LE S
A RC HI V E S
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A RC HI V E S
MARCUS HEARN
AKILEOS
Pour Niamh, la fille de mes rêves
10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 Édition française par Akileos 162 cours du Maréchal Galliéni, 33400 Talence Traduction : Diane Lecerf Corrections : Sandrine Chatelier Première édition en 2013 par BBC Books, une marque d’Ebury Publishing, société du groupe Random House. Copyright © Marcus Hearn 2013 Marcus Hearn a fait valoir ses droits d’être identifié comme auteur du présent ouvrage conformément au Copyright, Designs and Patents Act de 1988. BBC DOCTOR WHO (marques, logos et accessoires), TARDIS, DALEKS, CYBERMAN et K-9 (marques, logos et accessoires) sont des marques déposées de The British Broadcasting Corporation et sont utilisées sous licence. Logo BBC © BBC 1996. Logo Doctor Who © BBC 2009. Image des Daleks © BBC / Terry Nation 1963. Image des Cybermen © BBC / Kit Pedler / Gerry Davis 1966. Image de K-9 © BBC / Bob Baker / Dave Martin 1977.
L’AUTEUR Après avoir commencé sa carrière chez Marvel Comics en 1993, Marcus Hearn a écrit pour The Times, The Guardian et The Independent, tout en contribuant aux livrets, commentaires audio et documentaires de près de 100 DVD. Ses nombreux ouvrages incluent les biographies officielles de cinéastes tels que George Lucas et Gerry Anderson, Chapeau Melon et Bottes de Cuir : L’ album souvenir d’un classique de la télévision, ainsi que Les Beatles : La Dernière tournée. Il est aussi chercheur associé au Centre de Recherches Historiques sur la Télévision et le Cinéma situé à Leicester de Montfort, ainsi que l’historien officiel des Studios Hammer. Chez Akileos, il est l’auteur de L’ Antre de la Hammer.
CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES L’auteur et l’éditeur tiennent à remercier tous les détenteurs qui ont donné l’autorisation de reproduire le matériel sous copyright de ce livre. Nous avons fait tout notre possible pour retrouver les détenteurs des copyrights et pour obtenir les autorisations d’utilisation du matériel sous copyright. L’éditeur s’excuse pour toute erreur ou omission dans la liste ci-dessous et sera reconnaissant de la notification de toute correction à apporter dans les impressions et éditions futures de ce livre.
Les Daleks sont une création originale de Terry Nation. Les Cybermen sont une création originale de Kit Pedler et Gerry Davis. Les Siluriens sont une création originale de Malcolm Hulke. Les Autons et les Sontariens sont une création originale de Robert Holmes.
Les photographies d’accessoires, costumes ou jouets effectuées tout spécialement pour ce livre sont sous copyright Flashpoint Media. Le reste du matériel utilisé est copyright BBC, à l’exception des images présentées sur les pages suivantes. Nous remercions les détenteurs des copyrights suivants :
Restauration des documents photographiques : Altaimage, London
Chris Achilleos (page 92), Jeremy Bentham (Innes Lloyd, 38), Richard Bignell (47), The Braxiatek Collection (257, 262, 266), David Bryher (Murray Gold, 288), Sonny Caldinez (60), Charles Carne (54, 55), The Dan Dare Corporation (Eagle,172), Big Finish (239), The Big Issue Company (295), British Sky Broadcasting (228), Charles Buchan’s Publications (Kinematograph Weekly, 17), The Chrysler Group (102), Grahame Flynn (2, 105, 188, 205, 221, 225), Derek Handley (21), The Hayward Gallery (283), Marcus Hearn (30 Years in the TARDIS, 226), Christopher Hill (77), David J Howe, Mark Stammers and Stephen James Walker (The Frame, 215), Waris Hussein (21), Mat Irvine (Ian Scoones, 117), KLF Communications (214), Gary Leigh (DWB, 225), Jessica Martin (217), Mirrorpix (Verity Lambert, 20; Carole Ann Ford, 23; Stanley Franklin, 31), Patrick Mulkern (pages de garde, 199), Joel Nation (Terry Nation, 96), News Group Newspapers (The Sun, 201), Northern & Shell (Saturday, 249), Ian O’Brien (79, 135), Oriole Records (25), Pinnacle Records (137), Chris Pocock and John Walker (193, 206, 214), Radio Times (17, 20, 46, 52, 54, 72, 76, 80, 111, 176, 183, 200, 207, 229, 235, 245, 266, 269, 278, 301), Record Shack Records (191), Rex Features (This Sporting Life, 15), Steve Roberts (Resistance is Useless, 226), Jan-Vincent Rudzki (36), Dez Skinn (140), Studiocanal (Dr. Who and the Daleks, 30; Daleks’ Invasion Earth 2150 A.D., 37; 167), Mike Tucker (Andrew Cartmel, 217), Alexandra Tynan (44), Time Out Group (167), Wayland Publishers (148) et Colin Young (53, 158).
All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording or otherwise, without the prior permission of the copyright owner. The Random House Group Limited Reg. No. 954009 Addresses for companies within the Random House Group can be found at www.randomhouse.co.uk Commissioning editor : Albert DePetrillo Managing editor : Joe Cottington Project editor : Justin Richards Design : Peri Godbold New photography : Helen Solomon and Joe McIntyre Production : Phil Spencer
AKILEOS Imprimé en Slovénie par Imago Publishing Ltd en octobre 2014 Dépôt légal : novembre 2014 ISBN : 978 2 35574 177 7 www.randomhouse.co.uk www.akileos.com
Doctor Who est une production BBC Wales production pour BBC One. Producteurs exécutifs : Brian Minchin, Steven Moffat, Faith Penhale, Caroline Skinner Drama account manager : Edward Russell Brand strategy manager : Matt Nicholls Picture campaign managers : Francine Holdgate, Alexandra Thompson Script editors : Richard Cookson, Derek Ritchie Creative executive : Stephanie Milner Remerciements spéciaux à Mark Gatiss Pages de garde : Plans du studio pour An Unearthly Child © BBC, propriété de Waris Hussein. Frontispice : Un des parapluies utilisés par Sylvester McCoy en tant que Septième Docteur. Page opposée : Le kit médical conçu par Tony Oxley pour The Ark in Space (1975).
SOMMAIRE Préface 6 8 Note de l’auteur et remerciements 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988
Les Maîtres du feu 10 L’Heure de vérité 18 26 Une nation Dalek Science et fiction 34 Passé composé 42 Dans le viseur 50 Chers compagnons 58 Changement de décor 66 Un plan de Maître 74 Écrire l’histoire 82 Dans le mille 90 Vu à la TV 98 Suspendre l’incrédulité 106 Tea-time sanglant 114 Appréciation mutuelle 122 À suivre... 130 « Happy Times and Places » 138 « Stay Tuned » 146 Bonne figure 154 Asile de fans 162 Au ralenti 170 Sous la surface 178 Six en un 186 La Presse en parle 194 Le Rêve américain 202 Script Doctors 210
1989 Le Dernier ennemi 218 1990-1995 De nouvelles aventures 226 230 1996 Le Choc des cultures 1997-2004 Licence dramatique 236 2005 La Fièvre du samedi soir 240 2006 Avec aussi. . . 250 2007 Une brève histoire du temps 260 2008 Le Carnaval des monstres 270 2009 Haute Définition 280 2010 Des sons venus d’ailleurs 286 2011 La Famille et les amis 296 2012 En Cinémascope 306 2013 Plus grand à l’intérieur 312 Index des titres
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PRÉFACE Doctor Who est une série qui se déroule dans un univers totalement différent du nôtre, mais la plus grande différence que présente ce monde ne tient pas aux vaisseaux, aux voyages dans le temps ni aux monstres, ni encore au fait que l’univers soit protégé par un dingue doté d’une coiffure absurde. Non, en réalité, la plus grande différence entre notre univers et celui de Doctor Who, c’est que les aventures du Docteur se déroulent dans un monde où la série télévisée Doctor Who n’existe pas. Et ça, on peut dire que parfois, ça m’en complique pas mal l’écriture. Le problème, ce n’est pas les scènes où les gens de notre monde sont abasourdis lorsqu’ils rencontrent pour la première fois un Dalek ou un Cyberman, alors que, bien sûr, tout le monde en a déjà vu (ou aura au moins aperçu les tas de figurines ou les jouets qui traînent dans le salon), parce que ça, j’arrive encore à m’y faire. Non, le problème, c’est le TARDIS. Le TARDIS déguisé en cabine de police. Une cabine de police qui aurait été oubliée par tous si le TARDIS n’avait pas pris son apparence. Il n’y a pas de démonstration plus claire de l’extraordinaire impact culturel de Doctor Who que ce simple constat : la machine à voyager dans le temps du Docteur est intelligemment déguisée en un artefact qui est aujourd’hui uniquement reconnu en tant que machine à voyager dans le temps... Et pourtant, je me retrouve à rédiger des scénarios où il y a toujours quelqu’un pour demander : « Mais quelle est cette étrange boîte en bois ? » Et le Docteur est occupé à expliquer que son vaisseau spatial peut prendre différentes apparences pour se cacher, alors que vous pouvez à peine vous retenir de hurler : « C’est le TARDIS nom d’un chien, qu’est-ce que tu peux bien regarder le samedi soir ?? » Et c’est ça, le truc de Docteur Who. La plupart des récits ne sont faits que de ça : un détournement momentané du monde réel. Mais quelques histoires parviennent à modifier le monde qui les entoure. Et, dans certains cas extrêmes, une série télévisée sort de l’écran et reste suspendue dans les airs avant d’entrer dans l’ADN d’une nation tout entière. Je me souviens que, il y a de cela plusieurs années, juste avant que la série ne fasse son retour triomphant, j’ai discuté avec mon fils de mes séries TV préférées. Attention, que ce soit bien clair : sur les instructions très strictes de ma femme (dont l’estomac s’était noué quelques années plus tôt, le jour où elle avait réalisé qu’elle venait d’épouser un fan de Doctor Who) je n’avais jamais parlé à Joshua de mon obsession de toujours. Je ne lui avais jamais montré un seul épisode. Je ne lui avais jamais acheté un seul jouet Doctor Who, ou montré un Dalek. Il avait remarqué les vidéocassettes et les DVD sur les étagères, et il avait peut-être saisi au vol quelques images de vieilles rediffusions, mais il ne connaissait pas du tout la série. Le problème, c’est qu’il venait juste de me dire que son émission préférée était Bob l’Éponge (qui est excellente par ailleurs, si vous voulez mon avis) et il voulait savoir quelle était la mienne.
