SPÉCIAL BASELWORLD 2012
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SUPPLÉMENT DU MERCREDI 7 MARS 2012
Le Monde de l’Horlogerie
TAG HEUER
Toujours plus vite! JEAN-CLAUDE BIVER
«SUISSITUDE»
TENDANCES 2012
Une passion Le retour Très techniques nommée Hublot de Michel Jordi ou très serties?
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EN UN CLIN D’ŒIL | SOMMAIRE ET ÉDITO
Sommaire
Editorial L’actu horlogère, c’est toute l’année Françoise Kuenzi Rédactrice en chef adjointe de «L’Express» et «L’Impartial»
l y a une dizaine d’années, les grands salons de Genève et de Bâle étaient pour les marques suisses les rendez-vous majeurs où se décidaient les ventes de l’année entière. L’actualité horlogère foisonnait durant ces deux semaines, puis se calmait jusqu’au printemps suivant. Aujourd’hui, le SIHH et Baselworld sont toujours incontournables. En termes de vitrine, d’emballement médiatique. Mais moins de chiffre d’affaires. C’est désormais toute l’année qu’il faut vendre, présenter de nouveaux produits, inaugurer des boutiques, participer à des salons aux quatre coins du monde. Les grandes nouveautés sont souvent présentées en avant-première dans des palaces de Shanghai, à l’image de la collection Saint-Imier de Longines, que l’actrice Kate Winslet a dévoilée en Asie. L’actualité horlogère ne faiblit plus. Nous avons décidé de suivre cette évolution en proposant, avec un nouveau magazine horloger, «Le Monde de l’Horlogerie», plusieurs rendez-vous tout au long de l’année. Notre souhait est de vous faire découvrir et apprécier les nouveautés, les gens et les entreprises qui forment la troisième branche exportatrice du pays. Et pas seulement sur un support papier! «Le Monde de l’Horlogerie» peut également être téléchargé et lu sur iPad. Sa version électronique comporte d’ailleurs des enrichissements exclusifs, vidéos et galeries d’images, que vous pourrez découvrir sur votre tablette, en plus du contenu exhaustif de l’édition classique. Au fil des pages, «Le Monde de l’Horlogerie» vous montrera comment l’industrie horlogère a su associer à la perfection les savoirs-faire nés au 18e siècle avec les technologies les plus innovantes (comme TAG Heuer, qui maîtrise la mesure du 2000e de seconde). Comment elle a appris à surmonter les crises, grâce à une souplesse et une flexibilité qui font sa force (Longines célèbre ainsi 180 ans d’activité ininterrompue). Et pourquoi elle reste intimement liée à l’identité suisse (comme le prouve Michel Jordi en revenant sur le devant de la scène). Nous vous souhaitons de belles découvertes et une bonne lecture, quel qu’en soit le support!
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Supplément du: Nouvelliste
Impressum Editeur: Société Neuchâteloise de Presse SA Tirage: 45 000 exemplaires Impression: Centre d’impression des Ronquoz SA, CIR Sion Responsable: Françoise Kuenzi Textes: Françoise Kuenzi et Daniel Droz Photos: Céline Reuille et photos en service de presse Graphisme: François Allanou Ce supplément est disponible sur votre iPad dans une version optimisée et enrichie dans la section «suppléments» de l’application iPad de votre quotidien préféré.
LE MONDE DE L’HORLOGERIE MERCREDI 7 MARS 2012 3
Repoussées à l’extrême A La Chaux-de-Fonds, TAG Heuer apprivoise le 2000e de seconde.
6 «Un des atouts de Bâle, c’est sa taille» A la veille de l’ouverture de Baselworld, le point avec sa directrice Sylvie Ritter.
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L’hommage de Longines Pour ses 180 ans, la marque qui incarne l’élégance rend hommage à Saint-Imier.
9 Jean-Claude Biver passe un zeste de témoin «Mais j’aimerais rester jusqu’à 70 ans», confie celui qui a amené Hublot au sommet.
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La Suisse selon Jordi Le père de la montre «ethno» se lance dans une nouvelle aventure helvétique.
11 Breitling garantit son indépendance Avec son calibre maison, la marque peut compter sur un moteur fiable.
12-13 Les tendances de l’année 2012 En avant-première, quelques modèles incontournables du salon Baselworld.
14 Les ambitions de Maurice Lacroix Nouveau directeur général de la marque, Marc Gläser démarre l’année en fanfare.
15 Une montre sur deux est vendue en Asie Les chiffres d’affaires des marques et les exportations bondissent grâce à la Chine.
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DOSSIER | TAG HEUER
TAG Heuer repousse les limites de la mesure du temps TAG Heuer apprivoise le 100e, le 1000e et le 2000e de seconde dans un chronographe mécanique. Mais qu’est-ce qui pousse la marque basée à La Chaux-de-Fonds à repousser les limites de la mesure du temps? Rencontre avec le responsable du département recherche et développement Guy Sémon. PAR D AN I E L D R O Z
«Notre job, c’est de donner de la valeur ajoutée au consommateur» Guy Sémon Responsable du département recherche et développement de TAG Heuer
«Nous, on pense que c’est une nouvelle approche, quelque chose de majeur, pas une évolution mais une révolution.» Responsable du département de recherche et développement de TAG Heuer, Guy Sémon n’y va pas par quatre chemins. Il faut bien avouer que les travaux de son équipe – une cinquantaine de personnes basées à La Chaux-de-Fonds – intriguent les milieux horlogers. Dernière performance en date: un chronographe mécanique qui mesure le temps au 2000e de seconde. Une question vient immédiatement à l’esprit: ça sert à quoi? «Notre job, c’est de donner de la valeur ajoutée au consommateur», dit l’ingénieur. La marque, l’esthétique et la solidité – «dans notre jargon la qualité» – sont des éléments à prendre en compte. Et la précision. «Parce que notre produit coûte de 3000
à 5000 francs.» TAG Heuer ne se contente plus de la certification Cosc, le Contrôle officiel suisse du chronomètre. La marque veut faire certifier ses chronographes, ce que le Cosc ne fait pas encore. Il s’agit d’établir des normes. «La norme, c’est le code de la route. Il est discuté et accepté par un organisme international.» En l’occurrence, l’ISO, l’Organisation internationale de la normalisation. «L’ONU de la mesure. TAG Heuer ne fait pas partie de l’ONU», précise Guy Sémon. La marque a ainsi pris contact avec l’Observatoire de Besançon, compétent dans la mesure du temps. «Avec eux, nous avons fait un premier étalon précis du temps.» ÊTRE À L’HEURE Chez TAG Heuer, depuis bientôt trois ans, le département
«Le plus fantastique, c’est l’aventure humaine» «Le plus fantastique, c’est l’aventure humaine.» Guy Sémon ne tire pas la couverture à lui. «On est une équipe. C’est très important. Le but n’est pas de se faire plaisir mais de développer une technologie qui permette à nos clients d’être contents.» Ils sont une cinquantaine à travailler sous ses ordres au département de recherche et développement de TAG Heuer à La Chaux-deFonds. Ingénieurs, constructeurs, dessinateurs, prototypistes et horlogers mènent à bien les projets. «J’ai un orchestre. Mes musiciens sont des top-
exécutants. Nous avons des gens qui ont appris des métiers différents. J’explique la musique et j’ai des gens qui la jouent superbien.» Et d’envoyer une pique à la concurrence: «Alors que beaucoup de maisons horlogères vont embaucher uniquement des violonistes.» Que pensent les horlogers de TAG Heuer de ces évolutions techniques? «Denis Badin, il a 30 ans de bouteille. Il a tout fait. Bosser avec des ingénieurs, ça le fait marrer. Il faut un horloger pour monter tout ça. Le premier qui a monté le Mikrogirder, ça a marché.»
recherche et développement travaille dans ce sens. «On mesure quelque chose avec la bonne dimension et la bonne unité», explique Guy Sémon. «L’expression ‘être à l’heure’ est née au 18e siècle. Elle signifie à peu près à une heure près. C’est identique à ‘à la seconde’. Si on veut apprécier ce qu’est une seconde, le plus logique est de définir la décimale près de la seconde.» La réflexion menée, comment la traduire dans un chronographe? C’est ici que se niche une partie du mystère. En 2006, TAG Heuer avait présenté le premier chronographe à mesurer le temps au 100e, le calibre 360. Un module additionnel avait alors été ajouté à un mouvement de base ETA. «Nous en avons vendu 200. Il n’était pas superlisible», commente Guy Sémon. Son équipe a tout repris quasiment à zéro. «A l’été 2009, nous avons pris le parti de
Affichage par l’aiguille centrale La lisibilité de la mesure du temps a son importance. «Dans le système Mikro, il faut une pleine échelle. Le but est d’aller mettre l’affichage où il y a le plus de place», dit l’ingénieur. Ainsi, c’est l’aiguille centrale qui sert à mesurer le 100e, respectivement le 1000e et le 2000e. L’échelle est placée sur la partie externe du cadran. L’aiguille centrale effectue un tour de cadran par seconde pour mesurer le 100e sur le Mikrograph, 10 tours par seconde pour le 100e du Mikrotimer et 20 pour le 2000e sur le Mikogirder. Ça arrache.
