G.O Tahiti Environnement
P.E.W Pour
Polynésie française
Diagnostic écologique succinct des habitats marins côtiers de Ua Huka (Marquises)
OLIVIER Guillaume Rapport - Mars 2019
Diagnostic environnemental succinct des habitats marins côtiers de Ua Huka – Mars 2019
Table des matières
INTRODUCTION ............................................................................................................................................................ - 2 1.
Cadre de l’étude.............................................................................................................................................. - 2 -
2.
Situation générale du site étudié : le littoral méridional de Ua Huka ...................................... - 2 -
METHODOLOGIE ET DISPOSITIONS TECHNIQUES ....................................................................................... - 3 1.
Présentation des zones et stations prospectées ............................................................................... - 3 -
2.
Méthodologie d’évaluation des habitats marins côtiers................................................................ - 4 -
RESULTATS .................................................................................................................................................................... - 5 A.
Littérature disponible ....................................................................................................................... - 5 -
B.
Les baies du littoral sud.................................................................................................................... - 7 -
1.
Baie de HANE .................................................................................................................................................. - 7 -
2.
Baies de Manihina et Hiniaehi ................................................................................................................- 13 -
3.
Baie de Hatuana ..........................................................................................................................................- 15 -
4.
Baie de Hokatu (Haamamao) .................................................................................................................- 16 -
5.
Baie de Vaipaee ............................................................................................................................................- 18 C.
Les tombants rocheux ....................................................................................................................- 20 -
1.
Les principaux îlots de l’île ......................................................................................................................- 20 -
2.
Les falaises côtières ....................................................................................................................................- 24 -
SYHNTHESE DES RESULTATS ..............................................................................................................................- 25 DISCUSSION……………………………………………………………………………………………………………………....-31ANNEXES
Figure 1 : Localisation géographique de l’île de Ua Huka ............................................................................................................................... - 2 Figure 2a: Tracé réalisé en bateau le 16 Février.............................................................................................................................................. -3Figure 2b : Distribution spatiale des 18 stations prospectées en PMT du 15 au 19 Février 2019………………………………………………………………...-3Figure 3 : Répartition géographique des substrats de la baie de Hane. Source : DRM. ....................................................................................-8Figure 4 : Habitats marins de la baie de Hane. : B1 - Platier de l’AME B2 - Tombant ouest……………………………………………………….....-9Figure 5a : Peuplements benthiques de la baie de Hane (platier)…………………………………………………………………………………………………………….. -10Figure 5b: Peuplements benthiques de la baie de Hane (tombant, B2)…………………………………………………………………………………………..……….-11Figure 6 : Habitat et populations benthiques du shore la baie de Hane…………………………………………………………………………………………………..……-12Figure 7 : Substrats représentatifs des baies de Manihina et Hiniaehi. Station B5, B6 et B7……………………………………………………………………….…-14Figure 8: Diversité et abondance des poissons observés en baie d'Hatuana. Station B9……………………………………………………………………………….-15Figure 9 : Substrats et peuplements benthiques observés baie de Haamamao (Hokatu). Stations B3 etB4…………………………………………………..-17Figure 10 : Débarcadère de Vaipaee le samedi matin au retour des pêcheurs de la vallée…………………………………………………………………….……. -19Figure 11 : Vue d’ensemble des îlots étudiés. En jaune : les zones prospectées en PMT……………………………………………………………………….…..-20Figure 12 : Habitats et peuplements benthiques autour des îlots émergés…………………………………………………………………………………………………..-23Figure 13 : Bilan moyenné des observations qualitatives des principales familles de poissons au niveau des stations prospectées…….……-28Figure 14 : Schéma synthétique de l’état de santé et des connectivités des principaux habitats écologiques marins…………………………..…..-29Figure 15 : Localisation de quelques zones de pêches traditionnelles « spot » connues et exploités par les Pêcheurs de Ua Huka……..…..-29Figure 16 : Exemple de zones (jaune et blanc) pouvant abriter une réglementation de pêche (rahui) potentiellement efficace.………….…..-32-
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INTRODUCTION 1. Cadre de l’étude Suite { la demande d’un soutien technique pour la mise en place d’un Rahui côtier à Ua Huka, il a été demandé de réaliser un premier diagnostic succinct des environnements marins côtiers de l’île. En effet, la pêche artisanale et commerciale est de plus en plus pratiquée autour de l’île alors que certaines ressources côtières tendent { diminuer. L’objectif de ce document est de présenter les différents habitats marins de l’île, d’évaluer leur état écologique (diversité et vitalité corallienne, diversité benthique, richesse spécifique, sensibilités…) et dégager une première zonation de leurs sensibilités. La commune de Ua Huka pourra ainsi s’en aider pour délimiter une ou plusieurs zones qui pourraient, avec l’aval des pêcheurs locaux, abriter une zone de pêche réglementée sous la forme d’un Rahui côtier.
2. Situation générale du site étudié : le littoral méridional de Ua Huka
Archipel des Marquises
Figure 1 : Localisation géographique de l’île de Ua Huka
Ua Huka est une île du groupe nord des îles Marquises située à 42 km à l'est de Nuku Hiva et 98 km au nord-ouest d'Hiva Oa. L’île affecte la forme d’un croissant de 14 km sur 8 km avec une chaîne montagneuse centrale (740 m) décrivant un demi-cercle sur toute sa longueur. La population de 650 habitants est principalement repartie entre les vallées de Vaipaee, Hane, et de Hokatu, situées sur la façade sud de l’île. Le linéaire côtier est dominé à 90% par des côtes rocheuses alternant ente falaises et plateformes d’érosion. Il est dépourvu de récifs barrières et de lagon, et les hautes falaises tombent directement dans l’océan. Les côtes meubles sédimentaires représentent moins de 10% du linéaire côtier et les côtes artificialisées moins de 1% (Montaggioni et al, 2015). Les baies à semi-protégées se trouvent { l’embouchure des rivières et aux entrées de vallées. Les fonds de ces baies sont en majorités composés de sables blanc et de galets.
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METHODOLOGIE ET DISPOSITIONS TECHNIQUES 1. Présentation des zones et stations prospectées Le travail de terrain a été effectué du 15 au 19 Février 2019. Les baies étudiées ont été prospectées par voie terrestre alors que l’exploration des falaises côtières et des principaux tombants des îlots émergés (motu) a été réalisé en bateau. Au total, 18 stations prospectées et réparties entre les 3 principaux habitats rencontrés:
Les baies semi protégées: De la baie de Hokatu (Haamamao) { l’est jusqu’{ la baie de Hatuana { l’ouest, ce sont les baies les plus fréquentées et exploitées par les habitants. Les nombreuses baies de l’est et du nord de l’île, très peu exploitées et soumises { de fortes conditions, n’ont pas été étudiées lors cette mission ;
Les îlots émergés : Sites écologiquement et culturellement très importants. Les tombants de quatre des principaux îlots ont été prospectés:
Les falaises côtières : Le tombant des versants rocheux abrite de nombreux « spots » fréquentés par les pêcheurs ;
Figure 2a: Tracé réalisé en bateau le 16 Février
Hane
Hokatu
Vaipaee
1 km
Figure 2b : Distribution spatiale des 18 stations prospectées en PMT du 15 au 19 Février 2019.
