PROCESS hors-série La Magnifique Society

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C R E AT I V E

PROCESS MAGAZINE

HORS-SÉRIE

LA MAGNIFIQUE SOCIETY

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EMM A NUE LLE L A IN É

Est-ce que je me contredis ? C’est entendu, alors je me contredis. (Je suis vaste,

Avec les œuvres de Caroline Achaintre, Saâdane Afif, Sylvie Auvray, Eva Barto, Claude Closky, François Curlet, Natalie Czech, Honoré D’O, Michel Dheurle, Jimmie Durham, Latifa Echakhch, Robert Filliou, Dan Graham, Raymond Hains, Hippolyte Hentgen, Pierre Huyghe, Pierre Joseph, André Léocat, Elsa Maillot, Nick Mauss & Ken Okiishi, Allan McCollum, Arno Rafael Minkkinen, Laurent Montaron, Jean Noël, Emilie Pitoiset, Lili Reynaud-Dewar, Clément Rodzielski, Glenn Rubsamen, Lara Schnitger et Joëlle Tuerlinckx

1 place Museux F-51100 Reims

Fonds régional d’art contemporain

ARDENNE

Le FRAC Champagne-Ardenne est financé par la Région Grand Est, la Drac Grand Est et la Ville de Reims. Il est membre des réseaux Bulles et Platform. www.frac-champagneardenne.org Suivez-nous sur facebook et instagram

CHAMPAGNE

Grégoire Romanet

1 ER JUIN 16 DÉC 2018

je contiens des multitudes)


ÉDITEUR / DIR. DE PUBLICATION BENOÎT PELLETIER RÉALISATION / DESIGN / DIFFUSION WWW.BELLERIPE.FR DIRECTION ARTISTIQUE BENOÎT PELLETIER ASSISTÉ DE MARION LABONDE

SI VOU S S OUHAITE Z DE VE NIR D I FFU SEU R, VOUS ABONNE R POUR R ECEVOI R L E M AGAZINE C HE Z VOU S, OU E N COMMANDE R UN EXEMP L AI RE , CONTAC TE Z N OUS IC I : H ELLO@P ROC E S S -MAG.COM P OU R D EVE NIR ANN ON C E UR, D I FFU SEU R OU PARTE N AIRE  : BP @P ROCES S -MAG.COM 0 6 80 6 5 89 72

LE MAGAZINE PROCESS ES T ÉDITÉ PAR BELLERIPE SARL - 5 AVENUE VALLIOUD 69110 SAINTE-F OY-LÈS-LYON . TOUS DROITS RÉSERVÉS. TOUTE REPRODUCTION , MÊME PARTIELLE ES T INTERDITE, SANS AUTORISATION . LE MAGAZINE PROCESS DÉCLINE TOUTE RESPONSABILITÉ POUR LES DOCUMENTS REMIS. LES TEXTES, ILLUS TRATIONS ET PHOTOGRAPHIES PUBLIÉS EN GAGENT L A SEULE RESPONSABILITÉ DE LEURS AUTEURS ET LEUR PRÉSEN CE DANS LE MAGAZINE IMPLIQUE LEUR LIBRE PUBLIC ATION . CE HORS-SÉRIE DU MAGAZINE PROCESS ES T DISPONIBLE GRATUITEMENT DANS 250 POINTS DE DÉPÔT À REIMS, 40 À C HARLEVILLE-MÉZIÈRES, ET 20 À ÉPERN AY. RETROUVEZ TOUTE L A LIS TE SUR WWW.PROCESS-MAG.COM COUV © SAP C HAN O

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BENOÎT PELLETIER ÉDITEUR DIRECTEUR CRÉATIF & PHOTOGRAPHE

JEAN DELESTRADE SOUPLESSE & DÉCONTRACTION

AGATHE CEBE RÉDACTRICE & JOURNALISTE FREELANCE

ANNE-SOPHIE VELLY DA DE MAISON VIDE ART CONTEMPORAIN, MUSIQUES & CONFETTIS

CYRILLE PLANSON REDAC-CHEF LA SCÈNE, LE PICCOLO, THÉÂTRE(S) MAG

FRANÇOISE LACAN SPÉCIALISTE DU SPECTACLE VIVANT & FAN DE DANCEFLOOR

NICOLAS DAMBRE JOURNALISTE & AUTEUR

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A M AG N I F I Q U E : U N E D É CO N N E X I O N L L A M A G N I F I Q U E P R O G R A M M AT I O N DOUBLE CAGETTE T O K YO S PAC E O D D SAP CHANO : PORTFOLIO CHRISTIAN, CÉDRIC & LA LICORNE L A M A G N I F I Q U E AVA N T - G A R D E E N PA S S A N T PA R L A M AG N I F I Q U E ODE AUX PETITES MAINS LA PETITE SOCIETY VLADIMIR CAUCHEMAR E N PA S S A N T PA R L A M A G N I F I Q U E / 2 VOULEZ-VOUS M’ÉPOUSER ? W E D N E S D AY C A M P A N E L L A P L AT E F O R M E F R A N C E - J A P O N



O N VA ÊT R E B IE N

LA MAGNIFIQUE SOCIETY :

DÉCONNEXION MUSICALE, VÉGÉTALE, CONVIVIALE. PAS MAL. Un temps suspendu, mais ensemble. Un week-end dédié à la musique, la détente et la découverte.

Alors, on prend ses baskets, ses sandales ou ses petits pieds nus pour se retrouver dans cet écrin de verdure qu’est le Parc de Champagne. Le festival c’est de la musique, des musiques. De la nouveauté, des artistes confirmés, des rêves d’ado de plusieurs décennies qui se côtoient dans une ambiance bucolique aux résonances urbaines. On y retrouve des figures des 80’s, des jeunes rockeurs, des amoureux des mots et du flow. Il y a du grandiose, de l’intimiste, des incontournables et des nouvelles figures. On déambule dans ces univers différents et pourtant si proches, au grès de ses envies. Les bandes son de chaque génération animent le festival. Artistes confirmés et émergents tracent une ligne - éditoriale - qui affirme le souhait des programmateurs de défendre des choix pour tous et pour chacun. Le festival insuffle une respiration zen dans le paysage des festivals musicaux actuels. Avec, comme fil conducteur, une forme d’élégance assumée par les programmateurs et le thème graphique de l’édition, la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes) et de ses sapeurs, l’ambiance se veut décalée, excentrique et colorée en prônant une forme de goût raffiné. Et comme le bon goût n’est pas universel mais bien pluriel selon les codes de chacun, la programmation ressemble à cette philosophie : il y en a pour tous les goûts, mais que du bon.

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La Magnifique, c’est aussi des boucles de rêveries, de voyages en hypnose et d’immersion poétique en amont des 3 jours au parc de Champagne avec la Magnifique Avant Garde, ou des bulles de vie nipponne acidulée avec le Tokyo Space Odd. Ca ne se passe pas que sur les 3 scènes, mais dans le parc tout entier. Peut-être que la Magnifique Society est une ode à la liberté, celle de se poser dans l’herbe ou se déhancher, celle de venir seul ou accompagné. C’est une traversée en toute sérénité aux sons d’un après-midi de juin, ou l’énergie d’un dance-floor sous un ciel étoilé, c’est un peu tout ça et tout à la fois. On avait envie de vous en parler, de consacrer un Process entier à ce qu’est ce festival, et ce qui fait de lui un des nouveaux évènements majeurs du paysage musicool français. Voici votre Process Hors série La Magnifique Society. Il y a un peu de la chanson d’Etienne Daho « signé Kiko » dans tout ça... « Dans son île retrouver ses amis (...) De journées lumière, de plaisir au réveil De poissons dorés, de bateaux, de merveilles » Bon festival et bonne lecture.

TEXTE FRANÇOISE LACAN


LA

MAGNI FIQUE PROGRAMMATION

LE LINE-UP AU PEIGNE-FIN

Il y en aura pour tous les goûts, de tous les genres, de toutes les couleurs… Rock, rap, afropunk, house médiévale, pop bricolée, musique symphonique… Passage en revue d’une bonne partie de ce qui vous attend durant la Magnifique Society 2018.

