P # 20 sept oct 18
Arts, musique, business, g o û t, d e s i g n : L e s c r é at i f s s o n t da n s p r o c e s s .
A
Arts
16 / Georges Schwizgebel 24 / ferdinand barbet 26 / duo des halles 4 2 / 1 3 5 ZINE
M
muSique
1 2 / a m i a m i f e s t i va l 3 8 / d o c k e n s t o c k / l e f e s t i l i e u 4 0 / St e v i e Wo n d e r Wo m e n 4 8 / s lowg l i d e ÉDITEUR / Dir. de publication Benoît Pelletier RÉALISATION / design / diffusion bel-studio.fr
B
business
direction artistique Benoît Pelletier assisté de amélie luca
Si vo u s souhaite z de ve nir d i ffu seu r, vo us abo nne r pour recevoi r le magazine c he z vou s, ou e n com mande r un ex empl ai re , contacte z n ous ici : h ello @proce ss -mag.com P OUR DEVENI R ANN ON C EU R, DIFFU SEUR OU PARTENAIRE : bp @proce ss -mag.com 06 80 6 5 89 72
1 4 / fa b i e n h u b e r t 3 0 / e v e r b lo c k
G
goût
Le magazine PROCESS es t édité par Belleripe SARL - 5 avenue vallio ud 69110 Sainte-f oy-lès-lyon . Tous droits réservés. Toute reproduction , même partielle es t interdite, sans autor isatio n . Le magazine PROCESS décline to ute responsabilité po ur les documents remis. Les textes, illus trations et photographies publiés en gagent l a seule responsabilité de leurs auteurs et leur présen ce dans le magazine impl ique leur libre public atio n . Le magazine PROCESS es t disponible gratuitement dans 170 point s de dépôt à Reims, 25 à epern ay et 40 à c harleville-mézières. retro uvez toute l a lis te sur www.process-mag.com Magazine à parution bimes trielle.
10 / la recette d'arnaud Lallement 11 / le goût de jérôme descamps 3 6 / ALE X ANDRE PONNAVOY
D
DESIGN
COUV © Vin cent vdh
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3 2 / c é c i l e G RAY
contri- PLA buteurs © Stéphane de Bourgie
BENOÎT PELLETIER éditeur directeur créatif & photographe
Anne-sophie velly DA de Maison Vide art contemporain, musiques & confettis
JULES FÉVRIER journaliste & photographe
marie-charlotte burat rédactrice, toujours entre deux expos
agathe cebe rédactrice & journaliste freelance
Jérôme Descamps réalisateur & montreur de films
arnaud lallement chef ***
Peggy Leoty communication / événementiel / relations presse
CYRILLE PLANSON redac-chef La Scène, Le Piccolo, Théâtre(s) mag
alexis jama-bieri dirigeant culturel
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PLAYLIST uteurs la playlist ECRILLUSTRÉE D’ANNE-SOPHIE VELLY
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Pour le numéro 20 du magazine, j’ai demandé aux artistes d'AMI AMI festival de me confier leur morceau « process », celui qui les inspire, qui les booste, qui les fait avancer, rêver, créer.
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I wanna hit you
Maryan
R Stevie Moore
Robert Wyatt
Morceau pour la fin de l'été Si vous aimez Kokomo des Beach Boys ca devrait vous parler. Cet homme est un génie, ses mélodies à tomber. Auteur de plus de, attention, 400 albums, j'ai encore des tonnes de chansons à découvrir. Stevie .
Symbolique pour moi qui aime beaucoup la scène de Canterbury (Soft Machine, Caravan, etc...). C'est un morceau pop d'une noblesse déconcertante. Les arrangements sont magnifiques, l'écriture d'une pureté incroyable et son timbre de voix m'a toujours beaucoup touché.
Marianne Merillon Batteuse / chanteuse
Leo Blomov Musicien
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For Falling Asleep
Karibe Taki
Etienne Jaumet
Yma Sumac
Ce morceau est la synthèse parfaite entre musique de danse, voire de transe et périple sonore méditatif. La production est extraordinaire, stratosphérique, elle me nourrit à chaque fois que je l’écoute. 20 minutes et 26 secondes d’un voyage aux confins de la galaxie, le temps d’une face de 33T. Bruit Fantôme Musicien
J'ai découvert Yma Sumac par un ami quand je posais nue dans ses cours de peinture. Je suis tombée en fascination devant cette incroyable diva aux 5 octaves. La légende du personnage la prétend princesse Inca. C'est tout un univers, entre le folklore des Andes, le chant lyrique et le cinéma des années 50… L'écouter me fait toujours frissonner et m’inspire. Quand je l'écoute, j'ai envie de tout faire, tout oser car en fin de compte, tout est possible ! Coralie Datt Performeuse
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Radioland
She Bop
Kraftwerk
Cindy Lauper
Simplicité et épuré , j’adore absolument tout dans ce morceau, ambiance douce et inquiète, paroles sans aucun double sens, rendues encore plus explicites par le sound design, voix sans affect. Un de mes morceaux préférés au monde. Domotic Musicien
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Une chanson qui m'inspire est une chanson qui m'invite à bouger, à me remuer… Ce morceau a toujours eu cet effet sur moi… C'est quelques années plus tard que j'ai réalisé que cette chanson prônait le plaisir solitaire. J'ai alors compris pourquoi cette petite mélodie et son refrain entêtant me transportent dans un univers léger ou plus rien n'a d'importance ! Lorsque je crée / je peins, je plonge dedans. Un plaisir inspirant, hors du temps : I bop ! Vincent Puren Artiste plasticien
news cloud faut pas rater ça
8>26/09 NONOTAK - STUDIO
13/09> 13/01
Galerie Planète Rouge / Paris
Une expo qui nous plonge dans le mapping ou encore l’art numérique et graphique avec une précision d’horloger. Un art numérique qui joue également sur les lumières et les couleurs… Takami Nakamoto et Noémi Schipfer, les deux membres du collectif, proposent des installations qui interagissent également avec l’espace, le son, mais aussi le graphisme.
Da Vinci les inventions d’un génie
galerieplaneterouge.com
Somerset House / Londres
12/09
Le Manège fait sa rentrée ! Reims
© alice mann
Good grief, Charlie Brown !
lasucriere-lyon.com
à 19h
© Charles M. Schulz
25/10> 03/03
© Léonard de Vinci
© nonotak studio
La Sucrière / Lyon
La plus grande exposition itinérante au monde pose ses valises à La Sucrière à Lyon. Cette exposition vous propose de découvrir plus de 100 maquettes réalisées sur la base des dessins de Leonardo Da Vinci, une trentaine de documents originaux tel que : Croquis de la Joconde (Raffaello), Tête d’homme (Michelangelo),… mais aussi la reproduction d’œuvres originales et des codex. En tout c’est prêt de 200 inventions et objets à découvrir dans une exposition mettant à l’honneur le plus grand génie de la renaissance : Leonardo Da Vinci.
Rendez-vous au cirque pour un tour d’horizon des rendez-vous de l’année, perturbé par quelques surprises ! manege-reims.eu
L’exposition met en vedette des œuvres contemporaines inspirées par Snoopy, Charlie Brown et le reste de la team Peanuts, avec des dessins originaux du créateur Charles M. Schulz. C’est une exposition historique qui explore l’impact de la bande dessinée la plus réussie de tous les temps.
La joie de vivre du cinéma Philharmonie de Paris / Paris Cette exposition explore l’univers joyeux de la comédie musicale. Elle prend le parti d’immerger les visiteurs dans les films eux-mêmes, par des projections géantes mais également des dispositifs interactifs, et replace le genre dans son contexte historique. philharmoniedeparis.fr
© dr
19/10> 27/01
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somersethouse.org.uk
15/09> 13/01
Ici tout est possible Niki de Saint Phalle BAM / Mons Belgique Première grande rétrospective de Niki de Saint Phalle en Belgique, l’exposition raconte comment son imagination sans limite et sa vision unique du monde lui ont valu une reconnaissance internationale et le statut d’artiste incontournable du XXe siècle. bam.mons.be
5 raisons d'aimer… LOW Par CYRILLE PLANSON
La musique de ces mormons du Minnesota reste confidentielle. Mais plus pour longtemps car Process va vous donner toutes les raisons de l’aimer.
ud
Parce que sa musique est (presque) inclassable Il y a vingt-cinq ans, Alan Sparhawk (chant, guitare) et John Nichols (basse) parviennent à convaincre Mimi Parker, l’épouse du premier nommé, d'intégrer le groupe qu’ils viennent de fonder. Si le bassiste a changé plusieurs fois, Mimi Parker reste fidèle au poste, à la batterie et au chant, accompagnant le chant profond de son Sparhawk de mari. Le groupe originaire
Parce qu’il entretient la flamme des groupes
de Duluth (Minnesota) propose un rock minimal,
mormons
intimiste et cérébral. Certains l’ont qualifié
Que peuvent avoir de commun The Killers,
de slowcore ou sadcore. Alors, Low ou Slow ?
Imagine Dragons et Low ? C’est simple. Tous trois sont des groupes composés de musiciens mormons. Rien ne transparaît dans leur musique sinon leurs titres souvent empreints de spiritualité, les prières dans les loges et l’interdiction suprême : « No drugs, no alcohol ». C’est pour moderniser son image que l’Eglise mormonne a laissé la possibilité à ses fidèles de jouer de la
Parce qu’ont croit en la magie de Noël En 1999, Low publie Christmas, un album
musique au tournant des années 1960. Et sans cela, point de Low.
de Noël comme il est de tradition d’en réaliser un aux Etats-Unis. On se souvient des deux magnifiques albums de Chsristams songs revisités par Sufjan Stevens. Celui de Low rassemble des compositions originales et des reprises. Il n’était pensé à l’origine que comme un « cadeau de Noël » pour la petite communauté des fans du groupe. Mais, vite repéré par les radios anglaises, il contribuera à sa renommée naissante. Le très sérieux NME le qualifie alors de « meilleur album de Noël de tous les temps ». Rien que ça !
Parce que « Especially me » C’est notre titre préféré du groupe, une introspection amoureuse qui témoigne des tourments qui hantent les textes d’Alan Sparhawk. Celui-ci déclarait récemment aux Inrockuptibles : « Je me bats toujours contre moi-même, mais je reste la même personne (…) Sur de nombreux plans, on empire en vieillissant (...) Certains fardeaux s'alourdissent, encore, encore et encore. Certaines personnes arrivent à mettre, peut-être inconsciemment, ces questions sous le tapis. Moi ca reste là, en permanence, et ca m'affecte ». Une balade vraiment « low » à ne pas écouter quand on est « down ». Quoique…
Parce que Low fait l’actu Avec son nouvel album, Double négative, Low s’annonce plus inventif que jamais, comme on le devine à l’écoute des premiers titres mis en ligne sur You Tube. Une musique sépulcrale, « low-fi », qui couvre le chant, créant un univers sonore cotonneux, parfois éloignée des compositions plus folk et rugueuses auxquelles le groupe nous avait habitué. Dans cette gamme, le titre « Dancing and blood » et son clip mettant
© dr
en scène un vieil homme dansant sur un poledance est superbe. À n’en pas douter l’un des albums de cette rentrée musicale.
