Q-zine Issue Two: The Identity Issue-Le numéro d'identité

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The Identity issue

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l i v e / v i v r e , l o v e / a i m e r, p a s s i o n


Le numéro d’identité

issue/numéro 2 Dec 2011

The Identity issue

issue/numéro 2 Dec 2011

editorial édito A quel groupe appartenons-nous, les homosexuels africain(e)s ? Nos politiciens disent que nous appartenons à l’Occident, là où nos désirs supposés “non-Africains” auraient été créés (tout comme leurs costumes trois-pièces). Les pasteurs affirment que nous venons de Sodome et Gomorrhe (mais, bizarrement, nous avons survécu au feu et au soufre). D’autres prétendent que nous sommes des animaux, mais que pardoxalement notre sexualité est “contre nature” (allez comprendre !). Where do African queers belong? Politicians tell us we belong in the West, where our “unAfrican” desires were supposedly invented (like their three-piece suits). Preachers tell us we are from Sodom and Gomorrah (but somehow survived the fire and brimstone). Others say we belong with the animals but that we are also “unnatural” (figure that one out). Of course, we know very well that we belong right where we are. The harder question is: how do we belong? In the face of all this illogical hostility, how do we assert our right to be here and to be exactly who we are? The question of belonging is becoming more and more central to queer culture and politics in Africa. As African LGBTI movements push against discriminatory laws, and African reactionaries push back by denying and criminalizing the realities of our lives. This must be why so many of the submissions to Q-zine have been concerned in one way or another with questions of belonging and identity. We need to find ways to show we belong here just as we are, in all our diversity. For our second issue we’ve selected the most interesting contributions on these questions, and clustered them around a stunning photo essay by California-based photographer Marc Allen Bland that highlights the issue of color – in both senses – and invites us to reassess our image of black queer identity. Our other articles in this issue all engage in different ways with the same challenge. Q-zine’s mandate, as always, is to question and explore all the possibilities of queer African expression. I hope you enjoy what we have put together for our sophomore issue.

John McAllister Lead editor

Bien évidemment, nous savons parfaitement que nous appartenons ici. La question la plus complexe est: comment pouvons-nous vivre cette appartenance? Face à toute cette incompréhensible hostilité, comment pouvonsnous faire accepter nos droits, tout en étant acceptés comme nous sommes ? Cette question fondamentale est de plus en plus centrale dans le contexte politique africain actuel. Alors que les mouvements LGBTI Africains sont entrain de lutter de toutes leurs forces contre ces lois discriminatoires, des mouvements réactionnaires ripostent en niant et en criminalisant la réalité de notre existence. C’est certainement la raison pour laquelle tant de propositions d’articles, pour le second numéro de Q-zine, nous interrogent, sur des questions d’appartenance et d’identité. Il est primordial de trouver des moyens pour montrer que nous appartenons à ce continent, comme nous sommes et dans toute notre diversité. Pour notre deuxième numéro, nous avons sélectionné les contributions les plus pertinantes sur ces questions, et les avons regroupés autour d’un reportage photo captivant, réalisé par le photographe californien, Marc Bland Allen, qui a porté un autre regard sur la question de la couleur. Il nous invite à réexaminer notre identité : noir(e)s et queer. L’intégralité des autres articles de ce numéro tentent de remplir ce même défi. La Mission de Q-zine est de questionner et d’explorer toutes les possibilités d’expression de notre communauté. J’espère que vous apprécierez les contributions de ce deuxième numéro.

John McAllister Rédacteur en Chef


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34.

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Dire l’homosexualité en Afrique francophone On ne dénonce que ce qui est Naming Homosexuality in Francophone Africa We can only denounce what is real

39.

Ten Things You Should NEVER Say To A Trans Person Get it right Dix choses que vous ne devriez jamais dire à une personne trans Faites le bien

46.

inside 6.

/ à l’intérieur

Coming Out by Staying In Coming out of the closet is so gay

Rencontre avec Melvine du Burkina Faso Le monde entier entendra ma voix An Encounter with Melvin from Burkina Faso The whole world will hear my voice

52.

Same-Sex Immigration to Canada from Africa: The Basics Canada is one of the few countries where the opportunity to immigrate exists. L’immigration des homosexuels Africains vers le Canada: Les bases Le Canada est l’un des rares pays ou la possibilité d’immigrer existe

60.

The Truth about Our Adam

Faire son coming-out de l’interieur « Sortir du placard » est un phénomène typiquement gay

10.

Je me souviens

Ici, ce qui est interdit n’a pas de nom I Remember

16.

Here what is prohibited has no name

Missed Connections I caught his stare out of the corner of my eye Correspondances manquées

21.

J’ai remarqué son regard du coin de mon œil

Who Am I?

Nobody can be too good to have anything bad happen to them Qui suis-je? Personne ne peut être trop bon d’avoir quelque chose de mauvais leur arrive

24.

Color Floats My Boat La couleur me taquine

l i v e / v i v r e , l o v e / a i m e r,

passion

Lead editor/Rédacteur en chef: John McAllister (Botswana) QAYN liaison/Contacte de QAYN: Mariam Armisen (Burkina Faso) Art director/directeur artistique: Kago Tlhomelang (Botswana) Editorial team/Equipe de la redaction: Bakah Aicha (Niger) Philippe Menkoue (Cameroon/Cameroun) Thierrry Niyonshemeza (Burundi) Akudo Oguaghamba (Nigeria) Christian Rumu (Burundi) Matthias Schäfer (China)

Q-zine is a quarterly on-line publication of the Queer African Youth Networking Center (QAYN). Our mission is to be the most inclusive and accessible place on the internet for young African writers, photographers, artists, and activists to reflect queer life and experience from an African perspective. Submissions are welcome at any time and can be made online at: http://wp.gayn-center.org/about-q-zine/#usermessagea or directly to the lead editor at: mkonommoja@gmail.com Q-zine est un magazine electronique trimestriel du Réseau des Jeunes LGBTIQ de l’Afrique (QAYN). Notre vision est d’être le lieu le plus inclusif et accessible sur internet où les jeunes ecrivain(e)s, photographes, artist(e)s et activistes LGBTIQ peuvent projeter l’experience de la vie queer, selon leur perspective Africaine. Vous pouvez soumettre vos soumissions à tout moment en ligne au: http://wp.gayn-center.org/about-qzine/#usermessagea ou directement au rédacteur on chef au: mkonommoja@gmail.com


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Coming“out”by staying in By Oscar Louw FAIRE SON COMING-OUT DE L’INTERIEUR

Coming out of the closet is so gay

« Sortir du placard » est un phénomène typiquement gay. Je ne veux rien avoir à faire avec cela. Je sais ce que vous vous dites : « Sedi, tu n’es pas sincère envers toi-même. Tu te mens à toi-même ». Blah blah blah.

I want nothing to do with it. I know what you are thinking. “Sedi, you are not being true to who you are. You are living a lie.” Blah blah blah.

Alors, pour cela je rétorque qu’en tant que noir africain, la société a placé bien des espoirs en moi. Les uns aussi importants que les autres. Se marier et avoir des enfants arrive évidemment en tête de liste, mais être une personne en cohésion avec sa société, vaut mieux que tout cela.

To that I say, as a black African man, there are certain expectations that are placed on me. Some are more important than others. Getting married and having children are obviously high on the list, but being a cohesive member of society trumps them all.

La société peut ne pas accorder trop d’importance au fait que je je n’ai pas à aller ne fasse pas d’enfants et, par Society can overlook my ouvertement à l’encontre conséquent, s’acharner sur not bearing children and des traditions mon jeune frère et attendre de consequently burdening my lui qu’il perpétue le nom de younger brother with the task famille. Ceci peut m’être toléré aussi longtemps of continuing the family name. This can be que je continue à satisfaire à l’exigence la condoned as long as I continue to satisfy the plus importante: continuer à être un membre most important requirement: being a cohesive part of society. cohérent, en phase avec la société. What that means is that I do not overtly go against long-held traditions and structures that have survived for centuries. As long as I don’t thumb my nose at the social contract, people will understand that even though I am not perfect, I am still trying to be traditional and respect my

Cela voudrait dire que je n’ai pas à aller ouvertement à l’encontre des traditions, normes et structures existant depuis de longues dates, voire des siècles. Aussi longtemps que je n’agis pas en marge du contrat social, les gens comprendront que, même si je ne suis

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Africa is a continent with an inferiority complex culture. or if we really throw it in people’s faces and demand the right to marry,In other words, as long as I don’t cause “trouble,” everything will be okay. People will know that something is offish, rumors will be spread among the gossips, but I will safe. Africans coming out of the closet in the normal sense of the phrase are simply a product of Westernization. Coming out highlights the differences between you and the people around you. It opens you up to homophobia, which is a reaction by society to a perceived attack on its values and its cohesion. My understanding of the community around me is that I am free to be who I want to be and do what I want provided I am not confrontational about it. I can cohabit with my same-sex partner, have a normal relationship and even bring my partner to social events as long as we go along with the pretence of just being “companions.” Everyone will know the truth – and pretend not to. But if we cross the line and expect our relationship to be recognized, or if we really throw it in people’s faces and demand the right to marry, we will be in hot water, not because it’s wrong or bad but because it’s not the time.

pas parfait, je continue tout de même à agir en conformité avec ma tradition et dans le respect de ma culture.

L’Afrique est comme un continent avec un complexe d’infériorité, alors il doit être manipulé avec soin. En d’autres termes, aussi longtemps que je ne cause pas de « problèmes », tout ira bien. Les gens sauront qu’il y’a quelque chose, les rumeurs seront répandues par des compères et des commères, mais je resterais sain et sauf. Le coming-out des africains en temps normal, n’est tout simplement un pur produit de l’occidentalisation de l’Afrique. Le coming-out met juste en lumière les différences entre les personnes qui vous entourent et vous. Cela vous expose à l’homophobie, qui est une réaction de la société face à une sorte d’attaque perçue sur ses valeurs et sa cohésion Ma compréhension des personnes autour de moi, me vaut de pouvoir être qui je veux être et faire ce que je veux, sans que cela n’entraine une confrontation avec mon entourage. Je peux cohabiter avec mon partenaire de même sexe, avoir une relation normale et même assister à des événements sociaux avec lui, tant que nous y allons avec la prétention d’être juste des


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My society isn’t ready. Africa is like a continent with an inferiority complex; it must be handled with care. As an aspiring humanitarian looking at the current state of my continent, the endemic poverty, rampant AIDS, ongoing civil wars and corrupt leaders, I consider it selfish of me to demand marriage equality at this time. There are higher priorities to be addressed. I would rather let my society know about the various green technologies it can adopt rather than come out of the closet only to be a

I do not overtly go against long-held traditions victim of homophobia. I am not a priority at this moment. Why should I let the West determine my agenda? The Western world is discussing this issue because it’s the correct time for them, not for us. I have a good thing going. I do not want to mess it up. I do want to stimulate discussion on coming out and demanding our rights – on the relevance of these things to the African community,

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«compagnons». Tout le monde saura la vérité, mais tous feront semblant de ne rien savoir.

Sortir du placard est un phénomène typiquement gay Mais si nous franchissons la ligne en espérant que notre relation sera reconnue, ou si nous l’exposons au vu et au su de tous et réclamons le droit de nous marier, alors nous aurons chaud, non pas parce que c’est mauvais, mais simplement parce que ce n’est pas le moment. Ma société n’est pas du tout prête. L’Afrique est comme un continent avec un complexe d’infériorité, alors il doit être manipulé avec soin. Posant le regard d’un aspirant humanitaire sur l’état actuel de mon continent, avec sa pauvreté endémique, le sida qui ne cesse de sévir, ses sempiternelles guerres civiles et ses dirigeants corrompus, je considère qu’il est égoïste de ma part de demander le droit au mariage des gays en ce moment. Il ya des problèmes plus importants à résoudre. Je préfèrerais plutôt m’activer à informer la société sur les différentes technologies vertes qu’elle peut adopter en vue d’améliorer ses conditions de vie, plutôt que d’encourager les gens à faire leur coming-out pour être par la suite, des victimes de l’homophobie. Je ne

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considering the traditional social structures that still prevail. Like most of the guys I know, I do not intend to come out of the closet in the Western sense. I will continue living as part of the society that raised me and made me into the man I am today, a man who has a “guy-friend” that lives with him. Oscar Louw is an ordinary African living in China. He is currently single but says, “I am in a one-way dysfunctional relationship with Jack Daniels. When he enters me, it slightly stings but feels awesome after a while.” Oscar dreams of settling down with Mr. Right, who will help raise Coco. his teenage pet hamster. You can find Oscar on Facebook.

Everyone will know the truth and pretend not to

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suis pas une priorité en ce moment. Pourquoi devrais-je laisser à l’Occident la latitude de déterminer mon agenda? Les pays occidentaux débattent de ces questions de nos jours, car pour eux, c’est le bon moment. Pas pour nous. Je mène une belle existence. Je ne veux pas la gâcher. Tout simplement. Je voudrais stimuler le débat sur le coming-out et la promotion de nos droits - sur la pertinence de ces questions pour la communauté africaine, en tenant compte des structures sociales traditionnelles qui continuent de prévaloir.

Tout le monde saura la vérité, mais tous feront semblant de ne rien savoir Comme la plupart des gars que je connais, je n’ai pas l’intention de sortir du placard à l’occidental. Je vais continuer à vivre en respectant les normes de la société qui m’a élevé et fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui, un homme qui a un «amant-homme » vivant avec lui. Oscar Louw est un jeune africain qui vit en Chine. Actuellement Il est célibataire, mais dit: «Je suis dans une relation unique et dysfonctionnelle avec Jack Daniels. Quand il entre en moi, il pique un peu, mais après un certain temps, il me donne une sensation incroyable.” Oscar rêve à s’installer avec M. Right, qui lui aidera à elever Coco, son hamster adolescent.