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Doctor Who LES ARCHIVES
Alors, oui. J’aurais pu lui répondre À la Maison-Blanche, ce qui n’est pas faux et qui est ce que je réponds quand je veux avoir l’air intelligent. Mais on ne peut pas mentir à son fils. Je lui ai répondu : « Doctor Who ». Les yeux de Joshua se sont alors posés sur les DVD et les vidéocassettes. « Tu en as déjà vu ? », lui ai-je demandé. « Un peu. Ça parle de quoi ? » Sue était sortie, j’ai donc saisi ma chance. J’ai attrapé un DVD et je lui ai montré la couverture. « C’est Doctor Who, ai- je dit en montrant du doigt Peter Davison. Et il se bat contre les Daleks et d’autres monstres. » Joshua a froncé les sourcils. « Mais il ne s’appelle pas Doctor Who… Son nom, c’est le Docteur. » Pardon ? Pardon ?? Excusez-moi, mais comment pouvait-il savoir ça sans avoir jamais regardé la série ? Honnêtement, vous pouvez avoir vu pas mal d’épisodes de Doctor Who et ne pas savoir ça. (Et, bien sûr, il y a un certain nombre d’épisodes qui affirment le contraire, mais, chut ! On ne parle pas de ces choses-là !) Mais enfin, vraiment, comment Joshua était-il au courant de ce point central et quelque peu déroutant de Doctor Who ? Des années plus tard, j’ai posé la question à Karen Gillan sur le plateau de la série. « Oh, je n’avais jamais vu Doctor Who avant de jouer dedans, m’a-t-elle répondu, sans honte. Mais j’en connaissais tous les détails. Tout le monde connaît Doctor Who. Les enfants naissent en connaissant la série. » Est-ce là l’effroyable vérité ? Est-ce que Doctor Who flotte dans l’air qui nous entoure, comme le wi-fi ? Une autre conversation, il y a quelques jours de cela, pendant une fête. Un homme me hurlait dans les oreilles et je venais tout juste de lui avouer comment je gagnais ma vie. « Oh, je ne regarde jamais ça, m’a-t-il dit. Je n’ai jamais regardé. C’est épouvantable. » « OK », ai-je répondu, en me demandant pourquoi les gens me disent ce genre de choses pendant une fête et s’ils s’imaginent vraiment que ça va améliorer ma soirée. « Enfin, c’est bien pour les enfants, j’imagine », a-t-il ajouté. J’ai fait oui de la tête, et j’ai répondu : « J’imagine, oui », tandis que le liquide que contenait mon verre y stagnait gentiment plutôt que d’aller s’étaler sur son visage. « C’est vous qui avez écrit celui avec les anges de pierre ? » « Oui, en effet. » « C’était lequel ? » « Vous devez penser à l’épisode des Anges Pleureurs, avec David Tennant. Nous avons aussi fait un double épisode avec Matt Smith intitulé Le Labyrinthe des Anges, et nous venons d’en finir un autre qui s’appelle Les Anges prennent Manhattan. » « Jamais vu ! » « OK. » « Mais ces anges sont plutôt flippants. » « Merci. »
Tremblez, chers lecteurs. Mes anges ont rampé hors de l’écran et viennent désormais menacer mes ennemis sans l’aide de la diffusion TV. J’aime à penser qu’ils ont trouvé cet homme un peu plus tard cette nuit-là, et qu’il travaille aujourd’hui comme ouvrier agricole en 1502. Mais si ce n’est pas le cas, et qu’il est en train de lire ces lignes, eh bien, bonjour à nouveau ! Oh, et, intéressant choix de lecture... En parlant de lecture, comment raconte-t-on l’histoire de Doctor Who, l’émission des contradictions impossibles ? La série culte qui est aussi devenue un succès de masse. L’ émission purement britannique qui, avec une audience internationale de 77 millions de personnes, a donc une majorité de fans qui ne vivent pas en Angleterre. La série que vous n’avez même pas besoin de regarder, pour la regarder. En feuilletant ce livre, vous verrez de nombreuses dates. Mais soyez rassurés, tout cela n’a rien à voir avec un simple déroulé historique. Dans la plus pure tradition du TARDIS, c’est beaucoup plus timey-wimey (expression du Docteur pour “méli-mélo spatio-temporel” en version française NdT) que ça. Car l’histoire de cette série est aussi celle, plus globale, de la télévision, mais aussi de la culture qui en découle : tentaculaire, complexe, hilarante et impossible. Pour résumer, voici une chronologie de Doctor Who, mais pas forcément dans cet ordre... Steven Moffat Producteur exécutif de Doctor Who. Juillet 2013
NOTE DE L’AUTEUR ET REMERCIEMENTS
Ci-dessus : Une note du bureau de production de Doctor Who datant de 1965 et listant les titres des 13 premières histoires. En haut à droite : En 1965, le département artistique des Studios Shepperton a envoyé ses instructions à Shawcraft Models, la compagnie fabriquant les accessoires pour le film Doctor Who et les Daleks.
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Chacun des anniversaires importants de Doctor Who a été marqué par une publication spéciale, et ce passé pèse lourdement sur mes épaules alors que nous célébrons ce cinquantenaire. Quand j’étais enfant, à la fin des années 70 et au début des années 80, la plupart des rétrospectives ne comprenaient guère plus que quelques descriptions et photographies de vieux épisodes. Et pourtant, elles me fascinaient. Alors que l’échéance des cinquante ans de Doctor Who approchait, je me suis demandé comment recréer ce sentiment que j’avais pu ressentir en parcourant tous ces livres et ces magazines. De nos jours, Internet a rendu beaucoup d’informations de base facilement accessibles et les éditions en DVD ou Blu-ray permettent également d’accéder à presque tous les épisodes qui ont survécu au temps. Je savais qu’il existait une grande quantité de documents liés à Doctor Who qui avaient été cachés, ou virtuellement oubliés une fois leur utilité ou leur popularité initiale dépassée. Il n’y a pas d’archives centrales pour les accessoires, costumes, produits dérivés ou autres documents éphémères tournant autour de Doctor Who. Après toutes ces années, il serait difficile de rassembler les objets les plus importants en un seul lieu. Mais j’ai réalisé qu’il était possible d’organiser cette collection à travers les pages d’un livre. Et c’est exactement ce que nous avons essayé de faire. Ce livre est un voyage au milieu de ce superbe musée de Doctor Who qui n’existe pas, un lieu où l’iconique côtoie le rare et le jamais vu.
Doctor Who LES ARCHIVES
Chaque chapitre représente une année dans l’histoire de la série, ou un peu plus pour les périodes où elle a été retirée des ondes. Les introductions de chaque chapitre plantent le décor, et les images (ainsi que leurs légendes) racontent l’histoire de Doctor Who de façon linéaire. Les textes en euxmêmes, cependant, naviguent entre ses différents thèmes et les innovations apportées à une époque donnée. L’inspiration pour chaque analyse est un événement-clé de l’année en cours. Par exemple, l’histoire des Daleks est racontée en 1965, alors qu’ils sont au sommet de leur popularité, et l’analyse des voyages dans le temps peut être trouvée en 2007, l’année de la sortie des Anges Pleureurs, épisode où la narration est basée sur les sauts dans le temps. Malgré la nature très timey-wimey de cet ouvrage, les résumés de chaque chapitre incluent les titres, les crédits et les dates de production et de diffusion pour toutes les histoires officielles présentées cette année-là. Par officielles, comprendre des épisodes complets, des productions en prises réelles et diffusées à la télévision, de Doctor Who. De 1963 à 1966, lorsqu’on ne pouvait voir à l’écran que les titres des épisodes individuels, les membres de la production ont identifié les histoires par un titre général. De plus, les épisodes produits entre 1963 et 1989 sont précédés des codes de production internes propres à la BBC. Les dates de production pour les sessions principales d’enregistrement et de tournage apparaissent sous chaque titre. Pour les histoires situées entre 1963 et 1989, ces dates se réfèrent généralement au début du tournage et à la fin de l’enregistrement en studio. Il y avait souvent de longs intervalles entre les deux, et à l’intérieur même du planning d’enregistrement en studio. En 1996, le téléfilm Doctor Who est devenu la dernière histoire à avoir utilisé de la pellicule au cours de sa production. Le mode de réalisation de Doctor Who a radicalement changé à partir de 2005, et cela se reflète dans les dates d’enregistrement qui apparaissent sous les titres de ces nouvelles histoires. Comme précédemment, il y a souvent des intervalles à l’intérieur des dates citées pour ces années-là. Les dates de production données tout au long du livre ne sont pas une liste définitive et exhaustive du travail engagé (par exemple, elles n’incluent pas les photographies promotionnelles, les prises additionnelles, etc.) mais elles constituent plutôt un guide de l’ordre dans lequel les histoires ont été réalisées. Auteurs, réalisateurs, producteurs et chefs scénaristes (pour la période entre 1963 et 1989) sont donc listés. Le pseudonyme des auteurs n’est expliqué que lorsque la véritable identité de la personne a pu être établie avec certitude. Chaque listing se termine par la ou les dates de première diffusion anglaise. Dans le texte principal, les dates ne sont le plus souvent précisées que si l’histoire évoquée a été diffusée après l’année de ce chapitre (et qu’elle n’a donc pas encore été