Low sera en France, à L a G a î t é Ly r i q u e ( P a r i s ) l e 1 3 o c t o b r e w w w. c h a i r k i c k e r s . c o m
HOP © julie delattre
explosion et intimité
Ami-Amiaou Le festival Ami-Ami est de retour ! C’est la première bonne nouvelle. Le festival Ami-Ami vous donne un premier rendezvous à Ma Bouteille s’appelle Reviens ! C’est la deuxième bonne nouvelle. Le festival Ami-Ami vernit une exposition qui fait la part belle aux chats ! C’est la troisième bonne nouvelle. Et en effet, pour cette remise en jambe, c’est Vincent Puren qui s’intéresse aux chats perdus… Il y a plein de mères Michel dans l’univers de Vincent, et son exposition, « Lost Cat » donne des envies d’adoption frénétique et de ronrons fanatiques. Ne miaulez pas trop fort, il y a des vinyles qui tournent, à côté, en Open Platines. Amenez vos disques, amenez vos chats, amenez-vous : quoiqu’il arrive, le festival Ami-Ami vous attend de patte ferme. Festival Ami-Ami, lancement officiel, lundi 10 septembre, 18h30, à Ma Bouteille s’appelle Reviens, 19 rue de la Magdeleine à Reims Programmation complète : amiamifestival.fr
Cette année encore, Césaré ouvre la voie aux créations sonores en accueillant des artistes singuliers, toujours en recherche et en expérimentations. Pour l’ouverture de cette saison, Césaré attend son public le 13 septembre dès 19h30 pour une rencontre conviviale autour d’artistes résidents qui feront battre le cœur du studio ces prochains mois. Dans une déambulation libre, vous passerez d’un univers sonore à un autre, au gré d’invités très spéciaux. Lucie Antunes s’intéresse à vos battements de cœur, Philippe Foch fait vibrer des pierres magiques sur un lithophone, Jean-Baptiste Masson écoute des ondes d’ailleurs, et les étudiants de la classe de composition du Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims, dirigés par le compositeur André Serre-Milan, accompagneront l’artiste sonore Méryll Ampe. Un avant-goût éclectique pour annoncer le stupéfiant rendez-vous du 9 octobre, qui ouvre officiellement le calendrier des spectacles dont seul Césaré a le secret. « Codex Amphibia » ou interprétation de la reproduction explosive chez les amphibiens, entraîne dans l’intimité de la communication animale. À travers cette appréhension, Thomas Tilly raisonne sur les signaux et les comportements des espèces, en se désolidarisant de l’humain. Ce phénomène exclut l’homme et ses codes, sa temporalité, son essence même. L’enregistrement de cet univers sonore échappe à toute réalité connue et reconnaissable et résulte d’un travail de patience, d’observation d’un processus mouvant et étrange, où toute prévision, même rationnelle, est impossible. L’homme, dans sa plus primaire vulnérabilité, doit être accepté par la nature, dans l’intimité de ce qui s’y joue. De mutation en explosion, l’analyse de Thomas Tilly n’a pas échappé à une sensibilité, qui naît de cette invitation dans un autre espace-temps. Le public écoute des enregistrements, puis des interprétations de ces enregistrements, en suivant la chronologie de la reproduction explosive, en trois phases, dans une tension naturelle et authentique. Césaré 27 Rue Ferdinand Hamelin à Bétheny ouverture de saison jeudi 13 septembre à 19h30 « Codex Amphibia », mardi 9 octobre à 19h30 Infos : 03 26 88 65 74 et www.cesare-cncm.com
© DR
PAR AGATHE CEBE
HOP
à bloc, comme d’hab Velours remet le couvert, et fête la fin de l’été avec la désormais génétiquement
rémoise
Block
Party. Le 23 septembre, de 12h © corentin le goff
à 20h, la place du forum reçoit toutes les pratiques artistiques, culturelles et sportives de l’espace urbain. Une ode à cette autre culture, celle qui file à vitesse lumière, s’adaptant et se
ESAD
réadaptant aux codes mouvants
Effervescence
de la rue. La Block Party est gratuite, populaire et originale, se déclinant selon quatre principales disciplines hip-hop : la musique, la danse, les arts visuels et le sport urbain. Côté musique, six concerts
© esad
Expo Design’R, au Cellier 4b Rue de Mars à Reims du 15 septembre au 7 octobre 2018. Entrée libre. Remise du Prix PRISME, vendredi 28 septembre au Musée des Beaux-Arts
sont attendus, avec Demi Portion, The Mouse Outfit et une Batucada, mais aussi trois scènes locales : 6 rano, Bouba tekass et Ced Swift. Côté arts visuels, un dédale de graff se répandra de façon virale, sur la place du forum… Danse et sport urbain se déclineront sur des performances, rythmant les huit heures intensives de démonstration. Et la nouveauté 2018, c’est sans aucun doute cette 5e discipline mise à l’honneur : le lifestyle, avec la présence d’un coiffeur / barbier, un vinyle shop et plein d’autres stands, comme un atelier de customisation de sneakers by Versus Custom, ou des flash-tatoos by Taïm. Mais comme cette liste n’est absolument pas exhaustive, le mieux serait que vous fassiez partie des 6000 personnes attendues pour cette édition !
Block Party, dimanche 23 septembre, 12h-20h place du forum à reims, entrée libre.
Exploration en terrain connu La Jungle poursuit son investigation artistique à Reims, avec une 5e exposition, du 14 septembre au 19 octobre, réfléchissant l’humain et le territoire. Etre acteur sur son territoire, être maître de sa vie et de ses choix : l’art peut et doit aussi incarner la question de l’autre, et de l’entre soi. Pour répondre à cette nouvelle problématique, Adèle Sinigre, directrice artistique, a invité la photographe Angèle Caucanas, en réflexion constante sur l’individualité au sein de la masse. De New-York à Reims, le parcours de cette photographe a su capturer les chocs culturels qui, in fine, rendent l’individu extraordinaire. Mais encore faut-il avoir l’audace de se fondre dans la collectivité, d’y vivre sa vie en acceptant d’être l’étranger de quelqu’un : en assumant son statut d’étranger vis-àvis de l’autre. La Jungle propose donc une pérégrination, les yeux dans les yeux, les yeux de soi dans ceux de l’autre, en balance perpétuelle d’un territoire à un autre, dans un inconfort réconfortant et existentiel. Expo photo, « L’Autre et le territoire » Angèle Caucanas à la Jungle 5 place Lisieux à reims du 14 septembre au 19 octobre 2018
© DR
Riche activité, dès le début de l’année, pour l’Ecole Supérieure d’Art et de Design de Reims qui, comme à chaque rentrée, propose deux temps forts (mais pas en chocolat). Du 15 septembre au 7 octobre, au Cellier, l’exposition Design’R met en lumière le travail des jeunes diplômés du cru 2018. Art visuel et design, les projets de master répondent à des problématiques reliant les formes et les systèmes qui entourent l’humain. Au gré des sujets traités, chaque étudiant répond par des solutions esthétiques ou fonctionnelles, mais toujours empreintes de génie et d’espièglerie. Et comme chaque univers est personnel et singulier, l’exposition Design’R leur permet une première approche avec le public, un partage indispensable pour tout artiste qui se respecte. Et toujours avec les jeunes diplômés en ligne de mire, le prix PRISME se concentre sur ces talents en devenir, et vient à nouveau récompenser l’un d’entre eux, le vendredi 28 septembre. Pour cette 4e édition, le prix PRISME ne déroge pas aux règles qu’il s’était fixées, et qui font partie de son ADN : mettre en valeur le travail des étudiants de l’ESAD, comme un tremplin fructueux. L’association PRISME, club d’entreprises mécènes, offre en effet une bourse de 5000€ à un étudiant préalablement sélectionné parmi d’autres. « Cette bourse permet ensuite de poursuivre les études, de produire une œuvre importante, de faire de la recherche, ou de se lancer dans un projet professionnel » énumère Didier Janot, président de l’association. Pour que le jury, composé de professionnels du milieu artistique et de mécènes, choisisse avec pertinence leur lauréat, les œuvres de tous les candidats sont exposées au Musée des Beaux-Arts, quelques jours avant la remise du prix. Chaque candidat est aussi entendu, lors d’un entretien, avant un vote collégial. Ces dernières semaines de septembre mettent donc en lumière la future génération artistique, au musée de Beaux-Arts, comme une passation de témoin, en bonne et due forme.
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goût
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POMME DE YANNICK COLOMBIé, TATIN, MERINGUE Arnaud Lallement
Montage de tatin 1 kg de pomme goldrush | 113 g de sucre | 37 g de beurre | 17 g de jus de citron Faire un caramel à sec. Ajouter le beurre et le jus de citron. Couper le caramel dans un moule en aluminium de 40 cm par 30 cm et 3 cm de haut. Eplucher les pommes. Faire des bandes à la dérouleuse ou à la mandoline. Ranger ces bandes une fois dans la longueur, une fois dans la largeur. Cuire 35 min à 180°C. Refroidir. Congeler en carré de 6 cm. Sorbet fromage blanc 250 g de fromage blanc | 60 g de crème liquide | 125 g de lait | 100 g de glucose atomisé Chauffer le lait avec le glucose jusqu’à 45°C. Ajouter la crème puis le fromage blanc. Mettre en paco. Congeler. Meringue 50 g de blancs d’oeufs | 50 g de sucre | 50 g de sucre glace Monter les blancs. Serrer avec le sucre. Ajouter le sucre glace à la maryse. Etaler avec un pochoir carré de 6 cm. Cuire au four à 80°C pendant 1h.
Caramel 100 g de sucre | 88 g de crème liquide | 12 g de beurre | 1,2 g de sel Faire un caramel à sec. Ajouter le beurre, le sel, puis la crème. Cuire pour que tout soit homogène. Refroidir. Crème vanille 250 g de lait | 50 g de sucre | 1,5 oeufs | 1 gousses de vanille | 22 g de poudre à crème ou maïzena | 35 g de crème montée Faire une pâtissière. Refroidir. Mixer pour lisser. Ajouter la crème montée. Mettre en poche douille 10. Dressage Dans une assiette faire un carré en quadrillage de caramel avec un peigne. Ajouter dans un angle la tatin tiède en biais. Mettre un carré de meringue recouvert de pointes de pâtissière. Recouvrir d’un autre carré de meringue rayé de caramel avec quelques pointes de feuille d’argent. Terminer à l’opposé avec une quenelle de sorbet posée sur un morceau de meringue emballé dans de la feuille d’argent.
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© matthieu cellard
par
GOÛT Par
un été de canicule Croquis rémois
La lumière de cet été si chaud dessine une autre géographie de la ville. D’abord on cherche l’ombre pour se déplacer, nos itinéraires diffèrent des temps calmes. La ville devient un terrain de jeu qui s’organise autour des ombres portées, tout pour éviter les longues trouées chauffées par le soleil. On bénit les tilleuls de la place Jules Cobet, les travées des promenades, la ligne d’arbres de la rue Libergier, les colonnades de la place d’Erlon mais nos pas ne peuvent se restreindre à ces quelques havres. Nous nous risquons dans les rues acier. C’est une rareté que de considérer le soleil comme un ennemi et non un complice dans cette région si dénigrée. Nous apprenons une autre ville. La hauteur des immeubles, les toits plats, aigus, les dômes, les balcons tout ce qui est dessiné en haut devient des droites et des diagonales qui forment la ligne d’ombre qui abrite nos nouveaux itinéraires en bas. Une autre ville apparaît, la projection continue d’une autre architecture se lit, non pas l’habituelle, la verticale mais une ville tatouée par les arêtes de ses plus grandes hauteurs. Tout devient forme comme dans ce dessin animé, La Linéa où le réalisateur Osvaldo Cavandoli faisait apparaître son personnage et tous les accessoires de son histoire à partir d’une simple ligne horizontale. Si la chaleur n’était pas si accablante, on se prendrait à funambuler sur la ligne accidentée des ombres ou à sauter d’une zone à l’autre tel un Yamakasi qui bondit de toit en toit, le danger en moins ou encore, histoire de jouer à fond l’inversion des traits, comme les enfants qui jouent à la marelle entre Terre et Ciel tout en restant dans des cases dessinées au sol. Ça ne s’arrête pas là, nos parcours citadins nous amènent aussi à apprécier les différentes qualités d’ombres, la sombre, projection des maisons et immeubles, la diaphane, lumière filtrée par les marquises de verre trempé, la vibrante, branches et feuilles qui laissent filtrer quelques rayons en fonction du vent léger. Enfin, nous réapprenons la rotation de la terre en guettant la progression des pénombres, telle rue écrasée par le soleil de midi devient un abri pour l’aprèsmidi. La ville est un amusement permanent.