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Je me souviens…, par Stéphane Ségara “I REMEMBER…”

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Je suis Joël. Assis en face de ce monticule de terre qui tient lieu de tombe, celle de Charly. Aujourd’hui, Charly est oublié au fond d’un sépulcre presque anonyme. Ici, tout le monde essaie d’éluder tout sujet qui pourrait rappeler son prénom qui rappelle l’Interdit. Et ici, ce qui est interdit n’a pas de nom, donc ne s’évoque pas. Mais l’histoire nous rattrape toujours, surtout lorsque nous essayons d’en gommer une partie. Charly était un jeune homme pas ordinaire. Il était une personne serviable, courtoise et très sympathique. Mais au-delà de cette sympathie, Charly avait quelque chose que tous les hommes et même les femmes enviaient. Il était beau, très beau. Il avait ce physique dont nul ne savait d’où il l’avait hérité. Il était élancé, mince, avec un teint aussi noir que l’ébène. Mieux, Charly prenait si bien soin de lui-même que certains le comparaient à une femme. Il était

Ici, ce qui est interdit n’a pas de nom toujours habillé soit de façon élégante, soit de façon exotique, le style d’habillement des gens de la mode et du showbiz. En somme, Charly avait tout pour être admiré et apprécié.

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I am Joel. Sitting in front of a mound of earth that serves as a tomb, that of Charlie. Today, Charlie is forgotten at the bottom of an anonymous tomb. Everyone here is trying to avoid anything that could remind them of a name that evokes the forbidden. Here, what is prohibited has no name, so cannot be remembered. But history always catches up when we try to erase it. Charlie was a young man out of the ordinary. He was a resourceful person, but courteous and very friendly. But beyond this sympathy, Charlie was also something that all men and even some women envied. He was handsome, very handsome. He had a physical beauty no one knew where he had inherited. He was slender and thin, with skin as black as ebony. Even better, because Charlie took such good care of himself, he was easily mistaken for a woman. He was always dressed in an elegant way, either some exotic style of his own or the latest trend from overseas. In short, Charlie had everything to be admired and appreciated for. He was from Côte d’Ivoire originally (where he lived with his parents -- my grandparents -- and when he came to Ouagadougou to do graduate studies, he lived with us, my mother, my father, John, who was Charlie’s brother, and myself. Because of his sympathy and his constant good humour, he was quickly accepted in the neighborhood and made friends easily. He was very pious too and swore by his Bible. This only made people admire him more.

Venu de la Côte d’Ivoire où il vivait avec ses parents (mes grands-parents), Charly est arrivé But my uncle had a heavy cross that only he à Ouagadougou afin de continuer ses études could bear. Since secrets supérieures. Là, il habitait Charly prenait si bien are not eternal, returning avec nous (John mon papa soin de lui-même que early from his job one day, qui est son frère et ma mère certains le comparaient papa went into my uncle’s et moi.) à une femme. room to borrow his radio De par sa sympathie et sa (his own was broken) and, constante bonne humeur, il entering without knocking, s’est fait accepter rapidement dans le quartier found Charlie in an unusual situation with et s’est fait facilement un tas d’amis. Je pourrais another boy his age. The two were kissing like a même dire que certains le fréquentaient juste man and a woman. pour comprendre ce qu’est ce garçon trop Terribly shocked, papa at once called Charlie beau pour n’exister que dans les livres et sur for a very serious talk. les affiches de pub. Aussi, Charly était très pieux et ne jurait que par sa bible. Cela ne pouvait que forcer davantage l’admiration même des aînés.

Papa: Charlie, do you understand the scope of your act? What pushed you to such an act with all the women on this earth?

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Mais, mon oncle avait une lourde croix dont lui seul ne pouvait que porter. Et un jour, le secret n’étant pas éternel, en rentrant plus tôt de son boulot, Papa est allé directement dans la chambre de mon oncle pour emprunter sa radio car la sienne était en panne. Il entra sans frapper et trouva Charly dans une situation inconfortable avec un autre garçon de son âge. Les garçons s’embrassaient, comme le font d’ordinaire un homme et une femme qui s’aiment. Papa semblait terriblement choqué et a convoqué Charly pour une discussion très sérieuse. - « Charly est-ce que tu mesures la portée de ton acte ? Qu’est-ce qui te pousse à faire cela ? Que n’as-tu pas pour plaire à toutes les femmes de la terre ? », commençait Papa. Charly restait assis la tête baissée et ne disait rien. - Et Papa enchaînait : « Le pire c’est que tu commets un acte contre-nature que nos traditions condamnent, que notre religion désapprouve fortement ». (Il se leva, alla chercher une bible et revint) « Lis ce Lévitique 18, verset 22 : « tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination ». Alors, je te conseille fortement d’abandonner ce chemin. Au fait, je peux savoir depuis combien de temps tu joues au pédé ? » - Charly lève sereinement la face et dit : « Tu as raison mon frère. Tout ce que tu dis est vrai. Mais vois-tu, je n’arrive pas comprendre pourquoi je m’intéresse aux hommes. Tu me le demandes, mais je suis incapable de te donner une réponse vraie. Cette force qui en toi qui t’attires les femmes, chez moi c’est le contraire. Toi, à ton niveau, as-tu choisi d’aimer les femmes ? Je n’ai pas choisi d’aimer les hommes.

Charlie, head down, kept quiet. Papa: Do you realise you have not only committed an act against nature but that both our traditions and our religion condemn it? He got up, fetched a Bible, returned and read Leviticus 18, verse 22: “Thou shalt not lie with mankind, as with womankind: it is abomination.” Papa: I strongly advise you to abandon this path. In fact, I demand to know how long you have been playing faggot! Charlie calmly raised his head. “You are right, my brother,” he said. “Everything you say is true. But you see, I cannot understand why I am interested in men. You ask me, but I cannot give you a true answer. You see, the force that pushes you to be sexually attracted to women is the same that makes me attracted to men. Can you explain why you prefer women to men? For my part, I did not choose to love men. Charlie: I believe in God as much as you do. You know that. I also think that God does not judge me for this. I did not ask to be who I am, and neither did you. Please, do not judge and condemn me. Life is already too hard for me. Do you see me flaunting my homosexuality? If you had not caught me today, it would still have been a secret. I believe in Jesus’ words in Matthew 5, verse 4 and 8: “Blessed are those who mourn, for they shall be comforted” and “Blessed are the pure in heart, for they shall see God.

Mon oncle avait une lourde croix dont lui seul ne pouvait que porter.

John, je suis aussi croyant que toi et tu le sais bien. Je pense aussi que Dieu ne me jugera

Papa (even angrier): Charlie, you surprise me. How can you lean on the Holy Scriptures to justify your lifestyle? I’m ashamed. I am convinced the devil is in you. I caught you because God Himself is against what you do. That’s why He wanted me to discover your secret.

Charlie: But John, it is you who has condemned me using the scriptures. I am defending myself through its own writings as well! I’m not asking you to understand me, just do not judge me. Papa: You are insolent and unrecoverable. You think you know everything about this life, eh? This is what life has taught you in Abidjan?

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pas pour cela car je n’ai pas demandé à être ainsi comme toi d’ailleurs. S’il te plait, ne me juge pas et ne condamne pas. Vivre cela est déjà trop dur pour moi. Me vois-tu brandir mon homosexualité ? Si tu ne m’avais pas surpris aujourd’hui, cela aurait été un secret à tout jamais. John, je crois en ces paroles de Jésus dans Mathieu 5, versets 4 et 8 : « Heureux les affligés car ils seront consolés », « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu » ». - Papa, encore plus en colère : « Charly, tu m’étonnes. Comment peux-tu t’appuyer sur les saintes écritures pour justifier tes bassesses ? Tu me fais honte et je suis convaincu que le diable est en toi. Je t’ai surpris parce que Dieu lui-même est contre ce que tu fais. C’est pourquoi il a voulu que je te prenne sur le fait accompli. »

« Que n’as-tu pas pour plaire à toutes les femmes de la terre ? » - « Mais John, c’est toi qui m’as jugé à travers les saintes écritures et je me suis défendu à travers ces mêmes écritures-là ! Encore une fois, je ne te demande pas de me comprendre. Ne me juge seulement pas », répliquait Charly. - Papa : « Tu es insolent et irrécupérable. Tu penses tout connaître de cette vie hein ? C’est ce que la vie d’Abidjan t’a appris ? Tu me déçois fortement. Etant donné que tu n’es pas prêt à faire ton mea culpa, tu verras ce que tu verras. Je te promets de te faire changer de bord et à tous les prix. » Sur ce, Papa se leva furibond et mit ainsi terme à la discussion. Deux soirs plus tard, aux environs de 21 heures, Charly rentrait de ses cours à l’université. Sur son itinéraire ordinaire, il fut abordé par trois loubards commandités par Papa. L’intention était de donner une correction à Charly en lui faisant passer le sale goût de se « faire baiser par les mecs », ce qui le fera naturellement « revenir vers les femmes ». Il sera tabassé par ces loubards et violé ensuite.

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You disappoint me greatly. Since you are not ready to make your mea culpa, you will see what you’ll see. I promise to make you switch sides at any price! On this, papa, furious, got up and ended the talk.Two nights later, at around 9pm, Charlie was returning home from his evening class at the university, when he was confronted by three men hired by papa. The intention was to give a “correction” to Charlie by making him experience the bad taste of “getting fucked by guys.” This would make him “come back to women.” So Charlie was beaten and raped by his attackers. They left him bleeding profusely, and he had to be taken to a nearby hospital. After intensive care, he recovered physically, but he was never the same emotionally. Some time later, rumours about Charlie’s homosexuality began to circulate in the neighborhood, with very active contribution from papa. Then Charlie the idol became a laughing

« Cette force qui en toi qui t’attires les femmes, chez moi c’est le contraire. » stock. His many admirers in the shadows stayed there forever. Severely depressed, Charlie regularly fell ill. This led him to all sorts of health screenings, including HIV testing. One of the tests revealed he was HIV-positive. No doubt a result of the rape. My uncle sank deeper and deeper into despair, rejected by his family and community and paying the price, so people said, for his unnatural actions. Several months later, I woke up one morning to gloomy weather. Everything was too quiet in the neighborhood. That morning, unlike me, Charlie did not wake up. He was only twenty years old. I have been asking myself what took my uncle away. Was it the disease? The gossip? Or was


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Suite à cette agression, il saignait énormément et fut transféré aux Urgences. Après des soins intensifs, il recouvrait la santé physique mais les séquelles étaient trop présentes. Quelques temps plus tard, l’homosexualité de Charly commençait à s’ébruiter dans le quartier avec naturellement l’intervention très dynamique de Papa. Du même coup, l’idole devenait la risée. Et ses nombreux soupirants qui étaient dans l’ombre y sont restés pour toujours. Charly déprimait et tombait régulièrement malade. Cela l’amenait à faire plusieurs examens de santé dont le test du VIH. Et les résultats montraient qu’il était infecté par cette maladie. Et voilà, je crois, une séquelle laissée par l’agression des loubards. Le désespoir de mon oncle se faisait de plus en plus grand car en plus d’être rejeté par la communauté, la famille le culpabilisait de payer le prix de ses actes contre-nature. Un matin, le temps était assez sombre et tout semblait trop silencieux dans le quartier où nous vivions. Ce matin-là, Charly ne s’est pas réveillé et depuis ce matin-là, Charly ne s’est plus réveillé… Il avait seulement vingt ans. Demandez-moi ce qui a emporté Charly. Estce la maladie ? Est-ce les commérages ? Ou est-ce Charly lui-même qui a décidé de partir ? Je ne sais pas. Et vous ? Savez-vous pourquoi Charly n’est plus là ? A propos de l’auteur Stéphane Ségara est un jeune Burkinabé de 23 ans, responsable du projet MSM jeune du Réseau des Jeunes LGBTI d’Afrique de l’Ouest. Diplomé en communication, Stéphane travaille egalement comme pair éducateur dans une association de lutte contre le VIH/SIDA.

il recouvrait la santé physique mais les séquelles étaient trop présentes.

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it Charlie himself who decided to leave? I do not know. And you? Do you know why Charlie is gone? About the Author Stéphane Ségara is a 23-year-old MSM from Burkina Faso. Stéphane works as a peer educator in the MSM community in Ouagadougou with a leading HIV/AIDS prevention organisation. In addition, he is the Francophone MSM Youth Project Coordinator of the Queer African Youth Networking Center. Stéphane graduated in 2010 with an honours BA in Communication.

Savez-vous pourquoi Charly n’est plus là ?

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By Keletso

I recently discovered the “Missed Connections” section on craigslist.com. Some of it is romantic, some of it lonely, and some of it is unabashedly sexual. A friend and I had a conversation the other day about how we always seem to be creeping on people who don’t creep back. We concluded that we must be common looking. “The Lord prefers common-looking people. That is why he makes so many of them.” We have strength in numbers.

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of a statistician to believe that would happen. And it’s not that I am lonely – I am too much of a loner. Just that it’s good sometimes to be noticed. Just after I got past the turnstile at the 175th street subway station last week, a man asked me to open the emergency gate for him. I was flustered and hurried because I was late, so I opened the gate and turned quickly to the platform. We ended up in the same car, and somewhere between 168th and 125th our eyes met. He was tall and beautiful – striking in his bright purple hoodie and hazel eyes. I caught his stare out of the corner of my eye, and he caught mine. We smiled tentatively, shyly. I squinted at my book – trying to make sense of the left

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sur internet – m’écrire un message dans une bouteille Ce n’est pas que je fais du chalutage a travers l’achat sur le web pour avoir des nouvelles du gars sur lequel je bavais dans la section des produits surgelés – je suis trop staticien pour croire que cela arriverait. Et ce n’est pas que je me sens seul – je suis un solitaire. Juste qu’il est bon de se faire remarquer parfois. La semaine passée, Just après avoir dépassé le tourniquet de la station métro de la 175e rue un homme m’a demande de lui ouvrir la porte de secours. J’étais troublé et pressé parce que j’étais en retard, alors j’ai ouvert la porte et me suis dirigé rapidement vers la plateforme. Nous

J’ai remarqué son regard du coin de mon œil et il a remarque le mien. J’ai découvert récemment la section “correspondances manquées” sur craigslist. com. Certaines d’entre elles sont romantiques, d’autres sont solitaires et certaines d’entre elles n’ont aucune pudeur. Un ami et moi avions eu une conversation l’autre fois sur la façon dont nous semblons nous accrocher aux personnes qui ne font pas de même. Nous avions conclu que nous devrons être à la recherche de la même chose. Le seigneur préfère les personnes qui recherchent des choses communes. C’est pour cela qu’il a crée plusieurs d’entre eux. Nous sommes plus forts étant nombreux.

caught his stare out of the corner of my eye, and he caught mine. “Missed Connections” is the possibility that someone once saw me on the train and thought “I want a little sugar in my bowl / I want a little sweetness down in my soul” (in reference, of course, to my own sugar). It is the possibility that one of the many beautiful men I have creeped on requited my surreptitious attentions, but not by giving me a phone number or striking up an awkward conversation, just by silently posting something cryptic and hopeful about our encounter on the internet – writing me a message in a bottle. It’s not that I am trawling through the interwebs hoping to hear from the guy I was drooling over at thefrozen foods section – I am too much

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“Les correspondances manquées” est la possibilité que quelqu’un m’ait une fois vu dans le train et a pensé « je veux un peu de sucre dans mon bol/ Je veux un peu de douceur dans mon âme » (en référence bien sure a mon propre sucre). C’est la possibilité que l’un des nombreux bels hommes auxquels je m’accrochais rétribue mon attention furtive, mais pas en me donnant un numéro de téléphone ou en entamant une conversation maladroite ; juste en postant silencieusement quelque chose d’énigmatique et plein d’espoir à propos de notre rencontre

Et s’il est fou, ou hétérosexuel ? What if he is crazy, or what if he’s straight?! hand page, then the right, eventually turning the page so as not to look dumb. He stared intently at his phone (there is no cellphone signal in underground trains). Our eyes met a few times in those 15 minutes – but only for a few burning seconds at a time – like looking into the sun.

nous sommes retrouvés dans la même voiture et quelque part entre la 168e et la 125e, nos regards se sont croisés. Il est grand et beaufrappant avec sa capuche violet fluo et ses yeux noisette.