toujours faire une montre certifiée Cosc. A côté, il y a un chronographe qui vit sa vie tout seul. Il n’y a plus d’embrayage. L’énergie dont on a besoin pour la montre n’est pas la même que pour le chronographe. Ça donne lieu à ce qu’on appelle chez nous la chaîne duale. Ce n’est pas très marketing.» Le préfixe Mikro a alors été choisi. «Son papa date de 1916, le Micrographe, c’était un compteur de sport.» Le «k» a remplacé le «c» «pour faire évoluer cette affaire.» Depuis, TAG Heuer a présenté trois modèles. Le Mikrograph pour la mesure du temps mécanique au 100e, le Mikrotimer pour le 1000e et, en janvier dernier, le Mikrogirder pour le 2000e. «Ils ont la même
architecture. Ce que nous faisons évoluer, c’est l’énergie et le régulateur du chronographe.» Guy Sémon a le don de faire comprendre tout ce qui pourrait rebuter un auditeur hermétique aux principes physiques et mécaniques. Le choix du 10e, du 100e et du 1000e n’est pas dû au hasard. Ces mesures sont utiles dans le sport notamment. «Le temps est ramené à une échelle humaine. Il y a 7 x 106 secondes dans une vie. Plus haut, on est chez les astronomes. Ce qu’on utilise généralement en dessous du 1000e, ça n’a pas de nom. C’est chez les physiciens.» UN DOUBLE MOTEUR Revenons au principe des deux moteurs. Premier objectif:
LE MONDE DE L’HORLOGERIE MERCREDI 7 MARS 2012 4-5
que la marche de la montre n’altère pas celle du chronographe. Dans le modèle Mikrograph, le mouvement chronographe bat à 360 000 vibrations, celui du chronomètre à 28 800. En tournant la couronne, on remonte à la fois la montre et le chrono. Le mouvement automatique ne remonte, lui, que la montre. Le Mikrograph n’a pas d’embrayage. Avec le Mikrotimer, TAG Heuer est allée encore plus loin. Si le moteur de la montre est identique à celui de son prédécesseur, le mouvement chronographe est une évolution. «Il renferme un échappement à ancre sans balancier. Le ressort est tellement raide qu’il n’a pas besoin de balancier. Il n’y a plus de
palettes», explique Guy Sémon. Résultat: le spiral – développé avec la maison Atokalpa – bat à une fréquence record de 500 Hz, contre 4 à 5 Hz en temps normal. Pour arriver au 2000e de seconde, les choses se corsent. «Le spiral a une vie qui commence à 3 hertz et se termine à 500 hertz.» Les chercheurs ont dû faire sans le spiral, qui atteint sa limite au 1000e de seconde. «Comme ça, il nous est venu l’idée qu’il fallait faire un mécanisme différent.» Les ingénieurs sont allés regarder du côté de la mécanique vibratoire, l’équation générale d’onde et les travaux du mathématicien du 18e siècle Jean Le Rond, dit D’Alembert. Celui-ci même qui, soit dit en
passant, a aidé Diderot à rédiger l’Encyclopédie. «J’ai un avantage, je ne suis pas horloger», sourit Guy Sémon. Trois minus-
Légitimité historique Fondée en 1860 par Edouard Heuer à Saint-Imier, la marque – aujourd’hui basée à La Chaux-de-Fonds et propriété du groupe LVMH – a une légitimité historique en matière de chronométrie. Légitimité que vient confirmer la réalisation du Mikrogirder. Quelques jalons. 1911 La société obtient un brevet pour le premier chronographe destiné aux tableaux de bord des avions et des automobiles. 1914 Heuer produit ses premiers chronographes montres-bracelets. 1916 Double invention avec le Micrographe et le Microsplit. Le premier est un instrument de mesure au 100e, le second permet de chronométrer deux événements simultanés grâce à une rattrapante. Ces réalisations permettent à Heuer d’être choisi comme chronométreur aux Jeux olympiques d’Anvers en 1920, de Paris en 1924 et d’Amsterdam en 1928. En 1916 toujours, le Semicrographe et le Semicrosplit permettent les mesures au 50e de seconde. 1930 Heuer produit ses premiers chronographes spécialement conçus pour les aviateurs. 1933 Apparition de l’Autavia – contraction d’automobile et avion –, un instrument de mesure à fixer sur les tableaux de bord.
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Trois chronographes mécaniques: de haut en bas, le Mikrogirder mesure le 2000e de seconde, le Mikrotimer le 1000e – son mouvement est à droite – et le Mikrograph le 100e.
cules poutres reliées entre elles vont, grâce aux ondes qu’elles provoquent en vibrant, permettre d’obtenir une fréquence de
1000 hertz. «Ça permet de couper le 1000e en deux, de l’apprécier et de discuter avec le 10 000e. C’est un autre moteur.
Le principe est simple. Il n’y a plus de balancier. C’est l’aboutissement de trois ans de travail et de recherche.»
1939 Lancement d’un chronographe étanche reconnaissable à ses poussoirs ronds. 1948 Auto-Graph, un chronographe de poignet équipé d’une échelle tachymétrique et d’une aiguille de référence. 1949 Solunar, la première montre à indicateur de marées. 1950 Maréographe, le premier chronographe à indicateur du niveau des marées et d’un cadran pour les régates. 1957 Ring Master, un chronomètre avec aiguille des minutes centrale, anneau interchangeable des échelles pour chronométrer diverses disciplines sportives et affichage du 5e de seconde. 1963 A partir de cette année-là, la Film-Master est utilisée par la plupart des réalisateurs hollywoodiens pour chronométrer les séquences de leur film. 1966 Mikrotimer, premier instrument de chronométrage électronique miniaturisé au 1000e de seconde. 1969 Développé avec Breitling et Hamilton, Heuer dévoile le Chronomatic, mouvement chronographe automatique. 1973 Microsplit 820, le premier chronomètre de poche sportif à quartz, précis au 100e de seconde. En 1975, une version avec affichage à cristaux liquides est industrialisée.
ÉVÉNEMENT | BASELWORLD
LE MONDE DE L’HORLOGERIE MERCREDI 7 MARS 2012 6
Bâle se réjouit de recevoir ses amis Evénement incontournable pour la branche horlogère, le Salon mondial ouvre ses portes au public demain. Une année de transition avant l’inauguration des nouvelles infrastructures en 2013. «Bâle se met au diapason de Baselworld», se réjouit la directrice du salon Sylvie Ritter. PAR D AN I E L D R O Z
«L’augmentation des exposants n’a jamais été notre but» Sylvie Ritter Directrice de Baselworld, le Salon mondial de l’horlogerie et de la bijouterie
«A Bâle, on est très fier d’avoir la foire au sein de la ville et d’avoir des événements comme Baselworld et Art Basel (réd: le salon de l’art contemporain)», dit Sylvie Ritter, la directrice du Salon mondial de la bijouterie et de l’horlogerie. «On se réjouit déjà de recevoir nos amis. Un des atouts de Bâle, c’est sa taille. Bâle n’est pas une mégapole. Pas une grande ville où ces gens-là ont l’habitude de vivre et de travailler. C’est différent. A New York, Shanghai ou Paris, dès qu’on quitte les halles, c’est fini. Bâle se met au diapason de Baselworld. Pendant huit jours, la ville vit au rythme de l’horlogerie et de la bijouterie.»
LES YEUX BRAQUÉS SUR 2013 Dès demain et jusqu’à jeudi prochain plus de 100 000 personnes sont attendues dans les diverses halles d’exposition de Baselworld. Année après année, le succès de cet événement incontournable se confirme. L’édition 2012, la 40e en tant que salon indépendant, n’échappera pas à la règle. Une cuvée qui «se présente très bien. Il y a de l’enthousiasme de la part des exposants. Les acheteurs et la presse sont très impatients de découvrir les collections», dit Sylvie Ritter tout en rappelant que 2011 a été, pour l’horlogerie suisse, «exceptionnelle».
