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ÉCLAIRAGES L’envers du développement personnel LES MENSONGES DU « NON-VERBAL »
Mais qu’en est-il des résultats obtenus grâce à elle ?
Disons-le d’emblée pour ne pas faire durer le suspense : pas fameux ! Pour mettre à l’épreuve la théorie des microexpressions, les psychologues Stephen Porter et Leanne ten Brinke, à l’université de Colombie-Britannique, ont exposé des sujets, tout en les filmant, à des stimuli provoquant des émotions comme la joie ou le dégoût, mais en leur demandant parfois de simuler un ressenti différent. Dans une deuxième phase, des codeurs ont eu pour tâche d’analyser ces expressions à l’aide du système d’Ekman, avec la possibilité de faire des arrêts sur image pour identifier le moindre détail. Après avoir écarté les manifestations émotionnelles affichées durant plus d’une seconde, détectables par n’importe qui, les chercheurs se sont focalisés sur les véritables microémotions relevées par les codeurs, soit une petite quinzaine. Problème : près de la moitié d’entre elles ont été repérées sur les visages de sujets… sincères, qui ne cherchaient pas à simuler quoi que ce soit.
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… POUR DES MICRORÉSULTATS
Des travaux ultérieurs ont confirmé que les microexpressions faciales existent bel et bien, de même qu’il est possible d’apprendre à les décoder… mais cellesci n’entretiennent pas de lien univoque avec le mensonge. Nos ressentis sont complexes et nous sommes tous parcourus d’émotions contradictoires, peu importe que nous soyons honnêtes ou en train de tromper notre interlocuteur. Voilà de quoi fragiliser un peu plus le mythe d’une détection de mensonge efficace. À ce propos, les métaanalyses sont formelles : il n’existe aucun signe corporel, de quelque nature que ce soit, qui garantisse qu’une personne est en train de mentir, à l’image du nez de Pinocchio, qui le trahirait en s’allongeant.
Il faut se rendre à l’évidence, n’en déplaise aux experts du décodage des gestes et des émotions : le mensonge a encore de belles heures devant lui, n’ayant pas d’adversaire à sa taille pour le détecter avec efficacité. Le corps sait très bien mentir, ce que tout cinéphile confirmera volontiers…
Les méthodes les plus pertinentes pour révéler la tromperie restent encore celles qui portent sur le contenu du discours ; par exemple, lors d’un interrogatoire, amener un suspect à répéter plusieurs fois sa version ou raconter les événements dans l’ordre inverse afin de faire émerger les incohérences. En revanche, on trouve pléthore de méthodes promettant de transformer quiconque en maître de perspicacité, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes. Exploitant la crédulité du public en faisant fi des connaissances scientifiques, les auteurs de ces méthodes se placent eux-mêmes dans la catégorie des gens qu’ils prétendent débusquer. Reste la question de leurs réelles motivations, à part s’enrichir : les personnes formées à ces méthodes de décodage deviennent significativement plus confiantes en leurs capacités à détecter les mensonges, alors qu’elles ne font pas mieux que vous et moi, comme le révèle une métaanalyse parue en 2006 sous la plume de Charles Bond et Bella de Paulo. Elles se laissent alors berner en étant sûres de la sincérité de leurs interlocuteurs. D’où le véritable mystère : à qui profitent donc ces méthodes fumeuses ? £
Bibliographie
The global deception research team, A world of lies, Journal of CrossCultural Psychology, 2006.
B. Elissalde et al., Le Mensonge - Psychologie, applications et outils de détection, Dunod, 2019.
S. Porter et L. ten Brinke, Reading between the lies : Identifying concealed and falsified emotions in universal facial expressions, Psychological Science, 2008.
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Nicolas Gauvrit
Psychologue du développement et enseignant-chercheur en sciences cognitives à l’université de Lille.