Le numéro d’identité

59th comes by finally. I rummage through my bag for one of those useless business cards I ordered last year. Should I leave one on the seat? Will he look for it once I am gone? Why would I leave it there and not give it to him. Ok, I don’t have one. Should I write my number down on a piece of paper and hand it to him on the way out? Should I write my name? What if he is crazy, or what if he’s straight?! Which would be worse? He has luggage and he’s travelling downtown on the A so he’s probably going to 34th to catch a bus or train out of the city – or worse, he is going to JFK and never coming back.

“I opened the emergency exit gate for you; you had luggage…” It would be pointless to give him my number; he doesn’t even live here. Besides, I’m busy. I’m a full-time student in a graduate program. I don’t have time to chase men around on the subway. Maybe he wasn’t even looking at me. I close my book and pack it away - looking up in his direction. Does he even care that I’m leaving? As I cross the doors, and as the subway voice urges “…stand clear of the closing doors please”, he looks up and mouths “goodbye.” I wave. 59th is where I was going, and I have arrived.

issue/numéro 2 Dec 2011

J’ai remarqué son regard du coin de mon œil et il a remarque le mien. Nous avons souri timidement. J’ai enfonce ma tête dans mon livre

Sortir du placard est un phénomène typiquement gay. essayant de comprendre la page de gauche puis celle de droite, tournant éventuellement les pages de manière a ne pas paraitre débile. Il regarda longuement son téléphone (il n’ya pas de signal téléphonique dans les trains du métro). Nos regards se sont rencontres plusieurs fois pendant ces 15 minutes – mais seulement pour quelques secondes brulantes a la fois – comme quand on regarde le soleil. La 59e vient finalement de passer. J’ai fouillé dans mon sac pour ces cartes de visites inutiles que j’ai commandé l’année dernière. Devraisje laisser une sur le siège ? Vas t-il la chercher quand je serais parti ? Pourquoi vais-je la laisser la et ne pas la lui donner. Ok je n’en ai pas. Devrais-je écrire mon numéro sur un bout de papier et la lui remettre en sortant? Devrais-je écrire mon nom ? Et s’il est fou, ou hétérosexuel ? Lequel serait le pire ? Il a des bagages et il va au centre-ville sur la A, donc il va probablement a la 34e pour prendre un bus ou un train qui part hors de la ville ou pire il va a JFK et il ne reviendra jamais.

The Identity issue

When I return home much later that night, inspired by the evening’s wine, I post in ‘Missed Connections’: “I opened the emergency exit gate for you; you had luggage…” By morning I had a reply – a picture of a tall brown shirtless man. This is promising – subway guy was kind of tall and kind of brown. I couldn’t really see his face in the picture though, so I cautiously respond, “Hey! What was I wearing and what is your name?!” He answers, “i was just reading ur ad and was just imagining ...sort

fantasizing

of ...of what the whole episode was like........and i guess i was jus wishing it was me...and im wishing that u r a fem sexy slim black stylish guy.........i love to fantasize n masturbate about those things.” Okay, I know that many people just want sex, and I’m supportive. But damn it, did this guy have to want sex from my virgin ‘Missed Connections’ post? Am I not cynical enough? I returned to a message I wove together some time ago using the most hopeful ‘Missed Connections’ posts I had found on craigslist. Thankfully, this one will never get a response.

When life is too much, or too little, there is always fiction. When life is too much, or too little, there is always fiction.I’m boyish for my age, had on a black t-shirt and helmet. You were big, shirtless, sweaty and handsome. You nodded and flashed an adorable smile. We exchanged glances several times while we were working out Sunday around noon. You were wearing a ‘New York Boxing Club’ t-shirt, I was in a plain grey t-shirt. aside from the occasional smoke, you are the most handsome man i’ve seen in ages. A while back we were in the sauna together – with someone else – the extremely beautiful man eating a sandwich from elixr. all I wanted to do was check out your tight body but didn’t

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Ce serait inutile de lui donner mon numéro, il ne vit même pas ici. En plus je suis occupe. Je suis étudiant à plein temps dans un programme d’études supérieures. Je n’ai pas le temps de courir après les hommes dans le métro. Peut être qu’il ne me regardait même pas. Je ferme mon livre et le range-en regardant dans sa direction. Est-ce qu’il est même préoccupé que je parte ? Au moment de franchir les portes, et au moment ou la voix du métro exhorte « rester éloigner des portes qui se ferment s’il vous plait », il lève la tete et dit « au revoir ». Je fais au revoir de la main. La 59e c’est la ou j’allais et je suis arrivé. Plus tard cette nuit la, lorsque je suis rentré, inspire par le vin de la soirée, j’écris dans ‘Connections manquées’ : « J’ai ouvert la porte de secours pour vous, vous aviez des bagages… » Au matin, j’ai eu une réponse – une photo d’un homme de grande taille torse nu. C’est promettant- le gars du métro était en quelque sorte grand et brun. Par contre je n’arrive pas à retrouver sa face dans la photo, alors je réponds avec prudence « Hey ! Qu’est ce que je portais et quel est ton nom ?! ». Il répond « Je lisais juste ton ad et j’imaginais…manière de fantasmer…

« J’ai ouvert la porte de secours pour vous, vous aviez des bagages… » ce a quoi l’épisode entière ressemblait….et je suppose que je souhaitais juste que c’était moi…et je souhaite que tu es un gars black sexy efféminé avec du style…. J’aime fantasmer et me masturber sur ces choses » Bon, je sais que beaucoup de personnes veulent juste du sexe, et je les supporte. Mais bon sang, ce gars devrait-il vouloir de sexe de mon courrier ‘Connections manquées’ vierge ? Ne suis-je pas assez cynique ? Je suis retourné a un message que j’ai tissé il y’a quelque temps en utilisant les courriers les plus promettant de ‘Connections manquées’ que j’ai trouvé sur


Le numéro d’identité

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want to stare. My mom always told me that was inconsiderate.

craiglist. Heureusement, celui-ci n’aura jamais une réponse.

I came up to you and was interested in your gauges. You were Colombian and adorable but my friend was returning and I didn’t get a chance to grab your number. I believe we might have kissed but not entirely sure.

Quand la vie est de trop, ou trop peu, il y’a toujours la fiction. typiquement gay.

even though you are straight, I feel that its mutual. Am I wrong? I look at you, and I want to run my fingers through your hair, kiss your lips and let my tongue run across your teeth. I pray that we are never in the bathroom at the same time. I got it bad for you. it is going to be more difficult for me to hide how I feel about you. Unfortunately I was too shy to say any of this to you, and am left with posting a ‘missed connection’. I hope I see you on Tuesday. I hope you see this.

i hope you see

this

Quand la vie est de trop, ou trop peu, il y’a toujours la fiction. Je ressemble à un garçon pour mon âge, j’avais un t-shirt noir et un casque. Tu étais grand, torse nu, en suer et beau. Tu hochas la tête et flasha un sourire adorable. Nous avons échangé des regards à plusieurs reprises pendant qu’on s’entrainait le dimanche vers l’après midi. Tu portais un t-shirt du ‘Club de boxe de New York’, j’avais un t-shirt gris. Mis a part la fumée occasionnelle, tu es le plus bel l’homme que j’ai vu il y’a longtemps Il y’a quelques temps nous étions ensemble avec quelqu’un d’autre dans un sauna_ l’homme extrêmement beau mangeant un sandwich de elixr. Tout ce que je voulais c’était de dévisager ton corps solide mais je ne voulais pas regarder longuement. Ma mère m’a toujours dit que c’était maladroit. Je suis venu vers toi et j’étais intéressé par tes jauges. Tu es Colombien et adorable mais mon ami revenait et je n’ai pas eu la chance de prendre ton numéro. Je crois que nous aurions pu nous embrasser mais je ne suis pas entièrement sure. Même si tu es hétérosexuel, je sens que c’est mutuel. Ai-je tort ? Je te regarde, et je veux passer mes doigts dans tes cheveux, embrasser tes lèvres et laisser ma langue parcourir tes dents. Je prie que nous ne soyons jamais dans la salle de bain au même moment. J’ai des sentiments forts pour toi. Ce sera plus difficile pour moi de te cacher ce que je ressens pour toi. Malheureusement j’étais trop timide pour te dire tout cela, et il ne me reste que le courrier de ‘Connections manquées’. J’espère te voir Mardi J’espère que tu verras ceci.

J’espère que tu verras ceci.

The Identity issue

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‘Who am i’ by Kunle Ogunni Qui suis-je ? My friend did not ask the question in these words.

Mon ami n’a pas posé la question en ces termes.

By the way, he is one of only two non-gay people I have told about my sexual orientation. I have tried to tell others, but perhaps I was not bold enough, for I only kept alluding to my not enjoying sex with women (not that I have tried it!). Perhaps they considered I was too good a person to have something as “abominable” as that happen to me. If so, they would be wrong on both points: one, nobody can be too good to have anything bad happen to them and two, having a homosexual orientation is not an abomination.

One of them hinted at perhaps trying sex with her

If my two straight friends whom I told felt that way, they kept it well hidden from me. There was nothing in their speech or manner to suggest they thought any less of me. They did encourage me to try out the heterosexual side of life and have intimate relationships with women - for the experience. As though I had fully explored homosexual experiences before coming to the conclusion that I was gay. One of them hinted at perhaps trying sex with her, although she could not say this outright, being an earnest Christian.

nobody can be too good to have anything bad happen to them 21

Par ailleurs, il est l’un des deux seuls non-gay personnes que j’ai parlé de mon orientation sexuelle. J’ai essayé de dire aux autres, mais peut-être je n’ai pas été assez audacieux, car je ne gardé pas allusion à mon sexe profitant aux femmes (pas que je l’ai essayé!). Peutêtre qu’ils considéraient comme j’ai été trop bonne personne à avoir quelque chose comme «abominable» que celle m’arriver. Si oui, ils auraient tort sur ces deux points: l’un, personne ne peut être trop bon d’avoir quelque chose de mauvais leur arrive, et deux, ayant une orientation homosexuelle n’est pas une abomination. Si mes deux amis hétéros que j’ai dit senti de cette façon, ils ont gardé le bien caché de moi. Il n’y avait rien dans leur discours ou de manière à suggérer qu’ils pensaient pas moins de moi. Ils ne m’encourage à essayer de sortir le côté de la vie et hétérosexuels ont des relations intimes avec des femmes - pour l’expérience. Comme si j’avais pleinement exploré les expériences homosexuelles avant de venir à la conclusion que j’étais gay. L’un d’eux a laissé entendre à peut-être essayer le sexe avec elle, bien qu’elle


Le numéro d’identité

The man, with whom I was more able to discuss the nuances of this state of being, asked if I had ever considered how my life would be if I were not gay. I knew that even if I tried to explain, he would not understand. He could not see that it was one of the major threads that had been used in weaving the very fabric of my existence. No, he could not understand growing up with that vague sense of being different and how the aloofness which that feeling created made close friendships so difficult. He could not understand how I had been forced to question my relationship with God – recognizing that perhaps He was not the Father Christmas He was often made out to be, nor the hammer-wielding judge who viewed the activities of His creation through colour-blind lenses of black and white. Above all, he could not understand the hate I had seen. Hate that always threatened to find its target in my very self. Perhaps it occurs to you, dear reader, that actually I am tired of being homosexual and would prefer to be “cured” – let me take the liberty of being presumptuous and informing you that I have carefully considered that too. Do I wish I were otherwise? No, I think not.

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ne pouvait pas dire cela d’emblée, être un chrétien sérieux. L’homme, avec qui j’ai été plus en mesure de discuter les nuances de cet état d’être, m’a demandé si j’avais déjà pensé à comment serait ma vie si je n’étais pas gay. Je savais que même si j’ai essayé d’expliquer, il ne comprendrait pas. Il ne pouvait voir que c’était l’un des fils majeurs qui avaient été utilisés dans le tissage du tissu même de mon existence. Non, il ne pouvait pas comprendre grandi avec cette vague sentiment d’être différent et comment l’attitude distante, qui a créé ce sentiment fait amitiés si difficile. Il ne comprenait pas comment j’avais été forcé de remettre en question ma relation avec Dieu - en reconnaissant que peut-être qu’il n’était pas le Père Noël, il a souvent été faite dehors pour être, ni le juge du marteau et qui ont vu les activités de sa création par le biais daltonien lentilles de noir et de blanc. Surtout, il ne pouvait pas comprendre la haine que j’avais vu. La haine qui a toujours menacé de trouver sa cible dans mon auto même. Peut-être qu’il se produit pour vous, cher lecteur, que réellement je suis fatigué d’être homosexuel et préféreraient être «guéris» - laissez-moi prendre la liberté d’être présomptueux et pour vous informer que j’ai examiné attentivement aussi. Dois-je souhaite que j’aie été autrement? Non, je ne crois pas.