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2. Méthodologie d’évaluation des habitats marins côtiers
Pour chaque station, les observations se sont faites en PMT sur plusieurs dizaines de mètres (voir centaines pour les baies). La description des stations le long des tombants prend en compte les habitats et les populations occupant les 10-20 premiers mètres de la colonne d’eau en fonction de la visibilité sur site :
Le type d’habitat et de substrat : Description du substrat sédimentaire abiotique (roches, sables, vases…) et du substrat vivant (recouvrement corallien, couverture algale). Les pourcentages de recouvrement ont été estimés sur certains sites selon la « Point Intercept Transect Method » (PITM) ;
La diversité et l’abondance relative des principales familles de poissons consommés ainsi que celles des familles de poissons récifo-sensibles ont été relevées de manière nonexhaustive au niveau du genre, voir de l’espèce pour les individus communs et identifiables. La taille moyenne des individus et la présence de juvéniles ont également été relevées ;
La répartition et l’abondance des principales familles d’invertébrés peuplant le substrat benthique (échinodermes, mollusques, crustacés…) ont été observées. Le temps et le matériel n’ont pas permis d’effectuer de comptage ou d’estimation des stocks de crustacés commerciaux comme la langouste ;
Toute perturbation anthropique (pollutions, coraux cassés…) ou naturelle (blanchissement, nécrose corallienne…) a été relevée. Les résultats de la pré-enquête menée auprès des habitants de l’île par les éco-sentinelles (référent PEW) sont également discutés et confrontés aux observations menées. Les premiers résultats sont présentés annexe 1.
Note : Il ne s’agit pas d’un inventaire complet des peuplements benthiques mais le résultat des observations réalisées lors de la sortie terrain. Cet inventaire (ou été initial de santé) peut-être et doit être réalisé ultérieurement pour plus d’informations quantitatives sur les ressources disponibles concernant chaque espèce et chaque habitat.
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RESULTATS A. Littérature disponible Même si les îles Marquises suscitent un intérêt écologique particulier de part leur position géographique excentrée, relativement peu d’études et de comptages ont été réalisés autour des écosystèmes marins de Ua Huka. La littérature disponible et récente concerne : La géomorphologie du littoral de l’île : -
Physiographie des littoraux tropicaux (Etienne, 2016) ; Récifs coralliens et paysages géomorphologiques littoraux des îles Marquises (Montaggioni et al, 2016) ;
Ces études présentent certaines caractéristiques du paysage du littoral de Ua Huka ainsi que les formations récifales présentes et passées. Les résultats indiquent une quasi-absence de récifs bio-constructeurs autour de l’île. Les populations benthiques : Elles sont répertoriées et discutées dans l’ouvrage scientifique: « Biodiversité terrestre et marine des îles Marquises » (Galzin et al, 2016). Ce travail international et collaboratif présente la synthèse générale des connaissances acquises sur les flores et faunes terrestres, marines (macrofaune marine, peuplements ichtyologiques, invertébrés benthiques…) et d’eau douce des Marquises et sur leurs habitats naturels. Il constitue une référence pour tous les biologistes, naturalistes ou gestionnaires des ressources naturelles. Malgré plusieurs campagnes scientifiques menées sur les poissons des îles Marquises (dont Ua Huka), les poissons côtiers de cet archipel sont encore mal connus. Les études suivantes présentent les résultats de quelques inventaires réalisés autour de l’île : -
Caractéristiques des peuplements de poissons de récif des îles hautes de Polynésie Française : une revue des données disponibles (Galzin et al, 2009) ;
-
Poissons côtiers des Marquises (Planes et al, 2016) p260-290 ;
Les résultats indiquent que la communauté des poissons côtiers des Marquises (dont celle de Ua Huka) est encore mal connue et semble très différente de celles des autres archipels. Planes décrit une richesse spécifique faible mais des abondances et biomasses importantes pour certaines espèces commerciales. La structure trophique décrite est dominée par un couple piscivore/planctophage. La dernière campagne réalisée en 2011 a révélé 20 nouvelles espèces. Actuellement, la liste comprend 498 espèces décrites dont 68 endémiques (13.7%) (Planes, 2016).
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-
Invertébrés benthiques des Marquises (Salvat et al, 2016) ;
Les résultats disponibles indiquent que malgré une grande diversité des habitats littoraux et profonds, la richesse en invertébrés est moindre que celles des autres archipels. Seuls les grands groupes taxonomiques ont été étudiés { ce jour. Le nombre d’espèces d’éponges, coraux, mollusques, crustacés et échinodermes est de près de 1 200 avec une dominance à 90 % des mollusques et des crustacés. De plus, L’isolement géographique de l’île induit une très forte spéciation chez certains groupes comme les mollusques et les crustacés alors qu’elle est nulle pour les coraux (Salvat et al, 2016). -
Macrofaune marine des Marquises (Payriet al, 2016) ; La consommation des algues en Polynésie française : premiers résultats d’une enquête (Conte, 2002) ;
Les résultats indiquent que la végétation marine est dominée par les encroûtements calcaires d’algues rouges, depuis la surface jusqu’{ 40 m de profondeur. Les grands types d’habitats observés à Ua Huka sont essentiellement les plaines sédimentaires, les éboulis, les habitats coralliens dominés par les Porites et les Millepora, les tombants nus et escarpements, et enfin les algueraies. Les îles de Ua Huka et de Nuku Hiva montrent la plus grande diversité (Payri et al, 2016). E.Conte explique que les habitants de Ua Huka cueillent encore de nos jours diverses espèces pour leur consommation. Il a établi une carte de la flore algale et de leur consommation à Ua Huka (annexe 5). Les usages et pressions de pêche autour de l’ile : -
Analyse éco-régionale marine des îles Marquises (2016). Agence des aires marines protégées;
Il s’agit d’un premier état des lieux des connaissances sur le patrimoine naturel et culturel des Marquises. Les campagnes scientifiques associées telles que REMMOA et PAKAIHI I TE MOANA ont été réalisés entre 2011 et 2012. On retrouve certaines stations autour de l’île de Ua Huka. Il s’agit de données collectées diverses en vue d’identifier des zones { forts enjeux. L’AER fournit un état des lieux de la biodiversité marine connue des îles marquisiennes ainsi que les enjeux, pressions et usages associés. Concernant Ua Huka, le résultat des enquêtes menées auprès des habitants de l’île donnent des estimations sur le nombre de pêcheurs et d’embarcations ainsi qu’un inventaire des différentes techniques de pêche utilisées autour de l’île. La gestion communautaire de ressources marines : -
Guide d’utilisation des fiches sur la gestion communautaire des ressources halieutiques. Produit par le Secrétariat général des Communautés du Pacifique :
Ce sont des fiches informatives sur les espèces et les habitats marins présentant un intérêt particulier, ainsi que des recommandations sur les meilleurs moyens de gérer adéquatement les pêcheries.
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B. Les baies du littoral sud Le littoral est parsemé de baies plus ou moins profondes. Les plus protégées sont celles du littoral sud (Vaipaee et Hane). Les nombreuses baies des façades est et nord sont déchiquetées et soumises à de fortes houles et de forts vents. Cette étude se focalisera sur les baies du sud qui représentent à la fois un intérêt écologique et un intérêt pour les populations. Les usages au niveau des principales baies du sud sont multiples (annexe 3): la pêche de proximité (ligne de bord, chasse au fusil, récolte d’algues et mollusques..), des aires de mouillage d’embarcations touristiques et commerciales, ou encore d’activités nautiques telles que le va’a ou le surf (Hane).
