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La vitamine D, contre le suicide
Voilà une donnée qui devrait devenir un problème de santé publique : au moins 30 à 40 % des Français auraient des concentrations sériques de vitamine D trop faibles, car elle est majoritairement produite par notre corps quand nous exposons notre peau aux rayons lumineux naturels, et que nous ne sommes pas suffisamment exposés au soleil dans nos régions tempérées… Pourtant, cette vitamine est essentielle à la qualité de notre tissu musculaire et osseux (car elle permet l’action du calcium et du phosphore), ainsi qu’au fonctionnement de notre système de défense immunitaire. Et ce n’est pas tout : la pharmacologue Jill Lavigne et l’épidémiologiste Jason Gibbons, du département des Affaires des vétérans à New York, viennent de montrer qu’elle réduit considérablement le risque de tentatives de suicide et d’automutilations chez les vétérans américains.
On savait déjà que les personnes âgées de plus de 50 ans manquant de vitamine D avaient plus de risques de souffrir de dépression et de se suicider que celles qui ne sont pas carencées, et que la vitamine D ralentissait le déclin cognitif. D’où un rôle probablement important au niveau du cerveau. Cette fois, les chercheurs ont suivi une cohorte de plus de deux millions d’anciens combattants, âgés en moyenne de 60 ans, dont une partie a été supplémentée en vitamine D2 ou D3 entre 2010 et 2018.
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23 % de baisse du risque de démence quand on suit un régime méditerranéen.
Source : BMC Medicine, mars 2023.
Résultat sans appel : la consommation de vitamine D réduit de 45 à 48 % le risque de suicides et d’automutilations, et même de 64 % chez les sujets ayant au départ des concentrations sanguines très faibles en vitamine D, inférieures à 19 ng/mL.
Comment la vitamine du soleil agit-elle dans le cerveau ? On l’ignore encore, mais on sait qu’elle se fixe sur un récepteur dans le noyau de toute cellule, ce qui lui permet de contrôler les taux de calcium, un ion essentiel non seulement à la calcification des os, mais aussi à la communication nerveuse, ainsi qu’à la différenciation et à l’activité des cellules immunitaires. Il est possible que l’hormone ait également des rôles anti-inflammatoire et antioxydant, dont on sait qu’ils représentent des facteurs protecteurs contre la dépression. Alors, même si on trouve un peu de cette vitamine dans notre alimentation, avec les huiles, les poissons gras, les produits laitiers, ainsi que les œufs, il est préférable de prendre quelques suppléments en vitamine D (mais sans en abuser, car l’hypercalcémie est toxique) quand on ne peut pas s’exposer environ dix minutes par jour au soleil… Notre bien-être mental en dépendrait. £
L’ivresse des singes tourneurs
« Il faut être toujours ivre, tout est là […]. Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous ! », écrivait Charles Baudelaire. Les grands singes semblent avoir trouvé le moyen : tourner sur eux-mêmes jusqu’à s’en donner le vertige, comme les derviches tourneurs
B. S.-L.
dans leur transe ou les enfants sur un tourniquet. Les chercheurs britanniques Adriano Lameira et Marcus Perlman ont observé des dizaines de singes – orangsoutans, gorilles, chimpanzés ou bonobos – qui se faisaient tourner à toute vitesse autour d’une liane et en ressortaient titubants et clairement étourdis. Et si nos ancêtres avaient utilisé ce moyen pour entrer dans des états modifiés de conscience, bien avant le recours aux drogues ou à l’alcool ? £ Guillaume Jacquemont