TEXTE NICOLAS DAMBRE


AU P EI G N E F I N

A

VEN DRE DI

15 JUIN

_ © DR

_ © DR

Kelela, Américaine aux origines éthiopiennes, défendra sur scène son premier album, Take me apart, paru sur le label britannique Warp. Un r’n’b sombre et hypnotique, teinté d’electro. Toujours versant r’n’b, mais de l’autre côté de l’Atlantique, à Manchester, I Am Diana Debrito, alias IAMDDB, passe de ce qu’elle appelle l’urban jazz à de la trap lancinante. On restera dans le hip-hop, mais version normande, avec le très attendu Orelsan, dont l’impressionnante tournée des festivals passe par Reims. Alors révisez les paroles décalées de Notes pour trop tard ou Basique. Les spectateurs de The Voice Kids la connaissent depuis 2014, Naya avait alors 13 ans. Ce concours télévisé était une étape logique pour cette fille de musiciens, qui jouait du piano à six ans, de la guitare à dix, avant de se mettre à la batterie et au chant. Sa voix particulière se pose sur ses accords de guitares, avec la pop anglaise en ligne de mire, elle adore Oasis et les Beatles. Les sept suédois de Viagra Boys ne font pas dans la dentelle avec leur punk aux guitares saturées et aux beats enlevés. Dopés ? Certainement avec un nom pareil. Sebastien Murphy devrait montrer ses muscles et ses tatouages dans un show qui sentira le soufre.

_ © Sara Shahbazi

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_ © Sunny Ringle

_ © Jean Counet


VEN DRE DI

15 JUIN

_ © DR

On se calmera avec Cigarettes after Sex. Le groupe texan a connu un succès planétaire grâce à sa pop intimiste et sensuelle. Greg Gonzalez chante d’une voix androgyne des textes introspectifs et mélancoliques. Autre voix particulière, celle puissante de la Belge Selah Sue, qui sera portée par un concert en version acoustique. La voix fragile de Charlotte Gainsbourg sera entourée d’un groupe de musiciens hors pair, notamment deux membres de François And The Atlas Mountains, David Nzeyimana, aux claviers et à la guitare, et Gerard Black, aux chœurs. La française a publié fin 2017 un disque intitulé Rest, produit par l’artiste electro SebastiAn et pour le morceau-titre, co-écrit et composé par un certain Guy-Manuel de Daft Punk.

_ © Collier Schorr

_ © DR

Pour réviser les classiques de la house music, rien de tel que le House Gospel Choir. Il s’agit bien d’une chorale, mais qui reprend des titres comme ceux de Robin S, Blaze, Sounds of Blackness en version survitaminée. Le public devra tenir le rythme ! Contrairement à ce que peut laisser penser son nom, Motor City Drum Ensemble, n’est ni un groupe, ni un orchestre, mais un DJ de Detroit (la Motor City), passionné de house et de disco. Ses sets habités sont loin de la techno parfois un peu robotique née dans cette ville américaine. _ © Morgan Lorelle Photography

_ © Unland

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AU P EI G N E F I N

SA ME DI

16 JUIN

_ © DR

L’Américain Gus Dapperton vient de l’Etat de New York. Il n’a pas grandi au pied des gratte-ciels, mais dans une ferme. Avec ensuite la ferme envie de s’affranchir des règles. Ce dandy est producteur de musique avant d’être chanteur, il aime peaufiner ses chansons en studio. Il se produira sur scène avec ses amis (et même sa sœur) dans un registre indie-pop Kiddy Smile ne vient pas de New York mais de Paris. Mais la cité américaine l’a fortement marqué avec le mouvement voguing. Une danse inspirée par la pose des mannequins du magazine Vogue, laquelle a inspiré le fameux titre à Madonna. L’ex styliste de mode est aujourd’hui un DJ et producteur d’electro, adepte d’une house américaine à la fois soulful et funky.

_ © André Atangana

Après le succès de son premier album, Zanaka en 2015, et une impressionnante tournée, on attendait des nouvelles de Jain. On sera curieux d’entendre ses nouvelles créations. La jeune française aux cols Claudine a annoncé un second opus. Celle qui a passé son enfance aux quatre coins de la planète aime incorporer des sonorités africaines dans ses chansons (Come, Makeba…). On sera curieux d’entendre ces nouvelles créations.

_ © DR

Le punk garage des Suédois de The Hives devrait secouer le Parc de Champagne. Le groupe aime les costumes et le rock des années 60. Leur concert s’annonce agité. Âgé d’à peine 18 ans, Petit Biscuit a déjà connu un énorme succès et tourné avant même de passer le bac, en Europe et aux Etats-Unis. Ce rouennais a envoûté la Toile avec son titre Sunset Lover. Son premier album est à l’image de ce single : mélodies atmosphériques, electro intimiste, voix et instruments découpés et remixés… La bande-son idéale pour accueillir l’été. _ © Jonathan Bertin

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_ © DR


SA ME DI

16 JUIN

_ © Julie Oona

_ © N’Kruma

Côté rap, on sera servi. Lomepal, rappeur originaire du sud de Paris, L’homme pâle qui porte barbe et rouge à lèvres sur son album Flip (en référence à son autre passion, le skate) défend un rap qui ne surfe pas sur l’air du temps. Le parisien Sopico, membre de la 75èSession, a d’abord eu pour passion la guitare, bien avant le rap, il reprenait par exemple Janis Joplin ou D’Angelo. Sa série Sopico Unplugged, marie rap et guitare. Sur scène, il manie autant les métaphores que l’ego-trip. À suivre. La chanteuse canadienne d’origine colombienne Jessie Reyez marque par le timbre de sa voix, qui habite un r’n’b intime et mélancolique, à l’image du puissant Shutter Island, lequel confirme le talent de la jeune femme. Après une collaboration avec Calvin Harris, elle s’est attelée à son premier album, dont on découvrira plusieurs titres sur scène.

_ © Jordan Hughes

_ © DR

Superorganism, ce sont huit musiciens, qui viennent de Londres, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, la chanteuse de 17 ans vient du Japon. Installés dans une grande maison-studio d’enregistrement à l’Est de Londres, ils se sont faits repérer début 2017 par le titre Something For Your M.I.N.D., avec un sample bien connu des fans de techno des années 90. Leur pop est colorée, joyeuse et foutraque. Derrière ce nom et son masque, Vladimir Cauchemar nous promet de la house médiévale. Fin 2017, l’artiste a pondu le titre Aulos, du nom d’une flûte utilisée dans la Grèce antique, dont la mélodie rappelle peu ou prou celle du Grand Blond avec une Chaussure Noire (composée par Vladimir Cosma). Le jeune artiste electro est signé sur le label parisien Ed Banger (Justice, Mr Oizo…), souvent en avance d’une mode. Alors, pourquoi pas… _ © DR

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AU P EI G N E F I N

DI MAN CHE

17 JUIN

_ © Nico Bustos

Pour clore le festival, les Français seront présents en force. Et même en nombre pour Jane Birkin, qui arrive avec un orchestre classique pour reprendre des chansons de Serge Gainsbourg en version symphonique. Une idée qui n’est pas saugrenue, puisque le fumeur de gitanes s’est inspiré de Chopin ou Dvořák, et a régulièrement fait appel à des formations classiques. C’est avec l’orchestre symphonique de Montréal que ce spectacle a été créé en 2016 lors des Francofolies sises dans la capitale québécoise.

_ © Blitz Tour

Autre grand parrain de la chanson française, Étienne Daho. L’éternel jeune homme défendra son dernier album, Blitz. Mais quelques classiques, comme Week-end à Rome ou Épaule Tattoo devraient aussi compléter le concert de ce pilier de la pop hexagonale. Dans cet univers pop, Clara Luciani n’est pas complètement une petite nouvelle. La jeune marseillaise fut la femme du groupe… la Femme. Elle a signé une reprise très réussie de Metronomy, The Bay, un titre qui a accompagné sa montée à Paris lorsqu’elle avait 19 ans. Cette grande brune, qui admire Nico et Françoise Hardy, interprètera son premier album, avec notamment la Grenade ou Comme Toi.

_ © Manuel Obadia Wills

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Tout est allé très vite pour Eddy de Pretto, 25 ans : lauréat des inRocKs Lab 2016, Printemps de Bourges (prix des Inouïs 2017), Bars en Trans, et nommé aux Victoires de la Musique 2018. Sur scène, avec son batteur, Eddy de Pretto bouscule rap et chanson. Son premier album, Cure, publié en octobre 2017, interroge notamment la masculinité et l’hyper-virilité, Tinder ou la fête. Pour Angèle aussi, les choses se sont précipitées. La sœur du rappeur belge Roméo Elvis s’est fait un prénom en une chanson : La Loi de Murphy, titre bilingue qui narre les vicissitudes du quotidien. Son clip a été vu plus de 5 millions de fois en quatre mois sur le Net. À 22 ans, la pop légère et sautillante d’Angèle est prête à tout casser.

