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Les psychédéliques restaurent la plasticité cérébrale
Le LSD et la psilocybine redonnent aux neurones une capacité essentielle altérée chez les dépressifs : la plasticité. À nouveau flexible et capable d’apprentissage, le cerveau peut alors remonter la pente.
Comment sortir d’une dépression ? Dans le cerveau, cette maladie est caractérisée par un déséquilibre de certains neurotransmetteurs comme la sérotonine, mais aussi et surtout par une « rigidification » des connexions neuronales, de sorte que certaines pensées – souvent négatives – se mettent à circuler en boucle. Il est alors crucial, pour remonter la pente, de pouvoir enclencher une plasticité qui va déboucher sur des apprentissages, une faculté à se projeter dans l’avenir et à a ronter un environnement changeant.
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Depuis quelques années, une nouvelle classe de molécules, les psychédéliques, fait la preuve de son e cacité dans le traitement des dépressions sévères. Souvent, une seule prise d’un composé comme la kétamine, la psilocybine tirée d’un champignon hallucinogène ou le LSD su t à provoquer un changement profond dans le cerveau des patients et à faire régresser les symptômes. Les psychédéliques représentent donc un nouvel espoir de traitement pour les dépressions résistant aux traitements usuels. Or une équipe de l’université de Helsinki vient de mettre en évidence le mode d’action de ces molécules : elles « relancent » la plasticité des synapses et par conséquent celle du cerveau, le redynamisant de l’intérieur.
La molécule de LSD se fixe au récepteur TrkB au niveau d’un repli interne de ce dernier. Cette fixation décuple la sensibilité du récepteur à une molécule nourricière du cerveau, le BDNF, ce qui relance la plasticité des synapses et atténue les symptômes dépressifs.
Stimuler La Croissance Synaptique
En menant des expériences sur des cellules en culture et sur des souris, le neurobiologiste Rafael Moliner et ses collègues ont pu démontrer que le LSD ou la psilocybine se fixent sur une molécule présente à la surface des neurones du cerveau : le récepteur TrkB. Ce dernier remplit un rôle crucial, car il renforce sélectivement les synapses actives. Mais pas n’importe comment, puisqu’il le fait sous l’ordre d’un « engrais neuronal », une molécule nourricière (ou trophique) appelée « BDNF », qui est relâchée préférentiellement à proximité des synapses actives. Le problème est que chez les individus dépressifs, il y a trop peu de BDNF.
C’est là que le LSD vient tout arranger. En se fixant sur le récepteur TrkB, il décuple sa sensibilité, au point que des quantités infimes de BDNF suffisent à faire bourgeonner les neurones et à renforcer les synapses actives, sans consolider les inactives – ce qui forme la base de l’apprentissage et de la cognition. Les chercheurs ont même réussi à visualiser le point de fixation de la molécule de LSD sur le récepteur TrkB (voir la figure).