Projet de rahui de la commune de Teva I Uta, Rahui no Teva I Uta

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RAHUI NO TEVA I UTA Projet de rahui de la commune de Teva I Uta

en partenariat avec The Pew Charitable Trusts et la Fondation Bertarelli

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DE LA FONCTION

Crédits La reproduction de cette publication à des fins non commerciales, et notamment éducatives, est permise sans autorisation écrite préalable des auteurs, à condition que la source soit dûment citée. Le présent rapport a pu être élaboré grâce à une initiative de la mairie de Teva I Uta et avec un soutien financier du projet Héritage des Océans de The Pew Charitable Trusts et la fondation Bertarelli. Les opinions exprimées dans cette publication ne reflètent pas nécessairement celles Pew et Bertarelli. Crédits photo couverture : Sylus Media

Auteurs Donatien Tanret1, Anaïs Morlon2, Heiava Samg-Mouit2, Joan Robson2, Susana Nunez-Lendo2 et Clément Vergnhes3 1 Programme Héritage des océans de The Pew Charitable Trusts et la fondation Bertarelli en Polynésie française 2 Consultant pour The Pew Charitable Trusts et la mairie de Teva I Uta 3 Mairie de Teva I Uta, conseiller municipal en charge de la pêche

Citation Tanret D., Morlon A., Samg-Mouit H., Robson J., Nunez-Lendo S. et Vergnhes C., 2019. Projet de rahui de la commune de Teva I Uta, Rahui no Teva I Uta. Commune de Teva I Uta, Pew et Bertarelli, Polynésie française, 43 p.

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Résumé Ce rapport présente le projet de rahui dans le lagon de Mataiea, proposé par la commune et la population de Teva I Uta. Face à la dégradation des récifs lagonaires et la diminution des stocks de poissons, la commune de Teva I Uta a initié en 2016 une démarche de mise en place d’un rahui dans le lagon de Mataiea, en concertation avec les pêcheurs, les usagers du lagon ainsi que la population de la commune. Le rahui a pour objectif de restaurer les stocks de poisson dans le lagon et de permettre une pêche durable pour l’ensemble de la population. Le projet a été élaboré par la commune de Teva I Uta avec l’assistance technique du programme Héritage des océans de The Pew Charitable Trusts et la fondation Bertarelli en Polynésie française, à l’aide de plusieurs consultants locaux mis à la disposition de la commune. Suite à la réalisation d’un diagnostic environnemental du lagon, d’un audit de la pêche sur la commune et d’une large consultation de la population, un projet de rahui accepté et partagé par le plus grand nombre a été proposé. A l’issue du travail de concertation de près de 3 ans avec les acteurs locaux, d’une quinzaine de réunions publiques et plus de 70 entretiens individuels avec les pêcheurs de la commune, un compromis a été trouvé pour assurer la protection des écosystèmes marins dans la zone de rahui et garantir l’activité de pêche dans le reste du lagon. La réglementation le zonage détaillé et les mesures de gestion du rahui ont été validé par la population lors de réunions publiques organisées dans tous les quartiers puis par délibération du conseil municipal du Teva I Uta du 25 septembre 2019 Suite au travail conjoint mené par la mairie de Papara pour établir un rahui dans sa commune, il a été décidé par les 2 communes voisines de Papara et Teva I Uta de créer un rahui contigu de Mataiea 2 jusqu’à Papara. La zone de rahui proposée comprend une surface d’environ 10,5 km où toute activité de pêche serait interdite. Le rahui s’étend ainsi du PK 41 au PK 45, de la passe Te Avaraa à l’ouest à Papara, jusqu’à la passe Aifa au centre de Mataiea (à l’est de la marina Tehoro). Le rahui comprend le récif et la zone des 100 m au-delà vers le large. Le zonage et les mesures de gestion et de protection du rahui ont été décidés et validés en concertation entre les 2 communes de Papara et de Teva I Uta. Un comité de gestion distinct sera créé par commune, qui pourront se rencontrer périodiquement pour assurer la gouvernance du rahui de Papara – Mataiea. Le présent projet de rahui sera soumis à la Direction des Ressources Marines (DRM) pour classement en Zone de Pêche Réglementée (ZPR). Un comité de gestion local sera créé, représentatif de la mairie, des services publiques, des pêcheurs et de la société civile. La surveillance de la zone protégée sera assurée par la mairie en partenariat avec les services du Pays compétents, les pêcheurs et usagers du lagon.

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Table des matières Résumé ................................................................................................................................. 3 Table des matières ................................................................................................................ 4 Contexte ................................................................................................................................ 6 I.

Méthodologie .................................................................................................................. 7 1)

Diagnostic environnemental succinct du lagon............................................................ 7

2)

Audit de la pêche sur la commune .............................................................................11 a)

Types de pêcheur ..................................................................................................11

b)

Techniques de pêches ...........................................................................................12

c)

Types d’embarcations ............................................................................................12

d)

Estimation de la production lagonaire .....................................................................13

e)

Constat de l’état de santé du lagon par les pêcheurs .............................................14

f)

Proposition de solutions .........................................................................................14

3) II.

Consultation et implication de la population de Teva I Uta .........................................15 Le plan de gestion du rahui de Teva I Uta .....................................................................18

1)

Les objectifs du rahui .................................................................................................18

2)

Le zonage du rahui ....................................................................................................19

3)

Les mesures de protection du rahui ...........................................................................20 a)

Réglementation de la pêche ...................................................................................20

b)

Réglementation de la navigation ............................................................................21

4)

Gouvernance du rahui ...............................................................................................22

5)

Surveillance du rahui .................................................................................................22 a)

Création d’une brigade maritime.............................................................................22

b)

Surveillance assistée par drones ............................................................................23

c)

Budget de la surveillance .......................................................................................23

d)

Sanctions encourues ..............................................................................................24

6)

Suivi scientifique ........................................................................................................24 a)

Objectif ...................................................................................................................24

b)

Choix de la zone du suivi scientifique à Teva I Uta .................................................24

c)

Etat initial de la zone rahui .....................................................................................25

d)

Les prochains suivis ...............................................................................................28

7)

Communication et sensibilisation des acteurs ............................................................29 a)

Balisage et panneaux d’information........................................................................29

b)

Actions de communications et évènements ............................................................29 4


8) III.

Sources de financement potentielles .........................................................................29 Conclusion .................................................................................................................30

Bibliographie ........................................................................................................................31 Annexes ...............................................................................................................................33

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Contexte Aujourd’hui, les océans sont menacés par le changement climatique et les activités anthropiques telles que la surpêche, la pollution, l’urbanisation, … Au niveau mondial près de 93% des stocks de poissons sont pleinement exploités, surexploités ou épuisés au niveau mondial (FAO, 2018). A l’instar des océans, les lagons de Polynésie française sont impactés par les activités humaines et la surpêche. A Teva I Uta, les pêcheurs de la commune ont constaté une diminution des ressources en poissons tandis que l’état des récifs lagonaires se dégrade. La mairie de Teva I Uta, consciente de ces menaces, a souhaité agir pour préserver les ressources marines du lagon et garantir une pêche durable pour la population. De nombreuses études scientifiques montrent que les Aires Marines Protégées (AMP) permettent de préserver la biodiversité marine et de garantir une pêche durable. Elles contribuent également à la régénération des écosystèmes marins et à leur résilience face aux impacts du changement climatique. Par ailleurs, elles offrent des avantages économiques et sanitaires pour les collectivités côtières en garantissant une pêche côtière durable, en développant l’écotourisme et en participant à la protection des valeurs culturelles, à l’éducation et à l’amélioration des connaissances sur l’océan (UICN CMAP, 2018). Les scientifiques recommandent la protection stricte de 30% des habitats marins de la planète, pour pouvoir continuer à tirer des bénéfices durables de ces écosystèmes (UICN, 2016). Actuellement, seulement 0,09% des eaux polynésiennes sont protégées juridiquement (AFB, 2018). Le concept traditionnel polynésien du rahui semble particulièrement efficace pour gérer collectivement et durablement les ressources marines d’un lagon. Le rahui connait aujourd’hui un renouveau dans plusieurs îles de Polynésie française. A Tahiti, face à l’appauvrissement des récifs coralliens et la diminution des stocks de poissons lagonaires, les initiatives pour sauvegarder les lagons se multiplient. C’est ainsi que la commune de Teva I Uta, face à la surexploitation de ses ressources lagonaires, à une diminution des prises des pêcheurs et à une dégradation de son lagon, a initié la création d’un rahui dans le lagon de Mataiea. Avec l’assistance technique du programme Héritage des océans de The Pew Charitable Trusts et la fondation Bertarelli en Polynésie française, un état des lieux du lagon, un audit de la pêche sur la commune et une large consultation de la population ont été réalisés, dans le but de proposer un projet de rahui partagé et accepté par la population. Le projet de rahui, présenté dans ce rapport synthétique, sera soumis à la Direction des Ressources Marines (DRM) pour un classement en Zone de Pêche Réglementée (ZPR).