Mais tous les regards sont déjà braqués sur l’année prochaine. De nouvelles infrastructures sont en construction. Un investissement de 430 millions de francs a été consenti par Messe Schweiz – propriétaire des lieux et organisateur de Baselword – et les cantons de BâleVille et Bâle-Campagne. La population a soutenu le projet en l’approuvant massivement en votation. «L’augmentation du nombre d’exposants n’a jamais été notre but. C’est la qualité avant la quantité. Nous allons poursuivre cette stratégie pour 2013», précise d’emblée Sylvie Ritter. Si la surface au sol n’a pas été augmentée, des espaces aujourd’hui inutilisables pourront accueillir des stands de deux ou trois étages. Horlogers, bijoutiers et branches annexes travailleront dans un univers propice à leurs savoir-faire. Ces dernières font part de leurs soucis depuis plusieurs années. «Baselworld a de tout temps représenté la branche dans sa globalité», affirme Sylvie Ritter. «Peu importe la gamme de prix. Peu importe le produit. Les branches annexes auront leur place à Baselword 2013. C’est l’ADN de notre salon de re-
fléter l’ensemble de la branche», tient-elle à rassurer. «Supprimer les branches annexes ne rime à rien. Elles font partie intégrante de l’industrie horlogère et bijoutière.» La direction de Baselworld tient compte des doléances de chacun. «Savoir comment fonctionne tel ou tel groupe pour créer un environnement idéal. Mettant en valeur les marques ou les produits.» DE NOUVEAUX HÔTELS Reste un problème récurrent, celui de l’hébergement. «Nous avons pour ces prochaines années, de nombreuses rénovations et de nombreux hôtels qui vont voir le jour», dit Sylvie Ritter. «Si on compare New York et Bâle, il y a moins de lits. Si on compare la surface et si on va à Zurich, le problème est résolu.» Par ailleurs, l’organisation compte aussi sur les bateaux-hôtels arrimés sur les quais de divers endroits de la ville. «La qualité n’a eu de cesse d’augmenter.», souligne-t-elle. «Cet hébergement est de plus en plus prisé par nos clients.» L’horlogerie est un monde très masculin. A la tête de Baselworld, Sylvie Ritter se sent
quand même comme un poisson dans l’eau. «Je n’ai jamais ressenti ça comme un problème. J’essaye d’offrir la meilleure plate-forme aux entreprises, de maximiser leurs affaires, d’attirer les clients, la presse, de donner un écho au salon», rappellet-elle. «Si l’horlogerie est un monde d’hommes, c’est surtout de l’enthousiasme. Ils aiment faire leur métier. Ils sont convaincus. Ce ne sont pas seulement des gens du marketing. C’est ça que nous avons en commun. C’est un challenge à partager avec des engagés, des amoureux.» Et si, pour certaines cultures, il est difficile de travailler avec des femmes, elle résout le problème de manière pragmatique. En s’entourant de présences masculines. LONGUE EXPÉRIENCE Sylvie Ritter ne manque pas de rappeler qu’elle connaît aussi bien les branches présentes au salon. «J’ai commencé par la bijouterie, les branches annexes, puis les pavillons nationaux et la direction en 2004», rappelle-telle. Une expérience indispensable pour gérer les demandes diverses de près de 1800 exposants.
Salon indépendant depuis 1973 Baselworld est l’événement de tous les superlatifs pour les secteurs de l’horlogerie et de la bijouterie. Un rendez-vous incontournable? «Baselworld» est et reste la référence incontournable dans l’année commerciale, et il joue un rôle décisif dans les résultats de nos ventes», explique Karl-Friedrich Scheufele, co-président de la marque horlogère Chopard. Pas moins de 1815 exposants sont au rendez-vous de cette édition. Elle accueillera plus de 100 000 visiteurs, en très grande majorité des acheteurs, Baselworld accueille plus de 100 000 visiteurs.
soit des agents ou des détaillants. Un tiers des exposants (608) sont des horlogers. Ils occupent près des deux tiers de la surface d’exposition, soit 104 300 des 160 000 mètres carrés disponibles. Les bijoutiers sont plus nombreux (689) mais leurs stands sont plus petits (36 400 mètres carrés de surface d’exposition). Les branches annexes sont toujours bien présentes avec 518 exposants pour 19 300 mètres carrés. La majorité des exposants proviennent d’Europe (1109, soit
61,1%), l’Asie fournit la grande partie du reste des participants (493, 27,2%). L’Amérique du Nord est le troisième continent représenté (152, 8,4%). Au total, 41 pays sont présents à Baselworld. Plus de 3000 journalistes, provenant de 71 pays, relaient l’événement. Baselworld vit cette année sa 40e édition en tant que salon indépendant de l’horlogerie et de la bijouterie. Celui-ci a vu le jour en 1973. Auparavant, les deux branches faisaient partie de la Muba, la Foire d’échantillons de Bâle.
ANNIVERSAIRE | LONGINES
LE MONDE DE L’HORLOGERIE MERCREDI 7 MARS 2012 7
Un bel hommage à Saint-Imier Pour rendre hommage à la ville qui a vu naître l’entreprise il y a tout juste 180 ans, Longines lance une collection au nom de Saint-Imier et prépare une grande fête pour septembre. Explications avec Walter von Kaenel, président de la marque depuis 1988. PAR F R AN Ç O I S E KU E N Z I
Surtout, ne demandez pas à Walter von Kaenel s’il entend prendre sa retraite! Il vous coupera d’une phrase, avec un grand sourire: «Ce n’est pas à l’ordre du jour!» A 70 ans, Walter von Kaenel est à la tête de Longines depuis 1988. Une marque où, entré en 1969, il a fait une carrière de 43 ans. «Aussi longtemps que j’ai la santé, que j’y trouve du plaisir et que mon travail est apprécié par la direction du Swatch Group, pourquoi m’arrêterais-je?» Pourquoi, en effet? D’autant que Longines s’apprête à fêter cette année ses 180 ans. A SaintImier – la population sera conviée en septembre à une grande journée portes-ouvertes – mais aussi à travers Saint-Imier: la nouvelle collection que Longines lance à Baselworld veut en effet «rendre hommage à la ville qui l’a vue naître et grandir», explique le président de la marque. Longines est demeurée fidèle à SaintImier, sans jamais interrompre ses activités, depuis 1832. En fait, «The Longines SaintImier Collection» a été lancée en primeur à Shanghai par Kate Winslet, ambassadrice de la marque à l’élégance sportive. C’est maintenant aux autres marchés mondiaux de découvrir cette ligne entièrement mécanique, dont la forme s’inspire d’une boîte des années 40. Au dos, le nom de SaintImier est gravé pour rappeler à son propriétaire l’histoire de la marque au sablier ailé. Des ailes
qui n’ont cessé de se déployer: aujourd’hui, Longines emploie près de 450 personnes à SaintImier, pour un effectif total de 750 personnes sur le site (où sont également actives la société ETA et la marque Balmain). Le Swatch Group est l’un des plus gros employeurs du vallon de Saint-Imier. «Combien de nationalités différentes pensez-vous que nous avons ici?», demande le président de la marque, qui aime bien inverser les rôles et poser, lui, ses questions aux journalistes. La réponse est 27. Une multiculturalité qui réjouit Walter von Kaenel, autant que la réputation d’employeur exemplaire que s’est fait Longines au fil des années: «Notre personnel est très fidèle, notamment parce ce que le Swatch Group a toujours insisté, en période de crise, pour conserver les emplois. Cette politique a permis de fidéliser les collaborateurs», souligne Walter von Kaenel. Mais pour l’heure, aucune crise à l’horizon, au contraire: la croissance de Longines s’est accentuée ces deux dernières années pour frôler la barre du milliard de francs de chiffre d’affaires. C’est ce qu’a indiqué Nick Hayek, le CEO du Swatch Group, dans un article de «Finanz und Wirtschaft» paru début janvier. Ceci alors que le chiffre d’affaires du groupe biennois s’est élevé à 7,14 milliards. La recette du succès? Cohérence des prix, avec une gamme qui reste fixée entre 1000 et 4000
Une aventure de 180 ans A l’appui du lancement de sa nouvelle collection, Longines retrace dans un livre, «Saint-Imier, terre d’horlogerie», le lien étroit qui, depuis 180 ans, unit la petite ville à la marque. C’est en effet en 1832 qu’Auguste Agassiz entre dans le monde horloger, en s’associant à un comptoir installé à Saint-Imier, dont il va vite reprendre les rênes. Son neveu Ernest Francillon lui succède dans les années 1850. C’est lui qui construira l’usine des Longines, sur la rive droite de la Suze (photo), là où se trouve toujours le site de production de la marque du Swatch Group. Le village agricole se transforme en cité industrielle. Ainsi, entre 1800 et 1900, la population de Saint-Imier passe de 800
à 8000 habitants! D’autres fabriques ouvrent leurs portes, mais Longines est la seule encore en activité, sans aucune interruption depuis sa création. Quant au fameux logo, le sablier ailé, gravé depuis 1867, il a évolué au fil des années mais n’a jamais cessé de voler!
francs, accessible à un largeéventail de consommateurs. Et continuité du message, avec un slogan «Elegance is an attitude», qui n’a pas changé depuis 1997. «Mais pourquoi donc voudriez-vous en changer?», demande le président de la marque quand on lui suggère que peut-être, 15 ans, c’est long. «Il y a encore des millions de personnes dans le monde qui ne le connaissent pas... Imposer PUBLICITÉ
un nouveau slogan, cela demande un investissement énorme!» Hier aux Emirats, demain en Chine, Walter von Kaenel est un infatigable voyageur, qui fait rayonner sur tous les continents la marque de Saint-Imier. En 2008, il disait avoir 24 passeports. Et maintenant? «Oh, je dois en avoir un ou deux de plus...», répond-il. Simplement.
