Pose Mag 2

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numĂŠro 2

culture mode et tendances


ÉDITORIAL

Ce n’était qu’une pause... Il y a quelques mois, si on m’avait dit que je rédigerais l’édito du numéro 2 de Pose Mag, je crois que je n’y aurais pas vraiment cru. En effet, après les joies et l’excitation du lancement du premier numéro, sont vite arrivées les désillusions liées aux problèmes de diffusion. On perd un peu pied, tout le monde est déçu et vous le répète sans cesse. Et puis on commence à vouloir relever la tête, on se met à rêver de toile, de clics, et de triple w. Arrive alors enfin le site Internet, qui permet de faire revivre ce numéro 1, tristement abandonné dans ses cartons. Une partie blog se joint à lui, accompagnée par la détermination de contributeurs, plus motivés que jamais pour faire de Pose Mag ce qu’il est aujourd’hui : un magazine en ligne, Mode et Culture, agréable à lire, et qui ne se prend pas au sérieux. Les contacts, les propositions et les messages de soutien se multiplient. C’est décidé, il faut lancer le second numéro. Et c’est pourquoi aujourd’hui, vous me lisez, prêts à découvrir ce Numéro 2 de la vie de Pose Mag, très axé sur son domaine de prédilection, la mode. Au programme, une housewife prénommée Lussi, un brin déjantée mais jamais désespérée. Le récit du premier défilé auquel a été conviée la rédaction : Sonia Rykiel. Pouvait-on espérer mieux ? Une interview de Géraldine Dormoy et James Bort (mes références coup de cœur bien avant l’émancipation des blogs mode). Notre rédac mode complètement folle a aussi shoppé pour vous des tenues qui feront rugir de plaisir les plus téléphiles d’entre vous. On retrouve aussi la désormais célèbre chronique “Homme, Femme, Mode d’emploi! ”, initiée par Armelle H, qui s’est aguichée pour l’occasion de son antipode masculin. Enfin, des poses dans les rues parisiennes immortalisées par la photographe Rachel Saddedine, et plein d’autres surprises... Alors j’arrête le suspense et je vous laisse découvrir ce Numéro 2. Je vous promet que cette fois-ci on ne vous lâchera plus ! Enrique Lemercier


SOMMAIRE

CULTURE Musiques - livres / 6 Une sélection spéciale Mode

Portrait /8 Lussi in the sky

Interview /10

James Bort, le « fuckin’ gentleman »

MODE Fashion Week /14

Couverture Photographie Pauline Darley Mise en scène Enrique Lemercier

Sonia Rykiel, mon premier défilé

En couverture /18

La chanteuse Lussi dans le rôle de femme d’intérieur extravertie

Chronique mode /28

Débat philosophique autour du style vestimentaire classique

Streetstyle /31

Quelques poses dans les rues parisiennes

Interview /34 Géraldine Dormoy

TENDANCE &STYLE Sélection shopping /40 Du petit écran aux podiums ?

Découverte /46 La boutique Korres à Paris

Zoom sur /50 L’éloge de la rousseur

ET AUSSI... Homme, Femme, Mode d’emploi ! /52 Pause / Play / Stop

La Pose Postale /54 Courrier des lecteurs

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contributeurs Pauline Darley

Rachel Saddedine

Photographe sur Paris, elle a suivi des études en communication et a effectué des stages vers le monde de l’image (photothèque, galerie, agence) pour s’ouvrir à un environnement photographique. Pauline aime créer avec l’humain et composer en mode et portraits. Pour résumer son travail en photographie, on pourrait citer plusieurs mots : symbolisme, ambiances, émotions mais surtout passion.

Photographe freelance basée sur Paris. Sans cesse influencée par la musique, le cinéma et ses icônes, c’est dans la mode et le portrait qu'elle développe son travail de photographe. Elle recherche des ambiances, des attitudes, des gueules, et à en tirer ce qu'elle y voit. http://rachelsaddedine.com

http://paulinedarley.com/

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Franck Laguilliez

Julien Zimmerman

Franck Laguilliez a toujours été passionné par l’image. Il a expérimenté ses premiers portraits à l’adolescence puis au fil des rencontres décida d’en faire son métier. Depuis, plusieurs personnalités ont déjà croisé son objectif, de la sublime Jane Birkin, en passant par Jean-Claude Dreyfus, le réalisateur Pedro Almodovar... Du noir et blanc à la couleur, il aime jouer avec la lumière pour donner à chacun de ses clichés une intense vibration, un jeu subtil entre la réalité et l’imaginaire.

Il a fait de sa curiosité pour l’actualité culturelle, un précepte de vie. Un coup de cœur et il vous en fait le récit avec passion et fougue. Il propose dans ce numéro une enquête sur la condition des roux dans les médias.

http://www.francklaguilliez.com/

Étudiante en droit à Aixen-Provence le jour, elle se transforme en shoppeuse invétérée pour Pose Mag la nuit. Pour mener à bien sa mission, elle ne se sépare jamais de son ordinateur, ni de son casque romain. Et comme tout son budget passe dans le quintal quotidien de croquettes qu’engloutit son chat, elle est devenue la reine du bon plan sur internet !

Marine Revel


Antoine Bertoni étudiant en Master de droit, amoureux des belles choses et de la simplicité, il est en charge de la rubrique décoration du magazine, ainsi que de la rubrique « Pose Postale » sur le site Internet. Il nous délivre également dans ce numéro ses impressions après avoir assisté à son premier défilé durant la dernière Fashion Week parisienne.

Directeur de la publication / rédacteur en chef / directeur artistique Enrique Lemercier Photographies Pauline Darley, Amel Kerkeni, Franck Laguillez Rédaction Antoine Bertoni, Pascal Dinot, Armelle Haegy, Franck Laguillez, Enrique Lemercier Marine Revel, Julien Zimmermann

Armelle Haëgy Pseudo : Armelle H. Rédactrice freelance presse écrite, ainsi qu’auteure de plusieurs ouvrages édités chez Baudelaire. Elle collabore également au blog Pose Mag : Culture, Interview et chronique hebdo “Homme, Femme, Mode d’Emploi”. http://armellehaegy.blog4ever.com

Graphisme Arnaud Hussenot / Fabien Darley ( www.studiohussenot.fr ) + Émeline Marangon Remerciements Printemps Nancy, La Maison de Myon, Sophie Fiori, Édouard Schneider, Héléne Gantes, Lussi, Laurent Clery, Arnaud Hussenot, Émeline Marangon, Fabien Darley © 2010. Tous droits réservés. Pose Mag, marque déposée. Représentant légal : Enrique Lemercier La reproduction même partielle des articles, textes et photographies parues dans Pose Mag est interdite sans autorisation écrite préalable de directeur de la publication. La rédaction n’est pas responsable

Pascal Dinot Auteur scénariste phallocrate hétérosexuel basique et mono-tâche, Geek, stupide et immature, joueur inconditionnel de FPS, et accessoirement tueur de Nazi Zombi à la tronçonneuse... Il a passé les vingt dernières années à être sérieux au travail, en déconnant un peu... Pour les vingt prochaines années, son travail va consister à déconner sérieusement ! http://pascaldinot.over-blog.com

des textes et images publiées qui engagent la seule responsabilité de leur auteur. Les marques et adresses qui figurent dans les pages rédactionnelles de ce numéro sont données à titre d’information, sans but publicitaire. Ce magazine ne peut être vendu.

Vous êtes rédacteur, photographe ou modèle, et vous souhaitez rejoindre l'équipe de Pose Mag ? Écrivez à redac.pose@gmail.com

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CULTURE / Musiques - livres

Une sélection culturelle spéciale Mode Pour une pause YSL

Pour une pause en vogue

UNE VIE SAINT LAURENT

I’M BREATHLESS

Alain Chamfort ◊ Label : Éditions Albin Michel Genre : Pop French

Madonna ◊ Label : Sire records / Warner Genre : Pop

Cet album retrace en 16 chansons la vie d’Yves Saint Laurent, mort le 2 Juin 2008. Une véritable biographie musicale ! De son enfance oranaise à sa première collection pour Dior, de sa rencontre avec Pierre Bergé à la création d’YSL, puis à sa consécration mondiale… Un destin exceptionnel toujours teinté de mélancolie. À noter qu’Alain Chamfort sera en concert au Théâtre du Châtelet à Paris, le 16 novembre 2010 à 20h30.

L’album sorti en 1990, est inspiré par le film Dick Tracy où l'on retrouve entre autres Warren Beatty et Madonna elle-même. Le disque rend hommage au jazz et au blues des années 1930 et s’écoule à 6 000 000 d’exemplaires. Mais cet opus est surtout celui qui détient le gigantesque tube Vogue qui fera décoller la carrière de la chanteuse.

◊ LE +

◊ LE +

Le livre disque renferme une biographie sonore et visuelle unique, mais également un livret de 24 pages comportant divers articles évoquant YSL. Inclus making of + clip projeté à la rétrospective YSL au Petit Palais.

Ajouté au fait que l’album comprend le célèbre single Vogue, la photographie signée Patrick Demarchelier en couverture, fait de cet album le plus « mode » de la carrière de Madonna.

LA NOTE : 8/10

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LA NOTE : 7/10


sensible et poétique est avant tout l’histoire d’une femme, de ses combats pour se construire et devenir ce qu’elle est : libre, entreprenante, à la fois mère, amante et séductrice. En une phrase : Un livre pour ceux qui veulent découvrir ce qui se cache derrière cette femme au charisme flagrant et à la carrière brillante.

« Strike a Pose » Pour son titre Vogue, dédié à l’âge d’or du cinéma, Madonna s’est inspirée de la danse du même nom. La danse Vogue se caractérise par des poses esthétiques et étudiées, à la manière des plus grands magazines de mode. Elle était pratiquée à la base dans les clubs gay dans les années 30 à Harlem et est devenue populaire fin des années 80 aux États-Unis.

Pour une pause rayée, entre mère et fille TU SERAS UNE FEMME, MA FILLE Nathalie Rykiel ◊ Éditeur : Calmann-Lévy Genre : Récit autobiographique Nathalie Rykiel a commencé en tant que mannequin dans la maison de sa mère, Sonia Rykiel. Elle s’essaie ensuite à la mise en scène des défilés et crée une seconde ligne de prêt-à-porter, Sonia By Sonia Rykiel. En 1995, elle devient présidente et directrice artistique de la marque. Avec " Tu seras une femme, ma fille ", Nathalie Rykiel signe ici son premier livre dans lequel elle se livre sans tabous. Son enfance, sa famille, ses amours, ses amitiés, ses filles, ses ambitions personnelles et professionnelles, ses douleurs, ses passions... Ce récit touchant, à l’écriture

Pour une pause Enjeux de la presse féminine LA BIMBO EST L’AVENIR DE LA FEMME Sylvie Barbier ◊ Éditeur : Denoël Sylvie Barbier fut tout d’abord grand reporter et rédactrice en chef dans quatre grands magazines féminins avant de collaborer à Marie-Claire et à L’Express. Dans ce livre La bimbo est l’avenir de la femme, l’auteur nous délivre donc son point de vue interne sur la presse féminine. Cette catégorie de presse a explosé dans les années 80, quand pour la première fois, des magazines parlaient autrement aux femmes, avec humour et intelligence et leur promettaient plus d’audace et plus de liberté. La révolution était en marche, en talons aiguille, maladroite et joyeuse. Mais en 2006, le talon est cassé. La presse féminine est contrainte d’obéir aux lois du marketing. L’objectif est clair, vendre plus, quitte à titrer : "398 façons d’être sexy à toute heure". Place au diktat de la bimbo post-pubère. Qui fabrique ces magazines ? Des femmes soumises à la courbe des chiffres, parfois des clones, en pire, de leurs homologues masculins. Entrez dans l’univers merveilleux de la presse féminine : ses conférences de rédaction, ses castings, ses intrigues... En treize tableaux corrosifs, Sylvie Barbier nous initie aux joies d’un monde où la femme peut être un loup pour la femme. En une phrase : Un livre pour ceux qui souhaitent découvrir les dessous de la presse féminine, et les enjeux auxquels sont contraintes les rédactrices.