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I.

Méthodologie

1) Diagnostic environnemental succinct du lagon Dans le cadre du projet de rahui de Mataiea, un diagnostic environnemental succinct du lagon de Mataiea a été réalisé en 2017 par le consultant en biologie marine Guillaume Olivier, en partenariat avec The Pew Charitable Trusts et la fondation Bertarelli, afin d’évaluer l’état de santé des récifs coralliens du lagon et d’identifier les zones prioritaires à préserver (Olivier G., 2017). Les résultats du diagnostic ont été présentés par les auteurs aux élus de la commune et à la population en réunion publique. Cet état des lieux ne constituant pas un inventaire exhaustif, un état initial plus complet de la zone rahui pourra être réalisé ultérieurement (voir partie IId) Sanctions encourues Toute personne ne respectant pas la réglementation relative à la pêche en Polynésie française s’expose aux poursuites et aux sanctions qui sont prévues dans les délibérations n°88-183/AT et n°88-184/AT du 8 décembre 1988, c’est-à-dire à une contravention de 5ème classe (179 000 XPF) et à la saisie de ses prises, du matériel de pêche et de l’embarcation. Une fois officialisé en ZPR, les règles de pêche établies dans le rahui de Teva I Uta seront soumises à ces dispositions et sanctions.

Suivi scientifique). Les principaux résultats du diagnostic sont présentés ci-dessous. Le lagon de Mataiea s’étend sur environ 11 km d’est en ouest, sur 2,2 km de largeur pour une surface 2 d’environ 22 km (Error! Reference source not found.). Il se distingue par quatre types d’habitat récifal : le tombant récifal externe, l’arrière-récif, le récif intermédiaire et le récif côtier protégé ou récif frangeant.

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Figure 1: Localisation de la commune de Teva I Uta (DonnĂŠes SAU)

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Lors de la réalisation du diagnostic du lagon, trois principaux ensembles ont été étudiés et cinq transects de 20 m de long ont été localisés (Figure 2) : -

-

-

Zone 1, à l’ouest, de la limite entre la commune de Papara et Mataiea, à la passe Aifa : c’est la zone présentant le meilleur état de santé, ainsi qu’une vitalité et diversité corallienne de moyenne à bonne ; Zone 2, au centre de la commune, entre les passes de Aifa et de Rautirare : cette zone, la plus urbanisée présente un état de santé moyen à médiocre, un faible recouvrement corallien et de nombreux débris coralliens ; Zone 3, à l’est, de la passe Rautirare à la limite entre les communes de Mataiea et Papeari : cette zone dont le littoral est moins accessible est moyennement dégradée (Error! Reference source not found.).

Figure 2: Localisation des principaux ensembles du lagon de Mataiea et des transects réalisés (Olivier G., 2017)

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Etat global

Récif frangeant

Moyen à bon

Mauvais

Médiocre

Mauvais

Récif intermédiaire

Moyen à bon

Médiocre

Médiocre

Mauvais

Arrière-Récif

Bon

Moyen

Bon

Moyen à bon

Etat global

Bon

Mauvais

Mauvais

Tableau 1: Etat de santé des récifs coralliens du lagon de Mataiea en fonction du type d’habitat récifal et de la zone étudiée

Ainsi, les zones du récif frangeant et du récif intermédiaire qui sont situées à proximité du littoral urbanisé et plus facilement accessibles aux pêcheurs, sont les zones où les coraux sont les plus dégradés. L’arrière-récif est quant à lui plus éloigné et moins accessible, ce qui permet qu’il soit davantage préservé (Figure 3).

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Figure 3: Photographies (à gauche) du récif frangeant dégradé (Zone 2) et (à droite) de l’arrière-récif en bon état de santé (Zone 3) (Olivier G., 2017)

Tout comme les récifs coralliens, les peuplements récifaux (poissons, invertébrés) sont relativement pauvres dans le lagon. Certaines familles de poissons comme les perches (Lutjanidae), les becs de cannes (Lethrinidae) et les rougets (Holocentridae) sont en faible abondance, tandis que des familles comme le mérou (Serranidae) sont pratiquement absentes. Les bénitiers (Tridacna gigas), quant à eux, sont encore présents, notamment au niveau de l’arrièrerécif, mais leur densité est modérée et le nombre d’individus de grande taille est relativement faible du fait de la pression de pêche. Encore abondants dans le lagon et près des passes en 2007, le trocas (Trochus) et le burgau (Turbo marmoratus) sont aujourd’hui en diminution, et ce malgré la réglementation en vigueur sur la taille des captures.

Le diagnostic environnemental réalisé dans le cadre du projet de rahui montre que le lagon de Mataiea présente des récifs coralliens dégradés et une biodiversité marine relativement faible. Les principales causes seraient dues à la surpêche ainsi qu’aux apports terrigènes et à la pollution.

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2) Audit de la pêche sur la commune Préalablement à la mise en place du rahui, une enquête socio-économique sur l’activité de pêche à Mataiea a été réalisée. Plus de 70 entretiens et questionnaires (Annexe 1) ont été réalisés auprès des pêcheurs de la commune et des usagers du lagon. Cette approche participative a permis de dresser un état des lieux des différents type de pêche pratiqués et d’évaluer la pression de pêche sur le lagon, dans le but de proposer des mesures de gestion les mieux appropriées au contexte. Les résultats de cet audit ont été présentés et discutés avec les pêcheurs et la population en réunion publique. Cet audit n’est cependant pas exhaustif, mais il permet d’avoir un aperçu de l’impact de l’activité de la pêche dans le lagon de la commune. Les principaux résultats de l’enquête sont présentés par la suite.

a) Types de pêcheur Il est possible de distinguer trois types de pêches et donc de pêcheurs (Error! Reference source not found.) : Pêche professionnelle / Pêcheur professionnel

Pêche de subsistance / Pêcheur occasionnel

Pêche de loisir / Pêcheur amateur

Détention d’une carte lagonaire 2 à 5 sorties par semaine Vente des captures 1ère source de revenu sur l’année

1 à 3 sorties par semaine

1 à 4 sorties par mois

Vente + Autoconsommation Activité de dépannage (nécessité économique)

Autoconsommation Activité récréative

Tableau 2 : Classification des différentes catégories de pêches lagonaires (Leenhardt et al., 2012)

La commune de Mataiea compte une proportion quasi équivalente de pêcheurs professionnels et occasionnels (respectivement 40% et 52,5%) et 7,5% de pêcheurs amateurs ( Figure 4).

40.0%

Professionnel Amateur

52.5%

Occasionnel

7.5%

Figure 4: Catégorisation des pêcheurs de Mataiea

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b) Techniques de pêches Les techniques de pêche les plus utilisées sont la pêche sous-marine au fusil (63%), la pêche au filet (53%) et la pêche à la ligne (25%), sachant que la plupart des pêcheurs peuvent utiliser les différentes techniques (Figure 5).

70%

filet

63%

60%

fusil

ligne

53%

50% 40% 25%

30% 20% 10% 0% Type de pêche

Figure 5: Techniques de pêche utilisées à Mataiea

Le filet est essentiellement utilisé pour attraper des ouma (surmulet à ligne jaune, Mulloidichthys Flavolineatus), destinés à l’autoconsommation ou pour servir d’appât. La pêche à la ligne est une technique plus sélective, mais aussi moins efficace et donc moins pratiquée par les pêcheurs.

c) Types d’embarcations A Mataiea, la moitié des pêcheurs se déplacent en petit bateau à moteur, tandis que 43% utilisent des embarcations sans moteur tel que les paddle, kayak… Une faible partie des pêcheurs va pêcher à pied sur le platier ou à la nage (5%) ( Figure 6).

