Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de mataiea, projet de rahui de Teva I Uta

Page 1

G.O. Tahiti Environnement

Pour

P.E.W Polynésie française

Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea (Tahiti)

OLIVIER Guillaume Juin 2017


Table des matières INTRODUCTION ............................................................................................................................................................................................................ - 2 1.

Cadre de l’étude ........................................................................................................................................................................................... - 2 -

METHODOLOGIE ET DISPOSITIONS TECHNIQUES ........................................................................................................................................ - 3 1.

Présentation des zones et stations d’échantillonnage ....................................................................................................... - 3 -

2.

Méthodologie d’évaluation des peuplements récifaux ...................................................................................................... - 3 -

RESULTATS ........................................................................................................................................................................................................................ - 4 1.

Géomorphologie de la zone ................................................................................................................................................................. - 4 -

2.

Description des stations d’échantillonnage .............................................................................................................................. - 4 -

DISCUSSION ....................................................................................................................................................................................................................... - 7 1.

Synthèse de l’état de santé des récifs de Mataiea .................................................................................................................. - 7 -

2.

Zones prioritaires à protéger ............................................................................................................................................................. - 8 -

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................................................................................- 10 ANNEXES ...........................................................................................................................................................................................................................- 10 -

Table des Figues Figure 1: Situation géographique du lagon de Mataiea………………………………………………………………………………………………………-2Figure 2 : Position des transects et points d'observations - Zonage du lagon en 3 sous parties…………………………………………-3Figure 3 : Tracé réalisé en bateau lors de la sortie terrain…………………………………………………………………………………………………..-3Figure 4 :Relief littoral et lagonaire de la commune de Mataeia. Source: Cartothèque de l'IRD - Planche établie par J.BONVALLOT - ORSTOM, 1993……………………………………………………………………………………………………………………………………………..-4Figure 5 : Résultats des observations faites le long de chaque transect réalisé – Etat de santé général des récifs…………….-5Figure 6 : Sélection de deux options (ZR 1 et ZR 2) pouvant abriter le futur Rahui de Mataiea………………………………………….-9-

Tableaux : Tableau 1: Coordonnées géographiques des stations étudiées……………………………………………………………………………………………..-2-

Annexes : Annexe I : Ressources en poissons et invertébrés du lagon de Mataiea (extrait tiré du PROFish, 2007). Annexe II : Pourcentages de recouvrement le long des transects des 7 stations. Annexe III : Carnet photographique et vidéos des transects lors de la sortie du 30 Mai 2017.

-1Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


INTRODUCTION 1. Cadre de l’étude Dans le cadre de la mise en place d’un Rahui à Teva I Uta, il a été demandé de réaliser un premier diagnostic succinct de l’environnement des récifs du lagon associé à la commune de Mataiea. La pêche en lagon y est fortement pratiquée alors que les ressources diminuent. L’objectif de ce document est de présenter les différentes entités récifales de la zone, d’évaluer l’état de santé de chacune de ces entités (pourcentage de recouvrement, abondance, richesse spécifique) et y dégager une première zonation de leurs sensibilités pour délimiter une zone qui pourrait, avec l’aval des pêcheurs locaux, abriter une zone de pêche réglementée sous la forme d’un Rahui.

Etudes antérieures Assez peu d’études ont été réalisées sur cette zone. Seuls deux documents renseignent sur l’état de santé des récifs de Mataiea et de leurs ressources :  Réseau de surveillance du milieu lagonaire de Tahiti (CRIOBE/DIREN, 2007). On y trouve notamment un descriptif complet des peuplements récifaux. Le lagon de Mataiea n’y figure pas mais les stations échantillonnées les plus proches sont : - Les récifs frangeant et intermédiaire d’Altimaono ouest à 2km du lagon de Mataiea (2 stations) - Les récifs du port Phaéton à Taravao (2 stations).  Le Programme Régional de développement des pêches Océaniques et Côtières (PROCFish/C/CoFish) commandé par la CPS en 2006 : on y trouve l’état de santé des peuplements récifaux de Mataiea (poissons, invertébrés) basé sur 22 transects répartis du récif frangeant à la pente externe ainsi que les résultats des enquêtes auprès des habitants sur les techniques de pêche et l’exploitation des ressources du lagon. L’état de santé des coraux du lagon de Mataiea n’y figure pas. Situation générale du site étudié : le lagon de Mataiea