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CULTURE / Portrait

On la découvre en femme d’intérieur extravertie dans ce nouveau numéro de Pose Mag, mais Lussi est avant tout une artiste musicienne et chanteuse. Après avoir participé à l’émission La Nouvelle Star, sur M6, elle prépare actuellement un nouvel album. Nous avons donc essayé d’en savoir plus sur elle et sur le futur opus qu’elle livrera à ses fans au Printemps 2011. Bonjour Lussi. J’ai cru comprendre que tu étais en pleine préparation de l’album. Comment cela se passe ? Je suis actuellement en phase de « maquettage », c’est à dire que l’on réalise plusieurs essais sur différentes chansons pour déterminer lesquelles sont les plus fortes et celles qui conviennent le mieux à ce que je suis. C’est une période de tâtonnements et de grand questionnement pour arriver à la réussite du projet. Nous prévoyons la sortie de l’album de Lussi in the sky au printemps 2011. Naturellement je continue à écrire en parallèle, il n’y a pas de période pour écrire de belles chansons...

Veste American collège Sous-vêtements Aubade Serre-tête Agatha Sacs Jérôme Dreyfuss Jupe en tulle Hélène Gantes Bottes Free Lance vintage Photographie par Pauline Darley

Tu avais déjà sorti d’autres albums auparavant. Est-ce qu’avec ce prochain opus, on peut s’attendre à un nouveau virage musical ? J’avais sorti 3 albums avec le groupe de rock/métal Mypollux. Un EP avec mon projet trip-hop Ghillie Dhù. Je m’attache à distinguer vraiment tous les projets les uns des autres, c’est pourquoi on ne peut pas vraiment parler de « virage », Lussi in the sky est un projet pop avec des teintes électro et rock. Tu as gardé la même équipe que pour les précédents ? L’équipe technique qui me suit sur la route est la même qu’avec Mypollux. Les musiciens de Lussi in the sky sont quant à eux différents, nous sommes 3 seulement sur scène : Benja (batterie), Eddy (guitare/basse) et moi. Nous aimons interchanger les instruments, je peux aussi bien me retrouver à la guitare, qu’à la basse, au clavier ou même encore à la batterie. Maintenant que tu as participé à l’émission Nouvelle Star, est-ce que tu es moins libre dans tes choix artistiques ? Ce n’est pas une émission qui influe sur les choix artistiques,

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Lussi in the sky www.lussiinthesky.com et www.myspace.com/lussiinthesky

c’est juste un tremplin, ça ne régit pas le futur musical des participants, d’autant qu’au sein du programme j’ai fait exclusivement ce que je voulais, la production m’a fait confiance. J’attends aujourd’hui que ma maison de disques fasse de même tout en me prodiguant ses conseils avisés dont j’ai évidemment besoin. Je sais que généralement, les ex-candidats n’aiment pas reparler de leurs émissions mais pourrais-tu nous dire pourquoi as-tu participé à Nouvelle Star ? Personnellement je ne renierai jamais ma participation, je suis fière de ce qui a été accompli dans Nouvelle Star, la production a pris le risque de faire redécouvrir au public des classiques du rock que l’on n’entend absolument jamais en prime time sur une grande chaîne. L’émission s’est toujours attachée à ne pas servir la même soupe uniforme que les autres. J’ai participé pour me lancer un défi, j’avais besoin d’une nouvelle grande expérience motivante. C’est en constatant que l’on n’était jamais formaté que j’ai décidé de continuer à jouer le jeu. Aucun regret alors ? Aucun sauf peut-être celui d’avoir été éliminée au pied du podium, mais le public demeure le patron et son choix est indiscutable. à moi de lui donner envie de me suivre maintenant. Et concernant l’arrêt annoncé de cette émission, qu’en penses-tu ? Je pense que le PAF peut regretter d’avoir perdu une des dernières émissions musicales où l’on joue en live. C’est dommage pour le public car rien ne procure plus d’émotions : hommes et femmes mettant en commun leur talent au service d’un instant. Revenons à ton album. Est-ce que tu écris aussi certains titres ? Bien-sûr. Je suis interprète mais aussi auteur-compositeur, il est important que mon disque porte ma touche personnelle ! Je co-écris également avec différents amis artistes, ils m’apportent un recul et une fraîcheur nécessaires.

Y a-t-il des artistes avec qui tu aimerais enregistrer ? J’ai quelques rêves évidemment mais étant dans une phase préparatoire, je n’ai pas encore concrétisé cette partie. Une chose est sûre : les noms les plus connus ne produisent pas forcément les meilleures chansons ou les meilleurs albums. Quels sont tes projets une fois que l’album sera terminé ? Aller le plus vite possible au contact du public via la scène. C’est le plus important pour moi dans ce métier, car c’est la fondamentale du rock, on ne triche pas, tout est spontané et vrai. De plus, avec Lussi in the sky, nous nous amusons beaucoup sur scène, l’humour prend une place importante dans le show, tout ce que je veux c’est que tout le monde reparte du concert avec le sourire, inutile de dire que je suis impatiente ! Des petits moments de pause prévus ? Je préfère me concentrer sur le travail pour le moment, l’album de Lussi in the sky est ma priorité. Je dois à ceux qui m’ont soutenue dans l’émission de leur offrir de bonnes chansons. En parlant de « pause », enfin plutôt ici de « pose », te senstu aussi à l’aise derrière un micro que devant l’objectif ? J’aime la photo car je la prends comme un jeu. Je m’amuse beaucoup à rentrer dans des personnages, d’ailleurs ce n’est pas si éloigné que ça de la musique car avec toutes les histoires farfelues que je raconte dans mes chansons, j’incarne beaucoup de personnages différents ! De plus, comme j’aime à le rappeler, j’attache beaucoup d’importance à l’aspect visuel de mon projet, c’est le prolongement de la mise en scène pour moi. Enfin, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ? J’espère convaincre le public avec Lussi in the sky car c’est le succès de l’album qui m’offrira la possibilité de faire une grande et belle tournée en parcourant toutes les villes pour jouer mon spectacle.

Enrique Lemercier

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CULTURE / Interview

James Bort, le “fuckin’ gentleman” Pose Mag a toujours aimé vous faire partager ses coups de cœur. C’est donc pour cette raison que nous avons voulu interviewer James Bort pour ce second numéro. James est un blogueur mode de renom, et surtout, un photographe très talentueux. Son blog éponyme (www.jamesbort.com) présente ses « pérégrinations dans l’univers de la mode et de la création. Des flamboyants backstages des maisons de haute couture aux discrets ateliers de joaillerie, des looks de la rue aux mannequins stars ». Rencontre avec le désormais célèbre « fuckin’ gentleman » pour essayer d’en savoir un peu plus sur lui...

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Alors tout d’abord, qui est vraiment James Bort, le « fuckin’ gentleman » ? D’une certaine manière, c’est le double fantasmé de moimême. Il n’a de réel que ce qu’il produit, ses photos, le reste n’étant que divagations de l’imaginaire. Pourquoi as-tu créé un blog ? J’ai vu cela comme une porte qui s’ouvrait sur un monde qui m’était inconnu. Celui de la création, de la mode et des médias. J’ai créé cette porte, m’y suis engouffré et depuis je me promène de l’autre côté. Ton site a reçu combien de visites à ce jour ? Je ne sais pas du tout et je ne m’en préoccupe pas.

J’ai pu remarquer que tu répondais très souvent aux commentaires laissés par les Internautes. Quel rapport entretiens-tu avec eux ? C’est une chance incroyable que des gens prennent un peu de leur temps pour regarder votre travail et laisser un mot ou une phrase pour exprimer leur ressenti, je respecte infiniment cela. Je prends beaucoup de plaisir à répondre à tout le monde. Cette interaction me stimule et permet d’activer en permanence cette remise en cause nécessaire à l’évolution de mon travail. Est-ce que tu es toi aussi lecteur de certains blogs mode ? J’en lis très peu, uniquement ceux de mes amis proches.

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Ton blog t’a déjà ouvert pas mal de portes. Quelle serait la plus belle proposition qu’on pourrait te faire ? Je travaille depuis quelque temps avec la presse dite « papier » et je suis sur un projet de vidéos. Mais je remarque que caché derrière ma porte, je regarde à travers la serrure, comme un enfant, le petit monde du cinéma. Et une collaboration avec Pose, serait-elle envisageable ? :) Oui, pourquoi pas ! On peut voir que tu délaisses petit à petit le Streetstyle au profit de photos de créateurs, coulisses des maisons de couture... Est-ce un choix personnel ou cela s’est fait en fonction des propositions reçues ? C’est un choix personnel. J’essaie de ne jamais m’enfermer dans une pratique ou un thème car je me lasse vite. J’ai besoin de toucher à tout, de me renouveler. Le supplice de Sisyphe est pour moi le pire. Et puis j’aime tellement ce qui est caché, le off, l’artisanat et les créateurs. J’aime beaucoup plus le processus de création d’un produit, que le produit lui-même. Un collier Van Cleef au cou d’une femme dans une soirée, c’est beau. Mais regarder les mains du sertisseur et parler avec lui tandis qu’il fait glisser les pierres, m’émeut bien plus. C’est quoi la mode selon toi ? Un livre écrit dans une langue étrangère que j’essaie de traduire avec mon appareil photo. Comment qualifierais-tu le style vestimentaire d’un « fuckin’ gentleman » ? Monomaniaque. Et généralement, tu achètes où tes vêtements ? Ton entourage est donc 100% mode ? Mon entourage proche, absolument pas. Mais c’est vrai que du fait de ma pratique je passe la majorité de mon temps avec des personnes évoluant dans le monde de la mode. Enfin, peux-tu nous dévoiler quelques petites exclus au sujet de tes futurs projets ? Une galerie de San Francisco a souhaité exposer les photos que j’ai faites sur une maison de couture parisienne. Le vernissage aura lieu le 15 septembre. Comme je le disais plus haut, un acteur important de la presse papier a souhaité travailler avec moi. Sinon l’avenir s’oriente vers de l’image animée, clip, pub, court métrage. 2011 sera pour moi sous le signe de l’image en mouvement.