After standing for so long at the borders of public opinion and finally daring to cross into this No Man’s Land, having been thrust willynilly into the front of battle, would I settle down to become the reverend gentleman whom Après un repos pendant si longtemps aux people look to for guidance? Please do not frontières de l’opinion publique et, enfin, oser misunderstand me; I also respect such men, but franchir dans cette zone neutre, I fear I should find would I settle down to ayant été poussée gré ou de force such a life insipid, like a warrior become the reverend sur le devant de la bataille, serait je m’installe pour devenir le révérend returning an eternity gentleman whom people qui les gens se tournent vers of domesticity. d’orientation? S’il vous plaît ne vous Perhaps I would look to for guidance? méprenez pas; je respecte aussi have been less ces hommes, mais je crains que je adventurous in my trouverais une telle insipides vie, comme un thoughts and questionings if I had not been guerrier retour à une éternité de la domesticité. psychologically ostracized. But even though Peut-être que j’aurais été moins aventureux I tremble with fear of what may ensue when dans mes pensées et de questionnements, si je my sexual orientation becomes common n’avais pas été psychologiquement ostracisme. knowledge – I know it is only a question of time Mais même si je tremble de peur de ce qui peut – I will soon be ready. s’en suivre quand mon orientation sexuelle devient connaissance commune - je sais que Ready not just to be known for who I truly am,

The Identity issue

but for others like me to also hold their heads up in the streets as who they truly are – proud to be people, proud to be alive. In the meantime, as Tagore says, I will not pray to be sheltered from my troubles. I will hope for the patience to win my freedom, and soon I will be able to cast off my seven masks and feel the sun kiss my face. When that time comes, I will not mind if everyone says I am a madman, for I shall be free. Who am I then? I am just a man who loves other men and asks to be allowed to love them in peace.

I will soon be ready About the author Kunle Oginni is a Nigerian-based doctor doing a residency in psychiatry. He believes one of the things we need to do is to get homosexuality more talked about, either positively or negatively (although hopefully the former), so that it doesn’t remain the elephant in the room of African culture. Talking will allow for prejudices to be aired and more positive attitudes to emerge. Kunle looks forward in his career to working to increase the awareness of homosexuality and improving the quality of life of gay people in Africa.

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ce n’est qu’une question de temps - je vais bientôt être prêt. Prêt pas seulement à être connu pour qui je suis vraiment, mais pour d’autres comme moi également tenir sa tête droite dans la rue comme ce qu’elles sont vraiment - fier d’être des gens, fiers d’être en vie.

En attendant, comme Tagore dit, je ne vais pas prier pour être à l’abri de mes soucis. Je vais d’espoir pour la patience pour gagner ma liberté, et bientôt je vais être capable de rabattre mes sept masques et sentir le soleil embrasse mon visage. Lorsque ce moment arrive, je ne m’en voudrez pas si tout le monde dit que je suis un fou, car je serai libre. Qui suis-je alors? Je suis juste un homme qui aime les autres hommes et demande à être autorisé à les aimer en paix.

I will not pray to be sheltered from my troubles A propos de l’auteur Kunle Oginni est un médecin nigérian basé faire une résidence en psychiatrie. Il croit l’une des choses que nous devons faire est d’obtenir l’homosexualité plus parlé, que ce soit positivement ou négativement (bien que j’espère que les anciens), de sorte qu’il ne reste pas l’éléphant dans la salle de la culture africaine. Parler permettra de préjugés à être diffusé et des attitudes plus positives à émerger. Kunle se réjouit de sa carrière à travailler pour augmenter la prise de conscience de l’homosexualité et l’amélioration de la qualité de vie des personnes homosexuelles en Afrique.


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La couleur me taquine

COLOR FLOATS

MY

BOAT

photo essay by Marc Allen. models / mannequins : Alexis Jenai & “HERO”


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Ces photos ont été influencées par un style très californien avec une esthétique de couleurs moderne

These shots are inspired by a very California style with a modern color aesthetic


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I have a bit of a fetish for bone structure J’ai un fétiche pour la structure osseuse faciale

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I wanted a comfortable, laid back feeling, so I asked the models to style themselves

Je voulais communiquer un sentiment de confort, de désinvolte, j’ai donc demandé aux modèles de se styler euxmêmes

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Both models I used for this collection have a unique facial construct, which adds angle, form, and shape to the aesthetic Les deux modèles que j’ai utilisé pour cette collection ont une structure osseuse faciale unique, qui ajoute une forme et un angle à leur visage, ce qui influence l’esthétique des cadres

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One day I want to be able to hold a model call. I want to direct hair, make-up, wardrobe, and, of course, the photography. That would totally be my dream job Un jour, je voudrais être en mesure de produire un appel de modèle. Je voudrais créer les coiffures, maquillage, styliser les tenues, et, bien sûr, diriger la photographie. Ce serait complètement mon boulot de rêve!


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Dire l’homosexualité en Afrique francophone Par Charles Gueboguo

Naming Homosexuality in Francophone Africa La parole est le spécifiant de l’humain. Quand il parle, il met du sens partout. Comment diton sommairement et localement « homosexuel » dans un espace où l’homosexualité la plupart du temps est peu comprise et peu acceptée ? Le choix de cette lecture est porté sur les pays que j’ai eu à visiter. Il s’agit : du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. J’apprends donc qu’au Faso, en langue Moré et Mossi, ‘homosexuel’ et partant ‘l’homosexualité’ se dit « pouglindaogo ». Littéralement : homme et femme en même temps. Il y a là une référence à l’hermaphrodisme. Par extension « pouglindaogo » désigne l’homme efféminé. Socialement on croira qu’il a deux sexes biologiques. Cette appellation semble être une forme de thérapie explicative pour cerner ce qui apparaît comme étrange/ étranger. Ce sont les ‘autres’ qui désigneront ainsi les personnes homosexuelles. Ces dernières le prennent comme une insulte. En Dioula, une autre langue au Faso, pour parler des homosexuels de façon péjorative, on dit « TchiétéMoussoté ». Mais j’ai noté également que les jeunes utilisent les termes français pour dire le comportement homosexuel. Les personnes qui jouent à la fois le rôle insertif et réceptif sont

Dans l’imaginaire de plusieurs, l’homosexualité ne peut qu’être masculine. Elle est ainsi rejetée parce qu’elle trouble les barrières du genre

Words are what make us human. When we speak, we should make sense everywhere.

In the imagination of many, homosexuality can only be male, and it is rejected because it breaks down the barriers of genre But how do you say, briefly and locally, “homosexual” in a place where homosexuality is neither understood nor accepted? I would like to explore this question in the Francophone African countries I have visited – Burkina Faso, Cameroon, Ivory Coast and Senegal. During my stay in Burkina Faso, I learned that in one of the main local languages, Moré, “homosexual” and “homosexuality” is called “pouglindaogo.” Literally: man and woman together. This is in origin a reference to hermaphrodism, and by extension “pouglindaogo” means the effeminate man. Socially, it is the belief that he somehow contains both biological sexes. It is a form of therapeutic explanation of what appears to be strange or foreign. It is always “others” who label gay people using such words and, of course, we take it as an insult, yet in the gay community, men who play both the insertive and receptive role are called “double sided.” I do not remember a term for women who have sex with other women. In the imagination of many, homosexuality can only be male, and it is rejected because it breaks down the barriers of

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appelées : « recto-verso ». La relation dans les représentations des individus qui associe homosexualité avec efféminement est claire ici. Je n’ai pas souvenance d’un terme pour désigner les femmes qui aiment les femmes. Dans l’imaginaire de plusieurs, l’homosexualité ne peut qu’être masculine. Elle est ainsi rejetée parce qu’elle trouble les barrières du genre. D’où cette insistance dans les imageries populaires à réduire la réalité homosexuelle à l’aspect physique nécessairement efféminé. Au Cameroun, dans les milieux homosexuels, l’homosexualité masculine est traduite par le terme « nkouandengué ». Il s’agit d’un néologisme dont l’existence principale n’a d’autre but que le camouflage langagier aux autres. L’homosexualité féminine est traduite par le mot « mvoye » et signifie en langue Ewondo, une des langues locales, « bien ». « Mvoye » est donc la traduction de ce qui est bien et par extension, les lesbiennes voudraient signifier à leurs détracteurs qu’elles s’inscrivent dans une orientation sexuelle qui ne peut être rien d’autre que quelque chose qui relève de ce qui est merveilleux voire paradisiaque. Le partenaire masculin insertif est dit « koudjeu ! » C’est une onomatopée qui est l’expression de la virilité En français elle se traduirait par « ho-hisse ! ». C’est le cri que les hommes poussent lorsqu’ils les lesbiennes voudraient signifier à leurs détracteurs qu’elles s’inscrivent dans une orientation sexuelle qui ne peut être rien d’autre que quelque chose qui relève de ce qui est merveilleux voire paradisiaque veulent faire déplacer de lourdes charges. Le « koudjeu » est donc cet individu qui serait en mesure, sexuellement parlant, de dégager une telle force, une telle énergie pour pousser le partenaire réceptif encore dit « tchouss » dans ses retranchements jouissifs. Les partenaires capables de jouer les deux rôles dans l’acte sexuel sont dits « recto-verso » ou encore « jupe-culotte ». Le modèle dominant dans la construction identitaire sexuelle semble tirer sa source de l’univers dominant hétérosexuel. .Le système langagier des jeunes homosexuels en Côte d’Ivoire s’inspire d’une parlure qu’ils

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genre. Hence, the emphasis in popular culture is to reduce the reality of homosexuality to the physical aspects and to effeminize it. Thus, in Dioula, another local language, to talk about homosexuals pejoratively, people say “tchiété moussoté.” However, I also noted that young people use the French words. Lesbians are thus proclaiming to their detractors that this sexual orientation cannot be anything other than something that is wonderful, even paradise Within the gay community in Cameroon, male homosexuality is translated as “nkouandengué.” This is a new word whose main purpose is to camouflage the gay subculture from people outside the community. The male partner who plays the dominant role during sexual intercourse is called “koudjeu!” This is an onomatopoeic expression of manhood, equivalent to “ho-hisse!” in French. It is the cry men make when lifting heavy loads. The “koudjeu”, therefore, is the individual who, sexually speaking, is able to generate enough force or energy to bring the receptive partner to explosive orgasms. Partners who can play both roles in the sexual act are called “both sides” or “skirts”. The dominant model in this sexual identity construction seems to derive from the dominant male role in the heterosexual world. Female homosexuality is translated by the word “mvoye,” an Ewondo word meaning “good. Lesbians are thus proclaiming to their detractors that this sexual orientation cannot be anything other than something that is wonderful, even paradise. The language system of young gay men in Côte d’Ivoire is based on a slang they call “nouchi,” a lively mixture of French and local languages. Here again, homosexuality is deofscribed in terms of the passive/active split derived from a heteronormative model. The insertive or active partner is “Yossi,” while the receptive or passive partner is “woubi.” These two expressions are borrowed from the Senegalese Wolof words “Yossi” and “Oubi,” which have the same meanings in the homosexual community in Senegal. The partner who can play both roles in the sexual act is called “cassette,” because


Le numéro d’identité

appellent le « nouchi » : allègre mélange du français petit nègre aux langues locales. L’homosexualité se dit aussi ici à travers le clivage passif/actif, qui reste centré sur un modèle hétéronormé. Le partenaire insertif ou actif est dit « yossi » tandis que le partenaire réceptif ou passif est dit « woubi ». Ces deux expressions sont des déformations des termes sénégalais

Le sujet capable de jouer les deux rôles dans l’acte sexuel est dit « cassette » Wolof « yoss » et « oubi » qui traduisent la même chose dans le milieu homosexuel sénégalais. Le sujet capable de jouer les deux rôles dans l’acte sexuel est dit « cassette ». Le rapport ici avec le signifiant est voulu, car comme l’objet à l’origine qui peut jouer des deux faces, les personnes à la fois actives et passives jouent également le même rôle. Une « cassette » n’est pas un bisexuel. Dans le milieu, les personnes bisexuelles sont dites « yossifamo » ; un ‘gay friendly’ est appelé « famo ». Les lesbiennes sont désignées par le terme « toussoubakary ». « Toussou » en l’une des langues locales désigne la fille. Les personnes travesties sont dites : « femmes actuelles. Le partenaire actif est dit au Sénégal « yoss ». Le partenaire réceptif est un « oubi », en Wolof cela veut dire « ouvert ». Il serait donc ‘ouvert’ comme le serait les lèvres vaginales et par extension comme le serait une femme. Cette association au genre féminin s’inspire de l’environnement social ambiant qui synthétise homosexualité avec féminité. C’est la traduction de « gor-jigeen » qui signifie littéralement ‘homme-femme’ et qui s’apparente à une insulte. L’homosexuel ne serait donc pas une entité à part entière mais une chose bizarre entre les deux, une identité sociale de femme dans un corps d’homme. Il y a aussi un rapport lié à la classe d’âge dans la désignation des personnes homosexuelles, avec la pression des plus âgés fortunés sur les moins nantis et jeunes. Ils sont désignés par le terme « maamaré ». Les plus jeunes qui n’ontpas souvent d’argent sont nommés « mbéré » et on attend socialement d’eux, dans le milieu, qu’ils jouent le rôle passif.

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he can “play” both sides. A “cassette” is not a bisexual. They are called “yossi famo,” while a gay-friendly heterosexual is called a “famo.” Lesbians are referred to as “toussou Bakary.” “Toussou” in the local language means a girl. Transvestites are called “contemporary women.”