The Longines Saint-Imier Collection est composée entièrement de pièces mécaniques, modèles féminins compris. Ci-contre, Walter von Kaenel, président de la marque
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INTERVIEW |JEAN-CLAUDE BIVER
LE MONDE DE L’HORLOGERIE MERCREDI 7 MARS 2012 9
«C’est mon âme, ma passion» «A 63 ans, je n’aurais plus le temps d’un échec»: même s’il a transmis les rênes de Hublot à Ricardo Guadalupe, JeanClaude Biver ne se lancera pas dans une quatrième aventure horlogère. L’entreprise de Nyon reste «mon âme, ma passion». A Bâle, Hublot présente une montre à 5 millions de dollars. Rencontre. PAR F R AN Ç O I S E KU E N Z I
Ça pourrait être une blague, mais c’est la vérité: il a fallu près d’une demi-heure d’efforts et un pied de biche pour libérer JeanClaude Biver du petit coin où s’était éclipsé avant de nous recevoir, dans le superbe écrin nyonnais de l’entreprise Hublot. Mais une fois la porte forcée, l’entrepreneur horloger à l’agenda ultra-rempli n’a pas compté son temps pour évoquer sa carrière, ses produits et, bien sûr, sa succession qui se prépare, puisque Hublot a annoncé en janvier la nomination en tant que CEO de Ricardo Guadalupe, le «second» de JeanClaude Biver depuis 20 ans, ce dernier restant à la présidence de la marque. Cela veut-il dire que le charismatique patron horloger songe à s’en aller? «Disons que je suis entré dans le temps de la transmission qui va prendre quelques années. Pour quitter, il faut un an. Mais pour transmettre, en revanche, on va dire que cela prend en principe entre trois ans et cinq ans... Même si, en réalité, je préfererais quitter à 70 ans.»
Une carrière en quatre temps Le temps de l’apprentissage Audemars Piguet, Omega jusqu’en 1981 Le temps de faire Blancpain (1982-1992) Omega (1993-2003) Hublot (dès 2004) Le temps de transmettre (2012-2014?) Et le temps de quitter...
Vous êtes toujours très occupé, alors que M. Guadalupe assumait déjà les tâches qu’il a désormais... Qu’est-ce qui change finalement? «Pour Ricardo Guadalupe, rien ne change vraiment, mais il a désormais le titre et la responsabilité de son travail. Un jour, vous aspirez à être reconnu pour ce que vous avez fait... Pour moi, dans mon travail journalier, rien ne change beaucoup non plus. Au lieu de partir dix fois en voyage, je ne partirai plus que cinq fois, mais voyez mon agenda (réd: il feuillette un vrai agenda papier rempli de rendezvous)! On me dit: «Maintenant
que tu auras du temps, tu pourras faire telle ou telle chose...» Mais je ne travaille pas moins, juste autrement.» Cela fait 20 ans que M. Guadalupe et vous travaillez ensemble. Vous êtes aussi amis. La preuve que l’amitié n’est pas incompatible avec des rapports hiérarchiques? «Bien sûr qu’on peut être amis et travailler ensemble. Je continue d‘ailleurs de vouvoyer M. Guadalupe, même si on part en vacances ensemble. Toute ma famille le tutoie, mais moi je continue à le vouvoyer...» La transmission de la direction, c’est lui qui a insisté? «Absolument pas: c’est moi que l’ai plutôt pressé, et je pense qu’il ne s’attendait pas à ce que cela se fasse si vite. N’oubliez pas qu’il a aussi dû être béni par LVMH: moi je savais que c’était «le bon». Il fallait que le groupe en soit aussi convaincu.» Hublot chez LVMH, et auparavant Blancpain, que vous avez aussi relancé, dans le giron du Swatch Group. C’est une frustration d’avoir par deux fois remis sa propre société à un grand groupe? «Oui peut-être, si on raisonne en termes de propriété matérielle. Mais la propriété intellectuelle, celle du développement, de la créativité et de l’innovation me revient, et personne ne pourra me l’ôter. En ce qui concerne mes enfants, je peux nourrir quelques regrets de n’avoir à leur transmettre que mon amour et une partie de ma passion sous forme de montres que j’ai dans ma collection privée.» A 63 ans, vous pourriez recommencer une nouvelle aventure horlogère... (Il marque un temps d’arrêt...) «Vous savez, les arbres qu’on plante à 63 ans, on ne les voit jamais adultes! Non, non: à 63 ans, je n’aurais plus le temps d’un échec.» Vous craignez encore l’échec? «Bien sûr, c’est un métier difficile, je ne peux pas garantir à
100% le succès d’une quatrième aventure. Je suis toujours pris de doutes, qui m’empêchent d’être serein... et pourtant ça ferait du bien de pouvoir rester serein! Mais ces doutes me remettent en cause et me font avancer. Et je ne peux pour le moment pas quitter Hublot, où j’ai mon âme, ma vision, ma passion, mes gens...» Juste avant cet entretien, vous étiez en plein «chat» sur internet avec des collectionneurs asiatiques. Vous avez une application iPad et lancé une TV par internet... C’est important, pour vous, d’utiliser ces nouveaux outils? «Bien sûr! Nous n’avons pas le droit de ne pas utiliser les outils que nous offre la technologie. Tout le concept d’Hublot est né de là: qu’aurait fait Breguet avec les moyens, les techniques, les matériaux d’aujourd’hui? Il était un scientifique, donc un avant-gardiste. S’il vivait aujourd’hui, jamais il ne répéterait la façon de faire de son époque! Le plupart des marques utilisent leur énergie à recopier le passé. Toute la vision de Hublot, c’est de ne pas répéter le passer, mais de le mettre en contact avec le futur. Marier l’art et la technologie, fusionner la tradition avec la vision. C’est pour toutes ces raisons que nous sommes différents.» Parmi les temps forts de Hublot à Baselworld, il y a un partenariat avec Ferrari. D’autres marques (réd: Panerai, GirardPerregaux Longines) l’ont déjà fait... «Bien sûr, mais le partenariat avec nous sera complète-
ment différent. Se contenter de coller le logo d’une marque de prestige sur un cadran? C’est la dernière chose qu’on voudrait faire! L‘idée est de créer une relation de partenaire allant loinloin-loin au delà d’une montre. Il y a des similitudes extraordinaires entre l‘horlogerie et la voiture: nous partageons le moteur, nous avons même des débrayages et des embrayages. Nous sommes tous les deux liés au succès et à la victoire. Nous sommes partenaires non pas seulement de la marque Ferrari, mais surtout et avant tout du «Monde Ferrari». Et en plus de ce partenariat, nous ferons une montre Hublot Ferrari.» Vous lancez aussi une montre à 5 millions de dollars. Vous aviez déjà créé des montres à un, puis à trois millions de dollars... «Oui, chaque année,nous sortons une pièce exceptionnelle de haute joaillerie. Nous
avons fait la première année une montre à un million, réalisée en huit exemplaires, puis deux montres à trois millions. Le pas suivant est une montre à 5 millions, une pièce unique (réd: photo ci-contre). Avec d’énormes difficultés en termes de taillage, de sertissage, de grandeur des pierres.» Dans un monde en crise, ce n’est pas un peu... indécent? «D’abord, tout le monde n’est pas en crise. Il y a des pays, comme l’Espagne, avec 30% de chômeurs, qui sont en difficulté, mais il est faux de parler de crise sur le plan planétaire. Le travail de l’artisan a toujours été recherché, Fabergé vendait des œufs aux tsars russes malgré la guerre. Nous faisons travailler des artisans, nous n’avons pas honte de faire un produit exceptionnel et d’excellence dont la matière est exceptionnelle et coûte extrêmement cher. Cela permet peut-être de rêver.»
Une croissance de 30% Dans son écrin de Nyon, Hublot emploie entre 300 et 330 personnes, pour une produciton de 28.000 pièces par année, dont un bon tiers dotées de mouvements maison. Avec un chiffre d’affaires en hausse de 30% en 2011, l’équipe de Jean-Claude Biver a fait mieux que la moyenne de la branche (+19%). «Mais on ne pourra pas faire chaque année plus de 20% de hausse.» Si la situation écnonomique ne s’aggrave pas, JeanClaude Biver estime que l’en-
semble de l’industrie horlogère suisse pourrait terminéer l’année 2012 sur une croissance de 6 à 8%. «Dans l’horlogerie, on est habitués à des coups de frein et des coups d’accélérateur», relève-t-il. «Nous avons appris les leçons du passé, nous avons presque tous mis en place une grande souplesse et une grande réactivité. Et nous pouvons nous appuyer sur un tissu industriel très performant: toute une industrie a cette capacité d’évoluer avec agilité.»