_ © Charlotte Abramow

_ © V. Ducard


DI MAN CHE

AU P E I G N E F I N

17 JUIN

_ © Juliette Abitbol

Tshegue, c’est la rencontre des musiques rock et africaines, de la voix grave de Faty et des percussions de Dakou. Faty a grandi à Kinshasa, nourrie d’influences congolaises, guinéennes et sénégalaises, dans une famille très musicienne. Celle qui a fait partie du groupe Jaguar assume volontiers le terme d’afropunk, le côté revendicatif en moins. Avec Tshegue, il est plus question de rythmes et de transe que de politique, tout en s’affranchissant des styles pour mieux les acoquiner. Moodoïd bouscule lui les codes de la pop, versant dans le psychédélique, voire le tropicalisme. Entouré de ses musiciennes, Pablo Padovani joue les chanteurs chics avec sa voix claire.

_ © Andréa Montano

Barcella est le régional de l’étape. Le rémois vient de publier un quatrième album, Soleil, qui mêle poésie et humour. C’est sur scène que le trentenaire semble s’amuser le plus. Chanteur, conteur et slameur, Mathieu Ladevèze a aussi créé le Charabia festival de Reims et fait partie de Collectif 13, groupe d’artistes humanistes.

_ © Michael Boudot

Le duo Nord-Irlandais Bicep est né lorsque les deux étudiants ont créé le blog Feel my Bicep, en 2008. Ils y partagaient leurs découvertes musicales, avant de se mettre à créer eux-mêmes de la musique électronique. Un son teinté d’influences des années 90 : house, techno, balearic… Leur premier album, Bicep, s’éloigne des tubes pour pistes de danse comme Vision of Love, privilégiant une electro minimale et éthérée.

_ © Ben Price

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_ Vincent Van den Hedde

_ Axel Coeuret


DJ FR A Î CH EU R

DOUBLE CAGETTE E N T R E L E S C HO U QU E T T E S E T L’A P É R O, U N DJ SE T AU X O D E U R S D E L É G UM E S F R A I S

Cette deuxième édition du festival invite à nouveau « DOUBLE CAGETTE », Edouard Duntze de son vrai nom. Fan de vinyles, il installe ses platines entre deux stands sur les marchés de Reims. Ce DJ de 37 ans aime le disque depuis toujours. Accumulant un peu tous les genres, ce passionné de musiques s’inspire d’un concept de DJ italien pour investir un lieu de vie habituel et créer un instant inhabituel. Le set se construit au fur et à mesure des heures, de morceaux de musette à des musiques plus actuelles. Il y en a pour toutes les générations. Surprise du promeneur qui achète ses légumes, échanges autour de sons de toutes les époques, sa présence annonce le festival au plus près des gens. Comme un avant goût de la programmation de la Magnifique Society, son set se balade à travers les styles et les ambiances. Il improvise au fil de la matinée selon les rencontres, l’ambiance et les envies. Cette année, Edouard invite des

TEXTE FRANÇOISE LACAN

comparses à partager sa « cagettevinyle » et multiplie les directions stylistiques pour donner au marché un petit air de fête, de toutes les fêtes. Et comme il n’y pas d’heures pour mixer, dès 9h de matin dans l’odeur des légumes frais et du café, autour de quelques chouquettes, les marchés prennent l’allure d’un lounge musical. Edouard aime installer un moment privilégié avec les promeneurs acheteurs. La discussion musicale se construit autour de souvenirs, de petites réminiscences, de nostalgie aussi. La surprise, la découverte et la proximité sont les mots clés. Il ne s’agit pas de transformer le marché en piste de danse mais bien de provoquer une rencontre, de parler musique et de découvrir le festival. Aller à la rencontre des habitants rémois est le principe d’Edouard

qui adore parler avec les gens de sa passion. Il touche à la mémoire de chacun, et insuffle un joli souffle à ces lieux de vie. Avec son sac à course et sa recette du midi en tête, des saveurs réapparaissent au détour d’un morceau. Est-ce que la musique influe sur les courses de passants, la ratatouille redevient-elle le but ultime après cette parenthèse musicale ? Le pot au feu retrouve t-il ses titres de noblesse avec un morceau des années 70 ? Maria aime t-elle le disco, Charlotte le hip-hop ? Le mieux est de préparer votre cabas pour savoir si cela éveillera vos papilles gustatives et musicales, voici les dates. FAC E B O O K @ D O U B L E C AG E T T E

APRÈS AVOIR JOUÉ LES 24 MAI ET 02 JUIN, RETROUVEZ DOUBLE CAGETTE LE

DIM. 10 JUIN Marché Jean Jaurès Dj P.Rave (Oldies but goodies)


1_ Casio Turkish Onsen 2_ Wednesday Campanella 3_ Gaming au Tokyo Space Odd 4_ Yahyel 5_ Iri 6_ Gaming au Tokyo Space Odd 7_ Killa à la Magnifique Society 2017

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TO KYO EST DANS L A P L AC E

TOKYO SPACE

O D D 17

Le Tokyo Space ODD accueillera quelques représentants de la culture populaire nippone, entre jeux d’arcade et artistes de musiques actuelles. Une rémoise s’est cachée parmi eux. Inutile de se rendre dans les quartiers tokyoïtes de Shibuya et Harajuku pour s’adonner aux jeux vidéos sur d’authentiques bornes d’arcades japonaises. Direction l’espace Tokyo Space ODD pour s’amuser sur des jeux vintage comme sur des jeux plus récents. Lors de la première édition, en 2017, on avait pu jouer avec nostalgie à Pacman, Space Invaders ou Donkey Kong, mais aussi découvrir la nouvelle borne Tetris ou Oculus Rift, qui offrait des aventures en réalité virtuelle. Six artistes venus directement du Japon se produiront dans cet espace durant la Magnifique Society, histoire de faire entendre et montrer l’effervescence d’une scène que l’on ne connaît guère en Europe. Des artistes décalés, voire déjantés, dont l’énergie et la créativité en étonneront plus d’un. Dos Monos  regroupe trois MC basés à Tokyo : Zo Zhit, Iizuka Taitan et Bottu. Les trois garçons posent leur flow sur des instrumentaux très influencés par le free jazz. Leur premier album doit bientôt sortir sur Deathbomb Arc, fameux label avantgardiste basé à Los Angeles.

Iri a appris la guitare acoustique en autodidacte et a commencé à jouer dans des clubs de jazz. Elle a ensuite composé des titres naviguant entre pop et r’n’b, qu’elle interprète d’une voix soul, le plus souvent en anglais. Son premier album Groove It, sorti fin 2016 a atteint le top 10 du iTunes Japanese Store Albums. Casio Turkish Onsen regroupe quatre jeunes femmes originaires d’Osaka : PKNY, MTG, Senpai Senpai et Chijme. Elles chantent sur des musiques traditionnelles ou de l’electro, sautant d’un style à l’autre sans transition, ça part dans tous les sens. Gustine n’est pas japonaise mais… rémoise. Harpiste, compositrice et chanteuse, elle dit aimer les monstres, les tentacules, les chihuahuas et le bubblegum. Sa musique, tendance chiptune, est très inspirée de celle de jeux vidéos (japonais sans doute), dopée aux sons electro ou hardcore, tandis qu’elle trafique sa voix. La musique de Yahyel est moins énervée, une electronica postdubstep, sombre et vénéneuse. Les quatre musiciens ont publié leur second album en mars dernier, qui a recueilli un joli succès au Japon. Ils ont déjà joué au Royaume-Uni, aux USA et en France. Ils sont souvent accompagné d’un VJ.

Créé en 2013, le trio Wednesday Campanella est emmené par la chanteuse Kom_I, dont les prestations déjantées marquent chaque concert. La jeune femme passe avec une facilité déconcertante de la chanson au rap (voir portrait dans ce numéro). Mabanua est à la fois batteur, beat-maker et chanteur. Il sample les sons qu’il joue, notamment à la batterie. Coiffé de son éternel bonnet, Mabanua a fait le buzz sur le Net en réalisant une vidéo qui décortiquait les différentes étapes de la création d’un de ses morceaux. En 2013, Mabanua produit le titre Sweetest Things, chanté par Xavier Boyer de Tahiti 80, groupe français bien connu des Japonais. Il vient de terminer la musique de la série d’animation Megalobox.