La terrine du jeune homme misanthrope Les ingrédients • Un derrière de lapin • 300 grammes de porc dans le collier • Une couenne de lard • Ail, laurier, thym • Farine ou maïzéna • 2 œufs • Sel, poivre du moulin, baies de genièvre et noix de muscade La façon Choisissez un week-end qui s'annonce calme. Le vendredi, désossez le lapin. Coupez les viandes (lapin et porc) en dés fins (si vous utilisez un robot, évitez trop de tours d'hélice ou la grille fine qui donnent des pâtés pour Milou), l'œil sec et la main intraitable. Mélangez dans une jatte avec deux gousses d'ail pressées, les deux œufs entiers, une cuillerée de farine (ou de maïzéna), sel et poivre, les baies de genièvre concassées et la noix de muscade râpée (au fond un verre de cognac ne fera pas de mal non plus). Mélangez bien tous ces ingrédients et versez la préparation dans la terrine. Recouvrez du bouquet garni de laurier et de thym et de la couenne de lard. Laissez macérer dans le frigidaire jusqu'au dimanche matin. Le dimanche en question, avant ou après le café du matin (plutôt après), enfournez la terrine au bain-marie pendant deux heures thermostat doux, non sans avoir au préalable soulevé le couvercle afin de constater, d'un œil cependant placide, la joyeuse sardanapale des odeurs. Relisez ses lettres. Au bout de deux heures (de relecture morose) ; éteignez le four et laissez refroidir en l'état. Sortez vous promener. Evitez la rue où… le jardin quand… le café de votre… (éventuellement, restez chez vous). Au retour, mettez au réfrigérateur. (Le lundi, si le téléphone sonne, ne décrochez pas.) Et le mardi, jour fameux de misanthropie, commencez la dégustation en ne négligeant pas de déboucher ce vin (Gaillac, Cahors ou un Beaujolais bien né) qui emplit si fort la bouche et fait chanter le palais et les jeunes hommes (provisoire-
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TEXTE jérôme descamps
ment) misanthropes.
Ami Ami festival ho r m o n e s e n f l e u r s Le festival Ami Ami a chopé le rythme et l’équilibre. Il n’est plus ni nouveau-né ni balbutiant. Il a travaillé sur sa timidité de nouveau festival et cette année, nous l’attendons au tournant, dans la cour des grands. Un peu leader, jamais suiveur, il a sa réputation à tenir : être le gentil caïd avant-gardiste. Et avec sa moue espiègle, il en a déjà séduit plus d’un-e, avant même la rentrée des classes.
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© françois grivelet © B. Muzard
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Même s’il a bien grandi, le Festival Ami Ami n’a encore pas quitté le foyer familial. Ne pas brûler les étapes. Et, dans sa maison pas si vide depuis 1902 de la vallée de l’Ardre, il a sa chambre d’adolescent, avec des posters aux murs. Sur le mur de gauche, il y a Len Parrot, Lockhart, Fishbach, Week-end Affair et V comme Vaillant. Sur le mur de droite, il y a Kumisolo, Ian Caulfield, Malik Djoudi, KCIDY, Voyou, Nathan Zahef, Angel, Paulette Wright et le Moment Hifi. Et sur le mur devant lui, devant son bureau bénéficiant d’un rangement approximatif, un papier peint fleuri sans âge, sur lequel il fixe ses grands yeux avides de découvertes, ses grands yeux de conquérant. « Cette année, qui coller sur les fleurs sans âge ? » La fresque du festival de la rentrée rémoise continue. Vrai bon gamin, le festival Ami Ami a sollicité l’aide sans faille de sa maman de cœur et d’amour, reine en ses terres de Crugny. Anne-Sophie Velly est plus que jamais de la partie : du 10 au 16 septembre, sortez vos rollers, vos mini-jupes et vos moustaches brossées, parce que le festival a le droit de sortir, avec la permission de minuit. Le lundi 10 septembre, le festival Ami Ami recolle les wagons avec son public. Chez Ma Bouteille s’appelle reviens, ça miaule,
De haut en bas : Domotic, Cosmic Neman, Coralie Datt, Leo Blomov, Vincent Puren, Orchid Club.
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TEXTE agathe cebe illustrations julie delattre
surtout, quand il s’agit de recevoir l’exposition de Vincent Puren. Des chatons, et des vinyles en open-platines, c’est plus qu’un tour de chauffe. C’est un bizutage en bonne et due forme. Ne vous laissez pas impressionner, car le festival vous attend au Mojito Skateshop le mercredi 12 septembre dès 18h30 pour des galipettes indécentes au milieu des illustrations de Julie Delattre, qui vernit son travail.
Et pour avoir le travail de la star des cours d’arts P. dans la peau, il y aura Taïm et son encre, toute la soirée. « Poussez pas, y en aura pour tout le monde ! ». Quand vous serez tous des chats échaudés, que vous ne craindrez plus l’eau froide, et que certains seront même tatoués, le festival Ami Ami embarque pour quelques heures tropicales, le vendredi 14 septembre : vous aurez chaud, partout, tout le
temps, dans la serre de Déco du jardin. Domotic, et sa téléportation émotionnelle, sera suivi de Fouet et Tablier, qui fait rimer steak tartare avec plumard, et ratatouille avec… « Hé ! Y a des enfants ! » San Tao assagit tout ça : Jordane Saunal emmène le public dans une méditation initiatique, et peut-être entendrez-vous, dans une transe, un Bruit Fantôme, venu d’ailleurs. Le lendemain, à la maison des ventes Chativesle, le Festival vous organise une série de dates avec ses crush du moment. Léo Blomov, le voluptueux charmeur, Orchid Club, où le retour vers le futur décomplexé, et Cosmic Neman, zombie torride qui ne fait pas (que) peur aux filles. Un dernier tour de piste, dimanche 16, au Cirque, pour un Sunday Market qui flirte avec les Journées Mondiales du Patrimoine. Et en parlant de ça, le patrimoine musical d’Ami Ami prend encore une belle envergure cette année : et il est bien content de cette nouvelle galerie de portraits sur la tapisserie overrated de sa chambre.
f e s t i va l a m i a m i du 10 au 16 septembre
@ a m i a m i f e s t i va l a m i _ a m i _ f e s t i va l
La transparence du mieux-vivre Fabien Hubert f o n dat e u r d u m ag a si n B io c o o p St- T hom a s
Fabien Hubert a fait son chemin défiant et édifiant dans l’univers si particulier de l'industrie à destination de la grande distribution. De constat en prise de conscience, il a préféré suivre son instinct, dans une clairvoyance que certains peuvent trouver révolutionnaire. Lui en premier. Il est droit dans ces convictions. Fabien Hubert, au premier regard, ne donne pas envie d’être contredit. Il en impose. Il sait où il va, mais il sait aussi d’où il vient. Après plusieurs années dans les mécanismes de la grande distribution alimentaire, il est venu, il a vu, mais il ne s’est pas avoué vaincu. Quand il en parle, avec le recul, il n’y va pas avec le dos de la cuillère : Fabien a vite étouffé, il a eu envie de vrai, de sain, de sincère. Il a eu envie de suivre ses propres idéaux, et d’être en résonance avec des partenaires fiables. Biocoop.
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Une réponse, un écho
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TEXTE agathe cebe
portrait benoît pelletier
Biocoop a su accompagner ce dur-àcuire du commerce. Déjà parce que Biocoop est une coopérative, et que ça change tout. La chaîne se compose de magasins indépendants – ça laisse l’espace pour respirer – et surtout, il s’agit, par définition, d’une association de consommateurs producteurs. Le principe même de la coopérative relie la terre aux hommes, et met en ordre les territoires. Chacun à sa place, chacun son rôle, mais tous pour un et un pour tous. Fabien le sait : avec Biocoop, il fait partie d’une
véritable équipe, avec une charte forte à suivre, mais il a ses propres outils pour le faire, son propre rythme, ses propres initiatives. Et surtout, surtout, il n’y a pas d’intermédiaire entre lui et ses producteurs. Donc, autant dire qu’il n’y en a pas non plus entre les producteurs et les consommateurs. Et pour que ses clients puissent faire leurs courses les yeux fermés, Fabien s’engage à tout superviser, véritable garant impitoyable. « La boutique, c’est une façade. Le cœur de mon métier est bien en amont. » La Bio, au féminin, s’il vous plaît
« Le Bio, c’est un produit naturel. La Bio, c’est le même produit, mais avec des conditions de productions écologiques et éthiques » énonce Fabien. Et lui, il est dans la Bio. Il refuse toute forme d’égoïsme facilitateur de production, il dénigre la paresse et l’aveuglement de la bienséance socio-politique. Il veut de l’authentique et son exigence est intraitable. C’est comme ça qu’il mène sa barque, dans des eaux parfois turbulentes, mais il tient la barre, bien conscient que de nos jours, le goût des aliments n’a souvent rien d’écologique, et que le rendement de l’offre et de la demande empiète largement sur l’éthique et la solidarité d’un travail réglementé. Le commerce équitable ne se vérifie pas seulement dans le produit fini : il s’agit d’avoir à l’œil toute la chaîne. Fabien, à lui seul, cristallise toute cette attention.
engagement de vie. Si Fabien Hubert refuse de faire les choses à moitié, ce n’est pas pour lui, mais pour autrui, et pour le monde, la vie, le futur. Il suffit de le regarder dans les yeux, quand il en parle, pour comprendre que ce n’est pas une niaiserie. Fabien, s’il semble insupporté par l’hérésie de ce monde de faux-semblant et de son mode de consommation capricieux, croit en l’homme, croit en son salut futur. Sait-on jamais, dans les prochaines générations, si une prise de conscience peut faire revenir les réflexes sains de consommation. Saiton jamais… Et qu’importe si Fabien est là pour le voir ou pas : il met sa pierre à l’édifice. Il en met même plusieurs. Au combat des derniers chanceux
D’aucuns le trouve bourru : c’est vrai que Fabien Hubert sonne comme un coup de poing sur la table. Mais il n’est pas un enragé illuminé. La révolution, c’est un sang chaud dans les veines, une palpitation à fleur de peau. Plus dur utopiste que doux rêveur, Fabien Hubert veut que le monde se permette d’entrer dans la brèche du mieux. Sans tricher. Et s’il faut porter une bannière, s’il faut un cri, s’il faut une première ligne, il a choisi les siens. Fabien Hubert a l’étoffe d’un invincible.
biocoop 3 4 Av e n u e d e L a o n 5 1 1 0 0 R e i m s
Une transcendance
Ce n’est pas qu’un parti-pris, c’est un
w w w. b i o c o o p. f r w w w. b i o c o o p - s a i n t-t h o m a s . f r
1440 battements par minute
R e n co n t re a v ec G eorge s Schw i z gebe l r ĂŠ a l i s at e u r
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_L'année du daim (1995).
A
arts
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TEXTE jérôme descamps
_L'esquisse du story board permet de visualiser ce que sera le film et d'ajuster le cadrage, le raccord entre deux sĂŠquences.
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Ce serait le récit d’un choc émotionnel. Sur le grand écran, des couleurs et les notes vives d’un accordéon. 78 tours un film de Georges Schwizgebel. Ça tourne, ça virevolte, les repères s’estompent, le sol se dérobe, le film est un fil continue, sans rupture ni coupe, un geste chorégraphique. En 3’40 minutes, le tournis est envahissant, une sensation planante inaccoutumée. Viendront ensuite (dans le désordre) Le sujet du tableau, La jeune fille et les nuages, Le ravissement de Frank N. Stein et toujours cette sensation d’être emporté dans un mouvement perpétuel. La main de Georges Schwizgebel est son âme, elle nous guide vers des sommets comme David Hockney, Edward Hopper ou Giorgio De Chirico. Des peintres avant tout car ce réalisateur nous immerge dans un univers de couleurs et de perspectives, il nous raconte des histoires de mouvement, de musique et de sons en nous mettant la tête à l’envers, en nous emportant dans des points de vue changeants. Nos sens en sont bouleversés.