The partner who can play both roles in the sexual act is called “cassette,” because he can “play” both sides In Senegal, the receptive partner is called “oubi,” which in Wolof means “open.” Obviously, the association is with the labia and, by extension, with the supposedly open (to penetration) and “submissive” nature of women in general. Another term, “gor-jigeen,” literally means “male-female” and is used as an insult, to suggest that the homosexual is not be a separate entity but an odd thing in between, a social identity as a woman in a man’s body. There is also an association between the dominant role. Older, more affluent homosexuals are referred to as “maamar,” while younger ones who often do not have money are called “mbéré” and are socially expected to play the passive role. The categories identified here, how they identify themselves or how others identify them, each enunciates a specific mode of speaking about homosexuality. For some, this is the mode of stigma, where homosexuality designates the male-female or intersex, necessarily pejorative in social representations. For others, it is the mode of revaluation, where claiming one’s femininity becomes a statement of power and freedom. It is therefore a double male domination that invests and colonizes the arena once reserved exclusively to the female in order to reclaim it. Masculinity in all these environments refers to a relationship of superiority. The model of the heterosexual man dominating over women is taken for granted. The insertive partner can only be the “koudjeu” or the “yossi,” the manly partner capable of Herculean sexual prowess. And because they are the dominant partners, in Senegal “yossi” rarely consider themselves gay. They also often have sex with women and

The Identity issue

Les catégories identifiées qui se disent ou disent l’autre ont chacune leur manière de dire l’homosexualité. Pour les unes ce sera sur le mode du stigmate. L’homosexualité va désigner l’homme-femme ou l’intersexe : nécessairement péjoratifs dans les représentions sociales. Pour les autres, ce sera sur le mode d’un besoin de revalorisation. L’identification aux femmes, les vraies, tandis que les autres objets biologiques féminins ne seraient que des impostures. Assumer sa féminité devient une prise de position de force et de domination. C’est donc une domination masculine double qui investit et colonise le champ jadis réservé et exclusif à la gente féminine pour se le réapproprier. La masculinité, lorsqu’elle est dite dans tous ces milieux, renvoie aussi à un rapport de supériorité et partant, de domination symbolique. Le modèle hétérosexuel de l’homme sur la femme est repris et assumé. Le partenaire insertif ne

Assumer sa féminité devient une prise de position de force et de domination peut être que le « koudjeu », le « yossi », ou le « yoss » viril capable de prouesses sexuelles herculéennes. Parce qu’ils sont les pénétrants, au Sénégal les « yoss » se considèrent rarement comme des homosexuels. Ils ont aussi très souvent des rapports sexuels avec les partenaires de l’autre sexe. Et la désignation « goorjigeen » ne s’adresse que très peu à eux. Ici, la masculinité est synonyme de souffle et de puissance, symbolisés par le sperme vitalisant. Le contenu langagier s’organise selon les différents modes qui s’articulent autour de la fonction expressive, portant nécessairement la griffe de la subjectivité de ses auteurs ; la fonction référentielle : l’homosexualité dans les discours apparaît comme quelque chose de bizarre pour certains. En effet, face à la norme dominante elle ne peut que s’inscrire sur le registre de l’étrange-étranger ; pour d’autres elle sera désignée sur le modèle de la revalorisation, le sujet décidant de façon concrète d’être acteur de sa propre liberté. La fonction métalinguistique : Les interlocuteurs s’assurent qu’ils font appel aux mêmes codes,

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rarely suffer the designation “goor jigeen.” Here, masculinity is synonymous with breath and power, symbolized by the vitalizing sperm. Within the dominant culture, homosexuality can only be expressed as strange and foreign, but within the gay subculture, this can also express a concrete decision to be an actor of one’s own freedom. The interlocutors make sure they use the same codes, the same vocabulary, or the same syntax – “kouandengué,” “toussou Bakary,” “Yossi,” “goor jigeen,” – but the metalinguistic meanings can bow to the demands of empathy, that is to say, the complicity between the transmitter and receiver based largely on the involvement of a collective imagination within the group.

claiming one’s femininity becomes a statement of power and freedom Because the categories are intended to speak to each other, these designations are interconnected. They rely on feedback and create social links. Thus, what may appear to be conflicts based on language form the basis of a social dynamic and the unity of “sociation”, that is to say, of society understood as a process, not as a ready-made building. The effects of these designations, both within and outside the homosexual community, are the same. They encourage changes in thought patterns and perceptions and enable long-invisible categories to become visible and to commence the constant “tinkering” that circumvents normativity. Saying homosexuality is therefore to bring it to life. Even naming by denouncing is to give the thing denounced a reality. We can only denounce what is real, we can only say what we want to rationalize. About the Author Charles Gueboguo is a young sociologist specializing in LGBTI issues in Francophone Africa. He is the author of two books The Issue of Homosexuality in Africa, The Case of Cameroon (2006) and AIDS and Homosexuality in Africa (2009). In 2009 Charles was awarded the 2009 IRN-Africa Simon Nkoli Award in recognition of his outstanding contributions to the study of sexuality in Africa.


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au même lexique ou encore à la même syntaxe : « kouandengué » ; « toussoubakary » ; « Yossi » ; « goorjigeen »… C’est l’exigence d’empathie, c’est-à-dire la connivence entre l’émetteur et le récepteur reposant en grande partie sur la mobilisation de tous les imaginaires collectifs en vigueur au sein du groupe.

Ten Things You Should NEVER Say To A Trans Person

Toutefois, parce que les catégories qui parlent s’adressent les unes aux autres, ces désignations sont communicantes en ceci qu’elles font appel à des rétroactions. Elles servent donc de liant social. Ce qui peut apparaître comme des

Dix choses à ne jamais dire à une personne transsexuelle

On ne dénonce que ce qui est conflits sur la base langagière forment le lit de la dynamique sociale et de l’unité de la sociation, c’est-à-dire la société entendue comme un processus et non une construction toute faite. Les effets de ces désignations, à la fois dans le milieu ou en dehors du milieu homosexuel, sont les mêmes. Les uns comme les autres essaient d’inciter aux changements des modes de pensées et de perceptions. Les désignations disent également le vécu sociosexuel réel plus ou moins sublimé, le but étant pour les homosexuels, par exemple, de faire exister une catégorie longtemps invisibilisée : à travers le produit d’un incessant bricolage pour s’arrimer ou déjouer la normativité. Dire ici, c’est donc faire exister. Tout comme nommer ou dénoncer tout simplement, c’est faire émerger le réel. On ne dénonce que ce qui est, on ne dit que ce qu’on veut rationaliser. A propos de l’auteur Charles Gueboguo est un jeune sociologue africain intéressé par la question LGBT en Afrique francophone. Il est l’auteur de deux livres sur ce sujet, publies en France par les edititons L’Harmattan: La question homosexuelle en Afrique, Le cas du Cameroun (2006) et Sida et homosexualités en Afrique (2009).

Avertissement: Si vous n’avez aucun sens de l’humour, ignorez cet article pour le prochain! Si vous êtes curieux, mais avec un cœur qui tient à pleine, je vous conseille de de bien vous accrocher à votre siège.

Disclaimer: If you don’t have a funny bone, then scurry on to the next article! If you’re curious but faint-hearted, just hold on to your seat. There are a myriad of things a cisgender person should NEVER say to a trans person. Of course, the most common one is to call us fags, but hey, aren’t some of us really fags? Oh, wait, nope! We all straight! Err... well, maybe. Ah, lets get to it. Lets see what you say that really pisses us off!

Il y a un tas de choses qu’une personne cisgenre ne devrait jamais dire à une personne transsexuelle. Bien sûr, le plus commun est de nous appeler pédés, mais bon, n’est-ce pas que certains d’entre nous sont des vraiment? Oh, attendez, non! Nous sommes tous hétéro! Err ... okay, peut-être. Ah, parlons-en. Voyons ce que vous dites et qui nous fait vraiment chier!

1. “You sure you ain’t gay?”

1. « Etes vous

sûr que vous n’êtes pas gay? »

Oh, for crying out loud! We ain’t! Okay okay, maybe some of us are, but that’s a whole other debate that some of us really could go on and on and on about and really, I have no time for it now. Look man, I’m not gay. I’ve never been gay. I don’t know why you want me to be gay.

Oh, bordel de merde! Nous n’en sommes pas! Bon ok, peut-être certains d’entre nous le sont, mais c’est un tout autre débat que certains d’entre nous pourraient s’embarquer dessus encore et encore. Et vraiment, je n’ai pas le temps maintenant. Regardez mecs, je ne suis pas gay. Je n’ai jamais été gay. Je ne sais pas pourquoi tu veux que je sois gay.

Okay, whatever, your question is genuine, but think for a second: if I was gay, why am I, a trans man, dating a chick? Don’t straight men date women? Really dude, grow a brain! The trans issue is a gender identity issue. If I had a problem with my sexual orientation, I’d join the “Oh Shit I’m Straight” Alliance or something! I can be trans woman and a lesbian. I can be a trans man and gay. I can be a trans woman and bisexual or straight. My sexuality has nothing to

Bon, quoi qu’il en soit, votre question est authentique, mais réfléchissez une seconde: si

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Le numéro d’identité

do with my gender identity. If anything, it would be much harder to determine my sexuality if I didn’t have a gender identity in the first place, right?

2. “So you still have a dick/pussy?” What? You wanna fuck me? Is that why you’re asking? Listen, please, this kind of question is insensitive at so many levels, it would be laughable... if it weren’t so rude. When you meet a trans person and you ask them this question, what are you aiming at? If they say they’re a woman and they’re trans, then that’s all you need to know. Unless you and the trans person know each other well and are good friends and are up for it, such a question is completely unforgivable and should never be asked. It’s basically a nice kick in the nuts! I mean, do you go around asking people, “Hey you, you look sort of interesting. Do you have a pussy?”? Don’t let your curiosity create enemies.

3. “How do you guys have sex?” Okay, fine! You have a right to be curious. But this question is tied to No. 2. It’s as if you want to do me, so you’re curious whether “it would work.” If you just met me and asked me this question, I’d punch you in the face. It’s like asking a straight person you just met how they have sex. Does it sound okay?

4. “Have you had a sex change yet?” This comes up a lot, but, first of all, it’s called “gender reassignment surgery” (or GRS), if you don’t mind. And anyway, why do you need to know this detail unless I’m willing to tell you? Is it important to know what I have “down there?” Do you usually go around inspecting people’s genitalia and saying “check!” every time you

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j’étais gay, que serais-je, un homme trans, qui drague les filles? N’est-ce pas les mecs hétéros qui draguent les filles? Vraiment les mecs, faites fonctionner vos cerveaux mieux que ça! La question trans est une question d’identité de genre. Si j’avais un problème avec mon orientation sexuelle, j’allais rejoindre l’Alliance de “Oh, merde je suis hétéro” ou quelque chose de ce genre! Je peux être une femme trans et lesbienne. Je peux être un homme trans et gay. Je peux être une femme trans et bisexuelle ou hétérosexuelle. Ma sexualité n’a rien à voir avec mon identité de genre. Tout au contraire, il serait beaucoup plus difficile de déterminer ma sexualité si je n’avais pas une identité de genre en premier lieu, non?

2. « Alors avezvous encore une bite/chatte? » Quoi? Vous voulez me baiser? C’est pour ça que vous vous demandez? Vraiment, s’il vous plaît, ce genre de question est insensible sur autant de niveaux, qu’elle est dérisoire ... si elle n’était pas si insultante? Lorsque vous rencontrez une personne trans et vous lui poser cette question, qu’est ce que vous attendez au juste? S’ils/elles disent qu’il/elle est femme et ou qu’il/elle est trans, alors c’est tout ce dont vous devez savoir. À moins qu’il existe une relation préalable entre vous et la personne trans et que tous/toutes les deux sont prêt(e) s a avoir ce genre de conversation. Sinon, une telle question est totalement impardonnable et ne doit jamais être posée. Il s’agit comme un coup de pied dans les couilles! Je veux dire, est ce que vous promenez dans les rues en disant aux gens, “Hé, toi, tu as l’air intéressant. Astu une chatte?”? Ne laissez pas votre curiosité vous créer des ennemis.

3. « Comment avezvous des rapports sexuels? » Bon, très bien! Vous disposez du droit d’être curieux. Mais cette question est liée à la question n ° 2. C’est comme si vous voulez

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get a confirmation? It’s just insensitive. Some of usbadly want GRS (that’s what us “insiders” call gender reassignment surgery), but for whatever reasons haven’t or can’t have it. Reminding us of that reality is just a stab in the back – and also should result in a blow to the face. And some trans persons don’t even want to have GRS at all, so asking such a question is just presumptuous and wrong.

5. “This is so and so and was born a man but now is a woman.” Some people, sometimes with good intentions, go about introducing trans persons to other people like this. What gives them this right? My trans identity is just that – mine! If I want to tell someone I’m trans, then I, me, myself will tell them, okay? And if I don’t, then I don’t. It’s not your place to tell them, even if you think they will respond positively or “understand my issues.” Dude please, if anyone here has an issue, it’s you. You need to ask yourself why you feel the need to tell every Tammy, Dick and Harriet my gender identity! Is it a skewed sense of getting back at me? And for what? Dude, style up.

6. “Wow, you look really sexy. I’m bisexual by the way.” And so? I’m not. If you want someone to share that fact with, then join the Bisexuals Kenya Initiative or something. Wait, oh so you think I did this for sex? So I can get men more easily? Especially straight men? Because getting them “when I was a man” just couldn’t happen? I doubt even any cisgender girl would look at you twice! Look. Trans women don’t transition so that they can get (straight) men. Awfully demeaning misconception. Don’t look at me that way, people really think that! And before I

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me baiser, alors vous êtes curieux de savoir si «ça marcherait ». Si vous venez juste de me rencontrer et vous me poser cette question, je vous en collerais une dans la gueule. C’est comme demander à une personne hétéro que vous venez juste de rencontrer comment ils/ elles baisent. Est-ce que c’est correct?

4. « Avez-vous déjà changé de sexe? » Celle question revient très souvent, mais, tout d’abord, le terme est « chirurgie de réassignation de genre» (ou CRG). Et de toute façon, pourquoi vous voulez connaître ce détail à moins que je ne sois prêt(e) à vous le donner? Est-il si important de savoir ce que j’ai “là en bas?” Avez-vous l’habitude de vous promener autour et inspecter les organes génitaux des gens et marquer “vérifié!” chaque fois que vous obtenez une confirmation? Ceci est tout simplement insensible. Certain(e)s d’entre nous veulent, désespéramment la CRG (ce que nous «entre nous» appelons : la chirurgie de réassignation de genre), mais pour diverses raisons ne l’ont pas faite ou ne peuvent pas la faire. Nous rappeler cette réalité c’est comme nous donner un coup de poignard dans le dos – et ceci peut également provoquer à un coup dans la gueule. En plus, certaines personnes trans ne veulent simplement pas faire la CRG, donc poser une cette question est juste présomptueuse et fausse.