Figure 1: Situation géographique du lagon de Mataiea

-2Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


La commune de Mataiea (associée à la commune de Teva I Uta) est située au sud de la grande île de Tahiti Nui, par 17°46’ de latitude sud et 149°24’ de longitude ouest (Figure 1). La zone de pêche lagonaire est ouverte à tous et couvre une superficie d’environ 11 km sur 2,2 km (PROCFish, 2006). Le lagon regroupe quatre habitats principaux : le tombant récifal externe, l’arrière-récif, le récif intermédiaire et le récif côtier protégé ou récif frangeant.

METHODOLOGIE ET DISPOSITIONS TECHNIQUES 1. Présentation des zones et stations d’échantillonnage Tableau 2: Coordonnées géographiques des stations étudiées

Zone

Figure 2 : Position des transects et points d'observations - Zonage du lagon en 3 sous parties

Frangeant

Intermédiaire

Barrière

1

17°46'29,12'' S 149°26'21,92'' O

17°46'58,78'' S 149°26'08,33'' O

17°47'16.72'' S 149°25'52,45'' O

2

17°46'27,39'' S 149°24'48.01'' O

17°46'40.97'' S 149°24'48.55'' O

17°47'03.21'' S 149°24'44.51'' O

3

17°46'06.84'' S 149°23'35.94'' O

17°46'20.70'' S 149°23'32.14'' O

17°46'45.;83'' S 149°23'21.85'' O

Figure 3: Tracé réalisé en bateau lors de la sortie terrain

2. Méthodologie d’évaluation des peuplements récifaux Les pourcentages de recouvrement des différents compartiments composant le fond marin ont été obtenus à partir des observations faites le long de transects linéaires de 20 mètres (7 au total, Figure 2) mis en place sur chaque site en utilisant la « Point Intercept Transect Method » (PITM) dont les résultats sont présentés en annexe II. Les sites ont été échantillonnés le 30 Mai 2017 en bateau et PMT (Figure 3). D’autres observations ont été faites le 8 Juin 2017. L’abondance et la taille des principales familles de poissons pêchés (Acanthuridés, scaridés, mulidés…) ont été relevées ainsi que l’abondance et la taille des principales familles d’invertébrés peuplant le récif (bénitiers, échinodermes, holothuries…). Il ne s’agit pas d’un inventaire complet mais des observations réalisées lors de la sortie terrain. Cet inventaire devra être ultérieurement réalisé pour plus d’informations sur les ressources disponibles concernant chaque espèce.

-3Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


RESULTATS 1. Géomorphologie de la zone

Figure 4: Relief littoral et lagonaire de la commune de Mataeia. Source: Cartothèque de l'IRD - Planche J.BONVALLOT - ORSTOM, 1993.

établie par

Reliefs littoraux et lagonaires de Mataeia (Figure 4) sont typiques des îles hautes classiquement divisés en quatre principales unités : le récif frangeant constitué de sables ou vases terrigènes et dalles coralliennes ; le platier intermédiaire alternant entre formations sableuses et calcaires ; le récif barrière constitué d’une alternance de sables détritiques, de massifs coralliens et d’herbiers à phanérogame ; et la pente externe composée de structures récifales riches. Le lagon de Mataeia est ouvert sur l’océan par deux passes, la passe de Teahifa qui fait face à la rivière Faurahi et la passe de Rautirare, face à la rivière Vairaharaha. Ces passes délimitent longitudinalement trois principaux ensembles récifaux, définis ici comme les zones 1,2 et 3 (Figure 2). On trouve deux îlots détritiques sur les bordures Est des deux passes principales (Motu Mapeti et motu Pururu). De nombreux pinacles sont présents dans le bassin d’Ahifa, pinacles exploités par les pêcheurs pour certains carnassiers.

