L’enquête citoyenne, pourquoi s’en priver ? « L'enquête citoyenne en Rhone-Alpes » vise à être "agitateurs d'intelligence collective" au service du Bien commun. Pourparlers assume son rôle de de "spectateurs engagés" comme Raymond Aron définissait sa mission. Entretien avec la rédaction. Pourquoi lancer une plateforme d'enquêtes ? Nous sommes certainement fous ou inconscients (rire). A l'heure où certains développent des enquêtes comme le groupe RadioFrance, d'autres ferment leurs unités enquêtes comme le Parisien. Naturellement, nous ne sommes pas naïfs sur le fait que l'enquête reste un modèle noble pour la presse. Mais, l'enquête se heurte aux verrous des intérêts : ceux de la communication d'entreprise, ceux des collectivités, ceux du pouvoir des communiquants. David contre Goliath ? En quoi ce projet est-il participatif ? Pourparlers a fait du débat ouvert son ADN. La méthode est d’utiliser toutes les ressources du néo-journalisme 3.00. : entretiens, analyse de documents, témoignages, dataminig, sondages en ligne, veille sur les forums, crowdsourcing. Pourparlers ouvre à de nouvelles sources le travail classique de l’enquête menée par une rédaction. Tout notre travail vise à provoquer la prise de parole. Nos sujets débouchent -après une phase importante de travail éditorial- idéalement sur un débat public. Par ailleurs, les journalistes engagés dans l'enquête avec leurs partenaires rendent compte des avancées et difficultés rencontrées lors d'une visio-conférence hebdomadaire où les personnes intéressées peuvent interagir. C'est une vraie nouveauté d'établir via une visio-conférence de rédaction hebdomadaire et l'écriture en mode wiki du sujet. Les outils numériques nous le permettent. Pourquoi s'en priver ? Quel sera selon-vous son apport à la démocratie ? Vaste question ! Pour nous, dans notre éthique, une voix égale une autre voix. Notre équipe s'engage à suivre et traiter toute prise de parole quel que soit le statut social de la personne ou du groupe. Notre souci est de mobiliser en parallèle les acteurs du social et ceux de l'entreprise car le vivre-ensemble doit marcher avec le monde du
travail, les réseaux de sociabilité étant fortement interconnectés et avec le socui d'intégrer les outsiders Les contributions extérieures sont-elles encadrées, modérées a priori ou totalement libres ? Droit de la presse oblige, tous les commentaires et apports diffusés sur la plate-forme et sur les supports finaux sont validés par l'équipe dans le respect d'une déontolgie et d'une éthique journalistique classique. Le droit de réponse est ouvert. L'équipe a le souci d'ouvrir à l'échange des groupes ou personnes qui pourraient être mises en cause. Une totale liberté par contre sur les pages Face Book et forums associées. L'enquête est écrite en mode wiki pendant tout le processus via un my cloud office : c'est la rédaction de Pourparlers qui a le final cut. Qui cela peut-il intéresser ? Nous sommes convaincus que cette démarche peut intéresser et mobiliser les personnes soucieuses d'une alter-information, désireuses de s'immerger dans des enquêtes au long cours. Nous sommes convaincus que les entreprises, collectivités les associations, les experts métiers, se montreront soucieux de participer à un projet éditorial et d'avoir une photographie grandeur réelle d'une question. On peut parler d'intelligence collective. L'idée est que le sujet de l'enquête en construction entre dans plein de réseaux et de cerveaux et que chacun de manière transparente et en laissant une trace puisse s'il le souhaite y apporter son empreinte. Nous nous appuyons sur nos 1ers cercles de confiance. C'est un fruit de notre ADN d'éducation populaire couplé au numérique appliqué au journalisme d'enquête ! On est à fond dans des logiques d' échanges de savoirs, de mutualisations d'outils, d'émulation collective. Les Tiers Lieux de la Région peuvent aussi être des lieux ressources. Un vaste panel d'interlocuteurs privilégiés sera garant de la diversité des points de vue, de la richesse des sources, de l'implication dans une question du vivre ensemble. Quelle forme cela prendra-til ? Le rendu est cross-média : cartographies, travail sur des bases de données, productions audio-visuelles (videos, émissions radios, plate-forme), mise en place d'une veille via twitter, Netvibes et scoop it. L'enquête donne lieu à plusieurs formats éditoriaux selon son thème et la pertinence associée : magazine, print, édition enrichie, web-documentaire, émissions radios via radionomy, création d'une chaine TV dédiée. Sur quels sujets avez-vous commencé à plancher ? Naturellement, notre cœur de cible sont nos sujets de prédilection : les questions du vivre ensemble, celles de la diversité et du modèle républicain, celles de l'innovation sous toutes ses formes, celles de la justice. On souhaite mettre autour de la table, le
loup et l'agneau. On s'appelle Pourparlers ! Les questions citoyennes doivent intéresser les entreprises dans leur environnement et leurs obligations, les associations dans leurs vocations du vivre ensemble, les collectivités dans leur vocation de régulatrice et d’impulsions, les citoyens dans la défense de leurs droits élémentaires. Nous sommes en train de travailler sur une enquête sur l'incinération des animaux domestiques, sur la question du Barrage des Plats, sur le secteur sanitaire privé et la prise en charge des personnes handicapées, sur l'habitat. Quels en sont les atouts au niveau de la technologie, du design, du graphisme ? Nous allons construire une plate-forme dédiée aux enquêtes. On peut imaginer qu'elle serve aussi pour le teasing des sujets. On essaie de mobiliser des partenaires entreprises. On est immergé dans plusieurs « labs »Pourparlers est résident du Mixeur, pépinière d'entreprise axée sur ces métiers. Pourparlers s'est associé à Tassag, média social d'intelligence collective. On est aussi immergé avec Cloud Loire sur des solutions de Live streaming et de gestions de documents partagés. Par ailleurs, tous nos journalistes sont compétents dans les champs du néo-journalisme. Les digitale native voisinent avec des journalistes pros en reconversion vers le néo-journalisme C'est notre force d'avoir mis autour de notre passion de l'enquête des profils aussi divers et complémentaires.