5% 50% 43%

0%

20% A pied

Bateau

40%

60%

Embarcation sans moteur

Figure 6: Moyens utilisés par les pêcheurs pour se déplacer dans le lagon

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d) Estimation de la production lagonaire La quantification de la pêche est un exercice particulièrement difficile en Polynésie française, du fait de l’aspect diffus des activités de pêche et du manque de précision des données de captures. Plusieurs méthodologies ont été utilisées dans différentes sources bibliographiques pour estimer la production halieutique des lagons en Polynésie française, avec des résultats très divergents. La méthodologie utilisée ici repose sur des suivis participatifs des pêcheries récifales via des enquêtes au sein des foyers, pour recueillir des données sur la consommation et l’activité de pêche. Les captures réalisées par tous les types de pêcheurs, y compris les pêcheurs de loisir, ont ainsi été prises en compte. En tenant compte des différents biais propres à chaque méthode d’estimation, il semble que les méthodes utilisant des enquêtes socio-économiques donnent une estimation de la production halieutique plus proche de la réalité (Leenhardt et al., 2012). Une estimation de la production lagonaire à Mataiea est proposée à partir des entretiens réalisés auprès des pêcheurs de la commune. Avec environ 5 tui par sortie de pêche, soit 15 kg (un tui faisant environ 3 kg) pour 87 sorties en moyenne par foyer de pêcheur par an, la production totale par pêcheur a été estimée à 2 tonnes par an. Avec environ 100 foyers de pêcheurs sur la commune associée, la production de la pêche lagonaire à Mataiea a été évaluée à près de 200 tonnes. Le 2 rendement de la pêche récifo-lagonaire à Mataiea représenterait donc 9 t/km /an. A titre de 2 comparaison, il a été évalué à 25 t/km /an à Moorea (Leenhardt et al., 2012). La production annuelle de poissons lagonaires à Mataiea représenterait donc 20% de celle de Tahiti, de l’ordre du millier de tonnes, et 5% de celle de la Polynésie française, avec 4 300 tonnes par an (estimation de 2008) (DRM, 2018). Ces résultats sont cependant à prendre avec du recul. Ils présentent, en effet, un certain nombre de biais et doivent être considérés avec précaution. D’une part l’ensemble des foyers de la commune n’a pu être interrogé, tandis que les pêcheurs extérieurs de la commune n’ont pas été intégrés. Par ailleurs, le volume des prises et le nombre de sorties varient considérablement selon les pêcheurs. Les informations recueillies auprès des ménages sont des informations plus d’ordre qualitative que quantitative, puisque basées sur des perceptions et sur la capacité de la personne interrogée à convertir une image de sa pêche ou un souvenir de sa fréquence de pêche en une grandeur physique (Gilbert A., 2006). Enfin, les données de production de 2008 de la DRM à l’échelle de Tahiti et de la Polynésie française sont potentiellement sous-évaluées car anciennes et ne comptabilisent pas forcément l’ensemble des prises non déclarées, de la pêcherie de subsistance ou de loisir.

Avec une production annuelle estimée à près de 200 tonnes, l’activité de pêche lagonaire à Mataiea est importante du point de vue socio-économique. Elle procure des revenus issus de la vente du poisson ainsi qu’une sécurité alimentaire. L’effort de pêche relativement important induit en conséquence des pressions sur les écosystèmes marins.

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e) Constat de l’état de santé du lagon par les pêcheurs Les pêcheurs de la commune connaissent très bien leur lagon, ils sont donc les mieux placés pour constater l’évolution des récifs lagonaires et des stocks de poissons. La majorité des pêcheurs interrogés constatent une nette diminution de l’abondance en poissons au cours de la dernière décennie (Error! Reference source not found.). Les pêcheurs les plus âgés témoignent d’un lagon regorgeant de poissons dans le passé. La diminution de la taille des poissons est également constatée par les trois quarts des pêcheurs. Diminution

Stabilisation

Ne sait pas

Nombre de poissons

80%

15%

5%

Taille des poissons

75%

15%

10%

Tableau 3 : Constat de l’évolution des ressources en poisson par les pêcheurs

Les pêcheurs observent également un déclin des populations d’invertébrés, notamment des bénitiers, trocas et burgau. Ces espèces pouvaient être facilement collectées sur le récif intermédiaire par le passé, mais sont désormais plus rares et doivent être recherchées plus en profondeur et vers l’arrièrerécif. Enfin, les pêcheurs observent à l’unanimité la dégradation de l’état de santé des récifs coralliens sur l’ensemble du lagon de Mataiea. Selon les pêcheurs interrogés, la cause principale de la dégradation des coraux et de la diminution des ressources marines serait la surpêche ainsi que le non-respect des tailles minimales de capture et des périodes de reproduction.

f)

Proposition de solutions

Plusieurs solutions ont été proposées par les pêcheurs et les habitants de la commune pour restaurer l’état de santé de leur lagon. Les personnes interrogées proposent dans un premier temps d’instaurer des mesures de protection sur une zone dédiée en créant un rahui. La majorité souhaite y interdire toutes formes de pêche. Il a également été évoqué la nécessité de prendre en compte les activités terrestres ayant des impacts sur le milieu marin. Dans un second temps, il a été proposé de réglementer l’ensemble des activités marines sur le lagon de Mataiea et éventuellement de créer un plan de gestion de l’espace maritime comme à Moorea. Enfin, le bouturage de corail ou l’élevage d’alevins de poissons et d’invertébrés tels que les holothuries (Holothuroidea), les bénitiers, les escargots de mer (Littorina littorea) ou les trocas, a été suggéré afin de redonner de la vitalité aux récifs coralliens.

Les résultats de l’enquête réalisée auprès des pêcheurs de la commune corroborent les conclusions du diagnostic environnemental. Les pêcheurs observent de manière générale la dégradation des récifs coralliens et la diminution des ressources en poissons et invertébrés dans le lagon de Mataiea. La surpêche en serait la cause principale selon eux. En réponse à ce phénomène, les personnes interrogées proposent la mise en place d’un rahui interdit à toute pêche. 14


3) Consultation et implication de la population de Teva I Uta Dans le but de proposer un projet de rahui partagé et accepté par le plus grand nombre, une large consultation de la population a été réalisée par la commune en partenariat avec l’équipe de Pew Polynésie française. Dès 2016, le maire de Teva I Uta, M. Tearii Alpha et l’élu en charge des affaires maritimes et de la pêche, M. Clément Vergnhes, ont proposé la création d’un rahui dans le lagon pour faire face à la diminution des ressources halieutiques. Les premières discussions avec le conseil municipal, les pêcheurs et les usagers de la commune ont alors été initiées. Par la suite, 4 consultants ont été mis à disposition pour assister la commune dans la mise en place du projet de rahui, organiser la consultation publique, rencontrer les pêcheurs et les parties prenantes, communiquer sur la démarche de la mairie et sensibiliser la population au concept du rahui. Un vaste travail de concertation a été entrepris avec les acteurs locaux, élus, scientifiques, associations, pêcheurs, confessions religieuses, éducation, prestataires touristiques …. Ce sont près d’une quinzaine de réunions publiques en langue française et tahitienne et plus de 70 entretiens avec les pêcheurs de la commune qui ont été effectués. En complément, des ateliers participatifs par petits groupes (Figure 7) ont été organisés pour que chacun puisse s'exprimer et participer à l'élaboration du rahui. Des exercices de cartographie participative ont également été proposés pour que les participants puissent illustrer leurs choix quant au zonage et aux limites du rahui proposé. La mise en place d’un rahui a suscité de nombreuses préoccupations, notamment de la part des pêcheurs et des familles qui vivent de la pêche et qui s’inquiétaient pour leur activité. Cette préoccupation réelle pour la commune a longuement été discutée avec les acteurs concernés, pour présenter les intérêts du rahui pour les ressources marines et les bénéfices pour les pêcheurs. Plusieurs experts, techniciens des services publics, élus d’autres communes et scientifiques ont été invités à participer aux réunions publiques pour témoigner des exemples de rahui mis en place à Tahiti ou dans les îles et pour discuter des bénéfices des AMP.

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Figure 7: Consultation de la population au cours des différentes réunions et ateliers participatifs En haut à gauche : Présentation du projet de rahui par le maire de Teva I Uta Tearii Alpha En haut à droite : Une des réunions publiques organisée à la mairie de Mataiea le 27 juin 2017 En bas à gauche : Réunion avec le groupe de travail du projet de rahui le 18 mars 2019 En bas à droite : Participation des agents de la DRM, du maire de Teahupoo M. Gérard Parker et des élus municipaux aux réunions publiques, le 31 mai 2018

Au-delà de la consultation de la population, plusieurs actions de communication et de sensibilisation du grand public ont été menées. Des vidéos d’interviews de pêcheurs et personnalités de la commune sur le projet de rahui, ainsi qu’un reportage de 13 minutes ont été réalisés et diffusées régulièrement sur la page Facebook Rahui No Teva I Uta (Figure 8). Le projet de rahui de la commune a été présenté publiquement à plusieurs reprises, et notamment lors de la conférence sur les océans le 8 juin 2018 à Papeete ou lors de journées évènementielles sur le thème de l’environnement. Enfin, un partenariat a été mis en place avec l’Aire Marine Educative (AME) de Mataiea et les écoles élémentaires labellisées de Mairipehe et de Nuutafaratea, pour sensibiliser les élèves à la protection du lagon et faire le lien avec le projet de rahui sur la commune.

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Figure 8: Actions de communication et de vulgarisation du projet de rahui En haut à gauche : présentation du projet de rahui de Teva I Uta par M. Clément Vergnhes, élu en charge de la pêche et Mme. Heiva Samg-Mouit, consultante pour Pew et la mairie, lors de la conférence des océans organisée le 08 Juin 2018 par Pew et la FAPE-Te Ora Naho En haut à droite : intervention pédagogique auprès des élèves de l’AME de Mataiea et animation d’un atelier sur le « Tarena Ma’ohi » : le calendrier lunaire de la pêche En bas : reportage sur le projet de rahui de Teva I Uta réalisé par Mme. Susanna Nunez-Lendo, consultante pour la mairie et Pew, diffusée sur la page Facebook Rahui no Teva I Uta

A l’issue d’une large consultation de la population de Teva I Uta pendant près de 3 ans et d’une campagne de communication et de sensibilisation, un projet de rahui partagé et accepté a pu être proposé. Si la démarche de mise en place d’une zone protégée par la mairie a pu susciter des préoccupations, le travail de concertation et de communication a permis une meilleure compréhension et acceptation du projet de rahui.