Enrique Lemercier

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MODE / Fashion Week

Mon premier défilé : Sonia Rykiel

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Comment s’habiller pour assister à son premier défilé ? Voilà la question que je me suis posée lorsque j’ai reçu mon invitation pour le défilé de la Maison Rykiel. Je me suis rendu instinctivement dans mon dressing. Après un rapide coup d’œil, la décision était prise : achats nécessaires courant de la semaine. J’avais dans l’idée d’investir dans une ou deux pièces de qualité, en misant sur des belles matières, des jolies coupes, rien de bien extravagant. Je voulais adopter mon style du quotidien avec une touche « qualité supérieure ». Plein d’entrain, je débutais ma semaine, avec la volonté et l’espoir de me trouver deux petites heures de temps libre à la découverte des nouvelles collections. Mais la réalité m’a rattrapé et les cours m’ont pris en otage toute la semaine. Que faire alors si votre garde de robe est votre seule alliée face à un tel évènement ? Eh bien le jour-même, faites comme chaque matin. Cherchez la tenue avec laquelle vous avez envie de vivre votre journée. Prenez votre invitation et lancez-vous dans le tourbillon de la Fashion Week.

Je me suis donc retrouvé sur le pont Alexandre III, comme si j’allais à la fac. J’avais choisi une chemise décontractée, accompagnée d’une veste de costume aux manches retroussées. Un jean’s gris avec la touche « j’ai fait un mini-ourlet ». Chaussures en cuir noires, toutes aussi décontractées, sac en agneau vieilli et Rayban sur le nez, rien de plus, rien de moins. Une masse de passants regardait amusés et intrigués les gens descendre sur les quais. Je me suis frayé un chemin un peu honteux du côté « je n’ai pas fait un effort surhumain vestimentairement parlant ». Je suis arrivé au sein de cette foule de photographes et de filles aux looks pointus. J’ai tourné la tête et je me suis rendu compte que j’étais à côté de Garance Doré. Cela peut paraître idiot mais j’ai une sorte de grande admiration pour ce qu’elle est, et ce qu’elle fait. À la lecture de son blog, on se dit que c’est une fille géniale. Eh bien, c’est la pure réalité ! Elle semblait complètement accessible et disponible. Son appareil-photo à la main, elle examinait les personnes autour d’elle à la recherche d’« Une fille, Un style ». Elle était telle que l’on peut se l’imaginer : génialement cool.

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Complètement figé face à la situation, au même moment, une jolie rousse passe devant moi. Magie des défilés : « Je suis journaliste passionnée de mode et j’écris vraiment très bien, mon nom ? Géraldine Dormoy ». Cela peut paraître à nouveau idiot, mais j’ai également beaucoup d’admiration pour Géraldine. J’ai une tendance à admirer les gens géniaux, c’est comme ça ! En effet, chaque matin alors que l’appel du droit se fait de plus en plus présent, je m’échappe en direction de la toile. Je prends soin de ne pas oublier mon café et ma vie imaginaire sous le bras. Et je débarque dans le monde « journaliste/ mode/blog » de Géraldine et dans le monde « blogueuse/ ultra cool/jet lag » de Garance. Je prends soin de copier/ coller le tout dans ma vie imaginaire et je finis mon café.

de gens avec des styles simples mais efficaces. Loin de moi l’idée de me sentir efficace, je me sentais néanmoins rassuré sur l’aspect simple de ma tenue. Hors considération vestimentaire, j’ai été surpris par l’atmosphère qui régnait. Je pensais me retrouver entouré de personnes relativement hautaines, cloisonnées dans leur fashion univers. Eh bien pas du tout ! Les gens s’ils se regardaient, ne faisaient sentir aucune froideur. Il étaient relativement joviaux et heureux d’être là. Bien évidement, quelques personnes correspondaient à mes aprioris de novice en la matière mais ils ne représentaient que les satellites : ceux qui n’ont pas forcement d’invitation, ceux qui sont prêts à tout pour se faire remarquer et ceux qui tentent de se donner une contenance en étant simplement là.

Je me retrouve ainsi doublement figé aux portes de mon premier défilé. Cependant, lors de ces quelques minutes d’immobilisme quelque peu embarrassantes, j’ai pris soin d’examiner la population présente. S’il y avait des personnes aux styles très recherchés, il y avait également tout un tas

Ainsi, je me suis retrouvé dans la salle. Dita Von Teese était en face de moi, souriante. Les lumières se sont éteintes et la musique de Be my baby a retenti. Mon premier défilé commençait.

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La femme de Saint-Germain était là, plus belle que jamais. Elle souriait dans un costume ample surdimensionné. Ses pantalons étaient tantôt ultra serrés, tantôt ultra amples. Les tops ainsi que les robes étaient ceinturés. Les monochromes étaient vivement rosés. Elle était souriante, légère, affranchie de toute convention. J’ai adoré chaque tenue, chaque proposition. Ce défilé était parfaitement et simplement Rykiel. Je ne vous cacherai pas qu’un sourire s’est inscrit sur mon visage du début à la fin. Nathalie a salué et en 5 secondes de temps les gens se sont engouffrés vers les sorties. J’ai donc suivi le mouvement. Cependant, alors que j’avançais péniblement, je suis passé à côté d’Alexandra Golovanoff donnant une interview. Je n’ai pas réussi à ne pas m’arrêter, je m’excuse encore pour les dizaines de personnes derrière moi. J’ai essayé d’écouter, mais le cameraman s’est mis juste devant moi et c’est à ce moment que Carine Roitfeld m’a dit « excusez-moi » pour passer entre lui et moi.

Remis de cette longue conversation avec Carine, je me suis retrouvé sur le pont Alexandre III, non loin de Mademoiselle Agnès. Entre temps, j’avais croisé Nathalie Baye, Virginie Elfira, Audrey Lamy, Mélanie Thierry, Micky Green... Ma Fashion Week était terminée et s’est aussitôt transformée en un souvenir que je n’oublierai surement jamais.

ANTOINE BERTONI

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MODE / En couverture

La chanteuse Lussi dans le rôle de femme d’intérieur extravertie

photographe : Pauline Darley modèle : Lussi stylisme : Hélène Gantes et Lussi vêtements prêtés par le Printemps Nancy + créations + pièces vintage coiffure : Xavier Scordo réalisation : Enrique Lemercier make-up : Laure Dirmann by Youngblood Minerals cosmetic Joico France

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Gilet Stephanel Ceinture BCBG Chaussures Borbonese Bague diaMee!


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Veste BCBG Tee-shirt The Kooples Jupe BCBG Serre-tête Agatha Gants Isotoner Chaussures André

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< Robe BCBG

Serre-tĂŞte Ladybug Collants Le Bourget Chaussures Galliano Bague diaMee!

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Robe Claudie Pierlot Serre-tĂŞte Virginie Marcerou Collants Le Bourget Lunettes Printemps Chaussures Free Lance

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mode / impressions post-shooting

Serre-tête Agatha Veste Caroll Robe vintage

Lussi chanteuse et modèle de ce shooting Alors ce shooting ? Je suis très contente, une super équipe ! Tu étais plutôt nerveuse ou tu commences à avoir l’habitude des photos ? Non au contraire j’étais plutôt très excitée et enthousiaste, j’adore poser et rentrer dans la peau de personnages, cela m’amuse énormément.

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Y a-t-il eu des difficultés ? à part peut-être un temps peu clément, non aucune. Le lieu et le thème de la « femme d’intérieur extravertie » t’ont-ils convaincu de suite ? Ce thème est un choix commun qui m’inspirait beaucoup, le lieu était magnifique donc pas de questions à se poser ! Contente du résultat alors ? Un résultat très beau et qui s’inscrit complètement dans mes choix visuels, en y amenant une touche de poésie. Je suis ravie !


Pauline Darley photographe Alors ce shooting ? Très bonne expérience, vraiment ! Un super décor, un merveilleux stylisme et un magnifique modèle (effectivement, beaucoup d’adjectifs sympas pour parler de la séance !). Pas trop la pression ? énormément la veille et le jour-même, mais on ne va pas me changer, je suis toujours ainsi quand j’ai une grosse séance. Mais pendant le shooting, tout allait bien, l’équipe était super. Quelles étaient les difficultés ? Surtout la lumière qui était très changeante et les pièces de la maison étaient assez sombres. Je voulais favoriser la lumière naturelle car c’est ce que je préfère, mais j’ai dû sortir le flash à plusieurs reprises.

moment mais c’est notre premier bébé commun. J’ai par la suite réalisé les tenues pour le clip Super héros mis en ligne début 2009. À chaque fois, je touche un univers nouveau et j’ai les yeux plus qu’ouverts, c’est super d’avoir cette chance-là . Que ressens-tu quand tu vois des photos avec tes tenues ? Je suis plus que contente, je suis « in the sky » ! Tes projets pour la suite ? Créer et encore créer. Actuellement je suis en couveuse d’entreprise depuis le mois de mai, c'est-à-dire phase Test. Il s’agit pour moi de voir si mes vieux rêves peuvent enfin voir le jour, ce qui veut dire associer passion et travail. J’aimerais avoir d’ici l’année prochaine des vêtements uniques à proposer sur la toile.

Bonne expérience alors ? Bien sûr :) Les prochains projets ? Beaucoup de catalogues de créateurs, des collaborations pour des magazines (édito et portraits) et bien sûr, des projets personnels. www.paulinedarley.com

Hélène Gantes styliste et créatrice Alors ce shooting ? Participer à ce shooting a été pour moi vraiment très plaisant . Le choix du lieu ainsi que des autres pros présents était parfait . Nous avons pu évoluer dans un univers chic et cela en apportant une touche de décalé et de folie. Lussi a incarné la secrétaire de l’enfer à la perfection. Cette touche d’humour et de jeu est vraiment plus que plaisante quand on travaille, et j’approuve à 100%. Ce n’était pas trop compliqué au niveau du stylisme ? Pas du tout, on a l’habitude de travailler ensemble et j’accorde beaucoup d’importance aux goûts et choix de Lussi. En plus cette fois-ci le Printemps nous a ouvert ses portes, donc niveau choix c’était vraiment génial. C’est un travail d’écoute, de recherche et d’échange qui me plait beaucoup. Sur ce shooting nous avons utilisé une jupe en tulle que j’ai confectionnée pour l’occasion et j’ai adoré la façon décalée dont Lussi se l’ait appropriée. Depuis quand travailles-tu avec Lussi ? Notre premier travail commun remonte à 2006, pour la réalisation de la tenue du deuxième album des Mypollux intitulé Contraires. Nous nous connaissions déjà depuis un

Martine Quenot propriétaire de la Maison de Myon Pourquoi ce joli nom «La Maison de Myon» ? Le nom est donné par le premier propriétaire de cette Maison, M. Dollar de Myon. Pouvez-vous nous expliquer comment vous est venue l’idée de créer cette maison d’hôte ? Il y a plus de vingt ans que je désire faire cette activité, j’aime recevoir, j’aime la déco, je me fais plaisir en cuisinant et je suis négociante en vin... Selon vous, qu’est-ce qui fait la particularité de votre maison d’hôte ? La particularité de cette Maison est son espace, plein centreville, proche du « poumon » de la ville, la Place Stanislas. Est-elle souvent sollicitée pour des événements, réunions, séances photo... ? La Maison est toujours sollicité pour des évènements : mariage, cocktail, réunion, défilé de mode, exposition de peinture... Quelle impression cela vous a fait de voir une jeune chanteuse aux tenues quelque peu extravagantes se faire prendre en photo dans votre maison ? Les tenues me semblaient quelque peu extravagantes pour faire du ménage ! www.maisondemyon.com

Enrique Lemercier

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MODE / Chronique mode

Débat philosophique autour du style vestimentaire classique

Le classique est-il tendance ? C’est la question qui nous hante depuis un petit moment chez Pose Mag ! On reste assez DUBITATIF sur ce sujet, impossible de se décider. (Et là, vous vous dites, « ils s’en posent des questions existentielles à la rédaction »). EH bien oui très chers ! Après tout, quand on est un magazine « mode, culture et tendances », on est en droit d’avoir de telles préoccupations. Alors pour en revenir à nos moutons, et essayer de répondre enfin à ce cruel dilemme, je vais me la jouer étudiant de terminale devant le brouillon de sa première dissertation de philo. Le propos tournant autour du classicisme, j’en suis contraint à puiser dans mes vagues souvenirs de méthodologie de dissertation pour être le plus droit possible. Je revois alors mon prof qui nous conseillait de rédiger toujours l’intro à la fin, eh bien moi, j’ai envie de déroger à la règle !