TEXTE NICOLAS DAMBRE PHOTOS LMS 2017 DARKROOM LES MUSICOVORES


TO KYO E ST DA N S L A P L AC E 8_ Dotama 9_ Mabanua 10_ Gaming au Tokyo Space Odd 11_ Dos Monos 12_ YMCK à la Magnifique Society 2017 13_ Gustine 14_ Gaming au Tokyo Space Odd 15_ Seiho à la Magnifique Society 2017

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i s a s r e v i n t e l v n Cu i s i a m a j ne es pr s r e Cré ger les n a n h e C e r d n o e r p sur l’air


SAP CHA NO PHOTOGRAPHE DE LA SAPE


P A

PORTFO L I O

Photographe star pour la publicité au Japon, Chano s’est aventuré avec bonheur dans l’univers de la sape africaine. Une rencontre aussi inattendue que productive pour celui dont le visuel illustre l’affiche de la Magnifique Society 2018. Kunio Chano est une figure, un personnage. Un photographe japonais qui aurait pu rester anonyme, ou presque. Qui peut-être n’aurait jamais été connu au-delà de son île d’Okinawa où il vit depuis de nombreuses années. Né voici quelques soixante ans dans la province de Shiga, Chano s’est très vite intéressé à la photographie, dont il a voulu faire sa vie. Et d’abord son métier. C’est à vingt-trois ans qu’il commence à exercer en paralèlle de ses études universitaires. Il se fait peu à peu un nom dans le photographie publicitaire. Nous avons tous à l’oeil ces immenses photographies qui apparaissent dans les rues de Tokyo sur des écrans installés en façade des immeubles. C’est là, pendant des années que l’on verra les photos de Kunio Chano, mais aussi dans la presse écrite et dans divers documents de communication. Chano y est incontournable. En 1984, il est le plus jeune photographe jamais accepté au sein de la puissante association des photographes de publicité au Japon. Il réalise aussi de nombreux portraits, plutôt institutionnels. Son travail est reconnu, mais Chano n’a pas encore entamé sa mue. Celle-ci survient inopinément en 2015 à la faveur de sa rencontre avec des « sapeurs » congolais. L’univers de la SAPE (Société des « Ambianceurs » et des Personnes Élégantes) croise celui d’entreprises du textile nipponnes et Kunio Chano trouve là un terrain propice à son art. Les sapeurs sont extravagants, drôles, toujours souriants sur les photos et Kunio Chano trouve là, dans cette effervescence de couleurs et de matières, dans l’exubérance des poses et des décors de Brazzaville, un univers qui entre facilement en écho avec le travail qu’il

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a mené jusque là sur la mode et le style. Plus qu’une simple recherche éphémère, qui donnera lieu à des expositions au Congo et au Japon, mais aussi à l’édition d’un livre, le photographe japonais trouve là des personnalités et un mode d’expression en parfaite adéquation avec ce qu’il est. Le succès est à la clé et Kunio Chano a désormais un pseudo, un nom d’artiste qui le suit depuis peu : Sap Chano. Très vite, il a pu organiser une exposition sur les sapeurs congolais dans la capitale japonaise sous le parrainage de la grande société nipponne Seibu Corporation, y invitant quelques représentants des sapeurs congolais. Un projet doublé d’une action humanitaire dans laquelle Chano s’est impliqué. Depuis, ses recherches aidant, Sap Chano est devenu un ambassadeur mondial de la sape, en témoigne cette photographie dont il a accepté qu’elle illustre la seconde édition de la Magnifique Society. Comme un clin d’oeil à cette année dédiée au Japon à Reims, à son compatriote Léonard Foujita mais aussi à la coopération que la Magnifique Society a noué depuis l’an passé avec des producteurs japonais (Jetro). Sap Chano porte haut les couleurs de cette Afrique qu’il aime tant. À travers ses photos, il défend une forme de liberté d’expression, par le vêtement, mais aussi l’ouverture d’un nouveau champ des possibles dans une Afrique jeune et inventive. La sape selon Chano, c’est un univers de plaisir, de joie, l’affirmation d’une identité et d’une forme de luxe détourné par une communauté fantasque qui n’a rien à envier aux parangons de la mode occidentale. Et qui porte un message politique. N’oublions pas que la sape a été inventée en reprenant les codes culturels du colonisateur dans le but de contester le pouvoir autoritaire du dictateur Mobutu qui interdisait d’autres vêtements que traditionnels et africains. Légère en apparence, la sape est en réalité l’expression d’une révolte transformée en culture à part entière. Et cela, Sap Chano l’a bien compris.

PHOTOS SAP CHANO TEXTE CYRILLE PLANSON


P O RT FO L I O




PORTFO L I O



PORTFO L I O


P O RT FO L I O



P O RT FO L I O


R E T R O U V E Z T O U T E L’A C T U A L I T É C U LT U R E L L E A C H E T E Z V O S B I L L E T S D E S P E C TA C L E S *

A U P I E D D E L A C AT H É D R A L E 2 R U E G U I L L A U M E D E M A C H A U LT 0 3 2 6 7 7 7 7 76 ARRÊT BUS ET TR AM : OPÉR A

D U M A R D I AU S A M E D I D E 1 2 H À 1 9 H C O N TA C T. L E T R E S O R @ R E I M S . F R

W W W. I N F O C U LT U R E - R E I M S . F R

* P OUR LE S STRUCTURE S CULTURELLE S RÉMOISE S


VOUS ALL


LEZ ÊTRE


I L S FO N T L A MAG N I F I Q U E : L E S B OSS

DISCUSSION À LA TABLE D’UN HAUT-LIEU DE LA VIE RÉMOISE, AVEC CHRISTIAN ALLEX ET CÉDRIC CHEMINAUD. IL Y A ÉTÉ QUESTION DE LA MAGNIFIQUE SOCIETY.

CHRISTIAN CÉDRIC & LA LICORNE R E N C O N T R E AV E C L E S D I R E C T E U R S A RT I ST IQU E S D U F E ST I VA L Le bar-tabac de la Licorne. Un de ces lieux de Reims que tout le monde connait sans vraiment connaître. « Tu es de Reims, si tu sais où se trouve la Licorne. » Je dois bien avouer qu’avant ce vendredi 25 mai je n’y avais jamais bu quoi que ce soit, promis. Déjà acheté des cigarettes, oui. Les fumeurs rémois (si tu ne fumes pas, ne fume pas, c’est mal) savent que c’est un des quelques endroits où tu peux trouver ton salut quand, une fin de dimanche d’un dimanche qui t’a semblé aussi banal qu’un autre dimanche, tu as l’envie d’une clope et que tu te rends compte - avec effroi, conséquence de la dépendance - que ton paquet est vide. Pour ceux qui ne fume pas mais qui ont une voiture, c’est cet endroit tout au début de la rue du Barbâtre où les fumeurs dont je vous parlais un peu plus haut se garent n’importe comment de préférence en doublefile pour se procurer les dites cigarettes. C’est aussi là que se tiennent à longueur de journée des types debout souvent assez chancelants, dont l’équilibre semble dépendre fortement du nombre de jaunes consommés.

TEXTE JEAN DELESTRADE PORTRAIT BENOÎT PELLETIER

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I L S FO N T L A M AG N I F I Q U E : L E S B OSS Et bien, vous me croirez ou non (à vrai dire, ne me croyez pas ça ne changera rien à l’article), c’est là que nous nous sommes rencontrés avec Cédric Cheminaud et Christian Allex. Autour de deux Perrier menthe et d’un café, promis. Vous connaissez certainement déjà bien Cédric, directeur général et artistique de la Cartonnerie et de la Magnifique Society. Peut-être un peu moins Christian. Ce dernier s’occupe également de la direction artistique de la Cartonnerie et de la Magnifique, mais pas que puisqu’il collabore également dans ce même rôle avec les Eurockéennes, le Cabaret Vert, Le Paloma (Nîmes). Le couple - oui parlons de couple - se connait depuis plusieurs années. En 2014, quand Cédric est devenu programmateur de la Cartonnerie, il a souhaité être épaulé par quelqu’un de plus expérimenté. Gérald Chabaud alors directeur les a fait se rencontrer. « Au début je n’ai voulu m’engager que sur une seule année » précise Christian, « parce que je sais très bien que ce genre de binôme ne fonctionne pas uniquement sur le factuel, il faut avoir une même vision, une connivence. » Cela fait donc presque 5 ans qu’ils travaillent ensemble. « Christian a une vraie expérience du monde de la musique, l’accès à des artistes internationaux et l’avantage d’avoir un oeil extérieur. » Parmi les premiers jalons posés par le duo, la nécessité de faire rayonner la Cartonnerie au delà des frontières locales, de donner une cohérence artistique à la salle, « de raconter une histoire  ». Ensuite est venue l’envie de faire évoluer le festival Elektricity, de donner à cet événement une dynamique différente. Ce qui sera en 2017 la première édition de la Magnifique Society.