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II.

Le plan de gestion du rahui de Teva I Uta

Le projet de rahui de la commune de Teva I Uta, proposé par la mairie et les acteurs locaux, a été formulé sur la base des propositions recueillies lors des consultations, suivant un processus de gouvernance partagée. Il a été soumis aux différents acteurs pour commentaire puis validé par délibération du conseil municipal de Teva I Uta du 25 septembre 2019. Le projet validé sera ensuite soumis à la DRM, service du Pays compétent pour le classement en ZPR. Différents outils juridiques sont disponibles pour créer une aire marine protégée en Polynésie française (Tanret D. et al., 2015). La commune souhaite officialiser ce rahui en créant une ZPR, instruite par la DRM et officialisée par arrêté en conseil des ministres.

1) Les objectifs du rahui Sur la base des consultations et des entretiens individuels menés avec les différents acteurs et usagers du lagon, quatre objectifs principaux ont été identifiés pour le projet de rahui à Mataiea : 

Préserver et restaurer les ressources marines sur le long terme

La préservation des écosystèmes marins et la restauration des stocks de poissons est le premier objectif du rahui, cité par quasiment tous les acteurs. La majorité des pêcheurs de la commune de Teva I Uta affirment que les ressources marines ont considérablement diminué au fil du temps. Ils sont conscients que l’augmentation de la pression de pêche, associée à l’urbanisation et au changement climatique, accentue cette tendance. Le rahui permettra de préserver les écosystèmes et de régénérer les ressources marines sur le long-terme et pour les générations futures. 

Concilier les activités de pêche avec la protection de l’environnement

La mise en place d’un rahui dans le lagon de Mataiea est proposée comme un compromis pour préserver les ressources dans la zone protégée et garantir les activités de pêche dans le reste du lagon. Le rahui permettra de gérer les conflits d’usage avec les pêcheurs extérieurs en particulier. 

Valoriser le patrimoine culturel et naturel

Le rahui est un concept traditionnel important dans la culture polynésienne. Des mesures de rahui existaient dans le lagon de Teva I Uta il y a quelques décennies (Léonard Tauapaohu, commentaires personnels, 2018). La mise en place d’un nouveau rahui permettra de valoriser cette pratique et facilitera son acceptation et son respect par la population locale. La mise en place d’une zone protégée pourra générer un intérêt touristique et permettre le développement d’initiatives d’écotourisme sur le lagon. 

Sensibiliser la population à la préservation des ressources marines

Le rahui permettra de sensibiliser la population à la préservation des ressources marines et à la protection l’environnement en général. Il permettra également de faire le lien entre la terre et la mer et de sensibiliser à la lutte contre la pollution. Des projets pédagogiques sur la protection du lagon et le rahui pourront être menés en partenariat avec les deux écoles labellisées aire marine éducative (AME) de Mataiea.

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2) Le zonage du rahui Le zonage du rahui a été défini par les élus et les acteurs de la commune suite aux multiples réunions publiques et entretiens individuels réalisés. Différentes propositions ont été émises au cours de la démarche de consultation, avant de trouver un compromis accepté et partagé par la majorité des participants. Les limites précises de la zone ont été définies en groupe technique composé d’élus, de pêcheurs et d’usagers du lagon, puis validées sur site. Suite au travail conjoint mené par la mairie de Papara pour établir un rahui dans sa commune, il a été décidé par les 2 communes de Papara et Teva I Uta de créer un rahui contigu de Mataiea jusqu’à Papara. 2

La zone de rahui proposée s’étend sur environ 10,5 km du PK 41 au PK 45, de la passe Te Avaraa à l’ouest à Papara, jusqu’à la passe Aifa au centre de Mataiea (à l’est de la marina Tehoro). Le rahui comprend le récif et la zone des 100 m au-delà vers le large (Figure 9). Cette zone a été choisie car elle présente plusieurs intérêts : -

-

-

Elle est la plus riche du lagon de Mataiea (voir zone 1 du diagnostic scientifique, partie I1) du fait de son état de conservation, de la vitalité et de la diversité de ses peuplements récifaux (coraux, poissons, bénitiers, …) ; La pression de pêche y est sensiblement moins importante que dans le reste du lagon, du fait de son éloignement des principales zones d’habitation. La fréquentation plus faible de la zone facilitera son acceptation par les pêcheurs ; L’AME de Mataiea est inclue dans la zone rahui et pourra donc bénéficier des mesures de gestion et de protection mises en œuvre. ; La zone rahui étant située en limite avec la commune de Papara, les pêcheurs venant de l’extérieur pourront plus facilement être surveillés et appréhendés. ; Enfin, un projet de rahui ou de ZPR a également été initié par la commune de Papara à Atimaono, en bordure de la limite avec la commune de Mataiea et de la zone rahui proposée. Les 2 zones protégées juxtaposées pourront permettre de créer une zone contiguë de plus grande surface, donc potentiellement plus efficace pour la régénération des écosystèmes marins et pour la pêche à l’extérieur, par effet de débordement. Cette coopération avec la commune et les pêcheurs de Papara permettra de limiter les conflits d’usages, faire respecter au mieux les réglementations établies, et renforcer la surveillance.

Cependant, en contrepartie de ses avantages, la pression de pêche risque de s’intensifier dans le reste du lagon de Mataiea. Le rahui situé dans une zone moins fréquentée et plus éloignée nécessitera par ailleurs une surveillance effective pour assurer le respect des mesures de protection.

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Figure 9 : Zonage du rahui de Teva I Uta

3) Les mesures de protection du rahui a) Réglementation de la pêche Il a été décidé d’interdire toute pêche dans la zone rahui à l’exception : Des campagnes de ramassage des étoiles de mer Taramea (Acanthaster planci) organisées par le comité de gestion du rahui ; De la pêche à la ligne depuis le bord sans embarcation, et la pêche au filet dit de plage pour le ouma (Mullus surmuletus) depuis le bord sans embarcation. Elles seront cependant interdites de Vahoata jusqu’au début de Tehoro, zone correspondant à l’emplacement de l’Aire Marine Educative (AME) de Mataiea ; De la pêche à l’épuisette au-delà du récif vers le large. Il est proposé de mettre en place ce rahui de manière permanente et d’effectuer une évaluation en comité de gestion au bout de 2 ans. La protection stricte de la zone du rahui de Teva I Uta permettra de faciliter la surveillance et d’augmenter les bénéfices pour les stocks de poissons. En effet, toute embarcation ou individu appréhendés en situation de pêche dans la zone protégée, quelque-soit la technique ou l’espèce collectée, pourra être considéré comme en situation de non-respect. De nombreuses études scientifiques montrent que les AMP ont des bénéfices significatifs pour la régénération des stocks halieutiques et l’amélioration de la pêche si elles sont entièrement ou hautement protégées (interdiction totale de la pêche), surveillées efficacement, anciennes (efficacité

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accrue au-delà de 10 ans), de grande taille, et isolées géographiquement (délimitées par exemple, par un banc de sable ou une zone de grande profondeur) (Edgar G. et al., 2014 ; Rand M. 2017 ; Zupan M. et al., 2018). La biomasse de poissons est en moyenne 7 fois plus importante dans les AMP interdites à la pêche (Sala E., Giakoumi S., 2017). A Teahupoo, 3 ans après la mise en place du rahui où toute pêche y est interdite, la biomasse marine a été multipliée par 10 (Bambridge Tamatoa, commentaires personnels, 2017). A Moorea, 9 ans après la mise en place du PGEM, seules les AMP interdites à la pêche ont présenté une augmentation de la densité et la biomasse de poisson, tandis qu’aucune augmentation significative n’a été relevée dans les AMP partiellement protégées (Thiault L. et al. 2019). Enfin, les AMP ont besoin de temps pour démontrer leur efficacité. Les espèces de grande taille, comme les mérous, peuvent avoir besoin d’une dizaine d’années pour atteindre leur pleine capacité reproductive. Et les AMP favorisent le développement de gros individus de poissons, qui pourront produire un nombre beaucoup plus important d’œufs. Par exemple, un lutjan rouge (Lutjanus sebae) de 61 cm peut ainsi pondre autant d’œufs que 212 femelles de 42 cm réunies (Randall J.E., 2017).

b) Réglementation de la navigation Il a été proposé par le groupe de travail du projet de rahui (composé d’élus, de pêcheurs et d’usagers du lagon) d’interdire la navigation dans la zone du rahui, pour limiter les impacts sur le milieu marin et faciliter la surveillance de la zone. La navigation, l’ancrage, les activités nautiques (baignade, kite-surf, kayak…) seraient autorisées uniquement dans le chenal de navigation entre les balises (Figure 10). Des discussions ont été menées avec la responsable de la Direction Polynésienne des Affaires Maritimes (DPAM) et le chef de service de la cellule de la navigation, de la circulation maritime et de l’espace maritime de la DPAM, afin de connaître la procédure pour mettre en place cette réglementation. Ces mesures restreignant la liberté de chacun, il est nécessaire de réaliser une étude complète de la navigation, des activités se déroulant dans le lagon ainsi que des consultations de la population. Il a donc été décidé de mettre en place dans un premier temps le rahui sans contrainte de navigation. Le comité de gestion du rahui, une fois établi, pourra éventuellement travailler sur la réglementation de la navigation, en concertation avec l’ensemble des usagers.