2. Description des stations d’échantillonnage Les observations faites le long des sept transects et des points d’observation lors de la sortie terrain sont présentées figure 5. Pour chacune des stations, ces observations sont accompagnées d’une photo représentative de la zone ainsi qu’un indice sur l’état de santé général du récif allant de Très mauvais à Très bon. -4Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


Photo 1 : Massif multi spécifique du frangeant de la zone 1. Partiellement sédimenté, il abrite quelques Pocilloporidae et Montipora

 Station comprise entre 1 et 3 m de profondeur au niveau du récif frangeant. Zone fortement impactée par la pêche amateur car facile d’accès. Station en relative bonne santé pour un frangeant avec un gradient positif de vitalité corallienne de l’intérieur du frangeant vers la pente  La vitalité corallienne est moyenne à bonne avec 30% de recouvrement corallien alternant avec les débris coralliens (28%). Dominance de Porites et Porites rus dont certains massifs > 1m et quelques massifs multi spécifiques (photo 1) abritant certaines espèces pionnières comme Pocillopora Verrucosa et Montipora sp;  On note quelques phénomènes de blanchissement (10-15%) ;  Zone assez peu sédimentée pour un frangeant mais présence de dépôts terrigènes sur certains massifs. Le taux de recouvrement algal y est faible (<10%) ;  Scaridés et Acanthuridés de petite taille, pas ou peu de carnivores observés. La biodiversité y est moyenne ;  Présence d’une dizaine de bénitiers le long du transect mais de taille < 15 cm, aucun spécimen > 15cm.

Santé du récif frangeant : Moyen à Bon

Zone 1

Station 1 : Récif frangeant

Point d’observation 1 : Platier Intermédiaire

Pas de transect effectué sur cette zone mais l’observation du récif montre une diversité corallienne faible à moyenne. Le tombant du platier vers le lagon profond est très prisé par les pêcheurs de carnivores et de scaridés de taille importante. On trouve de nombreux pinacles entre le frangeant et l’intermédiaire, pinacles fortement exploités par les pécheurs au fusil.

Santé du récif intermédiaire : Moyen à Bon      Photo 2 : photo représentative de l’arrière récif avec à gauche un massif de Millepora et à droite des massifs partiellement recouverts de Turbinari Ornata alternant avec des coraux constructeurs vivants.

Station comprise entre 1.5 et 2m de profondeur, à 150 m du récif barrière. Zone à forte construction corallienne avec une vitalité de 40% (la plus importante de tout le lagon) ; La diversité corallienne est bonne avec une alternance de massifs de Porites, de massifs multi spécifiques (dominés par les Pocilloporidae et Montipora) et de Millepora sp (Corail de feu). Pas ou peu de blanchissement ; Zone soumise à une forte bio érosion due à l’impact de la houle. Compartiment de sable détritique important (25%) ; Le recouvrement algal est moyen (12.5%) avec des « touffes » éparses de Turbinaria Ornata (12.5%) dont la concentration augmente vers la barrière récifale. Le récif est marqué par la présence importante d’algues calcaires Halimeda sp ; La biodiversité est bonne, les familles les plus représentés sont les Scaridés, les Acanthuridés et les Chaetodontidae (Poissons papillons). Les tailles observées sont petites à moyenne à l’exception de quelques scaridés et mulidés de taille supérieure à la moyenne ; Nombreuses coquilles d’invertébrés au sol ; Les bénitiers sont bien représentés dont certains > 15 cm.

Santé de l’arrière récif : Bon

Station 2 : Arrière récif

Zone 2

   Photo 3 : Paysage représentatif du frangeant de la zone 2. Premier plan : amas de débris coralliens et Anémones ; Second plan : Champs d’Acropores en mauvais état et nombreux stégastes (Poissons jarfiniers)

  

Profondeur de la station comprise entre 0.5 et 2m. Station la plus dégradée du lagon. Les fonds sont fortement recouverts de sédiments terrigènes (terre+vase) et de débris corallien sédimentés ; La vitalité corallienne est de 20% mais représentée en majorité par des champs d’Acropores en mauvaise santé. Les anémones et certains coraux mous se sont installés sur les dalles coralliennes mortes. Quelques fungiidae observés sur le tombant ; Le taux de recouvrement algal est de 15% dominé principalement par Padina pour les macroalgues et par un gazon à Céramiales (Turf) pour les micro-algues ; Les stégastes (poissons fermiers) sont fortement représentés du à la présence de champs d’Acropora Très faible biodiversité dans la zone ; Marqueurs de pollution importants (micro-ondes, canette alu, fils de pêche…) ; Peu d’invertébrés dans la zone.