Pendant que nous discutons de tout cela, un mec manque de se vautrer au comptoir. La bascule entre Elektricity et la Magnifique s’est finalement faite assez facilement, « l’équipe était partante et tous les partenaires aussi. » Et c’est là que le duo prend tout son sens : imaginer. « Nous sommes allés nous balader dans le Parc de Champagne, et les idées sont venues très vite au détour des bosquets. Où poser les scènes, comment construire la circulation du public. En voyant les espaces, on s’est mit à imaginer le rythme qui pourrait s’installer, quelle couleur musicale, comment l’histoire pourrait se raconter. » Ils ont certes en tête tous les curseurs des contraintes techniques, budgétaires, politiques, mais leur rôle est de rêver. « Si tu intègres les contraintes tout de suite dans ta réflexion, tu restes dans ta zone de confort et tu n’avances pas. Nous ne réussissons pas à tout réaliser, mais nous avançons, toujours. » Vous les verrez peut-être sur place, déambulant en prenant des notes, observant le public : « où se placent les gens pour écouter les concerts de la grande scène, où va se poser ce mec qui vient de prendre une bière au bar, comment les gens avec des enfants circulent, quelle est leur réaction aux artistes programmés… » Et déjà penser à l’édition 2019 mais aussi 2024. « Nous avons deux grandes chances : celle d’avoir une vraie relation de confiance et de complicité, celle de pouvoir s’appuyer sur une équipe extraordinaire. » Cédric et Christian s’engagent rue de Contrai et filent quelques centaines de mètres plus loin pour réaliser le portrait qui illustre cet article.

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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION


REGARDS AVENTUREUX LA

A I L L E U R S E ST I C I

MAGNI FIQUE AVANT GARDE EN PRÉLUDE À LA MAGNIFIQUE SOCIETY, L’ÉVÉNEMENT DES CURIEUX ET AMATEURS D’EXPÉRIENCES MUSICALES PROPOSE PLUSIEURS PROJETS INÉDITS ET UNE JOURNÉE DÉDIÉE AUX NOUVELLES LUTHERIES.

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TEXTE CYRILLE PLANSON


1_ « Floating Square », installation sonore et visuelle de Vincent Martial. Une exploration hypnotique et onirique de l’espace © Alexandre Rety

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2_

3_


A I LLEU R S EST IC I

2_ Les Yeux du Grand Manteau de Nuit, installation musicale et vidéo d’Uriel Barthélémi. Un voyage inédit au-dessus de la canopée © U. Barthélémi 3_ Uriel Barthélémi, batteur et musicien électro © Jade Collet 4_ L’artiste canadien Alexis LangevinTétrault jouant d’un dispositif unique, constitué

d’un

réseau

de

cordes.

Instrument présenté au Hub Day, le 14 juin © Trung Dung Nguyen

4_

Être à l’avant-garde, avoir un coup d’avance, se projeter vers l’avenir. Se donner le temps de la découverte, de l’expérience, de l’expérimentation. Voici ce qui définit l’esprit de cette Magnifique Avant-Garde imaginée par Césaré, Centre national de création musicale (CNCM). S’il fallait distinguer un projet qui véhicule cette ambition, le concert vidéo du trio Animal K pourrait être celui-ci. Cette création prévue pour l’Avant-Garde et produite par Césaré est avant tout une aventure, celle de la plasticienne Violaine Lochu. Lors d’une résidence artistique en Laponie (Norvège et Suède), l’artiste a parcouru à pied certains chemins de la traditionnelle transhumance des rennes. Ces sentiers étaient empruntés par les Samis, un peuple autochtone de cette région, autrefois nomade, aujourd’hui largement sédentarisé. Le projet s’est nourri des différentes rencontres qui ont jalonné ce parcours. C’est là que Violaine Lochu entre en relation avec Sara Ajnnak, éleveuse de rennes et chanteuse de joïk, un chant traditionnel de la culture sami, de ceux que l’on nomme de façon impropre les lapons. Elle l’initie à cette pratique vocale singulière. « Le joïk est une mélodie courte, composée

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5_ 5_

feedback.administration.theory,

quartet

rémois de musique électronique improvisée avec Cyrille Koutcheroff, Alex Derouet, François Leclère, Nicolas Canot en collaboration avec Yérri-Gaspar Hummel (A.K.T) © Agathe Dufort 6_ F.A.T et A.K.T en résidence dans le studio Luc Ferrari à Césaré en mai dernier. © Agathe Dufort

à partir de quelques mots ou de vocalises, chantée à plusieurs reprises, explique Violaine Lochu. Plus qu’une chanson, c’est un moyen d’accéder à d’autres modes d’existence. La mélodie, le rythme, le timbre, cherchent à capter une vibration : on ne chante pas à propos d’un individu, d’un animal, d’une plante, d’un phénomène, on le « devient ». Le déplacement d’un renard, le croassement d’une corneille, les variations de hauteur d’une chaîne montagneuse, sont des «devenir» possibles exprimés par ces chants ». L’idée est alors de « faire entrer en résonance l’expérience de la marche et celle du chant  ». Le concert vidéo intitulé Johtolat l’associe à un autre explorateur, un aventurier du son. Serge TeyssotGay, guitariste et co-fondateur du groupe Noir Désir, parcourt depuis la fin du groupe bordelais le champ des musiques expérimentales. Il y noue de nombreuses collaborations, au sein du projet Zone Libre et ailleurs. Avec Marie-Suzanne de Loye (viole de gambe, voix), les trois artistes proposeront en images et en sons une exploration des « états particuliers propres aux longues marches : rêverie, concentration, réceptivité, fatigue, exaltation ».

Autre événement de cette Magnifique Avant-Garde millésime 2018, le concert de feedback.administration.theory (F.A.T), artistes rémois qui s’associeront le temps de ce live improvisé, à Yérri-Gaspar Hummel (du studio LABUT, Strasbourg) en charge de la spatialisation du son. Il répartira dans l’espace les différents sons générés par F.A.T à travers l’akusmonium’n’traum (A.K.T.), un orchestre de haut-parleurs né de sa collaboration avec de nouvelles générations de créateurs électroacoustiques. À découvrir également des installations sonores et visuelles telles Floating Square et Les Yeux du Grand Manteau de Nuit, qu’accompagnera une performance d’Uriel Barthélémi à la soirée d’ouverture le 9 juin. On retiendra aussi deux événements, forcément différents de ceux que l’on pourrait croiser dans une programmation plus « classique ». Au cours de la journée baptisée Green Sunday, les spectateurs auditeurs pourront « bruncher » avec Les Apérovores qui auront concocté un menu étonnant, tout en écoutant Green Music, une performance inédite du duo Tomoko Sauvage et Francesco Cavaliere.

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A I LLEU R S EST IC I

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A I L L E U R S E ST I C I

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9_

8_

Green

Music

by

Tomoko

« Pour ce projet, les artistes s’inspirent profondément du mouvement Fluxus, lancé en 1962 par l’artiste George Maciunas. Il s’agit d’un état d’esprit, un espace de liberté, de partage, d’amitié, dans lequel se sont reconnus à l’époque des dizaines d’artistes de toutes nationalités ». Autre innovation de cette seconde édition de La Magnifique AvantGarde, le Hub Day, une journée entièrement dédiée aux nouvelles lutheries, comme un prolongement aux expérimentations menées dans ce centre national de création musicale qu’est Césaré où création musicale et invention de nouveaux instruments sont indissociables. Lors de cette journée, quatre instruments seront présentés. L’un d’entre eux a été créé en partie à Césaré. Il s’agit de la FloyK Bass de Floy Krouchi. Une occasion de découvrir ces instruments, les nouvelles sonorités qu’ils offrent à tous et les possibilités de composition qui s’en trouvent démultipliées. Et pour finir, une jam session plutôt singulière dans laquelle sonneront ces instruments hybrides. Une Magnifique Expérience !

