teen lesbians making out with Ron Jeremy». Succès garanti.

Q Scores et Indice D par Véronique Labonté

8- Les Chats Bottés (1971) de Claude Fournier raconte les mésa­ ventures de deux magnifiques perdants, « les deux Donald », interprétés par Donald Lautrec et Donald Pilon. On peut y voir Janine Sutto en train d’halluciner une cohorte d’hommes qui dansent nus autour d’elle, en plein trip d’acide. 7 George Mihalka, connu pour Les Boys 4 a réalisé le film Scan­ dale (1982) dans lequel des fonctionnaires blasés de l’Assem­­blée nationale tournent un porno avec de l’équipement gou­ver­ne­ mental. Lors de leur tournage, une actrice xxx man­que à l’appel et Sophie Lorain la remplace au pied levé. En tenue d’Ève. 6 Toujours dans Après-Ski (1971), Angèle Coutu et Céline Lomez partagent un joint sur un lit topless après une dure journée de ski. 5 Encore aujourd’hui, on se souvient avec émotion de La Poune et de son show culinaire dans Scandale (1982). Alors

qu’un des personnages zappe entre son émission de cuisine et un film porno, Rose Ouellette livre sa recette de « dinde fourrée aux p’tites saucisses ». Elle termine le tout de façon surréaliste en sniffant une énorme ligne de farine et en s’exclamant : « Ça fait du bien! »

4 Dans le sympathique OK Laliberté (1973), de Marcel Carrière, Jean Lapointe parcourir la foule d’une messe en plein air pour y vendre du pot.

L’utilisation de vedettes pour promouvoir un objet, une cause ou une forme de thérapie est une stratégie marketing courante chez les compagnies et les organismes. Les Américains et les Québécois ont d’ailleurs su élaborer, chacun à leur façon, une échelle numérotée pour établir la valeur commerciale d’une célébrité. Aux États-Unis, le Q-Score existe depuis 1963. Deux fois par année, une étude est menée par la firme Marketing Evaluations pour évaluer la popularité de 1700 personnalités: des stars de la télé-réalité aux vedettes de sports extrêmes. Chaque vedette est évaluée par 1800 américains de 6 à 80 ans. Les résultats ne sont pas accessibles au commun des mortels: les entreprises doivent débourser quelques milliers de dollars pour y mettre la main! Au Québec, l’Indice D est mesuré par la firme Ipsos Descarie depuis 1995. En 2003, le noble Yannick Marjot atteignait une note générale de 3,83 sur dix, alors que Myriam Bédard, au lendemain de ses performances olympiques (bien avant ses démêlés avec la justice) obtenait la note exceptionnelle de 8,1. Vous vous demandez où se situe Patricia Paquin dans tout cela? Nous préférons attendre que son magazine fasse faillite avant de publier les résultats.

3 Toujours dans Scandale (1982), la délicieuse Chloé Ste-Marie dans son tout premier rôle en train de faire l’amour avec un stud noir, dans une baignoire, pour un tournage pornographique.

10 stars QUÉBÉCOISES qui se sont COMPROMISES pour l’Art

L’illustre inconnu

Par Pierre-Alexandre Buisson

Vous connaissez le soldat inconnu? Ceux qui le connaissent ne savent pas qui c’est. Et ceux qui l’ont connu ne se sont pas manifestés pour le reconnaître. C’est le plus illustre inconnu au monde, le plus célèbre anonyme six pieds sous terre. Le soldat inconnu est connu depuis la Première Guerre mondiale. Chaque année, le 11 novembre, de Londres à Ottawa, de Paris à Moscou et de Washington à Bruxelles, on célèbre le body de ce nobody pour ne pas oublier que la guerre tue et que le militaire défile. Ni tout à fait lui-même ni tout à fait un autre. Le soldat inconnu est un corps mort que personne ne réclame. Un homme sans passé, un être sans avenir. Une star sans visage. Une vedette sans musicographie. S’il avait été connu, le soldat ne serait pas devenu inconnu. Il n’aurait donc pas eu la chance de devenir mondialement connu. Plus connu de sa mort que de son vivant, il a réussi parce qu’il s’est fait éliminer. Comme dans les téléréalités. Mais contrairement aux tueurs fous qui cherchent la célébrité en décimant des classes d’élèves innocents, il aurait sans doute préféré ne pas jouer avec un fusil.

