ECOLE SUPÉRIEURE D'ARCHITECTURE DE SAINT-ETIENNE - Leidy Yuranny

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ECOLE SUPÉRIEURE D'ARCHITECTURE DE SAINT-ETIENNE

LA TOPOPHILIE L’amour pour des lieux

Une étude comparative entre Le parc puits Couriot et le musée de la mine à Saint-Etienne en France et le parc ville de la rivière et le musée d'art moderne « MAMM » avec les ateliers de sidérurgie Robledo à Medellin en Colombie

Leidy Yuranny CORREA LONDOÑO

Encadrant de mémoire : Manuel BELLO MARCANO

2019



REMERCIEMENTS

Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Saint-Etienne Université de San Buenaventura de Medellín

Pour l’échange universitaire

Manuel Bello Marcano Paula Andrea Patiño Antoine Clémot David Tobon

Pour les précieux conseils

Jose David Botero Carolina Mejia

Pour leur aide sur le travail photographique

Clara Bernay Cyril Sabattier Jeanne Fontvieille Antoine Clemot

Pour leur aide de traduction

Philippe Ayad Andres Felipe Mora Carla Garfeld Claude Tautel Tania Cambron Leonardo Correa

Autres enseignements externes

Andres Felipe Mora Cristina Duque Marin Diana Hernandez Paula Andrea Patiño Jeanne Fontvieille Michael Vay(Moko) Lea Bretón Pascaline Treille

Des stéphanois et paisas qui m’ont accordé du temps pour faire des entretiens À ma famille, mes amis et toutes les personnes qui ont apprécié ce travail



FIG.1: COLLAGE PARC ET MUSÉE DE LA MINE ET ATELIERS ROBLEDO



TABLE DES MATIERES - AVANT- PROPOS - INTRODUCTION I- APPROCHES SENSORIELLES VERS DES LIEUX

1.1 Le Genius loci selon Noberg-Schulz.

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1.2 Lieux de mémoire,souvenir et oubli dans la ville.

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1.3 Les lieux d'enracinement et d’attachement.

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1.4 La construction des lieux comme espaces symboliques.

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1.5 Les sensations, les émotions et les sentiments dans la construction des lieux.

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1.6 La topophilie.

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II- L’HISTOIRE DE DEUX LIEUX POST-INDUSTRIELS À L'ÉPREUVE DE LATOPOPHILIE

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2.1 Le parc du puits Couriot et le musée de la mine à Saint-Etienne

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2.1.1 La naissance du puits Couriot.

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2.1.2 Les années de l’explosion de l’exploitation du site.

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2.1.3 L'apparition des crassiers “montagne de souffrance”

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2.1.4 Les fins des activités de la mine.

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2.1.5 Un lieu de charbon qui s’est transformé en musée et en parc de la mine.

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2.2 Le parc ville de la rivière et le musée d'art moderne « MAMM » avec les ateliers de sidérurgie Robledo à Medellín.

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2.2.1 Naissance de l'industrie dans la région d'Antioquia sur la ville de Medellin.

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2.2.2 Histoire du secteur de l'industrie à Medellin connu comme Simesa.

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2.2.3 Les ateliers de Robledo et sa fermeture.

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2.2.4 Déplacement de l'industrie à la création de nouveaux usages.

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2.2.5 Des ateliers accueillant le projet parc de la ville de la rivière et le musée d'art moderne “le MAMM”.

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III- ANALYSE TOPOPHILIQUE DES LIEUX POST-INDUSTRIELS

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3.1 Les hypothèses de production, émergence, et d'apparition de la topophilie.

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3.1.1 Hypothèse A: “Les lieux des souvenirs, mémoire, attachement et enracinement”

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3.1.2 Hypothèse B: “Les lieux comme un symbole ou un patrimoine industriel”

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3.1.3 Hypothèse C: “Les lieux Anomiques”

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3.2 Les chemins affectifs de la topophilie

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3.2.1 Vers une topophilie: Entretiens sur la production d’une topophilie. Travail des lieux par les images et les entretiens.

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3.2.1.1 Entretiens à Saint-Etienne.

41

3.2.1.2 Entretiens à Medellin.

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IV-LA PRODUCTION ET LA PREUVE HYPOTHÉTIQUE DE LA TOPOPHILIE DANS DEUX LIEUX POST-INDUSTRIELS:.

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4.1 Topophilie stéphanois envers le musée de la mine et le parc puits Couriot 4.1.1 Hypothèse A.

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4.1.2 Hypothèse B.

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4.1.3 Hypothèse C.

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4.2 Topophilie paisa vers le parc ville de la riviere avec le musée le «MAMM» et les ateliers Robledo

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4.2.1 Hypothèse A.

84

4.2.2 Hypothèse B.

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4.2.3 Hypothèse C.

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VERS LA CONSTRUCTION ET LA PRODUCTION D’UNE TOPOPHILIE

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- ANNEXES

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- TABLE DES FIGURES

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- BIBLIOGRAPHIE

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FIG.2: LA DERNIÈRE REPRÉSENTATION DU FUNAMBULE HENRY'S AU MUSÉE DE LA MINE


FIG.3: FAÇADE PRINCIPALE LES ATELIERS ROBLEDO.



AVANT-PROPOS J’ai effectué deux années d’échange universitaire dans la ville de Saint-Etienne, en France, pendant ma quatrième et cinquième année d’étude en architecture pour faire un double diplôme.

Pour moi, partir en France était comme un rêve. Je voulais découvrir la culture européenne, mais aussi apprendre beaucoup sur la formation de la ville européenne et réfléchir sur son développement. Pour reprendre quelques mots de Eduardo Galeano:

"L'utopie est sur l'horizon. Je marche deux pas, elle s'éloigne deux pas et l'horizon recule de dix pas plus loin. Alors à quoi sert l'utopie? Elle sert à marcher”1

Partir de la ville latine pour découvrir la ville européenne: Un affrontement avec l'échelle urbaine Medellin-Saint Etienne

Medellin et son échelle “non-mesurable” avec ses rues usées, obscures et bruyantes, sa planification incontrôlée, nous demande un effort pour dormir au bord de ses quartiers bruyants.

La ville se lève à 5:30 h du matin, le soleil éclaire la montagne verte et les travailleurs se trouvent obligés de jouer avec le chaos des transports en commun du quotidien. Ils sont tout de même heureux d'avoir un métro efficace et de multiples services qui rendent la ville plus «compacte» qu’elle ne l’était.

A cause de son centre étendu en fond de vallée et de son expansion qui épouse la forme des montagnes, Medellin s’est formée de micro-centres urbains. En cause, la mauvaise connexion entre le centre-ville et les quartiers des versants de la montagne provoquent des difficultés d’accessibilité.

A Medellin, le concept d'urbanisme social est intégré comme politique urbaine pour faire la ville. Avec cette idée, le gouvernement veut réussir une cohésion sociale

1 DANGL, Benjamin. “Les mots d’Eduardo Galeano déambulent dans les rues d’un continent”, arrêt sur l’info [en ligne], 2015. Livré Paroles Vagabonde, lux éditeur, 2010. Disponible sur : https://arretsurinfo.ch/les-mots-deduardo-galeano-deambulent-dans-les-rues-dun-continent/


en offrant des solutions de connectivité, des espaces de loisirs sur ces micro-centres et ainsi créer une homogénéité dans tous les quartiers. L'arrivée dans la «petite» ville européenne de Saint-Etienne: Une ville encore pour marcher et jouir comme piéton

Dans la ville de Saint-Etienne, il existe une histoire à raconter dans chaque ruelle, un climat qui nous perturbe tout le temps, et une échelle de ville qui nous permet retrouvailles entre amis fréquemment. Cette ville m'a permis d’évoquer la phrase du chanteur Quintín Cabrera 2 "Une ville que je vois comme un livre qui est lu par les pieds". C’est une ville aussi « compacte » qui fonctionne encore à échelle humaine. Elle propose des facilités d'accéder au centre grâce à un transport doux.

A Saint–Étienne, des places, des parcs et d'amples rues piétonnes pour les promenades, permettent à l'être humain de déambuler librement. Ils offrent une sécurité, et permettent de marcher et de partager la rue avec les transports en commun.

La ville de Saint-Etienne est caractérisée par la réhabilitation de ses édifices, symboles de patrimoine urbain, ils sont alors considérés comme des héritages de l'identité stéphanoise par ses citoyens. Elle est où mon identité?

C'est une ville perméable; qui permet d'entrer dans toutes les ruelles. Personnellement, je me suis sentie libérée, peut-être parce que ses ruelles sont petites, accueillantes et faciles à traverser, et ne renvoyant pas à un imaginaire de violence. La ville stéphanoise a touché mes viscères, après l’avoir dessinée avec mes pieds, et dénicher les vestiges de la “ville noire”, j’ai compris pourquoi cette appellation 2 QUINTIN CABRERA était un auteur, compositeur, interprète et poète uruguayen. Extrait de sa chanson “las ciudades son libros”[en ligne],s.l, s.d. Disponible sur : <https://www.cancioneros.com/nc/9772/0/las-ciudades-son-libros-quintin-cabrera>


venait de son activité industrielle du charbon du XIX-XXème siècle. Nous pouvons apprécier encore aujourd’hui l’architecture permanente de cette époque.

Certaines politiques de conservation patrimoniale ainsi que l'appropriation par les citoyens en font de certains lieux stéphanois des lieux constants, irradiants et immortels. Tout cela me provoque de la nostalgie car je me demande aujourd’hui, avec regrets, où se trouve le patrimoine perdu, détruit puis oublié de ma ville Medellín. La déambulation nocturne dans la ville

Dans les années 1980, Medellín était une ville très dangereuse du pays, il était interdit sortir dans la rue, de jour comme de nuit. Les problèmes de drogues telles que les trafic de stupéfiants, la présence des groupes paramilitaires et la corruption politique ont provoqué des ségrégations entre les différentes populations,et à cause de cela, le droit à la ville était perdu et la vie des habitants était mise en jeu quotidiennement.

Aujourd'hui grâce aux solutions de l'urbanisme social et les stratégies politiques mises en place, les niveaux de violence ont été réduits, de nouvelles infrastructures routières et d'éducation ont été construites. Dans des villes dispersées, il est nécessaire d'analyser ces espaces en crise pour faire de l’acupuncture urbaine.

Marcher dans Saint Étienne à 3h00 du matin et observer les gens ivres qui sortent des boîtes de nuits, voir les ordures qui restent de la fête de la veille et seulement écouter les voix des gens qui déambulent dans la rue; sont des ambiances habituelles du centre, le reste la ville reste en suspens dans le silence, comme les cimetières pour dormir et se perdre entre rêves. La mixité sociale comme créateur d’ambiance rend la ville de Saint-Etienne cosmopolite. Une grande partie de ses habitants sont des étudiants, elle accueille aussi des milliers d'immigrants qui arrivent pour se réfugier et faire leur vie; ce croisement culturel permet un échange enrichissant.


L’immigration influe sur la transformation des ambiances entre les quartiers. La majorité des rues sont reconnues par la nationalité des habitants. Par exemple: la rue des marocains est la rue Beaubrun et la zone des africains est connue pour la zone de l’hôpital de la Charité. Il est probable que cette création d’ambiance aide les habitants à se sentir chez- eux, ils ne trouvent pas de discrimination de la part des autres nationalités; c’est une ville multiculturelle.


INTRODUCTION “Si l'homme est à l'image de sa ville, la ville est tout autant à l'image de l'homme: édifiée par lui, marquée en tous ses lieux par son travail, ses peines et ses joies, tout ce que la présence humaine dépose sur les pierres”.3 Mikel Dufrenne

Appréhender la ville comme un univers sensible

Aborder la ville dans ses dimensions sensibles avec ses structures complexes et les morphologies différentes qui convoquent un imaginaire, implique d’assumer le choix de nouveaux regards et le croisement des savoirs. La ville avec des porosités, des métissages, des textures, des odeurs et de divers paysages, tresse de nouvelles matières et de nouveaux parcours qui nécessitent des lectures multiples. En tant qu’habitants, nous sommes les premiers spectateurs, acteurs et utilisateurs à observer et à participer à l’activité de la ville. À travers la marche, on déambule dans tous les secrets qu'elle garde, on l'observe, on l’expérimente, on l'habite avec tous nos sens.

L'échelle sensible de la ville a longtemps été oubliée et parfois, on a tendance à considérer l’être humain comme une machine dans un habitat, sans se préoccuper des aspects sensoriels de cette habitation. On construit des lieux en leur donnant une fonction précise sans tenter de comprendre les dynamiques autour et les habitudes des habitants. La ville est un univers fait de lieux qui s’inscrivent dans nos mémoires. Les espaces de la ville deviennent appropriables, chargés d’une histoire ou porteurs de signes que nous pouvons identifier, des signes qui se transforment en lieux habitables. La rencontre des lieux sensibles dans une ville française et latino américaine Il y a des villes où l’on peut trouver des vestiges, des ruines et des constructions primitives, mais qui restent oubliées et peu ou pas entretenues. D’autres lieux sont conservés, réhabilités, rénovés en prenant en compte de leur passé, les symbolesforts et les souvenirs importants qui sont encore vivants dans la mémoire des habitants. 3 SANSOT Pierre, La poétique de la ville, editions Klincksieck. Paris, 1973. Préface du livre pour Mikel Dufrenne, s.d.

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Lorsque je faisais des mappings dans la ville stéphanoise et ma ville natale Medellin en Colombie, ce qui m’a amené à rencontrer et considérer des lieux comme des œuvres architecturale industrielles est le fait qu’ils soient gelés dans le temps mais qui pourtant, ils puissent être vue comme les support d’une dynamique sociale. Deux lieux ont

ainsi attiré mon attention car ils ont connu un passé industriel similaire.

Nous allons donc travailler avec deux lieux : 

Le parc ville de la riviere avec le musée d'art moderne "MAMM" et “les anciennes ateliers de sidérurgie de Robledo” localisé en Colombie à Medellín

Le parc-musée "puits Couriot", ancienne mine de charbon à Saint-Étienne en France.

On a découvert ces lieux à travers une promenade dans la ville. Sa forte puissance dans le tissu urbain le rend reconnaissable pour la ville et crée une dynamique qui pousse la population vers eux.

Ces lieux sont apparus approximativement au XIXème et XXème siècle et ils sont restés en activité jusqu’aux années 1970, 1980 et 1990 avant leur fermeture. A l’époque, ces deux endroits avaient des activités industrielles et récemment ils ont été transformés pour un usage culturel avec l’idée de conserver ses caractéristiques physiques industrielles. Aujourd’hui, ils sont reconnus comme patrimoine culturel et ont été ouverts au public.

On y trouve une appropriation des lieux par la population qui se vérifie par leur constante fréquentation et par les diverses dynamiques sociales comme les activités culturelles, les projets associatifs, les marchés, les activités économiques formelles et informelles. Cette appropriation crée un attachement pour ces lieux post-industriels et les caractéristiques industrielles n'empêchent pas les individus de les investir ou de les découvrir. Le lieu est donc un espace vécu (in situ), perçu (in visu) et représenté (ex situ). Il est aussi un espace ressenti. Les sens et les émotions mobilisés sont étroitement liés à l’expérience de la ville. L’approche phénoménologique de la théorie du lieu et l’appréhension d’un territoire urbain comme un site expérimenté constituent une approche dynamique. L’être interagit avec son territoire, et c’est son expérience 2


propre de l’espace qui va lui donner un sens. Ce sont les concepts de perception, de représentation et d’expérience qui permettent d’appréhender les dimensions sensibles qui agissent dans le rapport à l’environnement et au temps. L’expérience apparaît alors au centre du ressenti urbain et de la possibilité d’être dans les lieux4

L’observation des nouvelles manières d’habiter met en lumière des pratiques différentes. Ce qui auparavant, était inhabitable: des lieux de travail, de productions, d’exploitations, de pollution, sont maintenant réintégrés et réhabilités parce qu'ils s’incorporent dans une autre époque et d’autres usages, qui auront eu raison des anciennes manières d’habiter.

À partir de ce constat, nous avons commencé à avoir des inquiétudes, des questions, puis nous avons réfléchi à différentes hypothèses que l’on essaiera de démontrer durant le développement de ce travail. Puisque la sociologie est entendue comme l’étude de l’être humain et l’étude de sa manière d’être en relation avec le monde social qui l’entoure, nous l’utiliserons pour construire des concepts et un outil méthodologique afin de comprendre et de comparer comment ces anciens lieux industriels sont devenus le support d’une nouvelle manière d’habiter. “Les plus grands produits de l'architecture sont moins des oeuvres individuelles que des oeuvres sociales; plutôt l'enfantement des peuples en travail que le jet des hommes de génie”.5 C’est donc la dimension sensible qui rend possible le ressenti, l’émotion qui peut, quant à elle, transmettre des sentiments entre l’individu et l’espace. Ce sont ces sentiments pour un lieu qui nous ont amené à nous intéresser à la notion de “topophilie”. La topophilie comme grille d’analyse? La topophilie est entendue comme le sentiment d’empathie (d’amour) vers un lieu, c’est cette notion que l’on découvrira tout au long de notre recherche ainsi que les différentes façons de concevoir celle-ci par les différents chercheurs.

4 LALLI, M. et PLÖGER, W. “Corporate Identity für Städte. Ergebnisse einer bundesweiten Gesamterhebung”, Marketing: Zeitschrift für Forschung und Praxis (ZFP). Journal of Research and Management, n° 13,1991, p. 237‑248. 5 VICTOR Hugo. “ Notre-Dame de Paris ” [En ligne], librairie Charles Gosselin. Paris, 1941. Disponible sur: http // www. <https://books.google.fr/books> (...) p.258.

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L’objectif de tout ce travail est donc de pouvoir analyser comment se produit la topophilie entre une population et un lieu post-industriel?. Nous nous appuierons donc sur nos deux cas d’études et leurs populations paisas6 et stéphanoises. Pour proposer une réponse à notre question, nous avons eu besoin de travailler plusieurs hypothèses. La validité de ces hypothèses sera testée grâce à un travail de terrain qualitatif réalisé par le biais d'entretiens avec quatre stéphanois et quatre paisas. Ces entretiens ont pour but de faire ressortir les pratiques qu’ont les interviewés avec le lieu post-industriel afin de comprendre leur imaginaire et leur affection pour le lieu.

Nous allons donc réaliser des ateliers avec un échantillon de personnes. Dans ces ateliers, on se servira des témoignages dans lesquels sont évoqués l’imagination, les souvenirs et les sensations. Mais il s’est avéré compliqué pour nous d’analyser une sensation à partir d’une émotion. C’est pourquoi nous avons utilisé l’image du lieu comme outil d’analyse. En effet, comme le remarque Friedman: “Nous pensons plus en images qu'en paroles (au moins la plupart d'entre nous) le mot image ne veut pas dire « réalité » mais peut y être apparenté. L'image peut mener à des nouvelles observations qui, à leur tour...”7

Ces images du lieu sont choisies intentionnellement, puisque l’objectif est d’identifier des sentiments, des émotions, et des sensations que les personnes éprouvent lorsqu’elles sont confrontées aux images d’un lieu. Selon Kevin Lynch, les images font submerger des souvenirs et des significations, produisent des sensations immédiates et du souvenir de l'expérience d’habiter.8

Suite aux entretiens qui ont été réalisés sur le site de Saint-Etienne et à distance pour le site de Medellin, on procèdera à une transcription pour analyser les propos tenus par les interviewvés et ainsi les mettre en perspective avec les différentes hypothèses, A: “Lieux des souvenirs, mémoire, attachement et enracinement”, B: “Lieux comme un symbole ou un patrimoine industriel”, C: “Lieux Anomiques”, qui ont été élaborées en partant des observations des deux contextes et à partir des images sélectionnées par les mêmes interviewé.

6 PAISA : c'est le terme utilisé pour appeler à la population en Colombie que vient de la région du nord-ouest et partie des Andes. 7 FRIEDMAN Yona. L'ordre compliqué et autres fragments, l'éclat, Paris, 2008, p.15-168 LYNCH Kevin. L'image de la cité, Paris, Dunod, 1998, ” non paginé”.

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Dans l'analyse, on a identifié quelles sont les images les plus choisies. A partir de cette première étape, nous allons mettre en relation le discours et le vocabulaire employé par les interviewvés pour décrire leurs ressenti du lieu avec les images sélectionnées. Ensuite, nous interpréterons cette construction de données pour vérifier la validité de nos hypothèses sur nos deux terrains d’étude. Ces hypothèses vont venir nourrir nos analyses topophiliques, ce qui nous permettra de conclure sur la manière dont procède la topophilie dans nos cas d'études.