Station 3 : Récif frangeant

Santé du récif frangeant : Mauvais

-5Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


 

Récif peu profond (1 m à 1m 50) dominé par les sables (30%) et débris coralliens (25%) ; Zone facilement accessible car absence de chenal profond le séparant du frangeant. Zone de pêche surexploitée depuis des années ;

Le taux de recouvrement corallien y est très faible (10%), alternance de massifs de Porites de petite taille < 1m et de Montipora en mauvais état ; Blanchissement important (20-30%) ; Le taux de recouvrement algal est important (20%) majoritairement occupé par Turbinaria Oranta et les Sargasses qui témoignent d’une mauvaise qualité du platier ;

Zone 2

Photo 4 : Paysage du platier intermédiaire zone 2. Faible recouvrement corallien alternant avec les sables. Massifs de Porites de petite taille.

 

Faible biodiversité le long du transect, les scaridés et acanthuridés sont de très petite taille, aucun carnivore observé ; Les invertébrés consommés y sont rares, seuls quelques bénitiers < 15 cm ont été dénombrés ; Aucune amélioration du platier jusqu’à l’arrière récif (200 m de la barrière récifale)

Station 4 : Récif intermédiaire

Santé du récif intermédiaire : Médiocre      

Photo 5: Arrière récif composé de massifs de Porites et de nombreux Montipora. alternants avec les sables détritiques.

Station comprise entre 1.5 m et 3m alternant entre massifs coralliens en moyenne santé et sables détritiques ; Le taux de recouvrement corallien est supérieur au récif intermédiaire (27,5%) mais reste insuffisant pour un arrière récif. Alternance de massifs de Porites et Porites rus avec des massifs multispécifiques composés majoritairement de Montipora et de Pocilloporidae de belle taille ; Le recouvrement algal est moyen, majoritairement composé de Turbinaria Ornata et d’algues calcaires du genre Halimeda ; Nombreuses coquilles d’’échinodermes et de bénitiers formant des amas ; La biodiversité y est moyenne à bonne avec notamment la famille des scaridés bien représentée ; Structure trophique dominée par les herbivores

Station 5 : Arrière récif

Santé de l’arrière récif : Moyen Pas de transect réalisé dans cette zone. Le frangeant de la zone 3 semble fortement sédimenté et composé d’une alternance de massifs morts et de sables terrigènes. La vitalité corallienne est faible (champs d’Acropora seulement) et la biodiversité également.

Point d’observation 3 : Récif frangeant

Santé du récif frangeant : Médiocre

Zone 3

   

Récif très peu profond (0.5 à 1m) Le recouvrement corallien est faible (17,5%), la majorité des coraux sont récemment morts (tabulaires et branchus) et calcifiés marqueur d’une forte dégradation ; Seuls quelques Millepora et Porites de petite taille sont vivants ; Le recouvrement algal est faible (2,5%);

   

La biodiversité est très faible, à l’exception des scaridés de petite taille (juvéniles); De nombreux bénitiers de petite taille et quelques échinodermes dont le genre Diadema De nombreuses holothuries Pas d’amélioration vers le tombant

Photo 6 : Paysage du platier intermédiaire zone 3. Faible vitalité corallienne alternant avec roches et sables détritiques. Faible biodiversité.