traitée dans l’un des paragraphes contenant les guides des différents épisodes). Mon musée imaginaire de Doctor Who n’est devenu réalité que grâce aux compétences et au dévouement de la maquettiste Peri Godbold. Elle a répondu à mes demandes bien au-delà de ce que je pouvais espérer. Paul Taylor l’a assistée tout du long, retravaillant de nombreuses images en numérique. Je tiens aussi à remercier Adrian Rigelsford pour son inébranlable loyauté envers moi et envers ce projet. Les photographies d’Helen Solomon et de Joe McIntyre ont donné vie à tous ces objets, et les recherches iconographiques de Derek Handley nous ont permis de découvrir un grand nombre d’autres objets rares. Jonathan Rigby et Derek Ritchie m’ont aidé en relisant et en commentant le manuscrit, et l’appui de Jo Ware m’a fait gagner un temps précieux lors des différentes recherches. Richard Bignell et Andrew Pixley ont répondu à mes questions les plus piégeuses, pendant que chez Doctor Who Magazine, Tom Spilbury et Peter Ware me fournissaient numéros de téléphone et encouragements. Stephanie Milner de BBC Worlwide a coordonné les recherches d’images pour les épisodes de l’après 2005, et Andrew Walker, de la Doctor Who Experience de Cardiff nous a gentiment autorisés à photographier les expositions. L’ensemble du personnel du BBC Written Archives Centre m’a aidé à retrouver une grande partie des informations ainsi que certaines reliques. Mes collègues de chez BBC Books ont aussi tous contribué à l’existence de ce livre. Mes remerciements vont à Albert DePetrillo, Joe Cottington, et tout spécialement à Justin Richards, pour leur contribution, leur patience et leur foi. Caroline Skinner, ancienne coproductrice exécutive de Doctor Who, nous a conseillés durant nos premières recherches, et du côté de la BBC, les chefs de produit Matt Nicholls et Eward Russell ont effectué le suivi du projet. Ce livre ne pourrait exister sans l’aide des contributeurs et autres collectionneurs qui ont gracieusement prêté leurs accessoires, costumes, et autres trésors afin que nous puissions les photographier. Remerciements spéciaux à : Andrew Beech, Lee Binding, John Bloomfield, Piers Britton, Nick Bullen, Steve Cambden, David Carlisle, Toby Chamberlain, Pat Godfrey, Mick Hall, Grahame Flynn, Christopher Hill, June Hudson, Mat Irvine, Joel Nation, Ian O’Brien, Chris Pocock, David Pratt, JanVincent Rudzki, Gary Russell, Dez Skinn, Ken Trew, Mike Tucker, Alexandra Tynan, John Walker, Peter Ware et Colin Young. Les personnes interviewées, aujourd’hui ou à d’autres époques, sont citées dans le texte. Mes
remerciements à : Andrew Beech, Jeremy Bentham, Lee Binding, Andrew Cartmel, Phil Collinson, Terrance Dicks, Phil Ford, Graeme Harper, au regretté David Maloney, Richard Marson, Alan McKenzie, Steven Moffat, Gareth Roberts, Gary Russell, au regretté Ian Scoones, Dez Skinn, à la regrettée Elisabeth Sladen, Tom Spilsbury, Donald Tosh et à Mike Tucker. Par ailleurs, j’ai utilisé des citations tirées d’interviews ou d’articles des personnes suivantes : Jason Arnopp, Austen Atkinson, Alan Barnes, Jeremy Bentham, Nick Briggs, Benjamin Cook, Peter Griffiths, Jon Heckford, Mark Lawson, Gary Leigh, Ian McLachlan, Philip Newman, Andrew Pixley, Michael Stead et Mark Wyman. Merci à tous. En dehors de Doctor Who Magazine et de ses nombreux numéros spéciaux, les principaux ouvrages publiés que j’ai pu consulter sont The Doctor Who Production Guide :Volume Two – Reference Journal de Keith A Armstrong, David Brunt et Andrew Pixley (Nine Travellers Publishing/Global Productions, 1997) et Howe’s Transcendental Toybox de David J Howe et Arnold T Blumberg (Telos Publishing, 2000). Merci à eux également. D’autres sources ont été référencées au fil du texte. Une de mes aides les plus précieuses a été celle de Sharon, qui a pris en charge la maison et notre emploi du temps pendant les longs mois passés à explorer les trésors de Doctor Who. Nos enfants, Leo et Niamh, ne sont pas encore suffisamment vieux pour apprécier la série, mais j’y travaille. Enfin, merci à Steven Moffat pour avoir répondu à mes questions et pour avoir écrit une préface aussi engageante. Comme il le souligne, ceci n’est pas un livre de référence conventionnel. Et pourtant, ce voyage au travers des cinquante premières années de Doctor Who débute à son commencement...
Ci-dessous : Un ticket ayant la forme d’un TARDIS allongé a été réalisé pour la projection presse du lancement de la série sur la chaîne câblée asiatique StarHub. En bas à gauche : Plateau de jeu TARDIS et figurine du Dixième Docteur produits par Character Options en 2006.
1963 La plus longue série de science-fiction du monde a eu des
Newman a sermonné la productrice Verity Lambert et
débuts difficiles.
le réalisateur Waris Hussein mais il leur a donné une
Pendant son développement durant l’été 1963, il était prévu que Doctor Who fasse ses débuts avec un scénario de CE Webber intitulé The Giants et dans lequel le
une seconde fois. Le résultat peaufiné de plusieurs mois de préparation
mystérieux Docteur et ses compagnons de voyage se
a enfin été révélé au public lors de la diffusion de la
retrouvent rétrécis à une taille minuscule. L’histoire a été
nouvelle version de l’épisode, juste après 17h15, le samedi
reportée, en grande partie parce qu’elle a été jugée trop
23 novembre. Le timing était plutôt malheureux, car le
exigeante en termes de défi technique. En effet, Doctor
pays était encore sous le choc et désorienté par l’assassinat
Who était une série qui allait devoir être filmée comme
du président Kennedy qui avait eu lieu la veille.
une production en tournage direct dans les studios vétustes de Lime Grove, propriété de la BBC. Les éléments clés de l’épisode d’ouverture de Webber ont
Malgré tous ses défauts, 100 000 BC avait au moins le mérite de coller au concept de Newman, à savoir que la série devait inclure des voyages dans le passé à vocation semi-
été incorporés à An Unearthly Child , la première partie de
pédagogique. Newman considéra que la seconde histoire, le
l’histoire d’Anthony Coburn : 100 000 BC. An Unearthly
cauchemar futuriste The Mutants était en totale contradiction
Child est resté l’un des épisodes phares de Doctor Who, mais
avec son souhait d’éviter les pires excès du courant pulp de la
il est clair que les trois épisodes suivants, où l’on arpente
science-fiction. Il a d’abord rejeté les Daleks, les antagonistes
les grottes d’hommes et de femmes préhistoriques de l’ère
extra-terrestres de l’histoire, les qualifiant de « monstres
paléolithique sont devenus l’histoire d’ouverture de la série
grotesques ». Il était furieux que Lambert et son chef
plutôt par défaut.
scénariste David Whitaker aient détourné le programme de
D’autres problèmes sont apparus quand l’enregistrement originel d’An Unearthly Child a été jugé décevant par
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deuxième chance en leur permettant de tourner l’épisode
son concept d’origine aussi rapidement. L’Histoire allait bientôt prouver que Lambert avait bien
le co-créateur de la série, Sydney Newman. On y voyait
fait de suivre son instinct. À la fin de l’année 1963, Doctor
trop le manque de moyens techniques, le Docteur était
Who n’était diffusé que depuis six semaines, mais la série
excessivement cassant et sa petite-fille, Susan, trop étrange.
avait déjà dépassé ses créateurs.
Doctor Who LES ARCHIVES
LES MAÎTRES DU FEU
Ci-dessus : Les tout premiers outils de promotion de Doctor Who étaient des cartes postales envoyées aux spectateurs qui avaient écrit à la BBC et qui réclamaient des autographes des acteurs. Ces exemples montrent William Hartnell dans le rôle du Docteur (en haut à gauche), William Russell, l’interprète de Ian Chesterton (ci-dessus), et Carole Ann Ford, qui jouait Susan (à gauche). Ces portraits mettent en scène les personnages couverts de crasse de l’épisode The Firemakers, le quatrième opus de la première histoire, 100 000 BC. Ci-dessous : La création de Doctor Who est issue d’un effort collaboratif, mais trois hommes sont plus particulièrement responsables de la création du concept original. De gauche à droite : Sydney Newman, Donald Wilson et CE « Bunny » Webber.
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Doctor Who LES ARCHIVES
La remarquable longévité de Doctor Who est le résultat d’un format qui a évolué au fil des nécessités. Et cette flexibilité est en partie due au fait que la série n’a pas pour origine le travail d’un seul créateur. Cependant, à l’intérieur du comité établi, quelques membres clés se détachent. Leurs sensibilités opposées et leurs visions différentes des aspects traditionnels et modernes des séries télévisées se sont mêlées pour constituer un programme qui continue, encore aujourd’hui, de prospérer. En mars 1963, Donald Baverstock, le chef des programmes de BBC1 a repéré un vide dans le planning du samedi soir, entre le programme sportif Grandstand et l’émission préférée des adolescents , Juke Box Jury. Il décida que ce vide devrait être comblé par une série d’aventure capable de répondre aux attentes de ces deux types de public. Baverstock demanda à Sydney Newman, alors à la tête du Département de la fiction (télévisée) de superviser sa création. Newman délégua les premiers développements de la série à Donald Wilson, chef du Département des scénarios. Le processus fut lancé le 26 mars quand Wilson présida une réunion où on pouvait retrouver les scénaristes John Braybon, Alice Frick et Cecil Edwin « Bunny » Webber. L’année précédente, Braybon, Frick, et un autre auteur, Donald Bull, avaient répertorié diverses études de faisabilité de science-fiction pour Wilson. L’esprit de ces groupes de discussions s’est prolongé avec l’exploration de thèmes inspirés par la littérature fantastique. Pendant la réunion, Wilson a proposé une machine à voyager dans le temps : « qui ne voyagerait pas seulement dans le passé et dans le futur, mais aussi dans l’espace, et qui pourrait traverser tout type de matière ». Trois jours plus tard, CE Webber a suggéré
1963
À gauche : Un jeu de cartes postales postérieur incluait ces portraits promotionnels posés de Jacqueline Hill (à gauche), William Russel (au centre) et Carole Ann Ford (à droite). Sur ces cartes, malheureusement, Carole Ann Ford devait corriger une faute d’orthographe sur son nom. En bas, à gauche : William Hartnell s’arrête devant un TARDIS fraîchement peint pendant une répétition caméra lors du tournage original de An Unearthly Child, le 27 septembre. En bas, au centre : Le studio D de Lime Grove a pris la forme du dépotoir du 76 Totter’s Lane pour l’enregistrement de An Unearthly Child.