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I- APPROCHES SENSORIELLES VERS DES LIEUX

La ville évolue ainsi que ses architectures gelées et ses espaces vides. Les lieux qui avant étaient industriels sont aujourd’hui effacés et remplacés par des architectures contemporaines. Pourtant les villes qui ont un fort passé historique ne peuvent alors pas effacer ces vieux espaces qui s’intègrent aujourd’hui au paysage urbain, comme c’est le cas du musée de la mine et les ateliers Robledo actuellement le musée “MAMM”. Qui aurait pu imaginer que ces lieux industriels seraient autant fréquentés par la population, et allait produire, par conséquent, une si forte topophilie? Pour comprendre d’où vient le terme topophilie, on présentera divers auteurs qui se questionnent sur la notion de lieu d’une façon sensible et émotionnelle et qui nous aiderons à découvrir et comprendre ce concept d’empathie ou d’amour pour le lieu. Ces cheminements de la pensée nous serons utiles dans le développement du travail d'analyse de notre mémoire. Ils constituent ainsi une étape nécessaire. 1.1 Le Genius loci selon Norberg-Schulz

Dans son livre intitulé Genius Loci paysages, ambiances, architecture (1980), Christian Norbert Schulz nous explique que le genius loci est une conception romaine, d’après une antique croyance, où chaque être est “dépendant” de son genius, son esprit gardien. Dans la traduction de cet ouvrage fourni par Odile Seyler, on apprend que : «Cet esprit donne vie à des peuples et à des lieux, il les accompagne de la naissance à la mort et détermine leur caractère ou leur essence. (…)Dans les temps anciens, la survie dépendait d’un bon rapport avec le lieu au sens physique et psychique. Dans l’Égypte ancienne, par exemple, la campagne était non seulement cultivée, dûe aux inondations du Nil, mais en plus, la structure du paysage agricole était utilisée de modèle pour la disposition des édifices publics ce qui devait donner à l’homme un sentiment de sécurité parce que cela passait par une symbolisation d’ordre éternel de notre environnement ».9

Avant de poursuive dans nos développements, il convient de souligner ici la différence qu’existe entre un espace et un lieu. D'après Heidegger, le raum (espace) signifie frôler, faire un endroit libre, un peu ouvert, avec nous qui nous sentons 9 NORBERG-SCHULZ, Christian. Genius Loci: paysage,ambiances ,architecture, traduction: Seyler, Odile, éditeur : Mardaga,Pierre, Milano,1981, p.18

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complètement identifiés10. L'espace est limité par des frontières qui se reconnaissent parce qu'elles sont nommées, ce qui laissait dire à Heidegger "l'homme existe dans l'espace pour donner la place à l'espace”11. Felix Duque12 complète le concept de Heidegger et voit dans le concept d’espace et de lieu un binôme. C’est en offrant des caractéristiques à cet espace: des directions, des points cardinaux, des phenomènes naturels, des éléments végétaux, animaux, des occupations humaines, qu'il se transforme en lieu. C’est donc l’attribution de caractéristiques d’origines humaines qui distingue le lieu de l’espace. En 1960 Lawrence Durrell13 écrivait que “lorsqu'on commence à connaître l’Europe en goûtant les vins, les fromages, et le caractère de différents pays, on commence à comprendre presque tout” avant de conclure que “le facteur déterminant d’une culture c’est l’esprit de lieu”14

Nous allons donc, grâce à nos travaux de recherche, tenter de comprendre comment les espaces post-industriels sont habités. Le terme “habiter” définit la complexité des relations de l'humain et pour mieux comprendre ce concept, nous utiliserons la définition proposée par Olivier Lazzarotti qui explique que “la notion d’habiter doit être prise dans un sens plus large que loger et qu’elle engage alors tout un rapport au monde”.15 D’après les travaux de Schulz, dans l'habiter, il existe deux concept psychologiques que l’on appelle l’orientation et l’identification: «L’homme doit être capable de s’orienter; il doit donc savoir où il est, mais il doit aussi être capable de s'identifier au milieu, ce qui signifie savoir comment est un certain lieu.(…) La qualité d’un milieu qui protège l’homme de l’égarement est définie par Lynch comme “l`immaginabilité”, ce qui signifie que c’est la forme, la couleur ou

10 HEIDEGGER, Martin. « bâtir habiter penser », Essais et conférences, Gallirmard, 1951 11 Traduction par mes soins. MADERUELO, Javier. La idea de espacio en la arquitectura y el arte contemporáneos 1960-1989. [En ligne], akal S.A. Madrid, 2008. Disponible sur: <www.books.google.fr> (...), p.15 12 DUQUE, Felix: est professeur de philosophie à l'Université Complutense de Madrid. 13 DURRELL, Lawrence : est écrivain et voyageur britannique. 14 NORBERG-SCHULZ, Christian. Genius Loci: paysage,ambiances ,architecture, traduction: Seyler, Odile, éditeur : Mardaga, Pierre, Milano,1981,p19 15 LAZZAROTTI, Olivier, «Habiter » [En ligne], notion à la une de Géoconfluences. Paris, 2013. Disponible sur: <http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informationsscientifiques/a-la-une/notion-a-la-une/habiter>

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l'ordonnance qui rend plus facile la construction d’images mentales d’un lieu au point d'être bien identifiées, fortement structurées et donc assez utiles. (…) Il est implicite pour Lynch que les éléments qui constituent la structure spatiale sont des choses concrètes qui ont un caractère et une signification. (…) Sans réduire l’importance du concept d’orientation, il est nécessaire de souligner que l’habiter présuppose avant tout l’identification au milieu. On peut très bien se sentir “Chez-soi” sans être pour autant pleinement conscient de la structure spatiale du lieu, c’est-à-dire que le lieu est considéré dans son caractère gratifiant.»16

On notera donc l’importance accordée à l’identification qui conditionne, selon Schultz, l’orientation et donc l’habiter et enfin le Genius Locci. «Le genius loci utilisé contemporainement fait référence à des ambiances caractéristiques d'un lieu. L'histoire nous montre que les objets d'identification sont des propriétés concrètes d’un lieu et que la relation humaniste avec ceux-ci, se développe basiquement durant l'enfance. (…) Les enfants créaient dans des espaces verts, des cafés, ou des cibles; ils marchent ou jouent avec le sable, une terre, une pierre ou une mousse; sous un ciel nuageux ou clair; ils écoutent des sons comme celui du vent en se mouvant dans les feuilles d'un arbre spécifique et ils expriment une chaleur ou un froid.(…) De cette façon les enfants obtiennent des expériences avec le lieu et développent un schéma perceptuel qui détermine toutes ses expériences futures.(…) L’identification est la base du sentiment humain et d’appartenance à un lieu. L'orientation est la fonction qui le fait de venir cet homo viator c’est-à-dire que l’homme quitte son sol natal pour aller toujours plus loin ce qui fait partie de sa nature ».17

On peut donc conclure que le genius locci ou “esprit du lieu” nous permet de saisir l’importance d’habiter l’espace pour reconnaître une ambiance ou une caractéristique particulière d’un lieu. Or pour habiter l’espace, il est nécessaire, dans un premier temps d’établir une identification qui permettra ensuite une orientation. Enfin pour que l’identification se réalise, il est nécessaire de créer des moments, des souvenirs entre les lieux et les personnes.

Pour donner aussi un autre point important sur le genius loci, Schulz analyse la position de Heidegger avec trois catégories:- Les phénomènes naturels, des phénomènes artificiels. - La terre et ciel, horizontale et verticale. - L’extérieur et intérieur. 16 NORBERG-SCHULZ, Christian. Genius Loci: paysage,ambiances ,architecture, traduction: Seyler, Odile, éditeur : Mardaga, Pierre, Milano,1981, p 21-22 17 c.f. Ibidem.

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Ces catégories contiennent des implications spatiales et l’espace se traduit par un concept existentiel et non mathématique. C’est uniquement de cette manière que l'on peut saisir complétement le genius loci, que les anciens reconnaissaient comme une opposition avec laquelle l’homme doit transiger pour acquérir la possibilité d’habiter. Schulz souligne l’importance de l’étude de phénomènes concrets de notre vie quotidienne pour comprendre le genius loci. 1.2 Lieux de mémoire, souvenir et d’oubli dans la ville

Les squelettes du passé de la ville encore ancrés dans les trames urbaines réveillent dans notre mémoire des souvenirs de ce que l’on a vécu, partagé, mais beaucoup restent dans l’oubli ou ne procurent pas des émotions et des sentiments aux gens qui n’ont pas d’attache avec ce lieu.

Notre réalité est faite de fragments de souvenirs, comme quand nous construisons un casse-tête, nous partons, de morceaux dispersés avec lesquels il faut former un tout. Comme dit Marc Auge dans son livre “les formes de l'oubli” dans tous les aspects de la vie humaine, “la mémoire et l'oubli sont présents dans l'appréhension spatiale et jouent un rôle médullaire; mais à son tour, le lieu maintient une relation très particulière avec la mémoire, puisque si nous nous en rappelons c’est grâce à eux.” 18

Notre relation avec l'espace se forme au moyen de l'expérience visuelle, tactile, olfactive, auditive, et non par le temps. Les lieux qui malgré les années, ont marqué la ville, sont des icônes de la mémoire. Elles ont transformé son image physique et sa fonction, mais l’esprit des lieux reste.

Nous gardons des lieux dans nos mémoires au moyen de l'expérience. José Navarrete19 nous donne un exemple pour illustrer ce propos : qu'est-ce qui succède alors quand quelqu'un nous demande des indications pour arriver à un endroit ou quand quelqu'un nous donne ces indications? Les deux situations se concentrent sur nos souvenirs, exigent de nous un effort pour reconstruire dans notre esprit les parties

18 c.f voir AUGE,Marc. Les formes de l'oublie. Payot et Rivages, Paris, 2001, «s.d». 19 NAVARRETE, José: étudiant d'anthropologie de la faculté de sciences sociales et humanitaires de l'UASP. Des lignes de recherche : un espace, un territoire et une ethnomusicologie[en ligne]. Disponible sur: <http://revistamito.com/author/josenavarrete/> [Consulté le 15 juillet 2017]

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de la ville, les associer à des moments, éliminer ou exclure les autres. Quand les personnes nous demandent des indications, nous reconstruisons mentalement l'espace grâce à ce que nous gardons dans la mémoire et peu importe la complexité, nous essayons d'associer, de penser ou de faire abstraction, des particules de ce lieu. Ce que nous rappelons sont des empreintes des "signes de l'absence" comme dirait Augé. La mémoire est une capacité associative, une manière de penser. Le passé et le présent confluent dans celle-ci et les morceaux d’expériences qui constituent la mémoire appartiennent au passé. C’est pourtant dans le présent que nous pouvons les ordonner. Nous pouvons donc dire que les images du passé de ces lieux pourraient se rattacher à celles du présent. L’analyse des images relève plutôt des émotions et des sentiments qu’ils peuvent évoquer. L'image nous fait garder un moment et ceux qui n'ont pas été capturés seront oubliés, il y a donc un lien émotif pour qu'ils restent dans la mémoire.

Les lieux que nous habitons ou fréquentons, nous les reconstruisons dans notre esprit de manière subjective et personnelle. Nous pouvons ainsi les schématiser et par conséquent les expliquer à quelqu'un. La mémoire, c’est une habilité de la pensée, une capacité d’assembler des bouts des souvenirs. L'oubli est une dissociation qui contribue à la cause; quand on n’est pas attaché, on oublie. Le souvenir et l’oubli gardent une relation d’interdépendance qui ressemblent à la vie et la mort. Mario Botta dit : “La mémoire trouve dans l’œuvre d'art une manière silencieuse d'être, où sa nostalgie cachée pourra se trouver”.20 On pourrait se questionner sur la sensation ou l’émotion du sujet quand il se retrouve face à une image qui a marqué son passé. C’est quand nous observons des photographies ou des films qu’il y a des fragments qui tournent dans nos têtes. Ils suscitent des souvenirs et quand ils sont déjà disparus de nous, ils sont oubliés. C'est pour cela que dans ce travail, nous voulons mettre en évidence les avantages qu'a l'image d'une photographie, ce morceau de papier qui a pour objectif de capturer des moments dans l'histoire et ainsi nous le rappeler.

20 LUNGHI,Patricia, «Architecture et mémoire, selon Mario Botta» [en ligne], Bilan,«s.l», 2016.Disponible sur: <http://www.bilan.ch/luxe-plus-deredaction/architecture-memoire-selon-mario-botta/> [Consulté le 02 juin 2017]

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1.3 Les lieux d'enracinement et d’attachement Dans la psychologie affective, l’attachement s’explique comme un lien affectif qui forme une communauté ou un groupe d’animaux entre eux et l’environnement. Cela les pousse à se rejoindre dans l’espace. L’attachement sera mis en évidence par un contact physique. L’attachement au lieu produit des connections positives entre la communauté et les endroits spécifiques. L’attachement se forge au travers d’intéractions répétées au cours du temps entre communautés et lieux. L’attachement donne au lieu une valeur particulière, distincte de sa valeur utilitaire. Sa disparition est alors susceptible d’entraîner tristesse et manque. L’attachement au lieu varie en intensité et a pour nature de durer. Une question s’impose alors: quelles sont les variables susceptibles d’influencer la relation d’attachement entre un individu et un lieu? Selon Hidalgo et Hernández21, “les femmes développent plus d’attachement au lieu que les hommes, quel que soit le type de lieu, ensuite l’attachement au lieu augmenterait avec l’âge et ou le temps”. Pour certains, l’attachement au lieu dépend de la variété des expériences vécues sur le lieu considéré (Jorgensen et Stedman 2001)22 ou de l’incapacité de l’individu à faire face à l’environnement (Riley1992),23 Rubinstein et Parmelee(1992)24 soulignent l’influence de la personnalité des communautés envers les lieux et Riley pose la question de l’influence de l’humeur, montrant au passage comment peuvent

émerger des influences à partir des

personnalités. L’enracinement vers un lieu est dû à ses caractéristiques physiques et dépend de la force émotionnelle qui se produit vers celui-ci. Selon Chawla25, nous développons cet enracinement à partir de notre enfance, où s’expérimente les premières approches 21 Traduction par mes soins. HIDALGO,M.C. et Hernández,B. «Place attachment: Conceptual and empirical questions» [en ligne], Journal of Environmental Psychology, «s.l.», 2001, vol n° 21, p, 273-281. Disponible sur: <https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S027249440190221X>, p.280 22 Traduction par mes soins. JORGENSEN, B et STEDMAN, R, “Sense of place as an attitude: lakeshore owners attitudes toward their properties” [en ligne] Journal of Environmental Psychology, «s.l.», 2001 vol n° 2, p.233-248. Disponible sur:<http://www.issw.ch/info/mitarbeitende/hunziker/teaching/download_mat/072_Jorgenson_Stedman_2001.pdf>, «s.d»

23 Traduction par mes soins. RILEY, R. “Attachment to the ordinary landscape” [en ligne], in Altman and Low, Place Attachment, Plenum Press, New York, 1992, p.13-35. Disponible sur: <https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-4684-8753-4_2>, «s.d» 24 Traduction par mes soins. RUBINSTEIN, R et PARMELEE, P. “Attachment to place and the representation of the life course by the elderly” [en ligne], in Altman and Low, Place Attachement, Plenum Press, New York, 1992, p.139-161. Disponible sur: <https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-4684-8753-4_7> 25 CHAWLA, L. “Childhood Place Attachments” [en ligne], in: Altman, I. Low S.M. (eds) Place Attachment. Human Behavior and Environment (Advances in Theory and Research), Springer, Boston, MA, 1992, vol 12, p,63-86. Disponible sur: <https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-4684-8753-4_4>

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avec l’espace. Cooper Marcus parle plus de l’expérience émotionnelle qui se garde dans les souvenirs. Low et Altman (1992)26 nous affirme que l’enracinement ou l’attachement qui se produisent avec un lieu est principalement dû au type de communauté qui existe. C’est le résultat des relations interpersonnelles qui se lient à un lieu déterminé. Pourtant, on pourra supposer que l’attachement aux lieux est en réalité un attachement à une communauté qui habite un lieu. Riger et Lavrakas(1981)27 ont identifié deux types d'attachement ou d’enracinement : ● Attachement ou enracinement physique : attachement aux lieux pour ses qualités spatiales et physiques. ● Attachement ou enracinement sociale : attachement aux lieux pour ses activités sociales.

Celles-ci peuvent se classer: ● Attachement sûr: des caractéristiques affectives faciles et fluides, sans se préoccuper de la dépendance ou l'abandon, plusieurs s'identifient à cela puisqu’ils ont confiance à l’accessibilité et disponibilité du lieu. ● Attachement évitant: il est caractérisé d'habiter un lieu sans l'intérêt de produire un contact social. ● Attachement anxieux: cherche sans cesse le contact et l'intimité avec d'autres personnes, pour interagir dans ce lieu.

L'enracinement porté garant de trois parties interdépendantes: spatial, social et culturel. ● L'enracinement spatial: fait que l'homme s'installe physiquement à un territoire. ● L'enracinement social: implique de se rattacher à d'autres hommes et se ranger par des groupes sociaux; cet enracinement dépend de sa manière de participation, qui peut être passive (il accède aux biens et des services) ou active (intervient aux sujets de la communauté locale et globale). 26 Traduction par mes soins. LOW S.M., ALTMAN, I. “Place attachment: a conceptual inquiry” [en ligne], in Altman and Low, Place Attachement, Plenum Press, New York,1992, p.1-12. Disponible sur: < https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-4684-8753-4_1> 27 Traduction par mes soins. RIGER, S. LAVRAKAS, P. J. “Community ties: patterns of attachment and social interaction in urban neighborhoods” [en ligne], American Journal of Community Psychology, “s.l”, 1981, vol 9 n°1, p.55-66. Disponible sur: <https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1007/BF00896360>

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● Enracinement culturel : ce sont les valeurs et principes que la communauté intègre. Nous avons vu que les concepts d’attachement et d’enracinement ne sont pas équivalents mais complémentaires dans la relation et dans l’expérimentation de l’être humain avec l’espace. Nous réutiliserons ces concepts dans les analyses de nos travaux. 1.4 La construction des lieux comme espaces symboliques

La ville conserve divers lieux qui se reconnaissent par ses caractéristiques : grands, petits, obscurs, froids, éloignés, proches, propres, bruyants, silencieux, mystérieux etc.

Celles-ci font que les lieux acquièrent une importance dans la ville à un niveau, physique, spatial, culturel, social, historique, économique, politique… Des lieux sont symboliques parce qu’ils ont marqué l'histoire de communautés, de villes, de pays ou autre. «Un symbole étant une réalité matérielle (un bâtiment, une statue, une pièce de monnaie, etc.) qui communique quelque chose d'immatériel (une idée, une valeur, un sentiment...)»28 La construction d’un lieu symbolique dépend de plusieurs facteurs : d’une ou plusieurs communautés, d’un contexte social donné, d’un événement. A l'époque des Grecs par exemple, l'agora était perçue, comme un lieu d'échange et d’interaction avec l'autre, un symbole du partage et d'échange des économies et des connaissances. Dans ce lieu s’est formé un imaginaire à partir de quelques dynamiques et d’idéologies symboliques qui ont pénétré l'esprit de celui qui l'a fréquenté. Comme le souligne Jérôme Monnet, “ un lieu peut être considéré comme “symbolique” s’il a une relation avec un ensemble d’individus et si ce dernier lui donne un sens. Il souligne d’ailleurs que le lieu “symbolique” contribue à donner une identité aux groupes d’individus qui lui donne du sens” 29. Un lieu “symbolique” peut d’ailleurs 28 MONNET, Jérôme. «La symbolique des lieux : pour une géographie des relations entre espace, pouvoir et identité» [en ligne, cybergeo : European Journal of Geography. Politique, Culture, Représentations, document 56, mis en ligne le 07 avril 1998, [consulté le 05 octobre 2018]. Disponible sur: <http://journals.openedition.org/cybergeo/5316> 29 cf.Ibidem

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changer de signification pour un groupe d’individus et ainsi impacter leur identité. Enfin, il réaffirme la pertinence d’investir la symbolique des lieux, véritable entrée pour comprendre une dynamique sociale. 1.5 Les sensations, les émotions et les sentiments dans la construction des lieux. Les sensations30 Elles sont un changement ou un déséquilibre entre une stimulation intérieure et extérieure comme par exemple, sortir dans la rue et expérimenter le passage brutal d'un environnement chaud à un environnement froid. Dans la Thérapie de Gestalt31, la sensation s'établit entre l'organisme et l'environnement, et ce sont ces différents types de réactions que nous exprimons par des termes corporels c'est-à-dire que c'est la réaction physiologique qui laisse une trace au niveau corporel. Nous trouvons que les sensations corporelles ont un lien avec les cinq sens. Par exemple: quelle sensation nous produit une bonne nourriture, une mauvaise odeur, un bruit fort, un paysage merveilleux?

Les sensations physiques se reflètent au niveau corporel et peuvent ne pas refléter l'émotionnel : avoir envie de pleurer ou se sentir déprimé. Par conséquent, la sensation serait le corporel qui se connecte à l'émotionnel. Les émotions32 Ce mot vient du latin "emotio" du verbe "emovere" qui signifie déplacer et se déplacer, en référence à l'agitation et perturbation de l'âme (intention). Perls, Hefferline et Goodman33 les définissent, comme la conscience immédiate de l’intéraction entre l'organisme et l'environnement. La conscience immédiate est entendue comme une expérience vécue entre la personne et son environnement.

30 Traduction par mes soins. SARRIÓ Clotilde. «Pensamiento, sentimiento y emoción en Terapia Gestalt” [en ligne]. Terapia Gestalt Valencia, “s.l.”, 2016. Disponible sur: <http://www.gestalt-terapia.es/pensamiento-sentimiento-emocion-terapia-gestalt/>. [Consulté le 07 mars 2017] 31 La Gestalt thérapie, est à la fois une approche thérapeutique, un ensemble de pratiques visant un changement psychosocial et organisationnel. 32 cf.Ibidem. 33 Traduction par mes soins. PERLS Frederick, HEFFERLINE Ralph, GOODMAN Paul (1951). «Gestalt-thérapie» [en ligne], L’exprimerie, Bordeaux, 2001, p.341. Disponible sur: <https://www.cairn.info/revue-gestalt-2005-1-page-77.htm#no4>

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Les émotions sont intenses et d'une courte durée, elles précèdent les sentiments et dépendent des sensations et des perceptions. Elles nous avertissent d'une expérience à venir. Jean-Marie Robine34 affirme que l'émotion a une intention, elle cherche la satisfaction d'une nécessité. Selon le chercheur A. Damasio35 nous trouvons : ● Les émotions primaires ou basiques: ce sont celles avec lesquelles nous naissons, elles sont naturelles, innées, non apprises. Ces émotions accomplissent une fonction adaptative, elles sont d'une courte durée, puisque qu'elles existent jusqu'à accomplir leur mission. Nous ressentons:une douleur, une peur, une tristesse, une colère, une joie, une surprise. ● Les émotions secondaires: elles sont apprises, mentales et n'accomplissent pas de fonction biologique adaptative. Elles sont défensives ou sont des manifestations d'un problème ou d'un conflit non résolu. Entre celles-ci, nous ressentons : une souffrance, une anxiété, une dépression, une restriction, un attachement,de la honte, de l'orgueil. Ces émotions ne s'épuisent pas par elles mêmes et peuvent rester en nous des années ou toute une vie et elles impliquent,

dans

la

majorité

des

cas,

un

état

d'affaiblissement.

Les composants de l'émotion sont: ● Physiologiques: Ils résultent de processus involontaire comme par exemple les muscles qui se contractent, la respiration qui augmente ; des changements hormonaux se produisent. ● Cognitifs: l'information est tant au niveau du conscient que de l'inconscient; ce qui influe sur notre expérience subjective. ● Comportementaux: les mouvements du corps, du ton de la voix, les expressions du visage, etc.

34 cf.Ibidem. 35 Traduction par mes soins. DAMASIO Antonio, est une médecin portugaises, de l'université de Lisbonne, professeur de neurologie, neurosciences et psychologie.cf. voir Emociones (Basado en las teorías de Antonio Damasio). Disponible sur: <https://fr.slideshare.net/ncudos/emociones-basado-en-las-teorasde-antonio-damasio > [Consulté le 16 avril 2017].