5. « Celui-ci c’est tel et tel, et il est né un homme, mais maintenant il est une femme » Certaines personnes de bonnes intentions, vous ferez une introduction des personnes trans à travers cette phrase. Qui leur donne ce droit? Mon identité trans est juste ça– la mienne! Si je veux la partager avec d’autres, alors moi, je me chargerais de l’affaire, OK? Et si je ne le veux pas, alors je ne le ferai pas. Ce n’est pas à vous de le dire, même si vous pensez qu’ils vont réagir positivement ou «comprendre mon cas». Mecs, s’il vous plaît, si quelqu’un semble avoir un problème, c’est vous. Vous devriez vous demander vous même pourquoi vous


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forget, don’t befriend a trans person solely to question them and maybe eventually bed them. This is just wrong, even when it’s done with a cis person.

7. “Can I see pictures of you from before you transitioned?” Definitely not! This is another very sensitive matter for trans persons. Most, if not all, trans people don’t ever want to be reminded of how they looked like before. It reminds them of a time when they were miserable. When they were suffering a life of pretence and lies. It’s a sore wound that is usually only shared with those close to them. This doesn’t mean the trans person hates their past, though that’s possible, just that it’s private and should be left that way.

8. “You must be a better man/woman since you’ve been a woman/man before” Nope. Not at all. Just because I’ve lived part of my life as the gender I was assigned at birth doesn’t mean I was ever truly that gender. The reason why I’m transitioning in the first place is because that original gender assignment was wrong! Trans people, as studies have shown, have brains similar to the genders they want to transition to or have transitioned to. The idea that they were ever the gender they were once forced to pretend to be is inaccurate. Once upon a time, they were forced to live as the gender they were assigned at birth never truly that person. So really, I may have a pussy/dick, but it’s my

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sentez le besoin de partager avec Tammy, Dick ou Harriet mon identité de genre! Est-ce votre manière de vous vengez ? Et pourquoi? Mecs, ayez du style!

6. « Wow, t’es vraiment sexy. Je suis bisexuel pour ton information » Et alors? Moi, je ne le suis pas. Si vous voulez partager ce fait avec quelqu’un , alors joignezvous à l’Initiative Bisexuel(le) du Kenya ou quelque chose de ce genre. Une minute, vous croyez alors que j’ai fait ça pour le sexe? Pour pouvoir me taper des mecs plus facilement? Surtout les hommes hétéros? Parce que me les taper “quand j’étais un homme” ne pouvait pas se faire ? Je doute même si une fille cisgenre vous regarderait deux fois! Regardez. Les femmes trans ne font pas de changement de sexe afin d’obtenir des hommes (hétéros). Cette idée fausse est terriblement humiliante. Ne me regardez pas ainsi, les gens réflechissent vraiment comme ça! Et avant que j’oublie, pas la peine de se lier d’amitié avec une personne trans uniquement pour remettre en question leur identité ou pour vouloir éventuellement les sauter.

7. « Puis-je voir des photos de toi avant ton changement? » Certainement pas! C’est une autre de ces questions qui fâchent. La plupart, sinon toutes les personnes trans ne veulent jamais se rappeler de quoi elles ressemblaient auparavant. C’est un souvenir douloureux. C’est une plaie douloureuse qui ne peut être partagée qu’avec les personnes les plus proches. Cela ne signifie pas les personnes trans détestent leur passé, c’est juste que c’est privé.

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brain that tells me who I am, not my genitalia. I may have been born in a female/male body, but I’m transitioning because that body doesn’t correspond to who I really am.

9. “He-She or Shemale?” Yes, I know it can get a wee bit tricky for you figuring out what’s what, but it is not impossible. This is a conceptual problem that lots of people have. Listen carefully. Trans people are not halfand-half! If you come across a trans person and you are not sure how to address them, don’t go saying, “oh that’s a he-she” or “she’s probably a shemale.” It’s just plain offensive. Words like “she-male” were invented to get losers horny. That’s why they are only used in cybersex and porn sites. They are viewed by the trans community as insults. If you aren’t sure about a trans person’s gender identity, just go ask them (but without all those other questions – see above!). You may save yourself a trip to the doctor if you don’t go ahead and blurt out such words.

10. “Umm … you don’t look female/ male enough to me” Ah, now this one might land you in the mortuary. Who made you the gender judge? What scale of “maleness” or “femaleness” are you using? And so what if I don’t look or act enough like a woman/man for you? What is it to you? Are you going to give me a medal or something if next time you see me I “look more like it” than the last time? Shut up and grow up. Life isn’t black and white. The grey is larger than you think. Simply put, this is very, very offensive and disrespectful thing to say. Not all trans people want to “fit” into the traditional gender binary, and even if some do, the scale, if there even is one, is very wide. People don’t come with a checklist you can use to score their “maleness” or “femaleness.” Even if society has some conventions, that’s all they

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8. « Vous devez être meilleure comme femme/ homme, puisque vous avez été une femme/homme avant » Naah ! Pas du tout. Le fait que j’ai vécu une partie de ma vie avec mon sexe biologique ne veut pas forcement dire je m’identifiais avec ce sexe. La raison pour laquelle je suis entrain de passer à un sexe en premier lieu c’est que celui qui m’a été assigné à l’origine était incorrect! Des études ont montré que les cerveaux des personnes trans sont similaires au sexe auquel elles veulent appartenir ou auquel elles sont entrain de transitionner envers. A un moment donné, elles ont été forcées de vivre avec l’expression du genre avec lequel elles étaient nées, mais elles n’ont jamais été vraiment cette personne. Alors, vraiment, je peux avoir une chatte/bite, mais c’est mon cerveau qui me dit qui je suis, pas mon appareil génital. Je suis peut être née dans un corps féminin/masculin, mais je suis en état de transition car mon corps ne correspond pas à qui je suis à l’interieur.

9. “Fille-Garçon” ou “Elle/Il” Oui, je sais que cela peut être un petit peu difficile à déterminer ce qui est quoi, mais ce n’est pas impossible. C’est juste un problème conceptuel que beaucoup de gens ont. Écoutez attentivement. Les personnes trans ne sont pas moitié-moitié! Si vous tombez sur une personne trans et vous n’êtes pas sûr de la façon de l’aborder, n’allez pas dire: “oh c’est une Fille-Garçon” ou “probablement une elle/il” Cela ne se fait pas! Des mots comme ‘elle-il’ ont été inventés pour ceux/celles en manque de sexe. C’est pourquoi ils ne sont utilisés que dans le cybersexe et des sites pornos. Ils sont


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are – just conventions. Not the reality. These are just some of the stuff you should steer away from if you want to avoid squabbles (or worse!) with trans people. But don’t get me wrong, we aren’t unapproachable. Ask questions if you are interested, but politely and respectfully. Don’t get mad if some of us refuse to give you answers. It means the information is sensitive to them, and you should respect that. A special note to our LGB counterparts: We don’t hate you. It’s just that some of you have “something” against us and it hurts. It hurts when someone “outs” you in a club without your consent. It hurts to say that we are just gay men or butch lesbians in hiding, that we are trying to enjoy the heterosexual privileges by pretending to be something we’re not. It hurts to claim we are sick in the head and need to be confined in a mental institution. It’s a medical condition, not an impairment! We all face discrimination and stigma. Heck, sometimes we face even more than you do just by being ourselves. Walking on the streets minding our own darn business! So please, give us a break. We come in peace; we mean no harm. Just don’t harm us.Get it right. Be sensitive. Read the internet. Read books. At least those don’t pose a black eye threat. For a candid and clear view on the above and more, visit: http://andersontoone.com/ downloads/TransRespect101.pdf Lindsay Kenyan is a blogger from Nairobi, Kenya. She writes about her daily life as a trans girl in Kenya, her ups and downs, her transition process, living as a trans in Nairobi, her family and friends, and issues pertaining to transgender and other LGBI issues. You can visit her blog “Living Lindsay” at http:// kenyantg.blogspot.com

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considérés par la communauté trans comme des insultes. Si vous n’êtes pas sûr de l’identité de genre d’une personne trans, posez les la question (mais sans toutes ces autres questions - voir ci-dessus!). Vous vous épargnerez une visite chez le médecin si vous n’utilisez pas ces mots.

10. « Euh ... vous n’avez pas un look assez féminin/ masculin pour moi. » Ah, celle-ci pourrait vous envoyer à la morgue. Depuis quand vous êtes le juge de l’identité de genre? Quelle échelle de «masculinité» ou «féminité» utilisez-vous? Et alors quoi, si je n’ai pas un look ou n’agit pas conformément à votre idéal de femme ou d’homme, qu’est ce que cela peux vous faire ? Allez-vous me donner une médaille si la prochaine fois que vous me voyez, je “ressemble plus à cela” que la dernière fois? Taisez-vous et grandissez ! La vie n’est pas en noir et blanc. Le gris est plus grand que vous ne le pensez. Autrement dit, ceci est très, très offensif et irrespectueux à dire. Ce n’est pas toutes les personnes trans qui veulent “se mouler” dans le concept traditionnel et binaire de l’identité de genre , et même si certain(e)s le veulent, ce concept est plus large que vous le pensiez. Les gens ne viennent pas avec une liste de contrôle que vous pouvez utiliser pour marquer leur “masculinité” ou “féminité”. Même si la société a certaines conventions, c’est tout ce qu’ils sont – juste des conventions. Et non la réalité. Ces questions sont juste certaines choses que vous ne devriez jamais demender si vous voulez éviter les querelles (ou pire!) avec des personnes trans. Mais ne vous méprenez pas, nous ne sommes pas inabordables. Posez des questions, si vous êtes intéressés, mais poliment et respectueusement. Ne vous fâchez pas si certains d’entre nous refusent de vous donner des réponses. Cela signifie que ces informations sensibles pour eux, et vous devriez le respecter. Une note spéciale à nos homologues LGB: Nous ne vous haïssons pas. C’est juste que

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certains d’entre vous ont «quelque chose» contre nous et cela fait mal. Ça fait mal quand quelqu’un vous «sort du placard» dans un club sans votre consentement. Ça fait mal de dire que nous sommes des hommes gays ou les lesbiennes butch dans la clandestinité, que nous essayons de jouir des privilèges hétérosexuels en faisant semblant d’être quelque chose que nous ne sommes pas. Ça fait mal de prétendre que nous sommes malades dans la tête et avont besoin d’être confiné dans un établissement psychiatrique. Il s’agit d’une condition médicale, et non une déficience! Nous sommes tous/toutes confrontés à la discrimination et la stigmatisation. Zut, parfois nous faisons face à encore plus que vous en étant juste nous-mêmes. Même en marchant dans les rues en nous occupant sacrement de nos propres affaires ! Alors s’il vous plaît, laissez nous tranquille. Nous venons en paix, pas d’injures. Ne nous nuisez pas. Informez vous! Soyez sensible ! Lisez des articles sur internet. Lisez des livres. Ca vous evitera un œil noir. Pour une opinion plus franche et claire et pour en savoir plus, visitez: http://andersontoone. com/downloads/TransRespect101.pdf

Lindsay Kenyan est une bloggeuse de Nairobi, au Kenya. Elle écrit sur sa vie quotidienne comme une fille trans, au Kenya, ses hauts et ses bas, son processus de transition, vivant comme une trans à Nairobi, sa famille et ses amis, et les questions se rapportent aux transgenres et d’autres questions relevantes aux personnes LGBl. Vous pouvez visiter son blog, en anglais uniquement, « Living Lindsay” à http://kenyantg.blogspot.com

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Q. Comment es-tu arrivé dans Q. How did you get involved la pair-éducation auprès des in this peer education program? MSM ? A. A.

Rencontre avec Melvine du Burkina Faso A Meeting with Melvin from Burkina Faso A young student of Western Languages and Civilizations, Melvin Palm works as an animator and peer educator in the MSM (men who have sex with men) section of a leading organization working on HIV/AIDS prevention in Burkina Faso. He agreed to take a moment from his busy schedule to answer my questions about his work, life and commitment to promoting the rights of MSM in his country.

Jeune étudiant en Langues et Civilisation Etrangères, Melvine Palm est engagé au Burkina Faso comme animateur et pair éducateur auprès d’une structure de lutte contre le SIDA afin de venir en aide par des mesures de prévention à ses pairs MSM. Il a accepté de répondre à nos questions afin de nous parler de son travail, sa vie et son engagement à la faveur des personnes LGBTIQ.

An interview by Stéphane Ségara

Interview réalisé par Stéphane Ségara

Q. Bonjour Melvine, peux-tu Q. Hello Melvin, te présenter à nos lecteurs ? introduce yourself readers? A. A. Bonjour, je suis Melvine Palm. J’ai 25 ans et je suis animateur et pair-éducateur dans une structure de lutte contre VIH/SIDA auprès de la section MSM (men who have sex with men).

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you our

Hello, I am Melvin Palm, 25 year-old MSM and the leader of a peer educator program here in Burkina Faso.

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J’ai appris par l’intermédiaire d’un ami qu’il y a une association de lutte contre le VIH qui dans ses projets de prévention mène des activités en faveur des minorités sexuelles et qu’elle veut mettre en place une section MSM. Elle organise des rencontres tous les dimanches soirs et cet ami m’a demandé de venir y assister et bénéficier des services offerts par l’association. Naturellement, au début, j’avais des a priori car je n’avais jamais entendu parler d’une telle structure. Mon ami m’a finalement convaincu et je suis parti à la rencontre de l’association et je l’ai trouvée intéressante. Et depuis lors, j’assiste à toutes les rencontres. Quelques temps après, ladite structure a programmé une formation de pair-éducation dans la communauté MSM. On m’a demandé si j’étais intéressé d’assister à la formation, j’ai accepté avec joie. J’ai été donc formé et embauché comme pair-éducateur.

Q. Mais te sentais-tu déjà interpellé par la cause des MSM ou est-ce juste l’occasion qui a fait le larron ?

A.

Vous savez, lorsqu’on est adolescent, on se pose beaucoup de questions concernant sa sexualité. Et moi aussi je suis passé par cette difficile étape. J’ai beaucoup souffert lorsque je trouvais que je n’étais pas « normal ». C’est ainsi que je me suis plongé dans les bouquins pour comprendre ce qu’il m’arrivait. J’ai reçu assez de compréhension par rapport à mes questionnements et c’est à travers cela que j’ai accepté avec joie ma « différence » des autres. J’ai donc compris que j’étais très « normal » et je trouvais très injuste ces propos criminels que les gens tiennent à propos des homos et cette stigmatisation à vous donner froid dans le dos. Quand on m’a donc proposé la pair-éducation, c’était une occasion pour moi d’apporter ma contribution en faveur de l’épanouissement de cette minorité sexuelle.