MARQUES |EN VITRINE
LE MONDE DE L’HORLOGERIE MERCREDI 7 MARS 2012 10
Le nouveau défi de Michel Jordi Le plus moustachu des entrepreneurs revient sur la scène horlogère avec la marque Jordi Swiss Icon. Une ligne qui rend hommage aux traditions suisses et à l’art du découpage. A Baselworld, Jordi revient après dix ans d’absence.
Des pièces uniques
PAR F R AN Ç O I S E KU E N Z I
«Ma moustache, c’est mon signe de fabrique. Les rares fois où je l’ai rasée, ma femme et mes enfants m’ont dit qu’ils me préféraient avec...»
«Vous pouvez enlever le Michel, c’est juste Jordi maintenant!» Ou plutôt Jordi Swiss Icon, la marque que le plus moustachu des entrepreneurs horlogers a lancée à l’automne dernier. Plus de 20 ans après la montre «ethno», plus de 25 ans après le «Clip», Michel Jordi revient donc sur le devant de la scène. Toujours en mettant en valeur le patrimoine suisse, le «Swissness», comme dit le Nyonnais d’adoption, qui a encore de ses racines soleuroises un tout petit reste d’accent. Mais
cette fois-ci, pas d’edelweiss: c’est l’art du découpage auquel rend hommage la nouvelle marque. «Je cherchais ce qui pourrait se prêter à transposer l’esprit suisse sur mon produit. Je ne voulais pas quelque chose de trop folklorique, et j’ai découvert un superbe découpage, réalisé par Barthlomé Imobersteg pour le mariage de sa sœur. Son œuvre s’appelle «Animaux domestique et sauvages», c’est
MICHEL JORDI Entrepreneur horloger
Michel Jordi est allé chercher aux sources du Rhône une pierre de plus d’une tonne.
tout simplement superbe!» Décliné sur le cadran, sur le bracelet et sur les produits dérivés - sacs, cravates, foulards - le motif met en scène bouquetins, cerfs, chamois et chevaux dans un décor végétal. Un bestiaire emprisonné dans des montres qui jouent la diversité, chronographe, mouvement à remontage automatique, ou quartz, au boîtier arrondi plein de douceur. Là aussi, le fruit d’une rencontre inédite avec... un galet. «C’est vrai, c’est lors d’une promenade aux sources du glacier du Rhône, en touchant des galets, que j’ai imaginé ma boîte: je voulais qu’elle soit aussi lisse au toucher et pleine de rondeurs qu’un galet.» Une pierre qui est devenue une vraie mascotte: pour faire la promotion de l’ouverture de sa boutique de Zurich, en septembre dernier, l’entreprise a distribué à la population 10 tonnes de galets. Buzz réussi. Et un hélicoptère a
Chaque année Michel Jordi proposera une pièce de très haute horlogerie. Cette année, avec le Neuchâtelois JeanFrançois Mojon (mouvement) et le Lausannois Christophe Moinat (design), il lance, sous le nom de Icon of the World, huit pièces uniques dotées d’un mouvement réveil à la sonnerie rappelant les cloches d’une chapelle de montagne. Chaque pièce est décorée différemment: on trouve la Place Rouge de Moscou (photo ci-dessus), le Taj Mahal, la Muraille de Chine ou encore Interlaken. Pourquoi du si haut de gamme dans une collection dont les prix se situent entre 2000 et 12 000 francs?
acheminé dans cette même boutique une belle pierre de plus d’une tonne rapportée des sources du Rhône! Pour l’accompagner dans son aventure, Michel Jordi peut compter sur deux investisseurs suisses: Urs Hammer, ancien CEO de McDonald’s en Suisse, et Hans-Peter Zehnder, président du groupe du même nom.
«Je profite de l’expérience que j‘ai acquise dans la haute horlogerie avec Twins Heritage (réd: une collection lancée par Michel Jordi en 2005). J’ai des collectionneurs qui s’y intéressent.» Quant à la collection de base, Jordi Swiss Icon, elle est conçue et réalisée par des designers et des artisans suisses triés sur le volet. Le fer de lance en est le chronographe Club 100, une édition limitée à 100 exemplaires, équipé d’un mouvement de la Vallée de Joux. «Nous, les Suisses, nous sommes les meilleurs horlogers du monde, nous devons faire des produits à haute valeur ajoutée!»
Des investisseurs qui ont des ambitions: «Jordi Swiss Icon est une marque qui devra continuer à vivre, même après moi!» La marque a été lancée tout d’abord sur le marché suisse. Elle devrait partir, après Baselworld, à la conquête d’autres pays, en particulier l’Asie. «Eh oui, 10 ans plus tard, nous revenons à Bâle!»
Marvin: «Marque jeune de 160 ans» La marque à la couronne a été relancée par Cécile et Jean-Daniel Maye en 2008. Depuis, Marvin a pris le chemin de la croissance. Le passage par Baselworld est nécessaire pour rencontrer les distributeurs. Chic et urbaine, la collection classique ne renie rien de son histoire. Rencontre. PAR D AN I E L D R O Z
«Une jeune marque de 160 ans», aime à dire Cécile Maye. Avec son mari Jean-Daniel, elle a relancé Marvin en 2008. Fondée par Marc et Emmanuel Didisheim en 1860 à La Chaux-deFonds, la marque avait disparu du paysage horloger dans les années 1980. La voici maintenant qui remonte la pente. «Nous savions exactement ce que nous voulions lancer», dit Cécile Maye. Un positionnement dans le cœur de gamme, 800 francs pour un modèle équipé d’un mouvement mécanique, un design traditionnel, «mais avec de la modernité, un reflet de l’époque d’aujourd’hui.» Pas question
de faire du copié-collé. Plutôt «s’inspirer du temps sans jamais partir sur des choses extravagantes. On est un petit peu la marque des initiés.» Pour Marvin, Baselworld est devenu un passage obligé. «Après trois ans, nous ne pouvons pas nous passer de Bâle, surtout pour les distributeurs», explique Cécile Maye. Même si les contacts avec les clients sont fréquents, si le chiffre d’affaires est lissée sur l’année. «A Bâle, on voit beaucoup de monde en peu de temps. Ça donne une idée de l’année.» Pas encore distribuée en Suisse, Marvin connaît un très
beau succès au Japon. La marque y compte plus de 60 points de vente. «Nous avons une reconnaissance sur un marché qui n’est pas facile.» En termes d’affaires, ajoute-t-elle, «L’Asie, c’est du gâteau.» Sur le plan mondial, environ 12 000 montres sont aujourd’hui écoulées chaque année. Parallèlement, Cécile Maye et son équipe jouent à fond la carte internet. Une vraie communauté s’est mise en place sur trois ans. «Nous avons fêté à Noël nos 5000 fans sur Facebook.» Et, en janvier, 3000 nouveaux membres l’ont rejointe. «Il y a une certaine masse critique à atteindre. Tant qu’elle n’est pas
Chez Marvin, on s’amuse avec une pub décalée
atteinte, on reste sous les radars. Dès que vous sortez la tête de l’eau, c’est exponentiel.» Une campagne de promotion – «Fight, love, win» – rappelle aus-
si que le Che Guevara et Marilyn Monroe possédaient une Marvin. «La communication est enjouée. Il y a un côté décalé, du sérieusement drôle», dit elle.
PRODUCTION | NOUVEAU CALIBRE
LE MONDE DE L’HORLOGERIE MERCREDI 7 MARS 2012 11
Breitling «de retour sur le siège du pilote» La marque a mis au point un calibre maison. Lancé en 2009, il équipe maintenant près de la moitié des chronographes mécaniques de Breitling. Cette stratégie permet à la société de garantir son indépendance et de répondre aux baisses de livraisons annoncées par le fabricant de mouvements ETA. PAR D AN I E L D R O Z
«Nous avons la capacité de construire notre avenir» Jean-Paul Girardin Vice-président de Breitling
Breitling arrive à Bâle avec deux nouveaux calibres maison. La stratégie mise au point par la marque porte ses fruits. «Nous sommes de retour sur le siège du pilote. Nous avons la capacité de construire notre avenir», dit son vice-président Jean-Paul Girardin. C’est en 2003 qu’il a été décidé, dans le plus grand secret, de garantir l’indépendance de la marque en mettant au point un mouvement maison. «La construction d’un calibre chronographe fiable, performant, quelque chose qui soit très Breitling, industrialisable en quantité. C’est plus une stratégie industrielle qu’une opération marketing.» Il aura fallu cinq ans de travaux. En mai 2009, Breitling présente le B01. Une année pas très réjouissante en termes d’affaires. Dans ce contexte, l’arrivée du nouveau calibre a permis à la marque «d’aller sur les marchés pour annoncer des nouvelles plus positives», dit Jean-Paul Girardin. A l’interne, cette année a été utilisée pour faire de la formation. «Même un horloger certifié a besoin d’une formation avant de pouvoir travailler sur les produits Breitling. Nous avons gardé les forces vives. Il
n’y a pas eu de licenciements. D’avoir pu conserver tout ce capital humain, c’est ce qui fait la différence.» Parallèlement, pour réaliser sa stratégie, Breitling a dû construire un réseau avec la sous-traitance, que ce soit pour le décolletage, le taillage ou encore le découpage. «Aujourd’hui, nous avons 40 partenaires pour garantir l’approvisionnement des 346 composants du calibre.» RÉPONDRE AUX BESOINS Bon an, mal an, entre 150 000 et 200 000 montres sont fabriquées. La moitié d’entre elles sont des chronographes mécaniques. L’objectif est que la moitié de ceux-ci soient équipés de calibres maison. «Il faut aussi tenir compte des baisses de livraisons de mouvements annoncées par le producteur ETA. Aujourd’hui, nous avons la capacité de répondre aux besoins du marché et aux baisses annoncées», assure Jean-Paul Girardin. L’arrivée du calibre maison a entraîné un changement de positionnement de prix. Avec un mouvement Valjoux, celui-ci se montait à 6000 francs. «Nous sommes passés à 8000 francs.» Pour le vice-président de la mar-
Le calibre maison de Breitling est assemblé chez Breitling Chronométrie, à La Chaux-deFonds, où les surfaces de production ont été triplées il y a quatre ans.