1. Baie de HANE La baie de Hane est spécifique. En plus d’être une des plus belles baies de l’île et de faire face à la vallée la plus habitée, elle a déj{ été retenue d’importance écologique puisqu’elle accueille depuis 2015 une Aire marine éducative (Réseau Pukatai). Certaines embarcations touristiques viennent y mouiller et sa plage de sable blanc en fond de baie est prisée par les habitants. La baie est profonde de 800 m et est ouverte au sud sur l’océan sur une largeur d’environ 600 m. Son ouverture est à semi-protégée par la présence du Motuhane culminant à 167m. La baie reste tout de même exposée aux houles orientées sud-ouest. Le fond de baie est une plage de sable alternant avec des galets découverts ou non en fonction du cycle des marées.
Motuhane
Platier
AME Shore
Photo 1 : Vue d’ensemble de la baie de Hane avec en fond le Motuhane culminant à 167m
De part et d’autre de la baie on trouve des falaises rocheuses se prolongeant sous l’eau par des tombants plus ou moins abruptes. Une des caractéristiques de la baie est la présence dans sa partie nord-ouest d’un large platier peu profond et soumis au déferlement des vagues (zone de l’AME). Note : Dans le cadre du programme PUKATAI, un premier état écologique de la baie a été réalisé en 2015 sous la demande de l’Agence des aires marines protégées. Une nouvelle campagne de suivis devrait se dérouler courant 2019.
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1.1 Description des habitats Le platier peu profond (0.5 à 1.5 m) : Substrat majoritairement composé d’herbiers { algues calcaires du genre Halimeda qui colonisent la dalle basaltique (figure 4) ; Le recouvrement corallien est faible (10-15%), seules quelques colonies isolées de Millepora (corail de feu), de Porites massifs et dans une moindre mesure de branchus Pocillopora < 1m (figure 5). L’arrière platier plus profond (1 à 6 m) : Le substrat est une alternance de blocs rocheux, de galets basaltiques et de sables calcaires. Les algueraies d’Halimeda sont moins abondantes ; De belles colonies massives de Porites parfois > 1 m colonisent ces fonds rocheux. Certaines d’entre elles semblent légèrement nécrosées { leur surface. Quelques Pocillopora isolés < 1m. Le tombant ouest : Sur ce versant de la baie, on observe une accumulation de gros blocs basaltiques éboulés. Ces blocs sont colonisés par un recouvrement algal toujours dominé par Halimeda. On note également la présence de rodophytes et algues brunes ; La couverture corallienne semble supérieure à celle du platier et dominée par le genre Millepora (corail de feu) formant des plaques encroûtant métriques (figure 4). Le centre de la baie est homogène et dominé par un fond de sables grossiers
Figure 3 : Répartition géographique des substrats de la baie de Hane. Source : DRM
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Habitat représentatif du platier peu profond de l’AME: algueraies d’Halimeda sur blocs rocheux avec une colonie de Millepora (corail de feu). Station B1
Habitat représentatif du versant ouest : placages de Millepora colonisant les tombants de la baie. Station B2
Habitat représentatif du centre de la baie : touffes éparses d’Halimeda sur sables calcaires.
Figure 4 : Habitats marins de la baie de Hane.
1.2
: B1 - Platier de l’AME
B2 - Tombant ouest
1.2 Les peuplements ichtyologiques La faune piscicole de la baie semble assez peu diversifiée avec une densité en poissons cibles faible à moyenne. Les individus observés sont en général de petites tailles, notamment sur le platier de la baie. Le platier peu profond : La structure trophique du platier semble dominée par les populations de poissons herbivores comme les acanthuridés (chirurgien zébré, chirurgien { points bleus, bagnards…), les chaetodontidés (poissons papillons) et dans une moindre mesure les poissons perroquets (scaridés) dont Scarus Koputea, endémique des îles Marquises. Les petits poissons récifo-sensibles comme les poissons papillons ou les demoiselles (Pomacentridés) sont peu diversifiés et agrégés autour des colonies coralliennes isolées (figure 5). On trouve entre autre la demoiselle endémique des Marquises. -9-
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Quelques individus de poissons piscivores (alimentation en petits poissons) et carnivores comme la loche écarlate marquisienne (serranidés) et 3 carangues bleues (carangidés) ont été observés autour du platier, individus peu nombreux et en général de petite taille. L’observation d’individus juvéniles de Menini (C. bagnard) et de lethrinidés (non identifiés) est à noter. Le tombant du versant ouest : On retrouve en général les mêmes familles de poissons que sur la platier. Les individus relevés, surtout chez les serranidés, les carangidés et les scaridés, semblent plus abondants et de plus grande taille. Les petits poissons de récifs (chromis, demoiselles, papillons) semblent occuper les colonies coralliennes installées sur les blocs éboulés ; Plusieurs bancs de vivaneaux à raies bleues (Lutjanus Kasmira) ont été relevés le long des tombants les plus éloignés du shore (kakope).
Oursin Tripneustes sp. Espèce abondante sur la dalle du platier
Loche écarlate (Ta’aiao)
Chromis noir et blanc (endémique des Marquises)
Chromis vert-bleu des Marquises s’abritant dans un corail de feu
Exemple de colonies coralliennes caractéristiques des baies de Ua Huka avec leurs poissons de récif associés (Station B1) ; A gauche : corail branchu Pocillopora Eydouxi ; Au centre, Pocillopora non identifié (P. Molokensis ?) ; A droite : corail massif de Porites Lobata.
Figure 5a : Peuplements benthiques de la baie de Hane (platier – station B1)
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Banc de lutjanidés (L.Kasmira – Kakope) au niveau du tombant ouest de la baie
Présence de piscivores (loche écarlate) et d’herbivores (chirurgien) colonisant l’arrière platier
Chirurgien à points bleus (C. Marginatus)
Chirurgien rayé (A. Lineatus)
5 Peuplements benthiques représentatifs du tombant ouest de la baie de Hane - Station B2 :
1
3
1. Coraux branchus calcifiés (morts) 2. Placage de Millepora (corail de feu encroûtant) 3. Eponge noire filtreuse abondante dans la zone
4
4. Agrégats d’oursins (Echinotrix sp)
2
Figure 5b : Peuplements benthiques de la baie de Hane (Arrière platier et tombant - station B2)
Durant la prospection, un requin de récif à pointe noir et une tortue non identifiée ont été également observés, indiquant la présence de macrofaune sur le platier de la baie.
1.3 Les peuplements d’invertébrés Les grands groupes taxonomiques d’invertébrés représentés dans la baie sont les éponges, les échinodermes et les mollusques. Chez les invertébrés mobiles, de nombreux individus d’oursins Tripneustes colonisent les algueraies du platier. Sur les replats rocheux plus en profondeur, on note des agrégats de dizaines d’individus d’oursins brouteurs Echinotrix sp et dans une moindre mesure de Diadema sp (longs piquants). Chez les crustacés, seuls quelques crabes communs observés – aucune langouste relevée. Au niveau des invertébrés sessiles, on note une forte abondance d’éponges noires filtreuses posées sur le substrat benthique (figure 5b).