que, « quel que soit le contexte de cette série, nous devrions avoir au moins un scientifique parmi les personnages principaux ». Il recommandait de « créer des méchants adaptés à chaque histoire, si nécessaire. C’est une mise en place proche du western qui respecte le principe : des héros constants, un nouveau méchant pour chaque récit ». Au début du mois de mai, la série proposée était mentionnée sous le titre Doctor Who à la suite d’un déjeuner d’affaires pendant lequel on a rapporté que Rex Tucker, le producteur et réalisateur en charge, avait écrit le titre sur une serviette. Le casting régulier de quatre personnages avait été étoffé par Webber. Il a imaginé deux enseignants, un homme et une femme, et, à l’insistance de Newman, il devait aussi y avoir « un gamin qui puisse faire des erreurs et se créer des ennuis ». Il ajoutait « une
fille de 15 ans dont l’enseignement secondaire touche à sa fin, impatiente de se lancer dans la vie, d’un milieu plus modeste que la classe moyenne. » À la tête du casting se trouvait un mystérieux Docteur, décrit par Webber comme « un vieil homme frêle perdu dans le temps et l’espace. Ils lui ont donné ce nom parce qu’ils ne savent pas qui il est... Il possède une “machine” qui leur permet de voyager tous ensemble dans le temps, l’espace, et à travers la matière. » Webber a ajouté que ce Doctor Who « demeure toujours une sorte de mystère et le public devra plutôt l’appréhender à travers les yeux des trois autres personnages... »
Ci-dessous : À la suite de la réunion présidée par Donald Wilson le 26 mars 1963, le développement de la nouvelle série a progressé rapidement. Ce rapport, envoyé par CE Webber à Wilson trois jours plus tard, rassemblait des éléments de la conversation pour en faire une proposition de série intitulée The Troubleshooters. Certains éléments de cette proposition se retrouvent dans le concept final de Doctor Who.
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1963
En haut à gauche : Le Docteur et son « vaisseau » sont décrits dans cette ébauche de trois pages préparée par Wilson, Webber et Newman le 16 mai. En haut : William Hartnell et William Russel répètent une scène de la première histoire dans la salle des commandes du TARDIS conçue par Peter Brachacki. Le décor a été en grande partie réalisé par un fabricant spécialisé dans les accessoires, Shawcraft Models (Uxbridge) Ltd, et a coûté la somme plutôt astronomique de près de 4000 £. Ci-dessus : Une vue du décor du dépotoir tel qu’on peut le voir dans la séquence d’ouverture de An Unearthly Child. À gauche : Ce qui se rapprochait le plus d’un jouet Doctor Who en 1963 était cette « cabane de police », un moulage sous pression produit à l’origine par Dinky entre 1936 et 1941.
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Doctor Who LES ARCHIVES
Le document de mai, intitulé Doctor Who : Résumé général du contexte et de l’approche, continuait à dérouler les idées de Wilson et Webber pour la structure narrative de la série : « La “machine” de Doctor Who comporte beaucoup d’artifices classiques pour de la science-fiction. Mais nous n’écrivons pas de la science- fiction. » L’apparence du vaisseau ne devait donc pas être futuriste ou tirée par les cheveux. « Si on le cache en prenant le postulat de quelque chose de banal, disons, une chose à laquelle nous n’accordons pas d’importance, et que cela nous permet de passer d’un objet commun comme un abri de veilleur de nuit à une merveilleuse invention débordant de systèmes électroniques frémissants, ça nous donnerait tout simplement une nouvelle version de cette bonne vieille porte magique... La découverte du vieil homme et de sa machine devrait occuper une grande partie du premier épisode. » Le nouveau programme devait s’inscrire dans une structure épisodique qui était courante à cette époque ; une ponctuation hebdomadaire de l’histoire qui restait familière pour le public et rassurante pour les producteurs qui tenaient à économiser leurs ressources. Chaque épisode
1963
devait durer 25 minutes, ce qui permettait aux diffuseurs étrangers d’y ajouter des publicités tout en restant dans une fourchette de durée inférieure à 30 minutes. La note du mois de mai spécifiait que chaque nouvel opus devait « commencer en répétant la séquence de fin ou le climax de l’épisode précédent ». Des notes manuscrites de Sydney Newman donnaient des détails à ce propos, avec la recommandation suivante : « Chaque épisode doit se terminer par un cliffhanger haletant – rideau. » Le 16 mai, Wilson, Webber et Newman étaient tous les trois crédités comme auteurs d’un document qui résumait les caractéristiques d’un format très inhabituel qui n’était entravé par les codes d’aucun genre précis : « La série n’est pas de la fantasy, ni un récit de voyage dans le temps ou de sciencefiction... Grâce à leur vaisseau, nos personnages principaux pourront se retrouver aussi bien sur les côtes britanniques à l’arrivée de César et de ses légionnaires en 44 après J.C, que réduits à la taille d’une épingle dans le laboratoire de leur propre école, ou encore sur Mars, ou Vénus, etc. » En accord avec la nature de plus en plus singulière de la série, le « vaisseau » devait au départ avoir « l’apparence d’une cabine de police
placée dans une ruelle, mais quiconque y entrerait se retrouverait confronté à un amas de dispositifs électroniques. Bien qu’il soit impressionnant, il ne s’agit que d’un vieux modèle que le Docteur a volé lors de la fuite de sa propre galaxie en l’an 5733. Comme son fonctionnement reste incertain, et qu’en plus de cela, Doctor Who n’est pas complètement sûr de savoir le faire marcher, ils doivent apprendre par tâtonnement. » Avec ces premières bases mises en place la série s’est développée rapidement sous la direction de Newman. Il invita Verity Lambert, qui était assistante de production sur son poste précédent chez ABC télévision, à devenir la productrice de cette nouvelle émission. David Whitaker l’a rejointe en tant que chef scénariste et le rédacteur James Anthony Coburn incorpora les idées de Webber dans l’histoire d’ouverture en quatre parties. Dans le processus, il donna au vaisseau du Docteur le nom de TARDIS pour Time And Relative Dimension In Space*.
À gauche : William Hartnell incarnait « Dad » Johnson, dans le film de Lindsay Anderson, Le Prix d’un homme, sorti en janvier 1963. L’image de droite est un des portraits originels de Hartnell incarnant le Docteur, un cliché de Douglas Playle pris en septembre 1963. Hartnell travaillait déjà sur Doctor Who depuis plusieurs mois quand Verity Lambert lui a expliqué qu’il avait été choisi pour la qualité de son interprétation du personnage de « Dad ». En bas à gauche : Les voyageurs fuient et se réfugient dans le TARDIS, dans l’épisode The Firemaker. Ci-dessous : La distribution complète est réunie pour la première fois le 20 septembre 1963 alors que les acteurs prennent part à une séance photo dans des décors des studios (du Television Centre) de la BBC maquettés tout spécialement pour l’occasion. Il n’y a pas que le décor qui diffère entre cette version et la version finale d’An Unearthly Child. William Russell y apparaît sans son pardessus et Jacqueline Hill y porte un costume entièrement différent. Cette image est le premier visuel de Doctor Who à apparaître dans Radio Times la semaine précédant la diffusion de la nouvelle série. Cette même image représentait An Unearthly Child dans le numéro spécial de Radio Times publié à l’occasion du trentième anniversaire de Doctor Who. *Temps à Relativité Dimensionnelle Inter Spatiale
Doctor Who LES ARCHIVES 15
1963
Ci-dessus : La maquilleuse Elizabeth Blattner s’occupe de William Hartnell pendant le tournage de The Firemaker, le 9 octobre au sein des Studios Ealing. À droite : Une lettre de l’auteur de 100 000 BC, Anthony Coburn, au chef scénariste, David Whitaker. À l’extrême droite : Hartnell et Carole Ann Ford rencontrent la presse à l’hôtel Langham, en face du siège de radiodiffusion de la BBC, le 21 novembre. Ci-dessous : Barbara est piégée par une horreur invisible à la fin de The Dead Planet, premier épisode de The Mutants.
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Doctor Who LES ARCHIVES
Le réalisateur Waris Hussein fut engagé, et à la fin du mois de juillet la distribution des acteurs réguliers et leurs contrats étaient finalisés. La petite- fille adolescente du Docteur, Susan, était jouée par Carole Ann Ford. Le professeur d’histoire Barbara Wright était interprété par Jacqueline Hill et le professeur de sciences Ian Chesterton, par William Russel. Le rôle-titre de la série fut attribué au comédien chevronné William Hartnell. Le tournage des scènes filmées pour le premier feuilleton, 100 000 BC, commença le 19 septembre. La majeure partie de l’histoire serait immortalisée sur bandes-vidéo, et l’enregistrement du matériel pour An Unearthly Child eut lieu le 27 septembre. Ayant trouvé l’épisode décevant, Sydney Newman demanda un nouveau montage. An Unearthly Child fut réenregistré le 18 octobre, reléguant la version originale au statut de pilote non diffusé. C’est le matériel réenregistré, combiné aux prises existantes qui constitua le premier épisode de Doctor Who, diffusé le samedi 23 novembre. L’épisode a été regardé par 4,4 millions de spectateurs. Un résultat modeste, sans doute imputable à une panne de courant. À cause de cette panne et de son interruption, l’épisode a été rediffusé juste avant le nouvel opus, la semaine suivante. Il attira cette fois 6,6 millions de spectateurs. Le succès de Doctor Who peut être
attribué à un certain nombre de facteurs. Les caractéristiques convenues du genre de la sciencefiction étaient largement masquées par des excentricités telles qu’une machine à voyager dans le temps déguisée en cabine de police. Avec les quatre personnages principaux, cependant, les créateurs de la série avaient créé le reflet d’une famille traditionnelle comprenant un enfant précoce, deux parents sages et un grand-père / oncle espiègle. L’impression a été renforcée lors du processus d’écriture par Coburn, qui est apparemment celui qui a décidé de faire de Susan la petite-fille du Docteur. Coburn avait défendu une hypothèse de départ où un vieil homme surveillait jalousement une écolière, mais sa décision ne convenait pas à Newman et affaiblissait l’un des atouts majeurs du concept, à savoir son ambiguïté. Le fait que si peu de choses aient jamais été
1963
En haut à gauche : Cet article est paru dans l’édition du 24 octobre 1963 de la revue professionnelle Kinematograph Weekly. Il annonçait que la série serait enregistrée au Television Centre de la BBC et prédisait qu’elle « ferait preuve de ce type de sens du spectacle propre au flair de Newman ». Ci-dessus : « Le cosmos tout entier leur appartient », promettait Radio Times dans une critique alléchante. À gauche : Une copie du télégramme envoyé par Donald Wilson à Sydney Newman le 27 novembre.
révélées sur le Docteur et son TARDIS a permis aux auteurs et au public de projeter leurs propres interprétations sur la série, et de les faire évoluer en permanence. Cette ambiguïté a été favorisée par une légère différence entre la version originale et la version finalisée d’ An Unearthly Child. Dans le pilote, Susan explique à une Barbara incrédule : « Je suis née au quarante-neuvième siècle. » Dans la version diffusée, le dialogue a été modifié en faveur d’une information plus vague : « Je suis née en d’autres temps, dans un autre monde… » Car la question centrale qui a intrigué les spectateurs pendant des décennies est contenue dans le titre même de la série, Doctor Who. Un nom qui continue d’évoquer la fascinante combinaison de science et de mystère conçue par Donald Wilson, Bunny Webber et Sydney Newman durant l’été 1963.