Dans les années 1970, un vent de liberté souffle sur le cinéma québécois. Le cinéma d’exploitation — qui met en scène des tabous encore jamais capturés sur film — explose, et plusieurs personnalités s’y compromettent. Certaines carrières ne s’en sont jamais remises. 10 Dans 7 Fois par jour (1971) de Denis Héroux, Jean Coutu, notre premier Survenant, interprète un impénitent (homme à femmes). L’ouverture du film le montre dans une course folle à travers les dunes de la Palestine, poursuivi par une horde de demoiselles… nues. 9 Quiconque ayant eu le plaisir de visionner Après-Ski (1971) se souvient des nombreux excès que le fin réalisateur Roger Cardinal y dépeint. René Angélil y fait une apparition remar­ quée lors de laquelle il tente d’apprendre à un benêt comment cruiser tout en commentant la valeur monétaire des femmes. Sa méthode : « Une piasse et quart, une piasse et demie », suivi d’un geste obscène du bassin.

2 Dans Sweet Movie (1974), du yougoslave Dusan Makavejev, Carole Laure « gagne » un riche mari texan dans le cadre d’un show télévisé dans lequel, à la suite d’un examen gynécologique, elle s’avère posséder la « vulve parfaite ». Pour leur nuit de noces, la belle a droit à un golden shower, puis plus tard, pendant un repas/orgie, on la voit frotter le pénis flacide d’un participant sur sa joue gauche. 1 Le film le plus outrancier de toute l’histoire du cinéma qué­bé­­­cois est sans aucun doute La pomme, la queue et les pépins (1974) de Claude Fournier. On y raconte l’histoire de Martial, interprété par Donald Lautrec , qui combat une faiblesse érectile. L’histoire retiendra deux moments majeurs de cette œuvre : la réunion politique semi-clandestine où les participants assistent à un spectacle mettant en scène une prostituée et un berger allemand, ainsi que la finale, lors de laquelle l’appartement de Martial est inondé de… sperme.

par Pascal Henrard

Dans une société où le rêve des petites filles n’est plus de devenir institutrice ou puéricultrice, mais d’être aussi connues que Marie-Élaine Thibert et aussi adulées que Céline Dion, la célébration de l’inconnu est sûrement une solution. Pourquoi n’y aurait-il pas un Félix du chanteur inconnu? Un Oscar du figurant anonyme? Un Gémeaux de la série oubliée? Le Golden Award de l’employée de bureau invisible? Le Prix du citoyen effacé? La médaille du mérite de celui qui n’a rien fait, rien vu, rien dit? Bref, que tous les inconnus soient un jour célèbres. Parce que, qu’on soit soldat, chanteur, comédien, lofteur, staracadémicien, scribouillard, humoriste ou pape, une fois mort, on devient tous des inconnus.

Survivre à l’amour d’une rockstar par Marie-Claude Marsolais

À celles qui rêvent de se taper une vedette, voici dix conseils et astuces déclinés par l’ex d’une rockstar. Vous ne pourrez pas dire que vous n’avez pas été averties. 1. S’envoyer en l’air N’hésitez jamais avant de coucher avec une rockstar. C’est une valeur sûre. Le contraire serait d’ailleurs étonnant: à force de s’exercer à la chose, ces mecs deviennent d’excellents baiseurs. 2. Changer de nom Votre one-night stand tourne en relation amoureuse? Attendezvous à être accablée par le poids de sa célébrité. Il a beau être constamment absent, il demeure lourdement présent. Il s’intro­duit partout, à commencer par votre identité. Aussi­ tôt que l’histoire est officialisée, vous serez rapidement rebaptisée « la blonde de… » 3. Parler de lui Pendant les soirées, les «Allô! Comment vas-tu?» seront remplacés par des «Allô! Comment va Y?» Sa carrière devien­ dra le sujet #1 de vos conversations. Si votre mec finit par se pointer, faites-lui sentir qu’il doit poursuivre la jasette et dirigez-vous vers les deux ou trois (seuls) invités qui ne le connaissent pas. 4. Une affaire de stratégie Que tout le monde soit intéressé par votre douce moitié, ça devient lassant. Mais ç’a a quand même son lot d’avantages. Profitez-en pour vous faire des contacts et enfiler des digestifs gratuits au resto. Si vous réussissez à être une «blonde de» stratégique, vous le serez tout autant en tant qu’«ex de» et les drinks gratuits continueront d’affluer. 5. Draguer sur la Main En tournée, votre rockstar risque fort d’en profiter. Son statut de chanteur lui donne accès à toutes les baises possibles. Or, votre statut de « blonde de » rend l’infidélité plus difficile : votre populaire de chum connait tout le monde et tout le monde est son ami. Le truc? Arrangez-vous pour pogner un dude de la rue Saint-Laurent qui ne jure que par le brit rock. L’affaire sera dans le sac. 6. Taire son identité Demandez à vos géniteurs de cacher l’identité de votre amou­ reux. Dans le cas contraire, vous vous ferez bombarder de questions lors des seuls moments où la parenté sera réunie. Aux funérailles, par exemple, vous n’aurez pas encore vu le cercueil que vos cousines vous crieront: «Il paraît que tu sors avec une vedette?» Et leur mère de poursuivre : «Je l’ai vu à Flash l’autre jour, il a l’air de quoi en personne?» Quoique ce n’est pas si mal. En parlant de lui, vous oublierez peut-être de pleurer le défunt… 7. Aimer Monique Pendant votre relation, écoutez Monique Giroux. Elle vous