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Le Shore de la baie
A gauche : zone intertidale du fond de baie composée de galets rocheux et sables calcaires grossiers. Au centre : échantillon de gastéropodes récoltés sur le shore et d’algues colonisant les galets et interstices. A droite : individus d’holothuries filtreuses (rori)
Figure 6 : Habitat et populations benthiques du shore la baie de Hane
1.4 Les sensibilités L’abondance et la diversité des principales familles de poissons consommés et récifosensibles semblent inférieures à celles observées dans les lagons des autres archipels de Polynésie ; Les herbiers denses en Halimeda du platier (zone de l’AME) semblent abriter de potentielles zones de nurseries et aires de développement de juvéniles, comme pour les acanthuridés, les labridés ou encore certains lethrinidés (juvéniles observés sur le terrain) ; La présence de poissons halieutiques de belles tailles le long des tombants de la baie pourrait indiquer que la pression de pêche sur ces habitats est relativement faible ; Certaines colonies de coraux branchus Pocillopora sont mortes et calcifiées. De plus, des colonies de Porites massifs semblent nécrosées sur leur surface. Les apports terrigènes de la rivière lors de fortes pluies pourraient en être en partie responsables ; Le projet de débarcadère, s’il voit le jour, pourrait impacter sur ces sensibilités en modifiant notamment l’hydrodynamisme local et les apports sédimentaires (Voir résultat de l’étude d’impact).
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2.
Baies de Manihina et Hiniaehi
Ces deux baies voisines se situent entre les vallées de Vaipaee et Hane. Elles sont séparées par l’aérodrome et sont accessibles en 4x4 par des chemins de terre. Elles sont bien moins encaissées que celle de Hane, peu profondes et ouvertes au sud sur l’océan. Certains habitants viennent y passer les dimanches et y pratiquer entre autres la pêche à la ligne et au fusil.
HI
Aérodrome
Système plage-dune
MANIHINA Photo 3: Vue d’ensemble des baies de Manihina, à gauche et Hiniaehi, à droite
HINIAEHI
2.1 Description des habitats Les habitats benthiques de ces deux baies sont représentatifs des baies de l’île. Les peuplements benthiques et la faune ichtyologique associés sont homogènes d’une baie { l’autre : Le substrat benthique est majoritairement représenté par une alternance de roches et galets basaltiques tapissés par les algues calcaires Halimeda (figure 7). Au niveau du versant des baies, on retrouve de gros blocs éboulés. Les sables calcaires dominent au centre des baies, notamment à Manihina ; La couverture corallienne est relativement faible (<10%) avec quelques colonies éparses de Porites < 1m et partiellement nécrosées. Quelques patchs de Pocillopora sont à noter. Comme en baie Hane, les coraux encroutant du genre Millepora colonisent les blocs et replats des tombants ; La couverture algale est dominée par les algues calcaires Halimeda, certaines rodophytes et algues brunes sont également présents le long des tombants (figure 7); Note : Dans son étude sur la consommation des algues en Polynésie (2002), E.Conte décrit la baie de Hiniaehi et Pahonu (au pied de l’aérodrome) comme des lieux prisés pour le ramassage de certaines algues et mollusques par la population locale. (Annexe 5).
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2.2 Peuplements ichtyologiques La faune piscicole observée est relativement identique à celle de la baie de Hane (Voir 1.2 ; fig 5a et 5b). La structure trophique est dominée par le couple herbivores/piscivores. La dizaine d’individus de poissons carnivores observés, tels que les loches, lutjans, carangues bleues et becs de canne (lethrinidés) semblent en majorité de petite taille (< 30 cm), sauf pour 3 gros individus de carangidés relevés station B7, le long du tombant. Une raie marbrée et une tortue ont été observées baie de Manihina. Mise à part pour A.Triostegus (Menini), peu de juvéniles ont été observés dans la zone.
2.3 Les peuplements d’invertébrés La distribution des grands invertébrés semble relativement identique à celle de Hane : Belle abondance de Tripneuste sp au niveau des prairies d’Halimeda peu profondes, et d’Echinotrix sp sur les substrats rocheux plus profonds formant des agrégations de plusieurs dizaines d’individus. Deux spécimens de poulpe commun observés. Ils prennent refuge dans les anfractuosités rocheuses et sont d’ailleurs très recherchés et appréciés par les pêcheurs.
Porites Lobata partiellement nécrosé
Algueraie du genre Halimeda
Blocs basaltiques morts
Algue brune Chnoospora
Oursin Tripneuste sp
Figure 7 : Substrats représentatifs des baies de Manihina et Hiniaehi. Station B5, B6 et B7
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Rodophytes
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3. Baie de Hatuana Les pêcheurs semblent l’apprécier notamment pour la chasse sous-marine le long de macro blocs éboulés. En effet, la faune piscicole de la baie semble relativement riche et diversifiée. Les principales familles de poissons observés sont proches de celles des autres baies de l’île (figure 8). On relève une abondance d’individus de taille moyenne { grande supérieure { celle relevée dans les autres baies. De nombreux nasons, grands chirurgiens et lutjanidés circulent dans la zone. Plusieurs spécimens de S. Koputea (perroquet endémique) > 50 cm. Chez les petits poissons de récif, on note une spécificité avec une forte abondance de Chaetodontidés. La baie est pauvre en couverture corallienne. On note quelques jeunes colonies de Pocillopora branchus qui semblent coloniser les flancs rocheux récemment écroulés.
Figure 8: Diversité et abondance des poissons observés en baie d'Hatuana. Station B9
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4. Baie de Hokatu (Haamamao) La baie de Hokatu (ou baie de Haamamao) est ouverte sur l’océan. Le tombant ouest de la baie a été prospecté, ainsi que la petite baie de la pointe Mataka (Tracé en jaune). Les habitats de cette baie diffèrent des précédentes. En effet, la baie est beaucoup plus ouverte et les tombants soumis au ressac des vagues. Les eaux y sont également plus profondes. La particularité géomorphologique du tombant ouest est une terrasse sous-marine d’une cinquantaine de mètres de large située entre 5 et 15 m de profondeur. C’est une zone riche et appréciée des pêcheurs de la vallée.
Hokatu
Baie Haamamao
MANIHINA
HINIAEHI
4.1 Description des habitats Le substrat du tombant ouest est majoritairement basaltique, l’érosion mécanique de la terrasse forme de nombreuses cavités et marmites (figure 9) ; La couverture corallienne est relativement faible voir absente à certains endroits. On relève tout de même la présence des genres déjà observés (Porites, Millepora, Pocillopra). Dans les eaux plus calmes des replats de la terrasse, les Millepora forment des placages parfois décamétriques (figure 9) ;
4.2 Peuplements benthiques La faune piscicole semble diversifiée. Les eaux de surfaces agitées sont riches en poissons planctophages. De nombreux bancs de poissons-pavillons (hoho’e) y circulent. Plus bas dans la colonne d’eau, acanthuridés et scaridés sont présents en nombre sur le fond de la terrasse, broutant le tapis algal. Plus en profondeur, le long du tombant de la terrasse (15-20 m), des individus de grosses tailles sont observés : gros chirurgiens, nasons à rostre court, saupes (nenue), bancs de lutjans et carangidés dont 4-5 gros individus > 50 cm. Aucun serranidé observé lors cette prospection. Les petits poissons de récifs semblent moins représentés que dans les baies plus protégées.
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On note une abondance spécifique en échinodermes : nombreux agrégats d’oursins brouteurs (Echinotrix sp) sur les replats profonds, ainsi qu’une belle densité d’oursins crayons (H. Trigonarius) logés dans les anfractuosités rocheuses (figure 9).