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Introduction

Quelques recherches Google plus tard, je trouve une définition simple du mot classique : « Qui respecte les usages habituels, conventionnels. Exemple : Un costume classique. ». Cela fera parfaitement l’affaire. Je crois qu’il faut annoncer ensuite la problématique. Vous la connaissez déjà, mais bon, au cas où... Le style classique est-il tendance ? Ensuite, l’annonce du plan. Je me souviens, c’était toujours compliqué de trouver des mots pour éviter de dire simplement : en première partie, dans une seconde partie... Bref, quitte à ne pas être conventionnel, moi je ne vais pas énoncer le plan. Vous le découvrirez au fur et à mesure de la lecture, et pour garder le suspens, il n’y a pas mieux !

Première partie

De prime abord, j’aurais envie de dire Non, le style classique n’est pas tendance. Si c’était le cas, les tendances seraient toujours sensiblement les mêmes, et aux oubliettes changements et innovations. Vous imaginez les pauvres rédactrices contraintes d’assister aux défilés pendant la Fashion Week, avec un même menu tous les ans, sans aucun assaisonnement ? – En entrée, une silhouette composée (de bas en haut) d’escarpins, pantalon noir, chemisier blanc, veste de costume noire et mallette en cuir noire (tu es prête pour aller au travail chérie ?). – En plat principal, robe noire, foulard beige, bottes noires talons aiguille et bouts pointus (euh... on ne frise pas la vulgarité là ?) – Et en dessert, pantalon gris en tweed, ballerines, haut blanc col V, trench beige et sac croco noir (ouah, un sac croco ? Tu t’es lâchée là !). Vive l’indigestion !

Deuxième partie

Oui, le classique peut-être tendance. Quelle fashionista n’a pas dans sa garde-robe des classiques qui ne quitteront jamais son parcours de modeuse invétérée ? On vous l’a déjà dit, et vous le savez donc, pour arborer un style génial, il ne faut pas hésiter à mélanger de bons basiques et des classiques avec des pièces actuelles et tendances. Si vous suivez cette règle, alors oui, vous serez cool ! Il suffit de parcourir les blogs de Streetstyle et les sites de mode pour le comprendre. On se doit tous d’avoir dans sa garde-robe des bons classiques qui pourront toujours nous servir de base pour se façonner une tenue sympathique, en y apportant la touche de fun qui fera que l’on a une vraie personnalité vestimentaire.

http://stockholm-streetstyle.com

Conclusion

Oui, le style classique peut-être tendance, mais Non en fait, vraiment Non ! Comme la deuxième partie l’explique, le classique doit forcément faire partie de vous, mais il ne peut pas se suffire à lui-même. Et là, j’ai envie de m’élever contre les personnes qui, prétextant qu’elles sont habillées classique (cliché de l’homme en costume ou autre, et de la femme en jupe, haut en satin et escarpins...) se disent classes ! Je crois que ce mot « classe », je ne l’ai d’ailleurs jamais aimé. Il n’est jamais approprié au bon moment, et par les bonnes personnes. Si la tendance et le bon goût rimaient avec style classique et BCBG, cela se saurait. Et les prises de risque dans tout cela ? La simple notion de plaisir est écartée. Le style classique, on peut vite avoir fait le tour, et je pense que les personnes qui aiment la mode, et les vêtements, ne peuvent pas se cantonner à cela. On peut le tolérer à partir d’un certain âge (et encore), et sous certaines contraintes professionnelles, sociales... Mais dans la vie de tous les jours... Et puis messieurs, si vous avez vraiment développé une addiction au costume, pensez au moins à vous faire aider pour en trouver un bien taillé, et surtout, qui vous va bien ! Combien de vestes trop longues et trop larges, de pantalons difformes avons-nous tous déjà croisé ? Si des marques « tendance » comme The Kooples, Sandro, Maje, Comptoir des Cotonniers... misent largement sur un vestiaire classique, les designers n’en oublient tout de même pas les notions de vêtement bien taillé et d’originalité. Et si c’est une question de budget (car ces marques ne sont pas accessibles à tous, mais ça, c’est un autre sujet, une ouverture même dirais-je, pour coller à mon rôle de dissertant philosophique), je vous rappelle que l’on peut maintenant trouver des enseignes comme Zara par exemple, un brin plus abordable, et qui permet de pouvoir étoffer son armoire de pièces classiques, mais cools ! Alors s’il vous plaît, je demanderais aux personnes concernées d’élargir un peu leurs horizons vestimentaires. Si vous êtes perdus, je pense que quelques magazines et un petit tour sur Internet feront l’affaire pour trouver la lumière ! Il faut simplement savoir doser, et mélanger le classique, à l’image de cette dissertation philosophique : à la base, un brin barbant dans l’idée, mais tellement chouette au final !

Enrique Lemercier

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◊ Alice, lycéenne Robe : Who killed Bambi Veste : Bershka Chaussures : Doc Martens

◊ Alice, étudiante en Lettres supérieures Sac à main : Genuine Jupe : H&M Veste : Jean-Paul Gaultier Chemise : Zara Chaussures : vintage

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MODE / Streetstyle

Quelques poses dans les rueS parisiennes Photos prises par Rachel Saddedine à Paris, octobre 2010

◊ Marie Anne, styliste T-shirt : American Apparel Pantalon: H&M Chaussures : vintage Veste : Maison Martin Margiela

◊ Judicaël, webmanager /styliste T-shirt : H&M Jean : H&M Chaussures : Givenchy Sac : Zara

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◊ Marion, styliste Chaussures : Vans Jeans : Marc by Marc Jacobs T-shirt : Cos Sac : Homecore

◊ Brice, étudiant en visuel merchandising & modèle ( à la recherche d’une agence ! ) Combinaison grise : Marcelu Ferraz, créateur brésilien Perfecto : H&M Chaussures : H&M Bracelets : Topman Sac : River Island Lunettes : vintage

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◊ Mélanie, styliste photo Robe : Manoush Chaussure "corbeille" : Eden Shoes Collant noir & dentelle : Falke Lunette lézard & accessoires : Topshop (vintage) Peignoir grosse maille : Diab’less

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MODE / interview

http://blogs.lexpress.fr/cafe-mode/ www.lexpress.fr/styles

Géraldine Dormoy C’est au milieu de la Fashion Week parisienne et entre deux défilés auxquels elle assiste, que nous avons eu la chance de nous entretenir avec Géraldine Dormoy. Cette blogueuse/journaliste s’est fait repérée grâce à son blog crée en 2005, Café Mode. En 2009, son blog est édité par L’Express.fr, pour qui elle endosse également le rôle de chef de rubrique mode pour les pages Styles. Rencontre avec une jeune trentenaire qui a le vent en poupe, et un talent de journaliste qui n’est plus à démontrer.

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Bonjour Géraldine. Alors cette Fashion Week, pas trop la course ? (rires) Si si, c’est un peu la fin d’une course. Je termine demain et je suis contente d’en voir le bout. C’est particulièrement fatiguant, mais je suis contente ! Il se passe toujours plein de choses pendant la Fashion Week. C’était une bonne saison, assez équilibrée, il n'y en avait pas que pour Paris, Milan était assez intéressante aussi. Le plaisir et la découverte prennent-ils encore le dessus sur la fatigue ? On marche à ça justement. On est fatigué jusqu’à ce qu’il y ait quelque chose qui nous excite et qui nous fasse oublier toute la fatigue, le temps de vivre et de réaliser notre métier/ passion. Donc oui, ça compte toujours, et on attend que ça. Quand on prend des photos de Streetstyle, que cela s’est bien passé avec les personnes et que l’on obtient de jolies photos, on est content pour la journée ! C’est le cas aussi pour un show qui décroche une émotion, un vêtement qui nous semble particulièrement beau... Quel est votre plus gros coup de cœur jusqu’à aujourd’hui ? En fait j’ai beaucoup aimé Jill Sander et Fendi. Mais cela a toujours besoin de se décanter, je ne me décide pas tout de suite, alors je ne sais pas encore mon coup de cœur parisien. Céline était très beau, mais ce n’est pas forcément un coup de cœur... Dries Van Noten était vraiment très bien. Oui, allez, pour un coup de cœur parisien, je peux dire Dries

sans problème. Lanvin était super beau aussi, mais c’est toujours le cas ! Non, je confirme, Dries Van Noten. C’était touchant en plus car il y avait une attente qui était très forte parce que son dernier défilé était très commercial, il avait beaucoup plu. Il y avait quelque chose d’assez immédiat, on pouvait se réapproprier les silhouettes du défilé... Et on se demandait comment ils allaient réussir à faire mieux que ça. Et en fait, il a prolongé certaines idées mais en partant dans une direction beaucoup plus épurée, avec son procédé de tie and dye qu’on n’imaginait pas chez lui et en fait cela paraissait évident quand on les voyait sur le podium. C’était vraiment très beau, toutes ces chemises blanches... cela me plaît, j’aime bien le vestiaire masculin. Parlons de votre blog. Pourquoi le nom « Café Mode » ? Je trouve que l’idée de café rassemble, il y a un côté pause café. Je voulais que cela soit un lieu d’échange. Dès le départ, il fallait que ça soit interactif. Sans le lecteur, j’aurais perdu l’intérêt au bout de quinze jours ! Je suis quelqu’un d’assez dilettante en général, et là, je me suis surprise dans l’envie de continuer. Et au final, cela fait cinq ans, et c’est vraiment parce qu’il y a cette interaction avec le lecteur. Dans un café, il y a plein d’échanges, on rencontre des personnes que l’on ne connaî t pas. Il y a ce côté break aussi, c’est fait sans prétention... Comment vous est venue l’idée de créer un blog ? à l’époque, en juillet 2005, j’étais passionnée de mode,