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_L'art du croquis. Chaque voyage génère des dizaines de dessins, jeu d'ombres et de lumières pouvant entrer en scène dans un film.
_ci-dessus et ci-contre_Erlkönig (Le roi des aulnes) (2015) : la peinture est créée directement sous la caméra, 24 images par seconde soit 1440 images pour une minute de film.
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Georges Schwizgebel ?
Un maître du film d’animation, loin du fracas cinématographique car il ne fabrique que des films courts. S’il était japonais, il serait consacré « trésor national vivant ». Il est suisse, ses films font le tour du monde et ont obtenu tous les prix dont le prestigieux Cristal d’Honneur du Festival international du film d’animation d’Annecy, la Mecque du genre. Février 2018, Clermont-Ferrand pourrait être engourdie par le froid et la neige. C’est sans compter avec le Festival international de court-métrage qui remplit toutes les salles de 10h à 22h, pour découvrir en 31 sélections et plusieurs focus, un panorama de la production mondiale des films courts. Après-midi blanc-gris pour aller rencontrer Georges Schwizgebel. À 74 ans, ce monsieur menu aux lunettes et au visage ronds est un artiste à part. La rencontre s’est effectuée en deux temps, d’abord une MasterClass animée par Antoine Lopez, co-fondateur du festival puis un entretien. Un amphi, des spectateurs et de jeunes réalisateurs en formation. Retour sur un parcours qui a donné naissance à 23 films, le plus long de 9 minutes. Devant nous, un homme humble, un artisan qui formule en quelques chapitres sa méthode de travail. La voix est douce, un léger chuintement par moment. Le regard est souvent brumeux comme s’il devait faire un effort pour rester avec nous, son monde n’est pas ici et maintenant, il est dans ses carnets et ses films. Les carnets, la base. Tout y passe, notes de voyages, calculs, dessins, storyboard, le tout en noir, parfois un dessin au stylo-pinceau, parfois des aquarelles. La poésie de ses carnets du tout-venant est infinie, feuilleter ces livres d’heures est une émotion singulière, ils contiennent à la fois une vie et les éclats des futures créations.
_Le sujet du tableau (1989).
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À voir défiler les extraits, à entendre les explications et les commentaires, à regarder les pages entières de calculs, on comprend que cet homme est tout entier dévolu à son travail d’artisan du mouvement. Souvent vient une musique, le mouvement donc. Ce peut être Couperin, Beethoven, Schubert, Schumann, Prokofiev mais aussi Judith Gruber-Stitzer ou Michèle Bokanovski pour la musique d’aujourd’hui. Mais pas d’illustration, la musique se suffit à elle-même. Souvent aussi il y a un conte, une fable, un mythe, ce sont Icare, Cendrillon, Le roi des aulnes, la fiancée de Frankenstein, L'étrange histoire de Peter Schlemihl (inspirée de Faust)… Des repères partagés par tous pour se permettre des décalages, mixer le patrimoine littéraire à son univers personnel. Et surtout écrire en mouvement, sans paroles. D’ailleurs « les films sans paroles voyagent sans sous-titres ». Georges Schwizgebel montre les esquisses, parle des contraintes et, sourire aux lèvres, nous livre ses astuces pour contourner le terrible décompte : 24 dessins pour une seconde de film. Son métier est de s’affranchir de cette contrainte majeure pour nous donner à voir de la vivacité tout en économisant son geste. Il passe donc par d’intenses phases préparatoires où le film va d’abord être créé au crayon en noir et blanc, ce sera plus simple à rectifier. Ce « test-cut » permet de corriger une intension, d’affiner un rythme. Tout est là, le rythme. Tous ses films sont construits sur ces deux mouvements conjugués musique et peinture. Pourtant Georges Schwizgebel ne lit pas la musique. Partant de ce constat, il a inventé un langage de correspondance entre ses dessins et les partitions pour traduire au mieux ses émotions. Devant nous, apparaissent des pages de carnets, colonnes contre colonnes pour nouer les liens entre le tempo musical, le nombre de battements par minute et les 24 images nécessaires pour produire du mouvement sur l’écran.
_78 tours (1985).
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C’est abyssal, tout le film est traduit de cette façon. Lorsque des questions fusent sur le nombre de dessins nécessaires par minute, Georges Schwizgebel s’arrête, réfléchit, bredouille, affirme puis se contredit, s’embrouille et revient aux carnets et aux notes prises dans un autre temps, mais rien ne peut être relu, il ne comprend plus ce qu’il a écrit. Tout à coup c’est Géo Trouvetou ou le Professeur Tournesol qui sont devant nous, un homme perdu dans ses hautes pensées auxquelles nous n’avons pas accès. « De toute façon la technique, c’est secondaire. » conclut-il. Devant cette fragilité, nous comprenons que ces interrogations directes ne sont pas son monde, il a besoin de la concentration, de la page et du crayon pour formuler clairement, il a besoin de passer par une façon propre pour calculer et créer, pour inventer des solutions inédites, poétiques. Nous ne sommes pas là lorsqu’il est à sa table de travail, et c’est tant mieux. Après les esquisses et les calculs, vient la couleur. Et dans la couleur, le trait. Ce qui est magique dans un film de Georges Schwizgebel c’est la matière. On est pas chez Disney, la couleur n’est pas un aplat. Ici, la couleur est presque chair, les coups de pinceaux sont visibles, l’épaisseur de la peinture fait partie du film. Ils en deviennent organiques, orgasmiques, les couleurs explosent, nos rétines vibrent. Sur le grand écran, nous assistons à une double émotion, le film qui défile, son histoire, son univers, ses perspectives étranges mais aussi l’œuvre en train de se faire. La peinture animée c’est le peintre derrière l’écran, il est là, il donne forme et texture sous nos yeux. Georges Schwizgebel travaille « à l’ancienne », pas d’ordinateur, pas de logiciels « ce n’est pas ma génération », seul il construit tout. « Mes génériques sont les plus courts de l’histoire du cinéma, tout est fait maison. »
Et puis, il y a la beauté des mathématiques. Chaque film est à envisager aussi comme une équation à résoudre, tout du moins, à poser. Fan du peintre Maurits Cornelis Escher et ses perspectives impossibles, Georges Schwizgebel envisage chaque film comme une recherche. Le moteur tient en deux conjonctions « Et si… ». Au bout de l’après-midi, nous nous attablons avec sa femme. L’échange déambule autour de la palette de couleurs, de l’acrylique qui sèche plus rapidement, des carnets et des deux années à passer sur chaque film dont six mois de préparation et six mois de mises en couleurs. Ce qui frappe encore et encore c’est l’infinie modestie de ce créateur, c’est la précision, la rigueur, le travail âpre du quotidien, alors que nous ne voyons que légèreté, virtuosité, transcendance. Georges Schwizgebel évoque le paysage vu de son atelier. Un espace de 36 m2 à Genève partagé avec deux camarades réalisateurs d’animation eux aussi (Studio GDS). Un lieu où « je suis assis dans le ciel ».
À c o m m a n d e r c h e z v o t r e l i b r a i r e p r é f é r é : DVD : F i l m o g r a p h i e c o m p l è t e – E d . S t u d i o G DS w w w. s t u d i o - g d s . c h w w w. f i l m s d u pa r a d o x e . c o m L i v r e : G e o r g e s S c h w i z g e b e l , d e s p e i n t u r e s a n i m é e s de Olivier Cotte – Heuwinkel Ed.
_La course à l'abîme (1992).
_L'homme sans ombre (2004).
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TEXTE cyrille planson
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© marthe lemelle
Qu’est-ce qu’être un créateur ? Comédien, auteur et metteur en scène, Ferdinand Barbet est artiste associé à La Comédie de Reims. Il a accepté d’évoquer sa découverte du théâtre, son rapport à la création et à ce qui fait de lui un « créateur ».
Ferdinand Barbet « Au t h é ât r e , l e m e tt e u r e n s c è n e n ’ e s t pa s l e se u l c r é at e u r »
En passant du statut de comédien à celui de metteur en scène, Ferdinand Barbet se sent-il désormais devenu un « créateur » ? Il répond sans détour : « Un jour, un metteur en scène qui me dirigeait en tant qu’acteur m’a expliqué que son rôle n’était pas celui du dominant. Pour lui, diriger les acteurs, c’était simplement leur donner la direction ». Le metteur en scène est alors celui qui « révèle un potentiel, qui vous fait découvrir quelque chose d’inexploré en vous ». Au théâtre, estime Ferdinand Barbet, le metteur en scène n’est pas plus un créateur que ses acteurs ou que tous les autres membres de l’équipe qui l’accompagne. « Au théâtre, on a tendance, à le placer en avant des autres et à le considérer comme le seul créateur. La jouissance de l’acteur qui crée au plateau n’est pas celle du metteur en scène, qui est plus orgueilleuse, plus intellectuelle. Quand tu joues, cette jouissance brute n’est pas toujours au rendez-vous. Tu la croises parfois lorsque tu as l’impression que le texte sonne dans ta bouche comme si c’était la première fois ». Loin de lui l’idée qui a longtemps existé au théâtre que « le comédien n’est qu’un simple exécutant, entre les mains d’un metteur en scène démiurge, le « créateur ». Alors, oui, il est plus simple de définir un peintre comme étant le créateur de son œuvre, mais au théâtre le comédien l’est tout autant ». Le metteur en scène est alors un passeur autant qu’un créateur, médiateur entre l’auteur, son texte, et celui qui va l’interpréter et dont il doit révéler des aspects inexplorés dans le jeu. Une affaire de génération sans doute, loin de l’idée d’un metteur en scène tout puissant qui a dominé au siècle dernier. Pour lui, être un créateur, c’est « trouver ces endroits où tu arrives à faire ce que tu es le seul à pouvoir faire dans une aventure qui reste collective. C’est parfois grisant lorsque tu es l’auteur et le metteur en scène de la pièce et que tu parviens à une sorte de théâtre total ». Et de citer ceux qui, pour lui, sont de véritables créateurs, « ceux qui sont dans une démarche d’exploration qui dépasse toutes les cases ». Ferdinand Barbet pense au franco-chilien Alejandro Jodorowsky « qui s’affranchit des frontières entre les arts et se balade entre le théâtre, le scénario de bandes dessinées, la poésie, la cartomancie… ». Pasolini est aussi un vrai créateur qui s’est amusé à être cinéaste, auteur, poète, tout comme Pessoa « qui a écrit une oeuvre très hétérogène mais cohérente, sous diverses identités. Quand je pense à Céline, je me demande toujours comment un homme qui a écrit Voyage au bout de la nuit, a pu être un sympathisant des nazis. Je crois que
ces créateurs sont tellement en mouvement qu’ils ont ce besoin de jeter par moment un peu de leur vie parmi les fauves, juste pour voir ce que cela peut faire ». Le théâtre il l’a découvert un peu par hasard, à quatorze ans. Jusque là, dans sa petite ville de la banlieue lyonnaise, Ferdinand Barbet passait une bonne partie de son temps libre à arpenter les rues et les parcs avec son meilleur ami. En BMX, en skate… Avant que ce dernier ne décide de s’inscrire au cours de théâtre que donnait la compagnie amateur du coin. « Je l’attendais, il ne venait plus et je m’ennuyais. Alors, j’ai décidé de faire comme lui. J’ai rejoint ce cours de théâtre », se souvient-il dans un sourire. Il le reconnaît, au début, le théâtre ne l’a pas plus intéressé que cela. C’était plus une échappatoire, l’occasion de rencontrer d’autres personnes, de changer les habitudes d’une adolescence un brin monotone. Comme toutes adolescences. Il ne se souvient plus vraiment du moment où le déclic est intervenu, de cet instant fugace où le théâtre est devenu tout autre chose pour lui. Il parle d’un jour différent, au plateau, quand une sensation nouvelle lui est apparue, l’impression de « s’éveiller à quelque chose ». L’envie de continuer aussi lorsqu’il se rend compte que peut-être il pourrait en faire son métier. Il le dit, « au début, ce n’était sans doute pas pour les bonnes raisons, plus pour ne pas avoir à faire d’autres choses ». Peut-être le « créateur » qu’il deviendra est-il né à cet instant-là. Un parcours classique, qui est d’abord celui d’un interprète. La mise en scène, il n’y vient qu’ensuite, avec d’abord le désir d’écrire. « J’ai écris mes premières pièces et, plutôt que d’attendre, sans doute très longtemps, qu’un metteur en scène daigne les monter, je m’en suis chargé moi-même ». Ferdinand Barbet est metteur en scène associé à La Comédie de Reims jusqu’à la fin de cette année. Il créera alors Salopards (9-18 janvier), une pièce où se croisent un grand-père, un père et un fils à trois époques différentes. La pièce débutera avec la Guerre d’Algérie, avec pour thématique centrale la transmission des modèles de l’hyper-masculinité ». Une ultime création à Reims, où il estime avoir beaucoup appris auprès de Ludovic Lagarde, « notamment sur la responsabilité qui incombe à un artiste sur un territoire, un rôle éminemment politique car tout ce que nous sommes amenés à dire et à faire ouvre un dialogue avec celles et ceux qui vivent là ».
w w w. l a c o m e d i e d e r e i m s . f r
Saison 2018 / 19 de La Comédie Ses coups de coeur Ferdinand Barbet a livré à Process ses trois
• Retour à Reims, de Didier Eribon,
pièces coups de cœur à découvrir dans
mise en scène Thomas Ostermeier.
la saison 2018/19 de La Comédie de Reims.