Habitat représentatif de la terrasse-sous-marine du tombant ouest avec des anfractuosités métriques (marmite). Station B3
Substrat du tombant, tapis corallien (placages de Millepora et colonies de Porites lobata)
Agrégats d’oursins brouteurs (Echinotrix sp) sur replat de terrasse
Oursin crayon (H. Trigonarius) logé dans son anfractuosité rocheuse. Tas de coquilles indiquant la forte pression sur cette espèce
Banc de C. Bagnards (Menini) en train de brouter les algues du substrat
Saupes (Nanue)
Banc de poissons-pavillons planctophages (eaux superficielles)
Figure 9 : Substrats et peuplements benthiques observés baie de Haamamao (Hokatu). Stations B3 etB4
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5. Baie de Vaipaee
Photo 2 : vue d’ensemble de la baie de Vaipaee
La baie de Vaipaee est profonde d’environ 1000 m pour seulement une largeur de 150 m. Cette configuration la protège des houles et abrite donc le seul quai de débarquement de l’île. Les eaux de la baie sont très turbides car fortement impactées par les apports terrigènes de la rivière en fond de baie (flèches noires). La forte turbidité lors de la mission n’a pas permis de mise { l’eau dans la partie intérieure de la baie. Les précédentes missions de la campagne Pakaihi i te Moana ont mis en évidence la présence d’une nurserie { requins en sortie de baie (requin marteau halicorne et requin gris ; cercle vert). Le témoignage des pêcheurs indique également la présence abondante de plusieurs espèces de squales dans cette zone fortement sédimentée et donc riche en nutriments. Plusieurs individus de requins gris ainsi que de raies marbrées et pastenagues ont été observés près du débarcadère, attirés par les victuailles jetées à la mer par les pêcheurs. De manière générale, les grandes baies polynésiennes jouent le rôle de nurserie où les femelles viennent mettre bas et où les juvéniles y grandissent avant de se disperser (Taquet et al, 2015). Les eaux en sortie de baies s’éclaircissent et certains tombants sont fréquentés par les pécheurs au fusil et pour le ramassage de langoustes. Nous avons pu assister au retour de la pêche le samedi matin et ainsi observer les prises, les types d’embarcations et les techniques de pêche utilisées (figure 10).
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Tri et nettoyage de la pêche du jour sur le quai de Vaipaee (Poissons de ligne)
Découpe des filets de thon directement sur le quai
Matériels de pêche utilisés lors des sorties en mer : fusils, lignes pélagiques et cannes à pêche
Spécimens de thonidés attrapés près du DCP
Embarcation type Poti marara (150 cv)
Figure 10 : Débarcadère de Vaipaee le samedi matin au retour des pêcheurs de la vallée
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C. Les tombants rocheux 90 % du littoral de Ua Huka est composé de falaises rocheuses se prolongeant sous l’eau et formant des habitats écologiques clés. On distingue les tombants des îlots émergés de ceux des falaises côtières.
1. Les principaux îlots de l’île Plusieurs édifices émergés se dressent autour de l’île. Le plus haut culmine { 157 m au dessus-du niveau de la mer (Motuhane). Les falaises rocheuses de ces îlots sont en général abruptes et se prolongent sous l’eau. Elles forment des habitats écologiques clés fortement exploités par les pêcheurs de l’île. Certains îlots comme Hemeni et Teuaua constituent des zones de préservation uniques pour certaines espèces d’oiseaux marins comme la sterne fuligineuse (Sterna Fuscata), entre autres.
Motuhane
Motupapa
Hemini Teuaua
Figure 11 : Vue d’ensemble des îlots étudiés. En jaune : zones prospectées en PMT
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1.1 Description des habitats Les habitats marins et les écosystèmes associés autour des îlots ont des caractéristiques relativement homogènes, typiques des côtes rocheuses marquisiennes. Le résultat des observations est donc synthétisé. Les spécificités propres à chacun des îlots sont également relevées. Ce sont des zones fortement soumises au battement des vagues. Dans une majorité de sites, les tombants présentent des ruptures de pente (ou replats) pouvant former des terrasses sousmarines. On différenciera donc deux habitats géomorphologiques distincts :
Les tombants nus et abrupts : Motu Teuaua et Tekohai. La façade est quasi-verticale et faiblement colonisée par les substrats benthiques ;
Les tombants à rupture de pente (avec escarpements ou terrasses sous-marines) : les ruptures de pente forment des replats favorables { l’implantation de coraux encroûtant et d’échinodermes. C’est notamment le cas autour de Motuhane (face ouest) et Motupapa ;
Le substrat benthique est composé de roches volcaniques colonisées par des algues calcaires, les corallinacées ainsi que par des coraux dominés par les plaques encroûtant de Millepora (corail de feu) parfois décamétriques dont le recouvrement peut atteindre 50% à certains endroits (figure 12). On note aussi quelques colonies éparses de Pocillopora et de Porites.
1.2 Peuplements ichtyologiques Les prospections menées le long des tombants des principaux îlots permettent de dégager certaines sensibilités dans la composition et l’état écologique de la structure trophique. La faune piscicole semble beaucoup plus abondante et diversifiée que dans les baies (figure 12): La structure trophique autour des îlots est dominée par un couple planctophage/piscivore : cette structure varie généralement en fonction de la profondeur :
Les eaux superficielles agitées :
Eaux agitées et riches en plancton. De nombreux bancs de poissons-pavillons planctophages sont observés. Les zones de ressac abritent également les herbivores de petite taille qui circulent en groupe (ex : C.Marginatus, A.Lineatus et A.Triostegus) ; Banc de bécunes (prédateurs) observé à Tekohai ; On note la présence de juvéniles et de stades larvaires de saupes (nenue) et de petits carangidés, notamment autour du Motupapa;
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Les ruptures de pentes :
Les replats géomorphologiques de certains sites semblent offrir un habitat propice pour les brouteurs (acanthuridés) et les petits poissons de récif. Ils prennent refuge dans les algues calcaires et au niveau des colonies coralliennes ; A l’inverse, ils sont très peu présents voir absents le long des tombants nus verticaux. On relève à cet étage des individus carnassiers comme les lutjans et carangues, qui viennent y chasser.
Les eaux profondes :
Au-delà des 10-15 mètres de profondeur, on retrouve des individus d’herbivores de plus grosse taille, solitaires ou en petits groupes comme des nasons (N.Unicornis), des chirurgiens à nageoires jaunes (A.Xanthopterus) ou encore quelques gros spécimens de poissons perroquet (2 à 3 individus > 50 cm par site); La diversité et la biomasse des espèces piscivores-carnassières relevées semblent nettement supérieures à celles des baies et des eaux superficielles. Les tombants prospectés abritent pour la plupart les principales familles de carnassiers consommés. Grands bancs de lutjans (L.Kasmira) observés sur de nombreuses stations (M4, M6, M7) ainsi que de gros individus de perches solitaires non identifiées. Les serranidés (mérous et loches), en général discrets, semblent présents dans les renfoncements et cavités profondes, mais ont peu été observés. Seulement deux individus de loches mouchetées (E. Tauvina) relevés station M3 et un mérou céleste, station M7 ; Les carangidés semblent relativement abondants. De gros individus circulent dans la colonne d’eau parfois > 50 cm ; Au niveau de la macrofaune, trois individus de raies Mobula observés autour du motu Teuaua (figure 12), deux individus de requins gris et un groupe de barracuda (motu Tekohai,) ;
1.3 Peuplements d’invertébrés Forte abondance d’oursins brouteurs colonisant les ruptures de pente (figure 12), notamment autour de Motuhane et Tekohai (pied de falaise) ; Ils sont bien moins représentés le long des tombants nus verticaux ; L’espèce d’oursin crayon vert (H. Trigonarius) est particulièrement abondante autour du Motupapa avec de nombreux individus logés dans les anfractuosités rocheuses. La forte densité d’échinoderme le long de certaines pentes douces pourrait être en partie responsable de la pauvre couverture algale observée ; Les cavités et renfoncements de nombreux tombants rocheux semblent des habitats propices pour les langoustes. Ces cavités sont bien connues des pêcheurs mais n’ont pas pu être prospectées lors de ce travail de terrain.