Sauvage et Francesco Cavaliere © Okamoto Aiko L A M A G N I F I Q U E AVA N T G A R D E

9_ Green Music donne vie à une

DU 9 AU 14 JUIN

partition imaginaire composée

QUARTIER LIBRE

de sculptures et d’instruments

5 3 R U E V E R N O U I L L E T, R E I M S

animés par des voix d’animaux, du vent et de la flore sousmarine... © Okamoto Aiko

VENIR À QUARTIER LIBRE LIGNE 3 : ARRÊT VERNOUILLET SITUÉ RUE DE COURCELLES OU LIGNES 4 ET 9 : ARRÊT ROGEDERER SITUÉ PRÈS DE LA GARE SNCF

T O U T L E P R O G R A M M E L A M A G N I F I Q U E S O C I E T Y. C O M

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C’EST L’ÉTÉ

LE CONCEPT STORE DESIGN 50 cours Jean-Baptiste Langlet, 51100 Reims 03 26 35 87 91 / contact@dpstyle.fr


RUBISE-MOI Comme dans toute société qui se veuille autonome et pérenne, la Magnifique a souhaité qu’une nouvelle monnaie s’échange. Les rubis sont ronds, mignons, et n’arnaquent personne : 1 rubis = 1 euro. L’année dernière, ils ont circulé à fond les ballons, si bien que, plusieurs mois plus tard, on en retrouvait encore dans la pelouse du parc de champagne, archéologues du quotidien. Pourtant, avant de claquer dans nos poches, les rubis n’étaient qu’un concept, une idée lancée comme ça, dans les couloirs de la Carto. Alors, comme à chaque fois qu’une idée est lancée comme ça, dans les couloirs de la Carto, « on la joue coopératif, et on installe une grosse boîte à conneries où chacun y va de sa petite proposition » confie Cédric Cheminaud. Et donc, la boîte s’est remplie de mots, de suggestions, diverses et variées. Et quand la boîte a été ouverte, parmi toutes les variantes de nom de monnaie, rien n’a vraiment flashé. Le concept restait donc un concept, sans baptême ni véritable identité. C’est seulement quand le service com’ a commencé à travailler sur la forme que pourraient prendre les jetons que le génie est sorti de la lampe. « On verrait bien des jetons rouges, rouge rubis, genre jetons précieux. » Les rubis, ça ne s’invente pas. Ça s’échange.

LA BELLE GOSSE La gare de Reims a été bâtie en 1854, de manière provisoire. Faite de bois et de planches, elle était baptisée «  l’Embarcadère  », ce qui, avouons-le, manquait de prestige. Quelques années plus tard, en 1860, les ingénieurs de la Compagnie de l’Est ont planché sur de nouveaux plans. Et « l’Embarcadère » est devenu « la Magnifique ». En effet, en pleine conscience d’être une gare de province importante, la gare de Reims a été bâtie comme un palais. Le plan général est en ligne droite, parallèle aux voies de chemin de fer, sur 95 mètres de long. Autour du corps central, des ailes basses, et deux pavillons hauts aux extrémités. Aux ailes, des arches mettent en vis-à-vis les façades sur cour et le quai, pour une transparence entre la ville et les trains. L’horloge nationale, quant à elle, indique la formule « Dieu en soit garde », comme un blason. Si la gare de Reims porte si bien son surnom de «  Magnifique  », c’est aussi parce que tous ses atours décoratifs renvoient au champ lexical des châteaux. Des pilastres, des chapiteaux, des corniches, des balustrades, et des moulures au plafond. « Reims, ici Reims ! » et on n’est pas peu fiers.

TEXTE AGATHE CEBE


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I LS FO N T AU SS I L A M AG NIF IQU E : L E S BÉ N É VO L E S

ÔDE AUX AUTRES PETITES MAINS Régir la Magnifique Society relève de l’horlogerie fine. Et la Cartonnerie sait s’entourer des meilleurs atouts pour que ce festival porte bien son nom. Et, si vous êtes des festivaliers attentifs, vous remarquerez sûrement les bonnes vibes qui flottent derrière certains, discrets et hyperactifs, ceux qu’on appelle les bénévoles.

Les bénévoles… Du latin bene, bien, et velle, vouloir, benevolus, la bonne volonté. Outre l’attention monumentale des organisateurs de la Magnifique Society, il est des petites mains qui œuvrent, avant, pendant et après le festival, ni dans l’ombre, ni dans la lumière, mais surtout dans la hâte, partout, tout le temps. Derrière les bénévoles, il y a une association, Culture MecaniC, fidèle à la Cartonnerie et à toutes ses ambitions. Le temps du festival, Culture Mecanic est comme une Cartonnerie dupliquée. Un petit clone, d’organisation autonome mais identique à la salle de concert. Plusieurs pôles sont ainsi définis pour gérer l’ensemble du festival. Accueil et billetterie pour le public, accueil et billetterie pour les VIP, prod (loges et catering), technique, aménagement et logistique, communication, parking, gestion des déchets… Il y a aussi un pôle bénévole pour gérer les bénévoles… Quel comble ! La Petite Society a aussi son package de bénévoles, et cette année, en exclusivité 2018, un pôle reportage a été créé. Une belle palette de talents, donc, pour ces jeunes qui viennent participer à la Magnifique Society autrement qu’en simples spectateurs. Vivre la Magnifique de l’intérieur, c’est autre chose. C’est être sur le fil, et c’est réussir à conjuguer responsabilités et plaisirs. Le profil des bénévoles est assez jeune. Ils sont étudiants, majoritairement. Certains, même, notamment dans le pôle technique, profitent de l’évènement pour compléter leur cycle d’études d’un stage bien sous tous rapports. Bénévolat 2 en 1. L’année dernière, ils étaient environ 200 bénévoles à se partager le travail. Sur le pont, comme des vrais pros, ils ont fait que l’accueil soit sympa,

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TEXTE AGATHE CEBE PHOTOS LMS 2017

DARKROOM, LES MUSICOVORES

que le parc soit propre, que le son soit bon, que les couronnes de fleurs soient belles, que les artistes aient envie de revenir. Et c’est presque du 24/24h. En effet, la Magnifique répond à une organisation méthodique, rythmée, mécanique. Culture MecaniC ne porte jamais aussi bien son nom qu’en cette occasion, rodée et réglée comme du papier à musique, et qui n’admet ni la flemme, ni la fatigue. Si on caricature un peu, c’est un joyeux mixage entre la rigueur de l’armée et le fun de colonie de vacances. Parce que la Magnifique Society offre son lot de responsabilités importantes. Techniquement, rien n’est laissé au hasard. Humainement non plus. De la sécurité au confort, le curseur du travail des bénévoles se déplace vite et fort. C’est une fourmilière au service d’une autre fourmilière, dans un parc qui n’est pas extensible. Les artistes, la technique, la presse, les festivaliers, toute cette société magnifique se partage un même espace, dans une chorégraphie de haute voltige. Et il n’y a pas eu de répétition. C’est direct dans le bain, sans brassard. Heureusement, les bénévoles ont pour mot d’ordre de ne pas oublier qu’ils sont aussi là pour s’éclater. Le sourire ne les quitte pas. Et, espiègles, ils n’hésitent pas non plus à participer au festival à leur manière, comme l’année dernière lorsqu’ils ont plus qu’activement participé au concours photo proposé par Volkswagen, dans l’espoir de gagner le van Legos. Ou quand ils se sont piqués d’une course de voiturettes, lors du démontage des scènes. Pression, décompression. Les bénévoles ont beau avoir de la bonne volonté, ils savent que si la Magnifique Society n’admet pas l’approximatif, elle ne supporterait pas non plus l’ennui rébarbatif d’un sacerdoce contraignant.


IL S FO N T AU SS I L A M AG N I F I Q U E : L A P E TI T E S O C I E T Y

_ A. Thome

_ H. Dapremont

_ J. Dera

LA PETITE SOCIETY PETITE MAIS COSTAUDE La Petite Society a été pensée comme un espace dans l'espace. Un petit îlot dans le magnifique. C'est une parenthèse, un transat déplié, un quart d'heure américain. Il y a du monde aussi, à la Petite Society, mais ça se voit moins. On entend la musique depuis la Petite Society, mais comme de loin. On est toujours à la Magnifique, mais autrement.

TEXTE AGATHE CEBE

_ F. Husson

La Petite Society, ce n’est pas que pour les enfants. Et elle a tout d’une grande. Grisée de son succès de l’année dernière, la Petite Society reprend ses airs de village gaulois qui résiste vaillamment à l’envahisseur – ou pas – mais qui rassemble, ça c’est sûr, avec ferveur, des festivaliers créatifs et heureux. Aussi, cette année, la Petite Society grandit un peu. Elle reste au même endroit, mais s’étend : plus d’ateliers, plus de rendez-vous, plus de monde attendu. Tu t’inscris, c’est gratuit. Entourés de partenaires fun et bigarrés, les ateliers de la Petite Society s’articulent autour de deux axes : la SAPE et la musique. Cette année, le trait d’union officiel de la Magnifique Society, c’est la SAPE, la Société des Ambianceurs et des Personnes Elegantes. C’est comme une micro-nation où seules les fringues régissent les philosophies sociocommunautaires. Besoin de rien d’autre qu’avoir la classe, en toute circonstance. Couleurs vives, wax à plein régime, coordinations audacieuses, la SAPE ose tout, sauf le bad trip. La Petite Society aussi surfe sur la SAPE. Si les festivaliers sont

invités, en amont, à venir sapés pour l’occasion, il y aura toujours la possibilité de se saper sur place, ou de parfaire sa sape. Il y a même un concours de photo sur les réseaux : on plaisante pas avec le style. Saint Ex, partenaire fidèle, vient proposer un atelier inédit de création de vêtements sans contrainte technique puisqu’en réalité virtuelle. Un look, ça se modélise, ça se recherche. Saint Ex est là pour ça ! Après, on passe au concret, avec la Custom Fripe. Mad Vintage, nouveau partenaire, s’entoure de jeunes stylistes et couturiers qui proposent du détournement, upcycling et customisation de fripes vintage. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Et comme la Petite Society n’oublie pas ses francs succès de l’année dernière, les festivaliers retrouvent les ateliers couronnes de fleurs, création de tote bag, avec leurs autres petits frères : création de broche en bois, tatouage éphémère et masque. Précise-t-on que la musique est la clé de voute du festival ?