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la mode, je ne le trouvais plus dans les titres de la presse féminine. J’avais envie de retrouver un vrai avis sur la mode, que je ne percevais plus dans la presse française. Le contenu éditorial a-t-il changé lorsque votre blog a été édité par L’Express.fr ? Je ne sais pas si c’est vraiment le fait que je sois arrivée à L’express.fr... Quand je suis devenue journaliste en janvier 2009, le blog a subi quelques modifications progressives, pour tendre vers un plus grand professionnalisme, comme tous les blogs d’ailleurs. On est une communauté qui mûrit forcément et qui peut conjuguer avec un ton certes très frais, mais qui reste très amateur pendant longtemps. Un blog, c’est un peu une rampe de lancement, on dialogue, on expérimente plein de choses, on voit ce qui marche, ce qui plaît, ce qui nous intéresse de faire et au fur et à mesure on peaufine . C’est aussi ce qui s’est passé avec la photo. Les flous sont de meilleure qualité car il y a plus d’expérience et un meilleur matériel... L’Express a fait que je pense plus en journaliste maintenant, d’ailleurs, je ne me définis plus comme blogueuse, mon métier aujourd’hui, c’est le journalisme. Avec Garance Doré, vous êtes un peu les « mères spirituelles » des nouvelles blogueuses. Est-ce une fierté pour vous ? Ça, c’est vous qui le dites ! Il y a un côté ancienneté, je crois que je dois avoir le blog le plus ancien dans les blogs de mode, même à l’International, il ne doit y avoir que Diane Pernet qui est plus vieille que moi. Garance et les autres sont arrivées après, mais on est quand même toutes de la même génération, donc forcément, cela a inspiré d’autres blogs. Moi, je suis très contente, je voulais que le blog inspire des gens, donc si c’est le cas, tant mieux. Après, je pense que sur Internet, on se nourrit tous les uns des autres. Il y a plein d’autres blogs qui m’influencent aussi, on fonctionne en réseau de toute façon, donc il n’y a pas une si grande fierté à avoir que cela. Alexandra Golovanoff par Géraldine Dormoy

mais mes amis n’étaient pas du tout branchés mode. Je ne savais pas avec qui échanger cette passion, et comme j’ai toujours eu un rapport très affectif avec Internet, je savais qu’il y avait forcément des gens quelque part sur la toile qui s’intéressaient à la même chose que moi. C’était un peu lancé comme une bouteille à la mer mais il y a eu des réponses très vite. Pouvez-vous rappeler aux lecteurs de Pose Mag ce que votre blog proposait à ses débuts ? En fait, ça n’a pas trop changé, c’était un point de vue personnel sur la mode, il y avait déjà une partie Streetstyle, et plein de choses qui n’étaient pas forcément de la mode pure, mais qui pouvaient l’influencer, ou être influencés par elle, la rubrique « les films bien sapés », avec ce côté étude du costume pour en tirer des inspirations pour soi... Ce qui s’est précisé au fur et à mesure, c’est le ton journalistique en fait, car je n’étais pas du tout journaliste au départ. Et en même temps, le ton journalistique que j’aime dans

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Justement, lorsque l’on est blogueuse influente et journaliste comme vous, vous reste-t-il encore du temps pour lire d’autres blogs par plaisir ? Je n’en lis pas énormément, ou du moins, pas autant que je voudrais. Tout dépend de ce que l’on entend par blog, parce que finalement, The Cut, le blog mode du New York Times, c’est un blog dans le format mais pas forcément dans le contenu et dans le professionnalisme justement. Je suis tellement avide d’infos que je finis par être orientée vers des blogs comme cela, ou comme Fashionista ou Fashionologie, Jezebel, surtout Jezebel d’ailleurs parce qu’ils ont un ton qui est inimitable, c’est très rafraîchissant par rapport à ce que l’on voit en France. J’ai du mal à lire beaucoup de blogs français parce que je trouve qu’il y a plus de recherche sur les sites américains. Sinon, dans les blogs plus persos, je continue à regarder Balibulle, Garance Doré, The Cherry Blossom Girl, quasiment tous les jours. Il y a aussi Sea Of Shoes, Jak & Jil, The Sartorialist, Fashiongonerogue, avec lequel on a plus besoin d’acheter de magazine, car on a tout le meilleur de la presse mode mondiale !


Vous couvrez désormais tous les plus grands événements mode (Fashion Week, Festival d’Hyères...). Comment est né ce succès ? Je pense que j’étais là au bon endroit et au bon moment. Il y a de bonnes opportunités. Si je lançais mon blog aujourd’hui, je pense que les choses seraient complètement différentes. Cela serait beaucoup plus difficile d’émerger dans la masse de blogs, le marché est beaucoup plus dur. Je me suis lancée pile au moment où il y avait une attente, un système de mode qui était très sclérosé... Je me suis engagée dans la brèche quand il fallait, et maintenant la brèche, il y a beaucoup de monde dedans ! Il y a ça, et il y a le fait que j’ai eu une vocation très tardive de journaliste. Maintenant que je le suis, je me rends compte que je suis faite pour cela. J’ai mis beaucoup de temps à y arriver mais il y a une sorte d’évidence de ce métier. Je ne sais pas si c’est un succès, maintenant j’assiste à ces événements, mais je le vois aussi comme un travail, un travail extrêmement divertissant dans ces aspects là. Il y a l’esprit paillette qui fait rêver mais il y a un moment où on le dépasse un peu. C’est toujours du plaisir, mais moi mon but c’est de le faire le plus sérieusement possible, parce que rien est acquis.

Freja Beha par Géraldine Dormoy

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Est-ce qu’on pourra voir un jour des articles de Géraldine Dormoy sur papier ou restez-vous une web journaliste dans l’âme ? Je reste web dans l’âme, après on va voir comment le web va évoluer. C’est un média qui est très excitant parce qu’il est en perpétuel mouvement, tout y est plus rapide et il y a une réactivité que l’on a pas sur un support papier, même dans un quotidien, qui fait que je n’ai aucune envie d’aller sur le papier, mais je garde à l’esprit que le web va évoluer aussi et pour l’instant on est à une sorte d’âge d’or d’Internet. On est encore dans un côté assez artisanal, on nous laisse faire plein de choses, sans avoir autant de pressions publicitaires, d’audience mais je ne sais pas combien de temps cela va durer. Et en fonction de cela, je verrai. Ce qui est le plus important pour moi, c’est ma liberté d’expression. Alors si plus tard, c’est sur le papier, j’irai, ou du moins, j’irai là où on me laissera aller ! Mais j’aurais toujours le blog, et cela, on aura du mal à me l’enlever ! Café Mode propose beaucoup de photographies prises par vos soins. Comment avez-vous appris la pratique photographique ? Je n’ai jamais pris de cours, et je suis consciente qu’il y a encore pas mal de travail. Il y a quelque chose qui est très agréable, une sorte de franche camaraderie entre les Streetstylers, et du coup, j’ai beaucoup appris au contact de ces deniers. Il y a d’authentiques photographes parmi eux, il y en a d’autres qui ne le sont pas mais qui ont aussi tenté des choses et ils sont très généreux en conseil, en méthode. Le fait de voir les gens travailler dans la rue

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permet d’apprendre beaucoup de choses. C’est donc en les observant pendant la Fashion Week, en discutant avec eux, en testant plein de choses avec des modèles très différents parce que dans la vie courante, on ne se retrouve pas avec des gens aussi variés, des styles divers, des mannequins... Là on a plein de modèles en une journée et l'on peut prendre une centaine de photos si on en a envie. C’est un terrain d’expérimentation extraordinaire et c’est comme cela que j’ai appris. Et si on vous demandait de choisir entre le rédactionnel et la photographie ? Le rédactionnel. Je suis journaliste, pas photographe. J’ai plus de choses à tenter dans l’écriture que dans la photo, qui est quelque chose que je ne prends pas au sérieux car j’ai conscience de mes limites. Parlons un peu de mode. C’est quoi le style Géraldine Dormoy ? Ça va, plus c’est dépouillé et discret. Je ne suis pas quelqu’un qui joue avec les vêtements. Je cherche mon uniforme et après je n’en bougerai plus. Ce n’est pas avec avec les vêtements que je m’amuse. De temps en temps, j’ai des envies, mais j’ai surtout l’envie d’être à l’aise et d’avoir confiance en moi et pour avoir cette confiance, il faut se sentir un minimum élégant, mais pas plus que ça ! La pièce préférée de votre garde robe ? Mes Church’s ! Je ne suis pas très luxe dans ma façon de m’habiller, mais les chaussures, c’est mon péché mignon !


Les Church’s j’espère pouvoir les porter toute ma vie. Je suis quelqu’un qui a beaucoup de mal à se chausser, et depuis que j’ai découvert cette marque, j’ai réussi à avoir des chaussures qui à la fois se remarquent par leur élégance et qui sont confortables. À l’heure où je vous parle, je porte un modèle que j’ai trouvé à Milan en édition limitée, noir avec plein de clous et toute la matinée, les gens n’ont pris que les chaussures en photo, c’était parfait ! (rires) Vous publiez quasi quotidiennement sur votre blog et dans les pages Styles de L’Express.fr, dont vous êtes la chef de rubrique mode. Trouvez-vous encore du temps pour faire une « pause » de temps en temps ? Non, j’ai un peu de mal ! (rires) Mais en même temps, avoir un blog c’est aussi un art de vivre donc on ne peut jamais complètement décrocher. Il y a des fois où j’aimerais pouvoir tout lâcher mais en même temps, je suis contente d’avoir toujours ce fil à la patte qui fait que j’écris tout le temps. Je trouve que c’est une bonne discipline, et je crois beaucoup à la discipline. Je suis quelqu’un d’assez paresseux de nature et la meilleure parade à ma paresse c’est justement d’avoir trouvé des garde fous comme mon blog. Ce blog est une discipline de chaque jour, qui ne nous autorise pas forcément beaucoup de pauses, mais je pense qu’il n’y a que comme cela qu’on progresse.

qui marchent bien sont souvent indépendants, en freelance et donc ils marchent aux collaborations, aux projets... Et non, moi je n’ai rien à vous annoncer et je suis très contente de cela parce que je n’ai pas envie de m’éparpiller. Ma mission, c’est de faire de L’Express Styles un beau site mode, intéressant, riche, qui apporte une culture de mode aux gens, qui leur apporte des conseils pratiques, des repères, une mode accessible. Et sur mon blog, c’est réussir à entretenir ce lien de connivence avec mon lectorat. Je n’ai pas envie de faire des collaborations avec des marques. À chaque fois qu’une marque m’approche pour me parler d’un truc, cela me crispe, j’ai toujours une bonne raison de refuser. En plus il y a une mode de la collaboration, et je me méfie massivement de cela. J’ai envie de me concentrer sur ce qui me paraît essentiel, et cela me prend déjà suffisamment de temps.