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Populations benthiques caractéristiques des ruptures de pentes du Motuhane (M1) : Pocillopra et poissons associés ; oursins brouteurs
Chirurgien zébré (Lineatus) broutant le substrat algal superficiel Station M3
Recouvrement corallien pouvant atteindre les 50% localement (Millepora et Porites) - Station M2
Eaux superficielles soumises au ressac : Banc de Poisson-pavillons planctophages
Poissons piscivores : carangues bleues et banc de lutjans dans les eaux plus profondes (10-15m) - Station M7
Prises du jour lors des prospections autour des îlots. Echantillon représentatif de la diversité et de la taille des poissons exploités par la pêche artisanale
Raie Mobula observée le long du tombant Teuaua
Figure 12 : Habitats et peuplements benthiques autour des îlots émergés
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1.4 Sensibilités
Les Motu sont culturellement importants pour les habitants et représentent une valeur halieutique conséquente. Les pêcheurs viennent y chasser au fusil et à la ligne, depuis la côte avec ou sans embarcation ; Les îlots semblent agir comme de véritables DCP naturels. On y retrouve une grande partie de la chaîne trophique avec une distribution spécifique à chaque étage ; Les eaux superficielles abritent de nombreuses larves et juvéniles soumises aux grés des courants ; La macrofaune semble riche avec la présence de gros poissons pélagiques et de super prédateurs; Les renfoncements et cavités le long des tombants forment des habitats clés pour certains poissons carnassiers ainsi que les décapodes comme la langouste verte ; Certains îlots sont des zones de préservation uniques pour certaines espèces d’oiseaux marins. C’est le cas des motu Hemini et Teuaua qui abritent notamment des colonies de sternes fuligineuses (Sterna. Fuscata) ;
2. Les falaises côtières Les prolongements des falaises côtières sous l’eau sont en général verticaux et peu colonisés par le substrat biotique. Ces habitats semblent relativement homogènes autour de l’île. Certaines particularités géomorphologiques forment des escarpements ou des renfoncements en pied de falaise. Ces « spots » sont exploités par les pêcheurs qui viennent notamment y récolter les gros crustacés présents (langoustes, crabes…) ou chasser les gros individus carnassiers qui s’y réfugient (tombant de la pointe est – sortie de Vaipaee, entre autres). Les sites explorés (T1, T2 et T3) indiquent que la structure trophique semble proche de celle observée autour des îlots mais les abondances et la taille des individus semblent inférieures. Beaucoup d’espèces commerciales circulent le long de ces côtes rocheuses et s’y abritent. Au pied des falaises, on retrouve un substrat sableux parfois colonisé par les éponges filtreuses, quelques coraux isolés et de nombreux échinodermes en agrégats.
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SYHNTHESE DES RESULTATS
Les résultats de cette étude, bien que succincte, permettent de dégager certaines sensibilités au niveau des principaux habitats écologiques côtiers de l’île de Ua Huka :
Les baies semi-protégées Les principales baies de l’île représentent des habitas écologiques majeurs. Leur état de santé semble relativement bon avec des écosystèmes associés assez homogènes d’une baie { l’autre ({ l’exception de la baie d’Hatuana). Le substrat benthique des baies est en général dominé par des prairies d’algues calcaires sur galets ou blocs éboulés. La structure trophique semble dominée par les familles d’herbivores comme les acanthuridés et dans une moindre mesure les scaridés. Cette domination semble directement liée à la forte couverture algale consommée par ces derniers. Les petits poissons récifo-sensibles sont présents mais relativement peu abondants. Ils se concentrent pour la plupart autour des colonies coralliennes des eaux peu profondes. Leur diversité et abondance semblent bien inférieures à celles observées dans les lagons des autres archipels de Polynésie. Les baies abritent certaines espèces endémiques comme la demoiselle des marquises observée dans la majorité des sites. D’autre part, les baies semblent attirer certaines familles de poissons piscivores – carnassières comme les lutjanidés, les serranidés et carangidés, entre autres. Ces familles de prédateur viennent y chasser et s’abriter sur les platiers et tombants de baies soumis au ressac des vagues. Leur abondance reste faible à moyenne et les individus observés sont général de petite taille. On note un gradient de taille de petit à moyen, du fond de baie à la sortie de baie. En effet, plus on s’éloigne du bord de plage, plus la taille des individus observés augmente. Au niveau de la macrofaune, requins et raies semblent également circuler dans les baies. Les sorties de rivières chargées en nutriments et les prairies d’algueraies leur offrent un environnement propice pour y chasser. Une nurserie de requin gris et marteau a été mise en évidence baie de Vaipaee. La présence de ces populations dans les baies semble indiquer une faible pression de pêche sur ces espèces.
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De plus, les baies paraissent jouer un rôle fondamental dans le cycle de développement de certaines espèces côtières car de nombreux juvéniles ont été observés, notamment au niveau des platiers et algueraies peu profonds riches en Halimeda. De nombreuses espèces halieutiques passent leur stade juvénile { l’abri dans les algueraies avant de migrer vers les eaux plus profondes { l’âge adulte. P. Keith décrit également ces habitats comme des aires de ponte potentielles de certains décapodes comme la langouste verte (Oura miti) ou les cigales de mer (Tiane’e). La pression de pêche au niveau des baies semble faible. La petite taille des individus de poissons halieutiques limite l’exploitation commerciale de ces habitats, plutôt soumis à des pêches occasionnelles et { la collecte d’invertébrés.
Les baies sont des environnements clés au sein de l’écosystème de l’île. Même si la densité et la taille en poissons commerciaux sont relativement faibles, les algueraies et colonies coralliennes isolées offrent un refuge prisé par les espèces herbivores et récifosensibles ainsi que de potentielles aires de nurseries et de développement de juvéniles.
Les tombants rocheux et îlots
Les tombants rocheux représentent 90 % des habitats marins autour du linéaire de Ua Huka et de ses îlots. Ils sont caractéristiques des côtes rocheuses volcaniques des îles hautes des Marquises. Les eaux de surface sont riches en plancton et soumises à un fort hydrodynamisme. Ce sont les habitats côtiers les plus exploités par les pêcheurs, notamment pour les carnassiers. Les motu autour de l’île agissent comme de véritables DCP (Dispositif de concentration en poissons) formant des niches écologiques. Les tombants sont en général abruptes et colonisés par une faune benthique assez homogène. Le substrat des premiers mètres est en général dominé par les algues et rodophytes. Plus bas dans la colonne d’eau (entre 5 et 15 m) on retrouve des plaquages coralliens dominés par Millepora (Corail de feu), quelques Porites parois métriques et les algues coralines. Les strates plus profondes n’ont pas été étudiées. De manière générale, plus la pente est douce, plus les roches sont colonisées par les substrats biotiques tels que les encroutements coralliens, les algues et invertébrés associés.