que, il n’y a pas que le mouvement qui a entraîné cette augmentation. «Par rapport à ce que nous offrons, le prix est juste. Il faut aussi le faire savoir.» Cette stratégie rejoint finalement la philosophie de la société en matière de Swiss made. «100% est produit en Suisse. Ça permet de garantir les postes de travail», dit Jean-Paul Girardin. «Montre de luxe, ça signifie aussi montre suisse. Nous nous battons pour ça.»
Plus de 400 employés Breitling occupe environ 400 collaborateurs. La moitié est localisée à Granges dans l’administration et le marketing. Un nouveau bâtiment est en construction. Breitling Chronométrie, à La Chaux-de-Fonds, en emploie une même proportion pour l’assemblage et le contrôle qualité. Entre 2007 et 2008, les lo-
caux ont été étendus sur quatre niveaux. Les surfaces de production ont triplé. «On a essayé de mettre dans le bâtiment ce qu’on met dans nos montres», dit Jean-Paul Girardin. Cinq ingénieurs sont aussi actifs dans la construction horlogère et le développement à Genève, au sein de Breitling Technologies.
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DOSSIER | NOUVEAUTÉS
CHANEL
Les tendances de l’année 2012
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Pour fêter ses 25 ans, la montre Première, dont la forme s’inspire de la géométrie du bouchon du parfum Chanel N°5, se pare d’un tourbillon volant conçu par Renaud & Papi. Une façon d’offrir aux femmes l’opportunité d’entrer dans le monde des hautes complications. prix sur demande
Très serties ou très compliquées, résolument innovantes ou ancrées dans la tradition, mariant les matériaux les plus nobles aux alliages les plus improbables, les montres de l’année 2012 ont toutes ce petit supplément d’âme qui les rend, chacune, si précieuse. Parmi les milliers de nouveautés qui seront dévoilées dès demain à Bâle, nous vous proposons d’en découvrir une vingtaine. PAR F R AN Ç O I S E KU E N Z I E T D AN I E L D R O Z
SWATCH
2 | La collection New Gent Lacquered est doublement visible: d’abord parce que ses coloris flashy mettent tous les poignets sur le devant de la scène, et ensuite pare que le mécanisme de la montre apparaît dans un contraste de couleurs laquées. Avec bracelet en silicone. 75 francs
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ULYSSE NARDIN
HARRY WINSTON
HERMÈS
7 |Un boîtier en or blanc et Zalium, un alliage révolutionnaire, habille d’un design avant-gardiste 8 |La seule montre à calendrier perpétuel qui 9 |Hermès remet à l’honneur la marqueterie de le 3e acte d’Histoire de Tourbillon, interprétation élevant le tourbillon au rang d’expression artistique. «A 9h parade magistralement le double tourbillon bi-axial», nous dit le dossier de presse de cette montre au visage incroyable, produite à 20 exemplaires. Les deux cages tournent individuellement, «dévoilant la quatrième dimension du temps dans un espace à trois dimensions.» Et à 6h, un tourbillon à axe unique gravite en 36 secondes. Les deux systèmes régulateurs sont reliés par un différentiel qui fait la synthèse entre les différents rythmes. Une vraie poésie! 650 000 francs
OMEGA
autorise l’ajustement en avant ou en arrière des indicateurs calendaires (date, mois, année) par un dispositif de correction rapide incorporé à la couronne. C’est l’une des caractéristiques de la très belle Blue Toro, réalisée en 99 exemplaires seulement. 51 600 francs
CHRISTOPHE CLARET
paille, un savoir-faire devenu rare, pour décorer les cadrans de deux modèles Arceau. La paille de seigle utilisée pour ce qui est une véritable petite œuvre d’art n’est plus produite que par une seule exploitation agricole en France. 105 000 francs (le duo)
LOUIS ERARD
10 |Pour célébrer les 50 ans de James Bond sur 12 |Un véritable casino miniature! Christophe Claret joue gagnant avec sa Baccara, une montre 13 |Dans le régulateur, la minute est reine, et grand écran, la marque de Bienne présente une version spéciale, en série limitée, de la Seamaster portée par l’agent secret dans chaque épisode de la série depuis «Goldeneye». En attendant «Skyfall», le 23e épisode... Calibre automatique avec échappement co-axial. 4500 francs
MILUS 11 |La marque de Bienne réinterprète en 2012 son modèle phare Tirion TriRetrograde Seconds, mariant acier noir et or rouge, un habit de grand style pour un cadran grand spectacle à l’affichage des secondes sur trois arcs de cercle séparés. Ce modèle est baptisé en hommage à la constellation d’Orion. 19 870 francs
qui réunit trois jeux dans son incroyable mouvement: baccara, roulette et dés, le tout avec des effets sensitifs et sonores. Impossible d’expliquer par quelle magie technique il est possible de disputer de vraies parties, toujours est-il que pour le baccara, par exemple, les cartes du joueur sont distribuées dans trois petits guichets sur la partie inférieure du cadran, alors que celles de la banque sont disposées dans la partie supérieure. La partie se joue en actionnant divers boutons-poussoirs, et une sonnerie retentit à chaque ouverture de volet. Comme la banque et le joueur disposent de 252 combinaisons possibles, il existe au total plus de 63 000 possibilités de jeux. Les dés, quant à eux, sont au nombre de deux, mesurent 1,5mm de côté et sont logés dans une cage placée à 4h, visibles grâce à une petite fenêtre ouverte dans la carrure de la montre. La roulette, enfin, figure au dos du gardetemps. C’est la masse oscillante qui joue le rôle de plateau, alors qu’une flèche indique le numéro gagnant. Christophe Claret aurait pu s’arrêter là. Mais non: les équipes du Locle ont ajouté un mystérieux détail, invisible à l‘oeil nu: un idéogramme chinois qui ne se révèle que lorsqu’on souffle sur la montre. La buée le fait alors apparaître comme par magie durant quelques secondes. Amateur de jeux, Christophe Claret? Pas du tout. «Mais j’adore observer les comportements des joueurs », raconte-til. «En visitant récemment le casino de Macao, je me suis rendu compte à quel point le gens sont superstitieux. La chance, tout le monde compte sur la chance! C’est cela que j’ai voulu symboliser dans cet idéogramme.» dès 194 000 francs
elle est encore plus belle lorsqu’elle est bleue. Dans sa famille «1931», la marque du Noirmont rend hommage à cet affichage du temps un brin rétro, mais qui revient au premier-plan. Les heures sont affichées dans un compteur à 12h et les secondes à 6h. 1750 francs
CENTURY 14 |Avec sa ligne Elegance Lady, la marque de Nidau propose sa première montre automatique pour femme. Un mariage de la féminité et de la technique, puisque le modèle en acier est serti de 11 diamants, avec un cadran en nacre naturelle. Boîtier rond et index stylisés. Bracelet cuir alligator. 3650 francs
LE MONDE DE L’HORLOGERIE MERCREDI 7 MARS 2012 12-13
CERTINA
RAYMOND WEIL
TISSOT
3 | Les initiales DS – Double Sécurité –, indis- 4 | La Maestro Quantième à Aiguille présente, 6 | sociables de la marque Certina depuis 1960. Elle ont contribué à sa renommée. La DS1 Automatique s’inscrit dans cette tradition. Cette montre allie effet rétro chic et allure sportive et moderne dans un boîtier de 39 millimètres.