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Figure 10 : Emplacement des balises de navigation dans le lagon de Mataiea (DRM, 2019)

4) Gouvernance du rahui Le zonage et les mesures de gestion et de protection du rahui ont été décidés et validés en concertation entre les 2 communes de Papara et de Teva I Uta. Un comité de gestion distinct sera créé par commune, qui pourront se rencontrer périodiquement pour assurer la gouvernance du rahui de Papara – Mataiea. Un comité de gestion spécifique sera donc créé pour l’ensemble du lagon de la commune de Teva I Uta, intégrant l’instauration du rahui. Cela permettra de proposer d’autres mesures de gestion et de protection éventuelles à l’avenir pour le reste du lagon de la commune, sans créer de nouveau comité de gestion spécifique. Ce comité sera défini par la mairie en partenariat avec les pêcheurs, les services publics et les acteurs concernés. Il sera officialisé avec le classement du rahui en ZPR. Le comité de gestion sera chargé d’assurer le suivi des mesures de protection dans la zone rahui et d’évaluer leur efficacité. Il veillera à impliquer les différents utilisateurs de l’espace marin pour assurer la surveillance des règles établies et leur respect sur le terrain. Il pourra faire des propositions en matière de préservation des ressources marines et de pêche pour le reste du lagon de Teva I Uta. Le comité de gestion sera composé des membres suivants : -

le maire de la commune de Teva I Uta ou son représentant ; deux représentants de la commune de Teva I Uta avec ou sans mandat électif ou leur suppléant ; le directeur des ressources marines ou son suppléant ; deux représentants des associations de pêche lagonaires de Teva I Uta ou leur suppléant ; un représentant des agriculteurs de Teva I Uta ou son suppléant ; un représentant de chaque quartier de Mataiea (9 au total) ou leurs suppléants ; un représentant des associations environnementales ou culturelles de Teva I Uta ou son suppléant ; un représentant du secteur touristique de Teva I Uta ou son suppléant ; un représentant de l’AME de Mataiea ou son suppléant ; un représentant des activités nautiques à Teva I Uta ou son suppléant ; un représentant des confessions religieuses ou son suppléant.

Le fonctionnement du comité de gestion sera défini dans un règlement intérieur. Le comité de gestion se réunira au minimum une fois par an.

5) Surveillance du rahui a) Création d’une brigade maritime La surveillance de la zone rahui sera effectuée par la police municipale en coopération avec la DRM, les riverains et les pêcheurs. Ces derniers sont en effet les mieux placés pour observer les fraudes et en informer la mairie. La mairie de Teva I Uta est sur le point de monter une brigade nautique et de créer 4 postes d’agents municipaux, dédiés au contrôle et à la sécurité des activités dans le lagon et à la surveillance de la zone rahui Suite au classement du rahui en ZPR, la DRM pourra former les agents de la police municipale de Teva I Uta à la réglementation du Pays en vigueur sur les espèces marines, et à la surveillance de la zone rahui. La formation de la DRM comporte une formation théorique d’une demi-journée concernant notamment la réglementation de la pêche, les sanctions, les procédures auprès du tribunal

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administratif, et plusieurs demi-journées pratiques sur zones afin de leur apprendre à aborder, contrôler les usagers de l’espace maritime.

b) Surveillance assistée par drones La mairie de Teva I Uta propose de compléter la surveillance du rahui par l’utilisation d’un drone. Celui-ci permettra aux agents de la police municipale de visualiser l’ensemble de la zone rahui à distance, de constater rapidement les infractions et d’intervenir sur le terrain uniquement lorsque cela est nécessaire. L’utilisation du drone doit respecter la vie privée des gens, est fonction des conditions climatiques, demande une formation spécifique dans le cadre d’un usage professionnel pour le pilote. Les conditions et démarches pour l’utilisation d’un drone pour un usage professionnel sont détaillées en Annexe 2.

c) Budget de la surveillance L’acquisition d’un jet-ski et d’un drone est prévue par la mairie de Teva I Uta, pour notamment servir à la surveillance du rahui, mais également à la police maritime et autres. Le tableau 4 ci-dessous présente un budget estimatif pour l’acquisition de ces 2 équipements et la formation à leur pratique. Matériel Drone professionnel DJI MAVIC 2 entreprise homologué DGAC

Prix 322 000 XPF

Kit complémentaire au drone : Mavic 2 Fly More Kit (batteries, chargeur, hélices, sac de transport) Inscription examen théorique

46 000 XPF

1

3 570 XPF (par personne)

2

Formation pratique

60 000 XPF (devis en annexe 3)

2

Jet-ski

1 790 000 XPF

1

Permis côtier

22 000 XPF

2

Remorque pour jet-ski

240 000 XPF

1

Assurance jet-ski et remorque

5 962 XPF/mois soit 71 540 XPF/an

1

TOTAL

Quantité 1

2 640 680 XPF

Tableau 4 : Budget pour l’acquisition d’un jet-ski et d’un drone et la formation à leur pratique

Le drone, le jet-ski et le matériel associé (remorques, assurances, permis) ont un coût financier important, sans compter le salaire des agents communaux les utilisant. Ces coûts n’ont pas été considérés dans le budget spécifique de la surveillance du rahui puisqu’ils seront affectés à d’autres usages pour la commune que la surveillance spécifique du rahui. Ainsi, les coûts directs de surveillance du rahui pour la commune se limitent aux frais de fonctionnement relatifs au salaire des personnes en charge de la surveillance : 26 800 XPF/mois/agents (en considérant un jour de travail exclusivement pour la surveillance du rahui par semaine) et des frais d’essence : 70 000 XPF/mois (en considérant une utilisation de 8h par semaine à 2 000 XPF/h) (Tableau 5).

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Budget Frais d’investissement Frais de fonctionnement

Coût

TOTAL

0 XPF 123 600 XPF 123 600 XPF/mois Soit 1 483 200 XPF/an

Tableau 5 : Bilan des frais liés à la surveillance du rahui

d) Sanctions encourues Toute personne ne respectant pas la réglementation relative à la pêche en Polynésie française s’expose aux poursuites et aux sanctions qui sont prévues dans les délibérations n°88-183/AT et ème n°88-184/AT du 8 décembre 1988, c’est-à-dire à une contravention de 5 classe (179 000 XPF) et à la saisie de ses prises, du matériel de pêche et de l’embarcation. Une fois officialisé en ZPR, les règles de pêche établies dans le rahui de Teva I Uta seront soumises à ces dispositions et sanctions.

6) Suivi scientifique a) Objectif La réalisation d’un suivi scientifique de la zone rahui permettra de connaître l’état des ressources marines, d’évaluer l’efficacité des mesures de protection établies, et de prendre les mesures adaptées le cas échéant. Le suivi peut être réalisé par des biologistes marins, mais peut également faire participer la population locale. Le suivi Reef Check est une méthode de suivi écologique simple et rapide de l’état de santé du récif (Reef Check France, 2018). Cette méthode de suivi participatif permet une sensibilisation et une meilleure connaissance des écosystèmes par les acteurs locaux. La mairie de Teva I Uta et le groupe de travail du projet de rahui ont décidé de mettre un place ce suivi participatif pour suivre l’état des écosystèmes et des ressources halieutiques dans le rahui. Une nouvelle station de suivi Reef Check a été créée dans la zone du rahui et intégrée au réseau Reef Check en Polynésie française, sous la coordination de l’association Te Mana O te Moana. Des acteurs locaux bénévoles (élus, membres du groupe de travail, pêcheurs…) ont été formés à la méthode Reef Check par un biologiste marin certifié Ecodiver Reef Check, afin qu’ils puissent par la suite participer au suivi, et constater par eux-mêmes l’efficacité du rahui.

b) Choix de la zone du suivi scientifique à Teva I Uta La station de suivi est localisée dans le rahui, au niveau du récif barrière, dans une zone écologiquement importante (Olivier G., 2019). Ses coordonnées géographiques sont : 17°47’22.35’’S et 149°26’13.92’’O. Le suivi sera réalisé sur un transect de référence, compris entre 1,50 m et 2 m de profondeur, sur 100 m de longueur parallèlement au rivage (orientation NO-SE) (Figure 11). Un suivi témoin en dehors de la zone rahui sera également effectué afin de réaliser une comparaison entre les stations dans et hors du rahui. Une station comportant des conditions environnementales similaires à la station dans le rahui a été choisie (station 5 du Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea en 2017, voir partie II-1 Figure 2). Le protocole de suivi Reef Check est présenté en annexe 4.