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L’érosion mécanique des terrasses et tombants rocheux forme des habitats caractéristiques et écologiquement importants (cavernes, marmites et grottes sousmarines). Ces habitats forment des niches écologiques pour certaines populations halieutiques comme les serranidés pour les poissons et les langoustes chez les crustacés. La faune piscicole des tombants diffère de celle des baies : elle est relativement riche et abondante, particulièrement autour des îlots Teuaua et Tekohai. La faune ichtyologique semble dominée par les piscivores même si les herbivores comme les chirurgiens ou les scaridés semblent présents. Les individus observés lors des mises { l’eau sont en général de grande taille, notamment chez les carangidés, les lutjanidés et quelques serranidés. Les familles présentes plus en profondeur, au-del{ des 20 mètres, n’ont pas pu être étudiées lors de ce travail. Les petits poissons de récif, eux, sont peu diversifiés et se concentrent le long des pentes douces et escarpements où les coraux peuvent s’y développer. Ces symbioses coraux – poissons de récif sont très importantes car offrent de la nourriture pour leurs prédateurs. La macrofaune observée indique que certaines familles de super prédateurs tels que le requin ou le barracuda viennent chasser autour de ces îlots. Chez les invertébrés, les échinodermes sont relativement abondants, notamment dans les zones de replat ou de rupture de pente. Cette abondance pourrait expliquer le faible recouvrement algal de ces environnements. La pression de pêche autour des îlots et le long des falaises côtières semble moyenne à forte. Ce sont des zones relativement faciles d’accès, proches du littoral et relativement abondantes en espèces halieutiques. Les inventaires réalisés lors de campagnes scientifiques et les résultats des enquêtes menées ces dernières années auprès des habitants de l’île semblent indiquer une nette diminution en abondance et en taille de certaines espèces comme les mérous, les nasons ou les poissons perroquets. La diminution des stocks et des tailles des populations de langoustes inquiètent de plus en plus les pêcheurs de l’île, d’autant que le volume des commandes augmente.
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Les tombants rocheux du linéaire côtier et ceux des îlots semblent être des habitats clés pour les espèces halieutiques les plus exploitées. Les îlots agissent comme des DCP naturelles et leurs caractéristiques géomorphologiques (grottes sous-marines, cavernes) offrent des habitats précieux pour certaines espèces de poissons carnassiers et de gros crustacés. La pression de pêche semble relativement forte et pourrait être responsable de la diminution en abondance et en taille de certaines espèces halieutiques.
Baies semiprotégées
Tombants rocheux (0-20m) Principales familles de poissons cibles récifo-sensibles Chaetodontidés (Poissons papillons) Pomacentridés (Demoiselles, chromis…) Acanthuridés (Chirurgiens, nasons…)
+++ ++ ++
+ + +
Tombants des îlots (0-20 m)
+ + ++
Principales familles de poissons cibles consommés Serranidés (Mérous, loches…) Canrangidés (Carangues) Lutjanidés (Perches, vivaneaux...) Scaridés (Poissons perroquets) Lethrinidés (Becs de cane) Taille moyenne des spécimens observés Juvéniles observés
+ + + ++ +
+ ++ + + -
+ +++ +++ ++ +
Petite
Moyenne à grande
Moyenne à grande
++
-
+
Figure 13 : Bilan moyenné des observations qualitatives des principales familles de poissons au niveau des stations prospectées. Individus solitaires ou peu nombreux (+) ; Plus de 10 individus observés (++) : Dominance dans la structure trophique (+++)
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Figure 14 : Schéma synthétique de l’état de santé et des connectivités des principaux habitats écologiques marins.
Même si les prises les plus volumineuses se font dans les eaux plus profondes à plusieurs miles des côtes, ou encore autour des DCP, la pêche de proximité exerce une pression relativement forte et régulière, notamment le long des littoraux sud et ouest de l’île (figure 15). Certaines zones de pêche sont accessibles depuis le rivage, d’autres nécessitent des embarcations motorisées. A ajouter à cela, les habitants témoignent ponctuellement de la venue d’embarcations de pêches appartenant { des îles voisines (le plus souvent de nuit et le long des côtes sud et ouest). La majorité des prises sont consommées sur l’île mais on note une demande de plus en plus forte en commandes depuis Tahiti, notamment durant les périodes de fêtes. En 2017, 9 tonnes de poissons et de crustacés ont été exportés (DPAM). Figure 15 : Localisation de quelques zones de pêches traditionnelles « spot » connues et exploitées par les Pêcheurs de Ua Huka (non exhaustif). : Pêche à la langouste : Pêche à la ligne et au fusil. Source : Témoignages recueillis auprès des pécheurs et pré-enquête menée auprès des habitants.
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La langouste : un enjeu commercial important
Les enjeux économiques autour de certains crustacés comme Panulirus penicillatus (langouste fourchette, ou à grosse tête) sont à considérer dans le choix de la zone. Il serait en effet peu intéressant de préserver une zone où le crustacé est peu présent ou peu exploité. On rappel que les langoustes sont carnivores-détritivores et se nourrissent principalement aux dépends des mollusques et d’échinodermes. La langouste occupe de manière homogène les tombants sous-marins. Elles sont amenées à circuler et se déplacer le long des tombants et ponctuellement dans les baies pour chercher sa nourriture ou potentiellement y pondre ses œufs dans les herbiers. Par la suite, les larves dérivent aux grés des courants pouvant parcourir de nombreux kilomètres. Seulement un individu sur cent parviendra à maturité. La maturité sexuelle est atteinte au bout de 3 à 5 ans selon les espèces avec une espérance de vie autour des 10 ans. Il semble que chez de nombreuses espèces, les individus se reproduisent toute l’année, avec parfois un pic durant la saison chaude. La pêche à la langouste représente un intérêt commercial important pour certains pêcheurs de l’île. Les prises peuvent atteindre 200 kg de crustacés par sortie afin de répondre aux commandes d’autres vallées ou d’autres îles. Aucune étude ne présente de résultats quantitatifs sur les stocks mais tous les pêcheurs s’accordent { dire que les tailles et les abondances tendent à diminuer.
Cycle de reproduction de la langouste verte Source : fiches de gestion communautaire des ressources haleitiques SPC CPS
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Discussion Au vu de l’état écologique des habitats côtiers de l’île, la mise ne place d’une gestion commune des ressources côtières serait une bonne décision. Les stocks de poissons halieutiques et de crustacés consommés semblent corrects mais une baisse de l’abondance et de la taille de certains poissons cibles et fruits de mer semble être observée depuis plusieurs années. La décision d’une gestion commune des ressources marines implique de prendre en compte toutes les catégories de pêcheurs, du pêcheur occasionnel au pêcheur professionnel motorisé. Protéger certains des habitats écologiques du littoral de manière préventive sous la forme d’un rahui côtier adapté permettrait d’assurer et de pérenniser les stocks halieutiques pour les années et les générations à venir. Une communauté de pêcheurs s’attend { ce qu’une interdiction de la pêche dans une zone de sa pêcherie traditionnelle finisse par entraîner une augmentation des prises de poissons dans les zones adjacentes : c’est le phénomène de pêche par débordement. Afin que cette mise en place soit efficace et durable, il est conseillé de suivre certaines conditions techniques afin de maximiser les chances de réussite :
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Le linéaire côtier protégé doit représenter au minimum 20 à 30% de la bande littorale régulièrement exploitée (dont les motu). L’isobathe des 100 m pourrait être une limite du large ;
-
Tous les habitats doivent y être intégrés et connectés entre eux (algueraies des baies, tombants rocheux côtiers et îlots émergés);
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Toute pression de pêche devrait y être interdite pour ne pas perturber les chaînes alimentaires ;
-
La durée d’interdiction doit être la plus longue possible pour maximiser les chances de réussite (3 à 5 ans minimum) ;
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La réalisation d’un inventaire complet de l’état écologique de la zone définie et d’un suivi écologique pendant et après sa mise en place.