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Les sentiments36 Le sentiment est un état qui se caractérise, par sa composante affective, causé par une personne, un animal, un lieu ou un souvenir. Le sentiment surgit comme étant le résultat d'une émotion qui permet au sujet de comprendre son état émotif.

Le sentiment a l'habitude d'être peu intense mais d'une durée plus prolongée que l'émotion. L'émotion de son côté, se prolonge dans le temps et, lorsqu'elle descend en intensité, se convertit en sentiment. Celui qui expérimente un sentiment comprend qu'il expérimente quelque chose de nouveau dans son monde interne. Juan Armando Corbin37 dit que les sentiments sont divisés en deux groupes et les plus communs sont les suivants. ● Sentiments négatifs 38 -L'énervement: c’est un sentiment de contrariété ou une mauvaise disposition envers quelqu'un ou quelque chose. -La haine: un fort sentiment de rejet envers une personne. -La tristesse: un état négatif qui provoque un malaise qui se traduit par des pleurs. -L'indignation: sentir un malaise devant quelque chose qui se considère injuste. -L'impatience: le sentiment d'avoir besoin de quelque chose immédiatement. -L'envie: le sentiment qui se produit après avoir désiré quelque chose qui n'existe pas et qu'une autre personne possède. -La vengeance: envie de vengeance, mais sans nécessairement chercher à l'obtenir. -La jalousie: un sentiment qui surgit après avoir pensé à la perte d'un être aimé. ● Sentiments positifs39 -L'euphorie: ce sentiment nous fait ressentir une joie intense et notre perception de la vie est positive. -L'admiration: Quand nous contemplons quelque chose ou quelqu'un positivement. -L'affect: c'est une sensation de connexion positive avec une personne. -L'optimisme: nous percevons la vie de manière positive et sans crainte de lui faire face.

36 Traduction par mes soins. CORBIN Juan Armando. “Los 16 tipos de sentimientos y su función psicológica” [en ligne]. Psicologia y mente,”s.l.”, s.d. Disponible sur: <https://psicologiaymente.com/psicologia/tipos-de-sentimientos>. [Consulté en mai 2017] 37 CORBIN, Juan Armando est diplômé de psychologie de l'Université de Buenos Aires avec Master en Ressources humaines. 38 cf.Ibidem. 39 cf.Ibidem.

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-La gratitude: nous ressentons une reconnaissance envers quelqu'un. -La satisfaction: Une sensation de bien-être créée par quelque chose qui est arrivée. -L'amour: un sentiment complexe qui exprime le meilleur de nous-mêmes. -Le plaisir: quelque chose nous produit une satisfaction.

Nous avons vu dans cette partie comment se forment les sensations, les émotions et les sentiments. La sensation constitue la première étape de médiation physique entre un organisme et son environnement. Il s’en suit des émotions qui sont la retranscription dans la conscience des sensations sur un temps court. Enfin le sentiment s’inscrit sur un temps long et permet la compréhension des émotions. Il s’agit d’une construction mentale faisant appel à diverses émotions et sensations. Comme nous l’avons expliqué, le lieu est composé de l’univers sensible des individus. Le lieu touche donc aux sensations des individus. Loin de se limiter aux sensations, il procure aussi des émotions et donc enfin aux sentiments. Dans ce travail, on est à la recherche d’un sentiment particulier envers un lieu dont on va présenter la rencontre dans l’avant-propos, à savoir un sentiment d’amour envers un lieu. 1.6 LA TOPOPHILIE -Topos: (du grec τόπος, "lieu", de topos koinós, "lieu commun"; on a élargit ce concept à l'étude des topoi comme «lieux communs». -Philie : (Du grec ancien φιλία), philia «amour».Empathie ou passion pour une chose ou personne déterminée. Suffixe utilisé pour former un nom désignant l’amour de quelque chose.40

"La topophilie est un mot inventé par le poète britannique John Betjeman pour un amour particulier des lieux particuliers". Mais c'est WH Auden qui a utilisé ce terme dans son introduction de 1948 au livre de poésie Slick But Not rationalisé de John Betjeman , soulignant que le terme "a peu de choses en commun avec l'amour de la nature" mais dépend d'un paysage imprégné d'un sens de l'histoire.

40 FILIA,in WIKIPÉDIA,L'encyclopédie libre.[en ligne], 2015.Disponible sur: <https://es.wikipedia.org/wiki/Filia>. [Consultée le 07 septembre 2017]

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James W. Gibson41, dans son livre “A Reenchanted World” (2009), affirme également que la topophilie ou "l'amour du lieu" est un lien culturel étroit entre un lieu et une base biologique. Gibson affirme que de telles connexions ont été pour la plupart détruites dans la modernité, mais affirme que de plus en plus de personnes tentent de les réinventer".42 Le concept de topophilie n'est pas seulement propre à la géographie mais a été rattaché également à des concepts philosophiques et psychologiques sous diverses formes. Le philosophe français, Gaston Bachelard, en 1927 l'utilise pour la première fois dans son œuvre “La poétique de l'espace”. Quelques années plus tard, Yu-Fi Tuan, géographe humaniste américain d'origine chinoise lui donnera sa définition comme notion géographique.

L'importance d'un concept comme celui de Tuan, transgresse et répond à des préoccupations contemporaines, où les lieux perdent de leur sens pour se convertir peu à peu en de simples points dans l'espace ; c'est à dire, les perceptions, valeurs, sens, ou l'amour que l'on attache aux espaces habités se perdent. Depuis 1957, on dit de la topophilie qu'elle aspire à “déterminer la valeur humaine des espaces de possessions, des espaces défendus contre des forces adverses, des espaces aimés"43 Bachelard s’interroge sur les différentes formes dont l'homme s'attache à un espace; comment il le perçoit et quelles formes prennent ses sentiments. Selon l'auteur, l'espace habité se convertit en espace heureux, harmonieux avec l’âme, et l'extérieur comme l'espace insalubre, hostile, dangereux qui l'enclave dans un point de la ville. Ainsi, cette notion de topophilie est proche de celle que développera des années plus tard le géographe Yi-Fu Tuan: plus en relation plus avec l'esprit et les arts qu'avec le lieu.

Grâce à la topophilie, le concept de lieu acquiert du sens ou du symbole en plus de sa notion générale. Qui attribue son sens à un lieu? Sans aucun doute, l’être humain. 41 cf.voir. GIBSON,James. A Reenchanted Worl, Henry Holt & Company Inc, “s.l.”, 2009. 42 FILIA,in WIKIPÉDIA,L'encyclopédie libre.[en ligne], 2018.Disponible sur: <https://en.wikipedia.org/wiki/Topophilia>. [Consultée le 06 octobre 2018] 43 BACHELARD,Gaston. La poétique de l'espace [en ligne], Presses universitaires de France, 3e édition, Paris, 1961, 215 pp. Disponible sur: <http://classiques.uqac.ca/classiques/bachelard_gaston/poetique_de_espace_3e_edition/poetique_de_espace_intro.html >p.26

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C'est ainsi que Tuan détermine en 1974 la définition géographique de la topophilie, qui comprend le lien affectif entre les personnes et les lieux.44 Plus tard, en 1999 l'architecte Colombien Carlos Mario Yory fait la critique suivante“si la topophilie est un sentiment, comme soutien Tuan, il ne faut pas chercher la compréhension de la nature dans l'espace sinon dans les façons dont les individus ou groupes d'individus ont des relations avec elle au travers de ses attributs”45 C’est à dire que pour lui, la topophilie de Tuan n'est autre qu'un concept subjectif qui essaie de décrire comment l'être humain imprègne une part de lui-même dans le lieu. Ainsi, le lieu chargé de signification existe si et seulement si, l'homme lui attribue quelconque symbole. Alors pour Yory, la topophilie est “la forme qui recouvre l'espace au travers de la mise en perspective de la nature relationnelle de notre existence”. Malgré cela, le lieu chargé de sens, valeurs et perceptions est une constante inévitable dans la société. Les individus sont capables de créer de l'affection ou pas, par rapport à un lieu en particulier sans ni-même tenir compte de ses attributs invisibles.

Pour en revenir à Yi-Fu Tuan et l'invention de son concept géographique, il faut lui attribuer également d'autres concepts divers qui concernent l'homme et le lieu: la topophobie, la topolatrie et la toponégligence lesquelles se réfèrent aux relations d'exclusion entre les deux. Non seulement ses relations se génèrent au travers de ce que l'individu observe, mais aussi avec ce que tous les autres sens (le toucher, l’odeur, l'ouïe et le goût) rajoutent à cette relation.

La topophilie de Tuan non seulement fait ressortir une relation invisible aux yeux des autres, mais s'étend aussi aux notions de perception de l'espace. C'est ainsi qu'est née une critique des formes qui avait pour but de moderniser les occupations de l'espace, le comportement individuel et la façon de concevoir l'espace avec une perception objective de celui-ci.

44 Traduction par mes soins. ZERECERO, Braulio. “el concepto de topofilia en geografía: una forma novedosa de explicar la apropiación de los espacios” desde el sujeto” [en ligne]. Tintas de geografía, “s.l.”, s.d. Disponible sur: <http://antridigeo.blogspot.com/2014/11/el-concepto-de-topofilia-en-geografia.html> [Consultée en mars 2017]. c.f voir TUAN, Yi-Fu. Topophilia. A study of environmental perception, attitudes and values.1974. 45 Traduction par mes soins. YORY, Carlos Mario. “El concepto de la topophilie entendida como teoría del lugar”. Topofilia: una alternativa en torno a la revolución de las pequeñas cosas. Coedición programa de las Naciones Unidas para el Desarrollo PNUD y Alcaldía Mayor de Bogotá. Bogotá, 1993, p, 5.

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Il est aussi absurde d'essayer de gouverner une ville inhabitable que d'essayer d'habiter une ville ingouvernable puisque c'est du ressort de ses habitants. “Gouverner un lieu est du ressort de la communauté”46

La proposition n'est autre que de construire une habitabilité à partir du recours à l'échelle humaine dans certains endroits concrets, défini par Max Neff47 comme de “petits lieux”, qui exercent un attrait aux yeux des citoyens. Ici notre intérêt se concentre moins sur l'idée de construire de “grands endroits” mais plutôt de promouvoir les réalisations de “grandes rencontres”.

Aujourd'hui il n'y a pas de connotation ou une relation d'amour avec l'espace de travail; on crée des lieux comme objets seulement pour une dynamique sans en comprendre l'essence ou la réelle nécessité de l'homme. C'est dans ce sens que veut agir la topophilie comme une sorte “d'acupuncture urbaine” touchant des points sensibles comme précurseurs de nouvelles dynamiques à l'intérieur de nouveaux systèmes urbains, avec le soutien de l'académie, sans autres intentions que la création de groupes locaux avec des bases de plus en plus autonomes et autosuffisants selon leurs processus spécifiques.

En faisant de la ville au travers de la construction de communauté que nous pourrions appeler “journées topophiliques”, Yory dit que la topophilie est vue comme une alternative basée sur une révolution des petites choses.48

Le terme de topophilie est utilisé aujourd'hui comme une stratégie pour des solutions multiples à problématiques sociales, comme des conflits entre des quartiers, des espaces dans une dégradation, un lieu abandonné.

46 Traduction par mes soins. c.f. voir YORY,Carlos Mario. “La Topofilia; una estrategia para hacer ciudad desde sus habitantes”, Corporación de Estudios de Antropología Urbana URBANOS, cuadernos de estudios urbanos nº 2, construcción socio-cultural del espacio urbano, Bogotá,1997.” non paginé” 47 NEFF,Max: est un économiste et environnementaliste chilien principalement connu pour son modèle de développement humain basé sur les besoins humains fondamentaux. 48 cf. Ibidem. “non paginé”

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II. L’HISTOIRE DES DEUX LIEUX POST-INDUSTRIELS À L'ÉPREUVE DE LA TOPOPHILIE

Le lieu est donc un espace vécu, perçu et représenté. Il est aussi un espace ressenti. Les sens et les émotions mobilisés sont étroitement liés à l’expérience de la ville. L’être interagit avec son territoire, et c’est son expérience propre de l’espace qui va lui donner un sens. Ce sont les concepts de perception, de représentation et d’expérience qui permettent d’appréhender les dimensions sensibles qui agissent dans le rapport à l’environnement et au temps. Au-delà d’une occupation fonctionnelle et sociale, l’espace urbain peut être appréhendé comme un territoire d’expériences subjectives. Celles-ci participent aux représentations imaginaires communes à des lieux et nourrissent en cela l’essence des territoires urbains, l’enjeu premier d’une création spatiale renouant avec l’expérience subjective.49

Nous avons donc choisi, pour notre étude comparative, deux lieux analogues en termes de perceptions, de représentations, d’expériences passées et de construction d’imaginaire. Pour des raisons historiques et grâce à leurs qualités spatiales, ces lieux ont connu une période industrielle. Or leur usage a été modifié avec la disparition de la fonction de production. Reste des morceaux d’architecture, des espaces conservés dans la ville en tant que patrimoine industriel d'une période révolue. Il convient de présenter leur histoire et leur situation contemporaine afin d’en faire ressortir les points communs mais aussi leurs différences.

Dans le cadre de ce mémoire, nous allons comparer deux lieux: ● Le parc du puits Couriot et le musée de la mine, dans le quartier de Tarentaize à Saint - Étienne en France. ● Le parc ville de la rivière et le musée d'art moderne « MAMM » avec les ateliers de sidérurgie Robledo, dans secteur industriel en Medellin en Colombie.

49 BAILLY Émeline & MARCHAND Dorothée. “La ville sensible au cœur de la qualité urbaine”[En ligne]. Métropolitiques,«s.l.», 2016. Disponible sur : <https://www.metropolitiques.eu/La-ville-sensible-au-coeur-de-la.html>.[Consulté le 3 octobre 2018]

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FIG.4: SCHÉMA SITUATION GÉOGRAPHIQUE GÉNÉRAL

FIG.5: ENTRÉE DU MUSÉE LA MINE

FIG.6: PORTIQUES RUINES DES USINES DE SIMESA

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2.1. Le parc du puits Couriot et le musée de la mine à Saint-Etienne

FIG.8: SCHÉMA CARTE SAINTÉTIENNE, LOCALISATION DU MUSÉE DE LA MINE FIG.7: SCHÉMA SITUATION GÉOGRAPHIQUE FRANCE, AUVERGNE RHONE ALPES/LOIRE/ SAINT- ETIENNE.

2.1.1 La naissance du puits Couriot50

Saint-Etienne est une commune française située dans le sud-est de la France, dans le département la Loire en la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ses habitants sont appelés les stéphanois(es).

Elle est enfermée dans une dépression, un dépôt carbonifère avec au sud, les contreforts du Pilat (Rochetaillée, le Guizay - aux environs de 1.000 mètres). Située au cœur d'un réseau de fleuves et rivières particulièrement riches, sa proximité avec le fleuve de la Loire a contribué à son essor économique grâce à l'exportation du charbon vers le Nord.

Au milieu du XVIIIe siècle, apparaît le canal Rhône-Loire, ce qui laisse dire à certains auteurs comme Philippe Chapelin51, que Saint-Etienne est une «ville d'eau». Mais paradoxalement, le développement du premier chemin de fer français, a réorienté cet 50 ARCHIVES LE PUITS COURIOT-PARC- MUSEE LA MINE SAINT ETIENNE.[en ligne]. Disponible sur:

<http://www.musee-mine.saint-

etienne.fr/approfondir/lhistoire-de-couriot>. [ Consulte le 04 avril 2017] 51 c.f. voir CHAPELIN Philippe est une généalogiste Diplômé de troisième cycle de l'Université D.E.A. d'histoire : "Société et comportements politiques à StEtienne pendant la Révolution française",1989.

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élan, faisant provisoirement du pays stéphanois l'une des régions les moins enclavées de France, ceci en pleine révolution industrielle. L’extraction de charbon à Saint-Etienne apparaît dès le XIIIe siècle mais reste “artisanale” et se limite au “charbon de surface”. Son usage commence à se développer à partir des années 1820 avec la révolution industrielle qui entraîne la multiplication des puits sur le bassin. La présence du chemin de fer a contribué à l’explosion de l’exploitation des ressources de charbons entraînant le creusement des puits Chatelus en 1850 et 1870 . A la fin de ce siècle, le charbon commence à se faire rare et la compagnie des Mines de la Loire commence à chercher plus profond dans le puit. Afin d’atteindre une nouvelle couche de charbon qui subsiste à plus de 700 mètres de profondeur, l’ingénieur Henry Couriot propose le creusement d’un nouveau puits dont les travaux commenceront en 1909.

Avec la première guerre mondiale, la construction du puits prend du retard et s'achèvera 10 ans après le début de sa construction. Ce nouveau puits va prendre le nom de l’ingénieur et fait partie des puits les plus modernes d’Europe. A titre d’exemple, aux alentours de 300.000 tonnes de charbons, et jusqu’à 900.000 tonnes, sont traitées par an et son importance stratégique lui a permis de moderniser ses installations régulièrement. 2.1.2 Les années de l’explosion de l’exploitation du site.52

Le plus grand puits du bassin charbonnier stéphanois employait jusqu'à 1500 mineurs au plus fort de son activité. Cette véritable “ruche bourdonnante” ne se limitait pas à un puits de mine mais s’étendait à un complexe industriel: centrale électrique, atelier de nettoyage, four à coke, etc. Toute la zone du puits Couriot commence à s’élargir et des nouvelles cités ouvrières commencent à être construites comme la cité Chavassieux, édifiée à deux kilomètres du puit de mine.

Dans les années 1920 et 1930, le puits commence a moderniser les outils de travail et ces nouveaux dispositifs remplacent les anciens. En 1936, la grande capacité de

52 c.f. Ibidem.

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production qu’avait la mine a permis que presque la totalité l'exploitation de la compagnie se fait désormais par Couriot, devenu ce que l'on appelle un puits de concentration.

FIG.9 : PUITS COURIOT DU TEMPS OÙ LA MINE ÉTAIT ENCORE EN ACTIVITÉ.

2.1.3 L'apparition des crassiers “montagne de souffrance”

L'exploitation du sous-sol rendait nécessaire et obligatoire le comblement des galeries épuisées. Pour cela, la technique du terrassement était employée et consistait à expédier les résidus miniers remontés à la surface, de nouveau au cœur de la mine. Une nouvelle technique d'exploitation va apparaître à la fin des années 1930 et permet d’abandonner le terrassement pour laisser entasser les schistes résultant du lavage du charbon dont elle n'a plus l'usage, juste au-dessus des puits de mine.

Au puits Couriot, le premier crassier prend forme à partir de 1938. Les crassiers sont donc des collines artificielles construites par accumulation de résidu minier, sousproduits de l’exploitation minière, composé des schistes carbonifères et résidus divers (quelquefois pollués).

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L'accumulation des résidus a fait que le crassier dépasse 150 mètres en 1948, il est donc devenu nécessaire de faire un second. Les crassiers sont d’ailleurs une expression typiquement stéphanoise puisque dans les autres régions minières du nord de la France, ces résidus sont appelés “terrils”. Le noir apparaissant... signe de vie! Les crassiers de Michon ont idéalement exprimé cette idée de fécondité par leur "jumellité" et leurs formes suggestives. Depuis les années 60 cette conception s'exprime par les dénominations voisines : "Mamelles de St-Etienne", "Seins de la Négresse Noire", "Tétons de Vénus". Cette imagerie populaire les transportait très loin de l'idée extrême et terminale de déchet.53

Dans le même ordre d'idées, et avec la même connotation ouvrière, les crassiers apparaissent comme des témoins irremplaçables. La participation des stéphanois dans l'histoire syndicale a permis de les reconnaitre comme des “montagnes rouges”, rougies par la sang de tous les personnes qui sont mortes. Les crassiers sont donc des lieux mémoriaux, sacralisés et rendus intouchables. A titre d’exemple, les crassiers du puits Couriot ont été plantés d’acacias, seule plante capable de pousser dans le schiste, afin d’éviter toute érosion de ce symbole. 2.1.4 Les fins des activités de la mine. Devenue secteur stratégique pour l’Etat Français, la mine est nationalisée dès 1946. Les mineurs sont les premiers à contribuer à l’effort d’après-guerre mais les conditions d’exploitation déplorables entraîneront des grands mouvements de travailleurs menant jusqu’à la grande grève des mineurs de 1948. Avec le remplacement de l’utilisation des énergies carbonifères par des énergies pétrolières, l’exploitation de la mine est mise en péril. L'extraction cesse à Couriot en 1965 et ce mouvement s’étend progressivement sur le bassin minier. Le puit sera définitivement fermé en 1973 et en 1983 tous les puits du bassin sont fermés.Tous ces évènements ont laissé des empreintes dans le lieu et ont marqué des quartiers comme ceux de Chavassieux ou bien le Soleil qui sont à proximité immédiate de l’ancien puits

53 LES AMIS DU VIEUX ST-ETIENNE, Il était un fois... les crassiers [en ligne], bulletin du Vieux St-Etienne, n°179, Saint-Etienne,1995. Disponible sur:<https://www.emse.fr/AVSE/michau1.htm>.[Consulté le 11 septembre 2018]

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de mine. Ils restent des petits souvenirs des architectures typiques des cités minières de Saint-Etienne.

FIG.10: BÂTIMENTS EXISTANTS AUJOURD’HUI ET DISPARUS

2.1.5 Un lieu de charbon qui s’est transformé en musée et en parc de la mine.

En 1976, certains défenseurs du patrimoine et des anciens mineurs expriment leur souhait de conserver le puits Couriot comme monument historique et de le transformer en un musée. C'est avec l’association “des amis du musée”, l'équipe du musée de Saint-Etienne et sous la direction du conservateur Thierry Veyron, que le musée ouvre en 1985. On peut dire que les dynamiques sociales des travailleurs autours des mines n’est pas nouvelle et remonte aux années 1870 et plus particulièrement en 1869 date de la première création de la société de secours mutuelle "la fraternelle des mineurs”. Celleci fait suite aux conditions de travail particulièrement horribles qui sont le fruit d’une urbanisation archaïque. En 1883, sera de nouveau créée une autre organisation des travailleurs appelée: Fédération nationale des mineurs. Ces deux exemples montrent comment les dynamiques sociales des travailleurs se sont organisées autour de leur travail et comment ils ont tenté de défendre leurs intérêts puis leur mémoire.

Le musée comme site patrimonial commence à être très fréquenté, et des agrandissements se sont donc imposés. Le circuit du mineur est agrandi et plusieurs 27


salles sont ouvertes, enfin en 2003 un réaménagement est fait menant à une constante rénovation du musée.

