Nous habitons une image de la prison par Arnaud Théval, artiste Dans ma bibliothèque de souvenirs, des émotions contradictoires s'agitent en pagaille. Il y a dans le fond de mes yeux, dans le catalogue de mes images, toutes sortes de possibilités pour faire sortir, exister ou figer une représentation de ces lieux d'enfermements énigmatiques que nous nommons au singulier, la prison. Les écrivains Malaparte, Kafka et Genet s'invitent dans le cortège des mots qui fabriquent mon récit littéraire. D'autres comme Orson Welles ou Nelson Mandela me nourrissent de leurs poésies et de leurs engagements en miroir de la banalité du mien. À l'inverse, la déferlante médiatique sur la prison (relais d'une opinion consensuelle ?) ressemble à une parodie. Arc-boutée sur un même angle de lecture, elle singe cette triade : violence, surpopulation, nouvelles prisons. Pour autant, rien ne se fige dans mon esprit, je laisse glisser sur moi toutes les injonctions à penser, voir et fixer une lecture de ce que doit être une prison, sur comment elle est représentable, présentable. Je transpire sous l'effort à faire pour m'échapper de l'aporie que représente l'idée de la prison. Notre société feint de l'écarter tandis qu'elle en est le pilier central. Je transpire après avoir beaucoup cauchemardé en suivant l'agonie des vieilles structures issues de la IIIe République. La mort alors omniprésente est chassée par d'autres images nées de mon
PI - 2021 - Nous habitons une image de la prison
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