Enfin, pouvez-vous nous dévoiler quelques petites exclus sur vos prochains projets ? Je ne fonctionne pas trop par projet. C’est pour cela que je suis très contente d’être à L’Express car tous les blogueurs

Enrique Lemercier

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TENDANCE&STYLE / Sélection shopping

Du petit écran aux podiums ? Carrie Je suis quelqu’un d’extrêmement occupé. C’est vrai, je dois tout au long de l’année concilier ma vraie vie, avec de longues heures de la vie d’autres gens. Il y a des chirurgiens et de simples généralistes, des étudiants très riches et de très pauvres, des lycéens branchés et de gros loosers, des publicitaires des années 50, des quarantenaires complètement fous, des trentenaires tout autant attaqués, des femmes au foyer un brin désespérées, des gens qui reprennent tout à zéro, le roi d’Angleterre... et encore, je n’ai plus à m’occuper de ces femmes belles et sûres d’elles qui avaient de gros problèmes avec les hommes, ou de ces 6 amis qui vivaient tous plus ou moins ensemble ! Avec tout ça, je n’ai presque plus le temps de m’affaler dans mon canapé avec de vraies feuilles de papier glacé entre les mains et une petite cigarette pour décortiquer l’actualité chiffon de la saison. Je dis bien presque, parce que je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer qu’en matière de série (vous pensiez vraiment que j’étais amie avec Henri VIII ?), deux grandes tendances s’affrontent : les séries qui suivent la mode, et celles qui la font (laissons de côté les séries dites « stylistiquement à la ramasse »).

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Je dirais que tout a commencé avec Sex and the City, SATC pour les intimes. Carrie, Samantha, Miranda et Charlotte ont achevé de décomplexer toute une génération de jeunes femmes dans une société où le sexe était d’ores et déjà omniprésent, en débattant le plus librement du monde de micropénis autour d’une assiette de sushi (pour la petite histoire, le restaurant phare de la série a été fermé pour des raisons d’hygiène, on en déduira ce que l’on voudra). Mais leur mission sur Terre se bornait-elle à faire émerger une révolution sexuelle 2.0 ? Que nenni, vous répondrait mon grand ami Henri Tudor, SATC c’était avant tout une merveilleuse vitrine géante pour toutes les marques de luxe, une sorte d’orgasme vestimentaire hebdomadaire de 40 minutes, toujours à la pointe de la tendance, parfois même bien en avance sur celle-ci. Qui ne s’est jamais surpris à se demander, dans une situation critique « Que ferait Carrie  ?  » ou au moins « Que porterait Carrie ? » Eh bien Carrie porterait des Manolo, du Galliano, un sac improbable et tout un tas d’accessoires pour lesquels 75% des lectrices de ce magazine vendraient, au choix, rein, parent, ami, animal de compagnie... Ainsi, le style de Carrie, en version originale, donnerait à peu près ceci :


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Veste Années 80 Galliano www.yoox.com Bustier Camilla & Marc www.net-a-porter.com

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Collier Oscar de la Renta www.net-a-porter.com

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Vous vous dites que rien ne va avec rien ? C’est normal, mais sur Carrie, ça devient épatant. Allez comprendre... Pssssst ! Les Manolo du film sont en vente sur le site de Bergdorf Goodman, pour la modique somme de 949 $.

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Blair et Serena Mais bon, SATC, c’est du passé, il a bien fallu aller de l’avant. Alors les pauvres âmes que nous sommes sont allées chercher ailleurs ces quelques minutes de bonheur. Et là, Gossip Girl a débarqué, tel le Messie, foisonnant de placement de produits, un défilé permanent, des intrigues bancales et succulentes, du Chanel en veux-tu en voilà, et les mêmes rues New-Yorkaises en toile de fond. La fraîcheur des actrices en plus (j’aime beaucoup SJP, mais ses vieilles mains, c’est juste pas possible). Amen. Chacun étant libre de choisir sa religion et ce droit étant garanti constitutionnellement, chacun aura son icône. Sainte Blair, mère du BCBG WASP New-Yorkais ou Sainte Serena, fruit de l’immaculée conception street smart, mais tout le monde s’accordera à dire que l’un ou l’autre des dressings vaut son pesant de larmes d’envie.

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Mad Men Pourtant ces deux séries font figures de petites joueuses, face au monstre d’inspiration fifties, j’ai nommé Mad Men, dont l’emblématique Christina Hendrick a «juste» inspiré à Marc Jacobs toute une collection et qui, depuis 4 ans, a amorcé le retour sur les podiums de l’allure guindée mais tellement chic de nos grands-mères et arrières grands-mères dans leurs jeunes années. Une belle taille bien marquée pour mettre en valeur un généreux décolleté, comme la belle Joan, ou un col danseuse pour sublimer un port altier, comme la gracile Betty Draper, les choix ne manquent pas pour devenir une bombe fifties . Serezvous sensuelles en rouge, sérieuses en moutarde et vert olive (N.B: avec un peu de vinaigre, vous aurez de quoi assaisonner une salade), ou discrète en pastel ? Parce que vous n’avez qu’à ouvrir n’importe quel magazine de mode pour y trouver une cape camel et une jupe en laine, choisissons la sensualité poussée à son extrême, (presque) toute de rouge vêtue. Je précise tout de même que la «Joan» en question est une secrétaire un brin cochonne. D’où les lunettes et les bas. Mais on ne devient pas la nouvelle femme la plus sexy du monde en suivant la mode automne-hiver 2010/2011 et en se couvrant du cou aux genoux dans des couleurs automnales !

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credit photo : www.christinahendricksgallery.com


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Alors la mode, cet éternel recommencement, puise-t-elle son inspiration sur les plateaux des séries, ou ce sont-elles qui s’en abreuvent ? Ce serait certainement donner trop de crédit au petit écran que d’imaginer un tel pouvoir sur nos gardes-robes, et pourtant... Dans le doute, je vous conseille de ressortir vos VHS de Drôles de Dames et Starsky et Hutch, il paraît que les années 70 font leur grand retour ! À vos choucroutes et que le plus beau bombers en mouton l’emporte !

◊ Marine

Revel

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TENDANCE&STYLE / Découverte

La boutique Korres à Paris

Tous ceux qui connaissent la Grèce connaissent KORRES, la plus belle marque grecque de cosmétiques naturels et bios. Ils peuvent maintenant la retrouver et la faire découvrir dans la nouvelle boutique qui vient d’ouvrir 91, rue de la Verrerie à Paris dans le 4e arrondissement. Depuis le succès non démenti de son best-seller mondial, « la Crème à la Rose Sauvage » lancée en 1996, KORRES compte aujourd’hui plus de 400 produits naturels et certifiés biologiques, pour la peau (visage et corps) et les cheveux, une ligne de maquillage, des produits solaires et des préparations à base de plantes. Tous les produits KORRES sont développés à partir de quatre groupes d’ingrédients naturels : – Les herbes contenant des propriétés pharmaceutiques ; – Les herbes de la flore grecque ; – Des ingrédients alimentaires ; – Des ingrédients naturels aux propriétés reconnues.

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Franck Altruie

Rencontre avec Franck Altruie (le propriétaire de la boutique) Pouvez-vous me raconter votre rencontre avec la marque Korres ? Il y a quelques années, une amie directrice d’agence de mannequins m’a fait connaître plusieurs produits de la marque Korres. J’ai testé et adoré. Puis l’année dernière j’ai eu l’opportunité de rencontrer les dirigeants de la marque, puis d’ouvrir une boutique Korres au plein centre de Paris. C’est un réel bonheur de pouvoir défendre un produit que l’on adore ! Quels sont les points forts des produits Korres ? Tous les produits Korres sont naturels, testés dermatologiquement (aucun produit n’est testé sur des animaux). Chaque gamme a des mélanges d’agrumes, d’épices et de fruits rares qui leur donnent une senteur unique. Et pour finir les produits sont de très bonne qualité !

Pouvez-vous me choisir 4 produits phares dans votre boutique ? Gel Douche Figue : Parfum fruité de figues fraîchement coupées. Une texture mousse onctueuse qui procure une sensation d’hydratation durable et quantifiable. Les Protéines de Blé déposent un film protecteur sur la peau, préservant ainsi son équilibre naturel en eau. L’Aloès actif, enrichi en vitamines C & E, zinc et enzymes antioxydants, renforce les défenses naturelles de la peau et contribue à réduire les signes visibles du vieillissement en stimulant la synthèse du collagène et de l’élastine. Testés sous contrôle dermatologique. 14 parfums : Goyave, Cèdre, Agrumes, Figue, Jasmin, Amande amère, Basilic-Citron, Kumquat, Vanille-Cannelle, Menthe verte, Rhum & Genévrier, Rose du Japon, Thé à la Menthe, Vanille-Prune. Flacon 250 ml – 9,90 €.

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Sérum Éclat & Liftant à la Rose Sauvage

Fard à Paupières Irisé

Visage & Yeux - Peaux normales à sèches Un sérum ultra concentré enrichi aux polysaccharides présents dans l’arbre de Baobab qui assure un effet liftant et tenseur immédiat. Un agent actif dérivé de la Protéine de Blé, cliniquement prouvé pour réduire considérablement le nombre, la profondeur et la longueur des rides. La Rose Sauvage est une source naturelle de vitamine C, qui agit de façon réparatrice sur la peau contre les rougeurs, en apportant un Éclat et un Effet Rayonnant à votre visage. Testé sous contrôle dermatologique - Peut également être utilisé comme base de maquillage Flacon pompe. 30 ml - 44 €.

Light Purple Au Tournesol & à la fleur d’Onagre. Velouté, facile d’application, les fards à paupières sont enrichis en huile de Tournesol & d’Onagre. Ces 2 huiles adoucissent le contour des yeux délicats. Effet scintillant – Longue tenue. 14 nouvelles teintes : Ivory, Nude, Golden, Golden Brown, Bronze Brown, Brun, Lime, Light Green, Cypress Green, Metallic Grey, Light Pink, Pink, Light Purple, Purple. 13 €.

Hydratant Anti-Brillance à l’huile de Bourache Gamme Hommes SPF6 50 ml Hydratant léger, développé pour répondre aux besoins des peaux masculines. Facilement absorbé, il apporte une finition matifiante. L’huile de Bourache et la vigne rouge au polyphénol apportent une protection anti-oxydante et régénèrent les peaux fatiguées. L’Active Aloe® et l’extrait de Centella ont des propriétés hydratantes et cicatrisantes. 24 €. Utilisation : Appliquer quotidiennement sur le visage et le cou en évitant le contour des pieds. Idéal en après-rasage. Contient : Huile de bourache, Active Aloe®, Centella asiatica, Vigne rouge au polyphénol, extrait de Spirulina.

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JASMIN, POIVRE, FRUIT DE LA PASSION, BOIS DE GAIAC

La marque Korres propose aussi des eaux de toilettes (Mixtes) aux senteurs originales et rares :

Eau de toilette Mixte TOP NOTES : Santal, Anis, Vanille. Cœur : Jasmin, Fruits de la passion, Bois de Gaiac. NOTES FINALES : Poivre, Chocolat blanc, Pêche, notes vertes. CARACTÈRE : épices orientales avec des notes dorées. CONCEPT  : Un parfum chaud, précieux, inhabituel, tant pour les hommes que pour les femmes qui recherchent un parfum de caractère. Les notes épicées, fraîches et les mélanges aromatiques d’agrumes et de bois ont transformé le poivre, désigné comme « l’or noir », en une épice éternelle. Avec sa base de Jasmin, fleur aromatique absolue des plus convoitées dans la parfumerie, il est connu dans le monde pour son parfum floral intense, chaud, riche, exotique, et sucré. L’huile de bois de Gaiac, obtenue par la distillation à vapeur, donne un parfum doux et précieux, tout en ayant des propriétés stimulantes et rajeunissantes. Le bois de Gaiac – Bois de Vie – doit son nom à ses qualités médicinales.