La musique, sur une cinquantaine de concerts, ça provoque la rencontre. Mais à la Petite Society, la musique se la joue participative et fun. En groupe ou en solo, la musique se conjugue sur la vibe du partage, sans pression. Avec le Beat Tonic, la musicienne Marine Bailleul présente son installation ludimusicosportive, pour se défouler et créer en musique et en famille. Et comme on ne change pas non plus, côté musique, une équipe qui gagne, les challengers les plus coriaces peuvent retrouver le concours de double pédale, sur une batterie de compétition, prête à en découdre. Et comme toute cette agitation physique, manuelle, cérébrale donne soif, le bar de la Petite Society désaltère, avec des infusions fraîches de plantes cultivées dans le parc, avec les trois scènes, derrière, en fond sonore…

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LAMAGNIFIQUESOCIETY.COM #magnifique2018


TEXTE ANNE-SOPHIE VELLY

_ Deeperdigger

VLADIMIR CAUCHEMAR LE NOUVEAU DJ MYSTÈRE QUI JOUE DE LA FLÛTE À BEC

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I N VI T É M YST ÈR E

C’est un projet hybride composé de break, de hip hop, de « house mediéval ». Un nom née en 2017, très vite signé chez Ed Banger, label électro bien connu qui compte parmi ses artistes, Justice, MYD, Mr Oizo, Breakboat, Cassius ..etc. Ce n’est pas le 1er à jouer de son anonymat,

il y a eu Daft Punk, Le club des losers, Ghost ou encore Capataz (pour ne citer qu’eux) qui ont joué cette carte. Une carte qui permet aux artistes d’avoir plusieurs projets parallèles, plusieurs visages musicaux et de jouer avec sans complexes aucuns.

Et c’est sans complexes, vous l'aurez remarqué, que Vladimir Cauchemar fait LE BOOM du moment et non « La boum ». Vic laisse place à une flûte à bec et un mec chauve à lunettes, calvitie, col roulé marronnasse tout droit sorti des années 70 dans le seul clip qui existe pour le moment. Pedro Winter le patron de Ed Banger souhaite entretenir le mystère, tant qu'il peut....

finalement je ne pose pas la question parce que je crois que je ne souhaite pas savoir… Mais je me débrouille pour trouver une adresse mail sans grand espoir d'avoir une réponse et puis, tadam ! : « vous avez reçu un mail de v.cauchemar » il a bien voulu répondre a mes 3 questions : Tu as choisi de garder le mystère autour de ton personnage, alors Vladimir Cauchemar c’est plutôt « je suis timide mais je me soigne » ou « l'as des as » ?

« Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a, qui c'est celui-là ? Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga Il a une drôle de tête ce type-là Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a ? Et puis sa bagnole les gars Elle est drôlement bizarre les gars ça s'passera pas comme ça. »

L’as des As. L’as de PIQUE pour être précis.

Accompagné de Pierre Vassiliu, j'ai donc chaussé mes plus beaux souliers pour mener mon enquête, lu les articles déjà parus en notant ceux qui tournent en rond sur des comparaisons récurrentes avec Jacques et Salut c'est cool, regardé plusieurs fois le clip de Aulos réalisé par Alice Kunisue. Décortiquer les liens de ce fantomas 2.0 avec les autres musiciens, instagram, twitter, il se dit d'origine russe, il semble être proche d'Orelsan, pas grand chose à me mettre sous la dent... BREF, mon âme d'inspecteur Clouseau s'est révélée.

Tu joues à la Magnifique Society à Reims le samedi 16 juin alors ce sera

Je fais une pause dans mon investigation, et me voici en Normandie pour tout autre chose ou je tombe par hasard sur Fulgeance, dj et autre nom de l'écurie Ed Banger. Là je tiens un truc ! Il doit bien savoir qui c'est ce type au sein de son propre label... Je touche presque au but et puis

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C’est quoi la suite du film pour toi ?

Répandre ma medieval house (comme la baptisée Annie Mac sur BBC) sur toute la planète. Quand j’aurai atteint ce but je quitterai l'enveloppe corporelle de mon hôte actuel et lui rendrai sa liberté.

Vodka ou Champagne ?

Vous posez vraiment cette question à quelqu’un qui se nomme Vladimir ?? C'est donc avec Pierre Vassiliu que je vais clore ce sujet en attendant de retrouver Vladimir Cauchemar à la Magnifique Society le 16 juin. D'ici là... CHUUUT ! « Si vous saviez comme c'est beau, d'être bien dans sa peau Je bois mon pastis au bar avec le chef de gare Je me gare n'importe où j'vous jure que j'suis heureux Mais ça emmerde les gens quand on vit pas comme eux Et les gens disent de moi... »


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FAR ABOVE THE WORLD POURQUOI LE TOKYO SPACE ODD S’APPELLE LE TOKYO SPACE ODD.

COUSINADE L’Industrie Magnifique est un évènement qui a eu lieu du 3 au 13 mai derniers, à Strasbourg. Cousine germaine et régionale de la Magnifique Society, cette manifestation dédie son savoir-faire fédérateur à l’art contemporain. Pendant dix jours, chaque place de Strasbourg s’est ornée d’une œuvre, originale et spectaculaire, créée spécifiquement pour l’occasion. Aussi, des créations éphémères, des rencontres, des jeux, ont été proposés au public strasbourgeois, afin que l’art contemporain

Fidèle : une année passe vite quand il s’agit de traverser le globe pour aller, venir, revenir. Le Japon est-il jamais vraiment parti ? Excentrique : tout à la fois vintage et ultra moderne, le Japon s’inscrit dans une tradition flottante, mouvante, en perpétuelle évolution. Le Tokyo Space ODD a acquis son identité autonome et pourtant si insérée dans la Magnifique Society. Et c’est parce qu’il est né sous de bons augures. S’il y a une bonne fée qui s’est penchée sur son berceau, c’est bien CreativeMan, grand producteur du festival Summer Sonic, devant l’éternel. CreativeMan soutient le festival rémois, depuis son club, à Tokyo, dans le quartier Shibuya, le Space ODD. Le Space ODD ? Plus qu’un clin d’œil, le Tokyo Space ODD est le symbole d’un parrainage fort avec le Japon, avec le soutien sans faille de CreativeMan, avec la bonne étoile de David Bowie, aussi. C’est pas fait à moitié. Tokyo Space ODD embarque, ground control to Major Tom, dans un enchantement psychédélique. You've really made the grade and the papers want to know whose shirts you wear, now it's time to leave the capsule if you dare.

devienne aussi quotidien. Pourquoi Industrie ? Parce que des industriels ont choisi de parrainer le festival en accueillant un artiste. Celui-ci a dû s’inspirer de l’entreprise, de ses valeurs, de ses matériaux, de ses technologies, pour créer une œuvre originale. Qu’ils soient

photographes,

peintres,

scénographes

ou

sculpteurs, les artistes ont tous quitté leurs ateliers pour créer in-situ, à ciel ouvert. Et c’est Magnifique parce que c’est grandiose ! « What have we got ? Magnificence ! » chantaient les Clash. Une référence que nous partageons, visiblement, de Reims à Strasbourg. TEXTE AGATHE CEBE


VO U L E Z-VO U S M’ É P O US E R ?