à 3h et à 9h, deux indicateurs de quantième et de petite. Inscrit dans un boîtier en acier de 41millimètres, le cadran argenté se pare d’un centre guilloché soleil et d’une portée concentrique, ponctuée de chiffres romains décalqués noirs.
dès 680 francs
2700 francs
BREITLING 5 | Le Chronomat GMT se décline dans un nouveau diamètre de 44 millimètres. Cette version se distingue également par sa lunette tournante permettant de lire un troisième fuseau horaire. Equipé du calibre Breitling 04, intégralement conçu et développé dans les ateliers de la marque, est facile d’emploi. Il suffit de tirer la couronne et de la faire tourner vers l’avant ou vers l’arrière par crans d’une heure pour se caler en un clin d’œil sur l’heure et la date du lieu où l’on arrive – en conservant l’heure du domicile sur 24 heures et sans perdre la précision de la minute.
La marque locloise, qui fêtera ses 160 ans d’existence l’année prochaine, puise dans son riche héritage pour présenter un nouveau modèle automatique, la Tissot Heritage PR 516. Il s’agit là d’une véritable légende de l’horlogerie. Les plus anciens s’en souviendront: une des premières séries, datant des années 1960, avait fait l’objet d’une campagne publicitaire primée. Elle présentait le produit de manière dynamique sur le poignet ganté d’un pilote de course. Plus précisément, la gamme a été lancée en 1956. Les deux lettres, PR, signifient «particulièrement robustes». La collection a été relookée en 1965. A cette date, le bracelet à trou a fait son apparition. Aujourd’hui, le nouveau modèle incarne la passion de la marque pour les sports automobiles. Il est d’un mouvement automatique sophistiqué de fabrication suisse. Son design allie tradition et modernité. Le cadran argent, noir ou bleu de la montre, résolument high-tech, contraste avec un bracelet en cuir ou acier inoxydable intégrant des cercles évidés comme sur le volant des premières voitures de course. Le thème des courses automobiles est repris dans la forme aérodynamique et légèrement incurvée de la boîte, d’un diamètre de 40 millimètres. Dans toutes ses variations, la nouvelle Tissot Heritage PR 516 se veut un gage de précision, d’élégance et de performances. Aujourd’hui, la PR 516, dans toutes ses déclinaisons, est un des bestsellers de la marque. Pourtant, aucune publicité particulière ne lui est faite par Tissot. Comme quoi l’histoire et l’esthétique, dans l’horlogerie, valent autant, si ce n’est davantage, que les ambassadeurs célèbres ou moins célèbres. 695 francs
8530 francs
15 |
18 |
16 |
12 |
20 | 17 |
13 | 14 |
CHOPARD
MANUFACTURE RODOLPHE CATTIN
GUCCI
21 |
19 |
15 |La Gucci Coupé témoigne d’une nouvelle 16 |Nouvelle collection de la Manufacture Rodolphe Cattin, Adore est une montre féminine par 17 |Sobre et élégante, la Classic Manufactum orientation dans le design des montres de la marque. Référence à l’univers des voitures de sport avec des bracelets en cuir de veau inspirés des intérieurs et chiffres surdimensionnés, évoquant un compteur de vitesse au design rétro.
excellence. Avec ses courbes de forme canapé, elle se montre glamour grâce à sa lunette sertie de 129 diamants. Le cadran de nacre noire à reflets irisés apporte une touche de sobriété, quant aux deux disques au centre, ils fournissent une fonctionnalité pour les femmes qui voyagent: deux fuseaux horaires. La glace saphir galbée, les aiguilles aux facettes polies et les cornes «boules» achèvent d’apposer l’empreinte de Rodolphe Cattin. «Un peu, beaucoup, passionnément… on Adore!»
inaugure une nouvelle collection chez Chopard. Equipée d’un nouveau mouvement mécanique conçu et réalisé à l’interne, elle s’inspire des magnifiques montres de poche dont Louis-Ulysse Chopard, fondateur, s’était fait une spécialité.
dès 995 francs
9300 francs
13 100 francs
ORIS
CORUM
18 |L’Admiral’s Cup de Corum, une montre devenue légende est née il y a plus de 30 ans. Un mo- 19 |Le modèle Oris Big Crown Date allie raffinement et touche résolument technique. Sa couleur dèle indissociable du monde de la voile. A Bâle, la marque chaux-de-fonnière rend hommage à cette icône en dévoilant une dernière-née dans la ligne Legend, l’Admiral’s Cup Legend 42 Annual Calendar. Ce nouveau modèle poursuit le mythe. C’est ainsi qu’en concevant une pièce en tous points fidèle aux attributs esthétiques – forme identitaire dodécagonale, flammes sur le réhaut – mais aussi s’affirmant avec un design pur, des lignes adoucies et un boîtier biseauté. Déclinée en or rouge ou en acier, avec cadran argenté ou anthracite, la montre décline des lignes volontairement pures. Sur son cadran, toutes les fonctions du calendrier s’affichent avec clarté. En plus des heures, des minutes et des secondes, la montre indique la date autour du cadran par une aiguille squelettée et les mois dans un guichet azuré à 6h. Complication horlogère remarquable et utile s’il en est, le quantième annuel prend en compte automatiquement les mois de 30 et 31 jours; il nécessite ainsi un seul ajustement par an, à la fin du mois de février. Les indications horaires sont distribuées par trois aiguilles semisquelettées, facettées et enrichies d’un traitement luminescent blanc, qui les distingue dans l’obscurité. Avec sa forme de clé Corum en contrepoids, l’aiguille de la seconde donne à ce tableau une touche finale précieuse. Le boîtier de 42 millimètres de diamètre abrite le mouvement mécanique à remontage automatique, Corum CO503, disposant de 42 heures de réserve de marche. Le modèle est l’objet d’une production annuelle limitée à 25 exemplaires en or rouge et 150 exemplaires en acier. 8700 francs
«gris furtif», référence aux avions du même type, forme un arrière-fond pour les chiffres et index en Superluminova 3D. Le boîtier en acier, avec fond vissé, est doté d’un revêtement PVD gris lui donnant un look urbain. La lunette moletée Big Crown ajoute une note de style à ce modèle au caractère affirmé avec sa boîte de 44 millimètres. Cette montre possède un verre saphir bombé sur les deux faces, avec traitement antireflet sur la face intérieure. Le bracelet en cuir brun foncé complète le tout. 1600 francs
BULGARI
F. CONSTANT
20 |Pour célébrer la 24e édition de la course 21 |Création à la fois horlogère et joaillère automobile Carrera Panamericana, Frederique Constant dévoile deux nouveaux garde-temps, produits en édition limitée de 1888 exemplaires pour chaque type de cadran. Ils abritent le calibre à remontage manuel FC-435 avec petite seconde.
avec Serpenti. Ce modèle tisse une structure diaphane d’or rose sur deux tours de poignet, exhibant un total de 385 pierres. Dans le prolongement du bracelet, le boîtier prend la forme de la tête du mystérieux reptile. Mouvement quartz.
1290 francs
72 000 francs
PORTRAIT | MAURICE LACROIX
LE MONDE DE L’HORLOGERIE MERCREDI 7 MARS 2012 14
Des objectifs toujours plus ambitieux La marque Maurice Lacroix, qui fabrique dans le Jura quelque 90 000 montres par année, a depuis l’été 2011 un puissant actionnaire majoritaire. De quoi permettre au nouveau directeur général Marc Gläser d’afficher des objectifs ambitieux, toujours dans le haut de gamme. Plusieurs boutiques seront ouvertes. PAR F R AN Ç O I S E KU E N Z I
En nous serrant la main, dans son vaste bureau zurichois, Marc Gläser promet d’emblée de faire, ces prochains mois, des efforts en français: «Je serai appelé à venir plus souvent à Saignelégier, puisque nous allons quitter Zurich pour Bienne vers le milieu de l’année», explique le nouveau directeur général de Maurice Lacroix. Dans un français si impeccable que notre allemand scolaire, on le ravale vite fait. Mais la phrase nous interpelle. Bienne? Alors que Maurice Lacroix a son siège administratif à Zurich? «Oui, nous souhaitons nous rapprocher de notre site de production. Cela concerne une quinzaine de personnes», répond Marc Gläser. Un premier changement qui va sans doute en augurer bien d’autres. Car depuis que la marque, fondée à Saignelégier, est
entrée mi-2011 dans le giron de DKSH, un géant suisse actif notamment dans les services et la distribution, en particulier en Asie, elle peut nourrir de nouvelles ambitions. Première étape: l’ouverture, cette année, de huit boutiques Maurice Lacroix, dont six en Asie et deux en Europe. «Actuellement, nous n’avons que deux boutiques», note le directeur général, entré en fonction au début de l’année. «C’est un signe clair de notre volonté d’investir et de prendre des risques: notre maison-mère apporte de nouveaux moyens et une vision à long terme». Avec un double objectif: accroître la notoriété de la marque, qui s’était concentrée ces trois dernières année sur un marché de niche, et progresser en terme de volumes: «Actuellement, nous produisons environ 90 000
Le site de production de Saignelégier, où est née la marque en 1961.
montres par année. Le positionnement de nos produits est correct, avec une gamme de prix entre 1000 et 5000 francs: c’est là que nous souhaitons être forts. Avec quelques incursions jusqu’à 10 000 francs pour des produits mécaniques plus sélectifs.» Il y a une dizaine d’années, les collections de Maurice Lacroix étaient proposées à moins de 1000 francs, souvent en quartz, et en grande partie à des femmes. La marque s’était d’ailleurs associée au concours de Miss Univers, avant de connaître une vraie notoriété en nouant un partenariat, en 2004, avec Roger Federer. «Ensuite, nous avons concentré nos efforts sur la manufacture et sur le produit, en corrigeant notre positionnement», se souvient Marc Gläser, qui avait fait un premier passage dans l’entreprise au
temps de Federer, avant de se forger une autre expérience dans la société familiale de meubles de haut de gamme. «Succéder à mon père me paraissait alors naturel, mais j’avoue que je me sens beaucoup plus à l’aise dans l’horlogerie: cette branche me fascine, le marketing y joue un rôle très important, mais le produit, la technique comptent aussi.» Et alors que DKSH se prépare à introduire un quart de ses
L’une des pièces les plus remarquées de ces dernières années: la Masterpiece Roue Carrée Seconde, ici en version 2012.