Le musée offre un paysage remarquable, les anciens espaces industriels qui l'entourent et où la nature pousse comme un poumon vert d'une vingtaine d'hectares qui est à

deux pas du centre- ville, donnent l'opportunité de réaliser un parc

urbain.Cette idée apparaît en 2006 et est retenue en juillet 2010. Le projet est porté par les architectes et urbanistes Gautier et Conquet, associés au paysagiste Michel Corajoud, ainsi qu'aux scénographes scène et à l'éclairagiste Cobalt. En 2011 le musée est considéré comme un monument historique et en 2013 le parc est reconnu comme un projet de récréation et de loisir. Actuellement, ce lieu est considéré comme un projet de développement et transformation en parc-musée, à l'échelle cette fois-ci du site tout entier, pour la ville stéphanoise.

FIG.11: PLAN GÉNÉRAL

2016.

FIG.12: PARC MUSÉE DE LA MINE.

FIG.13: OUVERTURE DU NOUVEAU MUSÉE DE LA MINE EN 2014

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2.2 Le parc ville de la rivière et le musée d'art moderne « MAMM » avec les ateliers de sidérurgie Robledo à Medellín.

FIG.15: SCHÉMA CARTE MEDELLIN, ET LOCASATION DES ATELIERS ROBLEDO.

FIG.14: SCHÉMA SITUATION GÉOGRAPHIQUE COLOMBIE, REGION D’ANTIOQUIA, MEDELLIN.

2.2.1 Naissance de l’industrie dans la région d'Antioquia sur la ville de Medellín en Colombie

La Colombie se compose de 32 régions, parmi celles-ci on retrouve la plus importante par sa production minière et textile: Antioquia. Cette région est située au nord-ouest du pays et sa ville principale est Medellin. Les caractéristiques géographiques montagneuses d’Antioquia font que les villes se concentrent autour de la vallée de Medellín Medellín a été nommée capitale politique du département d’Antioquia en 1826. Cette ville est reconnue dans le secteur agricole et textile grâce à la colonisation antioqueña,

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qui a permis l’exportation de produits comme le café. Ces exportations eurent un rôle majeur dans le développement de la ville. L’industrie textile est aussi au cœur de l’histoire de Medellin. Ce secteur est assez problématique puisqu’il est au cœur de nombreuses politiques. A titre d’exemple, les industries textiles, gourmandes en espaces, se trouvaient au centre de Medellín, mais avec la pression foncière, ces dernières se retrouvent obligées de migrer plus loin dans la vallée. Ces processus de transformation de la ville ont des conséquences sur la vie des habitants. Nous reviendrons ensuite sur l’histoire d’une grande industrie antioqueña.

FIG.16: SECTEUR SIMESA 1970.

2.2.2 Histoire du secteur de l'industrie à Medellín connu comme Simesa

54

Simesa a été créé par un groupe d’investisseurs Antioqueños55 dans la ville de Medellín en 1938 pendant l’essor de l’industrie de la région d'Antioquia.

Cette entreprise était destinée pour le secteur industriel des fers et des aciers à une grande échelle et de petites productions de quincaillerie (magasin de bricolage). Ce

54 BIBLIOTECA PUBLICA PILOTO,Simesa.[en ligne], 2010.Disponible sur:<http://www.bibliotecapiloto.gov.co/archivo-de-simesa>.[consulté le 08 avril 2017] 55 ANTIOQUEÑOS: terme utilisé pour appeler à la population de la région d'Antioquia le nord-ouest du Colombie

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secteur a eu un rôle clé dans la construction de chemins de fer. Nommé Sidérurgie de Medellín S.A, sa plus grande époque de production s’est déroulée pendant la deuxième guerre mondiale. Depuis plus de soixante ans, Simesa a absorbé les petites forges locales pour ensuite devenir une grande entreprise. Parmi ces petites forges, on trouvait les ateliers Robledo.

Les fusions continuèrent et en 1997 quelques entreprises nationales: sidérurgie de Muña, les Armatures Heliacero, sidérurgie des Caraïbes, sidérurgie de Boyacá et distribution d’aciers colombiens, se sont jointes pour se convertir en Boyacá sidérurgie. Le conglomérat qui en 2001 a changé sa raison sociale s’est renommé groupe sidérurgique Diaco pour pouvoir facilement affronter le marché mondial. 2.2.3 Les ateliers de Robledo et sa fermeture 56

Fondée en 1896, son bâtiment a été construit en 1920 et il s'intègre à Simesa en 1938.Il avait 45 ouvriers, ce qui faisait pour l'époque, une entreprise de grande taille. Selon des registres consultés de 1914 à 1930, les Ateliers Robledo ont produit 4.500 machines pour moudre le café et 350 moulins des hies de paveur pour le travail des mines.

En 1930, la crise économique commence à affecter la Colombie. En 1942, la sidérurgie de Medellín S.A avait l’intention de produire, réparer des machines, de fabriquer des baguettes en acier, alors ils ont décidé d’investir dans un four Brown Boveri qui fond ferraille, fer et acier pour Antioquia.

L'avenir de marchés internationaux plus fort et la dynamique de la sidérurgie du Venezuela et Brésil ont fait fermer les 14.000 mètres carrés de l’ancienne usine de Sidérurgie de Medellín S.A, en 2001. En 2009, Simesa s’est vu obligé de fermer l’usine de fonderie, à cause de la concurrence industrielle.

Depuis la fermeture des ateliers, son rôle est perdu, il a été arrangé comme un siège administratif ou hébergement pour des ouvriers. Or la fermeture a laissé place à des 56 SALDARRIAGA Jhon, “De los Talleres al Mamm, un pasado que es glorioso”, [en ligne], journal el colombiano, le 30 août 2015. Disponible sur:<http://www.elcolombiano.com/cultura/de-los-talleres-al-mamm-un-pasado-que-es-glorioso-GY2625293>.[Consulté le 12 juillet 2017]

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comportements non autorisé a priori dans l’enceinte de l’usine (fête illégales, trafic en tout genre...) En réaction, les syndicats ont décidé de fermer les ateliers et les laisser comme des pavillon vides. 2.2.4 Déplacement de l'industrie à la création des nouveaux usages57

Après avoir fermé définitivement les ateliers, la mairie de Medellin a commencé à modifier son plan partiel dans le “POT”58, en décidant de déplacer les grandes industries du secteur Simesa en dehors de la ville. “Ils avaient l'ambition de faire un projet urbain moderne, gardant les vestiges d'un glorieux passé industriel, qui offre un paysage composé des usines abandonnées, de lourdes et

poussiéreuses briques. Il y avait de terrains vides et de ruelles

abandonnées et l'objectif a été de doter ces lieux de vie59.” Le projet appelé “ville de la rivière” est réussie grâce à l'implantation d'une méthodologie, des principes et une vision de la ville qui ont eu un rôle clé pour la transformation de cette zone stratégique. On pourrait souligner que ce projet urbain constitue le premier défi d’une entreprise privée, Bancolombia, pour redonner un visage à la rivière et solder la dette historique que Medellín a avec sa source principale hydrique. De même, le projet travaille pour un développement à l'intérieur de la vallée d'Aburrá60 et la zone métropolitaine qui coupe la croissance de la ville vers les périphéries comme on l'avait projeté en 1999 dans le POT. L'architecte Laureano Forero dit: “ce que nous avons fait c'est un parc thématique de musique et de danse qui sera exceptionnel. C'est un endroit dans lequel les mamans arriveront les dimanches avec les enfants, elles porteront un sandwich, un pain ou n'importe quoi, et les enfants iront voir le Ballet Folclórico danser, et jouer avec l'orchestre et chanter dans celui de Cantoalegre.

57 ZULUAGA Margarita. “Los mil usos de la antigua sede Simesa” [en ligne], journal el Tiempo, le 06 juillet 2004. Disponible sur: <https://www.eltiempo.com/archivo/documento/MAM-1550921> [Consulté en septembre 2017] 58 ALCALDIA DE MEDELLIN. Plan parcial gran manzana Simesa, [En ligne], 2006.Disponible sur: <https://www.medellin.gov.co> [Consulte en mai 2018] 59 Traduction par mes soins. VALORES SIMESA S.A. Ciudad del rio, inspiración para una nueva Medellín, chapitre 06 “Un futuro esperanzador” [en ligne], TelePress, Medellín, 2016. Disponible sur:<http://www.inspiracionciudaddelrio.com/libro.pdf > p. 142. ISBN: 978-958-59442-0-6 60 VALLEE D'ABURRA: subregión-province placée au centre-sud du département d'Antioquia, de la Colombie, au milieu de la Cordillère Centrale des Andes.

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Amener l'habitation dans des lieux à l'échelle de la ville nous a permis d’amener la sécurité et la fréquentation. Cela fait que de multiples usages peuvent cohabiter entre eux. Selon les habitants du secteur, le bruit peut être gênant notamment lors de concert par exemple. Le projet urbain décide de conserver et d’intégrer les ateliers Robledo comme souvenir industriel. En 2010, ils ont transféré le musée d'art moderne dans les ateliers, pour pouvoir accueillir des grandes artistes comme Débora Arango et le premier colloque Latino-américaine d'art no-objectual et de l'art urbain. 2.2.5 Des ateliers accueillent le projet de la ville de la rivière et le musée d'art moderne “le MAMM”.

Le projet ville de la rivière avec le musée d'art contemporain commence à être l'icône de la ville de Medellin, ce qui a donné l’opportunité à la mairie de créer un nouveau musée qui s'intègre avec le bâtiment à caractère industriel:“un lieu où le quartier est tourné pour le musée et le musée se transforme en l'épicentre du quartier”61

Dans ce secteur on trouve une population plutôt bourgeoise. Cette zone au Sud de Medellin était très prisée car avant d’être urbanisée, on y trouvait toutes les réserves naturelles. Malgré les interdictions de construction, la croissance de la ville s’est étendue sur ces zones. Pour accéder à ce projet urbain, on trouve des transports public ainsi que des vélos “Encicla”62 qui permettent aux paisas d’arriver jusqu’au lieu. “Le lieu est venu a être très fréquenté puisque faire la fête, faire du sport, fumer ,aller au concert, regarder le cinéma à ciel ouvert et gratuit , aller au café, manger quelque chose, faire du shopping, aller voir un ami ou simplement “parchar”63 sont des usages qui fait que le lieu a pris une identité”.64

61 Traduction par mes soins.TIBBLE Christopher. “El nuevo edificio del Mamm: El triunfo del entusiasmo” [en ligne], revue Arcadia, Medellín, 2015. Disponible sur:<https://www.revistaarcadia.com/impresa/arquitectura/articulo/la-renovacion-del-mamm-medellin/43631>[Consulté le 08 juillet 2017] 62 ENCICLA, est un service public de location de vélos basé à Medellín, en Colombie, Il s'agit de l'un des deux programmes publics de partage de vélos(...) Disponible sur: <http://www.encicla.gov.co>. 63 Traduction par mes soins. PARCHAR, dans ce contexte veut dire «traîner» ex:«je traîne avec mes amis», ex, espagnol: «estoy parchando con mis amigos» 64 Traduction par mes soins. Témoignage de MEJIA Carolina, habitant du la ville de la rivière.[ Fait le 12 de août 2017]

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En effet, la conglomération de commerces informels de nourriture comme l’alcool, les zones de parking, les caravanes sont des choses qui apparaissent dans l'espace public sans avoir été prévues. Alors que la mairie propose des permis payants pour certaine quantité de commerces, des troubles se cristallisent autour de la distribution des autorisations. Cette situation place donc le lieu sous surveillance policière. Federico Gutierrez, maire de Medellin dit que malgré ces problématiques, ce lieu permet la reconstruction de la mémoire d'une ville rêvée, pour surpasser un passé violent et à la nourrir avec de la culture.

FIG.17: SCHÉMA ENVIRONNEMENT IMMÉDIAT.

FIG.19: MAMM 2017

FIG.18: VUE DU MUSÉE LE MAMM ET LES ATELIERS ROBLEDO

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III. L’ANALYSE TOPOPHILIQUE DES LIEUX POST-INDUSTRIELS Nous allons proposer dans ce travail une analyse topophilique que l’on va développer comme une méthode qui pourra contribuer à la compréhension de l'apparition de la topophilie dans des lieux post-industriels. Comme on l’avait expliqué précédemment, la topophilie est entendu comme un amour ou une empathie de l’homme vers un lieu. Pour comprendre sa signification, il sera nécessaire d’utiliser les différents concepts qui traitent l’univers sensible et émotionnel et que nous avons définis dans la première partie de ce mémoire.

Cette partie va se dérouler de la manière suivante: nous allons présenter trois hypothèses pouvant expliquer l’apparition de la topophilie dans nos lieux d'étude. Ensuite on expliquera la méthodologie que l’on a utilisé pour faire les entretiens avec les individus. Enfin nous présenterons les entretiens réalisés ainsi qu’une courte analyse de ces derniers. 3.1 Les hypothèses de production, d’émergence, et d’apparition de la topophilie: Puisque l’analyse topophilique n’a jamais été présentée pour des lieux postindustriels, nous allons poser plusieurs hypothèses. Ces hypothèses sont apparues intuitivement suite à plusieurs expériences vécues avec les deux lieux d’études. Nous utiliserons dans nos hypothèses des concepts explicités dans la première partie de ce mémoire. Afin d’améliorer la compréhension de ces hypothèses, nous allons proposer plusieurs définitions plus courtes. 3.1.1 HYPOTHÈSE A: Cette hypothèse nous parle du fait que ces lieux font parti du souvenir et de la mémoire (des moments ont été créés avec eux). Ce sont des lieux avec un attachement (les personnes ne se détachent pas facilement de lui) et un enracinement. Pour définir certains concepts, on va se servir du dictionnaire Larousse65 -Souvenirs: sont l'image du passé qui reste gardé dans la mémoire. -Mémoire: la mémoire est la capacité de stocker, de retenir et de s'éveiller.

65 LAROUSSE. Dictionaires de francais [en ligne].Disponible sur:<https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais-monolingue>. [Consulté septembre 2017]

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-Attachement: Sentiment d'affection, de sympathie ou vif intérêt qui lie fortement à quelqu'un, à un animal, à quelque chose. -Enracinement: Ressentir un attachement profond pour quelque chose; avoir des liens étroits avec quelque chose. “Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir” Simone Weil 66

3.1.2 HYPOTHÈSE B: cette hypothèse nous parle du fait que ces lieux sont un symbole ou sont un «patrimoine industriel», pour la ville et les citoyens. Pour comprendre cette hypothèse nous allons expliquer les concepts suivants de manière succincte. -Symbole: Un symbole étant une réalité matérielle (un bâtiment, une statue, une pièce de monnaie, etc.) qui communique quelque chose d'immatériel (une idée, une valeur, un sentiment...)67 -Patrimoine industriel: selon le code du patrimoine français, le patrimoine est considéré comme l'ensemble de biens architectoniques, mobilierss relevants, qui appartient à la propriété publique ou privée, ils sont de caractère artistique, esthétique, historique, archéologique, scientifique ou technique. Le terme patrimoine industriel ou archéologie industrielle nait dans un centre national en Belgique (Wallonie) , il est défini comme étude scientifique de tout paysage, bâtiment, outillage ou usine depuis la révolution industrielle.68 3.1.3 HYPOTHÈSE C: cette hypothèse nous parle du fait que ces lieux sont

“Anomiques” parce qu'ils n’ont pas de lois, d’ordre ou structures strictes. Par extension, nous allons considérer comme anomiques, les lieux qui n’ont pas d’usage spécifique ou déterminé.

66 cf. WEIL, Simone. L'enracinement, collection Espoir, Gallimard,1949. 67 cf. Ibidem. 68 cf. SAUTERON Jacques. Mémoire d'étude “Patrimoine industriel : diversité et valorisation culturelle dans un univers numérique”[en ligne], Université de Lyon, 2012, p. 17-18. Disponible sur : <https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/56681-patrimoine-industriel-diversite-et-valorisationculturelle-dans-un-univers-numerique.pdf>

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Pour approfondir, nous avons expliqué le concept suivant: Anomiques: du grec préfixe nomos, nom, loi, ordre, structure. Le concept d’anomie a été développé pour Emile Durkheim, il l’a utilisé pour comprendre des situations en face à des règles sociales. C'est à dire une société ou un groupe social sans règles, sans structures, sans organisation naturelle ou légale.69 Dans notre contexte appliqué au lieu, l’anomie correspond à la situation où un lieu n’a pas d’usage spécifique ou déterminé. 3.2 Les chemins affectifs de la topophilie: Nous avons abordé l’univers sensible tout au long de ce mémoire. Afin de retranscrire au mieux l’aspect sensible des deux lieux d’étude présenté dans la deuxième partie de ce mémoire, nous avons privilégié une approche qualitative. On se servira de l'entretien semi-directif ouvert afin de laisser aux personnes interviewées une certaine liberté dans leur réponse, le but étant de pouvoir saisir au mieux leurs sentiments envers les lieux. “A travers de l'action sur l'environnement, les personnes, groupes et collectifs développent l'espace, ils laissent une “tâche”, c'est-à-dire des signes (signaux) et des traces

chargés

symboliquement.

Á

travers

l'action,

la

personne

intègre

l'environnement dans ses processus cognitifs”.70 “En effet, par le retentissement d'une seule image poétique, de déterminer un véritable réveil de la création poétique jusque dans l'âme du lecteur. Par sa nouveauté, une image poétique met en branle toute l'activité linguistique. L'image poétique nous met à l'origine de l'être parlant”.71

Nous utiliserons la photographie, comme alternative afin que le participant ait un référent visuel intime avec le lieu. Nous avons déjà insisté sur l’importance des images dans la première partie de ce mémoire. Ensuite, le participant répondra à un guide

69 LA TOUPIE.toupie.org [en ligne].Disponible sur: <http://www.toupie.org/Dictionnaire/Anomie.htm?fbclid=IwAR0rI7bcOLGmTureTfhtb1GuUmGFEauvK197ZlVdoTLI7oppIqTyUWgFQ>. [Consulté le 28 novembre 2018]

70 Traduction par mes soins. c.f. YORY Carlos Mario. “La Topofilia; una estrategia para hacer ciudad desde sus habitantes”, Corporación de Estudios de Antropología Urbana URBANOS, Cuadernos de Estudios Urbanos nº 2, Construcción socio-cultural del espacio urbano, Bogotá, 1993. “non paginé” 71 BACHELARD Gaston. La poétique de l'espace. Presses universitaires de France, 3e édition, 1961, 215 pp. Document produit en version numérique par Daniel Boulognon.Dans le cadre de : "Les classiques des sciences sociales".Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi.p.19

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d’entretien, que nous avons réalisé pour chaque lieu et qui retranscrit les informations de chaque interview. On a formulé neuf questions ayant un rapport avec nos hypothèses.

Les questions ont été formulées de manière stratégique pour que les interviewés puissent nous répondre en décrivant ses émotions, ses sensations et ses sentiment sur ces lieux. Enfin le panel des individus interviewés sont des personnes que nous avons rencontrées sur les lieux d’étude.

Traiter la notion sensible est un exercice de complexe et c'est pour cela qu'on a décidé de choisir quatre personnes pour chaque lieu car l'objectif de cet exercice est de comparer deux productions topophiliques. Enfin le but est de souligner les idées et les perceptions en commun de ces lieux selon les réponses apportées.

L'activité s'est développée à partir du protocole suivant : À Saint Etienne: 1. On a donné un rendez-vous à chaque personne interviewée pendant une heure pour réaliser l'entretien dans ma résidence. 2. Dans une salle, nous avons collé sur un mur quatorze photographies trouvées sur internet comme des photographies prise par moi-même. 3. L'espace était totalement silencieux, avec une légère lumière tamisée. 4. On laisse à l'interviewé le soin de regarder chaque image pendant cinq minutes en observant en détail.. 5. On leur demande de choisir cinq images et de les organiser selon leur importance, leur signification ou leurs intérêts personnels 6. Chaque interviewé répond ensuite au guide d'entretien. Et nous avons réalisé des enregistrements vocaux, pour ceux qui le souhaitent. 7. Les personnes interviewées nous ont donné leurs opinions et des retours sur l'exercice.

Ce protocole nous permet de créer un rapport plus intime avec les personnes interviewées et ainsi de mieux identifier les expressions physiques, comme les attitudes corporelles ou les expressions faciales en plus des notes et enregistrements vocaux. 38


À Medellín: On a prévu un rendez-vous via Skype, les images et le guide d'entretien étant envoyées préalablement. L'entretien a eu une durée de 30 minutes, par personne à des dates différentes. 1. Les quatorze images du lieu ont été envoyées 2. Les participants choisissent 5 images. 3. Ils doivent ensuite classer les images par ordre décroissant des émotions et sensations ressenties. 4. Le guide d'entretien a été envoyé et chaque sujet nous réponds aux questions pendant que nous prenons aussi des notes ainsi que des enregistrements vocaux.

Après les ateliers, nous expliquerons comment l'information est analysée et ainsi résoudre la question de comment se produit une topophilie.

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Guides d'entretiens:

FIG.20: GUIDE D'ENTRETIEN POUR SAINT-ETIENNE

40

FIG.21: GUIDE D'ENTRETIEN POUR MEDELLIN


3.2.1 Vers une topophilie: Enquête sur la production d’une topophilie. Travail des lieux par les images et les entretiens.

Dans la partie suivante, nous allons dans un premier temps présenter les résumés des entretiens réalisés sur nos deux terrains d’études. Notre méthode d’investigation à partir des images est relativement expérimentale. Nous proposerons, tout de suite nos résumés, une courte analyse de séquences de l’entretien qui validera notre méthodologie. 3.2.1.1 Entretiens à Saint-Etienne

1.a) Interviewé(e): TREILLE Pascaline. - L'entretien ……………………………………………...p. 42 - L’analyse……………………………………………..... p. 44 2.a) Interviewé(e):FONTVIEILLE, Jeanne. - L'entretien ……………………………………………...p. 46 - L'entretien ……………………………………………...p. 47 3.a) Interviewé(e): BRETON Léa. - L'entretien ……………………………………………... p.49 - L’analyse………………………………………………...p.51 4.a) Interviewé(e): VAY, Michael. - L'entretien ……………………………………………....p.53 - L’analyse……………………………………………......p.55 1.a) Interviewé(e) TREILLE, Pascaline:

Nom

Occupation

Âge

État émotif

Ville

Code

Fréquentation au lieu

TREILLE

Publiciste et autres

34 ans

Calme et silencieuse.