SAFRAN, AMBRE, BOIS D’AGAR, CARDAMONE

BOIS DE ROSE, CASSIS, CYCLAMEN

Eau de toilette Mixte – Tendance Masculine TOP NOTES : Cardamone, Bergamote, Cannelle. Cœur : Safran, Bois de Cèdre, Œillet, Santal. NOTE FINALE : Ambre, Bois d’Agar, Vanille. CARACTÈRE : Oriental, boisé, ambre. CONCEPT : Un parfum masculin éternel, intense et doux. Le Crocus plus connu sous le nom de Safran a été d’abord cultivé en Grèce. C’est Kozani, en Grèce du nord qui produit toujours la meilleure qualité de safran au monde. Avec plus de 150 composés volatils, l’arôme original et séduisant du safran a souvent été décrit par les connaisseurs comme évoquant un miel métallique avec des notes herbeuses, semblables au foin. Le Bois d’Agar, est une résine aromatique qui s’est formée dans le cœur du bois des arbres Aquilaria, désormais appelé Bois d’Agar. Cette senteur complexe mais agréable n’a presque aucun analogue semblable. La Cardamone, est une des épices les plus chères, et porte un goût unique et un arôme intense. Une technique traditionnelle consiste « à sécher les flammes » afin de donner une saveur fumeuse à l’épice, qui a servi dans plusieurs utilisations médicinales et culinaires.

Eau de toilette pour femme TOP NOTES : Rose, Pamplemousse Rose. CŒUR : Bois de Rose, Feuilles de menthe, Freesia, Cyclamens, Lis. NOTES FINALES : Bois, fleurs Blanches. CARACTÈRE : profondément floral, brillant, pétillant. CONCEPT : Féminin, contemporain et classique, provoquant une dépendance La combinaison de Rose et de Bois de Rose révèle un parfum floral doux et sucré à la fois, en contraste avec le chaud apporté par l’arôme. Le cassis, les boutons à fleurs et les baies, sont des ingrédients fortement odoriférants, donnant à la plante un parfum très personnel – une senteur innovante qui révèle des notes supérieures fraîches et un ensemble fruité aiguisé. Les cyclamens brillent de leur teinte rose, rouge, pourpre ou blanc, rassemblant ainsi l’opposition des parfums riches avec des touches florales et fraîches. Un petit conseil, allez vite faire un tour dans cette très jolie boutique Korres, 91 rue de la Verrerie, Paris 4e. Vous y serez accueilli par une équipe compétente, qui saura vous conseiller selon vos besoins.

◊ Franck

Laguilliez

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TENDANCE&STYLE / Zoom sur Photo : Pauline Darley Modèle : Mary Astrid

L’éloge de la rousseur Rumeurs, rousseur... Les groupes anti-roux pullulent sur le réseau social facebook avec des intitulés aussi hilarants que confondants de bêtise. « Mettre des bâtons dans les roux », « Un roux ne vieillit pas, il rouille » ou encore « il était une fois un roux qui était beau... mais non je rigole » Le phénomène resterait au rang de blague potache inoffensive s’il ne cachait pas une répulsion des roux qui ne date pas d’hier.

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Dans son dernier clip illustrant la chanson Born Free, réalisé par le sulfureux Romain Gavras, la chanteuse anglaise (d’origine Tamoule – Sri Lanka) M.I.A montre la traque des poils de carotte. Les roux sont pourchassés dans une ville bunker par un commando militaire, avant d’être déportés et enfin purement et simplement exterminés à coups d’armes d’assaut. 9 minutes au cours desquelles aucun ménagement n’est apporté au spectateur. Mise en image parfaite de la cabale contre les roux sur le net. Mia, interrogée quelques semaines après le buzz suscité par ce clip, justifiera cette chasse par le désir de montrer au monde ce qu’a été le génocide du peuple Tamoule lors de la guerre civile qui secoua le Sri Lanka dans les années 80. La cause est certes noble mais la manière de l’amener l’est bien moins. Stigmatiser un groupe pour en défendre un autre. Pourquoi ne pas « blaguer » sur les noirs, les gays ou les juifs. Évoquer la rousseur n’est pas encore passé du côté obscur de la force du politiquement correct.

Genèse des préjugés Les préjugés ne datent pas d’hier puisque dès le IVe siècle avant J.-C., des théories fumeuses de zoomorphisme veulent qu’à chaque homme corresponde à un animal. Physiquement et intellectuellement. Pour les roux ce sera, sans surprise, le renard et le cochon à cause de la couleur orangée de leurs poils. Le renard, fourbe et dévoreur de poules ; le cochon sale et lubrique. Ajouté à cela une bonne dose de mysticisme et la couleur rousse devient la marque des flammes, donc du diable. On arrive donc assez vite à des associations sataniques. Les roux sont, de fait, diaboliques, manipulateurs et enclins aux pires actes. Les rousses quant à elles des femmes de mauvaise vie, libertines et vénales dont les cheveux brûlent le corps et l’âme. Autrement dit des sorcières. L’art va se faire l’avocat de la beauté fascinante des rousses. Dans la peinture en premier lieu. Botticelli dans la Naissance de Vénus, Degas dans Femme à sa toilette et sans parler des inspirations des peintres préraphaélites qui voient en la femme rousse la perfection sur terre. La littérature aura, comme différence par rapport à la peinture, de souvent associer la rousseur au plaisir sexuel en peignant des portraits de rousses hypnotiques comme dans Nana d’émile Zola ou les femmes vers lesquelles se tournera le parfumeur/tueur Jean-Baptiste Grenouille dans le roman Le Parfum de Patrick Süskind. Le temps faisant ouvrage, d’autres préjugés ont la vie dure parmi lesquelles « les roux puent » et « les roux brûlent au soleil ». Bien loin des théories zoomorphistes du IV, la science a fini par expliquer d’où venait la rousseur. La couleur des cheveux et poils est déterminée par le taux de mélanine (protection pigmentaire contre les UV), dont la synthèse peut se faire de plusieurs façons. La rousseur provient d’une synthèse appelée phaeomélanine. C’est à cause de cette différence que les roux sont plus sensibles que les autres au soleil. C’est aussi à cause d’elle que

perdure le préjugé selon lequel les roux sentent mauvais. En réalité, la phaeomélanine contient près de 10% de soufre. La transpiration sur une peau contenant du soufre donne une odeur différente. Les roux sentent le soufre et deviennent écrevisse au soleil et maintenant on sait pourquoi.

La revanche Les rousses n’ont jamais été autant à la mode qu’aujourd’hui. Des podiums de défilés aux plateaux de cinéma, elles rayonnent de leur présence magnétique. La tendance actuelle fait des rousses des objets de sensualité et de désir. Les grandes maisons du luxe l’ont parfaitement compris : à l’instar d’une Sophie Dahl, sublime diaphane illustrant le parfum « Opium » de Yves Saint Laurent en 2002, aujourd’hui c’est la divine Julianne Moore qui pose nue pour la nouvelle campagne du joaillier Bulgari. L’enfantine mannequin Lily Cole et l’incendiaire Karen Elson envoûtent le public des défilés. La gironde Christina Hendricks crève l’écran (de la télévision) dans la série Mad men. Les hommes roux ne sont, quand à eux, pas encore tout à fait à la hauteur de l’exposition accordée à leurs consœurs. Quelques mannequins de ça et là pour les défilés (Dries Van noten et Vuitton), le Prince Harry d’Angleterre, Ron (Ruppert Grint) dans Harry Potter et Dexter (Michael C. Hall).

Top 11 des (vrais) roux célèbres — Julianne Moore actrice américaine (Boogie Nights, Magnolia, A single man…) — Isabelle Huppert, actrice française (La dentelière, Ma mère, L’ivresse du pouvoir…) — Marcia Cross actrice notamment connue pour son rôle de Bree Van De Camp Hodge dans la série Desperate Housewives — Sonia Rykiel, créatrice de mode française — Vivienne Westwood, créatrice de mode anglaise, instigatrice du mouvement punk — Le Prince Harry de Galles — Nicole Kidman, actrice australienne (Moulin Rouge !, The Hours, Prête à tout...) — Lily Cole, mannequin anglaise — Ruppert Grint, acteur anglais jouant le rôle de Ron dans la saga Harry Potter — Josh Homme, chanteur/musicien du groupe Queens of the Stone Age — Lindsay Lohan, euh ???

◊ Julien

Zimmermann

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ET AUSSI... / Homme, Femme, Mode d’emploi !

Pause / Play / Stop / crédit photo : [Compassionate Eye Foundation]/[Stockbyte]/Getty Images

La définition du couple, c’est quoi en fait ! C’est l’union de deux êtres qui s’aiment et qui « normalement » ne peuvent plus se passer l’un de l’autre, non ? Alors, d’où provient le mot « break » ? Le break est une coupure momentanée qui vous permet de prendre le recul nécessaire à votre histoire et de tester vos sentiments. Loin des yeux, loin du cœur… LOL ! Le break est propre, calme, sans effusion. Le break est pudique, il n’évoque pas le mot « rupture », puisqu’il est sensé palier au pire. Le break ne serait-il pas plus sournois, au contraire ? Je propose de jouer la carte « Pause », alors qu’au fond de moi je n’aspire qu’au « Stop ». Je l’endors de belles promesses sans lendemain en espérant qu’il me fiche la paix. Mais, d’un autre côté, vous affrontez tout en douceur le ou la conjoint(e), la famille directe et indirecte et les amis… L’insupportable devient gérable et maîtrisable à distance. Après plusieurs années passées à s’aimer, quelles peuvent être les causes d’une telle décision ? Elle / Le temps a eu raison de notre histoire. On s’est éloigné l’un de l’autre sans vraiment sans rendre compte. On vit en coloc désormais ! Lui / Ah ? Parce qu’on était ensemble ? Et c’est arrivé quand ? Parce que moi, je ne me suis aperçu de rien. Au départ j’étais tranquille dans mon appartement ou plutôt dans ma grotte, et puis paf ! On s’est retrouvé deux. J’ai rien demandé ! Je ne me suis pas aperçu, qu’au fil de ses visites, elle laissait des fringues, une brosse à dents, du maquillage, etc. Et puis un jour elle est arrivée avec son sac. Comment je me suis fait avoir ? C’est simple, avec des câlins matin, midi et soir ! J’avais pas le temps de réfléchir à notre relation que j’étais déjà au lit. Alors forcément, dans l’euphorie du moment, j’ai laissé couler. Mais j’ai capté sa stratégie quand elle a commencé à espacer les câlins, c’est là que j’ai pris conscience qu’elle s’était installée, et surtout, qu’il allait me falloir un pied de biche, pour la dégager de l’appartement. Finalement, il y avait moins d’inconvénient de la voir s’installer, qu’à tenter de la faire sortir. Donc...

