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La cathédrale Saint Julien du Mans

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ENSA en Lutte

ENSA en Lutte

Ce matin-là, les cloches de la cathédrale sonnèrent. Il était très tôt lorsqu’Aelis se réveilla au son appelant les fidèles à la messe. Elle se leva vite et descendit rejoindre sa famille dans la cuisine. La petite maison dans laquelle ils vivaient se trouvait dans le centre du Mans, à l’intérieur des remparts. Ses parents, frères, sœurs, tantes, oncles, cousins ainsi que ses grands-parents habitaient tous sous le même toit. Sa mère lui annonça qu’aujourd’hui ils mangeraient ce que les prêtres leur offriraient après l’office du matin. Elle sortit rapidement du petit logement dans lequel ils étaient tous entassés pour se diriger vers la cathédrale. La Cathédrale Saint-Julien du Mans avait commencé à être construite au XIe siècle. Elle était encore en construction, toujours en constante évolution. Dans les rues, la foule était dense, si bien qu’Aelis ne pouvait pas voir où elle était contrainte d’aller. Elle souhaitait apercevoir la grande porte d’entrée du lieu saint avant d’être forcée à la traverser. Trop petite pour bien la voir à travers cette cohue, elle décida de s’écarter de la foule afin de l’admirer.

Ce matin-là, elle se leva tôt. Son réveil n’avait pas encore sonné qu’elle sautait déjà de son lit. Lili décida de s’habiller rapidement afin de se rendre au plus vite à la cathédrale. Dans la cuisine, ses parents étaient déjà installés face à leur petit déjeuner. Ils lui sourirent et lui proposèrent de manger. Elle hésita, ne souhaitant pas perdre de temps, mais céda finalement. Elle était arrivée au Mans la veille au soir, dans le but de rendre visite à ses parents, mais surtout pour revoir sa ville natale et la cathédrale du Mans. Elle avait eu son diplôme d’architecte il y a quelques années déjà, et avait toujours souhaité visiter de nouveau la cathédrale Saint Julien du Mans, ainsi que faire son relevé à la main. Elle partit donc après avoir mangé, un carnet et un crayon dans les mains. Elle sortit de sa maison, située dans le vieux Mans, une vieille demeure de famille qui s’héritait depuis de nombreuses générations. C’était une maison à colombage en ossature bois remplis de torchis datant du Moyen Âge. Dans les rues, elle observait encore et encore les bâtiments l’entourant, s’arrêtant pour esquisser quelques croquis. La cathédrale, enfermée par la muraille gallo-romaine édifiée au début du IVe siècle et située sur une butte, surplombait toute la ville du Mans de sa majestueuse et imposante architecture. On pouvait la voir s’élever au-dessus de toute la ville de partout. Non loin de là, une rivière serpentait doucement dans son lit, la Sarthe. Elle arriva à la porte d’entrée de la cathédrale. La grande porte située dans le transept ouest était couronnée d’un magnifique tympan ornementé de scènes religieuses. Elle décida de l’observer.

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Aelis décida d’entrer à la suite des autres habitants, après avoir longuement observé la procession ainsi que la cathédrale. A 15 ans, malgré son jeune âge, elle s’intéressait beaucoup à l’architecture. Malheureusement, sa condition de femme l’empêchait de pouvoir étudier et encore moins d’exercer un métier tel que celui-ci. Elle ne pouvait que s’occuper de la maison, ou aider à la boulangerie que tenait sa famille. Dans son temps libre, elle allait lire des livres dans la bibliothèque du couvent, avec une religieuse qui lui avait appris à lire lorsqu’elle était petite. Depuis, elle adorait se promener dans la cathédrale et les rues de la ville, afin d'admirer l’architecture durant son temps libre. En entrant, elle se fit la réflexion que la cathédrale n’était jamais aussi belle que pendant une messe. Les cierges étaient allumés et disposés dans tout le lieu. Le brouhaha des gens autour cessa lorsqu’ils pénétrèrent dans le lieu saint. Même si elle la connaissait par cœur, elle resta bouche-bée lorsqu’elle vit la majestuosité du lieu. Dans le chœur, une chorale entonnait un chant religieux. La messe, malgré son importance dans la religion catholique, n’était pas vraiment ce qui l’intéressait.