SaintÉtienne

PT

Une fois tous les 15 jours

IMAGES CHOISIES: E/G/K/H/J (pour ordre de signification) 41


E. Le délire du passé G. Au bord de la lumière L. Des lumières surgelés H. Des mystères de couleurs J. Un refuge serein

Question et réponses:

1. Est-ce-que cette image provoque en vous un sentiment particulier? (...)L'image E me provoque tristesse, nostalgie. Je sens le froid, comme l'humidité, une solitude et une authenticité. 2. Est-ce-qu’elle vous le rappelle quelque chose? (...) L'image E aussi me rappelle des choses grâce aux deux personnages qu’il y a sur l'image. On ne sait pas ce qu’ils regardent, si c'est le paysage ou… Ça me fait penser à ma grande mère du côté de ma maman qui habite la campagne et aussi à quand j'étais petite. Je savais quand on partait de Saint-Etienne, après pour rentrer je cherchais d'abord la mine, comme ça, je savais que j'étais à Saint-Etienne.

3. Ce lieu fait-il parti de vos souvenirs ? (...)Oui, je pense que toutes les images choisies, (E/G/L/H/J) font parties de mes souvenirs parce que tous représentent la mine avec différents visuels.

4. A vos yeux ce lieu est-il un symbole du patrimoine industriel stéphanois? (...)Oui, dans les images (E/J/G) on voit que c’est un symbole industriel de notre passé, pour tous les stéphanoises et la ville.

5. Imaginons que ce lieu soit détruit? Que sentiriez-vous? (E/G/L/H/J) quand je vois toutes les images je peux dire, que je me sentirai en colère, parce que c'est l'identité du passé des travailleurs de la ville de Saint- Etienne. Et pour moi celle-là c'est raser l'histoire, et ça revient à refuser de rappeler l'histoire à des jeunes (...) 42


6. Quelle sensation ressentez-vous lorsque vous y trouverez? (E/L/H) Avec ces images, je ressentirai de la colère, je me sentirai très triste et fatiguée… Beaucoup de fatigue (...)

7. Ce lieu vous plaît? Pourquoi? (L / H /E) oui, ça me plaît beaucoup parce qu’il y a beaucoup d'espace, de nature. La structure de la mine, la bâtisse, elle est immense et m'inspire beaucoup d'énergie, aussi l'ensemble du bâtiment à côté de la colline forme un paysage magnifique (...)

8. Quels éléments de ce lieu évoquent en vous un sentiment de liberté? (L / H /E) des espaces ouverts sans barrières et les barrières qu’il y a ne sont pas évidentes (...) 9. Si ce n’était pas un musée, quel usage donnerez-vous à ce lieu? (L/ H) Je lui donnerai un usage culturel pour faire des festivals, de la diffusion de musique, des pièces de théâtre, pour inviter des artistes. Aussi que l’on puisse entrer au musée sans avoir besoin de payer, qu’il s'intègre plus à l'extérieur et je pense qu'il faut laisser ouvert certains bâtiments, pour des activités comme les guinguettes (...)

Analyse: Nous allons prendre deux phrases que nous considérons importantes pour analyser le discours et l'imaginaire de cette personne vis à vis du lien qu'elle a avec le lieu. -Réponse de la question 1, évoque pour l'image E:

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FIG.22: LE DÉLIRE DU PASSÉ.IMAGE E

Phrase A: “Je sens le froid comme l’humidité, une solitude et l’authenticité. “ Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur les quatre termes utilisés pour décrire l’image:

Froid, humidité, solitude et authenticité: cette image renvoie effectivement pour PT à imaginer qu'il

fait un temps froid, qu'il pleut, c'est l’hiver, il faut s’habiller

chaudement. L'effet que l'image soit en blanc et noire produit une ambiance opaque, obscure, mouillée, l’odeur de la terre, ça glisse. Pour l'interviewée, l'image montre un lieu presque vide, oublié. Un lieu pour se réfugier quand on veut être seul, un lieu de réflexion. Dans ce cas elle garde une relation très forte avec ce lieu lié à sa mémoire et des souvenirs, elle conserve un sentiment de tristesse. Cette image fait qu'elle voit un lieu unique, resplendissant avec un esprit spécial. On peut donc constater qu'il y a un attachement et une admiration au lieu comme symbole de patrimoine industriel.

-Réponse de la question 2, évoque pour l'image E: Phrase B: “ça me fait penser à ma grande mère du côté de ma maman qui habite la campagne et aussi toujours quand j'étais petite. Je savais que quand on partait 44


de Saint Etienne, après pour rentrer je cherchais d'abord la mine, comme ça je savais que j'étais à Saint Etienne”. Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur les trois phrases utilisées pour décrire l’image: Ça me fait penser à ma grande mère...la campagne…quand j'étais petite: effectivement l'image E fait qu'elle peut se rappeler un peu de son passé. L'image crée un lien familier, donc l’hypothèse A est évidente, puis on trouve un lien avec la mémoire et ses souvenirs. On peut constater qu'elle parle d’autres paysages qui ne ressemblent pas forcément à ce que l'image la fait imaginer. Cela veut dire que l'image renvoie au sujet PT à imaginer autre chose, à se rappeler de la configuration de sa ville avant. On peut déduire qu'elle se souvient de son enfance donc avec les images qu’elle mobilise. On a donc une preuve d’un rapport d'attachement et des souvenirs, comme on la pose dans l’hypothèse A.

2. a) Interviewé(e) FONTVIEILLE, Jeanne

Nom

Occupation

Âge

État émotif

Ville

Code

Fréquentation au lieu

FONTVIELLE

étudiante en langues étrangères

22 ans

souriante et curieuse

SaintÉtienne

JF

En été: 3 fois par semaine et en hiver: très rarement sauf s'il y a un évènement.

IMAGES CHOISIES: C/B/M/D/H (pour ordre de signification) C. Curieux dans l'industrie B. Des doux moments M. Des nuits de sérénité industrielle D. En regardant des souvenirs H. Des mystères de couleurs

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1. Est-ce-que cette image provoque en vous un sentiment particulier? (C) oui, cette image me provoque un sentiment d'empathie, de compassion pour les gens qui ont travaillé à la mine (...) 2. Est-ce-qu’elle à vous le rappelle quelque chose? (C/B) oui, cette image me rappelle de ce que je connais de la mine, et un peu de son histoire (...)

3. Ce lieu fait-il parti de vos souvenirs ? (C/D) oui, ce lieu fait parti de mes souvenirs, grâce à mes grands-parents qui m’ont parlé de la mine de ce que c’était (...)

4. A vos yeux ce lieu est-il un symbole du patrimoine industriel stéphanois? (C) oui, un patrimoine industriel très important (...)

5. Imaginons que ce lieu soit détruit? Que sentiriez-vous? (C/M) Je sentirai la tristesse parce que, si on le détruit, ce sera une mémoire oubliée. Je serai en colère parce qu'on oublierait le passé de la ville (...)

6. Quelle sensation ressentez-vous lorsque vous vous y trouvez? (M/H) je me sens bien, je suis calmée et je sens un sentiment de partage, car je l'ai déjà vécu dans des évènements. Des associations Stéphanoises organisent des soirées “chill”.Les associations aussi aménagent le lieu avec des mobiliers comme des chaises, parasols, pour organiser le musée. On est chaud, tranquilles, on est bien (...)

7. Ce lieu vous plaît? Pourquoi? (D) Le lieu en général me plait beaucoup et dans cette image, je suis contente de voir les enfants en train de s’amuser, ils ne connaissent pas encore l'histoire mais déjà ils 46


peuvent la regarder, et quand ils grandiront ils pourront avoir des souvenirs.Ca me fait plaisir trouver des enfants dans ce terrain (...)

8. Quels élément de ce lieu évoque en vous un sentiment de liberté? (H) dans cette image je ressens beaucoup le sentiment de liberté, parce que les gens se sont approprié le lieu. Les murs sont graffés; ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Il n'y a pas une restriction ou obligation; c'est ça la liberté. On voit aussi la nature qui reprend cet endroit, elle pousse comme elle veut. En général le musée la mine en extérieur nous permet d'être libre, car il y a plusieurs espaces ouverts (...) 9. Si ce n’était pas un musée, quel usage donnerez-vous à ce lieu? (B) Je pense que son usage de parc est parfait, ça serait cool aussi que le bâtiment s'intègrent au parc pour qu'il reste un lieu de rencontre (...)

Analyse: Nous allons prendre des phrases que nous considérons importantes pour analyser le discours et l'imaginaire de cette personne vis à vis du lien qu'elle a avec le lieu. -Réponse de la question 6, évoque pour les images M /H.

FIG.23: DES NUITS DE SÉRÉNITÉ INDUSTRIELLE. ÉVÉNEMENT D'ÉTÉ LES GUINGUETTES, IMAGE M

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FIG.24: DES MYSTÈRES DE COULEURS. IMAGE H

Phrase A: (...) “je me sens bien, je suis calmée et je sens un sentiment de partage, car je l'ai déjà vécu dans des évènements. Des associations Stéphanoises organisent des soirées “chill”. Les associations aussi aménagent le lieu avec des mobiliers comme des chaises, parasols, pour organiser le musée. On est chaud, tranquilles, on est bien.” Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur les trois phrases utilisées pour décrire l’image:

Je me sens bien, je suis calmée, je sens un sentiment de partage, On est tranquilles, on est bien: Avec les images du lieu elle fait appel au registre de la tranquillité, du silence, de la sérénité, elle est en paix. L’image envoie au sujet un besoin de s'intégrer, parler, faire des amis, profiter, se retrouver, se mélanger. Elle témoigne d’un sentiment de familiarité, possiblement l'image lui rappelle des moments qu'elle a passé dans ce lieu, des soirées. Elle se sent chez elle, c'est un lieu chaleureux et charmant.

-Réponse de la question 8, évoque pour les images H. Phrase B: (...) “dans cette image je ressens beaucoup le sentiment de liberté, parce que les gens se sont approprié du lieu, les murs sont greffés; ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Il n'y a pas une restriction ou obligation; c'est ça la liberté. On voit aussi

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la nature qui reprend cet endroit, elle pousse comme elle veut, en général le musée la mine en extérieur nous permettront d'être libre, car il y a plusieurs espaces ouverts. Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur deux phrases utilisées pour décrire l’image:

Il n'y a pas une restriction ou obligation; c'est ça la liberté: effectivement l'image envoie au sujet à être heureuse puisqu’elle est libre, on peut donc déduire que le lieu est anomique pour le sujet. Elle peut apprécier le lieu comme elle le souhaite et sent le lieu comme chez-elle.

3. a) Interviewé(e) BRETÓN, Léa Nom

Occupation

Âge

État émotif

Ville

Code

Fréquentation au lieu

BRETÓN

étudiante Sciences Po

24 ans

Excitée inquiète, curieuse

SaintÉtienne

LB

En été: 1 fois par semaine et en hiver: 3 à 4 fois par mois surtout au clapier

IMAGES CHOISIES: C/E/H/D/N (pour ordre de signification) C. Curieux dans l'industrie E. Le délire du passé H. Des mystères de couleurs D. En regardant des souvenirs N. Le charbon se farde de couleur

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1. Est-ce-que cette image provoque en vous un sentiment particulier? (C/D) avec ces images je sens beaucoup d’émotions, mais pas forcément un sentiment (...) 2. Est-ce-qu’elle vous rappelle quelque chose? (C) oui, cette image me rappelle à mes racines de ma vie (...)

3. Ce lieu fait-il partie de vos souvenirs ? (C/E/H/D/N) toutes ces images me produisent des souvenirs d'enfance, et de ma jeunesse. (Des pique-niques, la fête, de graffer les murs)(...)

4. A vos yeux ce lieu est-il un symbole du patrimoine industriel stéphanois? (E)oui, il est un symbole du patrimoine industriel complètement, qui a disparu parce que, il ne fonctionne plus comme une mine de charbon, qui a été l'emblème de notre ville .

5. Imaginons que ce lieu soit détruit? Que sentiriez-vous? (C/E)Je sentirai la colère et de la tristesse (...)

6. Quelle sensation ressentez-vous lorsque vous vous y trouverez? (E/N) Je suis toujours impressionnée par le bâtiment, je le trouve beau. Il me produit un sentiment étrange, peut-être parce que c'est bizarre savoir qu’avant il y avait des jeunes qui travaillaient et qu’actuellement on y fait la fête. Je sens comme un sentiment d'ambivalence mais aussi de réflexion (...)

7. Ce lieu vous plaît? Pourquoi? (E/N) oui, je l'aime beaucoup pour son histoire, pour tous ces implications politiques économiques, culturelles et sociales. C'est un emblème des ouvriers. Dans ce lieu se sont formés des syndicats, des collectifs, des ouvriers. Je l'aime pour sa charge historique et aujourd'hui j'aime bien sa réhabilitation parce que cela permet d’habiter ce qui était inhabitable (...)

8. Quels éléments de ce lieu évoque en vous un sentiment de liberté? (E/N) oui, je me sens libre, parce qu'il est bien ventilé, il y a trop de végétation, il est ouvert tout le temps (...) 50


9. Si ce n’était pas un musée, quel usage donnerez-vous à ce lieu?(E/H/D) un usage des ateliers par des artistes, bars, salle de concerts, des logements. Faire un nouveau quartier culturel, ne plus le perméabiliser, pour qu’il serve à la récréation, aux loisirs et aussi avec des bureaux de travail (...)

Analyses: Nous allons prendre des phrases que nous considérons importantes pour analyser le discours et l'imaginaire de cette personne vis à vis du lien qu'elle a avec le lieu. -Réponse de la question 2, évoque pour les images C.

FIG.25: CURIEUX DANS L'INDUSTRIE. 1905. IMAGE C

Phrase A: (...) “cette image me rappelle à mes racines de ma vie.” Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur une phrase utilisée pour décrire l’image:

Me rappelle à mes racines de ma vie: avec cette image on constate que le sujet se reconnaît et défend son origine ouvrière, elle a un attachement et enracinement pour sa culture Stéphanoise. Ce lieu est pour elle un symbole du patrimoine industriel.

-Réponse de la question 6, évoque pour les images E/N 51


FIG.26: LE DÉLIRE DU PASSÉ. IMAGE E

FIG.27: LE CHARBON SE FARDE DE COULEUR IMAGE N

Phrase B : (...) Je suis toujours impressionnée par le bâtiment, je le trouve beau. Il me produit un sentiment étrange, peut-être parce que c'est bizarre savoir qu’avant il y avait des jeunes qui travaillaient et qu’actuellement on y fait la fête. Je sens comme un sentiment d'ambivalence mais aussi de réflexion. 52


Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur une phrase utilisée pour décrire l’image:

C'est bizarre de savoir qu'avant il y avait des jeunes qui travaillaient et qu’actuellement on y fait la fête: le sujet LB s’interroge et fait une réflexion du lieu donc il est conscient du passé du lieu. Malgré la nostalgie apparente, elle a créée de nouveaux souvenirs qui transforment l'ambiance du lieu pour quelque chose de jovial. On y retrouve la mobilisation de la fête, de la musique, des amis, un lieu vivant où l’on retrouve des loisirs.

-Réponse de la question 7, évoque pour les images E/N. Phrase C: (...) “je l'aime beaucoup pour son histoire, pour tous ces implications politiques économiques, culturelles et sociales. C'est un emblème des ouvriers. Dans ce lieu se sont formés des syndicats, des collectifs, des ouvriers. Je l'aime pour sa charge historique et aujourd'hui j'aime bien sa réhabilitation parce que cela permet d’habiter ce qui était inhabitable.” Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur une phrase utilisée pour décrire l’image: J’aime bien sa réhabilitation parce que cela permet d’habiter ce qui était inhabitable: Le sujet avec ces images constate qu'elle est heureuse, contente pour l'apparence et ambiance qu'aujourd'hui on trouve dans lieu. La réussite de l’aménagement fait qu'elle reste curieuse pour ces lieux. 4. a) Interviewé(e) VEY Michael (pseudonyme Moko) Nom

Occupation

Âge

État émotif

Ville

Code

Fréquentation au lieu

VEY

Chanteur, peintre et dessinateur

41 ans

Timide silencieux réservé

SaintÉtienn e

MV

Très régulièrement

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IMAGES CHOISIES: E/G/I/A/H(pour ordre de signification) E. Le délire du passé G. Au bord de la lumière I. Un oubli humide A. La danse de faire de passer du temps H. Des mystères des couleurs

1. Est-ce-que cette image provoque en vous un sentiment particulier? (E /G) pas un sentiment en particulier. C'est étrange (...) 2. Est-ce-qu’elle vous rappelle quelque chose? (E /H) oui, cela me rappelle ma jeunesse (...)

3. Ce lieu fait-il partie de vos souvenirs ? (A/H) oui, souvenirs de l’histoire de ma ville (...)

4. A vos yeux ce lieu est-il un symbole du patrimoine industriel stéphanois? (A/E) oui, c’est un symbole du patrimoine industriel. Je pense que pour tout SaintEtienne et les stéphanois (...)

5. Imaginons que ce lieu soit détruit? Que sentiriez-vous? (I/E)On ne peut pas le détruire. Je sentirais un vide; je me sentirai perdu pour la disparition d’un symbole (...)

6. Quelle sensation ressentez-vous lorsque vous vous y trouvez? (I/E) Je me sens identifié avec ce lieu, je me sens bien. Je me suis beaucoup amusé dans ce lieu (...)

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7. Ce lieu vous plaît? Pourquoi? (E) oui, beaucoup pour sa caractéristique de symbole industriel (...)

8. Quels éléments de ce lieu évoque en vous un sentiment de liberté? (E/G/I/A/H)Il est grand, il dispose de tout le nécessaire pour profiter; il n’y a pas de restriction (...) 9. Si n’était pas un musée, quel usage donneriez-vous à ce lieu? (E/G/I/A/H) un usage pour toutes les activités culturelles, sans besoin de payer (...)

Analyses: Nous allons prendre des phrases que nous considérons importantes pour analyser le discours et l'imaginaire de cette personne vis à vis du lien qu'elle a avec le lieu. -Réponse de la question 5, évoque pour les images I/E.

FIG.28: UN OUBLI HUMIDE. IMAGE I

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FIG.29: LE DÉLIRE DU PASSÉ. IMAGE E

E le détruire. Je sentirais un vide; je me sentirai perdu Phrase A : (...) “On neIMAGE peut pas

pour la disparition d’un symbole.” Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewé, nous allons nous concentrer donc sur les deux phrases utilisées pour décrire l’image: Je sentirais un vide; je me sentirais perdu pour la disparition d’un symbole: Effectivement avec ces images le sujet MV a retrouvé son attachement et enracinement à sa culture Stéphanoise. On prouve que ce lieu est un symbole, un référent de la ville, un lieu de refuge, des amitiés, des souvenirs, un lieu qui l'identifie et qui fait partie de sa vie.

-Réponse à la question 6, il évoque pour les images I/E. Phrase B: (...) “Je me sens identifié avec ce lieu, je me sens bien. Je me suis beaucoup amusé dans ce lieu.” Je me suis beaucoup amusé: avec ces images il se rappelle qu’il a vécu des moments très heureux où il a rigolé, profité, joué. Il a rencontré des amis, il a créé des expériences, des moments où il se retrouve. Il vient dessiner et écouter l'esprit du lieu de son silence, de son charme. 56


Conclusion des images choisies

FIG.30: SYNTHÈSES DES IMAGES PLUS CHOISIES POUR LES INTERVIEWS A SAINT-ETIENNE

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3.2.1.2 Entretiens à Medellín 1.b) Interviewé(e): HERNANDEZ, Diana - L'entretien ……………………………………………...p. 58 - L’analyse……………………………………………......p. 60 2.b) Interviewé(e): DUQUE, Cristina. - L'entretien ……………………………………………....p.62 - L’analyse………………………………………………...p.64 3.b) Interviewé(e): PATIÑO, Paula. - L'entretien ……………………………………………....p.66 - L’analyse………………………………………………...p.68 4.b) Interviewé(e): MORA, Andres. - L'entretien ……………………………………………....p.71 - L’analyse……………………………………………......p.73 1.b) Interviewé(e) HERNANDEZ, Diana Nom

Occupation

Âge

État émotif

Ville

Code

Fréquentation au lieu

HERNANDEZ

Psychologue

47 ans

Motivée souriante

Medellín

DH

Chaque weekend

IMAGES CHOISIES: N/E/F/H/J (pour ordre de signification) N. Une passé coloré de couleur E. Entre l'odeur et la poussière F. Une échelle perdue H. Solitude qui asphyxie J. Câlins verts à la mémoire

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(...)L'image préférée c'est la N parce que dans celle-là je vois le reflet d’un visage. J'imagine le visage d'un enfant puis les émotions qui me produit ce lieu, c’est un lieux où des enfant peuvent jouer.

1. Est-ce-que cette image provoque en vous un sentiment particulier? (N) oui, cette image m'évoque l'enfance; des enfants qui jouent, qui rêvent, qui forment un prochain futur.(...) 2. Est-ce-qu’elle vous rappelle quelque chose? (N) Rien en particulier (...)

3. Ce lieu fait-il partie de vos souvenirs ? (N) non, il ne fait pas partie de mes souvenirs (...)

4.A vos yeux ce lieu est-il un symbole du patrimoine industriel Paisa? (E)oui, je suis d'accord qu'il est un patrimoine pour la ville, je ne sais pas si pour la population Paisa. Alors je sais qu'il a été un patrimoine très important pour certaines familles qui ont travaillé là-bas.(...)

5. Imaginons que ce lieu soit détruit? Que sentiriez-vous? (H)Bon, il est presque détruit, il reste juste un bâtiment, mais bon la culture paisa est connue pour raconter des histoires. Et je pense que si la ville a gardé ce bâtiment, c’est justement pour ne pas perdre une histoire, c'est plutôt pour garder un souvenir de ce que c'était, pour la nouvelle génération de population (...)

6. Quelle sensation ressentez-vous lorsque vous vous y trouvez? (E)Je sens beaucoup d’ambiances, comme culturelles, patrimoniales; c'est un lieu pour partager (...)

7. Ce lieu vous plaît? Pourquoi? (E)Oui, car la mairie a réussi à sauver un petit poumon pour la ville, puis même si cette espace était rasé, ils l’ont disposé pour être un espace public ouvert pour toute la population (...)

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8. Quels élément de ce lieu évoque en vous un sentiment de liberté? (E)Tout l'espace est libre, car il est grand, spacieux et permet aux gens de se mélanger, comme une famille (...) 9. Si n’était pas un musée, quel usage donneriez-vous à ce lieu? (F) Je lui donnerai un usage de méga bibliothèque, un usage éducatif, qui conserve les zones vertes, parce que à cause de la technologie, on est en train de perdre la culture de lire et c'est triste. Mais j'ai trouvé que de plus en plus, cet espace évoque la culture puis c'est très bien réussi l'idée de projection de films à ciel ouvert et de concerts (...)