Ci-dessous : Le décor de ville et de paysage originel jamais utilisé qui avait été réalisé pour The Dead Planet. Une équipe artistique indépendante de chez Shawcraft avait réalisé cette maquette rejetée par Raymond Cusick.
SAISON UN
Producteur : Verity Lambert Producteur associé : Mervyn Pinfield Chef scénariste : David Whitaker A 100,000 BC (alias An Unearthly Child)
31 août – 8 novembre écrit par Anthony Coburn (et CE Webber, non crédité) réalisé par Waris Hussein An Unearthly Child 23 novembre An Unearthly Child 30 novembre (rediff) The Cave of Skulls 30 novembre The Forest of Fear 7 décembre The Firemaker 14 décembre
B The Mutants (alias The Daleks) 28 octobre – 10 janvier 1964 écrit par Terry Nation réalisé par Christopher Barry et Richard Martin The Dead Planet 21 décembre The Survivors 28 décembre
Doctor Who LES ARCHIVES
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1964 La première année complète de diffusion de Doctor Who a vu se concrétiser les aspirations de ses créateurs qui voulaient présenter
The Reign of Terror conduisit le Docteur et ses compagnons
des aventures se déroulant dans le passé, dans le futur, et « à
à Paris pendant la Révolution française. William Hartnell était
côté » du temps. The Mutants, le feuilleton en sept parties qui
ravi, et il déclara plus tard que cette histoire était sa préférée.
introduisait les Daleks, s’est achevé le 1 février alors que Doctor
L’épisode final mit un terme à la première saison avec un
Who était suivi chaque semaine par un public régulier de près de
dialogue où le Docteur dit à Ian : « Notre destin se trouve au
dix millions de téléspectateurs.
sein des étoiles, alors partons à sa rencontre. »
er
Des contraintes budgétaires sont à l’origine de la décision
Les enregistrements continuèrent cependant avec Planet
de la production de tourner Inside the Spaceship, un épisode
of Giants, une réalisation tardive de l’idée des personnages
claustrophobique en deux épisodes qui avait pour décor le
rétrécis développée par CE Webbers en 1963. Incorporant
vaisseau vivant qu’est le TARDIS. Les portes du vaisseau se
des éléments de thriller politique, le scénario de Louis Mark
sont finalement rouvertes pour révéler le début d’une aventure
ressemblait au début d’un épisode de Chapeau melon et
épique avec Marco Polo. En chemin, le Docteur évoluait petit
bottes de cuir, une création précédente de Sydney Newman,
à petit pour devenir une figure plus bienveillante et paternelle
et il a été raccourci à trois épisodes au lieu de quatre lorsque
à l’intérieur de la petite famille des personnages récurrents de
le tournage fut terminé.
la série. Marco Polo et The Aztecs, tous deux écrits par John
La première période d’enregistrement de la série s’est
Lucarotti, allaient devenir deux des récits historiques les plus
achevée sur une confrontation très attendue entre le Docteur
appréciés de toute l’histoire de la série.
et ses déjà célèbres ennemis jurés dans The Dalek Invasion of
Un grand nombre des aventures de science-fiction réalisées
Earth. Ce scénario typiquement ambitieux de Terry Nation
en 1964 étaient bien fades en comparaison. Le scénario de
mettant en scène la revanche des Daleks a utilisé pour la
la quête The Key of marinus était un exemple flagrant : le
première fois de vastes décors, et son enregistrement prit fin
programme y était clairement victime de ses ambitions. The
au mois d’octobre. Plus de 12 millions de téléspectateurs ont
Sensorites était un feuilleton plutôt soporifique, mais il avait
vu le Docteur dire adieu à sa petite-fille lors de la diffusion
tout de même le mérite de présenter ses aliens télépathes sous
de l’épisode final, le lendemain de Noël (Boxing Day).
un angle intéressant et pas seulement comme des monstres. En chemin, on note un développement intrigant du personnage de
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Susan que les scénaristes avaient eu tendance à négliger.
Doctor Who LES ARCHIVES
Les Daleks avaient assuré un futur à Doctor Who, et un nouveau planning de tournage était déjà lancé...
L’HEURE DE VÉRITÉ
Ci-dessus : Bien qu’il ait été prévu d’offrir la couverture de Radio Times à Doctor Who pour la semaine du lancement de la série, le manque de foi en ce programme de la part de la direction de la BBC a poussé le magazine à présenter à la place une photographie du comédien Kenneth Horne dans son numéro du 23 au 29 novembre 1963. Donald Wilson a protesté auprès de l’éditeur du magazine, qui a finalement proposé une couverture illustrant le programme dans son numéro du 22 au 28 février 1964. Cette photographie tirée du feuilleton Marco Polo a créé une controverse : l’agent de William Russel s’est plaint qu’elle ne montrait aucun acteur récurrent de la série hormis William Hartnell. Wilson partageait ses préoccupations et les a transmises à la rédaction. En haut à droite : La productrice Verity Lambert photographiée en décembre1963 dans les studios de Lime Grove. Elle passe en revue les bandes d’effets sonores préparés pour Doctor Who par l’atelier Radiophonique BBC.
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En toute logique pour un programme qui avait pour protagoniste principal un exilé, les débuts de Doctor Who ont été dirigés par des outsiders. L’équipe de production d’origine de la série incluait un certain nombre de francs-tireurs qui ont créé ce qu’il y avait de mieux à la télévision de l’époque, mais qui ont dû passer leur première année ensemble à batailler avec l’administration de la BBC, et parfois même, à se battre les uns contre les autres. Sydney Newman était un Canadien venu de la télévision commerciale, connu pour son franc -parler, et qui avait rejoint la Corporation en janvier 1963. Verity Lambert n’était pas le premier choix de Newman pour produire Doctor Who. Il ne s’est tourné vers elle qu’après avoir essuyé un refus de Don Taylor et de
Richard Bates, qui avaient plus d’expérience. Mais il a déclaré plus tard que choisir Lambert comme productrice avait été la meilleure décision qu’il ait jamais prise à propos de cette série. C’était certainement un choix téméraire : Lambert était la seule femme productrice du Département de fiction de la BBC. À tout juste 27 ans, elle était aussi la plus jeune. « J’avais pleinement conscience d’être une vraie bizarrerie au sein du Département de fiction, se souvient Lambert. Je devais convaincre des gens qui géraient des départements entiers et qui nous fournissaient les équipements, et beaucoup d’entre eux ont mis très longtemps à me faire confiance. Le Département de création en particulier était vraiment horrible et ils se sont très mal
1964 comportés. C’était absolument inqualifiable. » Lambert a trouvé un collaborateur plus coopératif en la personne de Waris Hussein, le réalisateur d’origine indienne de 100 000 BC. Hussein n’avait que 24 ans quand il a commencé à travailler sur le programme, et, comme Lambert, il avait presque vingt ans de moins que la plupart de ses collègues de la BBC. Par ailleurs, il savait pertinemment que ce n’était pas la seule chose qui pouvait le mettre à part. « En tant qu’asiatique, j’étais une sorte de phénomène, expliquet-il. Personne n’en parlait, mais il y avait une gène palpable qui a nourri mes propres insécurités... Ça a été difficile pour moi. Une épreuve personnelle. » Les réticences rencontrées par la série se sont même étendues à l’auteur australien Anthony Coburn qui a écrit 100 000 BC. D’après Hussein, Coburn méprisait le nouveau programme et disparaissait sitôt après avoir livré ses scénarios. « Verity devait faire face à un auteur et à un réalisateur qui ne voulaient rien avoir à faire avec cette histoire d’hommes des cavernes. David Whitaker, le chef scénariste, était bienveillant et très investi dans tout ça, mais je ne pense pas qu’il ait eu beaucoup d’estime pour ces premiers épisodes, lui non plus. » Newman s’est disputé avec Lambert à propos de la séquence-titre, plutôt abstraite, et du thème de la série. Un désaccord entre Nation et Whitaker a dégénéré au point qu’ils en sont venus aux mains, et le réalisateur Richard Martin a perdu son sang-froid face à Lambert. « Un jour, alors que j’étais là à suer sang et eau pour faire en sorte que ce programme fonctionne, elle a arrêté l’enregistrement pour un problème de chapeau ! Je me suis cassé le petit doigt en frappant le bureau et en lui disant d’aller au diable ! »
À gauche : Partition du thème de Ron Grainer publiée en 1964. La couverture semblait créditer Terry Nation comme unique auteur de la série. Ci-dessous : La tunique portée par Mark Eden qui jouait le rôle-titre de Marco Polo. Le vêtement présente des traces de la customisation effectuée pour un autre épisode de Doctor Who l’année suivante, alors qu’il était porté par Julian Glover dans The Crusade. Au centre : Jacqueline Hill, Carole Ann Ford, William Hartnell et Mark Eden pendant les répétitions caméras de l’épisode Mighty Kublai Khan du feuilleton Marco Polo. En bas à gauche : Trois des plus importants contributeurs au succès de Doctor Who à ses débuts. De gauche à droite, le réalisateur Waris Hussein, le chef scénariste David Whitaker et l’auteur Terry Nation.