• Rebota rebota y en tu cara explota,
• Love me tender, d’après Raymond Carver,
conception et mise en scène Agnès
mise en scène Guillaume Vincent.
Mateus, Quim Tarrida.
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Une même pose de trois quarts assez altière, une même lumière qui évoque les grands maîtres du baroque hollandais, un produit de marché fraîchement glané, viande, fruit ou légume, et toujours présenté à hauteur de poitrine : avec son projet Duo des Halles , le photographe rémois Romuald Ducros signe une monographie tendre et humaniste qui révèle une étrange complicité entre le chaland et l’aliment qu’il destine à la casserole. Le tout saupoudré de la petite pointe d’humour discrète dont ne se départit jamais le photographe.
DUO DES HALLES
A
ROMUA L D D U C ROS L I V RE SON É T U D E D E M A R C H é
arts
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Les clients du Boulingrin et les lecteurs de Process connaissent déjà bien ses images. Votre magazine préféré suit le travail de Romuald Ducros depuis son début et porte l’édition du livre de l’exposition à venir qui bouclera le premier grand projet du photographe, au terme d’une longue année de travail. Quatre saisons à arpenter les allées des marchés des Halles du Boulingrin, du quartier Jean-Jaurès, de Wilson, de Saint-Anne et de la place
Luton à la rencontre des clients, pour produire 216 photos qui feront l’objet fin septembre d’une exposition et d’un livre. « Le marché est encore un des rares lieux de la mixité sociale, on s’y habille plus simplement ce qui lisse les origines sociales, on prend le temps, on déambule et finalement on est plus disponible aux rencontres, explique le photographe. C’est aussi le lieu des produits de la terre, des produits authentiques, nobles, artisanaux, sans
emballage. » Un lieu idéal donc pour élaborer cette galerie de portraits atypiques, duo improbable entre une personne faisant ses courses et un élément de son cabas. Le principe est des plus simples, « La simplicité véritable allie la bonté à la beauté » affirme Platon dans La République : un petit studio de prise de vue démontable, fabriqué avec l’aide de l’artiste rémois Simon Sanahujas, un fond noir, une seule source de lumière, un réflecteur.
Un protocole de pose immuable qui oblige le modèle à un port de tête assez haut. « Je ne demandais pas nécessairement au gens de ne pas sourire, mais je les incitais à une certaine neutralité. Pour respecter le duo et ne pas voler la vedette au produit exposé. Il me semble que le visage exprime plus la vérité quand il ne sourit pas. Je cherche à montrer l’instant du lâcher-prise, quand les masques tombent. » Quant au choix de l’aliment, il s’imposait en discutant avec le modèle suivant la teneur de son cabas, ses envies, sa tenue vestimentaire, la forme de son visage… « J’ai voulu rester dans des accords simples pour conserver l’émotion. Eliminer le superflu aussi. Je me dis que si le modèle garde une montre visible par exemple, cela va distraire le lecteur qui perdra ainsi le sens de la photo en regardant l’heure. » Mais surtout il a fallu aller à la rencontre de ce public pour le convaincre d’entrer dans la boîte noire, « trouver les bonnes photogénies, entrer en dialogue, les rassurer, les séduire aussi pour amener à poser. Eviter les mots trop prétentieux comme studio, exposition, vernissage. Cela a été un exercice particulièrement intéressant. Pour une personne qui accepte, dix refusent, ça en fait des rencontres en une année ! » L’apprentissage par l’erreur
Romuald Ducros est un pur autodidacte. Ancien athlète de haut niveau spécialisé dans le saut en longueur (un record personnel à 7,98 m, 6e
des championnat d’Europe en 1998), maître de cérémonie et improvisateur au sein d’une troupe de théâtre, colporteur d’encyclopédies juridiques, salarié de la Caisse d’Epargne, il s’est improvisé plusieurs vies avant de se consacrer professionnellement à la vidéo et à la photo au sein de sa société « laproductionrémoise ». Une passion pour l’image qui le tient depuis son enfance avec un grand-père, petit gars de Belleville dessinateur éclairagiste et un père amoureux de la photo qui a côtoyé Jeanloup Sieff au Photo-Club de Paris-Val-de-Bièvre. Est-il un vidéaste qui pratique la photo ou bien un photographe qui fabrique des images mobiles ? « La vidéo est pour moi un domaine très professionnel, la photo reste une activité à part, une sorte de jardin secret. Mais peut-être la photo prendra-t-elle le pas sur la vidéo un jour », explique-t-il. Ce projet au long cours « Duo des Halles » est né d’une recherche sur la lumière avec comme modèle sa fille Zoé qui se prête régulièrement à ce jeu. « J’ai fabriqué un petit studio chez moi pour apprendre à maîtriser les éclairages, un apprentissage par l’erreur comme pour tout autodidacte. » Un K-Way fleuri, une plante verte dans les mains, de multiples essais de poses et de réglages pour aboutir à une image qui fera office de déclic. « Un vrai coup de cœur qui a initié ce projet, la lumière, la position du personnage qui l’obligeait à une certaine retenue, un port de tête droit avec une certaine fierté à monDuo des halles w w w. fa c e b o o k . c o m / d u o d e s h a l l e s expo finale le 28 septembre aux halles du boulingrin
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TEXTE jules février photographies romuald ducros
trer l’objet. Et très vite j’ai imaginé que cela pouvait se faire avec des produits de marché. J’aime ces endroits où l’on croise plein de gens différents. Le marché est un lieu de vie magnifique, j’ai eu envie de m’y installer, d’aller à la rencontre de personnes avec leurs cabas et créer des duos un peu magiques avec eux et des produits. » Le temps de constituer un plan de travail, d’imaginer le studio, de démarcher pour trouver une aide logistique et le dossier arrive sur les bureaux de la Ville de Reims. « Je suis tombé au bon moment car la municipalité souhaitait mettre en avant le Boulingrin et les commerçants. J’ai pu bénéficier d’un soutien sans faille de la municipalité. » Un projet dont il sort plus assuré sur la direction qu’il souhaite donner à son travail photographique. « J’ai appris à aller vite. Je suis plutôt méticuleux mais là il fallait être efficace et rapide. J’apprends le minimalisme et la moindre énergie dépensée pour arriver à mes fins. Cela permet l’authenticité, la spontanéité, d’où l’importance d’avoir un dispositif léger qui n’intimide ni le photographe, ni le modèle. » Prochain rendez-vous dans quelques mois à la Fileuse pour une installation encore mystérieuse d’un parcours jonché d’appareils photographiques automatiques… En attendant, rendez-vous le 28 septembre aux Halles du Boulingrin pour découvrir l’exposition finale de « Duo des Halles ».
Enfant, vous avez peut être passé des heures à jouer avec des LEGO dans votre chambre pour fabriquer une voiture, faire naître un robot ou encore bâtir un château fort. Un entrepreneur américain s’est lancé, il y a trois ans, dans la fabrication de briques géantes, sur le même concept, mais pour construire des cloisons ou des meubles, grandeur nature. C’est l’histoire d’un rêve de gamin, d’une idée entrepreneuriale audacieuse, qui a pris racine en France, pour finir dans votre salon. New York
© dr
En 2015, Arnon Rosan, entrepreneur new yorkais, fonde l’entreprise EverBlock Systems. Elle fabrique et commercialise des blocs en polypropylène, de couleurs, inspirés des fameux LEGO. Grâce à un traitement anti-UV, ils s’adaptent à une utilisation en extérieur. La gamme se compose de briques géantes en trois formats (small, medium, large) et en seize coloris. Au-delà de l’aspect ludique, ces blocs, assemblés par une simple pression, se révèlent être un matériau de construction solide, sans colle ni outil, et aussi simple à manipuler qu’un jeu d’enfant. Dresser une cloison amovible, construire des étagères ou du mobilier pour votre jardin, votre espace commercial ou votre intérieur… aucune limite, hormis celle de votre imagination. Dernier atout, les briques, démontables et réutilisables à volonté, offrent ainsi une solution écologique. Les blocs noirs sont, par ailleurs, composés de plastique recyclé. Pour permettre à ses clients de visualiser leurs projets, l’entreprise met à disposition, sur son site Internet, un simulateur 3D qui calcule le nombre de briques nécessaires et donc le budget. Une gamme de briques en carton dite « junior » est proposée en blanc et en noir, laissant la possibilité aux enfants, petits et grands, dans les écoles ou dans les entreprises à l’occasion de team building, de dessiner et de les décorer. Arnon Rosan propose également ses services lors de catastrophes naturelles et pour l’armée, en fournissant des abris solides, du- _Aude Girard rables et faciles à transporter. Reims
Éric Girard dirige, depuis 2011, à Reims, l’entreprise Heol Commercialisation, spécialisée dans l’import et la distribution de produits haut de gamme de plein air. Début 2016, un ami, de retour des Etats-Unis, évoque avec Éric ces blocs géants qui se clipsent, alors introuvables en France. Eric saute dans un avion pour rencontrer le créateur et visiter l’usine. Quelques jours plus tard, il devient le distributeur exclusif en France. Puis, un premier container traverse
l’Atlantique. Aude Girard, cheffe de projet pour EverBlock France, explique : « Le miracle s’est produit en janvier 2017, lorsqu’une vidéo d’une construction avec des blocs, postée depuis les Etats-Unis sur INSIDER, a comptabilisé plus de 75 millions de vues ! Du jour au lendemain, le téléphone s’est mis a sonné et le carnet de commandes s’est rempli. » EverBlock France a choisi de travailler uniquement via un e-shop. La vente des blocs, produits phare d’Heol Commercialisation, a augmenté de 25% en un an. Aude ajoute : « On aura un nouveau produit dans la gamme à partir d’octobre prochain; des blocs de forme carrée à poser au sol, pour fabriquer des revêtements rigides et modulables de toutes sortes, comme une piste de danse ! ». Des blocs dans votre boite ou votre case
Le cœur de cible d’EverBlock France est l’entreprise (85% des ventes en B to B), que ce soit pour l’agencement de commerces, la réalisation de stands modulables sur des salons professionnels ou l’utilisation dans l’événementiel et l’immobilier. « Nous faisons beaucoup d’inaugurations et de poses de premières pierres. Tout simplement, parce qu’un mur en briques de couleurs est beaucoup plus simple à monter et esthétique qu’une rangée de parpaings et donne la possibilité d’apposer des stickers avec des logos, par exemple » indique Aude. Pour renforcer les constructions, notamment les cloisons, on peut y ajouter des tiges d’acier, de bois ou des renforts en PVC. Des lampes à Led ou des néons peuvent être imbriqués dans les assemblages. C’est sans doute pour toutes les possibilités qu’il offre que le produit intéresse les blogs de décoration. Le distributeur français a même été contacté par une grande chaîne de bricolage et d’aménagement de la maison pour une présentation sur leur site Web. « La communication virale fonctionne incroyablement bien. Plusieurs fois par mois, on nous demande notre accord pour relayer nos vidéos, nos photos ou faire notre promo gratuitement ! Cela génère beaucoup de visibilité et systématiquement, on a un pic de commandes. »
Plus d’infos T a r i f s d e 5 , 9 0 € p o u r l e p e t i t f o r m a t à 1 0 , 9 0 € p o u r l a p l u s g r a n d e b r i q u e / L o c a t i o n p o s s i b l e w w w. e v e r b l o c k s y s t e m s . f r w w w. e v e r b l o c k s y s t e m s . c o m
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business
EVERBLOCK D E B R IQ UES E T D E B LO C S
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TEXTE Peggy Léoty
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TEXTE marie-charlotte burat
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Cécile Gray
design
l a m o d e , l a m o d e , m ai s pa s se u l e m e n t… .