Analyse: Nous allons prendre des phrases que nous considérons importantes pour analyser le discours et l'imaginaire de cette personne vis à vis du lien qu'elle a avec le lieu. -Réponse de la question 1, évoque pour l'image N:

FIG.31: UNE PASSÉ COLORÉ DE COULEUR. IMAGE N

Phrase A: cette image “m'évoque l'enfance; des enfants qui jouent, qui rêvent, qui forment un prochain future.”

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Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur une phrase utilisée pour décrire l’image:

m'évoque l'enfance :

Pour le sujet DH, l’image choisie représente une dimension

relationnelle avec les enfants. Pour autant, cette image n’est pas associée à des souvenirs ni même au lieu d’étude. Or on observe que tout ce relationnel à l’enfance n’est lié à notre lieu d’étude comme le confirme la réponse à la deuxième question. 2. Est-ce-qu’elle à vous le rappelle quelque chose? (N) Rien en particulier (...) De plus on peut s'interroger sur notre formulation de l’exercice puisque le sujet n’identifie pas le choix de son image à notre lieu d’étude comme le montre la réponse à la question 3. 3. Ce lieu fait-il partie de vos souvenirs ? (N) non, il ne fait pas partie de mes souvenirs (...) -Réponse de la question 8, évoque pour l'image E:

FIG.32: ENTRE L'ODEUR ET LA POUSSIÈRE. IMAGE E

Phrase B: “tout l'espace est libre, car il est grand, spacieux et permet aux gens de se mélanger, comme une famille.”

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Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur les deux phrases utilisées pour décrire l’image: Se mélanger, comme une famille: effectivement elle a un rapport avec ce lieu lié au contact avec les autres. Le lieu l'incite à socialiser, à explorer, à toucher, à faire des rencontres. Elle a un rapport avec le lieu, avec ses souvenirs qui lui rappelle des moments avec des gens qu'elle aime. Elle voit ce lieu comme une famille; quelque chose de sacré ou de grande importance. 2.b) Interviewé(e) DUQUE, Cristina Nom

Occupation

Âge

État émotif

Ville

Code

Fréquentation au lieu

DUQUE

Etudiante et vendeuse

25 ans

Pensive

Bello

CD

Tous les 15 jours

IMAGE CHOISIES: G/E/C/H/J (pour ordre de signification) G. Temps modernes E. Entre l'odeur et la poussière C. Pratiques sur un passé H. Solitude qui asphyxie J. Câlins verts à la mémoire

1. Est-ce-que cette image provoque en vous un sentiment particulier? (G) Les images en couleur noir et blanc me produisent quelque chose mais, je ne sais pas quoi exactement, c'est une chose indescriptible.

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L'image montre un lieu diaphane, c'est un lieu de travail, peut-être je sens la nostalgie parce que c'est comme si on ouvre une fenêtre pour regarder le passé, et c'est bizarre car l'image G n'est pas très ancienne, c'était il y a quelques années (...) 2. Est-ce-qu’elle vous rappelle quelque chose? Non, cela ne me produit pas quelque chose, parce que je connais seulement le projet actuel “Parcs de la ville de la rivière”. Je vois que c'est une histoire racontée, mais que je n'ai pas vécue. J'aime beaucoup aujourd'hui pour toute la réhabilitation qui a été faites et toutes les dynamiques qui passent autour de ce projet (...)

3. Ce lieu fait-il partie de vos souvenirs ? (E)Cela me fait questionner sur deux usages (les loisirs et l'industrie) qui se battent. Les usines parce qu'elles polluent la ville, et les loisirs parce qu’ils prennent la place, mais ils ont réussi à trouver en équilibre entre le deux (...) Ce lieu me produit des souvenirs comme quand je n'avais pas d'argent, je peux passer ici parce que c'est gratuit. Je peux faire des fêtes avec mes amis, c’est là que j’ai rencontré mon amoureux. On retourne ici chaque weekend et on amène le chien et aussi on partage avec nos amis (...)

4. A vos yeux ce lieu est-il un symbole du patrimoine industriel Paisa? Il était significatif, mais j'ai trouvé qu'il n'a pas une connexion entre le passé et la modernité, puis cela a tout dévore. Je n'entends pas dans la mémoire des gens si eux connaissent l'histoire de ces ateliers; c’est comme si l'histoire est toujours remplacée. J'ai connu les ateliers anciens comme musée mais l'idée du musée d'art moderne “Mamm” a effacé l'autre à cause de son énorme taille et de sa modernité. L'idée d'avoir conservé au moins un bâtiment nous permet d'avoir un contexte de ce qu’il y avait et ce lieu actuellement est devenu un des espaces le plus visité grâce à son aménagement et des espaces ouverts autour, mais le bâtiment reste comme une œuvre d'art (...)

5. Imaginons que ce lieu soit détruit? Que sentiriez-vous? Je pense qu’il ne se passera rien parce que avec le projet du Mamm et parcs de la rivière ils ont démoli presque tout, donc je pense que pour notre génération il ne se 63


passera rien, par contre pour mes grand parents qui ont vécu tout ça, ils seront très tristes (...)

6. Quelle sensation ressentez-vous lorsque vous vous y trouvez? Je me sens sûre, en niveau de surveillance (...) 7. Ce lieu vous plaît? Pourquoi? (E)J'aime bien parce que c'est gratuit, bien situé, il y a toujours du monde et des activités géniales, j'aime bien être là-bas parce que simplement je peux être (...)

8. Quels élément de ce lieu évoque en vous un sentiment de liberté? Oui je me sens sûre parce que il est ouvert, on peut marcher partout, on peut gaffer, fumer, on peut être bien tous et bien collé (...)

9. Si n`était pas un musée, quel usage donnerez-vous à ce lieu? Il devrait être éducatif, comme un musée plutôt éducatif avec des activités à ciel ouvert. Je pense qu'il faut que les ateliers prennent un usage assez fort comme le grand musée (...)

Analyse: Nous allons prendre des phrases que nous considérons importantes pour analyser le discours et l'imaginaire de cette personne vis à vis du lien qu'elle a avec le lieu -Réponse de la question 1, évoque pour l'image G

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FIG.33: TEMPS MODERNES. IMAGE G

Phrase A: “Les images en couleur noir et blanc me produisent quelque chose mais je ne sais pas quoi exactement, c'est une chose indescriptible.

L'image montre un lieu diaphane, c'est un lieu de travail, peut-être je sens la nostalgie parce que c'est comme si on ouvre une fenêtre pour regarder le passé, et c'est bizarre car l'image elle n'est pas très ancienne, c'était il y a quelques années” Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur une phrase utilisée pour décrire l’image:

L'image montre un lieu diaphane: avec cette image, elle voit le lieu de lumière, de transparence, translucide, clair, radiant comme un œuvre d'art.

-Réponse de la question 7, évoque pour l'image E

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FIG.34: ENTRE L'ODEUR ET LA POUSSIÈRE. IMAGE E

Phrase B “J'aime bien parce que c'est gratuit, bien situé, il y a toujours du monde et des activités géniales, j’aime bien être là-bas parce que simplement je peux être.” Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur une phrase utilisée pour décrire l’image: J’aime bien être là-bas parce que simplement je peux être : Le sujet CD s’est retrouvé dans l'image, elle se sent importante dans ce lieu, elle peut y aller quand elle le veut. C’est un lieu poreux, ouvert, spacieux il est agréable

3.b) Interviewé(e) PATIÑO ZAPATA, Paula Nom

Occupation

Âge

État émotif

Ville

Code

Fréquentation au lieu

PATIÑO

Professeure

36 ans

Pensive, curieuse

Medellín

PP

1 fois par mois

IMAGE CHOISI: N/ D/ G /I /A (pour ordre de signification) 66


N. Une passé peint de couleur D. Des cendres dans l'oubli G. Des temps modernes I. En trouvant des traits A. Une passé exilé

1. Est-ce-que cette image provoque en vous un sentiment particulier? Avec cette image je sens la nostalgie sauf la N, qui parle du processus de l'appropriation du lieu (...)

2. Est-ce-qu’elle vous le rappelle quelque chose? L’image N me rappelle des choses personnelles et académiques (...) 3. Ce lieu fait-il partie de vos souvenirs ? Avec l'image I je me souviens de la zone industrielle (...)

4. A vos yeux ce lieu est-il un symbole du patrimoine industriel de Medellin ? Oui, l’image, G montre cela.

5. Imaginons que ce lieu soit détruit? Que sentiriez-vous? Je ne sentirai rien, parce que nous n’en avons pas en mémoire le lieu de comment il était avant. Néanmoins actuellement on le vit et on l'adapte en un lieu public, donc on commence à avoir certains affects et quelques souvenirs, mais sinon je n'avais pas senti aucune chose, comme non plus pour des autres démolitions historiques. Ici on efface très facilement tout et aussi la mémoire matérielle (...)

6. Quelle sensation ressentez-vous lorsque vous vous y trouvez? Je ressens quelque chose lié à l'échelle et à la perception du corps, aussi à l’intemporalité, une chose ancienne et cela donne postérieurement un nouvel usage. 67


L'image A montre très bien ce changement il y a un contraste de la notion du temps (...) 7. Ce lieu vous plaît? Pourquoi? Oui, parce que l’homme est le seul qui peut s'approprier de l'espace public sans besoin de la norme. Car malgré que l'espace soit “public”, on impose des normes qui vont contre les sentiments des gens c'est triste que des lois interdisent la vente des choses, les parkings quand c'est un espace public l'Etat cherche juste un intérêt économique ce qui fait que le lieu perd beaucoup d'intérêt (...)

8. Quels élément de ce lieu évoque en vous un sentiment de liberté? Non pour les raisons que j’ai expliqué. Il y a beaucoup de lois et c’est cela qui ne me laisse pas montrer ma liberté. Je pense personnellement que l'être humain n’a pas besoin de normes pour habiter le lieu, à partir de l'expérimentation et la connaissance du lieu, on peut facilement s’habituer à lui. C'est dommage que la seule solution que trouve la mairie c’est de mettre la police en place quand on pourrait être formé à protéger le nôtre. Dans ce cas je trouve que la population s’est bien approprié le lieu, c'est un lieu d'usage commun pour tous, donc on le garde (...) 9. Si n’était pas un musée, quel usage donneriez-vous à ce lieu? Une structure d'usage public culturel, je ne vois pas d’autres usages parce qu’il y a majoritairement des usages résidentiels ou au moins une zone sportive (...)

Analyse: Nous allons prendre des phrases que nous considérons importantes pour analyser le discours et l'imaginaire de cette personne vis à vis du lien qu'elle a avec le lieu. -Réponse de la question 6, évoque pour l'image A

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FIG.35: UNE PASSÉ EXILÉ. IMAGE A

Phrase A: (...) “Je ressens quelque choses lié à l'échelle et à la perception du corps, aussi à l’intemporalité, une chose ancienne et cela lui donne postérieurement un nouvel usage. L'image A montre très bien ce changement il y a un contraste de la notion du temps” Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur les deux phrases utilisées pour décrire l’image: L’intemporalité, une chose ancienne: avec cette image, elle est hors du temps, avec l'impression d'être perdue, dans un paysage qu’elle ne reconnaît pas. Cette image on peut remarquer qu’elle est complètement détachée de celle objet architectural, une chose bizarre, inconnue, une ruine, cela la rend triste.

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FIG.36: UNE PASSÉ COLORÉ DE COULEUR. IMAGE N

Phrase B: (...) “Oui, parce que l’homme est le seul qui peut s'approprier de l'espace public sans besoin de la norme. Car malgré que l'espace soit “public”, on impose des normes qui vont contre les envies des gens c'est triste que des lois interdisent la vente des choses, les parkings quand c'est un espace public l'Etat cherche juste un intérêt économique lequel fait que le lieu perdre beaucoup d'intérêt” Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewée, nous allons nous concentrer donc sur les trois phrases utilisées pour décrire l’image: L’espace “public, impose des normes, qui vont contre les envies des gens: effectivement le sujet PP avec cette image se requestionne sur la notion d'espace public comme concept contradictoire. Le lieu a beaucoup de restrictions pour ceux qui les respectent. Mais aussi il peut être libre pour ceux qui s’opposent aux lois en vigueur par leurs pratiques et usages.

L'image permet au sujet de voir que l'espace public peut se transformer mais pas dans toute sa totalité. Cette image la rend heureuse, parce qu'on peut avoir eu la destruction d'un lieu comme aussi la renaissance d'un autre. C'est à partir de ces petites appropriations que les lieux continuent d’être vivants. 70


4.b) Interviewé(e) Andres Felipe Mora Nom

Occupation

Âge

État émotif

Ville

Code

Fréquentation au lieu

MORA

Professeur

40 ans

Pensif

Medellín

AM

Tous les 15 jours

IMAGES CHOISIES: D/ A /I /G/ H (pour ordre de signification) D. Des cendres dans l'oubli A. Un passé exilé I. En trouvant des traits G. Des temps modernes H. Solitude qui asphyxie

Petit appréciation: Je vais donner une petite appréciation de chaque image et ce à quoi elle me fait réfléchir.

Les images D .des cendres dans l'oubli A. un passé exilé.

Ce sont des images dont on peut voir qu'elles ont laissées des morceaux de mémoire, mais les restes des bâtiments sont du présent.

I. En trouvant des traits: on peut voir une ville industrielle en panoramique, cela m'évoque dans ma mémoire beaucoup de souvenirs de quand j'étais petit. Aussi je me souviens de la construction du métro, à côté de cette usine, il avait quelques peintures que j'avais faites avec plusieurs enfants. 71


G. Des temps modernes: c'est une dualité du passé et du présent d'aujourd'hui. Ce bâtiment aurait pu être la combinaison de l'époque contemporaine et passé dans un seul bâtiment.

H. La solitude qui asphyxie: Ces ateliers me rendrais heureux car au moins il a été restauré et il n'est pas resté comme une ruine, mais ça me donne quand même de la tristesse.

1. Est-ce-que cette image provoque en vous un sentiment particulier? L’image A me provoque de la tristesse et de la nostalgie, c'est la destruction de la ville, qui aujourd’hui est remplacée par quelque chose de nouveau (...) 2. Est-ce-qu’elle vous rappelle quelque chose? L’image A me rappelle la zone industrielle de Medellin et plus qu'un usage il avait une valeur plastique et esthétique (...)

3. Ce lieu fait-il partie de vos souvenirs ? L’image A, oui fait partie de mes souvenirs parce que je suis natif de Medellin, et à mon âge j'ai pu voir la transformation de la ville d'avant comme d'aujourd'hui (...)

4. A vos yeux ce lieu est-il un symbole du patrimoine industriel de Medellin? Oui et non il y a des petites tâches de patrimoine industriel et aujourd'hui la mémoire on est en train de la construire avec autre direction. C'est une chose nouvelle avec un bâtiment vieux, peut-être cela racontera quelques “histoires” mais cela ne va pas forcément créer une histoire des paisas, si cela était l'objectif de l'administration de la ville. Par contre le lieu d'aujourd'hui commence à former de belles histoires qui commencent à se créer dans les souvenirs des paisas de cette génération jusqu'à ce que lieu change autre fois (...)

5. Imaginons que ce lieu soit détruit? Que sentiriez-vous? Je pense que je l'ai déjà vécu car j'ai vu comment cela c'est détruit et comment se construit autre identité pour prendre une nouvelle image. Autre chose, c'est imaginer la destruction des petites choses qui restent. Et puis actuellement on voit beaucoup de bâtiments qui me posent des questions mais je n'aime pas (...) 72


6. Quelle sensation ressentez-vous lorsque vous vous y trouvez? Des sensations d'ambiguïté pour certaines de ses transformations qui ont été faites (...)

7. Ce lieu vous plaît? Pourquoi? Je sens une dualité car il y a des choses que j'aime bien comme l'usage qu’a le secteur. J'aime beaucoup ce qu’il y avait avant et que malheureusement les architectes ont détruit avec l’accord de l’Etat qui ne voulait pas conserver grand chose (...)

8. Quels éléments de ce lieu évoque en vous un sentiment de liberté? Le lieu qui existe me provoque une liberté par son apparence d'abandon ou d'oubli, ça évoque quelque chose de sauvage, et donc actuellement on sent de la liberté dans certaines parties alors que cette liberté est occultée dans d’autres espaces plus normatifs (...)

9. Si ce n`était pas un musée, quel usage donnerez-vous à ce lieu? Autre usage d'ordre culturel, par les ateliers et du reste de bar, discothèques etc. (...)

Analyse: Nous allons prendre des phrases que nous considérons importantes pour analyser le discours et l'imaginaire de cette personne vis à vis du lien qu'elle a avec le lieu.

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FIG.37: DES CENDRES DANS L'OUBLI. IMAGE D

Phrase 1: (...) “me provoque de la tristesse et de la nostalgie. C'est la destruction de la ville, qui aujourd'hui est remplacée par quelque chose de nouveau.” Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewé, nous allons nous concentrer donc sur les deux phrases utilisées pour décrire l’image: C’est la destruction de la ville, qui aujourd’hui est remplacée par quelque chose de nouveau avec l'image il observe vraiment la perdition d'un symbole, la disparition de la mémoire et d'une époque dans l'histoire Paisa.

Le sujet AM se détache de l'objet architectural, avec la colère, une chose étrange qui modifie l'histoire.

74


FIG.38: EN TROUVANT DES TRAITS. IMAGE I

Phrase 2: (...) Le lieu qui existe me provoque une liberté par son apparence d'abandon ou d'oubli, ça évoque quelque chose de sauvage, et donc actuellement on sent de la liberté dans certaines parties alors que cette liberté est occultée dans d’autres espaces plus normatifs. (...) Pour comprendre cette perception / réaction ou description de l’interviewé, nous allons nous concentrer donc sur les trois phrases utilisées pour décrire l’image:

me provoque une liberté, son apparence d'abandon ou d'oubli, ça évoque quelque chose sauvage: effectivement le sujet nous confirme qu’il se sent libre avec l’image précédente, probablement pour l'espace qui est spacieux, grand et ouvert. Le sujet voit un lieu différent, étrange, un lieu vide, de délabrement. L'image produit au sujet AM, probablement un sentiment de peur, comme quelque chose d’inhumain, atroce, inculte.

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Conclusion des images choisies

FIG.39: SYNTHÈSES DES IMAGES PLUS CHOISIES POUR LES INTERVIEWS A MEDELLIN

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Nous avons présenté dans cette partie, notre méthode d’investigation de la topophilie sur des sites post-industriels. La pertinence de notre méthodologie basée sur l’utilisation d’image a été démontrée pour chaque entretien. A partir de ces entretiens, on peut aisément conclure qu’une topophilie existe entre les personnes interviewées et le lieu dont elles parlent.

Jeanne FONVIELLE : Le lieu en général me plait beaucoup et dans cette image, je suis contente de voir les enfants en train de s’amuser, ils ne connaissent pas encore l'histoire mais déjà ils peuvent la regarder, et quand ils grandiront ils pourront avoir des souvenirs.Ca me fait plaisir trouver des enfants dans ce terrain (...) Pascaline TREILLE : oui, ça me plaît beaucoup parce qu’il y a beaucoup d'espace, de nature (...) Léa BRETON : oui, je l'aime beaucoup pour son histoire, pour toutes ces implications politiques économiques, culturelles et sociales (...) Andres MORA: Je sens une dualité car il y a des choses que j'aime bien comme l'usage qu’a le secteur. J'aime beaucoup ce qu’il y avait avant et que malheureusement les architectes ont détruit avec l’accord de l’Etat qui ne voulait pas conserver grand chose (...) Paula PATIÑO: Oui, ce lieu me plaît parce que l’homme est le seul qui peut s'approprier de l'espace public sans besoin de la norme (...) Cristina DUQUE : J'aime bien parce que c'est gratuit, bien situé, il y a toujours du monde et des activités géniales, j'aime bien être là-bas parce que simplement je peux être.(...) Diana HERNANDEZ: Oui, J'aime bien car la mairie a réussi à sauver un petit poumon pour la ville, puis même si cette espace était rasé, ils l’ont disposé pour être un espace public ouvert pour toute la population. (...)

Enfin nous avons présenté trois hypothèses qui pourraient montrer comment se produit la topophilie sur nos deux lieux d’études. Nous allons donc utiliser notre travail d’investigation pour tester ces différentes hypothèses dans la partie suivante

77


IV. LA PRODUCTION ET LA PREUVE HYPOTHÉTIQUE DE LA TOPOPHILIE DANS DEUX LIEUX POST-INDUSTRIELS

Avec nos outils développés dans la partie précédente, nous avons démontré que nos deux lieux d’études produisent de la topophilie et nous avons décrit des hypothèses pouvant expliquer ce phénomène. Nous allons maintenant, grâce à notre comparaison internationale et nos hypothèses tenter de répondre à la question: comment se produit la topophilie entre ces deux lieux post-industriels et sa population?

Ensuite nous allons tester chaque hypothèse pour chaque lieu et utiliser nos entretiens présentés dans la partie trois que nous enrichirons de diverses sources bibliographiques apportant des éclairages nécessaires. Nous allons donc commencer par interroger nos hypothèses dans le contexte stéphanois. 4.1 Topophilie stéphanoise envers le musée la mine et le parc puits Couriot. L’Histoire de la ville de Saint-Etienne est intimement liée à son industrialisation et à l’exploitation de ses mines de charbon. Autrefois “ville noire”, elle a vu ses activités industrielles décliner dans les années 1970 à la suite du second choc pétrolier. Le site du puits Couriot fermera définitivement ses portes en 1973. Comme d’autres villes industrielles françaises, Saint-Etienne va se tourner vers son patrimoine pour essayer de rebondir face au déclin. Le puits Couriot est, avec l’appui de la ville, transformé en musée de la mine en 1991 et l’ancienne manufacture est transformée en cité du design en 2009 dans “une volonté d’enrôler le patrimoine industriel au service d’une nouvelle marque urbaine”72 4.1.1 HYPOTHÈSE A: cette hypothèse nous parle du fait que ce lieu fait parti du souvenir et de la mémoire (des moments ont été créés avec eux). Ce lieu provoque probablement un attachement (les personnes ne s’en détachent pas facilement) et un enracinement. Avec l’exploitation des mineurs et les conditions de travail difficiles, ponctuées d’accidents mortels, la ville de Saint-Etienne et tous ses habitants ont un souvenir

72 BELHOSTE Jean-François,SMITH Paul, Architectures et paysages industriels: L’invention d’un patrimoine, la Martinière, Paris, 2012. p.125.