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Figure 11 : Localisation de la station dans le rahui de Mataiea (Olivier G., 2019)

c) Etat initial de la zone rahui Le premier suivi de la zone, avant la mise en place du rahui, a été réalisé le 15 mai 2019 entre 9h00 et 11h40 avec une lune ¾ par un biologiste marin certifié Ecodiver Reef Check. Les résultats ont été compilés dans les fichiers de suivi du protocole Reef Check, qui seront complétés après chaque nouveau suivi. 

Le substrat

Le substrat de la station est relativement en bonne santé. Il présente une alternance de massifs coralliens dominés par le genre Porites, de coraux branchus Pocillopora et Acropora, de coraux encroûtant Montipora, de massifs calcifiés colonisés par les macro-algues du genre Ornata et de sables coralliens grossiers à détritiques (débris coralliens) (Figure 12).

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Figure 12 : Habitat représentatif du récif barrière de Mataiea avec au premier plan un massif corallien de Porites en bonne santé et au second plan un massif mort partiellement colonisé par Tubinaria Ornata (Olivier G., 2019)

Le recouvrement corallien moyen par segment est de 33%, dont 5% récemment morts ainsi qu’un blanchissement inférieur à 10% (Figure 13).

Figure 13 : Exemple d’un phénomène de blanchissement d’une colonie corallienne branchue de la station (Olivier G., 2019)

La couverture algale est relativement élevée avec une moyenne par segment de 29%. Les autres compartiments sont une alternance de roches (16%), de débris coralliens (10%) et de sables grossiers (8%) (Figure 14).

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Pourcentage moyen de couverture + - SE

40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% HC

SC

RKC

NIA

SP

RC

RB

SD

SI

OT

Figure 14 : Pourcentage moyen de couverture de substrat sur le transect avec HC : corail dur, SC : corail mou, RKC : corail mort récemment, NIA : algues indicatrices d’éléments nutritifs, SP : éponge, RC : roche, RB : débris, SD : sable, SI : limon/argile et OT : autre 

Les poissons

Le long du transect, 79 individus de 5 espèces différentes ont été relevés. Les poissons papillons (Chaetodons) étaient les plus représentés (Figure 15). De nombreux groupes d’une dizaine de juvéniles de poissons perroquets (Scaridés) ont également été observés.

Abondance moyenne +- SE

12 10 8 6 4 2 0

Figure 15 : Abondance moyenne des poissons sur le transect 

Les invertébrés

Les invertébrés relevés le long du transect ont été moyennées par segment de 20 m. L’espèce majoritairement présente est le bénitier (Tridacna gigas). Aucune Taramea (Acanthaster planci), espèce invasive prédatrice des coraux, n’a été inventoriée, indiquant ainsi que le récif est en relative bonne santé (Figure 16 et 17).

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Abondance moyenne +- SE

Figure 16 : Bénitier de plus de 15 cm incrusté au sein d’une colonie de Porites observé sur le transect (Olivier G., 2019)

14 12 10 8 6 4 2 0

Figure 17 : Abondance moyenne des invertébrés sur le transect (Olivier G., 2019)

d) Les prochains suivis Les données recueillies représentent l’état initial (t=0) de la zone, avant la mise en place du rahui. Les prochains suivis permettront d’obtenir les premières tendances suite à la mise en place du rahui, de renseigner sur l’évolution de la santé du récif barrière et sur l’abondance et la taille des principaux poissons du lagon. Ils pourront être réalisés par les acteurs locaux formés à la méthode Reef Check accompagnés d’un Ecodiver, et effectués tous les 6 mois, à partir de novembre 2019 (t+1), mai 2020 (t+2), …

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7) Communication et sensibilisation des acteurs La sensibilisation et l’information de la population sur le rahui est primordiale pour qu’il soit accepté et respecté par la population et les usagers.

a) Balisage et panneaux d’information Suite au classement du rahui en ZPR, la DRM définira les balises à mettre en place pour délimiter le zonage du rahui dans le lagon et identifier leur positionnement adéquat en fonction de la configuration des lieux. Des bouées avec des panneaux indiquant l’interdiction de pêche pourront également être placées dans le lagon afin de mieux informer les usagers. Afin d’informer la population sur les règles et le zonage du rahui, des panneaux d’information ou des posters (voir Annexe 5) pourront être disposés à des endroits stratégiques de la commune comme la marina Tehoro, l’AME ou encore la plage de Atimaono. Une partie du coût de ces panneaux pourra être financé par la DRM, le reste sera à la charge de la mairie.

b) Actions de communications et évènements Plusieurs actions de communications ont été proposées à l’issue de la consultation, pour promouvoir le rahui et la démarche de la mairie et des pêcheurs. La mise en œuvre de ces évènements reste encore à définir. Une journée autour du thème du rahui pourrait être organisée pour sensibiliser le public à la préservation de l’environnement marin, à une pêche durable et au respect du rahui. Cet évènement réunirait divers acteurs du milieu marin en Polynésie, avec divers ateliers sur le thème du rahui, de la culture polynésienne, de la préservation des ressources marines, de la pêche, des loisirs nautiques, et des animations sportives. D’autres actions comme la réimplantation de bénitiers en collaboration avec la DRM ou encore des bouturages de coraux pourront être menés dans le rahui. Des journées pédagogiques avec les élèves des écoles primaires de Mataiea (Mairipehe et Nuutafara) et du collège de Teva I Uta pourraient être initiées dans la continuité de leur projet d’AME. Le rahui mis en place sur la commune pourra également être présenté lors de différents événements et conférences à Tahiti et en Polynésie française. Enfin, le rahui et le lagon préservé pourront participer à la promotion de la commune de Teva I Uta, en attirer des touristes et visiteurs supplémentaires sur la commune. Des prestations de loisirs nautiques ou des initiatives d’écotourisme durable pourront être développées, comme à Raivavae aux Australes (Tanret D. et al., 2016).

8) Sources de financement potentielles Des sources de financement possibles pouvant servir pour financer la gestion du rahui sont proposées en annexe 6 (liste des bailleurs de fonds source FAPE, 2019).

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III.

Conclusion

La pêche est une activité essentielle pour la population de Teva I Uta. Mais l’amélioration des techniques et l’augmentation de l’effort de pêche a eu des répercussions sur les stocks de poissons disponibles et sur les rendements. Le lagon de Teva I Uta présente aujourd’hui un environnement marin dégradé. Soucieuse de la qualité de vie et du développement économique de la commune, la mairie de Teva I Uta a donc initié en 2016 la mise en place d’un rahui dans le lagon de Mataiea. La population de la commune de Teva I Uta propose aujourd’hui la création d’un rahui, pour reconstituer le stock de poissons disponibles et d’améliorer la pêche lagonaire. La forte implication de la population pour la création du rahui de Teva I Uta témoigne de l’importance de la démarche participative et de la concertation, pour le respect et l’efficacité de la future zone protégée. Elle reflète surtout l’engouement pour la protection de la nature et le poids des valeurs culturelles pour le peuple polynésien. Ce projet constitue un des maillons du réseau de rahui qui s’instaure progressivement à Tahiti et dans les îles.

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Bibliographie AFB (Agence Française pour la Biodiversité). 2018. Surface en aires marines protégées-Indicateur ONB. DRM (Direction des Ressources Marines). 2018. Bulletin statistique, synthèse des données de la pêche professionnelle, de l’aquaculture et de la perliculture, édition 2017. 31p. Edgar G. et al. 2014. Global conservation outcomes depend on marine protected areas with five key features. Nature, 000 : 14p. FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations). 2018. The State of World Fisheries and Aquaculture 2018 - Meeting the sustainable development goals. Rome. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO. Gilbert A. 2006. Précision et biais des estimations de la consommation de poissons par enquêtes auprès des ménages. Cas de la commune de Haapiti (Moorea) Polynésie française. UR-CoReUs, CRISP, 50 p. Leenhardt P., Moussa R., Galzin R. 2012. Quel est le rendement de la pêche récifo-lagonaire à Moorea ? Synthèse des différentes données obtenues. Lettre d’information sur les pêches de la CPS, 137 : 27-35. Olivier G. 2017. Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea (Tahiti). G.O Tahiti Environnement, Polynésie française, 13p. Olivier G. 2019. Mise en place d’une station de suivis type « Reef-check » à Teva I Uta. 6p. Rand M. 2017. Marine Reserves Can Help Oceans, and People, Whithstand Climate Change. Randall J.E. 2017. Préface et conseil scientifique. In : Bacchet P., Zysman T., Lefèvre Y. Guide des poissons de Tahiti et ses îles. Tahiti, Polynésie française : Au vent des îles, 616p. Reef Check France. 2018. Protocole simplifié. France : JP QUOD, 9p. Sala E., Giakoumi S. 2017. No-take marine reserves are the most effective protected areas in the ocean. ICES Journal of Marine Science, 75 (3) : 1166-1168 Tanret D., Petit J., Aussedat N. 2015. Outils juridiques disponibles pour la création de grandes aires marines protégées en Polynésie française. Polynésie française, Tahiti, 10p. Tanret D., Lagouy E., Opeta J., Tevaatua J., Opeta S., Petit J. 2016. Accueil culturel chez l’habitant à Raivavae une initiative d’écotourisme innovante aux Australes, Polynésie française. Polynésie Française : Association d’écotourisme de Raivavae - Te ui tama no Ragnivavae, Commune de Raivavae, Association Rahui Nui nō Tuha’a Pae, The Pew Charitable Trusts, 12p. Thiault L., Kernaléguen L., Osenberg C.W., Lison de Loma T., Chancerelle Y., Siu G., Caudet J. 2019. Ecological evaluation of a marine protected area network: a progressive-change BACIPS approach. Ecosphere 10 (2), 12p. UICN, 2016. WCC-2016-Res-050-FR Accroître l’étendue des aires marines protégées pour assurer l’efficacité de la conservation de la biodiversité UICN CMAP (Union Internationale pour la Conservation de la Nature Commission Mondiale des Aires Protégées). 2018. Application des normes mondiales de conservation de l'UICN aux aires marines protégées (AMPs) Mener des actions de conservation efficaces grâce aux AMP pour la santé de l’océan et le développement durable. Version 1.0. Gland, Suisse, 5p.