ÉTIENNE NE LIS PAS CET ARTICLE. Jeudi 24 mai 10h23, le téléphone bippe. Un SMS : « Ça te dit de faire un sujet pour le hors-série pour la Magnifique. L’histoire d’une nana qui veut demander son mec en mariage pendant le festival. Appelle moi. »

La nana, c’est Marie, elle a 32 ans et habite à Mery-Prémecy. Si vous projetez d’y acheter : attention on y capte très mal. Le mec, c’est Etienne, 46 ans. Quitte à paraitre un peu brutal, ma première question à Marie: « mais qu’est-ce que c’est que cette histoire de demande en mariage ? » C’est une histoire d’amour. Ils étaient respectivement mariés. Puis divorcés. Depuis 10 ans qu’ils travaillaient ensemble, il semblait assez clair que l’amitié glissait doucement vers autre chose. Ils construisent de nouveau une histoire mais avec l’envie de faire autrement. Pas envie d’être dans les standards. Pas de mariage classique et donc une demande en mariage originale. Nous y voilà.

année, il va avec ses copains faire un grand festival en Europe, différent chaque année. Depuis que nous sommes ensemble, nous sommes allés dans plein de festivals. Et souvent à la Cartonnerie. » Marie a donc eu l’idée de faire une demande un peu spéciale à l’équipe de la Magnifique. « J’ai envoyé un mail pour leur demander si nous pouvions imaginer quelque chose ensemble pour cette demande en mariage, un peu comme une bouteille à la mer, et franchement je ne m’attendais pas à avoir une réponse ». Une demande en mariage, ok pas de problème, on va trouver une solution. C’est en cours, nous ne vous dévoilerons pas tout du scénario élaboré. Pourquoi pendant ce festival ? « Parce que

l’ambiance correspond à ce que nous sommes, parce que nous sommes fans d’Orelsan et Jane. » Etienne n’est au courant de rien, il sait juste qu’il retrouve des amis à la Magnifique. Euh. En fait, Etienne, si tu lis ces quelques lignes tu t’es déjà reconnu. Et donc tu es maintenant au courant. En fait non, puisque nous avons changé les prénoms. Héhé.

Etienne a une vraie passion pour la musique et les festivals. « Chaque

TEXTE JEAN DELESTRADE

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CÔTÉ COUR

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CÔTÉ SCÈNE


W TEXTE NICOLAS DAMBRE


W B A RRI T U D E N IP P ONE

W E D N E S DAY  CA M PA N E L L A À L A C O N QU Ê T E D U M O N D E

Le trio japonais, connu pour les performances de sa chanteuse, commence à percer hors de son pays natal Au Japon, le groupe s’appelle Suiyôbi no Campanella (水曜日の カンパネラ). Ailleurs, c’est Wednesday Campanella. Pourquoi mercredi (Wednesday) ? Le groupe se réunissait soit-disant les mercredis à Tokyo. En revanche, on ne sait pas s’il y a un rapport avec le moine italien du XVIIe, Tommaso Campanella. Le trio est composé d’un DJ, Hidefumi Kenmochi, d’un producteur de musique, Fukunaga Yasutomo alias Dir. F, et de la chanteuse Kom_I. Actif depuis 2012, il s’est d’abord fait connaître à Shimokitazawa, le quartier bohème de Tokyo en 2013. Un mini album, plusieurs titres, les concerts s’enchaînent au Japon. Les prestations de Kom_I marquent le public, par exemple lorsque la jeune femme dépèce un cerf sur scène. En règle générale, ses performances sont moins sanglantes et plus drôles. Lors de la première Magnifique Society, la jeune femme a fini l’un de ses concerts dans un globe de plastique, au-dessus du public. TIMIDE

Musicalement, Wednesday Campanella est un grand melting pot de rap, de J-Pop, de 2 step et d’EDM. Un syncrétisme parfois déconcertant, à moins de le prendre au second degré, comme semble un peu le faire Kom_I. Elle passe avec une facilité déconcertante du chant au rap, tout en dansant ou en surgissant au milieu du public, par exemple juchée sur un escabeau. Cette japonaise de 25 ans n’avait jamais chanté avant Wednesday Campanella et elle n’aime pas le karaoke. Pourtant, elle a vite éclipsé la chanteuse et la danseuse du

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groupe, qui en sont rapidement parties. Celle qui se dit timide est née à Kawasaki, au milieu de l’archipel nippon. Elle y a étudié le violon et le ballet classique. À l’université, elle s’est intéressée à la linguistique et a commencé une thèse sur les costumes dans le théâtre traditionnel japonais. Avant d’être happée par la musique. OURAGANS

Les vidéo-clips de Wednesday Campanella valent le coup d’œil : le pharaonesque « Ra », le fête baroque de « Ikkyu-San », la sciencefiction de « Matsu Basho » ou le clip publicitaire « Chupacabra » pour Red Bull… Ces films hyper inventifs et léchés sembleront bien exotiques pour les non Japonais. Kom_I s’est aussi fait connaître dans son pays par des publicités à la télévision, ce qui lui vaut une certaine notoriété dépassant son statut de chanteuse décalée. Sur le dernier album du trio, Superman, chaque titre est dédié à un personnage : de Charlie Chaplin à Gengis Khan, en passant par Audrey Hepburn. Un concept-album imaginé par la volcanique chanteuse, qui souhaitait célébrer des figures qu’elle respecte. C’est Hidefumi Kenmochi qui écrit les textes en japonais, souvent en s’aidant de Wikipedia, pour créer des paroles parfois décalées, voire incompréhensibles. Kom_I dit aimer les tempêtes, les ouragans et les typhons, elle veut les imiter sur scène. Alors, à défaut de tout comprendre, on se laissera volontiers emporter par cette charmante furie.


J U ME L AG E M US I C A L Au-delà du festival, la Magnifique Society poursuit ses échanges artistiques avec le Japon. Orelsan a ainsi donné son premier concert à Tokyo. Space ODD n’est qu’une partie du vaisseau japonais posé à Reims. Depuis sa première édition, le festival champenois accueille des artistes japonais, mais l’échange vaut aussi dans l’autre sens. Ainsi, début mai, le directeur et le programmateur de la Magnifique Society sont partis à Tokyo, avec quelques artistes français dans leurs bagages : Moodoïd, Vladimir Cauchemar et Orelsan. Ce dernier a twitté le 7 mai : « Le Japan Tour ne passe que par une seule ville mais c’est déjà cool ». Il donnait en effet deux concerts dans la capitale japonaise, l’un à l’Institut français de Tokyo, l’autre au Sankeys Club. L’objectif ? Faire connaître notre rappeur quasi inconnu au pays du Soleil levant. Et peut-être des organisateurs de concerts ou de festivals le programmeront-ils prochainement au Japon… Vladimir Cauchemar s’est produit en première partie d’Orelsan. Pas sûr que les Japonais aient capté tous les jeux de mots. Fan de mangas, Orelsan rêvait de jouer au Japon. On se souvient de son clip « Ils sont cools » avec Gringe, qui multipliait les références à l’animation japonaise : les Chevaliers du Zodiaque ou Dragon Ball. Et son blaze est aussi une référence nippone : le suffixe

«san» sert à désigner une personne poliment. Le rappeur français développe sa marque de vêtements, il pourra peut-être en exporter pour habiller les tokyoïtes branchés. Moodoïd a rencontré Kom_I, la chanteuse de Wednesday Campanella. Le Français et la Japonaise ont créé deux titres. Quant à Petit Biscuit, il sautera dans le grand bain : l’artiste normand jouera au fameux festival rock Summer Sonic. Un grand raout auquel avait participé le groupe alsacien Last Train en 2017. L’an dernier, Fishbach avait précédé Orelsan dans la capitale nippone. Ce voyage à Tokyo permet de faire connaître aux journalistes et aux professionnels japonais la Magnifique Society. Les artistes nippons commencent à repérer ce rendez-vous où ils sont les bienvenus. La proximité de Paris leur permet de prendre quelques rendez-vous dans la capitale avec des médias ou des organisateurs de concerts, entre deux prestations à Reims. Le directeur du festival (et de la Cartonnerie), Cédric Cheminaud, a eu de bons retours sur les

concerts des artistes japonais lors de la première Magnifique Society : « Jamais autant d’artistes japonais n’avaient été programmés. Ils le sont trop souvent dans le cadre de Japan Expos ou de conventions manga ou jeux vidéos. À Reims, ils ont pu constater si leur musique prenait sur un nouveau public. » Hasard ou pas, la ville de Reims, jumelée avec Nagoya, célèbre en 2018 l’année du Japon. Les musées des deux villes ont eux aussi pratiqué pas mal d’échanges, mais autour d’un peintre, Foujita. Les champenois découvriront également le kamishibaï, le torimonochō et le yōkai. De quoi parfaire sa culture au-delà des mangas.

PLATE FORME FRANCE JAPON : KONICHIWA REIMS !* *

Bonjour Reims

TEXTE NICOLAS DAMBRE

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