78


d'événement rappelant la souffrance. Un exemple est le coup de grisou de 1942 dans le puits voisin de la Chana à Villars où des blessés, parmi la trentaine comptabilisée, ont été évacués par le puits Couriot. Ce souvenir est encore vif puisque cette histoire aura fait l’objet d’un livre “l’Adieu Différé” paru une première fois en 1972, puis en 1978 et enfin de nouveau en 2004 aux éditions Le Hénaf.

Depuis les multiples exploitations dans la mine et la mort des ouvriers, la ville et sa population s’attachera au souvenir de ces événements de souffrance. A partir de cette expérience, les ouvriers ont formé l’identité de la ville noire.

Un autre hommage persiste, celui de la sainte barbe, cette célébration annuelle qui est une fête religieuse en l’honneur des mineurs est un exemple fort de cette identité ouvrière affichée. Ainsi chaque 4 décembre au puits Couriot, un feu d’artifice est tiré pour célébrer les mineurs d’hier. Ce lieu reste dans la mémoire des stéphanois, même pour ceux qui n’ont pas vécu l'époque où les industries et la mine fonctionnaient à plein régime. De cette époque, restent des tâches, volontairement, conservées comme les crassiers, où l’on a planté des acacias afin d’éviter son érosion. De même, le musée de la mine, l’un des trois grand musée français consacré à l’extraction du charbon, entretient la mémoire des mineurs et des stéphanois. Nos interviewés apportent un certain témoignage de l’importance de ce lieu dans leurs histoires personnelles. Celle-ci mettent en perspective leur propre histoire ou bien l’histoire qu’on leur a transmise par leurs parents ou grands-parents (ou autre). Si le lieu était détruit, je me sentirai en colère, parce que c'est l'identité du passédes travailleurs de la ville de Saint- Etienne. Et pour moi celle-là c'est raser l'histoire, et ça revient à refuser de se rappeler l'histoire des jeunes (...) PT Ce lieu fait partie de mes souvenirs, grâce à mes grands-parents qui m’ont parlé de la mine de ce que c’était (...) JF Ces images me produisent des souvenirs d'enfances, et de ma jeunesse (...) LB

De même, à travers les paroles rapportées, on remarque que ce lieu avive les mémoires et les souvenirs allant même jusqu’à faire partie intégrante de l’identité des stéphanois puisqu’ils se réfèrent à une part de leur sensibilité. 79


Enfin même si les usages du lieu ont évolué et qu’aucune activité industrielle ne persiste, on peut tout de même dire que le lieu continue de contribuer à l'écriture d’histoires personnelles grâce aux diverses expériences sensibles que peuvent mener les stéphanois là-bas. On notera enfin le fort attachement physique et social de toutes les générations interviewées, à un passé révolu que certains n’ont jamais connu. On remarque aussi un enracinement culturel et social profond. 4.2.2 HYPOTHÈSE B: cette hypothèse nous parle du fait que ces lieux sont un symbole ou sont un « patrimoine industriel », pour la ville et les citoyens. Pour comprendre cette hypothèse, nous allons expliquer les concepts suivants de manière succincte. Dans la partie deux de ce mémoire, nous avons explicité l’histoire de ce lieu avec la ville et sa population. Pour autant, nous devons ici expliquer que le patrimoine industriel est un objet de recherche relativement récent en France. En effet, c’est à partir de la fin des années 1970, que le patrimoine industriel est apparu comme un axe de recherche en pleine crise de l’industrialisation fordiste. Car si la première réponse publique à la désindustrialisation, via la DATAR (Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale), a été de raser les friches industrielles afin de “guérir les traumatismes par l’oubli” 73, d’autres acteurs se sont levés contre “cette atteinte à la mémoire et à l’identité des collectivités”74. Ainsi à partir des années 1970, on voit apparaître dans le Nord de la France le premier centre historique minier à Lewarde. A la même époque, un projet de musée de la mine est réalisé et ce dernier se concrétise en 1991. Il sera transformé en parc musée à l’échelle du site tout entier et sera classé au titre des monuments d’historiques en 2011.

Le succès du puits Couriot comme symbole et patrimoine industriel se retrouve dans les témoignages des interviews.

73 DOREL-FERRÉ Gracia,”Le patrimoine industriel”, Historiens & Géographes [en ligne] n° 398, p. 111. Disponible sur: < http://www.patrimoineindustrielapic.com/bibliotheque/APHG%20-%20Historiens%20&%20Geographes/HG398%20Patrimoine%20industriel%20partie%201.pdf>. [Consulté 28 novembre 2018]

74 c.f. Ibidem

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Il est un symbole du patrimoine industriel complètement, qui a disparu parce que, il ne fonctionne plus comme une mine de charbon, mais qui a été l'emblème de notre ville. Je sens comme un sentiment d'ambivalence mais aussi de réflexion. Il me rappelle à mes racines de ma vie. Je me sens identifié avec ce lieu, je me sens bien. je l'aime beaucoup pour son histoire, pour tous ces implications politiques économiques, culturelles et sociales. C'est un emblème des ouvriers (...) 75 LB

On gagnera ici à mettre en perspective le patrimoine industriel du puits Couriot avec d’autres exemples de patrimoines industriels dans la vallée du Giers très proche. Les autres éléments de patrimoine de la région, richement répertoriés par George GAY dans son ouvrage “Mines, forges et usines dans la vallée du Gier (Loire) : le patrimoine comme palimpseste social” ne connaissent pas la même reconnaissance par les habitants et “les réutilisations et interprétations de l’espace qui participent de la logique du palimpseste social ont favorisé sa banalisation, laquelle s’inscrit par ailleurs dans une longue tradition de perception dépréciée du paysage industriel” 76. Aussi on peut donc affirmer que le patrimoine industriel du puits Couriot ne connaît pas le même sort que celui des autres éléments de patrimoine industriel de la région.

On a eu l'opportunité de discuter avec l'enseignant Claude Tautel qui nous a donné son opinion vis à vis de notre sujet de mémoire. “C'est marrant comme le puits Couriot a réussi à avoir de fort lien avec le citoyen quand on trouve des autres musées comme le musée d'art moderne qui est aussi localisé dans un secteur mineur mais qui n'a aucune rapport à son passé, ce musée a été construit comme une sculpture qui essaye d’imiter le charbon dans sa façade mais qui malheureusement on ne perçoit pas. Pendant que le puits Couriot n'a pas besoin mettre une évidence rien, il le dit tout seul, c'est un lieu qui a une telle topophilie que ne peux pas avoir tous les autres. Il est un symbole de la ville qui, pour plus que les stéphanois essayent de le cacher comme la cité du design, sera toujours la ville noire des travailleurs. L’être humain veut toujours habiter ce que l’on croit qui était inhabité et que probablement c'est cela l’amour topophilique fait qu'un lieu comme puits Couriot se conserve et se garde dans la mémoire (...)77

Donc effectivement la ville est composée par des lieux qui ont eu une très forte charge historique, qui crée une marque et est liée aux stéphanois. Donc ce lieu jusqu'à la fin de sa conservation sera un symbole, qui sera reconnu comme patrimoine industriel, pas forcément pour ses caractéristiques sinon pour la grande importance qu’il a eu 75 Témoignages des entretiens pour des Stéphanois, BRETON Lea, voir chapitre, Vers une topophilie.p.41 76 GAY George, “Mines, forges et usines dans la vallée du Gier (Loire) : le patrimoine comme palimpseste social” [en ligne], Monde alpin et rhodanien (Le). Revue régionale d’ethnologie,«s.l.», 1996, n°24-2-4, pp. 215-229. Disponible sur: <https://www.persee.fr/doc/mar_0758-4431_1996_num_24_2_1609>. [Consulté le 21 novembre 2018] 77 TAUTEL Claude Tautel, enseignement de l’école Supérieure d’Architecture de Saint Etienne, directeur du master d’urbanisme. [Entretien fait en mai 2017].

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dans l'histoire de Saint Etienne et de ses habitants. Le patrimoine joue donc un rôle clé dans la topophilie qui s’exerce sur ce lieu. 4.3.3 HYPOTHÈSE C: cette hypothèse nous parle du fait que ces lieux sont “Anomiques” parce qu'ils n’ont pas de lois, d’ordre ou structures strictes. Par extension, nous allons considérer comme anomiques, les lieux qui n’ont pas d’usage spécifique ou déterminés. Notre lieu d’étude est composé deux espaces: l'ensemble de bâtiment du musée la mine et le parc puits Couriot.

Le musée la mine est ouverte au public mais est surveillé en permanence. Il est accessible pendant les horaires d'ouverture, alors que le reste du parc Couriot reste à disposition de la population et ouvert tout le temps. On observe une normativité plutôt stricte dans le musée qui se justifie par la conservation des œuvres. De même, la majorité des usagers semble accepter cette norme même si certains s’approprient les lieux en s’affranchissant des règles. Pour autant, la surveillance stricte du musée empêche tout comportement “anormal” (visite du musée la nuit, visite du puits de la mine sans autorisation etc.)

Contrairement au musée de la mine, le parc du puits Couriot, est ouvert tout le temps. Des comportements anomiques s’observent. On rencontre ainsi des graffitis sur les murs, des réfugiés ou personnes sans-abris qui installent leur habitat dans le parc ou bien des gens qui cuisinent dans le parc lors de rassemblements l’été. Les interviewés nous font part de leurs multi-usages du lieu et expliquent d’ailleurs que cela en est la clé du succès. Ça me plaît beaucoup parce qu’il y a beaucoup d'espace, de nature. La structure de la mine, la bâtisse, elle est immense et m'inspire beaucoup d'énergie, aussi l'ensemble du bâtiment à côté de la colline forme un paysage magnifique (...) PT Je suis toujours impressionnée par le bâtiment, je le trouve beau. Il me produit un sentiment étrange, peut-être parce que c'est bizarre savoir qui avant il avait des jeunes qui travaillaient et qu’actuellement on y fait la fête. Je sens comme un sentiment d'ambivalence mais aussi de réflexion (...) LB

82


Je ressens beaucoup le sentiment de liberté, parce que les gens se sont approprié le lieu. Les murs sont graffé; ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Il n'y a pas une restriction ou obligation; c'est ça la liberté. On voit aussi la nature qui reprend cet endroit, elle pousse comme elle veut. En général le musée la mine en extérieur nous permet d'être libre, car il y a plusieurs espaces ouverts (...) JF

D’ailleurs, lors d’événements ou festivals organisés par des associations, les usages ainsi que les lois changent. Le lieu profite d’une certaine souplesse quand à ces usages, sous réserve qu’il soit organisé en amont par des associations reconnues et validés par la municipalité. C’est d’ailleurs lors de ces évènements qu’une surveillance est accrue. Une surveillance au strict respect des lois est observée et c’est l’une des rares occasions dans les festivals ou des événements que le site est obligé à être surveillé (la fête de la musique etc.). On ne peut donc pas dire que le lieu est réellement anomique puisqu’un respect des lois peut y être observé lors de manifestations ponctuelles. Pour autant, on remarque que la plupart du temps, les usages des lieux correspondent plus à un usage anomique. On peut donc conclure que le lieu est temporairement anomique.

Pour résumer nos trois hypothèses, on reprendra les mots de Laurent Violey, architecte du patrimoine : “Par chance, ce lieu choisi très tôt pour devenir le musée de la Mine a échappé au Ripolin, remarque Philippe Peyre, son conservateur, on y sent encore la graisse des moteurs et le travail”. Il importait de lui conserver cet aspect unique de time capsule. “Il ne s’agissait pas de “restaurer” les bâtiments, au sens des monuments historiques, mais d’assurer leur pérennité et de transmettre une mémoire” 78

78 COIGNARD Jérôme, «Parfaite réhabilitation du musée de la Mine de Saint-Étienne» [en ligne], connaissances des arts,«s.l.», le 10 decembre 2014. Disponible sur: https://www.connaissancedesarts.com/archi-jardin-et-patrimoine/parfaite-rehabilitation-du-musee-de-la-mine-de-saint-etienne-114828/ [consulté le 12 août 2018]

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4.2 Topophilie paisa vers le parc ville de la riviere avec le musée le «MAMM» et les ateliers Robledo

Comment un lieu presque démoli renaît pour être aimé? Comme on avait expliqué dans la partie deux de ce travail, Medellin a proposé un nouveau projet urbain sur un grand terrain industriel démoli. Ce projet a été une opportunité de réécrire une nouvelle histoire par la ville de Medellin et les paisas.

Sa transformation a créé un lieu pour les citoyens, et c'est à partir de l'appropriation de ce lieu que s'est construit la topophilie. La nouvelle proposition du projet urbain pour la ville de Medellin, telle qu’on la décrite, dans le chapitre deux a permis de voir la renaissance d'un lieu. Des grands artistes urbains et des collectifs de la ville se rencontrent pour graffer et peindre les murs des usines. Cela a commencé à former une appropriation d'identité du lieu. Ce lieu a permis le développement de l’économie et la politique de planification territoriale de Medellin. Aujourd'hui il soutient la culture et la transformation urbaine grâce à l'intégration d'un lieu multifonctionnel et de grande centralité pour la ville. L'aménagement a été fait par une équipe d’urbanistes, architectes, paysagistes et autres. A partir de là, se sont formés des usages différents des espaces, où la figure de l'humain commence à s’approprier du lieu et le faire vivre. A cet égard, la participation du citoyen, dans le processus de développement de la ville est devenue très important. 4.2.1 HYPOTHÈSE A: cette hypothèse nous parle du fait que ce lieu fait parti du souvenir et de la mémoire (des moments ont été créés avec eux). Ce lieu provoque probablement un attachement (les personnes ne s’en détachent pas facilement) ou un enracinement.

Effectivement, l'hypothèse A sera soutenue par les personnes que nous avons interrogés qui nous offrent ses opinions. Cet échantillon sera limité mais il nous offre tout de même un panel intéressant. Pour cela, nous convoquerons l'opinion de Luis Fernando Gonzalez architecte et critique de l'architecture Latino-Américaine de 84


l'université Nationale de Medellin, qui s'est intéressé à traiter le souvenir et la mémoire au sein de la ville de Medellin.

Nous avons interviewé quatre personnes de Medellin qui nous ont aidés à résoudre cette hypothèse. Les sujets AM, DH ont pu expérimenter et percevoir le lieu qui existait avant, ils ont vu sa transformation et la création d’une nouvelle histoire. J'ai vu comment cela c'est détruit et comment se construit une autre identité pour prendre une nouvelle image. Autre chose, c'est imaginer la destruction des petites choses qui restent. Et puis actuellement on voit beaucoup de bâtiment qui me pose questions mais je n'aime pas. (...) AM Bon, il est presque détruit, il reste juste un bâtiment, mais bon la culture paisa est connue pour raconter des histoires. Et je pense que si la ville a gardé ce bâtiment, c’est justement pour ne pas perdre une histoire, c'est plutôt pour garder un souvenir de ce que c'était, pour la nouvelle génération de population (...)DH

Le lieu de progrès industriel de Medellin connu comme Simesa, était un lieu qui leur a créé des souvenirs et qui conserve un rapport de la mémoire paisa. Comme disait notre sujet CD, les personnes de sa génération nées dans les années

90 ne

connaissent que l’histoire racontée par leurs parents. Je pense qu’il ne se passera rien parce que avec le projet du Mamm et parcs de la rivière ils ont démoli presque tout, donc je pense que pour notre génération il ne se passera rien, par contre pour mes grand parents qui ont vécu tout ça, ils seront très tristes (...) CD

Bien que pour plusieurs autres sujets interrogés, elle ne soit pas racontée, parce qu’actuellement on ne trouve pas beaucoup des vestiges de celle-ci dans la ville. Dans le livre “ Mémoire et patrimoine de Medellín”, Luis Fernando Gonzalez constate que: “La mémoire est non seulement ce que l’on se rappelle sinon aussi certains vides que, consciemment ou inconsciemment, se laissent dans l'oubli mais qui dans notre pays la Colombie, est tombé dans l'extrémité d'oublier tout. Une amnésie individuelle et collective qui ne permet pas d'ancrages. Une forme qui a servie pour éluder des responsabilités et nous a empêché de clôturer des processus douloureux d'une manière adéquate” 79

79 Traduction par mes soins. GONZALEZ, Luis Fernando, Memoria y patrimonio de Medellín [en ligne], corporación Región, Medellín, 2007, p. 3. ISBN 978958-8134-41-3

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A partir de cette citation de l’auteur, on peut possiblement lier le passé politique, social et économique à cette absence de mémoire. C’est encore une mémoire problématique qui se réfère au passé de la drogue, de la corruption et la délinquance et du conflit; qui sont des sujets qu'on n'a pas encore oublié. C'est ce passé qu'a pris la place dans la mémoire de la population paisa et qu’à chaque fois, l'objectif de la ville et du pays est de changer l’image et le souvenir de cette histoire afin de la réécrire. Ce constat se retrouve dans le témoignage de Andrés Mora: C'est une chose nouvelle avec un bâtiment vieux, peut-être cela racontera quelques “histoires” mais cela ne va pas forcément créer une histoire des paisas, si cela était l'objectif de l'administration de la ville. Par contre le lieu d'aujourd'hui commence à former de belles histoires qui commencent à se créer dans les souvenirs des paisas de cette génération jusqu'à ce que lieu change autre fois (...)

L'idée de recommencer, de renaître, de créer une ville innovante a fait qu'on oublie et que l’on perd, une mémoire architecturale. Cette mémoire renferme la conquête de la ville, son évolution et son développement. L’auteur Marie Jimena Duzan le réitère: "nous n'avons pas de mémoire collective, et par la même, nous sommes enclins à oublier. On ne célèbre rien, à ne se rappeler de rien, on ne réagit devant rien”80

Cette opinion que donne l'auteure, nous permet aussi de comprendre que le manque de créer une “mémoire collective” en société ou spécifiquement comme paisas, fait que de génération en génération, l’histoire s’oublie. Ce qui paradoxalement, la ville qui veut se reconstruire ne connaît pas ses racines.

Pour conclure, on note à travers les entretiens que les personnes interviewées ont peu de souvenirs de l’ancien secteur industriel de Simesa où l’on trouve les ateliers Robledo. La plus grande partie des souvenirs des personnes interviewées sont créés par des nouvelles dynamique sociales et des nouveaux usages rendus possibles par le projet “ville de la rivière”. Ainsi, on remarque que les attachements au lieu sont des attachements physiques et sociaux. A partir des témoignages, on remarque que c’est l’accessibilité et la disponibilité du lieu qui explique son succès. On parlera donc plus du concept “d’attachement sûr” dans notre lieu. 80 Traduction par mes soins. DUZAN María Jimena. "Podidos pero conformes", journal EI Tiempo, 27 marzo 2006, p.1-19. Extrait de GONZALEZ, Luis Fernando, Mémoire et patrimoine de Medellin [en ligne], p. 3

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Enfin, pour de nombreuses personnes, le nouveau projet de ville de la rivière accompagné du Mamm invente une nouvelle histoire investie par la population sans besoin de reconnaître son passé. 4.2.2 HYPOTHÈSE B: cette hypothèse nous parle du fait que ces lieux sont un symbole ou sont un « patrimoine industriel », pour la ville et les citoyens. Pour comprendre cette hypothèse, nous allons expliquer les suivants concepts de manière succincte. “Une ville qui est parcourue à pied et on respire à chaque pas avec des espaces publics de qualité. Medellín, comme peu de villes, a réussi à être réinventée et à passer de la crainte à l'espérance, qui aujourd'hui nous permet de nous regrouper dans les rues, dans les parcs et les nouvelles scènes ouvertes à la culture et la délectation des familles présente le développement urbain de la ville de la rivière. On se doit de reconnaître le travail et l'effort d'un groupe de personnes, les entreprises et les institutions qui se sont jointes à une idée visionnaire qui a commencé à l'intérieur du Groupe Bancolombia à travers des Valeurs Simesa et qui sans une fausse modestie nous permet de présenter ce projet comme un fil d'inspiration pour la nouvelle Medellín” 81

Carlos Guillermo Posada directeur de l’entreprise valores Simesa82, avait le pouvoir sur les terrains industriels de Simesa, où ils ont décidé pour le projet de juste conserver les ateliers Robledo comme patrimoine. Ce bâtiment est posé comme une sculpture, son échelle se perd au milieu d’une masse de bâtiments de logements et des bureaux qui ont été construits.

Pour notre interviewée Cristina Duque dit que: Il était significatif, mais j'ai trouvé qu'il n'a pas une connexion entre le passé et la modernité, puis cela a dévore tout. (...) Je n'entends pas dans la mémoire des gens si eux connaissent l'histoire de ces ateliers; c’est comme si toujours l'histoire est remplacée. (...) J'ai connu les ateliers anciens comme musée mais l'idée du musée d'art moderne “Mamm” a effacé l'autre à cause de son énorme taille et de sa modernité (...) L'idée d'avoir conservé au moins un bâtiment nous permet d'avoir un contexte de ce qu’il y avait et ce lieu actuellement est devenu un des espaces le plus visité grâce à son aménagement et des espaces ouverts autour, mais le bâtiment reste comme œuvre d'art (...) 81 Traduction par mes soins. POSADA Carlos Guillermo. Ciudad del rio, inspiración para una nueva Medellín. Introduccion, “La ciudad soñada” [en ligne], TelePress, Medellín, 2016. Disponible sur:< http://www.inspiracionciudaddelrio.com/libro.pdf > p. 10. ISBN: 978-958-59442-0-6 82 VALORES SIMESA, c'est une société commerciale avec un domicile principal dans la ville de Medellín, en Colombie, et dans sa condition d'émetteur de valeurs elle est contrôlée par la Surintendance Financière de la Colombie. Son objet social principal est dirigé vers l'investissement dans des immeubles, dans des titres et les actions et en général, vers le développement d'activités commerciales et industrielles.