Station 6 : Récif intermédiaire

Santé du récif intermédiaire : Médiocre    

 Photo 7: Arrière récif composé de massifs de Porites > 1m recouverts partiellement de macro algues. Biodiversité bien présente au premier plan

Station comprise entre 1.5 m et 3m Le taux de recouvrement corallien est bon (30%) alternant avec dalles et sables détritiques Alternance de massifs de Porites de bonne taille (> 1m) et de massifs multispécifiques composés majoritairement de Montipora, d’Acropores et de Pocilloporidae; Le recouvrement algal est moyen (12%) , majoritairement composé de Turbinaria Ornata et d’algues calcaires du genre Halimeda caractéristiques des herbiers à phanérogames du récif barrière ; La biodiversité y est moyenne à bonne, les principales familles de poissons consommés sont de taille moyenne à bonne (Photo 7); Densité de bénitiers > 15 cm asse bonne, amas de coquilles d’invertébrés au sol ;

Station 7 : Arrière récif

Santé de l’arrière récif : Moyen à Bon

Figure 5 : Résultats des observations faites le long de chaque transect réalisé – Etat de santé général des récifs

-6Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


DISCUSSION 1. Synthèse de l’état de santé des récifs de Mataiea Les différentes entités récifales du lagon de Mataiea présentent des variations importantes au niveau de leur composition corallienne ainsi qu’au niveau de la ressource en poisson et invertébrés. Récifs frangeants : -

-

Les récifs côtiers protégés ou frangeants sont marqués par une faible construction corallienne et une faible vitalité à l’exception du frangeant de la zone 1 moins altéré par l’hypersédimentation et plus profond. Les populations récifales des frangeants sont de qualité médiocre à moyenne. La biodiversité y est faible et la taille observée des principales familles de poissons consommées (scaridés, acanthuridés et mulidés) est en général de petite taille. Les invertébrés les plus exploités (bénitiers, holothuries et échinodermes) sont également de petite taille et peu abondants.

La diminution des ressources de ces récifs sensibles pourrait s’expliquer par une surexploitation des pécheurs locaux couplée à une sédimentation répétée. Les activités humaines des bassins versants de Mataiea sont aussi à prendre en compte. Récifs intermédiaires : -

Les récifs intermédiaires de la commune sont marqués par une construction corallienne moyenne à forte mais une faible vitalité à l’exception du platier intermédiaire de la zone 1 (bonne vitalité). Cela témoigne de la dégradation continue de ces entités récifales avec le temps.

-

La structure trophique est dominée par les herbivores qui sont bien représentés du à une certaine abondance de macro algues (Turbinaria Ornata) et de gazon à céramiales notamment sur le récif intermédiaire de la zone 2. Les principales familles de poissons exploités sont quand à elles de taille moyenne mais de faible densité, notamment en zone 2 et 3. Les principaux invertébrés y sont plus présents que sur les frangeants mais toujours de taille petite à moyenne.

L’abondance de macro algues ainsi que les faibles recouvrements coralliens observés témoignent d’une surexploitation ainsi que d’une mauvaise santé de ces récifs, à l’exception de la zone 1 qui montre une santé moyenne à bonne. Arrières récifs : Les résultats des observations de terrain indiquent que ces environnements proches du récif barrières (< 250 m) abritent la meilleure biodiversité du lagon. -

-

Les arrières récifs sont marqués par une forte construction corallienne et une forte vitalité. La présence de massifs coralliens multispécifiques (Porites, Millepora, Pocilloporidae, Acropores, Montipora…) témoigne d’une relative bonne santé du récif, à l’exception de certaines zones (2) où les macro-algues sont surreprésentées. La structure trophique est également dominée par les herbivores mais ces récifs abritent la plus forte biodiversité en poissons et invertébrés du lagon (18 espèces de poissons différentes relevées, 9 d’invertébrés). On note également l’observation de certains spécimens de mulidés et scaridés de taille moyenne à grande. -7Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


Les arrières récifs paraissent être les entités les plus riches du lagon, tant bien au niveau de la structure corallienne que de ses peuplements. Cette étude n’a pas pris en compte la pente externe du récif barrière qui regroupe d’une manière générale la plus forte biomasse concernant les familles les plus exploitées, notamment chez les carnivores (PROCFish, 2007). En réumé : Les résultats des sorties terrains ainsi que les conclusions des précédentes études réalisées dans la zone (PROCFish, 2007 ; RST, 2007) indiquent que le lagon de la commune de Mataiea

abrite une biodiversité assez faible surement due à la

surexploitation de ses ressources ainsi qu’au mauvais état de santé de ses récifs coralliens. Les ressources en poissons à Mataiea semblent globalement faibles à moyennes avec un minimum d’abondance sur les récifs intermédiaires de la zone 2. Les habitats récifaux côtiers et intermédiaires sont en mauvaise santé à l’exception des habitats de la zone 1. La plus grande richesse semble se situer sur les arrières récifs. Les invertébrés les plus consommés qui ont été observés sont de petite taille à l’exception de l’arrière récif barrière.