Through a friend, I learned that an association working on HIV/AIDS prevention was starting an MSM section by organizing monthly support group meetings. Naturally, at first, I was cautious because I had never heard of such a thing. However, my friend persuaded me to attend one meeting, and since then, I have never missed one! When the association had its first MSM peer educators training. I was one of the participants and was hired afterward as a trained peer educator.

Q.

Were you already passionate about MSM issues, or was it this opportunity that awakened the activist in you?

A.

You know, during adolescence, most people are obsessed with questions about their sexuality. I was no different. I suffered a lot when I realized I was not “normal.” So I immersed myself in books to understand what was happening. My reading helped me answer most of the questions I had. Above all, through reading I realized that I was not “abnormal,” and I was able to accept my difference from others. So, when I was asked to participate in the peereducators training, it was an opportunity for me to make a contribution toward promoting and protecting the rights of sexual minorities.

Q. What are the main challenges you meet in your work as a peer educator?

A.

Good question! Challenges are not lacking in this work. As a peer educator, one faces difficulties at almost all levels. For instance, within the MSM community itself, it is not always easy to mobilize people. Some people have false assumptions about the section (MSM) where I work and circulate these prejudices. Since the


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Q. Quelles sont les difficultés que tu rencontres dans ton travail de pair-éducateur ?

A.

Bonne question ! Dans cette tâche, ce ne sont pas les difficultés qui manquent. Elles se situent à plusieurs niveaux. Tout d’abord, au sein même de la communauté, il n’est pas toujours facile de mobiliser les gens. Certaines personnes ont de faux préjugés quant à la section MSM, qu’ils font circuler. Etant donné que la communauté est très vulnérable, ceux qui ne connaissent pas bien ce que nous faisons, se méfient beaucoup. Ensuite, il y a un problème de matériel de travail. Vous savez que pour mener une sensibilisation et se faire comprendre par le public, il faut parfois passer par des illustrations ou des démonstrations. Alors nous avons un problème de boîte à image et de mannequins (pénis en bois) car nous avons besoin de ces outils pour faire nos demonstrations. A cela s’ajoute la rupture depuis près d’un an de gels lubrifiants. Car étant donné le coût élevé du gel qui par conséquent n’est pas accessible à tout le monde, la structure a inclus dans sa politique de prévention, la distribution gratuite aux MSM des kits de prévention (préservatif+gel). Enfin et surtout, il ne faut pas ignorer que la section MSM est d’abord sous la couverture d’une structure de lutte contre le SIDA. Mais malgré la bonne volonté des responsables de la structure, nous sommes confrontés souvent à des cas d’homophobie de la part de certains des agents. Ceux sont en bref, les difficultés que je rencontre.

Q. Penses-tu qu’il y a une évolution des actions menées en faveur des MSM ?

A.

Oui !!!!! Il y a une très grande évolution des actions menées en faveur des MSM. Rien qu’en regardant 10 ans en arrière, qui était fou pour parler ouvertement de la question des gays et lesbiennes ? Mais aujourd’hui, des structures de lutte contre le sida sont assez audacieuses pour inclure cette minorité dans leurs cibles de

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community is very marginalized, those who do not know much about what we do, do not trust us. Then there is the issue of materials needed to facilitate our outreach trips. During our street outreach work, for example, we sometimes need to demonstrate the proper use of condoms and lubricant by using dummies (wooden penises), but it can be very hard just to obtain these basic materials to do our work properly. For example, since last year, lubricants have been out of stock in the whole of Burkina Faso! Last but not least, I would like to emphasize that the MSM section is under a mainstream association and, despite the good will of its leaders, we often experience homophobia from our straight colleagues. These are just some of the difficulties I encounter.

Q. Do you think the work of promoting the health rights of MSM is evolving despite all these problems?

A.

Oh, yes. There have been numerous positive developments for the MSM community. Just looking back 10 years ago, it would have been crazy to talk openly about the issue of gays and lesbians in Burkina Faso, but today, there are organizations working on HIV/AIDS prevention that are bold enough to include MSM and sex workers in targeting minority groups. In the case of MSM, there are activities developed purely for them. A decade ago, there was nothing. So I think that’s something to congratulate ourselves on and to encourage to keep struggling. While there is still much to do, I dare not spit on what is already there.

Q. Let’s talk about Are you comfortable with sexuality?

A.

you. your

First, let me say that I accept my sexuality, and I am proud of it. Nevertheless, I would say that I am still cautious about expressing my sexuality. I tell myself I’m free, but my freedom should in no way be an obstacle to others.

The Identity issue

prévention en organisant des activités purement destinées à eux. Donc je pense que c’est déjà quelque chose à féliciter et à encourager davantage. Il reste certes encore beaucoup à faire mais je n’oserai pas cracher sur ce qui est déjà là.

Q. A.

Parlons de toi, assumestu ta sexualité ? D’une part, je dirai que j’assume ma sexualité, et d’autre part je dirai que je fais beaucoup attention parce que je me dis que je suis libre mais ma liberté ne doit en aucune manière être une entrave à celle des autres.

Q.

Penses-tu que ta liberté sexuelle est une entrave à celle des autres ?

A.

Pas du tout ! Mais vous savez que nous vivons dans une société fondée sur certaines règles. Et notre espace ici n’est pas très favorable aux MSM. Les gens ne sont pas encore réceptifs à la chose. Prenons le cas de la structure où est basée la section MSM dans laquelle je travaille : il y règne un véritable problème d’homophobie bien que l’explication ait été maintes fois donnée sur l’orientation sexuelle de chaque individu. Rien n’y fait. Il va donc de soi que chacun se fasse discret dans ses relations, ne pas provoquer les autres. Et moi, je respecte les opinions des autres. A part cela, je ne suis pas complexé par ma sexualité car je l’ai comprise. S’il arrive que certaines personnes soupçonnent que je suis gay et qu’elles viennent aborder le sujet avec moi, je leur réponds avec toute la franchise qui y sied. Toutefois, je reste très discret. Donc, je ne pense pas que ma liberté soit une entrave à celle des autres.

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Q. Do you think your sexual freedom is an obstacle to others?

A.

Not at all! But you know that we live in a society based on certain rules. And our space here is not very favorable to MSM. People are not receptive to anything. Take even the association where I work as a peer educator. There is a persistent homophobia there, and despite the commitment by the leaders of the association, the MSM section is still not accepted by all employees. It goes without saying that, on a personal level, we MSM have to have discreet relationships so as not to provoke others. Otherwise, I do not have any problems with my sexuality because I understood and accepted it a while ago. If it happens that some people suspect that I’m gay and they bring up the subject with me, I always respond with frankness. But otherwise I still remain very discreet.

Q. A.

Have you made your coming out yet? (Laughter) Not yet! But it should not be long now.

Q. A.

But why?

Because to “defy” our traditional culture, one must have the means to sustain his or her decisions, and that starts with acquiring some financial stability. I’m not quite at that level yet. My work as a peer educator is seasonal, and I am still on the benches of the university. So I cannot afford the luxury of singing loudly that I am gay. I need to have my independence first. I also have great respect for my family, and I would not want to upset them by coming out in the present situation.

Q. As-tu fait ton coming-out ? Q. Is Melvin ready to speak out for MSM rights before an A. (Rires…) Je ne l’ai pas encore fait !


Le numéro d’identité

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Mais cela ne saurait tarder.

audience of heads of state and senior leaders of the world?

Parce que pour « défier » cette société, il faut avoir les moyens de sa politique et cela commence par l’acquisition d’une bonne stabilité financière. Et moi, je ne suis pas trop à ce niveau. Mon boulot de pair-éducation n’est qu’une vacation et je souligne que je suis encore sur les bancs de l’université. Donc, je ne peux me donner le luxe de chanter à tuetête que je suis gay. J’attends d’avoir ma totale indépendance. Aussi, je respecte beaucoup ma famille et je ne voudrais pas les indisposer avec mon histoire.

(Laughter) Ah! I dream of that! The whole world will hear my voice! But while I’m waiting for such an opportunity, I try here as well as I can to

Q. Mais pourquoi ?

Q. Melvine, serais-tu prêt à aller faire de l’activisme devant

un parterre de chefs d’états et de hauts dirigeants de ce monde ? (Rires…) Ah !!! Je rêve de ça ! Le monde entier entendra ma voix ! Mais avant même d’avoir l’occasion d’assister à ce congrès, j’essaie ici tant bien que mal d’aborder ces sujets qui me tiennent beaucoup. D’abord il s’agit des mineurs MSM. J’ai constaté qu’aucune action réelle n’est menée pour la prise en charge de ces enfants-là. Alors que ceux sont les plus vulnérables du fait de leur immaturité et leur manque d’expérience. Il a été démontré récemment que beaucoup de ces mineurs font leurs premiers rapports sexuels sans protection. Allez savoir ce à quoi ils sont exposés. C’est un sujet très délicat. Ensuite, il y a la problématique des lesbiennes. Jusqu’aujourd’hui, je n’ai pas entendu parler d’une structure qui s’occupe d’elles. Certes, le risque d’exposition au VIH de ces femmes est très faible, presque inexistant. Mais que fait-on de l’assistance psychosociale dont elles ont besoin ? Que fait-on de leurs droits ? J’ai fait le constat qu’on s’occupe mieux des gays que des lesbiennes alors que les femmes sont plus vulnérables. Combien de lesbiennes sont victimes de viols correctifs ? Ne les oublions pas !

A.

address the issues that I care about the most. First, there is the issue of MSM youth. I address the issues that I care about the most. First, there is the issue of MSM youth. I found that nothing was being done for the protection of this very vulnerable group within the MSM community. MSM youth are the most vulnerable because of their immaturity and lack of experience. It has been shown recently that many of them had their first sexual experience with older men and that it was unprotected sex. Who knows what they are exposed to? This is a very sensitive subject. Then there is the issue of lesbians. Until today, I have not heard that there is a structure here that takes care of them. Sure, the risk of HIV exposure of these women is very low, almost zero, but what about the psychosocial support they need? What about their rights? In these areas MSM are better taken care of than lesbians, but it is the lesbians who are more vulnerable. How many lesbians are victims of corrective rapes? Let us not forget their needs!

Q.Your last word? A.

Thank you for this opportunity to express myself. It’s a huge privilege you have given me. I take my hat off for this initiative that is your magazine. I strongly wish you to go further. Good luck to you! About Stéphane Ségara Stéphane Ségara is a 23 year-old MSM from Burkina Faso with a background in communication and peer education. Since March 2011, Stéphane has worked as a peer educator within the MSM community in Ouagadougou through a leading organization working on HIV/AIDS prevention.

The Identity issue

Q. Ton mot de la fin ? A.

Je vous remercie pour l’occasion qui m’a été offerte de m’exprimer. C’est un énorme privilège que vous m’avez fait. Et je tire mon chapeau à votre magazine. Vivement que vous alliez de l’avant. Bon courage à vous! A propos de l’auteur Stéphane Ségara est un jeune Burkinabé de 23 ans, responsable du projet MSM jeune du Réseau des Jeunes LGBTI d’Afrique de l’Ouest. Diplomé en communication, Stéphane travaille egalement comme pair éducateur dans une association de lutte contre le VIH/SIDA.

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Le numéro d’identité

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Dans l’espace limitée que j’ai pour discuter de l’immigration homosexuelle au Canada, restonsen aux manières les plus évidentes dont une personne gay peut immigrer au Canada. Compte tenu du niveau élevé de l’homophobie en Afrique, plusieurs personnes estiment que la meilleure manière est de demander l’asile. Malheureusement le taux de réussite pour les demandeurs d’asile est assez faible. Cela est principalement dû au manque de compréhension par le demandeur d’asile de ce qui est nécessaire pour appuyer une demande d’asile. Plus important encore, le simple fait d’être homosexuel et être l’objet de discrimination dans votre pays d’origine ne constitue pas un cas en ce qui concerne l’immigration canadienne; c’est plutôt le bureau qui traite les demandes d’asile qui est concerne.

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L’immigration des homosexuels Africains vers le Canada: Les bases

Same-Sex Immigration to Canada from Africa: The Basics

(1ère partie)

(Part One)

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In the limited amount of space I have to discuss Canadian same-sex immigration, let’s stick to the most obvious ways that a gay individual can migrate to Canada. Given the heightened level of homophobia in Africa, many people assume that the best method is to apply for asylum. Unfortunately, the success rate for asylum seekers is quite low. This is due mainly to lack of understanding by the applicant of what is required to support an asylum case. Most importantly, the mere fact that you are a homosexual, and subject to discrimination in your home country, does not constitute a case as far as Immigration Canada, the office that deals with asylum applications, is concerned.

the mere fact that you are a homosexual, and subject to discrimination in your home country, does not constitute a case

le simple fait d’être homosexuel et être l’objet de discrimination dans votre pays d’origine ne constitue pas un cas

As other countries begin to reduce their influx of Immigrants through heightened restrictions (mostly Europe and Australia), the focus has shifted to Canada. We are an open democracy that traditionally respects diversity and welcomes people of all colours, religions, and backgrounds. We also have a large underpopulated land area, a low birth rate, and an increasing need for young, skilled immigrants who can build the economy – and contribute to the tax base. In theory, therefore, we need new immigrants and have plenty of room for them.

Comme d’autres pays commencent à réduire leur afflux d’immigrants a travers des restrictions accrues (principalement en Europe et en Australie), l’accent s’est déplacé vers le Canada. Nous sommes une démocratie ouverte qui par tradition respecte la diversité et accueille les personnes de toutes les couleurs, religions, et origines. Nous avons aussi un vaste territoire peu people, un faible taux de natalité; et un besoin croissant de jeunes, d’immigrants qualifies qui peuvent construire l’économie et contribués a l’assiette fiscale. Donc en théorie, nous avons besoin de nouveaux immigrants et nous avons beaucoup d’espace pour eux.

The problem lies in managing the influx. Over the past three years, the approval time for citizenship applications has almost tripled due to the heightened flow of applicants. The reality is that it is easier for Immigration Canada to reject an application than to approve it, and there is a bureaucratic advantage in finding reasons to throw out applications.