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Elle / Je ne supporte plus ces soirées du « jeudi » Avec ses potes, ils envahissent le salon toute la nuit pour jouer à la PlayStation ou à la WII. Des vrais gosses ! On joue encore à la poupée, nous ? Lui / Non, franchement. J’attendais que ça de jouer à la poupée avec elle, de la déshabiller, de la rhabiller, mais elle avait toujours un truc plus important à faire. Alors comme je ne pouvais plus jouer avec elle quand je voulais, j’ai acheté une console. La console au moins, elle ne me colle pas des baffes quand je lui tripote l’interrupteur ! Et puis mes potes, elle ne les supporte pas. Mais c’est juste par principe ! Soyons réaliste, je pourrais en changer tous les jours il n’y en aura pas un pour relever l’autre. Et gnagnagna ! Et gnagnagna ! C’est juste parce que mon attention se détourne d’elle. C’est tout ! Elle / Je ne cesse de ranger ses affaires ! Il laisse tout traîner sur son passage. Il ne respecte rien. Il pose ses fesses d’une chaise au canapé, sans jamais me proposer spontanément de l’aide dans les tâches quotidiennes. Il n’a pas le monopole d’une activité professionnelle, moi aussi je travaille, Monsieur ! Lui / Le ménage, le ménage... Non mais elles s’imaginent quoi les filles ? On fait le ménage autant qu’elles ; la vaisselle, laver par terre, faire les vitres, etc. c’est juste moins souvent. Mais c’est LE prétexte pour nous pourrir la vie, pour se faire valoir. Quand je passe le balai, pour elle ça relève de l’exploit. Mais elle, elle passe le balai toutes les deux heures ! Je ne peux pas lutter. Forcément on a l’impression de rien faire. La dernière fois, j’avais du temps, j’ai repassé mes chemises. Pourtant je ne fais plus jamais le repassage depuis que je lui ai littéralement fondu un petit « top » qu’elle adorait. Quelle idée aussi, de mettre du plastique dans des fringues ! Dès qu’elle est rentrée à la maison, elle s’est emparée de l’appareil photos afin d’immortaliser l’instant, en pleine action. Évidemment, la dernière fois qu’elle m’avait vu avec un fer à repasser dans les mains, c’était à DARTY, quand je lui avais offert. Et encore… Un soir où j’avais la ferme intention de jouer mon « nounours », j’avais acheté des petits fours, loué un DVD d’une connerie sentimentalo-lacrymale à


deux balles, pour passer une bonne soirée avec elle. En plein milieu de nos ébats, j’étais à deux doigts de lui susurrer des mots à l’eau de rose dans le creux de l’oreille, qu’elle se lève brusquement pour aller nettoyer une tache de graisse sur l’écran, qu’elle avait repéré avant que je l’embrasse. Désespérant ! Et puis attention, ne te hasarde pas à laisser traîner UNE CHAUSSETTE, car d’emblée c’est le bordel. Tandis qu’elle si elle laisse traîner ses affaires, ce n’est jamais le bordel... Non, elle est en instance de rangement, ce n’est pas la même chose ! Elle / Il toise mes copines sans aucune pudeur, les envisage, les dévisage. C’est gênant à la fin ! Par contre, que je ne m’avise pas au même scénario avec ses copains… Lui / Alors parlons-en de ses copines. Moi, mes copains ce sont tous des adultes immatures, d’accord. On se met copieusement sur la tronche par l’intermédiaire de jeu vidéo de guerre, en rigolant comme des buses, tous les jeudis soirs, d’accord. Mais ses copines, ce sont toutes des cas ! Ou elles ne parviennent pas à trouver de mecs, ou elles ont des problèmes parce qu’elles ont un mec. Alors les soirées avec ses copines, c’est verveine et antidépresseurs assurés… Elle / Sa mère me fatigue ! Elle ne cesse d’envahir notre maison, mais n’arrive jamais les mains vides : le plat préféré de son chouchou encore tout chaud, un pull acheté lors de ses innombrables shopping… sans parler du harcèlement téléphonique hebdomadaire et de la sempiternelle question lors des repas de famille « et c’est quand que vous me faites un beau petit-fils, hein ? » Lui / Tu veux un sujet sur lequel je suis sûr d’avoir une engueulade ? Ma mère ! Alors là, c’est Beyrouth, l’intifadah. Impossible de s’entendre même avec un accord de paix, ça tire dans tous les coins. Pourtant, ma mère l’adore ! Elle me demande toujours quand est-ce qu’on lui fait un petitfils. Pour ça, déjà, il faudrait que l’on reprenne le rythme sexuel de nos débuts... ce n'est pas gagné. Ma mère, c’est la reine des lasagnes. Et les lasagnes, c’est le truc qui énerve ma nana. Déjà, elle n’a jamais réussi à reproduire la même chose, alors ça lui met les nerfs en pelotes. Ensuite, elle ne s’abaissera jamais à lui demander la recette ; elle est si fière. Ma mère lui propose de lui transmettre la recette maternelle. Alors là ça dépasse tout ce qui est scientifiquement mesurable et émotionnellement supportable. Je vois ma nana refuser poliment et calmement, en lui assurant que ses lasagnes sont vraiment les meilleures. Et une fois ma mère partie, ma nana devient toute rouge. Elle rentre la tête dans ses épaules, elle sert ses petits poings très très très forts et elle tape du talon. Et puis arrive le point de rupture où elle explose dans un flot gigantesque d’insanités que la décence m’interdit de répéter.

Lui / Elle était belle comme une voiture neuve. Jupe légère pastel, chemisier blanc cintré, petites chaussures à lanières, cheveux au vent, aussi aérienne qu’un nuage d’été. La première fois que je l’ai vue, j’ai perdu un dixième à chaque œil tant elle resplendissait. Le pire, c’est que je n’ai rien fait. Quand on s’est vu, c’était une évidence. Maintenant, il n’y a plus de petites jupes légères. Bah, quand tu as un cul de percheron, tu as un cul de percheron !... Elle / Oubliez moi tous ! J’ai besoin de respirer, de me retrouver, de faire le plein d’énergie, de revivre. Après « Pause », ce sera « Play ! » ! Tu veux qu’on parle ? S T O P ! Lui / Parler ???? Mais elle ne fait que ça ! Je ne peux pas en placer une ! Le moindre mot qui sort de ma bouche est un prétexte à reproche. Maintenant elle veut de l’air ? Elle a un culot ! Mais par contre, je la sens venir avec ses gros sabots et ses prétextes à la noix. Dans sa stratégie du « j’ai besoin de faire une pause », il lui faut un motif assez gros pour garder l’appartement et m’éjecter dehors. C’est ma mère le motif : « Si elle est si bien que ça ta mère, tu n’as qu’à aller la rejoindre, elle te fera des lasagnes ! ». Elle me prend vraiment pour une buse. Je la sens venir comme un gros camion avec son ultimatum et son chantage affectif. Heureusement que ma mère m’a prévenu… « Surtout garde ton appartement, mon chéri, ne la laisse pas payer sa moitié, ne la laisse pas te pourrir la vie. Des nanas il y en a d’autres et tu ne mourras jamais de faim. » C’est vrai qu’elles sont bonnes les lasagnes à « ma môman » La sonnerie du téléphone retentit. Il décroche. Elle / Allo ? C’est moi ! Tu vas bien ? J’aimerais te parler, tu es libre pour dîner ce soir. J’ai beaucoup réfléchi ces dernières semaines. Tu me manques tellement ! Lui / à quelle heure le dîner ce soir ? Elle / Dès que tu seras disponible ! Lui / Eh bien j’arrive ! à tout de suite !

Elle / Il m’a séduite avec son look surfeur. Aujourd’hui, c’est polaire et charentaise, en mode confort ! Évidemment, on ne sort plus… Adieu séduction !

◊ Armelle

H. & Pascal Dinot

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ET AUSSI... / La Pose Postale

Nouvelle édition, nouvelle rubrique ! Après une première apparition sur notre blog, la Pose Postale s’installe dans le magazine. Une consécration ? Affirmatif, nous ne vous oublions pas ! Pour ce second numéro, j’ai choisi deux courriers qui ont particulièrement attiré mon attention.

La Pose Postale La première lettre nous est envoyée par Géraldine. Chaque dimanche alors qu’elle rejoint quelques amies pour bruncher non loin de chez elle, elle passe devant le marché de son quartier. Elle se demande si tenter « d’acheter un sac de contrefaçon serait un affront à la mode, à son style, à sa vie ». Je suis contraint de répondre par l’affirmative. Qu’est-ce que nous dit le faux ? Il indique au monde que votre compte en banque n’est pas à la hauteur de l’image que vous voulez donner. De plus, il nous fait remarquer que vous ne vous souciez pas du savoir faire, de la qualité et des matières que représente ce sac. Alors que faire ? Si en vous réveillant le matin, votre première pensée porte sur le sac aperçu sur l’un des derniers défilés, vous avez deux possibilités. Vous pouvez vous arracher un bras et vous l’offrir. Vous expliquerez dès lors à votre entourage qu’il s’agit d’un investissement pour l’avenir. En effet, on ne sait pas avec ces multiples réformes sur les retraites de quoi sera fait notre futur. Il faut donc investir et ce, dans les valeurs sûres. Vous pouvez également vous inspirez de cette proposition et vous offrir un sac adapté à votre budget. Vous vous lancerez dans une quête effrénée, vous vous sentirez plus inspectrice que jamais et vous adorerez ça. Si vos proches vous questionnent sur votre trench et la loupe dans votre poche, ne leur répondez pas. Quoi de mieux que de laisser planer le mystère sur votre vie secrète ?

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La deuxième lettre nous est envoyée par Christine. Celle-ci nous écrit : «  J’ai fait un effeuillage de mon bonzaï mais les bourgeons n’ont pas encore débourré. Certains ont débourré mais ils ont vite noirci et ils sont morts. Que faire ? »

La femme « tulipe » par John Galliano, collection Dior haute couture automne-hiver 2010-2011

Chère Christine, le jardinage n’est pas une chose à prendre à la légère. Même si celui-ci se résume à un petit bonzaï que des voisins vous ont refourgué à la suite de votre crémaillère, son entretien n’en reste pas moins un effort du quotidien. Un petit vaporisateur ne fera pas l’affaire. Il faudra vous transformer en véritable femme tulipe Dior afin de prendre soin de lui de manière convenable. John Galliano lors de sa présentation Haute Couture hiver 2010-2011 nous a offert sa version du jardinage, alors profitons-en ! Je vous vois déjà venir, non, le cellophane autour de votre visage ne sera pas nécessaire. Les week-ends de jardinage, vous accessoiriserez votre tenue avec goût. Ajoutez au tout une petite brouette, un tuyau d’arrosage ou une jolie pelle et vous serez fin prête. Si les bonsaïs ont une tendance à débourrer, ils n’en restent pas moins observateurs. Lorsqu’il vous verra tout de pétales colorées vêtues, il n’aura d’autre choix que de se prendre en main et d’aller de l’avant. S’il ne le fait pas, jetez-le et offrez les outils de jardinage à vos voisins au moment des étrennes. Quant à la nouvelle femme tulipe que vous serez devenue, n’enlevez rien. Vous serez la femme Dior réinventée des années 50 et ça vous ira bien.

◊ Antoine

Bertoni

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