2. Zones prioritaires à protéger La zone protégée par le futur Rahui devra être choisie en fonction de plusieurs facteurs : -

L’état des récifs coralliens Les peuplements de ces récifs L’avis des pêcheurs locaux La superficie de la zone choisie

Il sera important de réaliser un inventaire complet des ressources du récif frangeant jusqu’à la pente externe du lagon afin de se baser sur des données plus complètes et pouvoir les additionner et les comparer à celles obtenues lors de la campagne PROCFish en 2006. Selon les premières conclusions de ce diagnostic général, les zones ZR 1 et ZR 2 ont été retenues pour abriter une réglementation. Ces deux zones sont totalement opposées avec : ZR 1 : bonne couverture corallienne, bonne vitalité, biodiversité et abondance correctes. De la frontière ouest du lagon de Mataiea à Nairiri comprenant le récif frangeant, le lagon profond, le récif intermédiaire, la barrière récifale et la pente externe. Surface d’environ 4,5 km². ZR 2 : Faible couverture corallienne, mauvaise vitalité, biodiversité et abondance faibles. Zones récifales comprises entre les passes Teahifa et Rautirare incluant le frangeant de la pointe de Mataiea, le platier intermédiaire, la barrière récifale et sa pente externe. Surface d’environ 4 km². -8Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


17°46’22 S 149°25’38 O

17°46’26 S 149°24’31 O

17°46’24 S 149°26’15 O

17°46’48 S 149°27’04 O

ZR 2

ZR 1

Passe Rautirare 17°47’07 S 149°24’13 O

Passe Teahifa

17°47’50 S 149°27’06 O

500 m

Figure 6 : Présélection de deux options (ZR 1 et ZR 2) pouvant abriter le futur Rahui de Mataiea.

Chaque option représenterait approximativement un tiers de l’espace exploitable du lagon, surface qui parait un minimum pour obtenir une efficacité sur le long terme. - La ZR 1 permettrait de protéger les derniers récifs en bonne santé et riches en ressources ; l’inconvénient sera de laisser les deux zones en moins bonne santé continuer à être exploitées ; - La ZR 2 permettrait de protéger les récifs les plus menacés et ainsi laisser le temps aux coraux et peuplements récifaux de se développer à nouveau sans pression anthropique. L’inconvénient est que la zone 1 présentant la meilleure biodiversité sera alors surexploitée. La décision devra être prise en accord avec : - les résultats des études biologiques ; - les inventaires complets des espèces peuplant le lagon ; - l’avis des pêcheurs locaux.

-9Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


BIBLIOGRAPHIE PROGRAMME RÉGIONAL DE DÉVELOPPEMENT DES PÊCHES OCÉANIQUES ET CÔTIÈRES (PROCFish/C/CoFish) Polynésie française - Rapport de Pays : profils et résultats des enquêtes réalisées à Fakarava, Maatea, Mataiea, Raivavae et Tikehau (Septembre – Octobre 2003, Janvier – Mars 2004, Avril – Juin 2006) / par Mecki Kronen, Kim Friedman, Silvia Pinca, Lindsay Chapman, Ribanataake Awiva, Kalo Pakoa, Laurent Vigliola, Pierre Boblin and Franck Magron.

RESEAU DE SURVEILLANCE DU MILIEU LAGONAIRE DE TAHITI ; Rapport final – CRIOBE, 2007. Cartothèque de l’IRD – La géomorphologie - I : îles du Vent : [planche] 35. (IN) Atlas de la Polynésie française / planche établie par J. Bonvallot. - Paris (FRA) : ORSTOM, Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération, 1993. - 1:150000