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Zupan M., Fragkopoulou E., Claudet J., Erzini K., Horta e Costa B., Gonรงalves E. 2018. Marine partially protected areas: drivers of ecological effectiveness. Frontiers in Ecology and the Environment 16: 381-387.

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Annexes Annexe 1 : Questionnaire d’enquête réalisé auprès des pêcheurs et de la population I) Pour mieux vous connaître. Nom et Prénom : Sexe : ☐H ☐ F Age : ☐ Moins de 20 ans Habite

☐40-50 ans

☐20-30 ans

☐30-40 ans

☐50-60 ans

☐Plus de 60 ans

Mataiea depuis : Profession : Téléphone : Email :

II) Le pêcheur et ses pratiques 1) Depuis quand pratiquez-vous la pêche lagonaire ? …………………………………………………………………………………………………………………………………… ………….……………….……………………………………………………… 2) Quel type de pêcheur êtes-vous ? ☐ Occasionnel (fréquence faible, consommation personnelle) ☐ Amateur (fréquence régulière, consommation personnelle) ☐ Professionnel (fréquence régulière, vente et consommation personnelle) 3) A quelle fréquence allez-vous à la pêche (par jour/ par semaine/ par mois) ? …………………………………………………………………………………………………………… 4) Quel type de pêche pratiquez-vous ? Type de pêche Oui/Non Fréquence Fusil Filet Ligne Casier/nasse

5) Quel type d’embarcation utilisez-vous ? ☐ A pied ☐ kayak ☐ paddle ☐ pirogue ☐ bateau ☐ autres 6) Quelles sont les espèces que vous pêchés le plus ? (Poissons, bénitiers, oursins, escargot de mer, etc.) …………………………………………………………………………………………………………… 7) Selon vous, quelles espèces sont les plus menacées ? …………………………………………………………………………………………………………… 8) Pouvez-vous estimer le volume de vos prises par sortie ? …………………………………………………………………………………………………………… 9) Pratiquez-vous la pêche de nuit ? ☐ oui ☐ non

III) Constat des pêcheurs concernant le lagon de Mataiea 10) Quel est votre constat concernant le nombre de poisson ? Constat

Diminution

Stabilisation

Augmentation

Nombre de poissons Taille des poissons 11) Avez-vous remarqué d’autres changements concernant les autres espèces marines (bénitiers, escargot de mer, etc.) ? ……………………………………………………………………………………………………………

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Selon vous, quelles sont les causes de ces évolutions ? …………………………………………………………………………………………………………… 12) Quel est votre constat concernant l’état des coraux ? ☐ Dégradés ☐ Etat normal ☐ Bon état ☐Autres (préciser)……………………. Selon vous, quelle en est la cause ? ………………………………………………………………………………………………………… 13) Connaissez-vous les zones les plus ou moins impactées du lagon ? ☐ oui ☐ non 14) Si oui, montrer les zones les plus dégradées sur la carte. 15) Indiquez sur la carte les endroits où vous pêchez fréquemment ?

16) Quelle serait la définition du terme « rahui », selon vous ? …………………………………………………………………………………………………………… 17) Savez-vous qu’il existe une réglementation particulière sur la pêche dans le lagon de Teva i Uta ? ☐ oui ☐ non Si oui, laquelle ? …………………………………………………………………………………………………………… 18) Savez-vous que la commune a lancé une démarche de création d’un rahui ? ☐ oui ☐ non 19) Quel type de rahui préférez-vous entre les exemples suivants ? ☐ a. Plusieurs zones rahui de petite surface réglementant certains types de pêche (espèces, techniques) ☐ b. Une zone rahui interdite à la pêche ☐ c. Un rahui réglementant certains types de pêche tournant sur plusieurs zones ☐ d. Un rahui réglementant certains types de pêche composé d’une zone cœur et de deux zones tournantes autour ☐ e. Autres propositions………………………………………………………………………………... 20) Pour les autres zones où la pêche serait autorisée, pensez-vous qu’il faut y réglementer la pêche ? ☐ oui ☐ non 21) Si oui, quel type de pêche faudrait-il interdire et autoriser ? …………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………… 22) Si vous deviez choisir entre une zone à protéger, quelle serait-elle ? ☐ une zone dégradée qui pourra se régénérer grâce au rahui ☐ une zone en bon état de santé qui pourra se maintenir grâce au rahui IV) Proposition de zonage 23) Quelle serait la ou les zones préférentielles pour établir le rahui (entourer la zone sur la carte) ? 24) Pourquoi choisir cette zone ? …………………………………………………………………………………………………………………………………… ………….……………….……………………………………………… 25) A votre avis, qui devrait être en charge de la surveillance du rahui ?

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☐ La mairie et la police municipale

☐ les pêcheurs

☐ partenariat mairie/pêcheurs

26) Seriez-vous favorable à la création d’un comité de gestion du rahui (tomite rahui) en partenariat avec la commune, les pêcheurs, les usagers du lagon et la population ☐ oui ☐ non 27) Quelle est votre position quant à ce projet ? ☐ pour ☐ contre☐ pas d’avis 28) Pourquoi ? …………………………………………………………………………………………………………… Seriez-vous intéressez pour participer à des réunions publiques ? ☐ oui ☐ non La commune de TEVA I UTA et PEW POLYNESIE FRANCAISE vous remercie pour votre participation et vous tiendra informer des prochains événements.

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Annexe 2 : Conditions et démarches pour l’utilisation d’un drone pour un usage professionnel L’utilisation du drone doit respecter la vie privée des gens, est fonction des conditions climatiques, demande une formation spécifique dans le cadre d’un usage professionnel pour le pilote. Ainsi les drones (ou aéronefs télépilotés) sont soumis à deux arrêtés (SEAC PF, 2019) :

-

l’arrêté du 17 décembre 2015 concerne la conception des aéronefs civils circulant sans personne à bord, leurs conditions d’utilisation et les formations nécessaires pour les utiliser ; l’arrêté du 17 décembre 2015 relatif à la gestion de l’espace aérien pour les aéronefs circulant sans personne à bord.

Différentes démarches relatives à l’aéronef, au télépilote, à l’exploitation doivent être effectuées pour une utilisation dans le cadre professionnel. Ci-dessous un récapitulatif des démarches à effectuer, obtenues à l’aide du guide des drones pour une activité particulière (Ministère de la Transition écologique et solidaire, 2018) et de la page internet concernant l’usage professionnel des drones du Ministère de la Transition écologique et solidaire (Ministère de la Transition écologique et solidaire a, 2019). Ces procédures sont également valables pour la Polynésie française. 

Les démarches relatives à l’aéronef :

-

Enregistrement de l’aéronef

Les drones de 800g ou plus doivent être enregistrés sur le portail public « Alpha Tango » des utilisateurs d’aéronefs télépilotés (lien : https://alphatango.aviation-civile.gouv.fr/). A l’issu de cet enregistrement, le drone reçoit un numéro d’enregistrement qui doit être apposé sur lui. Par ailleurs lors de l’utilisation du drone le télépilote doit posséder un extrait du registre des aéronefs télépilotés à jour pour le présenter aux autorités lors d’un contrôle.

-

Rédaction d’un dossier d’utilisation

Un dossier d’utilisation de l’aéronef doit être rédigé comprenant un manuel d’utilisation et d’entretien.

-

Attestation de conception

Il faut adresser une demande d’homologation au pôle « Navigabilité » de la Direction de la Sécurité de l’Aviation Civile (DSAC) accompagnée du dossier technique et du manuel d’utilisation et d’entretien. 