Les aspects touristiques et culturels peuvent également être pris en compte (spécificité écologique, sites de plongée, sites archéologiques…).
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La figure ci-dessous présente un exemple de deux zones pouvant potentiellement être efficaces. Elles répondent aux conditions précédentes : Un linéaire côtier d’au moins 10 km prenant en compte les différents habitats écologiques connectés entre eux (Baies, tombants et îlots). Les populations de poissons et de crustacés peuvent alors circuler entre les différents habitats sans subir de pression de pêche (flèches noires). Ces ressources resteront accessibles dans les zones adjacentes par phénomène de débordement (flèches blanches).
Figure 16 : Exemple de zones (jaune et blanc) pouvant abriter une réglementation de pêche (rahui) potentiellement efficace. Bande rouge : zone de rahui actuellement en test par la population.
Il est possible d’adapter les zones de pêches réglementées. -
Une rotation entre deux zones peut être envisagée afin de limiter les pressions chez des espèces comme la langouste (minimum une année).
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Une réglementation ciblée pour les espèces les plus menacées. Une première zone peut être définie comme interdite à tout type de pêche (bénéfique pour les populations de poissons) et une autre, plus large, interdite {
l’exploitation des crustacés comme la
langouste ou le crabe (toetoe) afin d’optimiser les réussites de gestion durable sur ces espèces en particulier. - 32 -
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Une fermeture temporaire de pêche lors des « concentrations de reproducteurs ». Certaines espèces comme les lutjans, les mérous ou les carangues se regroupent en nombre sur leurs aires de reproduction (parfois en sorties de baies). Ces regroupements se font en général lors des nouvelles lunes ou des pleines lunes.
Il est important de souligner que si ces mesures se veulent efficaces dans le temps, la population doit s’engager { respecter les règles de gestion que la communauté elle-même doit faire appliquer. La sélection de la zone doit se faire en accord entre les résultats des observations scientifiques, l’avis des décisionnaires et surtout mettre en avant l’avis concerté des pêcheurs, principaux concernés et observateurs de leurs ressources.
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Bibliographie Agence des aires Marines Protégées (2016). Analyse éco-régionale des îles Marquises. CONTE E. & PAYRI C. (2002) La consommation des algues en Polynésie française : premiers résultats d’une enquête. Journal de la Société des Océanistes. Galzin R., Duron S.-D. & Meyer J.-Y. (eds), 2016. Biodiversité terrestre et marine des îles Marquises, Polynésie française. Paris: Société française d’Ichtyologie. 526 pages. P. KEITH (2002). Revue des introductions de poissons et de crustacés décapodes d’eau douce en Polynésie. Bull. Fr. Pêche Piscic. (2002) 364 : 147-160 RICHER de FORGES, B. & LABOUTE, P., (1995). - Langoustes, langoustines et cigales de mer de Nouvelle-Calédonie. In : Etudes& Thèses, Volume 2, ORSTOM : Paris : 45-82. Paris ISBN KULBICKI MICHEL, Galzin R., Lison de Loma T., Madi Moussa K., Vigliola L. (2009). Caractéristiques des peuplements de poissons de récif des îles hautes de Polynésie française : une revue des données disponibles : rapport de convention EPHE-AAMP. Perpignan : IRD, 107 p. multigr.
Fiches de gestion communautaire Communauté du Pacifique, 2012
des ressources halieutiques © Secrétariat général de la
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Annexe 1 : Résultats de la pré-enquête menée auprès des habitants de Ua Huka sur le projet de mise en place d’un rahui { UA HUKA. Note : L’enquête est toujours en cours, les résultats ci-dessous concernent seulement un échantillon de 22 personnes, 12 hommes et 10 femmes. Les résultats seront publiés ultérieurement à la fin de l’enquête.
1) Informations personnelles et usages :
Village / District d’origine Echantillon de réponse = 18
3. A quelle fréquence allez-vous à al pêche ? (E=21)
5. Quelle technique de pêche pratiquez-vous ? (une ou plusieurs
6. Quel type d’embarcation utilisez-vous ? (une ou plusieurs
réponses) E = 19
réponses, E = 20)
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4. Est-ce que vous pêchez pour :
9. Pratiquez-vous la pêche de nuit ? E=15
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2) Sur les ressources de l’île
7. Quelles sont les espèces que vous pêchez le plus ? (une ou plusieurs réponses) E = 16
8. Pouvez-vous estimer le volume de vos prises par sortie ?
Résultats moyennés pour
La langouste 42 kg / sortie
Poissons côtiers 53 kg /sortie
11. Quel est votre constat concernant les ressources marines ? Tendance moyenne sur E=12 Langouste Diminution Taille et Nombre Poissons Stabilisation Nombre et Diminution Taille
10. Indiquez sur la carte les endroits où vous pêchez fréquemment ?
12. Selon vous quelles espèces sont les plus menacés ? (une ou plusieurs réponses) E = 19
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3) Sur la mise en place d’une gestion communautaire des ressources
16. Savez-vous que la commune a lancé une démarche de création de rahui ? E=18
24. Etes-vous pour la création d’un ou plusieurs rahui autour de Ua Huka ? E=19
22. Qui devrait être en charge de la surveillance du rahui ? E=19
26. Seriez-vous intéressés pour participer aux prochaines réunions publiques sur le projet rahui ?
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Diagnostic environnemental succinct des habitats marins côtiers de Ua Huka – Mars 2019
Annexe 2 : Un Dispositif de Concentration de Poissons à été posé le 26/05/2016 ,MATAU, à la position 8° 55,400′ S / 139° 39,000′ O, à une distance de 2,1 Milles nautiques de la côte, par 460 m de profondeur. Deux Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP) ont été posés le 12/12/2018 : -HANE, à la position 8°58,300′ S / 139°30,700′ E, à une distance de 2,3 Milles nautiques de la côte par 660m de profondeur, -TEUAPANEHOHO, à la position 8°58,700′ S / 139° 38,200′ E, à une distance de 2,1 Milles nautiques de la côte par 450m de profondeur. Une machine à glace est mise à disposition des pêcheurs (8,93807° S / 139,5729° O).
Annexe 3 : Usages du littoral de Ua Huka (activités sportives, va’a, sites de plogées…) Source : AER des Marquises (2016)
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Diagnostic environnemental succinct des habitats marins côtiers de Ua Huka – Mars 2019
Annexe 4 :
Localisation des habitats remarquables mis en évidence lors des dernières campagnes scientifiques. Source : AER des Marquises (2016)
Annexe 5 :
Répartition géographique des différentes espèces d’algues consommées { Ua Huka. (Source :
Conte, 2002)
1 — Enteromorpha flexuosa (Wulfen) J. Agardh, 1883. 2 — Chnoospora minima (Hering) Papenfuss, 1956. 3 — Caulerpa racemosa (Forsskal) J. Agardh var. turbinata (J. Agardh) Eubank, 1946 4 — Cladophora patentiramea (Montagne) Kutzing, 1849. 5 — Ulva lactuca Linnaeus, 1753. 6 — Codium arabicum, Kützin 1856.
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