ANNEXES Annexe 1 : Ressources en poissons et invertébrés du lagon de Mataiea (extrait tiré du PROFish, 2007) Ressources en poissons : Mataiea Malgré la relative richesse de l’habitat récifal à Mataiea, les ressources en poissons semblent en mauvais état, sous l’effet de la forte pression de pêche, surtout dans le lagon et les zones côtières. Les résultats de l’enquête montrent que la densité et la biomasse des poissons sont au niveau le plus bas de tous les sites étudiés. L’évaluation détaillée au niveau du récif révèle aussi une abondance de carnivores (labridés, lutjanidés et lethrinidés) inférieure à la moyenne, les mullidés accusant une abondance légèrement supérieure sur le récif côtier et le récif intermédiaire. Les premiers résultats laissent à penser que cette évolution pourrait s’expliquer par l’impact supérieur à la moyenne de la pêche d’espèces carnivores (lutjanidés, serranidés et labridés). Les populations de vivaneaux (lutjanidés), d’empereurs (lethrinidés) et de rougets (mullidés) sont systématiquement faibles et les mérous (serranidés) pratiquement absents. À Mataiea, la pêche est le plus souvent pratiquée à des fins de subsistance. L’impact de la pêche sur les ressources halieutique est toutefois d’ores et déjà élevé, du fait de la forte population de l’île et de la grande densité de pêcheurs. Ressources en invertébrés : Mataiea Les zones lagonaires de Mataiea, et surtout les zones peu profondes de l’arrière-récif, conviennent très bien au bénitier Tridacna maxima, dont la densité est modérée pour une île haute et un lagon ouvert. La couverture et la densité ne sont pas remarquables par rapport aux densités couramment observées ailleurs en Polynésie française, et les pêcheurs locaux interrogés ont observé une diminution du nombre et de la taille des bénitiers au cours des dernières années. Bien que toutes les classes de taille soient représentées pour T. maxima, y compris de jeunes bénitiers – ce qui traduit le succès du frai et du recrutement – le nombre de bénitiers de grande taille est relativement faible, ce qui confirme l’hypothèse que les stocks de bénitiers sont affectés par la pression de pêche. Malgré le comportement cryptique des huîtres perlières à lèvres noires Pinctada margaritifera et leur dispersion clairsemée habituelle dans les systèmes à lagon ouvert (comme celui de Mataiea), elles sont rares, ce qui est surprenant : une seule nacre a été enregistrée au cours de l’enquête. Le troca Trochus niloticus, et le burgau, Turbo marmoratus, dont l’aire de répartition est limitée aux passes et au lagon, sont relativement abondants à Mataiea. Ce sont deux espèces d’intérêt commercial pour les pêcheurs côtiers. La bonne santé du stock reproducteur de trocas, constatée au cours de l’enquête, s’explique principalement par des mesures de protection (prélèvement à partir de 11 cm) et de « repos » des stocks entre deux périodes de pêche commerciale

- 10 Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


Pour des raisons biogéographiques, l’aire de répartition des espèces d’holothuries à Mataiea est restreinte, et l’on ne connaît pas bien la pression qui s’exerce sur les stocks. On a noté une bonne densité d’holothuries léopards Bohadschia argus de moindre valeur marchande, mais les holothuries noires à mamelles (Holothuria nobilis), espèce de plus grande valeur, n’ont été repérées qu’en un seul endroit. Les holothuries ananas Thelenota ananas, de valeur légèrement inférieure à celle des holothuries noires à mamelles, n’étaient pas rares, mais à une densité modérée à faible. […] • Des mesures restrictives de gestion des ressources marines devraient être prises pour faciliter la reconstitution des stocks. L’aménagement d’aires marines protégées devrait être considéré comme un outil de gestion primordial. Leur efficacité devrait ensuite être évaluée par un suivi régulier des ressources. • L’emploi de filets maillants et la pêche au fusil de nuit devraient être strictement réglementés. • Les mesures de repeuplement et de protection devraient se concentrer sur le récif intermédiaire et le récif côtier, car la pauvreté naturelle des récifs externes ne permet pas d’alléger la pression qui s’exerce sur le récif côtier protégé et les arrière-récifs.