En avril dernier, Cécile Gray a remporté le Prix du Public de la Villa Noailles dans la catégorie créateur d'accessoires de mode. Un changement de vie aussi brutal que réussi pour cette styliste en herbe, encore en poste comme architecte il y a peine un an. Cette fulgurante ascension confirme son choix de reconversion et nous révèle une créatrice aux multiples inspirations. Le 33e Festival international de mode, de photographie et d'accessoires de mode à Hyères s’est déroulé ce printemps, avec comme chaque année l’ambition de soutenir la jeune création. Depuis deux ans, une nouvelle catégorie a fait son apparition dans le palmarès, consacrée aux accessoires. Un timing de choix qui a permis à Cécile Gray d’y exposer sa collection de « bijoux-vêtements », dont le nom résonne comme une promesse, Initiale(s). Mais pour parvenir à cette concrétisation, la jeune créatrice a dû s’armer de courage. Si elle a toujours nourri une passion pour le stylisme, le choix de la raison l’avait emporté, la guidant vers un cursus d’architecte, permettant d’allier créativité et sécurité. C’est en 2016 qu’elle décide d’aller au bout de cet idéal, et s’inscrit l’année suivante dans une école de mode, les Ateliers Chardon Savard à Paris. Une remise en question, un pari sur l’avenir, qui s‘est soldé par le Prix du Public lors de ce festival D’Hyères.
© G. GRAY
C’est lors de cette année qu’elle développe sa collection de « bijoux-vêtement », initiée peu de temps avant d’intégrer l’école. Censés agrémenter un vêtement, les bracelets, colliers et autres boucles d’oreilles se font ici les éléments clés de la tenue, tandis que le tissu se fait à son tour accessoire. À partir de fils d’acier doré qu’elle tisse, Cécile Gray va constituer une maille en les réunissant par des points de jonction. Elle n'hésite pas à jouer sur les échelles, certaines pièces atteignent ainsi plus d'un mètre, sur les textures ou les volumes, faisant varier leur amplitude en fonction de la tension opérée entre les éléments. Le bijou une fois porté se plie alors aux mouvements du corps, accompagne le galbe tout en apportant une structure à la silhouette. Le résultat est sans appel, saisissant autant par son esthétique que par son concept. Libre au spectateur
d’y voir alors davantage un bijou, un vêtement ou un objet d’art tant ces derniers suscitent l’imaginaire. Nourries par des références en art et en mode, ces pièces sont avant tout au reflet de leur créatrice. « Elles racontent vraiment mon histoire » nous explique Cécile Gray. L’histoire d’une architecte devenue styliste. Tout en appréhendant de nouvelles techniques, elle a su conjuguer son background au présent, créant ainsi des ponts avec son expertise passée. Que ce soit pour la conception – pensée en termes de contexte, d'espace, de besoin et de faisabilité – pour le choix des matériaux – le métal, le verre – ou pour la réalisation – logiciel d’architecture ou de modélisation pour les dessins et maquettes – l’architecture est une des composantes première dans le travail de Cécile Gray. Une marque, voire une signature désormais, qu'elle affirme jusque dans son pseudonyme, Gray, subtile mélange qu'elle emprunte à la fois à la styliste Madame Grès, à l'architecte Eileen Gray, mais aussi, de façon plus romanesque, au Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde. Hors cadre, cette démarche hybride empêche de la cantonner à un domaine de prédilection unique, et lui permet d’imaginer le futur post-Villa Noailles sous un spectre toujours plus large mais encore à définir. Si le Prix du Public a permis un coup de projecteur sur la créatrice et son travail, multipliant les rencontres et les nouvelles propositions en France comme à l'international, ce désir à peine atteint se transforme aussitôt en une première étape, un tremplin à saisir. Qu’il s’agisse d’une collection de vêtements, d'une déclinaison de ses bijoux, d’une création de marque, du montage d'une exposition ou d’une installation artistique, les idées de projets ne manquent pas, dans la mode mais pas seulement… w w w . c e c i l e g r a y. f r
c e c i l e _ g r ay
© India Lange
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À 38 ans, Alexandre Ponnavoy vient d’endosser le prestigieux costume de chef de cave de la Maison familiale Taittinger. Natif de Bourgogne, ce petit-fils et fils d’agriculteur a étudié l’agronomie et la physiologie végétale à Dijon avant de se plonger corps et âme dans l’univers du champagne. Diplôme d’œnologie en poche, il commence par sillonner le monde des vins effervescents en Californie et en Afrique du Sud puis intègre la Station Œnotechnique de Champagne où il distille ses bons conseils pendant plus de 10 ans. À la tête de la nouvelle cuverie ultra-moderne installée en périphérie de Reims, il est dorénavant le gardien du style Taittinger.
ALEXANDRE PONNAVOY G A R D I EN D U ST Y LE TA I T T I NGER
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Genèse
La ferme familiale où j’ai grandi s’est spécialisée dans la production de fruit et j’ai très vite été passionné par les notions de transformation et de commercialisation du produit. Quand je suis venu à Reims passer mon DNO (Diplôme National d'œnologue), j’ai été pris d’une passion immédiate pour ce monde aux multiples facettes de l’appellation Champagne. De la vigne au vin, cela constituait une alchimie qui cochait beaucoup de cases dans la liste de ce que je recherchais professionnellement. Puis tout s’est enchaîné assez vite : des voyages qui m’ont donné une vision transversale du monde de l’effervescent, ces dix ans d’œnologie conseil principalement basé dans l’Aube puis en 2015 ce premier contact avec la Maison Taittinger qui cherchait un successeur à son emblématique chef de cave Loïc Dupont, proche de la retraite après 34 ans de bons services.
G
l’Aube pour le croquant et le fruité. Un style basé sur l’élégance, la finesse, la pureté tout en ayant un fond de vin charnu et charnel qui permet d’avoir un fort potentiel de garde. Un mariage simple et heureux en somme. Mission
En prenant les clés de la cuverie, je suis devenu le garant du style Taittinger. Je me dois de le perpétuer, c’est le socle et le capital sur lesquels la Maison et la famille Taittinger sont enracinés. Bien sûr avec le temps il y aura des petites touches personnelles, ne seraitce que pour s’adapter aux évolutions avec toujours l’obligation de ne jamais perdre notre âme. La nouvelle cuverie est très emblématique à ce propos : dans ce nouveau bâtiment très technologique, nous avons gardé beaucoup des anciennes cuves avec leurs flores microbiennes qui marquent spécifiquement nos vins. La modernité au service de la tradition.
Transmission
goût
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TEXTE jules février
Je suis un homme très fidèle. Etant approché par Taittinger, je savais que cette relation allait se construire pour très longtemps. Il m’a fallu réfléchir bien sûr, mais je me suis tout de suite parfaitement entendu avec Loïc. Trois ans de tuilage, trois années de transmission avec de multiples cessions d’assemblages et de dégustations pour prendre la mesure de ce patrimoine. Et puis la finalisation de la nouvelle cuverie. Trois ans de très bons souvenirs à confronter nos idées et nos envies sachant qu’œnologiquement parlant nous étions proches. Quand j’ai commencé à déguster les cuvées, je me suis reconnu immédiatement dans le style Taittinger, j’ai senti que cela me faisait vibrer et j’y ai retrouvé mes valeurs et mes goûts. Les chardonnays de la Côte des Blancs, du Vitryat et du Sézannais pour la tension et la minéralité ; les pinots noirs de la Montagne de Reims qui apportent la profondeur ; et les pinots noirs de
Quotidien
Mon travail est d’élaborer des vins dans le temps. Je construis une cuvée qui finira sa maturation dans plusieurs années. On dit souvent qu’un chef de cave travaille pour son successeur. Le métier de chef de cave demande de la technique mais aussi de l’intuition. Cela commence très tôt dans l’année, la qualité des parcelles avant même la vendange permet déjà de préparer mentalement sa cuverie pour les futurs assemblages en isolant les secteurs les plus prometteurs. La vendange est fondamentale, en fin de compte la vinification se décide au moment du pressurage. Après il s’agit d’accompagner les vins dans leur évolution et leur permettre de se révéler, par rapport au millésime et au terroir. Notre cuverie nous fournit la palette aromatique à partir de laquelle nous allons construire nos assemblages. C’est alors beaucoup de dégustations, de prises de notes, de discussions,
d’échanges pour bien orienter nos vins par rapport à nos cuvées. Dans l’art de l’assemblage, un plus un ne fait pas deux, chaque vin apporte sa touche à l’autre pour en créer un nouveau tout à fait particulier. C’est une création que l’on renouvelle tous les ans avec des paramètres différents pour aboutir à un résultat constant. Mais si on maîtrise la qualité des vins par nos techniques, on ne maîtrise pas l’âme du vin, c’est ce qui rend le métier passionnant. Avenir
Nous constatons que pour le moment le réchauffement climatique a été plutôt profitable aux vins de Champagne, la qualité des quinze derniers millésimes le prouve. Mais ce qui m’inquiète le plus c’est la recrudescence de phénomènes météorologiques violents. De fortes pluies, des gros orages, des gelées, des canicules qui mettent à mal la vigne qui n’aime pas les grands excès. À notre échelle, on essaie de faire notre part : nos parcelles sont enherbées, travaillées mécaniquement sans herbicide. C’est mieux pour l’environnement et pour nos vins également car nous récoltons des raisins de qualité qui expriment vraiment le terroir. Mais à grande échelle, c’est un peu l’inconnu. Il va falloir être de plus en plus réactifs pour s’adapter à ces phénomènes, trouver les bons outils et les bonnes méthodes. Comme je suis d’une nature optimiste je crois sincèrement que nous allons trouver des solutions pour continuer à produire le champagne, ce vin d’exception totalement unique. Vin idéal
C’est un champagne qui créé du plaisir et de l’émotion. Pour mon goût personnel, il aura de la fraîcheur, de la tension et une structure solide. Une charpente entourée de dentelles.