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Pourtant, la notion de patrimoine ne fait pas l'unanimité. Par exemple, le témoignage de Diana Hernandez souligne bien la reconnaissance d’un patrimoine aux ateliers Robledo, et préfère indiquer qu’il est plus important pour certaines personnes ayant travaillées là-bas. Oui, je suis d'accord qu'il est un patrimoine pour la ville, je ne sais pas si pour la population paisa. Alors je sais qu'il a été un patrimoine très important pour certaines familles qui ont travaillés là-bas (...) DH

L'opinion de l'auteur Gonzalez face ce sujet nous éclaire à propos de la situation de la conservation du patrimoine de la ville de Medellin. “Toujours avec l'excuse de dire avant il n’y avait rien mais ce n’est pas vrai. Avant il avait beaucoup de patrimoine des années 1900 mais on ne voulait pas le conserver car c'est vieux et ce n'est pas moderne. Donc les majeures parties des projets durent pendant 40 ans pour après être remplacées pour autre bâtiment qui l’efface. La ville de Medellin est intéressée par la vente de lots le plus cher possible. C’est comme ça que parle notre culture, toujours dans les ambitions d'un morceaux de terre mais on se fout de ce qu’il y avait avant”83

Une critique dure et directe mais qui se vérifie si on la met en perspective avec des recherches à la Bibliothèque Piloto. La plupart des bâtiments représentés sur les cartes et des photos de Medellin, il y a 30 ans sont démolis pour laisser la place à d’autres constructions. Cette architecture dépasse rarement plus de deux générations, ce qui rend la mémoire et la constitution de patrimoine difficile. On peut noter d’ailleurs que les ateliers Robledo n’étaient pas reconnus durant leur période d’activité et c’est seulement la reconnaissance de l'aspect “culturel” du projet Mamm qui a évité la destruction de ce patrimoine industriel.

Ce travail nous a permis de montrer que la plupart des personnes interrogées ont conscience que les ateliers Robledo sont un symbole d’un patrimoine industriel déchu. Pourtant, les personnes interviewées ne semblent pas prêtes à défendre ce patrimoine contre un projet urbain qui en a détruit la majeure partie. On remarquera que les politiques publiques et privées accordent eux aussi, une importance relative au 83 Traduction par mes soins. GUTIÉRREZ Valentina, “La falacia progresista: una charla con Luis Fernando González” [en ligne], revue Arcadia, Medellín, 2018. Disponible sur :<.https://www.revistaarcadia.com/agenda/articulo/la-falacia-progresista-una-charla-con-luis-fernando-gonzalez/70897>. [Consulté 18 août 2018] ISSN 1900-589X

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patrimoine. A quoi sert donc ce symbole? La grande entreprise valores Simesa y répond de cette manière: “on est en train de faire la “nouvelle Medellin”. 4.2.3 HYPOTHÈSE C: cette hypothèse nous parle du fait que ces lieux sont “Anomiques” parce qu'ils n’ont pas de lois, d’ordre ou structures strictes. Par extension, nous allons considérer comme anomiques, les lieux qui n’ont pas d’usage spécifique ou déterminé.

On peut dire que ces lieux ne sont pas totalement anomiques en théorie puisqu’il est réglementé selon le décret de la loi84 des espaces publics à Medellin en face du sujet de commerce ambulant informel, l'usage de place de parking et la consommation des substances psychoactives. Durant le weekend, l'espace public de ce lieu est surveillé en cas d’événements. Dans le cas des commerces informels, celui-ci est réglementé et limité à l’extérieur du parc à condition de détenir un permis de la mairie. Puisque les commerces ambulants ne peuvent rentrer à l’intérieur des places et des parcs, ils s’installent dans la rue ou sur les trottoirs. Malgré toutes ces problématiques, le lieu continue d’être ouvert pour tout le monde. Paula Patiño nous donne son opinion face à ce sujet. Elle pense que: L'être humain n’a pas besoin de norme pour habiter le lieu, à partir de l'expérimentation et la connaissance du lieu, on peut facilement s’habituer à lui. C'est dommage que la seule solution que trouve la mairie c’est de mettre la police en place quand on pourrait être formé à protéger le nôtre. Dans ce cas je trouve que la population s’est bien approprié le lieu, c'est un lieu d'usage commun pour tous, donc on le garde (...) PT

Il faut pour autant différencier les lois proposées par la mairie et les “lois” produites par les usagers. On peut dire que le lieu est anomique vis à vis des lois imposées par la mairie, pourtant le lieu et les habitants créent, par leurs usages, de nouvelles normes. Un lieu ne sera donc jamais totalement anomique, mais dépendra de la manière dont les usagers l’utilisent. Et les différents usages des personnes interviewées viennent

84 ALCALDIA DE MEDELLÍN, “Por medio del cual, se reglamenta el aprovechamiento económico del espacio público, se fijan las retribuciones por su utilización, se crean la Comisión Intersectorial Asesora del Espacio Público y el Comité Técnico.”, [en ligne], décret, Medellín, 2015. Disponible sur:<https://www.medellin.gov.co/irj/go/km/docs/pccdesign/SubportaldelCiudadano_2/PlandeDesarrollo_0_15/Publicaciones/Shared%20Content/GACETA%20OFICIAL/20 15/Gaceta%204355/DECRETO%202148%20DE%202015.pdf >.[Consulté le 1 er octobre 2018]

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confirmer le fait que ce projet urbain sans usage prédéterminé contribue à un grand sentiment de liberté. En effet, d’après le témoignage de Cristina Duque Oui je me sent sûre parce que il est ouvert, on peut marcher partout, on peut graffer, fumer, on peut être bien tous et bien collé (...) CD

Et ces propos sont confirmés aussi par Diana Hernandez Tout l'espace est libre, car il est grand, spacieux et permet aux gens de semélanger, comme une famille (...)DH

On peut conclure que pour le cas de Medellin, la multiplicité des usages a permis au lieu d’être accessible pour toute la population paisa sans discrimination. On ne peut pas dire que le lieu est totalement anomique mais que les normes sont flexibles et faites en fonction des usages des individus. Ce sont tous ces usages possibles qui créent une topophilie pour les personnes interviewées.

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VERS LA CONSTRUCTION ET LA PRODUCTION D’UNE TOPOPHILIE De cette manière, la narration des lieux, comme une reconstruction sociale constante où la mémoire est entendue comme les significations partagées, est une pratique sociale en plus (Vázquez, 2001)85, à travers de laquelle s’exprime et se forme l’identité (Devine-Wright y Lyons, 1997; Feldman, 1996; Fried, 2000; Twigger-Ross y Uzzell, 1996)86 (…) Cette vision holistique de l’attachement au lieu considère comme aspect clé, les différents modèles qui doivent se comprendre comme l’attachement (affects, émotions, sentiments, croyances, pensées, connaissances, actions, conduites, etc..); le lieu (variabilité de son échelle, tangibilité et spécificité); les acteurs (de manière individuelle, groupée, collective ou culturelle); les relations (interpersonnelles, de la communauté ou culturelles aux personnes qui se lient à travers le lieu) et le temps (linéaire comme passé, présent et futur donc cyclique avec des significations et des activités récurrentes). 87

La citation précédente synthétise l’ensemble de nos travaux sur la construction de la topophilie dans des lieux. Ainsi, la topophilie ne peut pas être résumée à un sentiment d’empathie, ou seulement à une émotion; elle est conditionnée à une action d’expérimentation forte entre le lieu et l’individu. Nous avons vu dans ce mémoire que la topophilie est une construction basée sur l’experimentation et nous nous sommes interrogés sur des hypothèses régissant cette construction. A partir de nos deux lieux post-industriels, similaires dans leur rapport avec le passé ainsi qu’à leur ouverture au public et à leur transformation en lieu culturel, nous avons montré dans nos analyses comment la topophilie se construit différemment et comment elle dépend de la manière dont fonctionnent les dynamiques sociales présentes dans le lieu.

On retiendra donc que dans le cas du musée de la mine, la topophilie a été construite sur plusieurs étapes. Tout d’abord, c’est l’importance de la reconnaissance historique du lieu par les habitants de la ville avec ses charges émotionnelles et son symbolisme fort qui ressort dans nos entretiens et qui explique en partie la topophilie. Mais on ne peut résumer la

85 Traduction par mes soins. c.f. VÁZQUEZ, Félix (2001). La memoria como acción social. Relaciones, significados e imaginario. In livre VIDAL T, POL E, La apropiación del espacio: una propuesta teórica para comprender la vinculación entre las personas y los lugares [en ligne], Anuario de Psicología, vol. 36, nº 3, pp. 281-297, Universitat de Barcelona, 2005. Disponible sur: <https://www.raco.cat/index.php/anuariopsicologia/article/viewFile/61819/81003> p. 289. 86 Traduction par mes soins. c.f. DEVINE-Wright, P-LYONS, E. (1997). “Remembering pasts and representing places: The construction of national identities in Ireland”, journal of Environmental Psychology, n°17, pp. 33-45. FELDMAN, R.M. (1996). Constancy and change in attachments to types of settlements. Environment and Behavior, 28, pp. 419-445. FRIED, M. (2000). “Continuities and discontinuities of place”, journal of Environmental Psychology, n° 20, pp. 193205. TWIGGER-ROSS, C.L. - UZZELL, D.L. (1996). “Place and identity processes”, journal of Environmental Psychology, n° 16, pp. 205-220.(…) 87 c.f. Ibidem. p.p 289 - 290.

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construction de la topophilie à cela. En effet, ce sont toutes les dynamiques sociales autour de ce lieu et leur ancrage dans celui-ci qui ont contribué au maintien de cette reconnaissance historique. On soulignera donc ici l’importance des syndicats, des associations d’anciens mineurs et des anciens travailleurs qui ont transmis un véritable héritage aux nouvelles populations. Nous n’oublierons pas de mentionner les “traces” du passé volontairement laissées par les différents acteurs du réaménagement comme la conservation de l’ancien puits de mine et surtout les crassiers, visible à des kilomètres. Ensuite, on notera que l’identification au lieu et à son passé post-industriel par toutes les personnes interrogées est un autre facteur expliquant la topophilie pour ce lieu. Même si cette identification au lieu évolue en fonction des générations qui s’y rendent, la grande souplesse dans l’usage du lieu permet de créer de nouvelles pratiques sociales. Ainsi, même si la valeur symbolique héritée du passé industriel persiste grâce à la conservation de tout l’ensemble, on mentionnera l’importance croissante des évènements culturels dans ce lieu qui créent et recréent de nouvelles identités. Enfin c’est la qualité même du lieu qui est une source de topophilie grâce à ses différents réaménagements qui ont laissé un certain équilibre entre d’une part, des “sculptures” comme symbole de l’héritage industriel et d’une autre part de grands espaces verts laissant libre cours aux différentes pratiques sociales. On observera tout de même un contraste entre ces deux dynamiques spatiales, avec une qui relève de la conservation du bâtiment industriel et qui nécessite une surveillance et donc une certaine limitation dans les pratiques sociales et une autre dans le parc qui est beaucoup plus libre. Dans le cas des ateliers Robledo, on observe que la topophilie s’est produite de manière différente et repose davantage sur la liberté des usages laissés par les aménagements. C’est tout d’abord la création d’un nouveau projet de “Ciudad del rio” intégré au musée du MAMM et aux ateliers Robledo qui ont contribué le plus largement à la topophilie du lieu. Le grand « poumon vert » et les grands espaces publics faisaient défaut à la ville de Medellin et le mélange des usages au service de la population a amené à la création de nouvelles dynamiques sociales comme l’utilisation des espaces verts en plein centre-ville mais aussi la création de commerces formels et 92


informels. Ainsi, les différentes relations qui se forment dans ce lieu font du projet urbain un lieu de concentration de la culture paisa (où l’on retrouve la gastronomie, le sens de l'accueil, les danses traditionnelles…) De même, la perméabilité du lieu, a rendu possible l’intégration sociale de l’espace. D’autant plus que ce projet se présente comme une solution de ville tranquillisée qui tranche avec le passé de ville violente qu’a connu Medellin et propose un espace de qualité où la coopération sociale permet de vivre ensemble. Tous les phénomènes sociaux observés dans ce lieu ont été rendu possibles grâce à une relative anomie vis à vis des usages des acteurs.

Les nouveaux usages, la relative anomie et la perméabilité du lieu ont créé des moments et des souvenirs. Ces moments et souvenirs ont eux-mêmes contribué à créer un certain attachement au lieu. On peut donc dire que l’attachement au lieu est le fruit des nouveaux usages et des nouvelles dynamiques sociales rendus possibles sur les lieux.

Enfin, on notera que la majeure partie du secteur Simesa a été détruit et que cela s’inscrit dans une dynamique colombienne où le patrimoine n’est pas conservé plus de trente ans. Il reste aujourd’hui un petit vestige des ateliers, les ateliers Robledo, transformés en musée d’art moderne et très vite éclipsé par le MAMM voisin. On peut donc conclure que le patrimoine joue un rôle très faible dans la production de topophilie.Grâce à nos deux cas d’études, nous avons réussi à démontrer que la topophilie se construit différemment. On notera qu’à Saint-Etienne, elle est plus le fruit de l’hypothèse B et A qui placent la reconnaissance de l’histoire et de la mémoire au cœur du processus de production de la topophilie. Dans le cas de Medellin, la topophilie est le fruit de nouvelles dynamiques sociales et de nouveaux usages, qui ont été créés pour la relative anomie (l’hypothèse C). A partir de cette reconstruction sociale se créent de nouveaux souvenirs, mémoire et attachements (hypothèse A).

Dans notre travail, nous avons exposé la construction de la topophilie. Pourtant la question du rôle de l’architecte dans la ville n’a pas été traitée dans ce travail de recherche, car elle ouvre sur d’autres interrogations pour le futur. L'architecte et philosophe Carlos Mario Yory utilise la topophilie comme un outil opératoire pour travailler dans des quartiers en précarité. Cela permet de comprendre comment il est important d’écouter la population et de faire des ateliers participatifs pour transformer le quartier. 93


Dans la conférence qu’il a prononcé en 2014, intitulée “Moravia une histoire d'amélioration urbaine” l’architecte a dit “Je pense qu'avant de commencer un projet urbaine, c'est important d’informer à la communauté , parler respectueusement, les intégrer dans des projets participatifs et des propositions, et surtout leur apprendre à se respecter les uns aux autres pour pouvoir cohabiter et fabriquer des lieux effectifs”. En effet, à partir de ce travail nous pouvons ouvrir les questionnement suivants: 

La topophilie peut-elle être une stratégie pour sauver des lieux de la ville?

Est-il nécessaire d’envisager systématiquement la destruction et de recommencer à zéro, pour créer un nouveau lieu ou, au contraire, pouvonsnous construire avec l’existant ou le «déjà-là»?

En tant qu’architectes, est-il notre rôle d’imposer des pratiques aux usagers ou devons-nous laisser les usagers investir les lieux et pratiquer l’espace comme ils le souhaitent?

Comment pourrions-nous redynamiser un lieu industriel au niveau spatial, sans affecter les pratiques d'habiter installées par les citadins

Comment certains lieux sont-ils rénovés? Ces choix correspondent-ils aux expériences des habitants?

Ces questions nous permettent d’interpeller les praticiens de l’espace sur l’importance de ces lieux chargés émotionnellement. Elles sont à prendre en compte dans notre pratique et dans nos projets. Nous terminerons avec cette citation du même auteur, “L’important pour nous ce sera de comprendre l’Homme comme un topo qui est déjà philique. La construction sera possible, non seulement parce qu'elle s’habite, mais précisément parce que l’habitation est la forme d’être de l'Homme en tant “qu’être dans le monde”.” 88

88 Traduction par mes soins.YORY Carlos Mario. Topofilia o la dimensión poética del habitar, Pontificia Universidad Javeriana, Bogotá, 2007, p. 69

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ANNEXES

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TABLE DE FIGURES

FIG.1: Source: Collage réalisé par l'auteure. Photo de BOTERO Jose David et architectes et paysagistes Gautier et Conquet. www.gautierconquet.fr/fr/projet/parcmusee-du-puits-couriot/ FIG.2: Source: La dernière représentation du funambule Henry's au Musée de la Mine: http://42yeux.over-blog.com/article-13601582.html FIG.3: Source: http://retazosdelavida.blogspot.com/2016_07_24_archive.html FIG.4: Source: schéma réalisé par l'auteure.

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FIG.5: Source: Photo de FOREST Aurelien.

22

FIG.6: Source: Photo de TOBON Alejandrino.

22

FIG.7: Source: schéma réalisé par l'auteure.

23

FIG.8: Source: schéma réalisé par l'auteure.

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FIG.9: Source: http://paris-butteauxcailles.eklablog.com/le-musee-de-la-mine-desaint-etienne-a118653810.

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FIG.10: Source:http://webzine.bm-lyon.fr/webzine/wp-content/uploads/2011/11/PlanCouriot.jpg.

27

FIG.11: Source: http://www.musee-mine.saint-etienne.fr/le-parc-musee-de-la-mine/leparc-du-musée.

28

FIG.12: Source: Photo de GRASSET Pierre.

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FIG.13:Source: Photo de GRASSET Pierre.

28

FIG.14:Source: schéma réalisé par l'auteure.

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FIG.15:Source: schéma réalisé par l'auteure.

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FIG.16: Source:http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo2.html

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FIG.17: Source:Image de Google Earth et éditée par l'auteure

34

FIG.18: Source: Photo de XalD. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Museo_de_Arte_Moderno_de_Medellín_des de_Comfama_2.jpg. 2015.

34

FIG.19: Source: http://www.eltiempo.com. 201.

34

FIG.20: Source: Guide d'entretien pour Saint-Etienne réalisé par l'auteure. Réalisée en novembre 2017

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Image A: Source: artiste inconnu

40

Image B: Source: architectecs et paysagistes Gautier + Conquet. Consulté sur: https://www.saint-etienne.fr/entreprendre-projets/projet-urbain/puits-couriot-parcmusee-ouvert-sur-ville-laventure-minière/parc102

40


Image C: Source: Chatelus.Coll. Part. Consulté sur: http://www.musee-mine.saintetienne.fr/approfondir/lhistoire-de-couriot.1905

40

Image D: Source: Consulté sur: http://www.musee-mine.saint-etienne.fr/le-parcmusee-de-la-mine/votre-visite/centre-de-loisirs

40

Image E: Source: artiste inconnu

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Image F: Source: Consulté sur: https://archicree.com/evenement-new/observatoirearchi-20-21-intervenir-larchitecture-xxe/attachment/musee-de-la-mine-stetienne/.2007

40

Image G: réalisé par l'auteure.

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Image H: réalisé par l'auteure.

40

Image I: Source CAMATTE Cécile.“Carnets de les imaginaires”. Consulté sur: https://cecilecamatte.com/2013/09/26/le-puit-couriot/.2013

40

Image J: réalisé par l'auteure.

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Image K: réalisé par l'auteure.

40

Image L: Source: VAY Michael. Consulté sur: https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10213640154180797&set=pb.131224584 5.-2207520000.1545956601.&type=3&theater, 2017

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Image M: Source:Architectes et urbanistes Gautier + Conquet. Consulté sur : http://www.gautierconquet.fr/fr/projet/parc-musee-du-puits-couriot/

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Image N: Source:Architectes et urbanistes Gautier + Conquet. Consulté sur : http://www.gautierconquet.fr/fr/projet/parc-musee-du-puits-couriot/

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FIG.21: Source: Guide d'entretien pour Medellin réalisé par l'auteure. Réalisée en novembre 2017.

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Image A : Source: Consulté sur : http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo5.html

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Image B: Source : google maps.

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Image C: Source : BOTERO Jose David.

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Image D:Source:Archives valores Simesa. Colsulté sur: http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo2.html

40

Image E: Source:Archives valores Simesa. Colsulté sur: http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo2.html

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Image F: Source:Archives valores Simesa. Colsulté sur: http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo2.html

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Image G: Source:Empresa Siderúrgica. Colsulté sur: http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo5.html.1958. 103

40


Image H: Source:Archives valores Simesa. Colsulté sur: http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo5.html

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Image I:Source:Archives valores Simesa. Colsulté sur: http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo2.html. 1970

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Image J: Source : BOTERO Jose David.

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Image K:Source : BOTERO Jose David.

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Image L : réalisé par l'auteure.

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Image M: Source: Colsulté sur:

https://lekapics.pw/Museo-de-Arte-Moderno-de-

Medelln-MAM-MAMM-Museo.html

40

Image N: Source: Sunday Snap: Graffiti in Medellín.Colsulté sur:

40

https://trotamunda.wordpress.com/2013/09/29/sunday-snap-graffiti-in-medellin/.2013 FIG.22: Source: artiste inconnu. Image E. Saint-Etienne

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FIG.23: Source: Image M.Saint-Etienne Architectes et urbanistes Gautier + Conquet. Consulté sur: http://www.gautierconquet.fr/fr/projet/parc-musee-du-puits-couriot/ 47 FIG.24: Source: Image H: réalisé par l'auteure. Saint-Etienne.

48

FIG.25: Source: Image C:Saint-Etienne Chatelus.Coll.Part. Consulté sur : http://www.musee-mine.saintetienne.fr/approfondir/lhistoire-de-couriot.1905

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FIG.26: Source: artiste inconnu. Image E. Saint-Etienne

52

FIG.27: Source: Image N. Saint-Etienne. Architectes et urbanistes Gautier +Conquet. Consulté sur: http://www.gautierconquet.fr/fr/projet/parc-musee-du-puits-couriot/ 52 FIG.28: Source:Image I: Saint-Etienne. Photo de CAMATTE Cécile.“Carnets de les imaginaires”. Consulté sur: https://cecilecamatte.com/2013/09/26/le-puitcouriot/. 2013

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FIG.29: Source: artiste inconnu. Image E. Saint-Etienne

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FIG.30: Source: Synthèses des images plus choisies pour les interviews réalisé par l'auteure. Saint-Etienne.

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FIG.31: Source: Image N. Medellín. Sunday Snap: Graffiti in Medellín. Colsulté sur: https://trotamunda.wordpress.com/2013/09/29/sunday-snap-graffiti-in-medellin/. 2013

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FIG.32: Source:Image E. Medellín.Archives valores Simesa. Colsulté sur: http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo2.html

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FIG.33: Source: Image G. Medellín Empresa Siderúrgica. Colsulté sur: http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo5.html.1958.

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FIG.34: Source: Image E. Medellín. Archives valores Simesa. Colsulté sur: http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo2.html 104

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FIG.35: Source: Image A. Medellín. Consulté sur : http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo5.html

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FIG.36: Source: Image N. Medellín. Sunday Snap: Graffiti in Medellín. Colsulté sur: https://trotamunda.wordpress.com/2013/09/29/sunday-snap-graffiti-in-medellin/. 2013

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FIG.37: Source: Image D. Medellín. Archives valores Simesa. Colsulté

sur:

http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo2.html FIG.38: Source: Image I. Medellín.Archives valores Simesa. Colsulté http://www.inspiracionciudaddelrio.com/capitulo2.html.1970

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FIG.39: Source: Synthèses des images plus choisies pour les interviews réalisé par l'auteure.Medellín .

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