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Le numéro d’identité

Le problème réside dans la gestion de l’afflux. Au cours de ces trois dernières années, le délai d’approbation des demandes de citoyenneté a presque triplé en raison de la hausse du nombre de candidats. La réalité est que il est plus facile pour l’immigration canadienne de rejeter une demande que de l’approuver, et il y’a un avantage bureaucratique à trouver des raisons pour rejeter les demandes.

Les pays acceptent rarement les immigrés juste par bonté de cœur Plusieurs applications sont rejetées parce que le déposant ne présente pas un cas initial adéquat. Dans chaque situation, des faits solides sont ceux qui constituent un cas adéquat. Si vous voulez promouvoir un cas d’asile, vous aurez besoin de soutenir votre cause avec des faits. Quels genres de faits ? Les seuls cas qui seront sérieusement considérés sont ceux ou vous pouvez montrer que vous êtes «dans la peur pour votre vie ». Vous ne pouvez pas juste dire que vous avez peur pour votre vie. Vous devez le prouver avec des exemples documentes des fois ou vous avez eu peur pour votre vie. Ces situations peuvent être difficiles à documenter concrètement. En soutenant un cas, vous aurez besoin de prouver (1) que vous êtes homosexuel, (2) que vous vivez dans un pays qui persécute activement les homosexuels (la simple existence de lois criminalisant les actes homosexuels n’est généralement pas suffisant) et (3) que vous êtes persécuté parce que vous êtes homosexuels au point ou vous étiez inquiet pour votre sécurité personnelle. Et vous devez être en mesure de documenter ces situations ou votre sécurité personnelle a été menacée. Si vous ne pouvez pas prouver tous ces trois faits, vous avez très peu de chance de bénéficier de l’asile. Alors la question devient : comment pouvez-vous immigrer au Canada si vous ne pouvez pas soutenir une demande d’asile? La réponse réside dans la compréhension de ce qui motive le Canada à accepter les immigrants. Les pays acceptent rarement les immigrés

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Many applications are rejected because the applicant fails to present an adequate initial case. In every situation, what constitutes an adequate case are solid facts. If you are interested in promoting an asylum case, you will need to support your case with facts. What sort of facts? The only cases that will be seriously considered are those where you can show that you are “in fear for your life.” You can’t just state that you are in fear for your life. You have to prove it with documented examples of times when you have feared for your life. These can be difficult situations to document concretely. In supporting an asylum case, you will need to prove (1) that you are homosexual (2) that you live in a country that actively persecutes homosexuals (the mere existence of laws criminalizing homosexual acts is not usually sufficient) and (3) that you have been persecuted for being homosexual to the point of concern for your personal safety. And you must be able to document those situations where your personal safety has been endangered. If you cannot prove all three of these facts, you are very unlikely to be granted asylum. So the question then becomes: how can you immigrate to Canada if you can’t support an asylum case? The answer lies in understanding what motivates Canada to accept immigrants. Countries rarely accept immigrants out of the goodness of their heart. Countries accept immigrants because of a need. Frequently, the need is as simple as a shortage of manual laborers (as has been the case in expanding markets). In Canada’s case, it is a shortage of taxpayers.

If you are young and have the necessary resources, attending school in Canada is the way to go As the Canadian population has aged and the associated costs (pensions, medical care) have risen, the reality has sunk in that those very same Canadians haven’t been very prolific. Our birth rate has become low. Consequently, there is shortage of able-bodied young people who

The Identity issue

juste par bonté de cœur. Les pays acceptent les immigrés en raison d’un besoin. Souvent, le besoin est aussi simple que la pénurie de travailleurs manuels (comme cela a été le cas dans l’expansion des marches). Dans le cas du Canada, c’est une pénurie des contribuables. Comme la population canadienne a vieilli et les couts associes (pensions, soins médicaux) ont augmente, la réalité se fait ressentir que les canadiens eux-mêmes n’ont pas été tres prolifique. Notre taux de natalité est devenu faible. Par conséquent, il y’a une pénurie de jeunes valides qui peuvent travailler et payer les impôts pour une période de temps prolongée. Comme je l’ai mentionne, le Canada est énorme. C’est la taille des Etats Unis mais avec seulement un dixième de la population. Le candidat idéal doit dont être jeune, instruit, capable de travailler, et susceptible de trouver un bon boulot quand il ou elle sera la bas. Cependant juste parce que vous remplissez ces conditions ne signifie pas que vous êtes garantie d’acceptation. C’est une compétition ! Vous êtes en concurrence avec des dizaines de milliers d’autres candidats en provenance de l’Asie, du Moyen Orient et de l’Amérique du Sud. Le Canada veut seulement le meilleur et,

vous aurez besoin de soutenir votre cause avec des faits

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can work and pay taxes for an extended period of time. As I mentioned, Canada is huge. It is the size of the United States but with only a tenth of the population. The ideal applicant, therefore, is young, educated, able to work, and likely to find a good job when he or she gets here. However just because you meet these qualifications doesn’t mean you are guaranteed acceptance. This is a competition! You are competing with tens of thousands of other applicants from Asia, the Middle East, and South America. Canada wants only the best, and as I said, Canada is one of the few countries where the opportunity to immigrate still exists. The number of applications received each year is staggering, but understanding the best routes for applying can give you an advantage. Let’s explore the most direct routes for gay individuals. The two most common routes are education and marriage. If you are young and have the necessary resources, attending school in Canada is the way to go. Coming to Canada to study doesn’t guarantee you residency, but it does give you the time to arrange employment with a company that can sponsor your application. Canadian immigration officials like this route because you have a chance to come and explore Canada and decide if life in Canada is really for you. One of the best ways to come to Canada is

comme je le disais, le Canada est l’un des rares pays ou la possibilité d’immigrer existe toujours. Le nombre de demandes reçues chaque année est stupéfiant, mais la compréhension des meilleures façons pour l’application peut vous donner un avantage.

One of the best ways to come to Canada is to attend one of the participating schools that offer a “postgraduate work permit”

Nous allons explorer les voies les plus directes pour les personnes gaies. Les deux voies les plus courantes sont l’éducation et le mariage. Si vous êtes jeunes et vous avez les ressources nécessaires, s’inscrire dans une école au Canada est la voie à suivre. Venir au Canada pour étudier ne vous garantie pas l’obtention du statut de résident, mais cela vous donne le temps d’avoir un emploie avec une entreprise qui peut parrainer votre demande.

to attend one of the participating schools that offer a “post-graduate work permit.” This allows you to work for up to two years after completing your course of study. The only drawback to this option is the high cost of tuition for international students, which is typically several thousand dollars per year, over and above your living costs, which are similar to those in other developed countries.


Le numéro d’identité

Les agents de l’immigration canadienne aiment ce processus parce que vous avez une chance de venir explorer le Canada et décider si la vie au Canada est vraiment faite pour vous. L’une des meilleures façons de venir au Canada est d’étudier dans l’une des écoles participantes qui offre « un permis de travail post-diplôme ». Cela vous permet de travailler jusqu’à deux ans âpres la fin de votre programme d’études. Le seul inconvénient de cette option est le cout élevé des frais de scolarité pour les étudiants internationaux, qui est de plusieurs milliers de dollars par an en plus des frais de subsistance qui sont similaires à ceux des autres pays développés. Une option moins chère est de venir au Canada et de participer à l’un des multiples courts programmes d’études (comme les programmes d’anglais comme seconde langue) qui offrent une option alternante travail-études. Ces options sont beaucoup moins chères, mais elles vous permettent de rester au Canada pour seulement une courte durée et par conséquent vous donne peu de temps pour rencontrer des employeurs potentiels. Dans le prochain numéro de Q-zine, je vous donnerai quelques conseils utiles sur deux options à considérer si vous désirez immigrer au Canada entant qu’Africain)e)s gays: le choix d’immigrer comme étudiant(e) ou à travers le marriage mixte.

L’une des meilleures façons de venir au Canada est d’étudier dans l’une des écoles participantes qui offre « un permis de travail post-diplôme »

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A less expensive option is to come to Canada and participate in one of the multitude of shorter courses of study (such as ESL programs) that offer a work-study option. These are far less expensive options, but they only allow you to remain in Canada for a short period of time and therefore give you less time to meet potential employers. (In the next issue of Q-zine I will give some tips for successfully using the study option to immigrate to Canada. I’ll also discuss how Canada’s liberal marriage laws provide another possible immigration route for gay Africans.)

Canada is one of the few countries where the opportunity to immigrate still exists

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The Identity issue

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l i v e / v i v r e , l o v e / a i m e r,

passion

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Le numéro d’identité

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poem

If I lay down and became the earth, and my breasts two Indian temples, carved from red sandstone, more beautiful than the Taj Mahal

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The Truth about Our Adam

La vérité propos d’Adam

By Ropta

par Ropta

issue/numéro 2 Dec 2011

poème

Si je me couchais et devenir la terre, et mes seins, deux temples indiens, sculptées dans le grès rouge, plus beau que le Taj Mahal Si Adam pouvait marcher entre eux, quand ils étaient encore nouvelle et informes, et la vérité réside dans le tamis de mon nombril comme une piscine limpide

If Adam could walk between them, when they were still new and unformed, and truth lay in the sieve of my belly-button like a limpid pool If it all started then, and the sun burnt just the heat of my nipple, and my mind could bend time, like the fingers on my wrist, and hold it till it ached

Si tout a commencé alors, et le soleil brule juste la chaleur de mon mamelon, et mon esprit pouvait plier le temps, comme les doigts sur mon poignet, et maintenez-le jusqu’à ce qu’il me faisait mal

If a brook struggled in my heart, and my hands dug a well to let the water out, and make the land green for Adam

Si un ruisseau lutté dans mon cœur, et mes mains creusé un puits pour évacuer l’eau, et rendre la terre verte pour Adam

If gospels and new definitions felt themselves all over my skin like the promises delivered by a cold morning rain

Si évangiles et nouvelles définitions se font sentir partout dans ma peau comme les promesses tenues par une pluie froide du matin

If my tongue said a prayer for the life that once protested and walked upright, but now lies calcified and fossilized, trapped in the ball of my form, like babies never to be born

Si ma langue dit une prière pour la vie qu’une fois protesté et marchait debout, mais réside désormais calcifiés et fossilisés, pris au piège dans la balle de ma forme, comme des bébés qui ne sont jamais nés

If Adam saw me, more than a speck of dust that shrivels before Jupiter’s path, and I trapped in his eyes the eternity of the galaxies, right there in the middle of his cornea, where light played like liquid jade … Ropta is the pen name of a 26-year-old poet and aspiring novelist from Kenya. Ropta has an ordinary 8-5 job, from which he escapes to go running, hiking and climbing when he is not writing.

But the snake laughed at all this, and climbed a tree without the wisdom of an arm or a leg, and beneath a pile of leaves found an apple ready to be bitten.

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Ropta est le nom de plume d'un poète de 26 ans et romancier en herbe en provenance du Kenya. Ropta a un ordinaire 8-5emplois, d'où il s'échappe pour aller courir, de randonnée et d'escalade quand il n'est pas écrit.

Si Adam m’a vu, plus d’un grain de poussière qui se ratatine, avant chemin de Jupiter, et je pris au piège dans ses yeux l’éternité des galaxies, juste là au milieu de sa cornée, où la lumière joue comme du jade liquide ... Mais le serpent se mit à rire de tout cela, et grimpé dans un arbre sans la sagesse d’un bras ou une jambe, et sous un tas de feuilles Trouvé une pomme prête d’être mordu.


Le numéro d’identité

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The Identity issue

issue/numéro 2 Dec 2011

CALL FOR SUBMISSIONS ISSUE 3 Q-zine is a bilingual (English and French) quarterly online magazine by, for and about sexual minority communities in Africa. We aim to provide an inspiring and creative outlet for young people (age 35 and under) to celebrate, debate and explore the creativity and cultural richness of queer life in Africa. The deadline for submissions for Issue Three is 31 January, 2012. sure.enough.studio@gmail.com

We are looking for: •

Features, opinion pieces and news on politics, human rights, and social issues

Fiction, non-fiction (e.g. autobiographical essays, personal essays) and poetry

Profiles and interviews of activists, writers, artists and other public figures

Illustrations and cartoons

Fashion, make-up and hairstyle shoots

Book and art reviews

TV, movie and music reviews

• Reviews of queer-friendly bars, restaurants, resorts and hot spots in your community or in places you’ve visited. TO SUBMIT TO Q-ZINE Material should be submitted using Q-zine’s online submission form, which can be accessed via the Queer African Youth Networking Centre: http://www.gayn-center.org/ If you cannot access the online submission form, you may also email your submissions to the editor at: mkonommoja@gmail.com

APPEL À LA SOUMISSION NUMERO 3 Q-zine, est un magazine electronique, par, pour et sur les minorités sexuelles d’Afrique. Nous visons à promouvoir l’inspiration et la création au sein des groupes de minori¬tés sexuelles afin de célébrer, de débattre et d’explorer la créativité et la richesse culturelle de la vie queer en Afrique. L’objectif principal de Q-zine est d’encourager les minorités sexuelles en Afrique à décider pour elles-mêmes comment elles devraient être représentées dans les médias et la culture populaire. Le pre¬mier numéro de Q-zine sera en ligne le 1er Juillet 2011.

Le délai pour soumettre au numéro 3 est le 31 Janvier 2012

CE QUE Q-ZINE RECHERCHE Articles d’opinion et des nouvelles sur la politique, les droits de l’homme et les questions sociales • Fiction, non-fiction (par exemple essais autobiographiques, essais personnels) et de la poésie • Profils et interviews de militants, d’écrivains, artistes et autres personnalités publiques • Les illustrations et dessins animés • Phots de mode, maquillage et de coiffure • Revues d’art et de livres • Des critique de TV, films et de musique • Revues des bars “queer-friendly”, restaurants, boîtes de nuit et les points chauds dans votre communauté ou dans des endroits que vous avez visitées.

COMMENT SOUMETTRE À Q-ZINE Vous pouvez soumettre votre travail en utilisant le formulaire de soumission en ligne, qui peut être consulté via le site internet to QAYN: http://www.gayn-center.org/appel-a-la-soumission

visit http://www.wix.com/sestudio/portfolio

Si vous ne pouvez pas accéder au formulaire de soumission en ligne, vous pouvez également envoyer votre travail au Rédacteur en chef: mkonommoja@gmail.com


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