1964 À droite : Verity Lambert partage une pause thé avec William Hartnell et William Russel sur le plateau de Inside the Spaceship. Au centre : Ixta (Ian Cullen) défie Ian dans The Day of Darkness, le quatrième épisode de The Aztecs. Le combat a été organisé dans les Studios Ealing et a bénéficié d’un montage plus complexe que ce qu’il était possible de faire avec les séquences enregistrées sur bandes-vidéo pour le programme. Ci-dessous : La coiffe portée par Cullen et conçue par Daphne Dare.
De 1963 à 1964, Lambert a aussi dû faire face à l’hostilité des gestionnaires de la BBC. Le format sans précédent de Doctor Who nécessitait une approche plus cinématographique mais il était invariablement restreint par un budget de 2 300 £ par épisode et par la qualité des installations du studio. En 1964 Hussein est revenu travailler sur Doctor Who avec un feuilleton cher aux fans, Marco Polo. Il s’est débattu pour réussir à raconter le voyage épique de l’équipage du TARDIS dans le Cathay du XIIIème siècle malgré des conditions épouvantables. « Le meilleur équipement disponible se trouvait au Television Centre, mais on nous a attribué le plus vieux studio, à Lime Grove. Il était bon pour la démolition quand on y a travaillé, et le matériel de tournage était déplorable. » The Aztecs a été l’un des points culminants de la première saison, ce qui est plutôt surprenant quand on sait que le réalisateur, John Crockett, ne possédait même pas de télévision. (« Mon vieux, je n’aimerais pas avoir ce truc chez moi », a-t-il dit au chorégraphe des
1964 À droite : Carole Ann Ford est menacée par un extraterrestre Voord (Peter Stenson) pendant une séance photo pour l’épisode The Keys of Marinus, le 10 avril. À gauche : L’illustration originale de Richard Jenning pour le frontispice de The Dalek Book, publié par Souvenir Press le 30 septembre. Il a été crédité à David Whitaker et Terry Nation et « est basé sur les chroniques Daleks découvertes et traduites par Terry Nation ». Au centre : La première édition de Doctor Who in an exciting adventure with the Daleks a été publiée le 21 novembre. Le roman a été écrit par Whitaker et il est basé sur l’histoire originale des Daleks imaginée par Nation.
combats, Derek Ware.) Son deuxième épisode, The Warriors of Death, marque le premier enregistrement d’un épisode de Doctor Who au Television Centre de la BBC. L’ambition de Newman était de faire du Television Centre le lieu de tournage permanent de Doctor Who. Pendant ce temps, Lambert se battait après que la série ait été reléguée au Studio G de Lime Grove, un endroit encore plus bizarre que le familier mais détesté Studio D. Lambert était d’autant plus frustrée que Donald Baverstock ne s’était pas engagé fermement sur un grand nombre d’épisodes. En 1963, le magazine Tisbits avait salué cette durée de 52 semaines comme un événement historique à la télévision, mais la réalité était plutôt différente en 1964 : Baverstock ne s’engageait que sur treize épisodes à la fois, exerçant une pression énorme sur Lambert et Whitaker.
Bien que paraissant très confiante en ce qu’elle portait à l’écran, Lambert était extrêmement prudente en coulisses . Inside the Spaceship ne requérait presque aucun décor additionnel ce qui lui a permis d’amortir les coûts de fabrication considérables de la salle des commandes du TARDIS. Cet épisode en deux parties a aussi permis de boucler un premier bloc de 13 épisodes de Doctor Who, créant un ensemble adapté à la programmation trimestrielle dans le cas où la série ne serait pas renouvelée. Ce n’est que le 13 février 1964 que Baverstock a finalement donné son accord pour que les acteurs récurrents soient engagés sur la totalité des 52 semaines de leur contrat. Le succès foudroyant des Daleks a sans aucun doute joué un rôle dans cette décision, et il a aussi donné à Newman quelques leviers pour négocier de meilleures installations
techniques. La plus grande partie de The Reign of Terror a été tournée au Studio G du Studio de Lime Grove (complètement dépassé, le réalisateur Henric Hirsch s’est effondré au milieu de la production) mais Planet of Giants a été produit au Television Centre. Le premier cycle d’enregistrement de Doctor Who
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1964
À droite : Ces bonbons cigarettes ont été commercialisés par Cadet de 1964 jusqu’à la fin de la décennie. Chaque boîte contenait dix bonbons en forme de cigarette et l’une des 50 images numérotées illustrées par Richard Jennings. Les cartes représentaient les Voords, ainsi que l’Empereur Dalek au dôme doré que Jennings avait illustré pour la première fois dans The Dalek Book. Ci-dessous : Un des jouets les plus prisés du Noël 1964, le Dalek original à piles produit par Louis Marx & Cie.
s’est achevé avec The Dalek Invasion of Earth, réalisé au sein des Studios Riverside. Une autre session d’enregistrement se profilait donc à l’horizon. Les désaccords personnels avaient été mis de côté, et, du moins à ce momentlà, Doctor Who avait gagné le respect des gestionnaires de la BBC. Pourtant, un ressentiment latent qui ne serait pas résolu persistait en trame de fond de toute cette aventure. Carole Ann Ford était
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une actrice occasionnelle quand Waris Hussein l’a repérée sur un moniteur du Television Centre. De son propre aveu, jouer Susan l’avait élevée au statut de popstar. Sa célébrité récente était telle qu’elle avait pu partager l’écran avec de vraies pop stars telles qu’Adam Faith et Georges Harrison lors de son apparition dans l’émission préférée des ados, Juke Box Jury. Mais ce genre de publicité ne pouvait qu’augmenter le risque de l’enfermer dans un certain type de rôles, et elle n’avait pas l’impression que les scénarios qu’elle recevait grâce à la série étaient une compensation suffisante. Susan incarnait « l’enfant céleste » de l’épisode d’ouverture, mais depuis cet opus, Ford était consternée de voir que la promesse et l’histoire du personnage esquissée à ses débuts avaient été largement oubliées. Marco Polo, son histoire favorite,
1964 À gauche : Le 28 novembre, Carol Ann Ford dédicace des exemplaires du Dalek Book dans la boutique Gamages à Londres. Elle est à l’intérieur d’une moitié de costume Dalek , une marchandise de luxe produite par le fabricant de jouets Scorpion. Ci-dessous : Le groupe originaire de Newcastle The Go-Go’s jouait « I’m gonna spend my christmas with a Dalek » dans ce 45 tours sorti en décembre. Le producteur Johnny Worth a judicieusement pris le pseudonyme de « Les Vandyke » dans les crédits du disque.
offrit à Susan quelques scènes mémorables avec Ping-Cho (interprété par Ziena Merton), et dans The Sensorites, elle recevait des messages télépathiques de la part des créatures extraterrestres. Mais alors que la première saison progressait, plus rien ne semblait remarquable ou mystérieux en la personne de la petite-fille du Docteur… Ford aurait voulu partir plus tôt de la série, mais elle était liée par contrat à la même durée de 52 semaines que ses costars. William Hartnell lui a écrit une lettre pour essayer de la persuader de rester, mais elle était résolue à partir au plus vite. Elle passa directement de Doctor Who à un rôle majeur dans une pantomime ou elle jouait face à Diana Dors, mais elle expliqua plus tard que selon elle, le programme avait fait du tort à sa carrière sur le long terme. Le contrat de David Whitaker arrivait aussi à échéance, et son dernier travail en tant que chef scénariste a été de réécrire la scène finale de Susan dans Flashpoint, l’épisode de clôture de The Dalek Invasion of Earth. Susan tombe amoureuse du résistant David Campbell (Peter Fraser), et le Docteur la laisse donc construire une nouvelle vie dans les ruines du Londres du XXIIème siècle. C’était un adieu abrupt mais poignant à un personnage qui avait un temps paru être un élément essentiel du programme. Doctor Who allait continuer sans Susan, son départ étant l’un des premiers signes que la série était maintenant bien plus importante que sa distribution.
SAISON UN
Producteur : Verity Lambert Producteur associé : Mervyn Pinfield Chef scénariste : David Whitaker
réalisé par John Crockett The Temple of Evil The Warriors of Death The Bride of Sacrifice The Day of Darkness
B The Mutants (suite)
G The Sensorites (Mai – 10 juillet)
The Escape The Ambush The Expedition The Ordeal The Rescue
(suite)
4 janvier 11 janvier 18 janvier 25 janvier 1er février
C Inside the Spaceship (alias The Edge of Destruction) (7 – 24 janvier) écrit par David Whitaker réalisé par Richard Martin et Frank Cox The Edge of Destruction 8 février The Brink of Disaster 15 février D Marco Polo (13 janvier – 13 mars)
écrit par John Lucarotti réalisé par Waris Hussein et John Crockett The Roof of the World 22 février The Singing Sands 29 février Five Hundred Eyes 7 mars The Wall of Lies 14 mars Rider from Shang-Tu 21 mars Mighty Kublai Khan 28 mars Assassin at Peking 4 avril
E The Keys of Marinus (Mars – 24 avril)
écrit par Terry Nation réalisé par John Gorrie The Sea of Death The Velvet Web The Screaming Jungle The Snows of Terror Sentence of Death The Keys of Marinus
11 avril 18 avril 25 avril 2 mai 9 mai 16 mai
F The Aztecs (13 avril – 22 mai) écrit par John Lucarotti
23 mai 30 mai 6 juin 13 juin
écrit par Peter R. Newman réalisé par Mervyn Pinfield et Frank Cox Strangers in Space 20 juin The Unwilling Warriors 27 juin Hidden Danger 11 juillet A Race Against Death 18 juillet Kidnap 25 juillet A Desperate Venture 1er août
H The Reign of Terror
K The Dalek Invasion of Earth
SAISON DEUX
L The Rescue (16 novembre– 11 décembre)
(15 juin – 14 août) écrit par Dennis Spooner réalisé par Henric Hirsch (et John Gorrie, non crédité) A Land of Fear 8 août Guests of Madame Guillotine 15 août A Change of Identity 22 août The Tyrant of France 29 août A Bargain of Necessity 5 septembre Prisoners of Concergerie 12septembre
Producteur : Verity Lambert Producteur associé : Mervyn Pinfield Chef scénariste: Dennis Spooner (sauf indication contraire)
I Planet of Giants (30 juillet – 11 septembre)
écrit par Louis Marks réalisé par Mervyn Pinfield et Douglas Camfield Chef scénariste : David Whitaker Planet of Giants 31 octobre Dangerous Journey 7 novembre Crisis 14 novembre
(23 août – 23 octobre) écrit par Terry Nation réalisé par Richard Martin Chef scénariste : David Whitaker World’s End 21 novembre The Daleks 28 novembre Day of Reckoning 5 décembre The End of Tomorrow 12 décembre The Waking Ally 19 décembre Flashpoint 26 décembre écrit par David Whitaker réalisé par Christopher Barry The Powerful Enemy 2 Janvier Desperate Measures 9 Janvier
M The Romans
(17 novembre – 15 janvier 1965) écrit par Dennis Spooner réalisé par Christopher Barry The Slave Traders 16 janvier All Roads Lead to Rome 23 janvier Conspiracy 30 janvier Inferno 6 février
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1965 Une année extraordinaire débuta avec la diffusion de The Rescue, premier récit de la seconde session d’enregistrement
Verity Lambert quitta la série après The Time Medler, un
de Doctor Who. Ce mystère en deux parties de David
mélange novateur d’aventure historique et de science -fiction.