Les démarches relatives au télépilote :

Pour piloter un drone dans le cadre professionnel, il faut obtenir le certificat d’aptitude au télépilotage de drones qui est délivré après avoir obtenus les examen théorique et pratique de télépilotage de drone civil. L’inscription à l’examen théorique se fait sur le portail « OCEANE » (lien : https://oceanecandidat.dsac.aviation-civile.gouv.fr/oceaneprt/toLoginCandidat.action). Cet examen est à payer en ligne et un dossier de demande d’inscription est à compléter et à adresser à l’adresse suivante : dsacexamens-theoriques-sur-ordinateurs-pilotes-de-loisirs-orly-bf@aviation-civile.gouv.fr . Le candidat peut trouver de nombreuses aides pour l’aider avec ces démarches mais aussi pour préparer l’examen à l’adresse suivante : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/examens-theoriquesbb-ulm-iulm-telepilote-laplpplah (Ministère de la Transition écologique et solidaire b, 2019). L’examen pratique quant à lui, se déroule dans un organisme de formation spécifique. A Tahiti l’entreprise Smartshot Production est habilitée pour cette formation, qui se déroule en 2 demijournées.

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Les démarches relatives à l’exploitant :

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Rédaction d’un manuel d’activité particulière

L’exploitant doit rédiger un Manuel d’Activité Particulière (MAP) qui décrit les modalités de mise en œuvre de ses obligations règlementaires. -

Déclaration d’activité

L’exploitant du drone doit au préalable déclarer son activité à la DSAC via le portail « Alpha Tango ». Cette déclaration doit être renouvelée tous les 24 mois. -

Bilan annuel d’activité

Un bilan d’activité doit être adressé annuellement à la DSAC (nombre d’heures de vol, problèmes rencontrés…). 

Restrictions d’usage :

Par ailleurs, les drones sont assujettis à des restrictions concernant le lieu de vol et la hauteur maximale de vol :

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le drone ne peut voler « à vue » qu’en dessous de 150 m (voir 50 m s’il pèse plus de 2 kg ou s’il est « hors vue » du télépilote) ; sauf dérogation le vol de nuit est interdit ; l’utilisation « hors vue », à proximité des aérodromes, dans des espaces contrôlés ou avec un accès réglementé est soumise à des autorisations spécifiques ; les vols en agglomérations doivent faire l’objet d’une déclaration auprès de la préfecture.

Concernant les prises de vue, elles nécessitent pour chaque mission d’être déclarées à minima 5 jours avant auprès de la préfecture, c’est-à-dire ici en Polynésie auprès du Haut-commissariat à l’adresse suivante : ab-polesecurite@polynesie-francaise.pref.gouv.fr et elle doivent également respecter les droits à la vie privée, à l’image et à la propriété privée des personnes. Lors d’une infraction la photographie du contrevenant peut être ajouté au procès-verbal versé au dossier par l’officier de police conformément à l’article 706-101 du code de procédure pénale (Legifrance, 2019). La ou les personnes, chargées de la surveillance du rahui devront ainsi suivre ces procédures pour pouvoir surveiller la zone à l’aide d’un drone.

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Annexe 3 : Devis formation Télépilote de drone par l’entreprise Smartshot Production

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Annexe 4 : Protocole de suivi Reef Check La méthode Reef Check est applicable dans le monde entier, avec une liste de poissons et invertébrés propre à chaque océan. Les suivis peuvent être menés à n’importe quel moment de l’année. Dans un premier temps le choix du site de suivi est effectué (facile d’accès, bonne visibilité, où on connait les activités anthropiques, avec des poissons, récifs, invertébrés…), le site doit être représentatif de l’environnement dans lequel il se trouve. Dans le cadre d’une zone protégée, il est préférable de choisir deux sites de suivi : un dans la zone protégée et un témoin hors de la zone protégée (Hodgson G. et al, 2006). La « station » de suivi est en réalité un transect de 100 m de long et de 5 m de large, divisé en 4 sections de 20 m séparées entre elles de 5 m pour assurer l’indépendance des échantillons (schéma ci-dessous), il est matérialisé sur le fond par un mettre ruban. Il est possible de marquer le transect si on réalise les investigations régulièrement.

Schéma du transect réalisé lors du suivi scientifique (Hodgson G. et al, 2006)

La première section est utilisée pour décrire le site (emplacement, données socio-économiques, observations, historique…). La deuxième pour inventorier les poissons, le volontaire inventorie les poissons en évoluant lentement de part est d’autre du ruban matérialisant le transect. La troisième ème pour les invertébrés en zigzagant lentement de part d’autre du transect. Enfin la 4 pour l’inventaire du substrat, les différents substrats sont relevés tous les 50 cm sur le ruban. Si le transect comporte une cavité de plus d’1 m de profondeur, il ne faut pas collecter les données de cette anfractuosité (Reef Check France, 2018). Avant la mise à l’eau, il faut assigner à chacun son sondage, préparer les bases de données à remplir et le matériel nécessaire (clé de détermination des organismes, GPS, ligne de transect, stylo, feuilles immergeables, matériel de sécurité…). Une fois l’échantillonnage réalisé, un débriefing avec les volontaires et une analyse succincte des résultats est effectuée avant qu’ils soient intégrés à la base de données mondiale et à des rapports locaux. Référence : Hodgson G., Hill J., Kiene W., Maun L., Mihaly J., Liebeler J., Shuman C., Torres R. 2006. Reef Check Instruction Manual : A Guide to Reef Check Coral Reef Monitoring. Pacific Palisades, California, USA : Reef Check Foundation, 95p. [05/02/2019] https://drive.google.com/file/d/1Gq_AjSVog0nKNfL0buEYOHx6BBR0oEV9/view

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Annexe 5 : Exemples de panneau et de poster d’information sur le rahui de Teva I Uta

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Annexe 6 : Sources de financement possible pour la gestion du rahui de Teva I Uta (Source FAPE) Catégories

Fonds européens

Bailleurs de Fonds

Fond européen de développeme nt (FED)

Appels à Projet (AAP) / Subventions FED 20142020

Délais de dépôt de dossiers

2020

Objectifs

Critères et conditions

Financement

Promotion : - du développemen t économique, social et humain ;

- La durée totale pour réaliser le projet en mode subvention ne doit pas excéder 36 mois

Enveloppe totale de 30.5 milliards € (639 618 070 000 XPF)

- de la coopération régionale dans les pays et territoires en voie de développemen t

Organisations NonGouvernemental es (Métropole)

Autres

Fondation de France

C.Reva Crowdfunding

AAP Les Futurs du Littoral et de la Mer

Financeme nt participatif

Date dépassée pour l’AAP 2019

Propositio n de projet en continu

Développemen t de projets collectifs visant à développer les espaces marins, les territoires maritimes et littoraux

Dédié aux projets solidaires, culturels, sociaux et entrepreneuria ux

- Pour aider dans la démarche il existe le manuel du porteur de projet (Ministère du travail, Sd)

Être le fruit d’une collaboration entre acteurs de terrain (praticiens, décideurs…) et scientifiques, travaillant directement sur les espaces littoraux ou marins

- Aide maximale de 15 000 € (soit 1 788 340 XPF) pour un projet en émergence (accompagneme nt d’un an maximum)

Entrepreneuri al, culturel, social ou solidaire

Le projet pourra être financé selon la contribution des donateurs sur la plateforme

- Caractère innovant du projet : technologie, concept ou service proposé

- Créer et déposer la demande de financement en ligne sur la plateforme « Ma démarche FSE»

(FSE, Sd)

- Le projet ne doit pas être achevé à la date de dépôt de la demande de financement

- Implantation, amélioration ou élimination d’un processus

Procédure de candidature

Candidature en ligne (Fondation de France, 2019)

- Aide entre 30 000 € et 50 000 € (soit entre 3 576 679 et 5 961 132 XPF) par an sur 3 ans maximum pour les projets de recherche participative déjà consolidés - S'inscrire sur la plateforme et lancer le projet de don (C.Reva, 2019) - Par la suite un comité d’évaluation, composés de dirigeants et d’experts locaux de tous secteurs confondus, valide la pertinence et la viabilité du projet avant sa publication

- Plus-value et intérêt réel pour l’écosystème local

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Pew Polynésie française

3ème édition AAP Rahui

Pas de date pour le moment

- Projet contribuant à préserver les ressources marines en Polynésie française à travers le concept du rahui ou d’autres mesures de protection des ressources côtières et des espaces marins - Projet promouvant la culture polynésienne liée au rahui et à la protection des ressources marines

- Contribution à l’objectif de protection des ressources marines - Contribution à l’objectif de promotion de la culture traditionnelle liée au rahui

10 projets de 500 000 XPF

Remplir un formulaire de candidature, à envoyer par voie électronique (au format PDF ou Microsoft Word) à Pew : dtanret@pewtrusts. org

- Approche participative (intégration de la population et des acteurs locaux)

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