tiendra au courant de la vie de votre chum. Elle vous apprendra, par exemple, qu’il partira (encore) en tournée tout l’été. À la maison, tout ça économisera bien du bavardage. Pour les rares fois où vous le verrez, vous pourrez aller droit aux choses sérieuses: le sexe, la drogue et le rock‘n’roll. 8. Apprendre l’anglais Après la rupture, la seule fois dans l’année où, par hasard, vous déciderez de regarder Ici et là au Canal Vox, il y sera. En arrêtant acheter un café dans un truck stop sur la 20 en pleine nuit, vous feuilleterez le Journal de Montréal et il y sera aussi. Prévenez le coup : prenez des cours d’anglais pour devenir bilingue. Vous pourrez ainsi vous branchez sur ctv et lire The Gazette. 9. Annoncer la fin Lorsque l’idylle sera terminée, ne propagez pas la bonne nouvelle. Attendez plutôt que la star pose avec sa nouvelle douce sur le tapis rouge de l’adisq. Le lendemain, les courriels abonderont : « Tu n’es plus avec X? Es-tu libre ce soir? » 10. Sa dernière boîte Évidemment, avant d’inviter de nouvelles proies à la maison, effacez toutes les traces de la vedette — ça pourrait les inti­ mider. Si votre ex tarde à venir chercher ses affaires, faites-lui savoir par la voie des médias. Voilà donc ma chance : En passant Yann, j’ai encore une boîte de cd qui t’appartient. T’es mieux de venir la chercher.

Pour Michel Girouard Pour ce numéro, on a demandé à Michel «la peau orange» Girouard d’être notre rédacteur en chef invité. Le chroniqueur a gentiment accepté et nous a donné rendez-vous dans un resto branché du bas de la ville pour discuter des modalités. Quand on est arrivé, on a réalisé qu’il se crissait pas mal de nos sujets. Tout ce qu’il voulait, c’était de faire le cover du magazine, comme Michèle Richard. Il avait même pensé à un concept: lui, à l’Hôtel Saint-James, déguisé en femme avec des boucles d’oreille en ivoire, avec ses crisses de chiens laids et des paparazzi en arrière, pis toute. On lui a dit qu’on allait y penser. Tout le reste du repas a été consacré au bitchage de vedette, du genre : «Rita Lafontaine, est ben fine, mais est pas glamour pantoute! Elle fait son épicerie su’l Plateau» ou encore «Gino Chouinard, il s’habille en fonctionnaire!» ou la meilleure: «Caroline Néron, elle n’est même pas assez belle pour travailler au Wanda’s de jour!» Traumatisant comme moment. Quelques semaines plus tard, on l’a rappelé pour lui dire qu’on acceptait son idée et qu’on allait shooter sa fameuse photo. Malheureusement, le Saint-James a refusé de nous aider. Comme les autres locations qui ne voulaient pas être associés à ce vieux has been. En désespoir de cause, on a décidé de faire ça dans un studio. On avait tout loué, tout réservé : coiffeuse, maquilleuse, styliste, assistant. Le gros kit. Quand on lui annoncé que c’était le matin, Michel a refusé. On a repoussé ça jusqu’à 11h30, mais rien à faire. « J’vais avoir les yeux toute puffy! Y’en ai pas question! » a-t-il répondu. C’en était trop. Michel, si tu lis ce magazine : mange un char de marde.