• La densité et la fourchette de tailles des trocas, observées au cours de l’enquête, laissent à penser qu’une pêche limitée pourrait être pratiquée dans des zones de grande abondance. On ne devrait commencer à pêcher qu’au-dessus du seuil de densité de 500 à 600 individus par hectare. • Il n’est pas recommandé de pêcher le burgau Turbo marmoratus à des fins commerciales, l’aire de répartition de cette espèce étant très limitée. • On pourrait consulter de vieux pêcheurs, afin de déterminer les zones où vivaient autrefois des stocks de trocas et de burgaus, mais qui sont maintenant surpêchées. Cela permettrait d’élargir l’aire de répartition de ces ressources et d’y transplanter des adultes. • Il convient d’évaluer les stocks d’holothuries blanches à mamelles Holothuria fuscogilva vivant dans des eaux plus profondes, pour savoir s’il existe un potentiel de récolte de cette espèce à des fins commerciales.

Extrait tiré du PROCFish, p.28

Annexe 2 : Pourcentages de recouvrement le long des transects des 7 stations Coraux vivants (CV) Coraux durs et vivants observés le long des transects

Coraux morts récemment (CMR) Coraux morts encore en place ou cassés – structure squelettique des polypes encore visible

Sable (S)

Algues (A)

Tous les sédiments dont la taille des grains est < 2 mm

Macroalgues ; Turbinaria Ornata ; Halimeda sp ; CCA ; Turf

Coraux mous (CM) Différentes espèces de coraux mous (e.g. Palythoa sp., Cladiella sp.)

Eponges (E) Espèces observées

Dalle (D) Ensemble des substrats durs recouverts de gazon algal – coraux morts depuis plus d’un an

Débris coralliens (DC) Fragments calcaires durs et non fixés < 20 cm Débris d’origine terrestre (e.g. galets)

Vases (V)

Autre (O)

Vases terrigène dont la taille du grain < 0.6 mm

Tous les organismes fixés n’appartenant pas aux différentes catégories (e.g. anémones, coquillages)

Terminologie utilisée pour l’étude de l’état de santé des récifs afin d’obtenir les pourcentages de recouvrement

- 11 Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


ZONE 1

ZONE 2

ZONE 3

(m)

S1

S2

S3

S4

S5

S6

S7

0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6 6,5 7 7,5 8 8,5 9 9,5 10 10,5 11 11,5 12 12,5 13 13,5 14 14,5 15 15,5 16 16,5 17 17,5 18 18,5 19 19,5 20

DC DC CV CV S CRM CV D S CV CV D DC CV CRM DC DC CV CV S CRM CV CV S DC S DC CRM S DC CRM CV A D D D DC DC DC CV

A CV CV S S CV S DC S DC A CV S S CV CV CV A DC CV CV CV S DC D DC CV CV D CV S S CV A CV CV A S D D

A R D DC DC DC A DC CV CRM CV CRM CV A A D D D CV CV D CM CM DC DC DC DC CM D S S D CV CV CV A A D D D

CV S S CV A S DC S S D D A DC D S S D DC S S A D D DC D A A S CV D S S A A A DC CV DC A A

CV S DC CV CV A CV S S A DC CV S DC CRM CRM CV D DC CV S CV A CV D CV A S A D CV DC CRM D D DC D A D CV

DC S DC D D DC CRM CV S DC D S CRM DC S S CRM D CV D CRM S DC CV DC D CV CV D D CRM CV D D S CV D CRM CV S

DC DC CV D D D CV D D A CV CV CV D A CV D CV D S S S S D A CV DC DC CV A D D CV S CV D S CV S S

30,0% 10,0% 28,0% 15,0% 15,0% 2,0%

40,0% 0,0% 12,5% 25,0% 10,0% 12,5%

20,0% 12,5% 20,0% 5,0% 27,5% 15,0%

10,0% 0,0% 15,0% 30,0% 20,0% 25,0%

27,5% 7,5% 15,0% 15,0% 17,5% 7,5%

17,5% 15,0% 15,0% 20,0% 27,5% 15,0%

30,0% 0,0% 10,0% 20,0% 27,5% 12,5%

% Couverture Coraux vivants CV Coraux récemment morts Débris coralliens Sables Dalles/Roches Algues

% de recouvrement le long des transects des stations 1 à 7 - 12 Diagnostic environnemental succinct des récifs du lagon de Mataiea – Juin 2017


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.