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Dock en stock
l e F e st i l i e u du 5 au 9 se pt e m b r e au l i e u à r e i m s
Une rentrée qui augure de bienheureuses retrouvailles et une folle reprise culturelle – Ô joie ! Une effervescence qui nous avait manquée lorsque nous sirotions notre boisson anisée, bercés par le bruit des vagues et le chant des cigales pendant que nous regardions d’un œil distrait « les filles qui marchent sur la plage » et les voiliers d’un blanc immaculé dansant sur l’eau… En nous remémorant « Manuréva ». Où es-tu ? C’est au Lieu, à l’adresse bien nommée, que débuteront les retrouvailles avec la « society » rémoise, magnifiques ici aussi avec un tout nouveau festival, Le Festilieu, gratuit et ouvert à tous, où se produiront en Live ou DJ Set plusieurs jeunes pépites musicales rémoises du moment. Un événement à propos duquel vous direz dans quelques années : « j’y étais ! », le sourire béat en prime. Le Festilieu : new festival de rentrée
C’est sous un soleil insolent que nous rencontrons Marine Bailleul et Razmo Ducrot, les responsables du Festilieu, événement destiné à fêter du 5 au 9 septembre l’ouverture du Lieu (à relire l’article sur le Lieu dans Process n°19). « Au départ notre objectif était surtout l’enseignement, mais une école de musique n’est pas un endroit où tu viens juste prendre un cours et d’où tu pars immédiatement après. C’est tout aussi important, voire primordial, d’échanger et de voir des concerts. C’est notamment pour cette raison qu’on propose des concerts au Lieu » nous indique Marine. Razmo ajoute « on a une proposition nouvelle et intermédiaire à Reims. Les lieux institutionnels que sont la Cartonnerie et Césaré sont hyper enthousiastes quant à notre projet et nous soutiennent ». Les 2 responsables nous exposent leur concept « Au départ on voulait organiser une soirée pour faire jouer les pépites locales qu’on aime, mais vu le nombre, il en fallait plusieurs. C’est donc devenu un festival d’une semaine ! ». Les artistes qui viennent sont bénévoles pour cette 1ère édition « c’est chouette de leur part ». « Dans notre programme d’origine on voulait faire une soirée entièrement électro, mais on a finalement choisi de mettre un DJ par soirée afin d’alléger la logistique plateau ». « On a ensuite fait des regroupements par esthétiques, affinités artistiques et en fonction du public, par exemple Black Bones et Brothers le week-end pour un public plus familial ». Une soirée spéciale Maison Versailles ouvrira le festival : « une sorte d’officialisation du collectif dont nous faisons partie » où la musique de chacun sera interprétée par tous. Maison Versailles c’est à l’origine une appellation donnée à une maison rémoise pour sa décoration kitch et inspirante, une maison qui serait une sorte de Palais des arts. Une colocation s’y installe, peuplée de musiciens, danseurs et artistes. En cette demeure la mu-
sique vibre intensément H24. Ici, la scène rémoise se croise, festoie et échange. C’est tout naturellement que ses habitants et ses plus fidèles habitués ont souhaité, après maintes collaborations, se réunir en une organisation commune en constituant un collectif. Aujourd’hui on y retrouve notamment les membres fondateurs Marine Bailleul (Milamarina, Gustine), Ian Caulfield, Maxime Boubay (Dégage), Franck Settier (Pouss’One) et leurs amis Leo (Leoblomov), Gabriel Afathi et quelques collaborateurs proches. Pour Marine et Razmo « ça serait génial de faire ce festival chaque année, mais tout dépendra du budget et des soutiens que l’on aura ! ». Ce warm up de la salle de concert du Lieu ouvrira une saison de soirées Live et Dj set : « tout au long de l’année, on va faire une programmation avec des gens venant de l’extérieur de Reims ». Ces soirées seront l’occasion, comme au Festilieu, de mixer les publics. Ce mélange, cette ouverture, sont les raisons d’être du Lieu. On y vient comme on est, avec sa culture, ses qualités et ses défauts, ses propres envies. Pas de barrières ni de conformisme ici. C’est l’échange, la découverte et la pratique qui comptent, au rythme de chacun. Le Festilieu, chaque soir à partir de 20h00
Mercredi 5 septembre Création " Maison Versailles " : Ian Caulfield + Leoblomov + Reviens + Franck Settier + Dears + Gabriel Afathi. DJ SET Boreal (electro) Jeudi 6 septembre My Park (revival !) + Dégage (rock) DJ SET Source Phonique (electro) Vendredi 7 septembre Deinos mc + Berlioz + Starlion (rap) DJ SET Shonen Bat (electro) Samedi 8 septembre Brothers + Black Bones « solo » (pop) DJ SET Bad Apache (electro) Dimanche 9 septembre Gabriel Afathi « solo » (pop) DJ SET The Georges Kaplan Conspiracy + DJ SET Goldrim
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musique
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Le Lieu, 26 rue Alain Colas - 51450 Bétheny
(bus N ou 8 arrêts Docks Rémois et Maryse Bastier)
lelieureims@gmail.com
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Dégage Tout part du Live l e 8 se pt e m b r e au f e s ti l i e u
© DR
Dégage fait partie des groupes rémois dont on pourrait dire qu’ils sont la relève de ce qu’on appelait il y a près d’une décennie « la Reims Academy », pépinière hypertalentueuse d'artistes électro, pop et rock. C’est à Process magazine que Dégage réserve sa 1ère interview, une primeur que nous percevons, sans exagération, avec une certaine émotion. Derrière Dégage, nom quelque peu énigmatique, se cachent 4 jeunes musiciens : Erwan Choquenet œuvrant à la guitare et au chant, Maxime Boubay à la batterie, Matteo Caburet au clavier et Hugo Caburet à la basse. Erwan et Maxime se connaissent depuis l’âge de 6 ans et ont toujours eu envie de faire de la musique ensemble, un souhait qui s’est enfin concrétisé en 2016. Après quelques compositions communes ils invitent Hugo, qu’ils connaissent depuis le Lycée, à jouer une ligne de basse sur un morceau. La conjonction artistique fut parfaite. Hugo intégra alors le groupe accompagné de son frère Matteo. C’est lors d’une nuit supposée de pleine lune, de 23h à 6h qu’eut lieu leur 1ère répétition à 4 et c’est le soir même qu’eut lieu leur 1ère scène au Freaks Studio (lieu aujourd’hui disparu) pour un
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TEXTE alexis jama-bieri
concert d’une durée de 20 minutes. Ce fut donc une 1ère fois courte mais intense qui en augurait de nombreuses autres, à Amiens, à Reims (Derby club à la Cartonnerie), à Chalons en Champagne (Festival des musiques d’ici et d’ailleurs) et bientôt au Festilieu à Reims et, quelques jours après, à l’International à Paris à l’occasion d’une soirée spéciale Maison Versailles avec Léo Blomov et Ian Caulfield le 11 septembre. Comme vous l’aurez évidemment compris à la lecture de ces dernières lignes, Dégage fait partie du collectif rémois Maison Versailles (nous vous en reparlerons bientôt dans les pages de Process) : « Maison Versailles nous soutient. Dans le collectif, on est tous musiciens, on est très soudés, on s’entraide, on fait des Jam entre nous, bref on est dans un processus constant de création ». La musique de Dégage est un mélange de Dream pop, de Rock progressif et de samples. C’est d’une suite jouée au synthétiseur, puis d’accords de guitare que naissent les compositions du groupe. Ensuite, les 4 musiciens se réunissent et improvisent à partir de la grille d’accords en y ajoutant le chant tout d’abord exprimé en « yaourt », faute encore de mots justes : « le vrai processus de création se fait en Live ». Suite à cette phase créative collective, Erwan compose les paroles, principalement inspirées par « la lumière et les copains ». Nourris de leurs écoutes
musicales constantes, les membres de Dégage nous dévoilent les titres phares de leur playlist idéale qui sont Divine de Sébastien Tellier [interrompant l’interview, nous informons le groupe que Sébastien Tellier est justement assis à quelques mètres de nous – surprise ! - Ou presque, chacun ayant son sosie parait-il] et Space Song de Beach House « un titre qui tourne en boucle à Maison Versailles ». Nous débutions ce sujet en évoquant le nom énigmatique de Dégage. Quelques érudits se sont penchés sur son interprétation pour tenter d’en révéler la signification insoupçonnée. Dégage pourrait ainsi exprimer la liberté, le voyage ou l’énergie. Pour le groupe « Dégage exprime le Rock’n roll et la force émotionnelle ». Du Rock indé teinté de pop. Actuellement en enregistrement aux Chalet Studios à Reims, Dégage devrait prochainement sortir son 1er EP. En attendant, le groupe sera en Live au Festilieu le samedi 8 septembre. Un concert à ne pas rater !
Stevie Wonder Women, l a c ho r a l e d u g r o ov e
Quand Stevie Wonder se décline au féminin, l’appellation est toute trouvée : Stevie Wonder Women. Derrière ce jeu de mot bien senti, se cache une véritable initiative artistique, un ensemble vocal féminin qui se réapproprie le répertoire afro-américain à partir des années 60. Depuis 2016, cette chorale se réunit chaque semaine, le mardi soir, pour donner une nouvelle tonalité aux classiques soul jazz que l’on connait et apprécie que trop bien. Ella Fitzerald, Chet Beker mais aussi Prince, raisonnent au tempo des Stevie Wonder Woman. Aux rênes de ce projet, Marcel Ebbers, musicien polyglotte qui manie la basse et le piano aussi bien que le chant. Plus habitué à la chanson française, il a passé plusieurs années au côté du chanteur Barcella qu’il a accompagné sur sa tournée, le voici qui change radicalement de registre et quitte son environnement masculin pour s’orienter vers une musique exclusivement féminine. À Charleville-Mézières, l’initiative était déjà amorcée avec sa chorale féminine Ze Galzzz, restant tout de même dans le répertoire de la chanson française. Une impulsion qui a retenu l’attention de la production Jazzus, engagée dans la promotion du jazz et de sa diffusion vers le grand public au sein du département, qui lui a alors demandé de réitérer l’expérience à Reims avec les Stevie Wonder Women. À qui veut rejoindre l’aventure, nul besoin d’être un cador de la chanson, si la musique passe avant tout, c’est le plaisir qui donne la mesure.
Les femmes qui composent l’ensemble vocal sont là en tant qu’amatrices et viennent y chercher un moment convivial, mettant en suspens leur quotidien le temps d’une répétition. C’est cette ambiance joviale, cette émulation de groupe qui ressort avant tout, à la différence de courts individuels, et qui se dégage de leur patronyme, un bon moment autour de bons morceaux. Après tout, qui mieux que Stevie Wonder pour incarner la feel good music ? Le jazz ou le funk sont d’ailleurs loin d’être monnaie courante au sein des chorales, en grande partie dominées par les chœurs classiques, baroques ou le gospel. Une particularité qui rend cet ensemble d’autant plus attirant pour les participantes. Si l’on va même audelà de l’aspect purement musical, les échauffements préliminaires, les exercices de respiration, tiennent un rôle majeur dans la cohésion d’équipe et leur permettent un véritable moment de relaxation, non négligeable ! Néophytes pourquoi pas, mais pas indolentes. « Le plaisir passe par le travail » nous rappelle le chef de chœurs. Chaque membre vit ce rendez-vous avec ferveur, et il leur en donne toutes les raisons. Que ce soit pour des hits célébrissimes comme pour des morceaux plus appréciés des initiés, Marcel Ebbers retravaille chaque arrangement, les adapte et ajoute une patte bien personnelle, rendant l’ensemble entièrement original, n’hésitant pas à faire intervenir des musiciens extérieurs pour les accompagner en live dès qu’il le peut. Et si l’on manque à l’appel un soir ou que le travail s’accélère en amont d’une représentation, la répétition s’importe alors à la maison grâce à
des enregistrements préparés, rien n’est laissé au hasard ! Le groupe est désormais scindé en deux voix, soprano et alto, une façon d’aller plus loin dans la recherche musicale en mettant les qualités vocales de chacune en avant. Encore une fois, c’est bien l’harmonie qui compte, et non pas une voix en particulier qu’il faudrait faire sortir du lot. Si la chorale est encore toute jeune, les résultats se font déjà sentir. Pour ces chanteuses amatrices, la marge de progression est palpable, est valorisante. Une ascension qui s’accélère d’autant plus l’heure des concerts publics une fois arrivée… En octobre, le 13 au soir, les Stevie Wonder Women se produiront à la Cartonnerie dans le cadre du Sunnyside Festival. De quoi faire monter la pression d’un cran, mais l’adrénaline aussi. Cette représentation est avant tout une expérience, la concrétisation d’une année de travail, où le maître mot reste « festif ». Durant leur prestation, le message qu’elles véhiculent va cependant au-delà de la performance, elles sont en quelque sorte les ambassadrices d’une pratique artistique amateur, propageant à la fois l’attrait pour les chorales comme pour celui du jazz. Avec hâte ou avec trac, les Stevie Wonder Women seront au rendez-vous cet automne pour donner de la voix.