On compare souvent les hordes de paparazzi à des nuées de «mouches à merde» sans toutefois s’interroger sur la nature du «tas» qui les attire tant. Or on sait tous de quoi se nourrissent les mouches. Cette montagne d’étrons où va copieusement piger la vermine de la presse à potins, c’est ce qu’on appelle plus communément et plus joliment le «star-système.» On ne sait trop d’où vient ce tas. On louche spontanément du côté de cette autre gigantesque pile d’immondices couramment nommée «l’industrie.» Le «star-système» n’est pas un monde, c’est un monstre ; un immense sac vivant rempli d’ordures semi-liquides, où vont naturellement se repaître les asticots… texte : Aleksi K. Lepage— photo : Laurent Pinabel J’ignore d’où me vient cette haine, viscérale, du monde des vedettes, qui me fascine pourtant, de même que j’ignore comment on peut admirer quelqu’un sur la seule base de sa notoriété. Une impressionnante majorité des superstars hollywoodiennes n’ont en effet aucun véritable mérite que celui d’être, justement, des superstars hollywoodiennes. Être reconnu pour être connu, cela confine évidemment à l’absurde. La liste serait longue de ces vedettes auxquelles les chroniqueurs et les critiques de cinéma ne savent prêter que des qualités floues et vaporeuses: le «charisme», le «magnétisme», la «présence» ou, plus flou encore, ce fameux «petit quelque chose» qui les distinguerait du commun des mortels. S’il suffit d’un «petit quelque chose» pour atteindre au panthéon des nouveaux demi-dieux, alors Warhol avait raison de penser que n’importe qui peut être une star et qu’on devrait tous avoir droit à notre fameux 15 minutes de gloire. On croise chaque jour dans les rues des masses de jeunes femmes qui ont ce « petit quelque chose » ; aucune d’entre elles ne deviendra Marilyn Monroe, cela même si elles chantaient et jouaient probablement aussi mal que l’icône américaine. Mon métier m’oblige à m’intéresser à la vie des superstars holly­woodien­ nes, à leurs frasques, à leurs déboires, à leurs ébats. N’étant qu’un très obscur «journaliste culturel» à la pige, j’ai recours évidemment aux magazines et à l’Internet. Contre mon gré, j’ai fini par prendre goût au potinage mesquin : j’aime voir des photographies de Lindsay complètement fanée au lendemain d’une cuite. Je veux voir, en gros plan, les vergetures et la cellulite de telle starlette qui refuse de vieillir. Je prends un plaisir fou à admirer la décrépitude physique de ces gens parfaitement ordinaires qu’une machine monstrueuse a promus au rang de figures mythiques. Ces gens veulent attirer l’attention, qu’ils en subissent les conséquences. Ils appartiennent au domaine public. Ils n’ont que ce qu’ils méritent. Les stars chichiteuses revendiquent leur droit à l’intimité. Elles font valoir, dès qu’un micro leur est tendu, la «simplicité» de leur vécu quotidien : «Je suis une personne

ordinaire, comme vous et moi», ce qui est une impardonnable sottise. Seuls les gens ordinaires, «comme vous et moi», devraient avoir droit à l’intimité et au respect de leur vie privée. Les superstars s’offrent volontairement en pâture, moyennant des sommes d’argent extravagantes, et font après mine de souffrir des affres de la célébrité. Je refuse de m’apitoyer sur la misère des riches. Les paparazzi sont nécessaires. Les potineurs, essentiels. Ce ne sont pas des mouches mais des abeilles qui récoltent le pollen qui fera le miel de l’Entertainment. Un miel rance et pâteux auquel on prend pourtant goût. Un goût de vengeance : ces vedettes, richissimes monarques de l’ère post-industrielle, ne méritent aucune compassion, aucun élan empathique, aucun accès de pitié. Au contraire, elles doivent consentir à la pression populaire, au harcèlement et à l’humiliation générale. Cela devrait être ajouté à leurs contrats. Je déplore la couardise de nos soi-disant paparazzi locaux, qui ne sont même pas dignes du nom. Je déplore également la tiédeur et la platitude de nos magazines populaires lesquels rendent chaque Semaine ou chaque Lundi de vibrants éloges à des vedettes (certes paroissiales) qu’on devrait plutôt égratigner méchamment, sourire en coin. Je veux voir, dans les pages d’un torchon, Roy Dupuis sur une plage, en boxers, le pneu à l’air, en train de fricoter lascivement avec sa moitié, seins tombants. Conseil d’ami : quand vous croisez l’une ou l’autre de nos vedettes régionales, sur SaintDenis ou Saint-Laurent, pointez-les du doigt en pouffant, même s’il s’agit de sous-fifres comme André Robitaille, Patricia Paquin ou le frère d’Éric Lapointe. Ces gens-là qui s’exposent, qui se montrent, qui se prononcent, qui s’exhibent impudiquement «au nom de l’art» ou du «divertissement», qui se plaignent publiquement des aléas de leur métier, qui osent même émettre des opinions à propos de l’actualité, ces gens-là ne devraient pas être autorisés à connaître la paix de l’anonymat, ces gens-là ne devraient pas vivre ni dormir tranquilles. Faites-les chier.

prochain numéro : passe-temps Tricoter à cinq broches, faire des casse-têtes de 1000 morceaux avec la face à René-Charles, fabriquer des pots de relish sucrée, fourrer en levrette... Dans son prochain numéro, Urbania s’attaque aux petits plaisirs coupables du dimanche matin, aux passions qui deviennent rapidement des obsessions. Au menu de l’édition printanière: astuces pour vendre sa collection d’ongles d’orteils de cul-de-jatte sur eBay / peintures à numéros pour daltoniens / encyclopédie de points de broderie pour métrosexuels / conseils pour construire un cerf-volant qui vogue sous l’eau / modèle à coller de Lada taille réelle! Et plus encore!


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