«Un beau porfolio de produits» Renforcer le positionnement dans la gamme de prix allant de 1000 à 5000 francs, étendre l’offre dans les produits au design sportif, comme alternative aux modèles traditionnels, proposer davantage de montres en or et finaliser la famille des montres à affichage rétrograde: tels sont les principaux objectifs que s’est fixés la marque Maurice Lacroix pour l’année 2012. A Baselworld, elle mettra notamment l’accent sur sa Masterpiece Roue Carrée Seconde, lancée l’an dernier, et qui connaît toujours un écho considé-
Marc Gläser dirige Maurice Lacroix depuis le début de l’année.
rable, ainsi que sur sa Masterpiece Lune Rétrograde. «Nous avons aujourd’hui un beau portfolio de produits, avec une cohérence», constate Marc Gläser. Et l’entreprise a aussi un outil de production de premier ordre: grâce à sa Manufacture des Franches-Montagnes (MFM), Maurice Lacroix peut afficher un statut de manufacture, puisqu’elle possède son propre calibre, décliné en onze variantes. Sans compter son unité de production de boîtes de montres, Queloz SA, toujours à Saignelé-
gier, qui travaille d’ailleurs pour d’autres marques horlogères. Au total, Maurice Lacroix emploie plus de 200 collaborateurs. Reste à étoffer aussi la gamme de montres féminines: «C’est vrai que lorsque nous nous sommes repositionnés vers le mécanique et le plus haut de gamme, nous sommes allés logiquement vers des produits masculins», constate le directeur général. «Mais désormais, nous pouvons réfléchir à une offre pour les femmes.» En retrouvant, peut-être, une ambassadrice pour les promouvoir?
actions en bourse (ce sera l’un des plus importants «going publics» de ces dernières années sur le marché suisse), Maurice Lacroix piaffe d’impatience avant Baselworld. Son nouvel ambassadeur, Henrik Fisker, y fera une apparition dans sa voiture hybride révolutionnaire. «C’est une personnalité extraordinaire, qui nous montre jusqu’où on peut aller avec les technologies d’aujourd’hui!»
Le chrono Pontos S: la touche sportive qui manquait.
Qui est donc ce Maurice? Ce n’est ni un horloger, ni un designer, ni un entrepreneur... Mais qui peut bien être ce Maurice Lacroix, qui a donné son nom à la marque horlogère en 1961? «Il s’agit d’un nom de marque créé de toutes pièces», explique Marc Gläser. Pourtant, il semble qu’un certain Maurice Lacroix ait bien existé à cette époque, qui était lié à l’activité de Desco von Schultess, la société qui a fondé la marque horlogère. «Et comme ce nom sonnait bien, Desco lui a demandé s’il était possible de l’utiliser...» Pour autant, ne pas pouvoir s’appuyer sur un lointain
passé ou un célébrissime horloger peut rendre plus difficile l’accès à la notoriété: «C’est vrai que nous n’avons pas, comme d’autres sociétés horlogères, une histoire centenaire derrière nous. Et c’est sans doute plus difficile pour parvenir dans le top 30 des marques les plus renommées. Je dirais que deux l’on fait ces dix dernières années: Hublot et Franck Muller. Mais c’est aussi un avantage d’être une marque plutôt jeune: nous ne sommes pas liés à un passé, nous n’avons pas de codes à respecter.»
INDUSTRIE | EN CHIFFRES
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Une montre sur deux est achetée en Asie Que feraient les horlogers suisses sans la Chine? En 2011, un tiers des exportations sont parties directement vers Hong Kong et le continent. Sans compter les touristes chinois qui achètent à l’étranger. Rappel de quelques chiffres qui comptent. L’actrice Zhang Ziyi, ambassadrice d’Omega, à l’ouverture de la boutique de Guangzhou. PAR F R AN Ç O I S E KU E N Z I
Les marques horlogères suisses ont exporté en 2011 près de 30 millions de montres, pour une valeur de 18 milliards de francs. Avec un total de 19,3 milliards de francs d’exportations (il faut ajouter aux montres bracelet les mouvements et d’autres produits), elles ont battu tous les records, affichant une croissance de 19,2% en un an. Un sacré pied de nez au destin pour une branche qui, à l’agonie il y a 25 ans, est devenue la troisième industrie exportatrice du pays, derrière la chimie-pharmacie et les machines.
En 2011, une montre sur deux est vendue en Asie: Hong Kong et la Chine continentale absorbent un tiers des produits, avec une hausse de 134% en deux ans pour la Chine. A 608 francs le prix moyen (ex-usine) d’une montre suisse exportée, c’est dire l’importance de la nouvelle classe aisée chinoise, dont le Boston Consulting Group estime qu’elle compte aujourd’hui plus d’un million de millionnaires! Et les autres marchés, américain et européen? Les Etats-Unis arrivent en deuxième position, la France en quatrième et l’Italie au
6e rang. Si on ajoute Singapour, 5e, il s’agit des six pays où la Suisse exporte pour plus d’un milliard de francs. L’Inde, avec son immense marché, reste encore un peu à la traîne: le pays n’est qu’au 22e rang, avec 108 millions de francs. BOUTIQUES, STARS... Pour profiter de l’attractivité exceptionnelle du marché chinois, les horlogers multiplient les opérations. Avec des ouvertures de boutiques, plus seulement à Shanghai ou à Beijing, mais dans des villes moins connues et
Des montres pensées pour le marché chinois Jaquet-Droz et Blacksand
néanmoins immenses, comme Omega et Zenith à Wuhan ou Vacheron Constantin à Dalian. Avec des partenariats avec des stars régionales, aussi, comme Rado avec l’actrice et chanteuse Rene Liu ou Rolex avec le golfeur Liang Wen-Chong. Et cela, évidemment, en proposant des pièces conçues spécialement pour le marché asiatiques, friand avant tout de pièces rondes et classiques, mais de plus en plus de modèles plus techniques. Pourtant, les horlogers refusent qu’on les soupçonne de des-
siner des montres juste pour leurs clients chinois. Certains, comme Swatch, font davantage que du business, à l’image du Swatch Art Peace hotel de Shanghai, qui n’est pas uniquement un espace de vente dédié aux marques du groupe, mais qui accueille également des artistes, lesquels y vivront et exposeront leurs œuvres. Même chose pour la marque chaux-de-fonnière Greubel-Forsey, qui a ouvert à Shanghai la Time Art Gallery, où cohabitent artistes contemporains et travaux de maîtres-horlogers.
Plus de 50 000 employés
En deux ans, la part des exportations vers l’Asie a passé de 48 à 56% en valeur et de 43% à 50% en nombre de pièces. Elle a diminué vers l’Europe et les Etats-Unis (source: FH). PUBLICITÉ
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Les résultats du recensement de septembre 2011 ne sont pas encore connus, mais il est à peu près certain que les effectifs horlogers ont dépassé la barre des 50 000 personnes. A fin 2010, la Convention patronale recensait déjà plus de 48 500 personnes dans près de 600 entreprises de la branche. C’est le canton de Neuchâtel, avec plus de 13 000 employés actifs dans 190 entreprises, qui se taille la part du lion, suivi de Berne (9600), de Genève (8500) , du Jura (4600) et de Vaud (4500). Le Valais ne compte que
600 personnes, occupées dans huit entreprises. Treize sociétés horlogères emploient plus de 500 collaborateurs, alors que 150 des quelque 600 entreprises ont moins de cinq employés. La branche séduit un peu plus les hommes que les femmes (26 000 contre 22 000), mais si 1400 messieurs occupent un poste de direction, on n’y compte que 223 dames. Enfin, 37% des travailleurs de la branche sont sans qualification, 45% ont un diplôme de métier et 16% une formation supérieure.
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