les steevie wonder women le 13 octobre à la cartonnerie d a n s l e c a d r e d u f e s t i va l w w w. s u n n y s i d e . f r
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Sunnyside Festival Qui a dit que l’été était fini ? Pour la quatrième année consécutive le Sunnyside Festival est de retour, du soleil plein les flight cases. Comme chaque édition durant les deuxième et troisième semaines d’octobre, cette fois-ci du 10 au 20, il fait de Reims une scène toute entière où le jazz est à l’honneur. Festival nomade, il est partout chez lui, tant à la Cartonnerie qu’à la Médiathèque Jean-Falala, au Frac Champagne-Ardenne comme à la Maison des ventes Chativesle. Porté par Jazzus Production, ce rendez-vous devenu incontournable vise à diffuser le jazz et ses musiques connexes auprès d’une plus grande audience, de mêler néophytes et connaisseurs, professionnels reconnus à l’international, talents régionaux ou amateurs passionnés. L’important est de valoriser les rencontres, publics et artistes confondus. Tous les éléments sont réunis pour faire de cette mission un succès : une convivialité et un accueil à toute épreuve, une programmation pour les enfants (SunnyKids) et des rendez-vous annexes tels que des projections, des enregistrements et émissions de radio en live ou des rencontres professionnelles. Pour ne rien gâcher au projet, l’affiche est designée chaque année par un illustrateur et choisi sur les conseils du précédent, valorisant la création jusque dans les moindres détails. Ici, il s’agit du graphiste et illustrateur Félix Godefroy. On the Sunny Side of the Street, c’est bien le parcours qui nous attend pendant dix jours, plus qu’une inspiration pour le nom du festival, un véritable leitmotiv. w w w. s u n n y s i d e . f r
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TEXTE marie-charlotte burat
photos jean-christophe hanché
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musique
© dr
135Zine l e s f ig u r e s d e l a cit é 135, c’est le format des pellicules, mais c’est aussi la distance en millimètres qui sépare la surface photosensible du centre optique des objectifs couramment utilisés par Vincent VDH et Thierry Gaudé pour s’approcher de leurs sujets. Ces deux photographes amateurs et amateurs d’images, shootent, au hasard de leurs errances urbaines et des rencontres. De ces clichés, pris à la dérobée, collectés et agencés, est édité un fanzine, à la diffusion intimiste.
Sous-exposés
Ils s’appellent Thomas, Alice, Renée, Abel, Giuseppe,… Ils sont des passants, des riverains, des sans-abri. Cette dame qui attend le bus ou ce papy qui gratte son ticket de loterie au café. Des gens anonymes mais pas banaux, parfois abîmés par la vie. Thierry, fondateur de 135Zine, explique : « Notre unique contrainte est de travailler en argentique avec des films au format 135. Ce sont des rencontres avec des gens que l’on croise ou que l’on suit, pour certains sur la durée. À force, on se dit bonjour, une relation se créé. » Vincent a rapidement rejoint le projet : « Rien n’est calculé, c’est instinctif. On attrape un moment. Les personnes sont là, on imagine ce qu’elles vont faire. On se place, on attend une ou deux minutes et on déclenche. Il y autant de photos prises que de photos loupées. » Parce qu’ils portent un regard bienveillant sur ces visages, qui transpire dans les clichés, l’approche est simple et naturelle. Certains réajustent leur col de chemise en les apercevant, d’autres sourient ou les remercient. « Peut-être parce qu’à ce moment-là, ils ne se sentent pas transparents » livre Thierry. Flou de bougé
135Zine est un projet collaboratif, qui intègre, selon les numéros, d’autres regards. « Amateur, professionnel, quelle importance... Je ne me considère pas comme photographe. Je dis plutôt que je fais des images » précise Thierry. Dans ce recueil, aux finitions soignées, aucune légende et impossible de savoir qui est l’auteur de quelle photo. Vincent ajoute : « On donne un minimum d’informations pour laisser la possibilité d’imaginer, d’interpréter, de voyager. Alors, la photo devient intemporelle. C'est ça, pour moi, une photo réussie. » Thierry réalise la création graphique du fanzine et la composition des images. Elles racontent des histoires, drôles, touchantes ou décalées, et se parlent entre elles. 135Zine est un objet libre, à l’image de l’espace d’expression qu’ils se créent dans la cité, sans velléité de se faire connaître, ni revendication. Il est un objet un mouvement dont le format et les contributeurs varient à chaque édition. Tiré en quelques dizaines d’exemplaires, 135Zine est un cadeau. « On ne veut pas le vendre, on l’offre autour
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TEXTE Peggy Léoty
de nous. On reçoit aussi des demandes par mail. Il m’est arrivé d’envoyer des exemplaires aux Etats-Unis et même en Corée » indique Thierry. Mode « Priorité Vitesse »
La street photography met en lumière une présence humaine, de manière directe ou indirecte, dans des situations spontanées et dans des lieux publics comme les parcs, la plage ou les grands magasins. Réunis autour de cette même passion pour la photo dans laquelle ils baignent depuis leur enfance, Thierry et Vincent déambulent dans les rues de Reims, ou d’ailleurs, appareil photo en bandoulière et Monsieur et Madame tout le monde dans le collimateur. Séparément ou en binôme. Si la photo est, par définition, un exercice solitaire et personnel, ils s’y adonnent aussi ensemble. Complices, Thierry et Vincent s’amusent, s’entrainent, comparent leurs clichés. Vincent utilise également la photo dans son travail, comme vecteur de communication : « L’argentique permet une approche humaine, un regard de tous les jours. Et puis avec le noir & blanc, on peut plus facilement isoler un objet ou une personne. » Le 5ième fanzine est dans les tuyaux et Thierry n’exclut pas de réaliser un numéro spécial 120 mm : « C’est un format qui apprécie moins le mouvement. On est sur des photos plus posées, presque du portrait ». Vincent, qui concède que son entourage doit supporter sa manie au quotidien, cite Henri Cartier-Bresson : « Photographier, c’est une attitude, une façon d’être, une manière de vivre. » 135Zine
N°1 / Edition numérique & papier, juillet 2015 N°2 / Édition numérique, octobre 2015 N°3 / Edition numérique & papier, février 2017 N°4 / Edition numérique & papier, spéciale noir & blanc, novembre 2017 Tirages entre 10 et 50 exemplaires, numérotés.
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Slowglide p e n se r e t da n se r
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musique
C’est dans son homestudio que Slowglide nous ouvre le sésame de son univers, entre influences vintage et imaginaire contemporain. Nightclubbing dans la moiteur d’une soirée d’été. Le son lointain d’un vinyle distillant ses variation coronariennes donne à cette interview une tonalité de nuit blanche pour lunettes noires. Slowglide est autodidacte et a forgé son identité artistique par l’écoute gargantuesque de musique allant de John Coltrane à MGMT en passant par Anton Newcombe. Son 1er contact avec la musique électronique eu lieu dans son enfance avec la bande son du jeu « Rage racer ». Mais son influence majeure en matière de musique électronique vint plus tard, de sa découverte de Drexciya, duo techno de Detroit des 90’s : « un changement dans ma vie musicale » dit-il « car ce groupe mystérieux a sû », en plus de la mastria de ses créations, « construire une mythologie qui nourrissait sa musique et une musique qui nourrissait sa mythologie ». Lorsqu’il compose « il n’y a pas de règle applicable à la lettre » pour Slowglide mais « un morceau réussi est un morceau construit où il y a de la beauté et de la tension ». Son matériel est fait d’ordinateur, de claviers et de sampler, des outils selon lui plutôt destinés au Live, qu’il utilise en production. Ses compositions débutent aussi bien d’un simple son enregistré au dictaphone, d’un sample de MP3 ou d’une mélodie jouée au synthétiseur : « tu pars d’une piste avec une boucle de mélodie. En ajoutant des boucles à des boucles puis des ruptures et une ligne de basse, tu crées un morceau avec sa structuration et ses variations. Mes tracks durent de 3 à 9 minutes, mais j’aimerais faire des morceaux de 20 minutes dans l’esprit du Rock progressif des 70’s ». Le 1er minialbum de Slowglide est un 7 titres intitulé « REIGI » sorti en 2017 en cassette audio chez le collectif rémois Vapeur. En avril 2018, le label parisien Antinote a édité en disque vinyle les titres REIGI et HAIPA qui étaient déjà présents sur le mini-album. C’est l’écoute de musiques japonaises de toutes époques jusquà la City Pop, la plus contemporaine qui a inspiré Slowglide pour l’album REIGI qui « allie tradition et modernité ». « J’ai samplé des morceaux de musique asiatique traditionnelle, notamment de Gamelan indonésien auxquels j’ai ajouté des lignes mélodiques et des ambiances » nous indique le compositeur rémois. De cet en-
semble résulte des morceaux rappelant parfois la Bande Originale du film Furyo composée en 1983 par Ryuichi Sakamoto. Bien qu’il compose sur ordinateur, Slowglide affectionne particulièrement les supports cassette et microsillon. « J’ai une vision paragmatique » nous dit Slowglide « ce que j’aime c’est l’objet collector ». En même temps « la cassette permet d’enregistrer chez soi dans sa chambre et donne une âme au son par la détérioration qu’elle lui apporte ». Globalement, la musique de Slowglide est conçue « pour penser et pour danser » c’est-à-dire que -précise Slowglide- : « quand tu es dans le bon terrain émotionnel tu danses, et quand tu es juste venu boire une bière, ça te fait cogiter, et si des gens méditent sur ma musique, je suis comblé ». Une musique pour danser, mais où à Reims ? Slowglide remarque que « les flics à Reims sont à l’affut et débarquent pour un rien ». Même si « le Lieu (qui ouvre en septembre 2018 NDLR) va être un nouveau terrain de jeu pour la jeunesse », « c’est à Paris qu’on peut encore réellement faire la fête et il y a un déplacement de l’entertainment ». Le spot de prédilection de Slowglide ? « Les Maquereux, une péniche amarée près de l’île de la cité à la déco rétro futuriste blanche immaculée, avec un excellent sound system et une programmation pointue ». Slowglide nous confie enfin préparer un Live et vouloir se « délester du PC pour trouver plus d’audace et d’intuitivité sur scène ». Pour la route, il nous dévoile sa playlist du moment : Light of the world – Time (Remix) / AFX – Analogue Bubblebath / Ebi (Susumu Yokota) – Hi / CIM – Lead Point / et tout Disco Matin.
soundcloud.com/slowglide
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© alexis jama-bieri
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TEXTE + pola alexis jama-bieri
Dans les lignes de la main j u l i e d e l att r e Le trait : tout part du trait. Pour Julie Delattre, l’illustration répond à l’inspiration du trait. Et si ses premières armes artistiques s’approchaient du pointillisme, c’est par la linogravure qu’elle est venue au trait. « C’était une opportunité à saisir » assure-t-elle. Julie est graphiste, co-créatrice du fanzine ONID, et l’illustration s’est imposée comme une stimulation. Son style s’inspire volontiers d’artistes comme Jean Julien, « je recherche des idées simples et accessibles » confie-t-elle, et le trait, au feutre mais pas feutré, suit la ligne des détails du quotidien. Il s’agit de se voir, de se reconnaître, dans les situations mises en couleurs de Julie. Une espièglerie qui pousse même le travers jusqu’à une fausse niaiserie, un détournement cocasse, presque grossier, mais tout en finesse. Elle illustre, cette année, le festival Ami-Ami, en bleu, en blanc, en rouge, sur un trapèze, avec des moustaches, en rollers, jupe retroussée, toujours dans cette naïveté bienheureuse : le trait de Julie mène où il fait bon vivre. j u l i e d e l at t r e . f r
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