Withaker avait été conçu de manière à introduire le nouveau
Peter Butterworth interprétait le moine du rôle-titre, un
compagnon de voyage Vicki (Maureen O’Brien), une
membre de la race (pour l’instant sans nom) du Docteur.
adolescente orpheline du XXVème siècle. The Romans, un récit historique en quatre parties
Un nouveau producteur, John Wiles et un nouveau chef scénariste, Donald Tosh, arrivèrent pour la production
du nouvel auteur Dennis Spooner se présentait sous la
de Galaxy 4, un conte moral animé par les Amazones
forme d’une farce extravagante. La torpeur inquiétante de
Drahvins, les Rills à l’odeur d’ammoniac et leurs robots
The Web Planet semble bien morne en comparaison. Le
miniatures surnommés Chumblies par Vicki. La seconde
conflit entre Menoptra et Zarbi était potentiellement le
session d’enregistrement s’est achevée avec Mission to the
scénario le plus excessivement ambitieux de l’histoire du
Unknown, une aventure avec les Daleks sous la forme d’un
programme tout entier, et ce feuilleton qui a coûté très
épisode isolé qui n’incluait aucun membre du casting régulier.
cher s’est aussi révélé impopulaire auprès des critiques. Le
La troisième session d’enregistrement a débuté avec
retour à la normale s’est effectué avec un drame historique
The Myth Makers, un voyage dans la Troie du XIIème siècle
documenté : The Crusade.
où Vicki est remplacée par la servante Katarina (Adrienne
Le premier épisode de The Space Museum valait le coup
Hill). Wiles et Tosh se sont ensuite unis pour s’attaquer à un
d’œil, avec sa série de voyages « latéraux » dans le temps qui
héritage lourd à porter. The Daleks’ Master plan a été conçu
culminait lorsque les voyageurs se retrouvaient confrontés
comme une histoire en six parties, mais il s’est finalement
à des versions futures d’eux-mêmes exposées dans des
retrouvé étiré en un lourd feuilleton de douze parties à la
vitrines. Dans The Chase, les Daleks chassaient le TARDIS
demande de la direction de la BBC. L’épisode diffusé le
avec leur propre machine à voyager dans le temps, offrant
25 décembre montrait même le Docteur en train de briser
finalement au Docteur l’opportunité de ramener Ian et
le quatrième mur et souhaitant un « Joyeux Noël à vous tous
Barbara chez eux à la fin de l’épisode. Ils furent remplacés
qui nous regardez à la maison » !
par Steven Taylor (Peter Purves), un astronaute cherchant un refuge lors d’un violent affrontement entre les Daleks et
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leurs adversaires sphériques, les Mechonoïdes.
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Une fin appropriée pour une année d’expérimentations sans précédent...
UNE NATION DALEK
Ci-dessus : En décembre 1964, la BBC prêta deux des Daleks de The Dalek Invasion of Earth pour l’exposition annuelle Boys and Girls du Daily Mail à Olympia, à Londres. Ce Dalek était placé sur la route empruntée par les visiteurs qui parcouraient les lieux, installés dans un transporteur de marchandises converti pour l’occasion. En haut à droite : L’une des deux illustrations réalisées pour The Dalek Writting Pad, publié par Newton Mills en 1965.
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Avec 165 personnes travaillant aux Départements feuilletons, séries et pièces de théâtre sous sa responsabilité, Sydney Newman ne pouvait plus rester proche de toutes ses productions. Il vit donc pour la première fois un Dalek dans le second feuilleton, The Mutants, alors qu’il était installé devant sa télévision, chez lui. Donald Wilson avait furieusement dénigré l’histoire à l’étape du scénario, mais Newman était vraiment en colère. Il convoqua
Verity Lambert dans son bureau le lundi matin et l’accusa d’avoir trahi sa confiance en introduisant dans Doctor Who ce qu’il voulait à tout prix éviter : des monstres ridicules. « Mais elle m’a soigneusement expliqué qu’ils n’étaient pas vraiment de la même famille que ces stupides monstres globuleux, expliquait- t-il au Daily Sketch en 1969. C’étaient de véritables humains qui avaient perdu leurs membres, de très sympathiques morceaux de ferraille. » L’engagement de Newman pour un réalisme social moins propre ainsi qu’un ton semipédagogique était réprouvé par le créateur des Daleks, Terry Nation. « Il restait encore des bribes de l’école du “kitchen sink” (mouvement culturel réaliste de la fin des années 50 NdT) et j’en avais assez des gens qui avaient des problèmes réalistes, raconte Nation en 1965. Je voulais produire du divertissement sans morale ou valeurs sociologiques. Il y a de très bons auteurs qui feront certainement évoluer la dramaturgie, mais je ne fais pas partie de ceux-là. » Newman avait cependant sous- estimé la subtilité et le sous- texte du scénario de Terry Nation en faisant initialement abstraction du contexte fascinant et de la motivation qui place les Daleks bien loin
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des méchants de série B auxquels ils peuvent faire penser de par leur apparence. Les Daleks ne sont pas du tout des robots, ce sont les pathétiques victimes de radiations enfermées dans des machines qui leur permettent de poursuivre leur vendetta contre toutes les formes de vie qui leur sont différentes. Les analogies avec le nettoyage ethnique nazi étaient sous-jacentes dans le slogan glaçant de ces créatures : « Exterminate !» (« Exterminez ! ») Newman n’avait pas non plus réussi à prévoir l’énorme attrait des spectateurs pour les Daleks. Il faut partager le crédit de ce plébiscite entre Nation et le concepteur Raymond Cusick, dont la vision complètement inhumaine a créé un fort impact sur le public, avant même que l’horreur réelle de l’idée de Nation ne soit révélée. « J’ai conçu le design originel en trois heures, ensuite j’ai fait quelques dessins au bureau le vendredi après-midi et je les ai amenés à la maison pour les finir le dimanche après-midi, explique Cusick, en 1965. Je me suis rendu compte qu’ils auraient besoin d’un opérateur humain, alors le concept de base a été créé autour de la forme d’un homme sur un tricycle. Au départ, je voulais y placer des nains parce que je pensais que ce serait bien que les Daleks soient plus petits que des humains. En fait, j’étais en train de fabriquer des acteurs mécaniques. » Les Daleks allaient modifier la ligne directrice de Doctor Who, l’orienter vers des thèmes plus
En haut : La couverture et la première page de la brochure promotionnelle de BBC Enterprises en 1965. Les autres pages reproduisent une sélection de commentaires issus de la presse à propos du programme et proposent aux diffuseurs étrangers « plus de 50 programmes d’une demi-heure consacrés aux étranges aventures du Doctor Who ». En haut à droite : Cette publicité de Louis Marx & Cie est apparue dans le numéro de mars 1965 du magazine professionnel Games & Toys. La nouvelle ligne de marchandises Daleks devait sortir pour coïncider avec la diffusion de The Chase, la troisième aventure les mettant en scène, au mois de mai. Ci-dessus : Une photographie publicitaire tirée de The Death of Time, le second épisode de The Chase, où l’on retrouve le Docteur, Vicki (Maureen O’Brien), Rynian (Hywel Bennett), Ian, Barbara et Malsan (Ian Thompson). À droite : Terry Nation et sa femme Kate présentent une sélection de Daleks fabriqués par Louis Marx en août 1965.
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Ci-dessus : Dr. Who and the Daleks est sorti à Londres le 25 juin. Ce somptueux livret promotionnel plaçait le film à l’avant-garde de la campagne de produits dérivés Daleks. Verity Lambert a plus tard qualifié le film de « bâclé » mais l’attrait de la nouveauté de la couleur et du grand écran l’ont propulsé en haut du box-office. Ci-dessous : Raymond Cusick montre à sa fille un des Daleks Louis Marx inspirés par son design. Au milieu : Verity Lambert et un Mechonoïde serviable font la promotion de The Chase aux Studios Ealing le 14 avril.