En effet, son regard curieux parcourait les voûtes en croisées d’ogives des bas-côtés. Au lieu d’aller trouver une place pour s’asseoir dans la nef, elle décida de continuer à marcher un peu. Elle observa les vitraux colorés montrant des scènes de la bible. Les colonnes s’élevaient jusqu’au plafond voûté, sur une très grande hauteur. Un religieux vint l’aborder pour lui demander de rejoindre les autres habitants dans la nef. Elle ne put que se soustraire à la demande et alla donc s’asseoir. Elle ne se désespéra pas et continua d’observer. Contrairement aux gens qui l’entouraient, qui regardaient devant eux, elle regardait en hauteur. Elle était fascinée et découvrait de nouvelles choses à chaque fois qu’elle y allait.

Lili souhaitait faire le tour de la cathédrale avant de rentrer. L’extérieur était tout aussi impressionnant et important que l’intérieur. Les façades, faites en pierres de couleurs gris/beige, étaient légèrement abîmées par le temps et la pollution de l’air. Lorsqu’on en faisait le tour, on sentait l’importance de l’édifice dans la ville. Une grande tour culminant à 64 mètres, sur laquelle on pouvait voir une horloge, servait d’abris aux cloches. Ce clocher était l’élément le plus haut du bâtiment, offrant un panorama sur toute la ville. La cathédrale était en forme de croix, comme tout bâtiment religieux, et supportait un toit à deux pans ayant une pente plutôt importante. Ce toit , de style angevin, remonte au XIIIe siècle et permet facilement de reconnaître une architecture à l'influence gothique. Lili observait la cathédrale de la place Saint-Michel, sur le côté ouest, face au portail latéral. Elle décida de descendre les escaliers de la fontaine du jet d’eau pour pouvoir l’observer de plus loin. Des remparts entouraient l’édifice, si bien qu’on ne pouvait s’approcher du chœur. Elle se plaça sur la place des Jacobins, en face du côté Sud de la cathédrale, pour pouvoir la dessiner tranquillement. De nombreux arc-boutants associés à des culées venaient dessiner sa façade et soutenir le chœur. Des pinacles venaient ensuite s’élever au-dessus, accentuant l’aspect gothique de l'extérieur. Le choeur était entouré d’une chapelle rayonnante. Les ouvertures accueillant les vitraux étaient des arcs brisés verticaux. Lorsqu’elle eut fini son dessin, elle décida de finir son tour de la cathé- drale en longeant le côté est pour enfin arriver sur le parking de la place du cardinal Grente. Elle se retrouva de nouveau face à la cathédrale. Elle allait enfin pénétrer dans le lieu saint qui la fascinait tant. Elle rentra par une porte à gauche de la grande porte principale, désormais plus utilisée. Sa première réaction lorsqu’elle entra fut l’émerveillement. La cathédrale était impressionnante de par sa taille. Les colonnes délimitant la nef centrale étaient en pierre de taille blanche, très bien entretenues, couronnées de chapiteaux de style corinthien légèrement modifiés. Des voûtes en arc brisé venaient s’implanter entre toutes les colonnes. De plus imposants piliers nervurés s'élançaient vers le plafond, composé de voûtes en croisée d’ogives. Dans le bas-côté droit se trouvaient des informations sur l’histoire de la cathédrale. Elle apprit que la cathédrale avait commencé à être construite vers 1060 et avait été achevée sous sa forme actuelle vers 1430. Elle était faite d’un style roman et gothique angevin, liée à sa construction sur une longue période. En effet, elle avait subi de nombreuses modifications et reconstructions durant plusieurs époques, faisant évoluer son style. Elle décida d’aller observer plus minutieusement le lieu afin de repérer les époques de chaque partie. Elle remarqua effectivement que la nef était d’un style roman tandis que le chœur était d’un style gothique angevin très marqué. La différence des deux styles se superposant au sein du même édifice était très intéressante. Les vitraux étaient la preuve de cette fusion des styles. Dans le bras est du transept, la façade était percée d’une magnifique rosace composée de couleurs flamboyantes. En face, un imposant orgue en bois était disposé dans le bras ouest du transept. Une musique s’en échappait, conférant au lieu une ambiance mystique et solennelle. Elle se dirigea vers le déambulatoire, longeant alors le chœur, puis l’abside, et passant devant le grand sépulcre ainsi que le vitrail de Jeanne d’Arc. Elle toucha enfin son but, la chapelle de la Vierge, la chapelle axiale de l’édifice. Son plafond voûté était constitué de magnifiques peintures religieuses figurant un concert céleste d’anges musiciens sur un fond rouge, datant de la fin du 14e siècle. De magnifiques vitraux bleus et violets rendaient à ce lieu sa beauté d’antan. Elle se demanda à quoi pouvait bien ressembler la cathédrale lors de sa construction au Moyen-Age. Les questions fusaient dans sa tête, est-ce que ses ancêtres avaient vécu sa construction? L’avaient-ils visité par la suite? Et tout simplement, qui étaient ses ancêtres?