axés science-fiction et fantasy, et ils allaient surtout transformer la vie de Terry Nation. Les revenus générés par le premier feuilleton Dalek ont contribué à l’achat d’un manoir de type élisabéthain dans le Kent. Durant l’été 1964 Nation acheta Lynsted Park pour 15 000 £ « en liquide pour la plus grande partie ». Il célébra son trente-quatrième anniversaire dans la demeure, et y organisa une fête somptueuse qui comptait les membres du casting de Doctor Who parmi les invités. Le second feuilleton,
The Dalek Invasion of Earth, a été encore plus populaire que le premier. Les Beatles apparaissaient dans une séquence préenregistrée de la troisième histoire, The Chase, et le terme « Dalekmania » fut inventé, émulation évidente de l’accueil hystérique qui avait été fait au groupe au début des années 60. En 1965, les Daleks étaient devenus un phénomène télévisuel qui menaçait de laisser dans l’ombre tous les autres aspects de Doctor Who. Les films dérivés sortis en 1965 et en 1966 sont souvent évoqués sous le terme de « films Daleks » et il n’est même pas fait mention du Docteur dans la bande-annonce du second opus. En 1965, les magasins de jouets étaient envahis de jouets Daleks sous licence et d’autres produits dérivés. L’image du Docteur et de ses compagnons n’était visible sur presque aucun d’entre eux. Lambert essaya de réduire la dépendance du programme envers ces ennemis omniprésents en médiatisant de nouveaux monstres tels que les Zarbis, des extraterrestres ayant l’apparence de fourmis. En janvier 1965, leur créateur, Bill Strutton, expliquait son inspiration pour son feuilleton à venir, The Web Planet, au Daily Sketch : « Je devais apporter
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quelque chose qui tranche par rapport au style robotique des Daleks », admettait-il. Nation a aussi essayé de se supplanter lui-même avec les Mechonoïdes, des robots sphériques qui s’attaquaient aux Daleks lors du climax de The Chase. Mais ces derniers ne parvinrent pas non plus à séduire le public. Les aliens en forme de ruche, les Chumblies, étaient contrôlés par de petits acteurs, comme dans l’idée d’origine de Raymond Cusick pour les Daleks, et apparaissaient dans le récit de William Emm : Galaxy 4. Ils
se sont avérés suffisamment intéressants pour apparaître dans quatre épisodes, mais il leur manquait cette forme de cruauté que les enfants en particulier semblaient admirer chez les Daleks. En 1963, Nation avait été l’auteur le plus fiable et productif de David Whitaker (il a écrit les sept épisodes de la première histoire Dalek en seulement quatre semaines). Mais en 1965, le succès de ses créations commençait à compromettre son niveau de rendement. La gestion de la partie merchandising de son empire Dalek entravait la rédaction de ses scénarios, et le
En haut : L’atelier de Shawcraft Models à Uxbridge, le fabricant d’accessoires qui fournissait fréquemment la production. Les deux employés sont entourés des costumes des créatures de The Rescue, The Web Planet et de The Dalek Invasion of Earth. En haut à droite : Un Zarbi apparaissait en couverture du magazine Games & Toys en mars 1965. Ci-dessus : Une série de diapositives issue du projecteur Give a Show de Chad Valley dont on peut voir la publicité sur la couverture de Games & Toys. En bas à gauche : Doctor Who était clairement en train de marquer l’environnement culturel de l’époque : ce dessin satirique du Daily Mirror par Stanley Franklin utilise les Daleks et les Zarbis pour illustrer les tensions sociales de la société britannique. Ci-desssous : Vues d’un Chumbley sous différentes formes. Ces images ont servi de référence pour des fabricants de jouets potentiels.
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Ci-dessus : TV Century 21 a été lancé par le producteur Gerry Anderson en janvier 1965. À cette époque, les programmes d’Anderson pour ITV étaient entièrement tournés sur pellicule couleur, et il voulait que les représentations de la série en format bande dessinée soient tout aussi soignées. Anderson n’était pas un fan de ce Doctor Who au budget plus modeste, et un strip enfantin basé sur la série était de toute façon déjà proposé dans TV Comic. Cependant, les Daleks faisaient écho à son amour de tout ce qui était mécanique, et il demanda à Terry Nation la permission de les inclure dans la revue. Un strip en une page, tout simplement intitulé The Daleks, a donc pris place dans le premier numéro et a perduré jusqu’au début de l’année1967. En haut à droite : Le Docteur examine le Taranium Core, entouré de Bret Vyon (Nicholas Courtney), Katarina (Adrienne Hill) et de Steven Taylor (Peter Purves) dans cette photographie promotionnelle tirée de Devil’s Planet, le troisième épisode de The Daleks’ Master Plan. À droite : Un échantillon de la gamme des cartes de vœux Daleks produites par Newton Mills. L’ouverture de chaque carte révélait un message qu’on ne percevait qu’en partie à travers les découpes de la couverture. À l’extrême droite : Ces Daleks, fabriqués par Cherilea Toys en 1965, étaient fournis avec des sections interchangeables, disponibles dans différents coloris.
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chef scénariste Donald Tosh se souvient que bien que l’histoire de 1965-66, The Daleks’ Master Plan ait été créditée à Terry Nation et Dennis Spooner, il a dû compenser des manques dans le scénario de Nation en rédigeant lui-même une grande partie du feuilleton. Dans l’esprit de Nation, les Daleks avaient dépassé la série Doctor Who, et en 1967, il les a retirés de la série dans le but de les vendre comme stars de leur propre émission de télévision aux États-Unis. Ce fut finalement
un échec, et ils firent un retour triomphant pour le Nouvel An 1972 dans un programme qui n’avait toujours pas réussi à trouver un autre ennemi assez populaire pour pouvoir les remplacer. Leurs apparitions futures, de gros succès, allaient être soigneusement limitées en nombre, et il pourrait s’écouler des périodes de plus de quatre ans entre chaque apparition des Daleks. En 1974, le producteur de Doctor Who, Barry Letts, s’est plaint que les dernières propositions de Nation pour les Daleks n’aient été que des concepts recyclés ou des intrigues familières et tirées de leurs précédentes aventures (en fait Nation avait déjà réussi à s’en éloigner avec le Planet of the Daleks de 1973). Nation a répondu à ces critiques en écrivant le remarquable Genesis of the Daleks, une histoire de 1975 introduisant le psychopathe infirme Davros, un ingénieur en génétique qui allait devenir la figure de proue des Daleks dans toutes leurs apparitions futures de la première période de la série. L’évolution des Daleks a continué à travers le travail d’autres auteurs. Le scénario de Ben Aaronovitch pour le récit de 1988 Remembrance of the Daleks a définitivement éliminé la
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faiblesse la plus évidente de ces créatures. Dans le cliffangher du final de la première partie, le Docteur (Sylvester McCoy) monte des escaliers pour fuir un Dalek. Ce dernier s’élève alors dans les airs et continue son implacable poursuite en planant au-dessus des marches. Le dernier scénario de Nation pour le programme a été Destiny of the Daleks en 1979, mais il a continué à passer en revue et à approuver les travaux d’autres auteurs jusqu’au film Doctor Who diffusé en 1996, ainsi que les produits dérivés Daleks jusqu’à sa mort, en 1997. Depuis 2005, les Daleks ont fait une apparition dans toutes les saisons de Doctor Who. Ils ont bénéficié d’un nouveau design et ont été enrichis par l’imagerie assistée par ordinateur, mais ils demeurent parfaitement fidèles à la conception d’origine de Nation et Cusick. Russel T. Davies, le scénariste principal et producteur exécutif derrière le retour de la série Doctor Who, a aidé à rétablir la réputation redoutable des Daleks en les intégrant à la Guerre du Temps qui a largement alimenté la toile de fond de la nouvelle série. Peu de choses ont été révélées sur ces événements cataclysmiques, mais il a été clairement établi que les Daleks étaient les protagonistes d’un conflit qui a eu pour conséquence le massacre de leur race ainsi que de celle du Docteur, les Seigneurs du Temps. Les Daleks, pourtant, ont survécu. Les scénarios de Nation n’ont peut-être pas eu les faveurs de toute l’équipe de production, mais le combat sans fin du Docteur contre les Daleks
reste un des éléments essentiels de la série. Et, bien longtemps après, le Dalek, qui avait été une véritable aubaine pour les magasins de jouets en 1965, reste le plus populaire de tous les produits dérivés sous licence. Et c’est pour ça, entre autres raisons, que Terry Nation reste probablement l’un des auteurs les plus influents de tous ceux qui ont pu travailler sur Doctor Who. SAISON DEUX
(suite)
Producteur : Verity Lambert Chef scénariste : Dennis Spooner (sauf indication contraire) N The Web Planet 4 janvier – 26 février écrit par Bill Strutton réalisé par Richard Martin The Web Planet The Zarbi Escape to Danger Crater of Needles Invasion The Centre
13 février 20 février 27 février 6 mars 13 mars 20 mars
P The Crusade 16 février – 26 mars écrait par David Whitaker réalisé par Douglas Camfield The Lion 27 mars The Knight of Jaffa 3 avril The Wheel of Fortune 10 avril The Warlords 17 avril Q The Space Museum
11 mars – 23 avril écrit par Glyn Jones réalisé par Mervyn Pinfield The Space Museum 24 avril The Dimensions of Time 1er mai
En haut à gauche : Ce puzzle en bois faisait partie d’une série produite par Thomas Hope & Sankey Hudson pour le grand magasin Woolworths en 1965. Dans cet exemple, le Docteur et les Daleks sont représentés en entier sur des pièces indépendantes du puzzle qui pouvaient être posées sur des supports. L’illustrateur, William Howarth, a aussi peint la couverture du premier Doctor Who Annual (ci-dessus), publié par World Distributors au mois de septembre.
The Search 8 mai The Final Phase 15 mai
R The Chase 9 avril – 4 juin
écrit par Terry Nation réalisé par Richard Martin The Executioners 22 mai The Death of Time 29 mai Flight Through Eternity 5 juin Journey into Terror 12 juin The Death of Doctor Who 19 juin The Planet of Decision 26 juin
S The Time Meddler 10 mai – 2 juillet écrit par Dennis Spooner réalisé par Douglas Camfield The Watcher 3 juillet The Meddling Monk 10 juillet A Battle of Wits 17 juillet Checkmate 24 juillet T Galaxy 4 22 juin – 6 août
écrit par William Emms réalisé par Derek Martinus (et Mervyn Pinfield, non crédité) Chef scénariste : Donald Tosh Four Hundred Dawns 11 septembre Trap of Steel 18 septembre Air Lock 25 September The Exploding Planet 2 octobre
T/A Mission to the Unknown
25 juin – 6 août écrit par Terry Nation réalisé par Derek Martinus Chef scénariste : Donald Tosh Mission to the Unknown 9 octobre
SAISON TROIS
Producteur : John Wiles Chef scénariste : Donald Tosh U The Myth Makers 27 août – 8 octobre écrit par Donald Cotton réalisé par Michael Leeston-Smith Temple of Secrets 16 octobre Small Prophet, Quick Return 23 octobre Death of a Spy 30 octobre Horse of Destruction 6 novembre V The Daleks’ Master Plan
27 septembre – 14 janvier1966 écrit par Terry Nation et Dennis Spooner réalisé par Douglas Camfield The Nightmare Begins 13 novembre Day of Armageddon 20 novembre Devil’s Planet 27 novembre The Traitors 4 décembre Counter Plot 11 décembre Coronas of the Sun 18 décembre The Feast of Steven 25 décembre
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