Elle se posait toujours de nombreuses questions sur les techniques constructives des maîtres bâtisseurs. Comment une cathédrale aussi imposante et complexe avait pu être construite par de simples hommes? Elle voyait pourtant les grands échafaudages situés à l’extérieur de la cathédrale, permettant d’agrandir le chœur, ainsi que les hommes travaillant dessus, mais elle n’arrivait pas à admettre que l’on puisse faire sortir de terre un tel édifice afin de l’élever vers le ciel. Elle sortit de ses réflexions et se rendit compte que les chants de la messe avaient cessé. Tout le monde commençait à se lever afin de se diriger vers la sortie. Elle ne souhaitait pas partir, tout du moins pas encore. Elle disparu se cacher derrière un des grands piliers, dans le bas-côté. La cathédrale se vidait, et personne ne faisait attention à elle. Le danger de se faire remarquer écarté, elle se détendit et commença à se promener dans le lieu. Elle pouvait enfin observer de près tout ce qu’elle souhaitait. Elle arriva au transept et se tourna vers la grande rosace perçant la façade de gauche. Ses couleurs la faisaient vibrer d’émotions. Le chœur n’était pas accessible au public, si bien qu’elle dû se faufiler entre les barrières pour pouvoir le visiter. Cette partie de la cathédrale était en chantier. Elle remarqua que l’architecture était différente de la nef, mais elle ne comprenait pas pourquoi. Malgré cela, après les travaux, la cathédrale allait être encore plus belle. C’est du moins ce qu’affirmaient les religieux ainsi que les nobles de la ville. Soudain, elle entendit une voix près d’elle. Elle se retourna brusquement et se retrouva face à un prêtre. Il lui ordonna d’une voix ferme de quitter les lieux sur le champ, n’ayant rien à faire ici. Elle frémit de peur, mais tenta tout de même de garder un visage impassible. Il la raccompagna jusqu’à la sortie, lui laissant à peine le temps de se retourner pour voir l’édifice une dernière fois. Aelis partit ensuite en courant se cacher dans la bibliothèque du couvent, son refuge constant. Sa curiosité et son esprit aventureux lui firent se promettre que la prochaine fois, elle s’engagerait encore plus loin dans la cathédrale.

Elle sortit de la cathédrale, élément incontestable du patrimoine français classé Monument Historique, sujette à de nombreuses réflexions, afin de continuer à se promener dans la ville. Puisque ses dessins et relevés étaient terminés, elle pouvait aller se promener dans le Vieux Mans, le parc de Tessé, ou encore le long de la rivière, ses pensées axées sur l’architecture et son esprit remplis de magnifiques souvenirs. Lili jeta un dernier coup d'œil à l’édifice impressionnant, puis lui tourna le dos pour continuer son chemin.

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